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^^^-
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CIOCmBS: DB QUIAIFKIt Se X>Bi l^SOM
BULLETIN
DE LA i
COMMISSION DIOCÉSAINE
d'Architecture & d'Archéologie.
QUIUPEB
TVP. DE KERANGAL, IHPR. DE l'ÉVËGHÉ
ù
KhA I 76 ( ^-9)
^
1^ I
CARTULÂIRE
DE L'ÉGLISE DE QUIMPER
(Suite.)
336.
YVES AN CONC ET DANIEL AN FELESTREUC
S'ENGAGENT A PAYER LES AMENDES DUES POUR LEURS
MANQUEMENTS ('>
- 14 Juillet 1363. -
Die veDeris post festum translacionis Sancti Benedicti (2)
iû anno Domini Mo CCC^ sexagesimo tercio, in Capitule
presentibus magistris Daojiele de Landeguennec, thesau-
rario, Guillermo Glas, captore, et magistris Alano de
Villa Collis (Kergrech), Thoma Episcopi, Alano Raolini
tutore ecclesie Corisopitensis ; gagiaverunt emendas dicto
Capitulo dominus Yvo an Conc diaconus dicte ecclesie et
dominus Daniel an Felestreuc capellanus dicte ecclesie
pro quibusdam excessibus et violenciis àb eisdem Yvone
et Daniele perpetratis in ecclesia Corisopitensi et promi-
serunt per eorum juramenta solvere eidem Capitulo ad
requisicionem dicti Capituli, videlicet dictus Yvoan Conc
decem libras bone monete et dictus Daniel sexaginta
solidos.
(1) Cari. 31, f» 72.
(2) La fôtd de la translation des reliques de saiot Benoît, à Fieury, se
célébrait le 11 Juillet, qui, en 1308, tombait un mardi ; le vendredi sui-
vant était donc le 14 Juillet.
à37.
HUGUES HERO REÇU CHANOINE <<)
- 1866. -
Ânno sexagesimo sexto die... (coram...) Rivallono Sal-
lou canonicis venerabilis magister Johannes Le Bigan...
(procurator) Hugonis Hero... fuit receptus in canonicum
et in fratrem et iuravit statuta... stallum (accepit) in Capi-
tulo sibi nomine procuratoris (per) magistrum Le Marhec
Archidiaconum de Poher (collationis causa) eidem Hugoni
facte.
Ita est H. de Stagno parvo.
888.
JEAN DE PONT-CROIX REQU CHANOINE w
— 18 Janvier 1867 (n. s.). —
Anno sexagesimo sexto die martis post festum Cathedre
Sancti Pétri (3), presentibus Magistris Alano Henrici,
Johanne Fravali, Guillermo de Ploeneiz, Johanne Brehus,
Guillermo Sezneoc clerico et aliis, Magister Guillermus
Le Marec Archidiaconus de Pocher, in ecclesia Corisopi-
tensi index apostolicus, in bac parte deputatus assignavit
stallum in choro et locum in Capitule, Magistro Johanni
de Ponte Crucis canonico Corisopitensi, in presencia
Magistri Hervei de Kenmaroci procuratoris sui, qui qui-
dem procurator in animam dicti domini sui iuravit sta-
tuta et consuetudines laudabiles dicte ecclesie Corisopi-
tensis, pro posse tenere et inviolabiliter observare.
Ita est. H. de Stagno parvo.
(1) Cart. 31, ^ 23.
(S) Cart. 81, C 23.
(3) La fôte de la Chaire de saint Pierre, 18 Janvier, était un lundi en 1367.
-1 -^
LinERA DUCIS DE NON PREJUDICIENDO
JURIDICTiONI ECCLESIE CORISOPITENSIS («>
Le Duo defTend à ses Juges d'exercer sa Juridiction en la ville et
terre de l'église de Cornouallle et sur les hommes de TEvéque
sans le consentement de l'Evéque.
— 18 Décembre 1367. —
Charles Duc de Bretagne Vicomte de Limoges à nostre
capitaine de Kemper Corentin, à nos Sénéchal, baillif et
recepveur dou lieq et à nos autres justiciers et officiers,
salut.
Révérend père en Dieu notre amé conseiller TEvesque
de Cornouaille nous a donné entendre que comme la
juridicion de Kemper-Corintin et ailleurs en la terre de
réglise li appartient, aucuns de nous officiers se sont
eslanciez de fait, de cognoestre et exercer la dicte juridi-
cion, tant a cognoestre de contractenanz faiz entre per-
sonnes en son terrouer et en la terre de Téglise que de
injures de personnes, que de vouloir contraindre ses
hommes et soubgiez à cause de Timposicion en la dicte
ville et en la terre de l'église, laquelle chose est en son
grand griefl, domage et préjudice et de son église
comme il dit ;
Et sur ce nous a requis de luy provoir de remède ; si
vous mandons -et commandons et à chacun de vous de
desorenavant vous ne vous entremectez cognoestre de ne
exercer juridicion en la dite ville es cas dessus dictz en
aucune manière en préjudice dou dit Révèrent père en
Dieu et de la dicte église. Et si aucune chose a esté faicte
ou temps passé au contraire, nous voulons que ce ne li
porte préjudice et pour ce que à cause de guerres l'on ne
peut bonnement exercer juridicion sur nous hommes ne
(1) Cart 56, f* 45. Cette lettre est de 1367, et son visa de 1873.
— 8 -
subgiez ou terrouer de Cornouaille hors de forteresse et
pour cause de ce et le sauvement de nos subgiez, Ton a
exercé la juridicion en la dite cité et en la terre de Téglise,
faiz bannies, prins prisonniers et arrêtez, nous voulons
que ces choses, tant pour le temps passé que pour le
temps à venir, ne portent préjudice au Révèrent père en
Dieu ne à sa dicte église. Et aussi voulons que quant vous
et nos autres officiers, aurez mestier de exercer juridicion
sur nos hommes, bannies faire, arrester ou emprisonner,
ou autrement justicier en la dite cité, ou ailleurs ou ter-
rouer de réglise, vous demandiez licence dou dit Révè-
rent père, ou de ses giens et que senz congé vous ne faciez
les choses susdictes en la terre de l'église en auchune
manière car en si le voulons nous, non obstant chose que
Ton ait faict ne usé ou temps passé ou contraire, lesquel-
les nous voulons que li portent aucun préjudice ne à la
dicte église, sauves nous droictures et gouernement ancien
paravant les guerres.
Donné à Guigamp le xviii^ jour de Décembre Tan mil
III'' sexante et vu.
Par Monseigneur le Pue en conseil
G. Belengier.
Et ego Henricus de Veteri landa Corisopifensis dyocesis
publicus apostolica auctoritate et imperiali notarius, pre-
dictam copiam de litteris predictis feci et manu propria
scripsi, easque litteras vidi et palpavi sanas et intégras et
sigillo dicti domini ducis sigillatas ; et quia, collatione
facta per me et Guiliermum Ham clericum, presentibus
et audientibus Magistro Thoma Episcopi, Richardo fabri
et Guiliermo Marhec de dictis litteris cum presenti copia,
eas concordare inveni, hic me subscripsi et signum meum
consuelum posui die mercurii post festum invencionis
sancte Crucis anno Domini M» CCC^ septuagesimo secundo.
840.
CONTESTATION TOUCHANT LES PRÉBENDES
DE BEUZEC-CAP-SIZUN ET SPÉZET <«)
- 20 Mal 1368. -
Die lune post Ascensionem Doniini, anno Domini MoCCC<>
sexagesimo octave, que fuit vîgesima dies maii, requisiti
fuerunt in Capitulp Corisopitensi venerabiles et discreti
viri M. Riocus de Lestuhan et Radulphus Gallou canonici
Corisopitenses présentes prebendati apud Buseuc Cap
Sizun et Spezet, quatenus litem amotam super libertate
dictarum suarum prebendarum contra Donerzium de
Kergonou... contra cuiuslibet eorum et sicut interest pro-
sequatur et jura predictarum suarum prebendarum con-
tra predictum reverendum et quoslibet alios... mediante,
légitime et assidue tueantur ; que requesta facta extitit in
dicto Capitulo per os M. Gaufiridi le Gai procuratoris Capi-
tuli et fabrice ecclesie Corisopitensis.
Presentibus venerabilibus et discretis viris. M. Guil-
lermo le Glas et G. militis canonici^ et Archidiacono de
Poher in dicta ecclesia et aliis.
T. Episcopi, Archidiaconus Corisopitensis.
341.
OLIVIER LE HENAFF REÇU CHANOINE (')
- 11 Avril 1338. -
Anno Domini M® CCC<' sexagesimo nono, die mercurii
post Quasimodo (3) fuit receptus in Capitulum ecclesie
Corisopitensis Oliverius le Henaui! diocesis Briocensis
(1) Cart. 31, f* 22.
(2) Cart. 31, f^ 66.
(3) En 1869, le dimanche de Pâques était le 1*' Avril.
- iô -
et iuravit tenere statuta et consuetudines antiquas dicte
ecclesie et exhibere reverenciam maioribus dicte ecclesie.
Ita est. G. Archîdiaconus de Pocher.
842
TÉlOieNAGE TOUCHANT LES DIGNITÉS DU CHAPITRE (')
- (Vers 1870.) -
Ego Daniel Baudic dyaconus Corisopitensis assero et
testificor me audisse a bone memorie domino, domino
Alano an Gall quondam episcopo Corisopitensi, quod can-
tor est maior in choro, thesaurarius maior in Capitulo et
Archidiaconus Cornubie maior extra ecclesiam, et hoc hic
scripsit.
848.
LETTRE DU PAPE GRÉGOIRE XI W
- 23 Juillet 1870. -
Gregorius Episcopus servus servorum Dei, dileclo filio
abbati de Langonio Corisopitensis dyocesis saiutem et
apostolicam benedictionem.
Venerabilis frater noster Episcopus et dilecti filii Capi-
tulum Corisopitense nobis signiflcare curarunt quod si
quando in Corisopilensi ecclesia, in qua prebendarum
collacio ad dictum Episcopum pertinet, prebendam ali-
quam vacare contingat, plures sub expectacione preben-
darum vacaturarum ibidem recepti, per executores sibi a
sede apostolica deputatos vel legatores ipsius, prebendam
huiusmodi sibi conferri procurant, quorum quilibet die-
tis Episcopo et Capitulo per executores ipsos mandari
(1) Cart. 31, ^ 66.
(2) Cart. 31, ^ 41.
-il-
faciunt ut eum ad prebendam ipsam adinictere ac distri-
buciones colidianas sibi exhibera procurent, in dictum
Episcopum et singulos de ipso Capitulo, si hoc non fece-
rint, excommunicacionis sentencia promulgata ; unde
cutn prefata ecclesia sepe propter hoc, remaneat debitis
obsequiis destituta, maxime que sentenciam fréquenter
incurrunt eamdem pro eoquod ad unam eamdemque pre-
bendam, plures simul non possunt recipere, nec unius
racione prébende, distribuciones debent pluribus minis-
trare, dicti Episcopus et Capitulum provideri a Nobis
super hiis humiliter supplicarunt.
Quocirca discretioni tue per apostolica scripta manda-
mus, quatinus si est ita, tam receptos huiusmodi quam
eciam recipiendos in eadem ecclesia et eorum executores,
quod ab indebito super hocgravamine dictorum Episcopi
et Capituli et ecclesie, videlicet in concursu diversorum
tantummodo mandatorum, omnino désistant ; dum modo
iidem Episcopus et Capitulum de prebendis vacaturis
ibidem se nullatenus intromictant, tune scilicet cum
simulque, diversis personis diversa mandata susceperint
super eis, et sufBcienter caveant in hoc casu, quod ad
ipsas illas, ex eis liberaliter recipiant qui canonice ipsas
fuerint assecuti ; vel sentencialiter obtinebunt easdem,
illasque distribuciones racione prebendarum huiusmodi
eis débitas, intègre ministrabunt, monicione premissa
per censuram ecclesiasticam , appellacione post posita
remota, compellas, relaxans auctoritate nostra excommu-
nicacionis, suspencionis et interdicti sentencias, si quas
in predictos Episcopum et Capitulum vel ipsorum ali-
quem latos fore, huiusmodi occasione, tibi constiterit, vel
in posterum contigerit promulgari.
Datum apud Urbem veterem decimo kalendas Augusti
Pontificatus nostri anno primo.
— 12 -
844.
JEAN BRIENT PRÊTE SERMENT COMME CHANOINE EXPECTANT «)
-81 Octobre 1871. -
Anno Domini M® CCC^ septuagesimo primo, die veneris
post festum Beat! Luce Evangeliste (2), Officialis Corisopi-
tensis Conimissarius a sede Apostolica deputatus assigna-
vit locum in Capitulo CorisopiteDsi et stallum in choro
Corisopitensi, ut moris est in talibus, Domino Johanni
Briencii canonico Corisopitensi sub expectatione pré-
bende. Qui quidem dictus Johannes juravit staluta, ordi-
naciones et consuetudines laudabiles dicte ecclesie tenere
eciam et fideliter observare.
Presentibus venerabilibus et discretis viris Magistris
G. le Marhec Archidiacono, G. le Glas cantore, Rioco Les-
tuhan, R. Gallou canonicis ecclesie Corisopitensis.
Johannes Briencii.
Verum est : H. de Stagno parvo.
345.
HUGUES DE KEROULAS, REÇU CHANOINE, PRÊTE SERMENT
PAR PROCUREUR (»
— Vers 1872 (n. s.). Janvier. —
Anno Domini Mo CCCo.... secundum cursum ecclesie
Gallicane, die décima octava mensis Januarii, Magister
Johannes Raolini licenciatus in legibus procurator et
procuratorio nomine domini Hugonis de Keroullac doc-
toris utriusque iuris thesaurarii et canonici ecclesie Cori-
sopitensis iuravit statuta hic contenta.
(1) C. 81, ^ 82.
(2) La SaÎDt-Luc, 18 Octobre, tombait eo 1371 un samedi ; le vendredi
suivant était le 31 Octobre.
(8) C. 31, f» 23.
- 13 —
Presentibus S. Arcbidiacono, cantore,R.Gallou,G.Galli,
T. Episcopi Canonicis ; Alano de Palude et aliis.
Ita est : H. de Stagno parvo.
346.
GEOFFROY FABRI, REQU CHANOIME, PRÊTE SERMENT
PAR PROCUREUR (')
- 16 Mars 1672 (n. •.)• -
Anno.... septuagesimo primo, décima sexta die mensis
Marcii, hora tercia dicte diei, Magister Johannes Raoulini
procurator et nomine venerabilis viri Magistri Gaufridi
Fabri canonici Corisopitensis, juravit statuta laudabilia et
consuetudines dicte ecclesie Corisopitensis loviolabiliter
observare. Presentibus Alano.... Arcbidiacono, Roberto
Coetlech et aliis.
Item die iovis Annonciacionis Dominice, presentibus
D"o R. de Gara... professore in utroque, Arcbidiacono,
cantore et aliis... iuravit... pari forma.
347.
GUILLAUME DE CAGIA PRÊTE SERMENT COMME DIACRE
DE CHŒUR (')
- 7 Février 1874 (n. s.). -
Item, die martis septima Februarii juravit Guillermus
de Cagia diaconus ecclesie Corisopitensis statuta et con-
suetudines -laudabiles ecclesie Corisopitensis tenere et
(1) Cart. 31, {" 33.
(8) Cari. 81, f 72.
- 14 ^
inviolabiliter observare ; presentibus Magistris J. Raolini,
Gaufrido de Foresta, A. Croezval, Guillermo de Ponte
Ligni, Yvone eius fllio et aliis, anno Domini M^ CCC^ sep-
tuagesimo tercio.
H. DE Stagno parvo.
348.
COMPTES gUE REND RAOUL GALLOU, PROCUREUR
DE LA FABRIQUE («)
- 20 Mars 1374 (n. s.). -
Sequuntur somme in quibus Gallotus tenetur de anno
procuracionis sue, que debent deSalcari de somma in qua
tenetur sibi fabrica prout cavetur in deducione compoti
sui in fine.
Primo pro vacacione de Lennon, sex scuti cum quarto.
Item pro merreno, duo scuti.
Item pro fabrica habuit de caparum pecunia, quinginta
novem scutos cum dimidio.
Item pro anniversario Guydonis Albi et eius uxoris,
per Magistrum Alanum Henrici, viginti quatuor scutos.
Item pro parte anniversarii Johannis de Valance qua-
tuor scutos cum dimidio.
Item pro parte anniversarii Margarete de Neveto, qua-
tuor scutos.
Item pro parentibus Royenyeuc pro anniversario, duo-
decim scutos.
Item Abbas Pontpecii, racione cuiusdam pecie terre
quam tenuit Magister Guillermus de Kemperele obliga-
tam nomine procuratorio Capituli et fabrice, quinque
scutos.
(I) Le dimaDche de la Pasaioa tombait en 1874 le 19 Mars.
Il*
o —
Item pro legatis Sancto Chorentino et aliis, unum scu-
tum pro dimidio.
Somma predictorum, centum et octodecim scuti cum
tribus quartis ; quibus ammotis de somma in qua fabrica
tenebatur predicto Radulpho Gallou, videlicet in quatuor
yiginti et duos scutos cum tribus quartis et quindecim
denariis resta; triginta quinque scutos cum tribus quartis
duobus solidis et octo denariis.
G. Ârchidiaconus, presentibus cantore, Lestuhan,Thoma.
Datum die lune post dominicam in passione, anno sep-
tuagesimo tercio.
Item débet, quos receperat de mortuagio Johannis Fer-
randi, quinque francos.
349.
OLIVIER LE PUISNÉ, REÇU CHAPELAIN, PRÊTE SERIENT <*>
- 1*' Juin 1874. -
Die jovis post sinodum Penthecostes, anno Domini
Mo CCCo septuagesimo quarto, inecoalatus (2) fuit domi-
nus Oliverius Postgeniti capellanus perpetuus capelle
béate Marie site in ecclesia Corisopitensi per Capitulum
capitulans, qua die juravit, eidem capelle servire et eccle-
sie pro iusticiam et naturam dicti beneûcii.
Presentibus dominis G. Cantore, G. Ârchidiacono de
Pocher, R. Lestuhan, officiali Guillermo, G. Galli. R. Gai-
lou. T. Episcopi. Ita est.
(1) Gart. 31» f* 72. Le dimanche de la Peolecôte étail le *28 Mai eo 1374,
et le vendredi suivaDl le l"' Juio.
(2) Inecoalatus pour incolatus, habitué^ incorporé.
- 16 -
850.
JEAN FRAVAU CHANOINE EXPECTANT, PRÊTE SERMENT (')
— Novembre 1374. —
Die Novembris anno septuagesimo quarto, hora tercia,
jura vit dominus Johannes Fravali canonicus sub expecta-
cione prébende ecclesie Corisopitensis statuta et consue-
tudines laudabiles ecclesie Corisopitensis et Qdeliter
observare et eciam reverenciam exhibere dominis et dicto
Capitulo, cuilibet secundum ordinem.
Presentibus R. domino de Lanros, Alano Croezval,
Alano de Ponte ligni, Alano Kermaroc et aliis.
H. DE Stagno parvo.
851.
EUDE GUILLEMOT, CHAPELAIN, PRÊTE SERMENT ^^
- 19 Février 1375 (n. s.). -
Qua die veneris post festum Sancti Valentini, anno
Domini M^ CCCo septuagesimo quarto, admissus fuit in
Capitulo ad iurandum, et iuravit statuta et consuetudines
laudabiles et approbatas, scriptas et non scriptas ecclesie
et Capituli Corisopitensis Eudo Guillemoci capellanus
capellanie sani^te Margarete perpetuus in ecclesia Coriso-
pitensi. Presentibus domino : G. cantore, G. ofliciali,
Magistro Alano Raolini et G. Episcopi sacrista.
Ita est : Thomas Episcopi.
(1) Cart. 31, f 33.
(2) Cart. 31, ^ 23. La Saint-Yalentio, li Février, était en 1375 un diman-
che ; le vendredi suivant était le 19.
— 17 —
852.
gUITTANCE POUR CALICE REÇU
- 18 Février 137B (n. •.), -
Qua die Oliverius capellanus et presbyter ecclesie Béate
Marie in sancta ecclesia, recepit unum calicem pro dicta
capella, in suo periculo, présente Daniele Felestrec et
Herveo Oudrecen capellanis et dominus Rivallonus cele-
brans in capella Magistri Yvonis Conc, habuit et babet
alterum calicem.
(A 9Uivre,)
rN^>>
Bulletin db la Commission diocésaine. — 7* année. 2
— 18 —
NOTICE
SUR LES
PAROISSES DU DIOCÈSE DE QUIHPER ET DE LÉON
Par MM. PEYRON et ABGRALL.
(Suite.)
LE CONQUET
(Fin)
Gentilshommes de Plougonvelin au xvii® siècle,
d'après le relevé fait sur les registres paroissiaux
PAR M. L*ABBÉ MeNGANT
I. Les Kerrannou de Kervasdoué.
Noble Olivier Kerrannou, capitaine de Berteaulme et
S' de Kervasdoué, et Guillaumette Porzmoguer, son
épouse (veuve de Kervasdoué en 1619) eurent deux fils :
1° François Kerrannou, baptisé le 14 Octobre 1585, et
20 Noël Kerrannou, baptisé le 25 Décembre 1588 — fut
recteur de Plougonvelin pendant 56 ans — mort à Lochrist,
le 28 Février 1669, âgé de 81 ans.
Ecuyer François Kerrannou, fils des précédents. S' de
Keriven et Kervasdoué, épousa Marie Courtois, dont il eut
trois enfants :
lo François Kerrannou, qui fut prêtre et dont voici
Tacte de baptême : Le 24» jour du mois de Janvier 1616, a
été baptisé en Téglise parochialle de Plouegonvelen, Fran-
— » —
çois Kerrannou, fils légitime et naturel d*escuyer Fran-^
çoys Kerrannou et damoiselle Marie Courtois, sa com-
paigne, sieur et dame de Keriven, par noble et vénérable
M« Nouel Kerrannou, recteur de ladite parrouesse, auquel
a été compère noble homme Françoys Courtois, S' de
Lezezret, et commère damoiselle Katherine du Garo, dame
du Bourgneufi; assistants, nobles gentz François Kerm or-
van, sieur de Keruzou; Jehan Michel, sieur de Kervenny;
Claude Kerriezre, sieur de Langolian ; Robert Courtois,
sieur de BourgneuS ; Ollivier Kerrannou, sieur de Ker-
vasdoué et plusieurs autres.
2o Marie Kerrannou, baptisée le 25 Décembre 1617, eut
pour parrain noble et vén. Houel Kerrannou, recteur, et
pour marraine damoiselle Marie Le Drenec, dame de
Langalla.
30 Robert Kerrannou, baptisé le 25 Mars 1619, eut pour
parrain Robert Courtois, sieur de Bourgneuff, et pour
marraine, damoiselle Guillaumette Porzmoguer, douai-
rière de Kervasdoué.
(1633 et en 1662). — Noble Françoise Kerguz, dame de
Kervasdoué.
Le 29 Novembre 1685, baptême de Françoise, fille
d'écuyer Louis-René de Penfentenyo et de Françoise du
Mescam, s' et dame de Kervasdoué.
IL Les Kematoua du Prédic.
Le 5 Février 1597, baptême d'Azelice Kernatous, fille de
nobles Yves Kernatous et Anne Le Déauguer : parrain et
marraine, nobles Jean Kleach et Azelice RoUant.
Le 28 Novembre 1604, baptême de Marie Kernatous,
fille des précédents; parrain, Robert Kerriell, S' de Lan-
gollian ; marraine, damoiselle Marie Le Déauguer, dame
de Kerlauchan.
Le 10 Octobre 1610, baptême de Robert, fils des mêmes;
— 20 —
parrain, noble Robert Courtois, S' du Bourgneuf , et mar-
raine, noble Jeanne Kernatous dame de Berbouguis.
Nobles Jean de Kernatous et Françoise de Kermeno,
S^ et dame du Prédic, ont eu douze enfants, savoir :
lo et 2® François et Michel-Corentin, frères utérins, nés
le 30 Mai et baptisés le 5 Août 1646. François eut pour
parrain noble François du Gaspern, S' du Logou, et
pour marraine, noble Anne Du Bois, dame de Keroulas.
Les parrain et marraine de Michel-Corentin furent nobles
Michel Kernatous, s' de Berbouguis, et Ursule de Cor-
nouaille, dame de Kerinou.
30 Pétronille Kernatous, baptisée le 28 Juillet 1647, fut
tenue sur les fonts par nobles René Troille de Kernezne,
vicomte du Curru, et Pétronille Le Jar, dame de Tlsle
Kermorvan.
40 Madeleine Kernatous, baptisée à Loc-Mazé, le 1<>' Août
1649. Il est question de cette enfant dans la vie de Dom
Michel. Cette petite fille tombait tous les jours en épilepsie,
depuis deux mois, quand mourut le serviteur de Dieu ;
Françoise de Kermeno, sa mère, et Madeleine de Portz-
moguer, sa marraine, lui firent toucher le cadavre de Dom
Michel, et aussitôt elle se trouva guérie.
Je transcris son acte de baptême : « Ce jour 1«' d*Août
1649, a été baptisée Magdalaine, fille naturelle et légitime
d'escuyer Jean Kernatous et Françoise Kermenou, S' et
dame du Prédic, par noble et vénérable personne M® Nouél
Kerrannou, recteur de Plougonvelin. La dite Magdalaine
tenue sur le font de batesme par Jan Pezron, escuyer sieur
de Lesconvel et Magdalaine de Portzmoguer, dame de
Kerrourien. Le tout fait en Téglise de S^-Mathieu, en pré-
sence de M^ Hamon Grall, vicaire perpétuel de la dite pa-
roisse. »
5° Charles, baptisé le 3 Mars 1652, eut pour parrain
noble Charles Penfeunteunyo, S' du Louch, et pour mar-
raine noble Guillemette Keraldanet, dame de Langoliaû.
^6° et 7^ Claudia et Joanna, voto vero Anna, sœurs utéri-
nes, furent baptisées le 25 Novembre 1654. Elles eurent
pour compères : la première, nobles Tangui Mol, S>^ de
Kerjan, et Claude Penlentenyo, dame de Keruzou ; la se-
conde, nobles Jacques du Meascam, S^^ de Mesrioual, et
Jeanne de Kermeno, dame du Lein.
8» René, baptisé le 11 Juin 1658, eut pour parrain noble
René de Poulpry, S' de Lanvengat — Kerannouel, con-
seiller du Roi et premier magistrat de la Cour de Lesne-
ven, et pour marraine noble Marie de Penfentenyo, dame
de Coatgarz, Larrest, etc..
9<> Jean, baptisé le 2 Mai 1660 ; parrain, noble Jean du
Tremen, S^ du Tertre et procureur à la Cour de Saint-
Renan.
IQo Anne, baptisée le 18 Septembre 1661, eut pour com-
pères nobles Guillaume Barbier, S' deKernatous, et Anne
Tromilin, dame de KerrouUas.
11<» Philippe, baptisé le 2 Septembre 1663, fut tenu sur
les fonts baptismaux par nobles Jean Michel, S^^ de Ker-
venny, et Phillippa du Gaspern, dame du Gaspern.
129 Tangui-Louis de Kernatous, fut baptisé à Saint-
Mathieu, le 5 Février 1665; il eut pour parrain noble
Tangui de Penfentenyo, S' de Kermorvan, et pour mar-
raine noble Louise Mol, dame de Tronevezec.
Françoise de Kermeno, dame du Prédic, Berbourguis,
Lesvern, etc., décédée à Saint-Renan, où elle résidait
depuis deux mois, fut enterrée en l'église de Notre-Dame
de Saint-Mahé, le 28 Avril 1666 ; son mari, Jean de Ker-
natous, fut inhumé dans la même église, le 28 Avril 1668.
III. Les Déauguer de Kerautret.
Le 2 Avril 1607, fut baptisé Yves Le Déauguer, fils de
nobles Nouel Le Déauguer et Marie Le Veyer ; il eut pour
compères Yves Kernatous, S' du Prédic, et Catherine du
Garo, dame du Bourgneufl.
Le 4 Juin 1608, fut baptisée Anne Le Déauguer, fille
des mômes. Le parrain fut noble François Le Déauguer,
S' de Keronquar et juge séculier de la Cour de Saint-
Renan, et la marraine, Anne Le Déauguer, dame du Prédic.
Le 26 Avril 1620, baptême de Barbe Le Déauguer, fille
de nobles Noël Le Déauguer et Barbe Le Dreisec, S' et
dame de Kerautret ; parrain, Michel de Kernatous, S' de
Berbouguis ; marraine. Barbe Le Veyer, «veuve» de
Kerautret.
Nobles Jean Le Déauguer et Jacquette Pinart, S' et dame
de Kerautret ont eu quatre enfants de 1653 à 1660, savoir:
lo Perrine (20 Septembre 1653) ; parrain et marraine,
nobles François Trébaol et Perrine Le Saulx ;
2o François (25 Juillet 1655) ; compères, nobles Fran-
çois Courleau et Françoise de Kermenol ;
3<> Jean (17 Octobre 1657) ; compères, nobles Jean
Déauguer et Barbe Déauguer ;
40 Anne (9 Janvier 1660) ; compères, nobles Michel
Lestobec (alias an Stobec) ; S' de Gorréquéar, et Jeanne
Robert (alias Ropartz), dame de Kerdalaez.
IV. — JLes Michel de Kervenny.
1590. — Nobles Yves Michel et Louise du Meascam,
S' et dame de Kervenny.
Le 25 Août 1624, baptême de noble François-Michel,
fils de Jean-Michel et Françoise Kerguiziau, S' et dame
de Kervenny; compères, nobles François Kermorvan,
S' de Keruzou, et Marie Le Drenec, dame de Langalla.
1650. — Noble Marie de Kerouartz, dame de Kervenny.
V. — Les Bohic de Kervttsic.
1598. — François Bohic, S' de Kervilsic.
1607. — Guillaume Bohic, id.
— 23 -
Le 9 Février 1622, baptême de noble Catherine Bohic,
fille d'Yves Bohic et Amicia Tanguy, S' et dame de Ker-
vilsic ; compères, nobles François Kermorvan, S' de
Keruzou, et Catherine Du Garo, dame du Bourgneufi.
Le 13 Avril 1624, baptême de Gillette Bohic, fllle des
mêmes ; parrain, Robert Bohic ; marraine, Gillette Galier.
1654. — Noble Jean Bohic, S' de Kervilsic.
De 1654 à 1663, nobles Jean Floch (alias Le Flo) et
Catherine Bohic, dame de Kerinec, sa compagne, ont fait
baptiser cinq enfants : Jean (1654), Julienne (1656),
Jeanne (1657), Charles (1659), et François (1663).
VL — Les Kervsn de Kergadou,
Le 8 Mars 1665, baptême de Charles Kerven, fils de
nobles Jacques de Kerven et Marguerite Kerguiziau, S' et
dame de Kergadou ; parrain, Charles de Kerven, S^ de
Kerlech; marraine, Marguerite de Coataudon, dame de
Coataudon.
Le 27 Avril 1665, baptême de René, fils des mêmes,
déjà ondoyé depuis le 24 Août 1663; parrain, haut et
puissant M'® René de Kerlech, chevalier seigneur baron
de Trézéguidi, Kerlech, Le Plessis, écuyer des grandes et
petites écuries de Sa Majesté ; marraine ; Françoise de
Kerguiziau, dame de Kerdivisien.
Vil. Quelques autres noms.
1608. — Jeanne Kerrannou, dame de Kerielcun.
1608. — Marie Kerrannou, dame de Gorréquéar.
1609. — Anne Kerrannou, dame de Keriven.
1602. — Robert Meastrius, S'f de Pouliot.
1614. — Hamon du Plessis et Catherine Parisy, S" de
Poulherbet.
1643. — Barbe Le Déauger, dame de Kerjunan.
1646. — Noël Fontenay et Catherine Saoz, S>^ et dame
de Lesireur.
— 24 —
1646. — Marie Kerrannou, dame de Kerbrat.
1646. — Michel Kernatous, S^ de Berbouguis.
1649. — Charles Fyot, S' de Kerouanen, procureur de
Saint-Mathieu.
Honnêtes marchands et autres personnes qualifiées
honorables
(Extrait des registres de Saint-Mathieu, Plougonvelin
et Lochrist.)
1596. — Honorable marchand (honsêtus mercator.)
François Bonavanture.
1601. — Honorable marchand Yves Le Ru, du Gonquet.
1638.
Id.
Robert Kergrach.
1638.
Id.
Jean Melegan,
1638.
Id.
Yvon Flocb.
1638.
Id.
Jean Le Run.
1639.
Id.
Laurent Le Lez.
1646.
Id.
Tanguy TrébaoL
1639.
Id.
Philippe Torledan.
1640.
Id.
Michel Quéméner.
1645.
Id.
Âmbroise Rarzic.
1645.
Id.
Noël Floch.
1646.
Id.
Jacques Perrotin.
1648.
Id.
Laurent Mazé.
1650.
Id.
Mathieu Jézéquel.
1653.
Id.
Gui Gallou.
1657.
Id.
Gabriel Saill.
1659.
Id.
Olivier Cornée.
1659.
Id.
Jean Héliés.
1660.
Id.
Guillaume Loussouam.
1662.
Id.
François Rarzic.
1665.
Id.
Philippe Le Hars.
1665.
Id.
Yves Le Run.
1666. — Honorable marchand Jean Jourden.
1663, Id. Valentin Michel.
1601. — Honorable maître Bernard Le Verge, notaire.
1639. Id. François Caouron, notaire et
procureur de Saint-Mahé.
1650. — Honorable maître Hervé Lesnénan.
1662. Id. François Petton.
1609. — Honorable Yves Brenheol.
Christophe Barzic.
Alain Lestobec (1).
Jean Quéméner.
Hyacinthe Floc'h.
Mathieu Michel.
René MeasgoO.
Noël Forescher.
Sébastien Sivinan.
Yves Colleau.
Yvon Le Gall.
Mathieu Drévès.
Tanguy EUez.
Vincent Avanant.
Mathias Guerrannic.
Église de Lochrist
L'ancienne église démolie en 1856 était dédiée au Christ
avec des chapelles sous le vocable de la Trinité, de N.-D.
du Rosaire et de saint Tujan. Sa construction datait en
grande partie du xv® siècle.
(1) Cest cet Alain Lestobec qui mit son talent de dessinateur au ser-
vice de Michel Le Nobletz pour lui peindre ses tableaux énigmatiques.
On en conserve encore quelques-uns faits de sa main, entr'autres la carte
dite du ptaUerion portant cette signature : Allain Lestobec. Registrateur
fait 1636 au Conquet.
16il.
Id.
1639.
Id.
1650.
Id.
1650.
Id.
1652.
Id.
1652.
Id.
1654.
Id.
1654.
Id.
1654.
Id.
1654.
Id.
1661.
Id.
1662.
Id.
1664.
Id.
1665.
Id.
— 26 —
Église paroissiale actuelle
Lorsque la paroisse de Lochrist a été transférée au
Conquet, on a transporté la plus grande partie des maté-
riaux de Tancienne église pour les faire entrer dans la
construction de la nouvelle. On a reconstitué ainsi la
grande fenêtre absidale avec le vitrail qui Tornait. Cette
fenêtre se compose de quatre baies, surmontées de souf-
flets ou compartiments flamboyants. Les baies sont divi-
sées en deux zones ou étages. A la zone supérieure, la
représentation du crucifiement prend les trois baies du
milieu : Notre-Seigneur en croix, entre les deux larrons ;
la Sainte -Vierge et saint Jean des deux côtés; la Made-
leine au pied de la croix, puis les Saintes-Femmes et les
bourreaux ; douze ou treize anges en adoration entourent
le Sauveur crucifié. Un ange est auprès du bon larron, un
démon près du mauvais.
Dans les deux baies latérales sont les apôtres saint
Pierre et saint Paul. Dans la zone inférieure, les Apôtres
sont groupés deux à deux, sauf dans la baie du milieu où
Ton voit Notre-Seigneur prenant la main de saint Thomas
et la mettant dans la plaie de son côté.
La facture de ce vitrail accuse la Renaissance avancée,
peut-être l'époque de Louis XUL
A la façade de Téglise se trouvent les statues de VEcce-
Homo, saint Mathieu, sainte Madeleine, saint Yves et un
autre saint que Ton peut confondre d'abord avec saint
Jean TÉvangéliste parce qu'il a un oiseau à ses pieds,
mais ce n'est pas l'aigle symbolique. Dans le cimetière ou
enclos de l'église, côté Sud, est saint François d'Assise
montrant ses stigmates.
Le tombeau de Michel Le Nobletz y occupe une place
correspondante à celle qu'il occupait dans l'ancienne
-â7 -
église. Nous renvoyons le lecteur à la Vîô de ce grand
serviteur de Dieu pour connaître les particularités de sa
vie de missionnaire dans la petite ville du Conquet et
aux environs ; disons seulement que, pendant la cons-
truction de la nouvelle église, son sarcophage fut déposé
dans son ancienne maison transformée en oratoire, et
Ton vit dans ce fait la réalisation d'une parole attribuée
par la tradition populaire au serviteur de Dieu, à savoir
qu'il reviendrait un jour dans sa maison après sa mort.
Disons aussi qu'il était en usage à Lochrist, usage qui
aurait été conservé quelque temps au Conquet, de revêtir
d'un surplis la statue du saint missionnaire les jours de
fêtes, pendant les offices, comme pour rappeler d'une
manière plus saisissante ses travaux apostoliques et sa
protection toujours vivante et secourable pour ses fidèles
clients.
Chapelles
i® Saint-Christophe.
Ancienne chapelle du xv^ siècle, où se desservait une
chapellenie fondée par un S^ du Marquer, et dont furent
successivement présentateurs, les S" du Marquer, les
Kersauzon Goasmoaluin, avec obligation d'une messe
basse le dimanche.
Cette chapelle, très utile lorsque l'église paroissiale
était située à Lochrist, fut abandonnée lors de la transla-
tion du service paroissial au Conquet, en 1857. Elle fut
démolie à cette époque pour faire place à une maison qui
servait, ces derniers temps, à abriter le canot de sauvetage.
C'est dans cette chapelle que fut exposé, après sa mort,
le corps de dom Michel, et où s'opérèrent les merveilles
racontées par ses biographes.
2o Notre-Dame de PotUconq.
Dans Tanse formant le port, on voyait, il n'y a pas long-
temps, le reste des murs, non loin de l'usine des produits
chimiques ; le culte y avait cessé depuis la Révolution.
do Saint' Michel.
Dans le cimetière de Lochrist est une chapelle dédiée
à saint Michel archange et à TAnge Gardien, où l'on trouve
les statues de Notre-Dame de Bon-Secours, saint Michel,
l'Ange Gardien et saint Jérôme. La Vierge porte en mains
les trois couronnes dont il est question dans la Vie de
Michel Le Nobletz.
Dans le cimetière est enterré Le Gonidec, dont les tra-
vaux et les écrits ont tant contribué à remettre en hon-
neur l'étude de la langue bretonne. Sa tombe est sur-
montée .d'une sorte d'obélisque en pierre sur lequel sont
gravées trois inscriptions en trois langues différentes.
1. — Inscription galloise :
Ar Oonidec, dynda
Ei envo syd yma
Yn arvoyd o tcir vravul
A'r cariad tynera,
Ar bawl'Vaen a sav tvyd
Oan vro dyr bryihoniaid
Prydain vechan gyda
Frydain varvor, Oomeriaid
An y carai ei vro
A! i iaith y Vrythonec
Irun Ownaeth eirlyvr
Ac Hevyd Raramadec
— 29 —
Ae am Droi y cyntar
Tr holl vibl santaidd
I inith y Bryhoniaid
Owaith Mator da, nevolaidd,
2. — Inscription française :
Erigé en Î84ô et renversé par la foudre en 1846, ce monu-
ment a été relevé et complété en 1851 par hs habitants du
Pays de Oalles, en témoignage de leur admiration pour
Le Qonidec, restaurateur de la langue celto-bretonne, en
laquelle il a traduit la sainte Bible.
«
3. — Inscription bretonne :
AR OONIDEO
Peulvvan diskit d'an holl maro ar Oonidec,
Den gwiziek ha den fur, Reizer ar Brezonec ;
Oanet e Konk ar IV a viz guengolo MDCCLXXV
Maro e Paris d'ann XII a viz hère MDCCCXXXVIII
Beziet e Konk an XII a viz hère MDCCCXLV
Dans ce cimetière ont été aussi ensevelis quelques-uns
des naufragés du Drummond Castle, grand navire anglais
qui périt corps et biens dans les parages d'Ouessant en
Juin 1896.
' 4^ Sainte-Barbe,
Ancienne chapelle, dont on voit l'emplacement près de
la croix, à l'entrée du port ; c'est dans cette chapelle
qu'eut lieu le miracle du lys desséché reprenant vie et
couleur dans les mains de dom Michel.
5» Notre Dame de Bon-Secours.
C'est la maison qu'habitait Michel Le Nobletz, dans
laquelle il mourut le 5 Mai 1652. En 1856, M. le Recteur
- 30 -
du Conquet écrivait que « la tradition du pays rapporte
que sa demeure fut convertie en oratoire aussitôt après
sa mort et dédiée à la Sainte-Vierge, en l'honneur de la
grande dévotion de ce saint personnage envers la Mère de
Dieu... J'ai souvent entendu répéter que pendant la tour-
mente révolutionnaire, cette petite chapelle, où venaient
prier les fidèles qui ne suivaient pas l'intrus, ne fut jamais
fermée ni interdite par les autorités municipales ou autres,
qui partout ailleure, fermaient les églises et chapelles. La
tradition attribue cette faveur aux prières puissantes de
Dom Michel Le Nobletz aupr<ès de la Sainte- Vierge.
(( Dans Tannée 1837, la famille Mazé-Launay qui, de
temps immémorial, a orné avec soin, et généreusement
entretenu à ses frais cette chapelle, la fit agrandir sans
démolir l'ancienne maison du vénérable Michel Le Nobletz,
et cette même année, Mgr de Poulpiquet permit d'y célé-
brer la sainte messe le 8 Septembre, fête patronale. »
Il est facile de distinguer la partie de l'édifice construite
en 1837 et accolée au pignon de la maison qui fut ouvert
à cette occasion ; mais une transformation qui semble
dater de plus longtemps est la suppression du plancher
qui supportait une petite mansarde dont on ne voit plus
qu'une lucarne donnant sur la rue ; en visitant la mai-
son voisine, qui est contemporaine de celle de Michel
Le Nobletz, on se rend parfaitement compte de la dispo-
sition ancienne de la maison où est mort le Serviteur de
Dieu, et qui y fut de tout temps honoré, car nous trouvons
aux Archives départementales (H. 122) mention d'un pro-
cès criminel intenté le 11 Juillet 1740, contre François
Lhostis, de Landéda, qui a volé « des deniers du tronc
mis dans un oratoire ou chapelle dédiée à Michel Noblet )) ;
dans un autre endroit du procès, on dit : a oratoire du
bienheureux Michel Noblet, fait dans une maison au
bourg du Conquet. »
- 31 —
* *
Dans ]a série L, liasse 310, nous trouvons une série de
fiches adressées, en Tan IV (1797), au District, sur les
agissements des prêtres réfractaires, et administrateurs
trop complaisants de la petite ville du Conquet :
« Émigrés rentrés : i^ René Kermergant, ancien recteur
de Lochrist, âgé de 60 ans ; retiré à Kervigny, il y dit la
messe, et, les jours de grande cérémonie, il la dit chez la
citoyenne Keralet, au Conquet ; il est toujours vêtu en
paysan. On ajoute que ce réfractaire émigré est considéré
par ceux de sa sorte comme grand vicaire de Lamarche,
ci-devant évêque de Léon.
« 2o Quéré ; dit la messe à Saint-Jean et à Trébabu.
(( 30 Marc, 35 ans ; court les campagnes, vêtu en paysan.
« 40 Jacques Le Gall ; dit ses messes à Lochrist et Tré-
babu ; vient souvent au Conquet, habillé en paysan, par-
ticulièrement chez ragent de la commune ; celui-ci a été
en arrestation.
(( Il en est d'autres encore que je n*ai pu découvrir.
a C'est un certain abbé La Forest, parent du dit agent,
qui lui a tourné la tête ; il y a trois mois environ que ce
prêtre s'est rétracté de son serment et, depuis ce moment,
il fait un mal incroyable, d'autant qu'on le dit avoir beau-
coup d'esprit ; il réside aux environs d'Ârgenton. »
Recteurs du Conquet-Lochrist depuis le Concordat
1804. M. Le Corre ; nommé à Logonna-Daoulas.
1804-1813. Le Gall.
1814-1820. François Cariou, de Plougonvelin.
1820-1862. Martin Gloaguen, d'Audierne.
- 32 —
1862-1871. Charles Gras, de Roscoiï.
1871-1874. Gorentin Toulemont, de Pont-l'Abbé,
1874-1882. Yves Goasguen, de Garantec.
1882-1901. Jean -Yves Lamour, de Plabennec.
1901. Henri Le Bihan.
Vicaires
1804. François Gariou.
1814. Yves Morvan.
1823. Théophile Le Gléau.
1824. François Layiec.
1825. Yves Le Roux.
1828. Pierre-Yves Troussel.
1838. Hervé Kerrien.
1841. Jean-Marie Appéré.
1846. François-Marie Quéré.
1847. Jean-André Kersaudy.
1860. Gustave Le Tournois.
1858. Jean-Marie Ronvel.
1864. Guillaume Galvez.
1865. Paul-Marie Guiziou.
1868. Théodore Garoff.
1869. Joseph-Amédée Rouallec.
1871. François-Noël Brignou.
1880. Emile Jean.
1888. Jean Lannuzel.
1891. Hervé Grefï.
1896. Jean-François Renaot.
1899. François Kerouanton.
1905. Yves-Marie Le Guen.
- 33 —
Familles nobles de la paroisse de Plougonveun,
d'après m. de Courgy
Le Bescont : d'tuur à un péliean d^or en sa pieté d€
même,
Calvez, S' du Prédic : d'or à la bande de gueules, chargée
de 3 étoiles d'argent.
Coat, S^ de S'-Haouen : d'argent au chevron d'azur
accompagné de 3 trèfles de gueules; alias : d'azur au che-
vron d'or accompagné de 3 trèfles d'argent.
Coetnempren, S' du Prédic : losange d'argent et de sable
à la fasce en divise de gueules, chargée d'un oiseau de
sinople.
Corn (du) Sieur du Bouriot : d'or au pélican en sa pieté
d'azur.
Déauguer (Le), S' de Kergadiou (Plouzané) : de gueules
à la croix pleine d'argent; devise : Dleet eo ar guir dan
déauguer (le droit est dû au dimeur).
Drenec, S' de Kerinou : d'azur à un barbeau d'argent
en poli devise : Ne zeuz pesq heb he zrean; moderne :
f{izeé d'argent et d'azur au chef d'argent.
Fontenay, S' de Kerambosquer et de Lézireuc : d'argent
à la fasee d'azur accompagné de deux dauphins de même.
Kerannou, S' de Keranstreat : losange d'argent et de
se^le qui est Rannou, à la bande de gueules chargée de
8 trèfles d'argent.
Kersulguen, S' du Billon : d'or au lion de gueules, qui
est Pont-r Abbé, au franc canton éeartelé d'or et de gueules.
9
Kerveatoux, S' du Prédic : d'or à deux fasces ondées
â^azur accompagnées en chef d'une étoile de même.
Kerven, S' de Kergadiou (Plouvien) : d'azur au chevron
eurmonté d'une croix poteneée et alésée en chef et accom-
pagnée de 8 coquilles, 2, î, le tout d'argent; alias : d^azur
BOLLITIN DB LA COMMISSION DIOCESAINS. — 7" SDIlée. 8
- 34 -
à la croix au pied fiché accompagné de 8 coquilles, le tout
d'argent,
Mesanven, S' de Bouriot : d'cumr au gland versé d'or
accompagné de trois feuilles de diêne d'argent; devise :
Emethu (dites-vous).
Mescam (du), S' de Mesrivoal (Lannilis), de gueules à la
rose d'argent boutonnée d'or; moderne : d'aeur à 3 têtes
d'aigle arrachées d'argent^ qui est Mescaradec.
Michel, S' de Kerveny : écartelé aux 1 et 4 de sable à
neuf macles d'argent, aux 2 et 3 d'or à la coquille de
gueules.
TronsoD, S' de Kermerien : d'argent au chevron de
gueules^ accompagné de 3 roses de même tigées et pointées
d'azur.
Le Vayer, S' de Poulfos : de gueules au lion d'or ; devise :
Cognoscat ex ungue leonem.
CORAY
Cette localité est citée au Cartulaire de Landévennec,
dans la charte par laquelle Gradlon donne de son propre
bien au saint homme de Dieu Ratian, entre autres libéra-
lités, Tili menver, sent Iglur, Pencoett, dans la vicarie de
Choroe c in vicaria que vocatur Choroe ». La charte ajoute
que Ratian, voyant son peuple sur le point de périr parla
peste, s'adressa à Dieu et à saint Guénolé ; et sa prière
étant exaucée, il mit tous ses biens sous le haut patronage
du saint abbé de Landévennec,
— 35 —
Un acte du Cartulaire de Quimperlé, de la fin dexi® siècle
(1066-1084), nous apprend qu'àCoray se trouvait la demeure
de Guihomarch, fils de Numénoe, qui, malade, se fit trans-
porter au monastère de Sainte-Croix, qu'il enrichit de ses
libéralités (Cartul., page 182) : « Ego Ouihumarch fttius
Numenoe, diu langitenB gravi inflrmitcUe, in domo méa
Coroe, deferri mejusH in Cfiristi nomine, ad sancte Crucia
monasterium Kemperéle )).
Coray était une cbâtellenie dépendante des Evéques de
Quimper, auxquels la plus grande partie des terres ren-
dait aveu. En 1682, dans son aveu au Roi, l'Evêque décla-
rait posséder, « à cause de son Evéché, la cbâtellenie de
Coray, c'est-à-dire toute la paroisse, sauf quelques villages
avec droits honorifiques et prééminences, comme seigneur
fondateur, en Féglise paroissiale et les chapelles de Lochrist
et Saint-Guénolay, où se voient ses armoieries en divers
endroits éminents ; douze foires par an et marché chaque
mardi ». Cette cbâtellenie donnait à TEvéque droit de
dlme, de moulin de four, de coutumes (impôt sur le
droit d'étalage aux foires et marchés) et droits casuéls,
c'est-à-dire taxe sur les actes passés entre les parois-
siens de Coray, partages, ventes, successions. Ces der-
niers droits furent affermés, par bail du 8 Mars 1757,
(( à noble homme Grégoire Le Guillou, sieur de Kerin-
cuff, et demoiselle Marie Raoulin, son épouse, et à
messire François Jaouen, prêtre vicaire de Coray, »
pour la somme de 2.400 livres payables en deux termes,
l'un à la Chandeleur, l'autre au 1®' Août.
En 1575, c'est le sieur Le Baud, miseur des revenus de
l'Evéché, qui va cueillir la dîme au bourg de Coray, et il
note sur son compte (G., r. 61) : « Frais pour cueillir la
dîme à Coray, pour le vin qui fut bu sur la croix, et le
dizné des dysmeurs, les notaires, moi et mon cheval,
6 livres ». En 1678, la dîme était aOermée à maître Guil-
— 36 —
laume Aufiret, sieur de Kerlean, du manoir de Kervanal,
pour la somme de 1.800 livres.
La chàtellenie de Coray fournissait le plus clair des
revenus de rEvèché. Les archives départementales con-
servent un très grand nombre d'aveux de cette paroisse,
faits à l'Evoque depuis le \\i^ siècle ; ils seraient intéres-
sants à consulter si Ton entreprenait une monographie
un peu complète de cette paroisse ; nous citerons seule-
ment les suivants :
En 1540. — Aveu d'Alain de Lezandevez, pour le manoir
du Stang.
1540. — Aveu de dom Jean Olifl, prêtre, pour le Rosmeur.
1540. — Aveu de dom Louis David, prêtre, pour Penhoat
Membris et pour Queffranyc, sur le chemin de Kerhua à
la chapelle de Lochrist.
1540. — Aveu d'Alain Treberen, prêtre, pour Kergoat.
1549. — Aveu à l'Evêque pour Parc Myrijens, sur la
place de foire, par Olive Goalan, sieur de Mœsalles, de-
meurant au village de Trefluel.
1604. — Procédure entre l'Evêque de Quimper et Jean
du Quelennec, héritier d'Olivier de la Rivière, sieur du
Trefvel; il prétend ne pas devoir à l'Evêque de chefrentes,
mais être simplement sujet à suivre son four. L'Evêque
eut gain de cause par sentence du Parlement du 29 No-
vembre 1604.
1618. — Procédure entre l'Evêque et Jean de la Haye
pour savoir si la dîme sur Rosencoet est à la 33® ou à la
11» gerbe.
1644. — Aveu pour le manoir de Kermenguy, apparte-
nant à demoiselle Le Gac, dame de Keranguen, veuve de
Mathieu Frollo, sieur du dit lieu, juge criminel à Quimper.
1640. — Aveu d'Alain Le Guillou, pour Kereoret, en
Trefvel.
1678. — Aveu fourni par demoiselle Louise Auflret, veuve
- 37 -
de D. h. Pierre Baudouin, sieur de Kergouezec, du village
de Trefvel, luy échu de la succession de maître Louis
Aufiret, son père.
1699. — Aveu de Jacques Le Guillou, sieur de Querom-
nes, prêtre, demeurant au manoir de Queromnès. Ce ma-
noir fut le berceau des familles Le Guillou de Kerincuff,
de Penanros et de Keransquer.
1701, 28 Juillet. — Acquêt du village de Portlazou fait
par hon. h. Louis Auffret et Marie Merien, sa femme, et
par mattre Grégoire Le Guillou et demoiselle Jeanne-Louise
AuSret, sa femme. S' et d« de Querincuf!. Le vendeur était
Nicolas Au&ret, vicaire perpétuel de Coray.
1710. — Aveu à TEvôque de maître Grégoire Le Guillou,
S' de Kerincuff, mari de demoiselle Jeanne-Louise Auffret,
fille de feu Guillaume Auffret et de d}^^ Marguerite Bau-
douin, pour la terre de Kervanal, dite autrefois de Ker-
baznalec.
*
Coray, situé sur une montagne, a l'avantage de jouir
d'un très beau point de vue et d'un air des plus purs ;
aussi, en 1484, lors de la mort de Guy du Bouchet, évéque
de Quimper, qui mourut à Nantes, le 10 Janvier, des ger-
mes de la maladie contagieuse qui désolait alors Quimper,
voyons-nous le Chapitre de Cornouaille, pour procéder
avec plus de sécurité à l'élection d'un successeur, se réunir
dans l'église de Coray ; et, près de cent ans plus tard, au
mois de Septembre 1564, une tempête de neige, qui dure
du 11 au 23 de ce mois, accompagnée d'une peste qui dé-
sola la ville de Quimper, fit assigner Coray comme lieu de
réunion du Synode de la Saint-Luc, 18 Octobre.
-^ 38 —
Eglise paroissiale
Cette église, nouvellemeiit reconstruite, est sous le vo-
cable de saint Pierre et saint Paul. Autrefois, Trégourez,
qui cependant n'était pas trêve de Coray, était tenu de s'y
rendre en procession le jour de la Saint-Pierre, lôte pa-
tronale, ou du moins d'y venir à l'offrande. En 1678 (B.4),
une sentence intervint, qui condamnait Corentin Mahé,
Marc Le Moal et autres paroissiens de Trégourez à payer
vingt sous ou une livre de cire à la fabrique de la paroisse
de Coray, « faute par eux d'avoir été à la procession le
jour de la Saint-Pierre, ou baillé leur offrande au Recteur
ou aux fabriques pour l'y porter, conformément à l'acte
prônai de 1666 ».
Chapelles
1^ Notre-Dame de Oamilis.
Edifice du style roman, où Notre-Dame est représentée
portant sur les genoux son divin Fils mort. On voit dans
l'église un collier de fer et des chaînes, ex-voto d'un sei-
gneur fait prisonnier par les Turcs en 1749. Pendant la
Révolution, les Qdëles y venaient en grand nombre réciter
le rosaire à l'heure de la messe du dimanche, malgré
l'absence de prêtres. Sur la façade, on lit cette inscription :
Ihi EnoT d'an Uroun Varia. Missire Yves Stum, Recteur de
Coray, Ghrégoire le Quiniou fabrique 1749. On y célèbre le
pardon le lundi de la Pentecôte et le 8 Septembre.
Sur le placttre, est une croix en pierre avec cette ins-
cription : Du temps de M. Yves Provost recteur , Pierre
Floch fabrique, 1761.
- â9 -
2o LochrUt,
Cette ancienne chapelle existait avant 1540. Notre-
Seigneur Christ, qui en est le patron, est représenté sor-
tant du tombeau et foulant aux pieds ses gardes endormis.
Le pardon a lieu le premier dimanche de Mai, et on y dit
une messe basse le troisième dimanche d'Octobre ; les
offrandes s*y font alors en blé noir. Autrefois, la proces-
sion du Saint-Sacrement s'y rendait du bourg.
On y voit les statues de Notre-Dame, sainte Barbe, saint
Sébastien, et au-dessus d'un second autel, dédié à saint
Laurent, la statue de saint Laurent et un tableau le repré-
sentant. Sur la croix du placltre, on lit la date de 1700.
30 Saint'Venéc ou Vinoc.
Ancienne chapelle du manoir de Saint-Dridan, trans-
férée au Kergoat en 1819. On y voit encore les armes des
Le Rousseau de Rosencoat, S' de Saint-Dridan : d'azur à
trois soleils d^or, un croissant de même en ahyme. Le par-^
don a lieu le dernier dimanche de Mai et le dernier di-
manche de Juillet. Saint Yenec est représenté en moine,
sans crosse ni mitre. Il est invoqué pour guérir des fièvres.
On voit aussi dans la chapelle une statue de sainte Anne.
40 La Trinité.
Cette chapelle, qui existait encore en 1806, était située
sur les terres du presbytère qui fut vendu avec ses dépen-
dances pendant la Révolution.
5o Saint Ouénolé*
Le rôle des décimes mentionne cette chapelle, en
1789, distincte de la chapelle de Saint-Guenel ; mais cette
dernière doit se confondre avec celle de Saint- Venec.
RÔLE DES DÉCIMES EN 1789
M. Kergourlai, recteur 22^ 10^
La labrice 8i 10»
Le Rosaire. 2^
S* Guenel 2»
Lochrist 2^
S* Guénolé 2i
de Gamilis 14^
Total 531
Recteurs de Coray avant le Concordat
1580. Guillaume Glelfer (G., 95).
1668-1706. Nicolas Auiïret, vicaire perpétuel.
Il dut faire connaissance avec le Père Maunoir lors-
que celui-ci vint à Coray pour la mission de 1655;
toujours est-il qu'il travailla avec le Père à la grande
mission de Landivisiau en 1668, pendant laquelle
M. Auiïret tomba malade ; il demanda au Père Tauto-
risation de se retirer ; « Oui, dit le Père Maunoir,
retirez-vous, mais venez nous aider à la mission de
Poullaouen, qui va s'ouvrir immédiatement après
celle-ci ; vous n'aurez plus que cinq accès de fièvre et
le dernier sera fort léger ». C'est ce qui arriva, et
M. Aufifret se trouva fort bien rétabli pour la mission
de Poullaouen.
- 41 -
1706-1723. Jacques Le Guillou, sieur de Keromnès.
1728-1756. Yves Stum ; mort le 6 Juin, âgé de 70 ans.
1756-1758. F. Jaouen ; décédé le 8 Août, à 1 âge de 43 ans.
1759-1772. Yves Le Provost; décédé en Avril.
1772-1775. H. Le Meyniel.
1775-1783. Le Pape.
1784-1787. Etienne Porlodec.
1788. Jérôme Kergourlay.
Extrait des délibérations
DU Conseil général de la commune de Coray
pendant la Révolution (1)
« 20 Juin 1790. — La Municipalité prend note du trésor
de réglise, 1.449 livres argent monnayé ; 64 livres 12 sols
6 deniers, argent du presbytère.
(( L*an 1791, le 25 Décembre. — Le maire, M. Jean
Micbelet, a dit :
(( Messieurs, Jean Le Guillou et moi, commissaires nom-
ce mes par vous à Tellet de nous transporter au Directoire
« du District de Carbaix pour demander la liberté du sieur
« Legrand, notre vicaire, en offrant le cautionnement du
« conseil général de la commune, avons rempli notre
« mission, le vingt des présents mois et an. La réception
« qui nous a été faite au Directoire ne peut être que très
« flatteuse pour le Conseil que nous représentions, mais
« notre demande n'a pas réussi ; la seule grâce qu'on ait
« voulu nous accorder est de laisser le sieur Legrand dou-
ce ner ses soins à la paroisse de Coray jusqu'au lendemain
«des fêtes de Noël, parce qu'à cette époque il se rendra
(( lui-même et à ses frais au château de Brest. » Un ofTicier
(1) Noas devons ces extraits à l'obli^jeance de M. Allier.
— 42 —
municipal, après avoir entendu le rapport de M. le Maire
a engagé le Conseil à prendre une délibération écrite, à y
constater son offre de cautionner le sieur Legrand, et à
présenter une expédition de Tarrélé au Directoire du dé-
partement par quelques commissaires, en invitant mes-
sieurs les membresderadministrationsupérieureàaccueil-
lir favorablement la demande de la commune de Coray;
« Sur quoi délibérant, tous les membres présents du
Conseil ont arrêté à l'unanimité : \^ De cautionner tous
individuellement et collectivement, au nom de la com-
mune, la personne du sieur Legrand, vicaire de Coray, et
s'engager à le faire représenter toutes et tant de fois que
la réquisition en sera faite au Conseil.
(( 2» De nommer deux commissaires pour présenter la dite
soumission, le cautionnement au Directoire du départe-
ment, en l'invitant, au nom de la commune, à y avoir
égard, et à laisser en conséquence le sieur Legrand à con-
tinuer ses fonctions de vicaire à Coray.
(( 30 De charger les dits commissaires d'atlirmer au
Départementque le sieur Legrand, bien loin d'avoir troublé
le bon ordre dans la paroisse, d*y avoir prêché ou parlé
contre la Constitution, ou d'avoir cherché à détourner
quelques personnes du payement des impôts, a, dans tous
les temps, donné et donne journellement encore des con-
seils contraires.
« S'il est quelque reproche à lui faire, ce ne peut être
que d'avoir refusé le serment ; mais comme ce n'est pas
là un délit, il ne saurait servir de motif pour le priver
de sa liberté. Il doit exister au Directoire de Carhaix une
soumission faite par lui dans le mois d'Avril 1790 pour
lacquisition d'une portion de domaines nationaux à Coray.
Cette soumission a été connue de toute la paroisse et y a
été d'un bon exemple : après un acte libre et volontaire
de ce genre, il est difRcile d'attribuer au refus du sieur
— 43 —
Legrand de prêter le serment ecclésiastique, des motifs
de haine ou même d'éloignement pour la Constitution.
« Après quoi, le Conseil général a procédé, par la voie
du scrutin, à l'élection des deux commissaires, et a nommé
Louis Michelet, ancien maire, et Toussaint Le Du, ancien
officier municipal, auxquels il est ordonné de livrer dans
la journée une expédition du présent arrêté, sur timbre,
pour être présenté demain prochain au Directoire du
département, à Quimper, avec les vœux ardents et sincères
de la commune pour le succès près cette administration
supérieure. »
— « 1791, le 7 Août. — Séance du Conseil général de
la commune.
(( M. Kergourlay, recteur de la dite paroisse, a aussi
payé en notre présence la somme de cinquante-six livres
cinq sols pour vingt-deux mois de ferme et les dits temps
finis depuis le 1«' Janvier 1790. »
— « Ce jour, 22 Avril 1792, se sont assemblés les offi-
ciers municipaux, avec le Maire de la paroisse, pour rece-
voir le serment du sieur Ambroise Rivoal, nommé curé
constitutionnel de la paroisse de Coray, dont il a pris
possession le même jour, après que nous avons fait les
informations nécessaires pour savoir s'il était pourvu de
Monsieur Expilly, évêque du Finistère; nous l'avons sou-
tenu dans ses fonctions en réservant la loi du 18 Octobre
1791 relative aux cures vacantes, et en conséquence,
nous, officiers municipaux, déclarons la possession ne
pouvoir être que provisoire et avons signé : Ambroise
Rivoal, curé constitutionneldeCoray,J. Michelet, maire. ))
— <( Du même jour, nous officiers municipaux et général
de la commune, déclarons donner pouvoir à M. Legrand,
vicaire de la dite paroisse, de continuer ses fonctions
comme cy-devant jusqu'à remplacement, approuvant en
conséquence ce qu'il fera ce touchant. Fait et arrêté en la
1
sacristie, les dits jours et an. Signé : J. Michelet, maire. »
— « L'an 1702, le 26 Avril, avant midi, se sont assemblés
dans la sacristie de notre église paroissiale, les officiers
municipaux, lieu commun de leur assemblée, où étant
arrivés ils ont dit : nous Maire et officiers municipaux et
conseillers de la paroisse de Coray, cheMieu du canton du
même noqi, district de Carhaix, département du Finistère,
qu'instruits dp la pétition adressée par des citoyens de
Quimper, aipis de Tordre et de la loi, au département du
Finistère, pour obtenir l'élargissement des ecclésiastiques
détenus au château de Brest et la liberté du culte, ils
déclarent unanimement adhérer à la dite pétition, sollici-
tant le département à deSerer (sic) ne demandant pour
cette adhération (aie) que Texécution de la loi, que ce
qu'exigent la justice et l'humanité. Arrêté en la sacristie
de l'église paroissiale de Goray, sous nos seings, officiers
municipaux et notables qui suivent. Signés lesdits jour
et an : Louis Morvan, officier ; Joseph Laz, officier ; Le
Louet, officier; Jacques Leguillou, officier; J. Michelet,
maire ; N. Legars, procureur de la commune. »
— « Du même jour, nous, officiers municipaux et géné-
ral de la commune, autorisons et prions Monsieur Le
Guével, prêtre desservant de ladite commune, de conti-
nuer ses fonctions comme cy-devant, approuvant en con-
séquence ce qu'il fera ce touchant. Fait et arrêté en la
sacristie lesdits jour et an. Signatures. »
— « L'an 1792, l'an quatrième de la liberté, 8 Juin, nous,
Maire et officiers municipaux, présent M. le procureur
de la commune, qui a dit :
« Messieurs, je viens de recevoir une lettre, en date de
« ce jour, signée Rivoal, curé de Coray, portant convoca-
« tion de la Municipalité de s'assembler sous le costume
« ordinaire pour agréet ou refuser sa démission de la
(( dite cure, et comme la chose est urgente, il a requis
— 48 —
« qu*on délibère sur le champ. Sur quoi la Municipalité,
(c convoquée par M. le président, a mis la question aux
« Yoix : en Tendroit s^est présenté le sieur Ambroise
(( Rivoal, curé constitutionnel de Coray, qui a dit :
« Mes chers frères,
(( Appelé par le consentement libre de l'élite de mes
(( concitoyens à remplir les fonctions curiales dans cette
« paroisse, î*ai cru que Dieu même m'appelait suivant le
(( texte de TEcriture Sainte : Vaxpoptdi, vox Dei ; je n'a-
« vais point songé dans ce moment que le prophète-roi
« avait dit dans son psaume 114, v. 2 : Omnis homo men-
« dax. Aujourd'hui, chers Frères, je serais tenté d'enché-
(( rir sur ce texte et de dire non pas que tout particulier
(( est sujet à l'erreur, mais que les représentants mêmes
(( de dix mille âmes le sont. L'expérience et votre manière
« d'agir me le font très fort présumer. Un pasteur est
(( chargé du soin de toutes ses ouailles. La parabole de
« Notre Seigneur, représentant le Berger courant après
(( sa Brebis égarée, nous le dit hautement. Ce Berger,
« plus heureux que je n'espère de l'être, retrouva sa Bre-
« bis toute saisie de joie. Si je pouvais me flatter de pou-
(( voir ramener avec le même succès les esprits égarés de
« cette paroisse, j'emploierais tous mes soins, mes talents
« et mes facultés pour y parvenir, et si quelques taches
(( restaient dans vos âmes, prosterné entre le vestibule et
(( l'autel, je dirais au Seigneur : parce. Domine, parce
« populo tua. Mais le mal est parvenu au point, la conta-
« gion inconstitutionnelle est si généralement répandue
« parmi vous, que je désespère de la faiblesse de mes
(( talents pour pouvoir vous guérir de cette épidémie. Un
« autre plus heureux que moi, plus orné de talents et de
(( vertus, parviendra — et plût à Dieu qu'il eût déjà occupé
« ma place I — , mais encore quelques jours et le soleil de
- 46 -
(( vérité luira à vos yeux. Si vous daignez accepter ma
(( démission de cette cure que je vous déclare dès aujour-
« d'hui vacante, vous allez me voir un successeur aussi
(( zélé que moi pour le salut de vos âmes, mais ayant, je
« rose croire, plus d'ascendant sur vos esprits ; il vous
« conduira avec plus de succès dans la voie du salut :
(( c'est ce que mon cœur vous désire, c'est ce que je
« demanderai au Seigneur pour vous pendant tous les
(( jours de ma vie I Je vous quitte, mais je vous laisse
« mon cœur pour garant de mon attachement pour vous. )>
« Nous, officiers municipaux, sensibles aux instructions
(( charitables que vous nous avez toujours montrées, nous
« voyons avec regrets que vous soyez obligé de quitter le
« soin d'âmes teintes du sang de Jésus-Christ, mais les
(( lois constitutionnelles, nous y obligent.
— « Ahl mes amis, voici mon adieu : Dieu, la Vierge, le
« paradis et votre salut ; voilà les derniers souhaits que je
« vous fais. Si mon cœur pouvait vous en dire davantage,
(( mais ils sont écrits en caractères du psaume du pro-
« phète David : in œre et adamentino inauro et silice. Votre
« serviteur, Rivoal, curé constitutionnel de Coray; Nico-
(( las Legars, procureur de la commune ; J. Michelet,
(( maire. »
Après ce congé courtois donné à leur curé constitu-
tionnel, les municipaux de Coray s'empressèrent d'assurer
au milieu d'eux le ministère de M. Le Grand, en écrivant
au District :
(( Nous soussignés. Maire et officiers municipaux de la
paroisse de Coray, chef-lieu du canton, district de Carhaix,
vu que Monsieur Rivoal, notre curé constitutionnel, s'est
démis de notre cure, nous avons, Messieurs, l'honneur de
vous prier d'accorder à Monsieur Le Grand, notre vicaire,
qui n'a jamais rieu dit de contraire à la Constitution, votre
- 47 —
agrément, pourvu qu'il puisse remplir avec tranquillité et
assurance toutes les fonctions pendant la vacance de la
dite cure. »
Recteurs depuis le Concordat
1804-1818. Jérôme Kergourlay, d'Elliant.
1818-1824. Hervé-Corentin Pétillon, de Briec.
1824-1831. Louis Tabourdet, de Quimperlé.
1831-1857. Vinoc Kerdréach, d'Audierne.
1857-1890. Yves-Pierre Conan, deTréogan (Saint-Brieuc).
1890-1897. Yves Abhervé-Guéguen, de Guimiliau.
1897. Gabriel-Louis Hunault.
Vicaires
1819.
François-Marie Grall.
1820.
Jean-Louis Bernard.
1823.
Jean-Louis Tandé.
1834.
Jean-Marie Férec.
1835.
Charles Kerivel.
1836.
René Garo.
1847.
Julien Le Foll.
1849.
Maurice Montfort.
1854.
Guillaume Castrée.
1855.
Yves Pavec.
1864.
Philippe Poupon.
1869.
Pascal Chevert.
1870.
Jean Riou.
1884.
François Le Roux.
1883.
Hervé Corre.
1893.
Gabriel Berthou.
1893.
Joseph Com,
— 48 —
1900. Jean-Marie Cuillandre.
1906. Jean-Marie Evennou.
Maisons nobles
Penlaes (de) sieur du Stang-Meur : d'argent au chevron
de gueules accompagné de 3 moletteê de même.
Rousseau de Rosencoat, S' de Saint-Dridan : d'azur à
3 soleils d'or au croissant de même en abyme.
Monuments anciens
Alignement de douze blocs de quartz, à Parc-an-Ilis
(Keresquen).
Tumulus au Herou.
Briques romaines en Treveliny, à Parc-ar-Ghapel.
Enceinte avec douves au Salou.
Mottes à Kerdavid. (du Chatellier.)
- w -
CARTILAIRE
DE L'ÉGLISE DE QUIMPER
(Suite.)
853.
ORDINACIO SUPER QONTROVERSIA INTER PRIOREM HOSPITALIS
SANCTE KATERINE ET CAPELLANOS CURATOS ET ALIOS
ECCLESIE CORISOPITENSI (')
Aocommodation entre le prieur de l'hoeplUI 8» Catherine
et les curez de 8* Corentln.
- 16 niu\n 1376. -
Quia sepe contingit, prout per facti experienciam ac
evidenciam pluries didicimus, quod quamplures lites et
controversie inter vicarios et capellaaos curatos, sacris-
tain, dyaconum et sul^ditos ecclesie Corisopitensis ex
parte una et prioreui hospitalis Sancte Katerine ex altéra,
sepius moveatur et moveri consueverunt super certis
articulis inferius descriptis et declaratis, propterque con-
tigit officium divinum in dicta ecclesia quandoque multi-
pliciter perturbari, idcirco, Nos humile Capitulum Cori-
sopitensis ecclesie predicte considérantes, iinemque licti-
bus et controversiis huiusmodi, ut tenemur, imponere
cupientes et divinum officium in nostra ecclesia Coriso-
pitensi, ad laudem et honorem tocius curie celestis et
(1) Cart. 56, f 46.
BuLLBTiN DB LA COMMISSION DiocisAiifB. — 7* année. 4
— 50 —
Beati Corentini patron! nostri, cum paciencia et in tran-
quillitate, sine murmuracione seu perturbacione qua-
cumque facere atque dicere volentes, ut decet et convenit,
in nostro Capitulo generali die veneris post festum sinodi
Penthecostes, videlicet décima quinta die mensis iunii,
anno Domini M^ CGC'' septuagesimo quinto, continuato a
die iovis immédiate précédente capitulantes et super hiis
et aliis Capitulum facientes, diligenti tracta tu perhabito
duximus in modum qui sequitur statuendo ordinan-
dum (1).
Que paroissien de S. Gorentin décédant à Thépital le prieur y
fera service à basse voix pour luy et aura seul les oUations,
s'il n'y a laminaire de frarie et sera après le corps porté à
S^ Ciorentin.
Primo quod si aliquis parrochianus ecclesie Corisopi-
tensis transférât se ad bospitale Sancte Katerine et décé-
dât ibidem, prior dicti hospitalis celebrabit unam missam
pro cadavere présente, submissa voce, tali bora quod die-
tum cadaver possit, bora consueta, deferri ad ecclesiam
Corisopitensem ; et prefatus prior, omnes oblaciones ha-
bebit que in dicta missa ailerentur, absque eo quod dicti
vicarii seu capellani curati quicquam ex ipsis percipiant,
dum tamen in dicta missa luminare cuiusvis confraterie
non incendatur.
Si les curés célèbrent anniTorsaire à S** Catherine
ils auront les deux tiers des oblations.
Item si contingat dictos vicarios seu capellanos curatos
celebrare in dicto hospitali commemoracionem seu anni-
versarium pro suo parrochiano, percipiant duas partes
(1) Les textes fraoctis sont en marge dans l'origiiial.
— 51 —
oblationum que super altare dicti hospitalis in dicto anni-
versario oflerentur et prior qui pro tempore erit babebit
terciam partem.
Le dit prieur aura les habits du décédé et pauvres du lien.
Item pênes priorem remanebunt vestes dicti defluncti
post eius obitum, si que fuerint, sed decimabitur de aliis
bonis defiuncti post eius obitum, si que fuerint ad hos-
pitale predictum transportata, iuxta qualitatem dictorum
bonorum.
Le prieur aura seul les oblations de l'hôpital le long de Tan.
Item omnes oblaciones que fient in dicto hospitali, tam
in cista per circulum anni, quam in altare die festi Béate
Katerine, percipiet prior intègre absque eo quod prefati
Ticarii seu capellani curati possint in ipsis sibi quidquam
vendicare.
Aura le dit prieur les cierges y donnés.
Item omnes oblaciones que fient in dicto hospitali quo-
vis modo et quocumque tempore in cereis, torticiis et
candelis remanebunt pênes dictum priorem ad usum
dicti hospitalis et pauperum eiusdem intègre, nec poterit
sacrista presens ecclesie Corisopitensis nec sacrista qui
pro tempore erit, quicquam in ipsis vendicare, prout hac-
tenus fuit observatum et consuetum.
Ordre pour dire les leçons des morts.
Item prior dicti hospitalis modernus et sui successores
qui pro tempore erunt, quia de numéro macicolorum,
legent lectiones primo loco post alios macicotos in eccle-
sia Corisopitensi, dum et quando contigerit per succen-
— 82 —
torem aut magistrum scolarum civitatis Corisopitensis,
assignari. Subdyaconus vero predicte ecclesie secundo
loco leget, dyaconus tercio loco et sacrista, qui pro tem-
pore erit, quia reputatur unus de vicariis seu capellanis
curatis dicte ecclesie, cum in oblacionibus, mortuagiis,
pastu quadragesimali certam porcionem consueverit ab
antiquo, memoriam hominum excedenti et in quibusdam
aliis, recipere et percipere sicuti unus de vicariis septem
seu capellanis curatis dicte ecclesie, leget quarto loco, et
ceteri vicarii seu capellani curati quilibet similiter leget
suo loco secundum sua primogenita.
Acta fuerunt predicta statuta et publicata loco, die et
anno predictis ; presentibus venerabilibus et discretis
viris Magistris Guillermo le Glas cantore, Guillermo le
Marhec iuniore Archidiacono de Pocher, Guillermo le
Marhec ofBciali Corisopitensi, Thoma Episcopi, Alano
Raoulini, Rioco Lestuchan et GauSrido Gallici canonicis
prefate ecclesie Corisopitensis vocatis ad hoc in predicto
Capitule, prefatis priore, subdyacono, dyacono, sacrista
et ceteris capellanis curatis seu vicariis ipsius ecclesie.
Gauffridus le Marhec iunior Archidyaconus predictus
composuit et scripsit de mandate dictorum dominorum
canonicorum, manu propria in testimonium veritatis.
854.
JEAN PENGUEN, CURÉ DE LA RUE NEUVE
PAIE AMENDE AU CHAPITRE (0
— 14 Septembre 1876. —
Anno Domini M® CCC° septuagesimo quinto die décima
quarta mensis Septembris, circa horam terciam dicte diei,
(1) Cart. 31, r 56.
- 53 -
indicione XIII* Pontificatus Domini nostri pape Gregorii
pape XIs preseotibus venerabîlibus viris G. le Glas can-
tore, G. le Marec, A. Raolin, G. Gall,T. Episcopi canonicis
ecclesie Corisopitensis et Magistro Johanne Raolini clerico
advocato curie Corisopitensis, promisit et gratavit domi-
nas Johannes Penguen presbyter curatus de Vico novo se
solvere venerabilibus viris Capitulo Corisopitensi, infra
proximam diem dominicam, summam sexaginta solido-
mm monete, de quibus fit mencio in instrumento publico
confecto manu magistri Thome Episcopi et quam summam
sexaginta solidorum alias idem presbyter eidem venera-
bili Capitulo solvere promiserat, racione aliquorum exces-
suum alias ab eodem in preiudicium dicti veneràbilis
Capituli perpétra toru m, et cum hoc, idem presbyter sub
obligacione omnium bonorum suorum tenetur solvere
eidem venerabili Capitulo ad voluntatem et conscienciam
eorumdem, summam decem librarum monete currentis,
non obstante lapsu diei et anni, nomine emende et pro
emenda, eoquod aliqua patraverat contra statuta et con-
suetudines dicte ecclesie Corisopitensis ; premissa tenere
et contra non venire juravit. Et hoc fuit factum precepto
seu iussu prefati Corisopitensis (advocati) ibidem com-
parentis.
Ita est. H. DE Stagno parvo.
CONCORDIA FACTA PER G. EPISCOPUM CUI CANOMCIS (<>
Oonoordat entre rKveeque et son Chapitre touchent lee eoquete
ou done du Chapitre en la ville et allleure au fief de l'Eveeque,
tant pour le paseé que pour l'advenir. Le Chapitre s'oblifle à
faire un anniversaire en Caresme et fera fond de 60 sols de
rente et un c salut » tous les Jours après vesprss pour les
Kvesques de Cornouallle en la forme oy décrite et que lee dons
et aoquete ne seront vendus que pour anniversaires.
— 6 Décembre 1876. —
Noverint univers! quod, cum inter nos Gauffridum Dei
ac Sedis Âpostolice gracia Corisopitensem episcopum ex
una parte et Nos Capitulum humile ipsius ecclesie ex alia,
orta f uisset materia questionis atque gravis discordia sus-
citata de et super nonnullis censibus annuis iuribusque
et provenientibus a Nobis Capitulo, titulo emptionum et
alias fidelium largicionibus in civitate Corisopitensi et
alibi in feudo nostro Episcopi et nostre ecclesie Coriso-
pitensis hactenus acquisitis et in posterum acquirendis,
presertim ad usum distribucionum anniversariorum in
ipsa ecclesia Corisopitensi annuatim celebrandorum depu-
tatis, ac eciam deputandis, quod Nos Episcopus diceba-
mus ad preiudicium nostrum ex pluribus causis et racio-
nibus graviter redundare, et per hoc Vobis Capitulo, taies
redditus et census acquirere in feudo huiusmodi nullate-
nus licere nec eciam acquisitos retinere; Nobis Capitulo
ex adverso allegantibus taies et consiniiles census et red-
ditus per nos posse racionabiliter acquiri et hoc fuisse
consuetum et ab antique laudabiliter observatum ad usum
distribucionum anniversariorum huiusmodi in ecclesia
predicta, ipsosque census acquirere et œqualiter tenere,
multis de causis et racionibus, Nobis Capitulo racionabi-
liter licere ; Et super hoc et alias, racione acquisicionum
eorumdem, pluribus disceptacionibus et altercacionibus
(l) Cart. 81, ^ as, et Cart. 51, ^ 96, et CarL 56, f* 55.
-^ 55 —
inter Nos hinc inde babitis, tandem Nos prefati Episco-
pus et Çapitulum, tractatu super boc solempni babito, et
cum deliberato eoncilk) et maturo, proinde considérantes
quod ex buiusmodi discordia, plurima incommoda et
scandala possent verisimiliter provenire in ecclesia me-
morata, cupientes, pia consideracione, ipsam discordiam
prorsus evellere, nuUo unquam tempore, favente Domino,
suscitendam, ad talem formam pacis seu composicionis
amabilis seu concordie, pensatis a Nobis eiusdem eccle-
sie utilitate et eminente necessitate, devenimus in bunc
modum, ita quod :
Nos Gaufridus ipsius ecclesie Corisopitensis Episcopus,
ad decorem et bonorem nostre ecclesie Corisopitensis et
profectum fidelium animarum, pro quibus maxime dicta
anniversaria celebrantur, et augmentum divini cultus
atque maiorem solempnitatem et exaltacionem ampliorem
ecclesiasticorum officiorum in nostra ecclesia predicta, et
pensato eciam a Nobis, distribuciones et redditus canoni-
corum et ministrorum nostre ecclesie predicte fore tenues
et adeo diminutos quod congrue ex eis nequeunt susten-
tari bis diebus, volumus per presentem composicionem
in perpetuum valituram et eciam dictos redditus, census
quoscumque et proventus, pro tempore preterito et eciam
future, acquisitos et acquirendos, ad usum tantummodo
distribucionum anniversariorum eorumdem approbando,
pro Nobis et successoribus nostris in perpetuum consen-
timus, buiusmodi redditus, census et proventus, cum ipso
nostro Capitule et ministris nostre ecclesie predicte in
perpetuum permanere, quodque prefatum nostrum hu-
mile Çapitulum possit et valeat uti et gaudere perpétue
universis acquisitis buiusmodi et cum bis, taies et censi-
miles redditus in nostro et ecclesie nostre predicte feudo
libère acquirere, prout facultas se obtulerit, pro anniver-
sariis in nostra ecclesia predicta celebrandis dumtaxat.
- 86-
Nos vero Capitulum dicte ecclesie, in nostro generali
Capitulo Capitulantes et capitulum super hoc et aliis fa-
cientes per composicionem hujùsmodi, quam gratam et
ratam habemus, approbamus, solempni tractatu super
hoc prehabito, promictimus et gratam us pro bono eciam
pacis predicte, unum anniversarium in ipsa ecclesia nos-
tra Corisopitensi, pro anima dicti episcopi et animabus
predecessorum et successorum suorum Episcoporum, in
dicta ecclesia Corisopitensi fundare et celebrare solemp-
niter annis singulis in ipsa ecclesia in perpetuum, vide-
licet quolibet die lune immédiate post dominicam qua
cantatur in officio misse, îetare Jérusalem et pro funda-
cione predicta sexaginta solidos annui redditus, loco
congruo assignare ; et una cum ministris ipsius ecclesie ;
pariter et gratamus singulis diebus in perpetuum, finitis
vesperis, excepto die sabbati, in dicta ecclesia antipho-
nam Virginis gloriose Marie, utpote Salve Regina et cetera
cum duabus oracionibus, Concède nos famulostuos et Deus
qui inter apostolicos sacerdotes^ dicere et cantare solemp-
niterut pote qualibet die sabbati, cum processione exeunte
de choro, cereis accensis, coram imagine Béate Marie sita
super altare versus mercatum bladi in dicta ecclesia, et
redeunte processione ad chorum, cantando ad chorum
cantando unam antiphonam beati Chorentini, dicendo in
choro versus et oracionem eiusdem sancti, et aliis diebus,
in choro ecclesie antedicte, alta voce ;
Et sic omnes contencio et discordia mota seu que mo-
veri sperabantur inter nos hinc inde, racione premisso-
rum sunt sopite penitus et annulate, tenorem premisso-
rum fideliteradimplendo. Premissaomniafidelitertenere
et perficere et contra non venire promictimus et gratamus.
Nos prefatus Gaufridus Episcopus, nostro et nomine
nostre ecclesie supradicte, bona fide pro nobis et nostris
successoribus episcopis in futurum in ecclesia nostra
-57-
predicta, et eciam NosCanonici et alii ministri ecclesie pre-
libate,capituluin memoratum super hoc et aliis célébrantes
et eciam facientes, iuramus pro nobis et nostris successo-
ribus, gratamus et-promictimus bona fide ut prefertur.
Volumus tamen Nos Episcopus predictus> nec alias pre-
dicta rata habemus, quod in empcionibus que fient in
futurum pro propriis nostris anniversariis, cum condi-
cione acquitandi infra novem annos, ut est fieri consue-
tum in nostra ecclesia prediûta, non minus precium in
empcione viginti solidorum detur quam valor modernus
quindecim francorum aureorum.
In quorum omnium testimonium,Nos Episcopus etCapi-
tulum predicti, in quantum tangit quemlibet nostrum,
sigilla nostra una cum signo et subscripcione notarii pu-
blici et testibus subscriptis presentibus, apponi fecimus.
Datum die sabbati, videlicet sexta mensis Decembris,
anno Domini M» CCC^ septuagesimo sexto, presentibus
ad hoc discretis Viri Alano de Alneto, Guillermo Periou,
Oliverio Corre clericis et Rollando Luce Corisopitensis et
Trecorensis dyocesis testibus ad premissa vocatis et spe-
cialiter rogatis.
Approbation du dit Concordat par notaire
Et Ego Herveus de Stagno parvo clericus dyocesis Cori-
sopitensis publicus auctoritate Apostolica et Imperiali
notarius, premissis omnibus et singulis, dum ut predici-
tur fièrent et agerentur, una cum prenominatis testibus
presens fui ; huiusmodique publicum instrumentum per
me in notam redactum per alium in proximo precedenti
et presenti foliis scribi feci, et ideo hic me subscripsi
signumque meum consuetum hic apposui requisitus,
super hoc et rogatus.
(A suivre»)
-88 —
NOTICES
SUR LB8
PAROISSES DU DIOCÈSE DE QUIIPBR ET DE LÉON
Par MM. PBTRON et ABaRALL.
(Suite.)
CROZON
Celte église est appelée, au Gartulaire de Landévennec,
Flueu Orauion, Orauthan dans la charte par laquelle
Gradlon Roi donne à saint Guénolé, la troisième partie de
pUbé'Orauthan et son église à jamais ; il ajouta à cette pre-
mière donation d'autres libéralités dans la presqu'île,
entre autres, Roicatmaél (Roscanvel), Enêêhir (Ile longue),
Eaguettêê, Trefleê, Morcat, SMiU-VurguêêUe, le$ SatUnuc
(Radenec), Labou Hether (la Boixière), Morcat, tref pul
crauihan (TrebouUe, près l'tle de Laber), la moitié de trêf
Slrgard (Hirgars), 8Mi Rioc, la moitié de Rostudér (Ros-
tudel), et d'autres localités que nous n'avons pu détermi-
ner, ce que les gens connaissant mieux le pays pourraient
faire plus facilement ; nous donnons, à cet effet, le texte
du Gartulaire concernant la donation faite à saint Guénolé
dans son entrevue avec ce saint abbé à Poulcarvan :
(( De Plèbe Grauthon
« Terciam partem plueu Grauton in œternam heredita-
tem, Alvarpren in discumbitionem astemam, Lanloetqued
in œternam discumbitionem.
-{»-
«
« *
« Très filii Catmagli, inique agentes, venerunt nocte ad
locum Sancti Uuingualoaei, et ibi rapinam fecerunt quasi
lupi rapaces. Modo autem per virtutem saneti Dei cœlebi-
tes sunt. Et ideo tradiderimt bereditatem suam sancto
Wingualoaeo in œternam hereditatem. Ego Gradionus
hoc aflBrmo, Roscatmagli in discumbitione aBterna sancto
Wumgualoaeo.
* «
(( Haec memoria retinet quod émit Gradionus Eneshir
atque Rachenes, Caerbalavan, nec non et Ros Serechin,
de auro atque argento quod accepit filii régis francorum ;
et postea tradidit sancto Uuingualoœo in discumbitione
tref Pulcrauthon, Tref Lez, Morcat, sent Uurguestle (1),
Bois, les Rattenuc, Labou Hether, Lan Cun, Tref Cun.
* *
« Haec litter» narrant quod ego Gradionus iterum do
sancto Uuingualoœo dimidiam partem tref Hirgard, tref
Caruthon, Guern Pen Duan très villas ; Lan Tnou Miou,
Lan Gun, Caer Gurcbenen, Les tnou (Le$iraon) quatuor
villas ; Caer Gurannet, Les Cletin, dimidiam partem Caer
Beat, ti Ritoch, Han Silin, tref Limunoc, Caerpont, tref
Fui Dengel, sent Rioc, dimidiam partem Ros Tuder, Soit
Hinuarn, Caer truu, in discumbitione. »
Crozon était un ancien comté qui, d'abord, appartenait
aux Comtes de Cornouaille, et nous voyons, vers Tan 1030,
un évéque de Quimper, Orscand, frère d'Alain Cainard,
(1) Ce nom est à rapprocher de celui de Niooc GucoDgaitle, U ninte
Candide de Tourc'b, dont on conserTe des reliqaes dans réglise de Groson.
- 60 —
comte de Cornouaille, épouser une Onven, fille de Rive-
len de Crauzon.
Vers 1215, les seigneurs du Léon possédaient Crozon et,
lors de la vacance de la cure, à cette époque, une contes-
tation s*éleva entre lui et TEvéque de Quimper, au sujet
du droit de nomination ; mais H., seigneur de Léon, se
désistant de ses prétentions, pria Tévêque Guillaume de
donner cette cure au fils de Guillaume Penboch, Tun de
ses vassaux (Cartulaire de Quimper 56, t^ 19).
Les seigneurs de Léon possédaient encore la seigneurie
de Crozon au xv® siècle, comme nous le voyons par l'en-
quête laite en 1410 sur les droits de la vicomte de Léon
en Cornouaille (Morice, Preuves, II, col. 850).
« Jean Kerperiou, de la paroisse de Crauzon, âgé de
50 ans ou environ, estagler à Catherine de Keroulas femme
de Bernard de Keranrez dit et recorde par son serment
que le dit Vicomte et ses sugets ont plusieurs terres es
paroisses de Crauzon, Camaret, Roscanvel, Telgruc, Saint-
Nic, Ploemodiern et Ploëven et que les dites terres appar-
tiennent au dit seigneur, à cause de sa baronie de Léon
et sont nommées la terre à la condition de Rivelen.
« Le Révérend père en Dieu Yvon de Poulmic, abbé de
S^ Guinolay du Bois, âgé de 54 ans, dit la même chose
que le précédent témoin. »
Des seigneurs de Léon, Crozon passa aux Rohan et, nous
dit Ogée, « ceux-ci ayant exposé le 14 Mai 1541 au Rôt
François I, que dans les terres et seigneuries de Crozon
ils avaient droit de haute, moyenne et basse justice, de
sceaux à contrats et d'y instituer notaires ; le Roi permet
au seigneur de Rohan d'établir huit notaires dans la juri-
diction de Crozon. Cette paroisse, ajoute Ogée, est une des
plus riches du diocèse, elle vaut 15,000 livres et contient
6,000 communiants ». Aussi le Recteur était-il imposé à
213 livres comme celui de Bothoa. Les plus imposés ensuite
— 61 —
étaient les Recteurs d'EUiant, 171 livres, et GuiscriS, 153 ;
tous les autres Recteurs étaient imposés au-dessous de
100 livres.
Voici le rôle des décimes en 1789 pour cette paroisse :
N. d'Oixant 213i 15»
La fabrice 9 10
Le Rosaire 1 15
S* Michel 1 15
Pors Salut 7
S* Hervé 1 15
S^ Jean de la Palue (mémoire) .
St Julien 1 15
S* Nicolas (mémoire)
S^ Marine 1 15
S* Germain 1 15
SUean 1 15
S* Fiacre 1 15
S^ Laurent 1 15
S* Sébastien 6
S*« Barbe (mémoire)
S^Gildas 1 15
S^Philippe 1 15
S* Guenolé (mémoire)
S* Joseph de Lanveau 9
Total 264 1 10»
*
* #
A raison de son importance, cette paroisse était donnée
habituellement à de grands personnages ; nous allons en
donner la liste des Recteurs, en relatant les faits que nous
avons pu recueillir touchant la paroisse.
1218. Le fils de Guillaume Penboch.
— 62 —
«
1442. Charles du DresnaT> Il avait acheté la métairie
de ta Hingaudaye, en Créhen, pour en faire don à
rhôpital du Guellidou ; à cette occasion, Jean V donna
des lettres d^anoblissement pour ce lieu de la Hingau-
daye (lettres de Jean V).
1474. Décès d'Alain de Rosmadeg, recteur. En 1477,
les archives de Nantes (B. 8 reg.) signalent une lettre
de main mise sur une caravelle chargée de conduire
en Angleterre et en Flandre deux ambassadeurs du roi
de Castille, laquelle, obligée par les vents contraires
de relâcher à Crauzon, avait été prise par un navire
breton et un navire français, pendant que les ambas-
sadeurs visitaient Téglise et assistaient à Toffice le
jour de la Saint-Martin.
1486-1496. Geoffroy de Tréanna, chanoine de Quimper et
archidiacre du Mans, et en même temps recteur de
Crozon.
En 1497, Julienne Le Botguyn fit fondation d'une
chapellenie sur l'autel S^Michel, en l'église de Crozon
(C. 344).
En 1526, une chapellenie, fondée dans la chapelle de
S^Jean-Baptiste, en l'église de Crozon, dans laquelle
chapelle est la tombe de Jean Hirgars junior, est
donnée à Glazran an Ruzec, prêtre, qui mourut en
1534 et fut remplacé par Bertrand Aultret (déal).
La famille Hirgars présentait à cette chapellenie.
1550. 3 Novembre, une chapellenie, fondée autrefois par
Rioc Baussand, en la chapelle de la Trinité, en l'église
paroissiale, est donnée à Luc Lanbily, prêtre.
1593. Jean Bren, clerc, recteur de Crozon, devient cha-
noine de la prébende de Scaêr (C. 105).
Ce fut le 15 Novembre 1594, qu'eut lieu la prise du
— 63--
fort de Roscanvel sur ies fispagnols, par les Royaux
commandés par le maréchal d*Aumont. La fin de ce
siège, que Ton a appelé le siège de Crozon, causa une
grande joie, dont on trouve les échos dans les lettres
adressées au Roi par les députés aux Etats, lors assem-
blés à Rennes (d. Morice, III, col. 1624).
1596-1622. Jehan Briant, archidiacre de Poher, abbé de
Landévennec et recteur de Crozon qui, en 1622, rési-
gna son abbaye et sa paroisse au suivant.
1622-1665. Pierre Tanguy, conseiller dii Roi, aumônier
de la reine Anne d*Autriche.
Ce fut du temps de ce Recteur que le Père Maunoir
fit la première mission à Crozon, pendant laquelle fut
ravivée la dévotion des Crozonais aux dix mille mar-
tyrs de la légion thébéenne. Voici comment en parle
le dernier historien du Vénérable (1) :
« Les habitants de Crozon avaient honoré longtemps
d*un culte particulier les martyrs de la légion thé-
béenne, dont ils conservent môme quelques ossements
dans un riche reliquaire. Mais avec les années, ce culte
s'était bien affaibli. Pour le ranimer, le P. Maunoir fit
représenter à la procession générale de la mission le
martyre de S^ Maurice et de ses glorieux soldats. Leurs
reliques y furent solennellement portées. Etait-ce un
efiet de mirage, était-ce un prodige ? la foule toute
entière, et elle se composait de 7 ou 8.000 spectateurs,
put voir se reproduire dans les hauteurs du ciel la scène
qui se passait sur la terre ; la procession s'y déroulait
dans le même ordre et la même majesté. Les Crozonais
n'eurent pas de peine à se persuader que c'était là un
témoignage évident de la bonté de Dieu à leur égard,
(1) Vie da P. lUuooir par le Père Séjourné, 1 toI., p. 340.
— 64 —
et ils accueillirent par des acclamations de joie répé-
tées le spectacle qui s*oSrait à leurs yeux.
« A cette même procession, qui se rendait à la cha-
pelle S^ Laurent, un sous-diacre, épuisé depuis long-
temps par la maladie, dévoré alors par une fièvre
ardente, ne voulut jamais céder à personne Thonneur
d'y porter la croix et de la porter à jeun. Sa piété en
fut bien récompensée, car à partir de ce jour-là, il
recouvra une santé parfaite. ))
Ce fut, sans doute, à l'occasion de cette mission que
le P. Maunoir composa le cantique en Thonneur des
10.000 martyrs de Crozon, qui figure au nombre de ses
cantiques spirituels. Nous donnerons plus loin la des-
cription du retable représentant le martyre de la légion
thébéenne et qui est encore le plus bel ornement de
réglise de Crozon.
Une confrérie fut établie sous le vocable des saints
martyrs, et les comptes de la fabrique de cette époque
signalent de nombreuses offrandes faites en leur hon-
neur. Leur fête se célébrait au mois de Juin.
Extrait des comptes de la Fabriqtie de Orozon en 1656.
Don d'une génisse à Téglise, dont un tiers pour la
chapelle S^Jean.
Autre génisse en offrande, et sur le prix de vente
on paiera un sol aux chapelles de S^ Sébastien, Notre-
Dame, la Madeleine, la Trinité, et 2 sols à la chapelle
de Notre-Dame de Rochemadou.
(( Un bon personnage de ceste paroisse a baillé à
réglise de céans ung petit cloche pour servir à la con-
frérie des dix mille martyrs.
« Anthoine Le Mignon et les consorts en son bateau
ont fait rendre à l'église de céans 5 sais.
- 65 -
(( Martin Le Hénaff et les consorts en son bateau a
fait rendre à la dite église 3 sols, 3 sols aux dix mille
martyrs et 2 sols à la confrérie du Rosaire. »
En 1657, un particulier donne un sol à la chapelle
de S< Germain et à celle de Lgnnuec.
(( Catherine Le Sevellec a fait rendre par testament
à cette église un couvre-chef, un autre à Notre-Dame,
un sol à la Madeleine et un autre à la Trinité. »
Un particulier donne 2 sols à la chapelle de
S^ Rionalen.
1666-1675. M. de Coetlogon, chanoine, vicaire général,
frère de Mgr TEvéque de Quimper. Il assista à la pre-
mière retraite dans la maison créée à cet effet à
Quimper, en Mars 1670, et Tannée suivante il appela
le P.Maunoiràdonner une nouvelle mission à Crozon.
Le P. Boschet rapporte que, comme le Père allait à
Crozon, il trouva sur le chemin, assez près du bourg,
une troupe de jeunes garçons et de jeunes filles à qui
la Sainte Vierge ou Notre Seigneur lui - même avait
appris à faire Toraison mentale sur le mystère de
notre rédemption ainsi que lui-même le rapporte :
« Je demandai, dit-il, à un de ces enfants, qui n'avait
pas encore 10 ans, comment il s*y prenait pour méditer
sur la passion, et je fus surpris de voir qu'il en savait
plus là dessus que je ne lui en aurais appris. 11 me
répondit qu'il considérait en lui-même Jésus ou atta-
ché à sa colonne et déchiré de coups ou couronné
d'épines, ou portant sa croix ou crucifié, et que, s'ima-
ginant voir la S^ Vierge au pied de la croix, il lui
demandait qui était celui qui souffrait, pourquoi et
pour qui il souffrait, quel bien nous avaient fait ses
souffrances, etc., et le Père ne put s'empêcher d'admi-
rer la bonté infinie de Dieu communiquant ainsi sa
BOLLKTIN DB LA COMIIISSION DIOClSsAINB. — 7* aODéO. 5
— 66 —
lumière, à de jeunes enfants qui vivent au milieu des
landes à la garde de leurs troupeaux. »
L'historien ajoute, à l'éloge de Crozon, a qu'il n'y
avait rien de mieux réglé que cette paroisse. L'office
s'y faisait aussi magnifiquement que dans une cathé-
drale, les prêtres, qui y étaient en grand nombre,
vivaient d'une manière exemplaire et instruisaient
soigneusement le peuple.
(( A voir tout le bon ordre qu'on y observait, on
jugeait que celui qui la gouvernait méritait de gou-
verner un diocèse ; aussi était-il d'une famille où le
mérite et la vertu sont héréditaires et mènent à l'épis-
copat autant que la naissance et les services ; et bien
probablement, il n'a manqué à cet illustre abbé que
de vivre plus longtemps pour mourir évesque. ))
Ce fut dans cette mission que le Père composa, sur
les sept principaux mystères de la Passion, ces mer-
veilleux cantiques qui parurent si édifiants à un doc-
teur de Sorbonne, qu'il les a traduits en vers français
pour les faire passer de la Basse-Bretagne dans toute
la France.
1675. M. Raguénès, recteur.
1710. Pierre Lespaignol.
En 1710, une capitainerie fut unie à la terre de Cro-
zon, en faveur de François Rousselet, marquis de Châ-
teaurenault, comte de Craozon, Porzay et Rosmadec,
vicomte d'Artois, baron Poulmic la Poissonnière, che-
valier de tous les ordres du Roy, grand croix de
l'ordre militaire de S^-Louis, capitaine général des
armées navales de Sa Majesté catholique sur les mers
occidentales, vice-amiral et maréchal de France, lieu-
tenant général commandant pour le Roy en sa pro-
vince de Bretagne...
— 67 —
1717-1732. François-Hyacinthe de la Fruglaye de Ker-
VER, recteur de Ploaré, était vicaire général ; il fut
nommé recteur de Crozon par provision de TEvéque de
Quimper ; mais les archives de rille-et- Vilaine (C. 3,792)
nous apprennent que ce ne fut pas sans contestation
avec un sieur Cillart, pourvu de la même paroisse,
« Sur induit du S' Orry de Vignory, maître des re-
quêtes ordinaires de THôtel ». M. de la Fruglaye ne
quitta Crozon, en 1732, que pour devenir évoque de
Tréguier, où il mourut en 1745 ; mais son cœur fut
porté à Quimper et placé dans la chapelle de TEvèché,
puis, à la mort de Mgr de Farcy de Cuillé, dans la
chapelle du Séminaire, qui sert actuellement à Thos-
pice de Quimper.
Nous relevons sur les registres paroissiaux de Cro-
zon, en 1717, le 27 Octobre, les obsèques d*Âlain Le
Bras, 1 un des curés, âgé de 30 ans; assistent à la céré-
monie : Alexis Herjean, Jean Le Moign, Hervé Le
Moign et autre Jean Le Moign, tous prêtres.
Le 29 Novembre, baptême de Claudine Guyonne, fille
d'écuyer Julien-Jan de Henry, seigneur de Kerhonte-
nant, chevalier des ordres militaires de S' Louis et lieu-
tenant de vaisseau du Roy, et de dame Marie-Fran-
çoise L'Haridon ; le parrain était écuyer Philippe du
Guermeur, S^ du Penhoet, major garde-côte ; et mar-
raine, demoiselle Perrine de Henry, dame de Botgui-
guen.
1732-1737. René Lozach, docteur en Sorbonne, avait été
recteur de Plogonnec.
1747. Pierre de Lesguen.
1764-1773. Du Beaudiez.
1774-1790. Joseph-Louis Heussaff d'Oixant, vicaire gêné-
- 68 -
rai. Mgr de Saint-Luc venait d'être nommé évëque de
Quimper, et M. Guillou, recteur d'Elliant, promoteur
du diocèse, lui écrivait à Paris :
(( J'ai appris que Monseigneur a demandé à MM. ses
grands-vicaires les noms des trois meilleurs sujets de
son diocèse pour la cure de Crozon et qu'ils ont nommé
cinq gentilshommes et témoigné qu'ils donnaient la
préférence à l'abbé d'Oixant. Effectivement, il la mérite
sur les quatre autres, sans contestation. C'est un excel-
lent ecclésiastique et un des plus capables qu'il y ait
dans votre Diocèse. »
Crozon pendant la Révolution
Au moment où éclata la Révolution, à la fin de 1790,
voici quel était le personnel ecclésiastique de la paroisse
de Crozon.
Heussaff d'Oixant, recteur. A la mort de Mgr de Saint-
Luc, Octobre 1790, il fut un des grands vicaires nommés
par le Chapitre ; mais il était déjà souffrant, et lorsqu'au
commencement de l'année 1791, on lui signifia de quitter
le presbytère, il était presque mourant, et ses prêtres
durent le porter dans une maison voisine (note de M.
Boissière) où il ne tarda pas à rendre le dernier soupir.
Joseph Meillard était curé ou vicaire. Né à Crozon, le
15 Septembre 1751, il fut incarcéré aux Carmes de Brest,
du 7 Juillet au 27 Septembre 1791. En 1804, il était encore
vicaire à Crozon. Il mourut recteur de Telgruc, le 13 Fé-
vrier 1810.
Louis Meillard, né à Crozon, le 15 Septembre 1753,
mourut recteur de Plonévez-du-Faou, le 18 Avril 1809.
Pierre Carn, né à Crozon en 1761 (( est demeuré pendant
toute la Révolution caché à Crozon, au risque continuel
— 69 -
de sa vie, ne cessant de se rendre utile. Vicaire de Crozon
en 1805, il est mort recteur de Plogofl, le 13 Novem-
bre 1818. »
Claude Le Mignon, né à Crozon en 1758. Arrêté le
2 Mars 1792, conduit au château de Brest et déporté en
Espagne au mois d'Août, il mourut vicaire de Crozon le
22 Juin 1805.
N.... Le Moal. Mourut pendant la Révolution.
Jean Le Pape, né à Lopérec, le 14 Mars 1756. Recteur
de Lopérec en 1803, est mort curé de Daoulas, le 8 Octo-
bre 1825.
N... Le Sénéchal. Mort pendant la Révolution.
OUivier Sizun, né à Brasparts en 1751. Mort curé de
Fouesnant, le 30 Mai 1818.
Jacques Balcon, né à Crozon en 1761. Mort curé de Cro-
zon, le 16 Octobre 1829.
Alain Le Floc'h, né à Plonévez-Porzay en 1765. Déporté
en rade de Ttle d*Aix en 1794, est mort eh 1831, après
avoir été curé de Briec.
Moreau, Nicolas, né à Dinéault en 1764. Déporté en
rade de File d*Aix en 1794, recteur d'Argol en 1802-1814,
mort le 17 Juin 1834, à Coray.
Ce nombre relativement considérable de prêtres dans
une même paroisse, n'est pourtant pas exagéré, si Ton
songe que, dès lors, Crozon comptait près de 10.000 habi-
tants.
Dans la paroisse de Crozon, les prêtres fidèles trouvè-
rent longtemps un abri assuré, grâce au zèle de la popu-
lation et à l'appui même de la Municipalité, quoique
pendant un certain temps elle eût à sa tête un Maire et
un Procureur-Syndic partisans des idées nouvelles. C'est
ainsi que, le 24 Septembre 1791 (L. 130), le Maire écrivait
au District de Chftteaulin :
- 70 -
« Les sieurs Sizun, Floc'h et Moreau (prêtres non asser-
mentés) loin de se rendre à Brest, comme l'ordonnait
l'arrêté du Département du 1»^ Juillet 1791, sont demeu-
rés dans le pays et y ont fait même une quête. Le Juge de
Paix (Jean OUivier) a été de tout temps Tami de Sizun ;
celui-ci ayant été arrêté en Juillet dernier à Pont-Croix
et conduit à Quimper le 21 Juillet, ce Juge de Paix, accom-
pagné de douze autres citoyens de la paroisse, se présenta
à la Municipalité pour nous forcer, par des menaces, à
délivrer un certificat de bonne conduite au dit Sizun, que
plusieurs Officiers municipaux signèrent ; mais ni moi ni
le Procureur de la Commune ne voulûmes y consentir.
De ce moment, on nous a désignés au peuple comme
ennemis des prêtres.
« Suivant votre arrêté du 2 Juillet, le Curé constitu-
tionnel nous avait désigné quatre chapelles pour être fer-
mées ; nous avons chargé les fabriques de faire dépôt des
ornements des dites chapelles à Téglise. Un seul a obéi ;
il est victime de sa désobéissance, il n'y a pas de jours
qu'il ne soit menacé de citoyens furieux. Les mêmes sont
venus à la Municipalité, où ils nous ont injuriés et som-
més de rendre ces ornements.
(( Dans une paroisse de 9.000 à 10.000 âmes, on ne trou-
verait pas 50 bons citoyens ; c'est une cruelle position
pour ceux qui sont chargés de faire exécuter les lois... ))
Cette charge ne devait pas peser longtemps désormais
sur les épaules de M. le Maire, car aux élections munici-
pales du mois de Novembre suivant, les quelques Officiers
municipaux bons patriotes furent écartés, et bientôt,
comme il est rapporté dans un mémoire au Roi sur les
troubles de Crozon, (( on vit s'installer une Municipalité
ignorante et perdue surtout de fanatisme ». Il n'y eut plus,
dès lors, de remède que dans l'envoi de la force armée
dans la presqu'île.
- 71 -
M. Fénigan, président du District de Châteaulin, fut
chargé par le Département de se rendre sur les lieux et
de requérir des troupes à Brest pour que force demeurât à
la loi. Voici comment, le 30 Janvier 1792 (L. 19), il rendit
compte de sa mission et de Tétat des esprits à Crozon :
«
« En conformité de votre arrêté du 13 du présent mois,
je remis à la poste un réquisitoire pour M. de la Bour-
donnaye, conduisant des troupes de ligne à Brest.
(c Commissaire nommé par le Directoire, je me suis
rendu à Crauzon le dimanche 22; le même jour, je fis
part au Conseil général de la Commune de l'objet de ma
mission, et lui rappelai les motifs qui vous ont détermi-
nés à commander une force de cinquante hommes. Je lui
annonçai qu'ils seraient arrivés le lendemain; mais le
lundi s'écoule, point de troupes ; je m'imaginai que les
vents en avaient contrarié l'envoi. Le mardi, point de
nouvelles. Le mercredi, j'adressai un nouveau réquisi-
toire à M. de la Bourdonnaye ; point de réponse. Samedi,
j'envoyai un exprès au Procureur-Syndic du District de
Brest avec un troisième réquisitoire pour M. de la Bour-
donnaye. Hier soir, j'ai reçu une lettre de M. Brichet me
déclarant que M. de la Bourdonnaye, absent, n'a pas reçu
mes réquisitoires, mais que M. Duvigneau m'envoie cin-
quante hommes. Rendus depuis deux heures du matin,
ils viennent de Quélern. Je les ai engagés à visiter sur le
champ les maisons où se retirent habituellement les prê-
tres insermentés de cette paroisse. Le commandant vient
de me rapporter que toutes ses recherches ont été infruc-
tueuses. Les bons citoyens ne peuvent qu'être profondé-
ment afQigés du peu de succès de cette première tentative.
« En effet, le fanatisme est passé à sa dernière période
dans cette paroisse ; hier, j'assistai à la grand'messe, il ne
s'y trouvait pas soixante personnes. Samedi, un des pré-
- 7â —
ires fanatiques, usurpant les fonctions curiales, introdui-
sait une femme à l'église.
(( Le Curé et le Vicaire assermentés sont insultés, et
point de témoins ; personne ne voudrait ou n'oserait dé-
poser. Je dis plus, je tremble pour leurs jours, si l'on ne
laisse dans le pays une garnison assez forte pour en impo-
ser aux antipatriotes.
« Il la faut au moins jusqu'au temps où l'on aura recou-
vré les impositions et surtout enlevé les prêtres forcenés,
dont le souffle empesté cause déjà tant de ravage.
« Un détachement de cent hommes suffira. »
Le Département envoyait en môme temps deux com-
missaires, MM. Guilliers et Le Sévellec, pour vaincre la
résistance de la Municipalité et l'engager à livrer les prê-
tres non assermentés. Le Conseil général de la commune
répondit à cette invitation par la délibération suivante du
6 Février 1792 :
« Le Maire requiert le Conseil de délibérer sur l'arrêté
du Département du 31 Janvier et la remontrance de MM.
Guilliers et Le Sévellec, commissaires envoyés à Crozon.
(( Le Conseil déclare qu'il est étrangement surpris de la
permanence et même de l'envoi d'une force armée, d'au-
tant plus inutile que la concorde n'a jamais disparu de
ces climats.
« La non-clôture des chapelles doit être imputée à l'an-
cien Conseil.
(( Qu'il ignore absolument la résidence des prêtres non
assermentés qui desservaient ci -devant la paroisse.
Qu'ainsi il est dans l'impossibilité d'indiquer les endroits
qu'ils peuvent occuper ; qu'il ne lui a jamais été porté la
moindre plainte contre aucun de ces Messieurs ; qu'ils
n'ont jamais reçu ordre de les faire arrêter; qu'ils ont
même reçu du Procureur-Syndic de Châteaulin, le 13 Dé-
- 73 -
cembre 1791, une lettre ainsi conçue : « Vous pouvez
« assurer à tous vos ci-devant prêtres,- autres néanmoins
« que ceux qui ont déjà été désignés pour se rendre à
« Brest, qu'ils pourront continuer de remplir avec sécu-
(( rite leurs fonctions dans votre paroisse, à condition
« qu'ils n'excitent aucune plainte contre leur conduite et
« qu'ils se fassent agréer de votre Curé. ))
« Qu'il est dans l'impossibilité de solder la troupe,
attendu que la caisse est vide, que l'ancien Maire est saisi
de l'argent provenu de la vente de M. d'Ôixant, ci-devant
recteur de la paroisse, qu'il prie Messieurs les Commis-
saires de l'autoriser à emprunter de l'ancien Maire la
somme suffisante pour l'entretien des troupes. »
Les Commissaires ne pouvaient se contenter de cette
fin de non-recevoir, et le 8 Février 1792, ils insistaient
près des Officiers municipaux par cette harangue :
« La permanence et le vagabondage des prêtres non
assermentés sur votre paroisse, et qu'il est évident que
vous favorisez, est le principal sujet de notre mission.
Leur saisie, leur translation au château de Brest sont
expressément ordonnés, tant par arrêté du 31 Janvier, que
par lettres subséquentes du Département, notamment du
6, où il est dit : « L'enlèvement des ecclésiastiques inser-
« mentes est très essentiel » Nous nous en rapportons
à vous pour l'exécution ferme et célère de cette mesure
d'autant plus nécessaire qu'elle est absolument la seule
pour rétablir le calme et la confiance dans la paroisse de
CrozoD. Livrez-les-nous donc. Messieurs, nous vous le
conseillons, nous vous en conjurons au nom d'une paroisse
que vous écraserez, ou si (ce que nous croirions aujour-
d'hui plus difficilement que jamais) vous ignorez actuel-
lement leur retraite, engagez vous-mêmes les citoyens de
votre paroisse à les dénoncer et à nous indiquer leur asile.
« Encore une fois, faites en sorte que nous ayons les
- 74 -
prêtres ; mais vous intimerez de notre part à M. Le Moal^
prêtre octogénaire de Crozon, qu'il ait à vivre et à faire
ses fonctions de prêtre où il voudra, dans la paroisse mê-
me, surtout en ce bourg, dans toute la sécurité et la liberté
que son grand âge et ses longs services lui ont Justement
acquis. »
Ni ces prières, ni ces menaces, ni cette concession faite
en faveur du vénérable abbé Le Moal, ne purent fléchir la
Municipalité de Crozon et la déterminer à livrer les prê-
tres fidèles ; et le lendemain, 9 Février 1792, les Commis-
saires, en envoyant au Département les différentes piè-
ces concernant cette affaire, étaient réduits à avouer l^r
impuissance :
« Vous verrez, par les pièces ci-jointes, une résistance
que rien ne peut déconcerter et qui va chaque jour en
s'opiniàtrant.
« Nous devons vous dire surtout que, quant aux prê-
tres, il est absolument inutile : i^ que nous nous entêtions
à les vouloir prendre de nous-mêmes, nous avons fait à
cet égard tout ce qu*il a été possible, informations, per-
quisitions, menaces, promesses d'argent, rien n'a réussi,
ils sont errant de l'un village à l'autre, de quartier en
quartier, dans la paroisse, déguisés sous toutes sortes de
costumes, cachés, protégés par tous, et spécialement par
la Municipalité, dont entr'autres le Maire et le Procureur
de la commune se feraient plutôt égorger que de rien
faire contre les prêtres. Cette Municipalité est empoison-
née de fanatisme, toute entière très proche parente des
ecclésiastiques et ne s'est illégalement mise en place (car
les élections ont été toutes nulles) que par les intrigues
sacerdotales et que pour les protéger et favoriser.
« Sur quelques renseignements que nous avaient don-
nés quelques bons citoyens, nous résolûmes, hier matin,
— 75 —
de faire sortir trois détachements de onze hommes cha-
que, pour perquérir Dinan, Saint-Laurent et Poulmic,
résidences indiquées pour asiles ; nous fîmes marcher
deux Commissaires de la Municipalité à la tête de chaque
détachement. La fouille fut faite par tous les villages indi-
qués et autres ; rien ne fut trouvé, à Texception de leurs
hardes, leurs livres, etc. Un détachement nous ayant
dénoncé un dépôt d^armes trouvé chez M. Dumoulin,
ancien sénéchal, et y soupçonnant quelques prêtres, nous
convînmes dans le secret, avec les chefs de la troupe,
qu'un détachement de trente hommes s'y rendrait dans
la nuit avec Tun de nous. M. Sévellec y fut ; on y a trouvé
des armes toutes chargées à balle, mais point de prêtres ;
on avait prévenu de la descente.
« Ne pouvant obtenir de prêtres ni les faire enlever
nous-mêmes, nous avons dessein, une fois le paiement des
frais assuré (1.200 livres une fois payées, plus 300 livres
par jour jusqu'au départ des troupes), de lier le Conseil
général par une transaction, la plus aggravante et la plus
rigoureuse, sur tous les objets d'administration. C'est,
dans la situation présente, le seul moyen de tirer le
Département avec la décence qui lui appartient.
« SÉVELLEC, GUILLIERS. »
Le Département répondit à cette communication par
un arrêté du 10 Février, cassant le Conseil municipal et
chargeant les Commissaires de choisir « six citoyens des
plus recommandables par leur patriotisme, qui rempli-
ront provisoirement les fonctions municipales, suivront
avec activité le recouvrement des contributions, l'arres-
tation des prêtres perturbateurs et leur translation au
château de Brest ».
L'on conçoit qu'avec de telles dispositions dans la masse
de la population, le rôle de prêtre constitutionnel ne fût
— 76 —
pas populaire. M. Emile Le Guillou de Penanros, dans
son livre, V Adminiêtration du FinUfère, 1790- Î793, nous
dit qu*à une procession que dirif^ le nouveau curé, « les
prêtres insermentés Sizun et Raguenez (1) vêtus en mate-
lots, s'étaient placés en travers de la procession, le cha-
peau sur la tête, riant et se moquant, et criant en breton :
Ar c*hure gant e vaz treus. Une autre lois, ce sont des
hommes armés de fourches qui menacent le curé à Tau-
tel au moment où il présente les reliques à baiser. L'un
de ses vicaires, sortant du cimetière, est assailli par des
femmes qui fondent sur lui à coups de balais, le prennent
par les cheveux et le traînent dans la boue. »
Assailli par les réfractaires, le Curé constitutionnel est
dénoncé par les patriotes comme réactionnaire et faisant
encore chanter à la messe le Salvum fac regem ; voici
comment le Curé répondit à cette accusation, le 23 Juin
1792 (L. 18) :
« L'un des citoyens militaires du troisième bataillon
de rUle-et-Vilaine dont nous avons ici un détachement,
m'a fait, à la maison cammune, un reproche sans fonde-
ment, il m'a dit que le verset Domine salvum fac regem a
été chanté à la messe et que si cela arrivait une autre
fois, j'aurais été arraché à l'autel. Je m'abstiens de quali-
fier la menace qui m'a été faite ; le reproche est sans fon-
dement. Longtemps avant le 10 Août, le verset en ques-
tion se répétait trois fois en ces termes :
(( Domine salvam fac gentem,
(( Domine salvam fac legem,
(( Domine salvum fac regem.
u Depuis cette époque mémorable, la troisième partie du
verset a été retranchée. Je défie aucun homme vivant de
(1) M. Ragueoez, prôtre originaire de Crozon, avait quitté Laodudec
ppur résider daos sa paroisse natale.
— 77 —
soutenir qu*il ait entendu ni moi ni le vicaire prononcer
ces mots aristocrates, Domine salvum fac regem,
(c Que des tiommes qui n'entendent pas le latin ou des
mal intentionnés prononcent des mots que nous avons
proscrits, il n'est pas en mon pouvoir d'empêcher uii tel
abus. Aux roots supprimés, mon intention est de substi-
tuer l'expression suivante : Domine salvos fac cives. Cer-
tes la menace de m'arracher à mes fonctions ne doit pas
m'étre faite ; au reste, je répéterai demain la proclama-
tion relative au verset qui se chante à la messe. Cette
répétition se fera demain. Ce jour mémorable nous rap-
pelle qu'un ami de l'égalité et du genre humain (S. Jean),
fut victime du tiran Hérode, dont la conduite scandaleuse
ne pouvait supporter les vertus républicaines et l'élo-
quence mâle de l'orateur du désert. »
Le Curé constitutionnel n'eut pas de peine à se discul-
per ; mais ce qu'il importait davantage, c'était d'arrêter
les prêtres insermentés, et des commissaires furent
envoyés à cet effet tout spécialement dans la presqu'île.
Voici comment ils rendaient compte de leur mission, au
Département le 26 Avril 1793 (L. 6) :
(( Citoyens administrateurs,
« Nous avons déposé hier au Secrétariat du District le
procès-verbal de notre Commission. L'approche d'une
escadre ennemie annoncée et par les bruits publics et
par les journaux, appelle toute votre attention sur les
moyens de mettre à l'abri de toute insulte les côtes que
nous avons à parcourir.
« Nous vous avions promis un mot sur les prêtres et
autres personnes suspectes du canton que nous avons
visité. Nous avons remis au directoire du District la note
des personnes suspectes dont l'arrestation nous paraît
nécessaire. Nous avons donné la chasse aux prêtres de
— 78 -
nuit et de jour, mais sans succès, nous avons passé
entr'autres la nuit entière de dimanche à lundi dernier
en patrouille avec le commandant et 12 volontaires du
bataillon qui est en garnison à Crozon.
(( Nous étions aussi accompagnés du Maire. Il faut que
nous ayons été mal servis par nos guides, car nous n'a-
vons rencontré aucun des réfractaires. Le lundi, nous
arrêtâmes seuls, dans un groupe de 10 à 12 personnes, et
à la sortie du marché, un individu qui nous avait été donné
pour un prêtre ; nous le conduisîmes devant le Curé
constitutionnel, qui nous assura que nous nous étions
trompés (1). Nous le relâchâmes en pestant un peu con-
tre notre mauvaise fortune, et nous aurions amené le
Curé en sa place s*il avait été moins patriote. Il sera
absolument nécessaire de délivrer promptement le canton
de Crozon de ces prêtres perturbateurs qui l'ont si horri-
blement fanatisé. Leur présence serait trop dangereuse
au moment d'une descente. On prétend que le jour ils se
retirent dans le creux des rochers. Lorsque vous aurez
renforcé la garnison de Quélern, Crozon et Camaret, il
faudra les mettre toutes sur pied à la fois et faire visiter
simultanément les divers points des côtes. Il sera indis-
pensable d'associer à cette visite quelques patriotes zélés
pris hors du canton pour plus de sûreté et qui connais-
sent ces prêtres. La nuit, ils couchent tantôt dans un
village, tantôt dans un autre. C'est ce qui rend leur cap-
ture si difficile. Pour l'assurer, il faudrait fouiller presque
tous les villages ensemble, ce qui est impossible. Cette
fouille, d'ailleurs, ne pourrait réussir que de jour.
(( Châteaulin, 26 Avril 1793.
« Vos Commissaires,
« Le Bretton; Le Prédour. »
(1) Cet individu était bien l'abbô Meillard, mais par ud gônéreax scru-
pale, le Curô coDatitutionnei feignit de ne le point connaître.
— 79 -
A la fin de cette année, un patriote zélé de Crozon qui
ne signe que par des initiales réclamait une perquisition
plus sérieuse des prêtres cachés et, pour la rendre
plus efficace, proposait de prendre comme otages, leurs
parents (L. 15) :
ff CrozoD, le 38 Septembre 1793.
« Citoyens,
« La loi du 14 Août vous a revêtu d'une mission civique
que vous remplissez sans doute avec un zèle infatigable.
Vous êtes chargés de propager Tesprit public et d'alimenter
au milieu de vos concitoyens les principes salutaires de
l'unité et de l'indivisibilité du nouveau pacte social et par
une suite nécessaire d'extirper les germes des funestes
divisions qui ont jusqu'ici causé nos malheurs. Ces causes
sont connues dans le canton de Crozon. La résidence légale
mais continuée des hommes ignorants et fanatiques a fait
évidemment naître la ruine des nouvelles loix. Ils ont pris
à tâche de jeter un mépris odieux sur ceux qui ont em-
brassé le culte de la liberté et à diriger contre eux une
malveillance dont l'influence est souvent sentie. Vous con-
naissez, citoyens, les hommes dont je vous parle ; ces hom-
mes sont les prêtres cachés dans l'étendue de la commune
de Crozon. On leur avait confié un secret funeste, ils étalent
sûrs des manœuvres perfides de Louis Capet et les imbé-
cilles croyaient que la liberté ne pouvait germer sur le
territoire français sans le veto royal. Ils bercent encore
ceux qui ont eu la simplicité de les écouter, que la R. ne
tiendra, et sot celui qui s'attachera à ce gouvernement
éphémère. Vous le savez, citoyens, des recherches multi-
pliées ont été faites pour écarter ces disséminateurs des
principes erronés, toutes ont été infructueuses. Je vous
prie, citoyens, d'inviter les représentants du peuple d'em-
ployer une mesure qui a été mise en usage dans le District
même de Châteaulin, c'est de mettre en arrestation quel-
- 80 -
ques-uns des parents des prêtres qui sont sûrement sur le
canton de Crozon, et quelques-unes qui passent pour leur
donner asile et faire pour eux des provisions. L'arrestation
de ces individus, dont quelques-uns sont suspects, servi-
ront d'otages et ferait à nos prêtres abandonner leurs repai-
res, surtout si les représentants pouvaient suspendre pen-
dant un tems déterminé la peine capitale qui leur est
réservée.
« Au reste, les représentants trouveront dans leur sage
politique les moyens propres à purger le pays de ceux qui
rinfectent. Mon vœu est que Ton évite de verser le sang.
Ces malheureux se feraient regarder comme martyrs et
leurs partisans deviendraient plus nombreux et plus
énergiques.
«
(( Ceux que je propose de mettre en arrestation sont :
Jean Hervégan, du bourg, beau-frère du prêtre Cavec ; la
femme Gabriel Raguenez, du bourg, mère du prêtre de
ce nom ; François Meillard, de Leidé, frère des prêtres
Meillard ; le frère du prêtre Balcon de Kerbeneou ; Jean
Herjean, ofUcier municipal, ami de ces prêtres et leur
fournisseur, de Kerigou, près Morgat ; le vieux Boussard,
de Morgat, mérite aussi une mention particulière, c'est un
grand et chaud fanatique, on lui attribue des projets très
incendiaires.
« Je suis cordialement et avec fraternité, citoyen, votre
concitoyen.
« H. S. C. DE Cr.
« 28 Septembre 1793, Tan II de la R. une et indivisible. »
Quelques mois après, fut saisi M. Raguénès, sur l'arres-
tation duquel, son interrogatoire devant le tribunal nous
donnera quelques renseignements précis. (Procédure
criminelle de Tan II.)
(( Le 23 Germinal an II (12 Avril 1794) de la République
— 81 -
une et indivisible, à Taudience publique du tribunal cri-
minel du Finistère, à laquelle se sont trouvés Le Guillou,
président, La6nnec, CreS et Guillo, juges, a été conduit
de la maison de justice (1), par deux gendarmes, un par-
ticulier vôtu à la mode de la campagne, lequel, interrogé
par le président de ses surnoms, âge, profession, demeure,
« A répondu se nommer Gabriel Raguénez, âgé de
trente- trois ans écoulés depuis le onze Janvier, prêtre
errant cà et là dans la paroisse de Crozon.
— (( Dans quelles communes avez-vous fait les fonctions
de prêtre ? répond dans la paroisse de Landudec, à Cro-
zon, à Scaër et Pouldergat.
— « N*avez-vous pas rempli les fonctions curiales dans
quelqu'une de ces paroisses ou du moins celle de vicaire?
— « Répond avoir rempli les fonctions de vicaire à
Pouldergat ; qu'à sa sortie de cette paroisse, il fut appelé
comme simple prêtre à Landudec, qu'il y remplit les
fonctions de vicaire, mais sans commission du ci-devant
évêque.
— « A quelle époque avez-vous quitté la commune de
Landudec ?
— a Répond l'avoir quittée trois mois avant qu'on a
exigé le serment relatif à la ci-devant Constitution civile
du Clergé.
— « Avez-vous prêté le serment exigé par l'article 39
du décret du 24 Juillet 1790 ?
— M Répond n'avoir prêté aucun serment relatif à la
ci-devant Constitution civile du Clergé.
— « Avez-vous du moins prêté le serment de maintenir
la liberté et l'égalité exigé de tous les ecclésiastiques fonc-
tionnaires ou non fonctionnaires publics décrété par la
loi des ât et 23 Avril 1793 ?
(1) Rue Obscure, c'est-à-dire rue Royale, la maison faisant aogie comme
l'on tourne dans la rue du Yerdelet.
BuLLBTiif DK LA CoMMissioif DiocisAiNB. — 7* année. 6
— 82 —
— (( Répond que non et déclare n'avoir pas su qu'on
eût exigé ce serment.
— « Avez-vous, dans le courant de la décade qui a suivi
la publication du décret des 29 et 30 Vendémiaire, lait
votre soumission de vous remettre entre les mains des
administrateurs de votre département pour être déporté?
— « Répond que non, parce qu'il n'a pas eu connais-
sance de ce décret.
— « Où avez-vous été pris ?
— « Répond, dans un courtil près d'un village nommé
Gouandour, en Crozon.
— « Connaissez-vous les nommés Louis Rividic et Yves
Kerénec, de Gouandour ?
— (( Répond les connaître depuis longtemps.
— « Depuis quand étiez-vous caché chez eux ?
— « Répond qu'il n'était pas caché chez eux.
— « Vous vous y étiez du moins retiré et vous en aviez
reçu asile.
— « Répond n'avoir fait que passer chez ces particu-
liers et encore n'avoir passé que dans leur cour, avoue
cependant être entré dans leur maison pour prendre du
feu pour allumer sa pipe (1).
— « Dans quelqu'autre temps Rividic et Kerinec ne
vous ont-ils pas donné retraite ?
— « Répond y avoir été quelquefois comme ailleurs,
mais n'y avoir pas été longtemps.
— « Où logiez-vous le plus ordinairement et avez-vous
logé quelque fois chez Rividic et Kerinec.
— « Répond qu'il demande à être exempté de répon-
(1) Nous appruDODS par la dôpositiOQ des témoios que M. Raguôoès,
lors de soo arrestatioD, le 21 Germioal ao II (17 Avril 1794), était habillé
en meunier. 11 fut arrêté daos le courtil de la maison par Joseph Vrillo,
grenadier du détachement de l'Aisne, mais qu'aussitôt deui femmes, sor-
ties en pleurant de la maison, saisirent les mains du grenadier pour lui
faire lâcher prise.
- 83 -
dre à cette question, qu*au surplus, il logeait çà et là.
— « Âvez-vous fait les fonctions de prêtre depuis que
vous avez quitté la commune de Landudec ?
— (( Répond ne les avoir faites nulle part ; qu'à sa sor-
tie de Landudec il se rendit à Crozon, où il est né ; que,
tôt après, sur un arrêté du District de Châteaulin rendu
contre lui personnellement, pour cause de manifestation
d'opinion religieuse non constitutionnelle, il fut mis en
arrestation à Brest, d'où il ne sortit qu'en Septembre, lors
de l'amnistie.
(( Gabriel Raguénès signa son interrogatoire. »
Condamné à mort, M. Raguénès fut exécuté le lende-
main de la sentence, qui fut prononcée sur-le-champ.
Église paroissiale
L'église paroissiale a été reconstruite en 1900. Celle qui
la précédait devait remonter au commencement du xvP
siècle, car elle offrait les caractères de cette époque, c'est-
à-dire de la dernière période du style gothique dans
quelques-unes de ses parties, notamment dans le porche
Sud, dans les contreforts et les arcades intérieures.
Le clocher date de 1866. Il est bien composé comme
base et comme chambre des cloches, mais il aurait gagné
à être couronné par deux ou trois dômes superposés, au
lieu d'être terminé par un dôme unique et très obtus.
On a conservé l'ancienne chaire du xvii* ou du xviii®
siècle, assez remarquable par ses ornements sculptés et
particulièrement par ses quatre panneaux en bas-reliefs:
Pêche miraculeuse ; — saint Pierre aux liens, délivré par
un ange ; — saint Pierre, pape, portant les clefs et la
croix à triple croisillon, entouré de prêtres et de fidèles ;
— Crucifiement de saint Pierre.
— 84 -
Mais la pièce capitale dans cette église, c'est le retable
des Dix Mille Martyrs.
Ces martyrs, ce sont dix mille soldats chrétiens cru-
cifiés sur le mont Ararat, en Arménie, sous le règne
d'Adrien, 120-138. Leur histoire est racontée en détail
dans les grands Bollandistes et dans les petits Bollandis-
tes de Mgr Guérin, à la date du 22 Juin, et toute cette
légende est retracée dans un grand retable à volets com-
prenant 25 panneaux, plus 4 autres où sont représentés
les quatre Évangélistes.
On y voit les apprêts et les péripéties du combat des
troupes romaines contre les barbares ; la retraite sur le
mont Ararat de 9,000 soldats, sous la conduite d'Acare,
leur chef, pour ne pas sacrifier aux idoles et se soumettre
à la loi chrétienne ; l'adjonction de mille autres de leurs
compagnons, qui porte leur nombre à dix mille ; leur
condamnation ; leurs différents supplices : lapidation,
flagellation, couronnement d'épines, marche, pieds nus,
sur un terrain hérissé de pointes de fer; lacération de
leurs flancs et de leurs poitrines par des piques et des
javelots ; et enfin, crucifiement de la troupe entière sur la
montagne, exécution à laquelle on employa trente mille
soldats changés en bourreaux.
Cette œuvre de sculpture, sans être d'une grande cor-
rection, est tout à fait remarquable par le style, le grou-
pement, le caractère, le costume et l'expression des per-
sonnages. M. le docteur Corre en a publié une description
détaillée dans VÉcho paroissial de Brest, année 1901,
QOB 169-173, et il est porté à l'attribuer au commencement
du xvi« siècle, à l'époque de la Heine Anne.
Cette église possédait aussi deux petites châsses ou reli-
quaires assez précieux.
Le premier est en bronze ou cuivre doré, en forme de
chapelle entourée de niches et de contreforts gothiques
— 83 -
du XV* siècle, contenaat 1m statuettes des douze Apôtres.
Il mesure 0 m. 20 de long sur 0 m. 12 de large et 0 m. 40
de haut, et porte cette inscription : Oottzien faic faire cesté
reliquaire en loneur de Diêu ManHeur Saint Pierre aveeq
dix mille martyrs et pour la paroisêe de Crau&on,
Est-il contemporain du retable, ou le culte des dix
mille martyrs dans la paroisse est-il antérieur à cette
œuvre de sculpture ?
Le second reliquaire est plus grand, en bois noir, orné
de gaines, cariatides, cartouches, médaillons, corniches
et crêtes en argent repoussé, dans le style Louis XIII.
Il contient des reliques de :
Saint Valentin, martyr.
Saint Félix, martyr.
Sainte Candide, vierge.
Saint Valentin, prêtre martyr.
Saint Vincent, martyr.
Saint Prétextât, martyr.
Sainte Justine, vierge et martyre.
Saint Sévère, martyr,
Saint Innocent, pape et martyr.
Puis 12 reliques plus récentes.
Un état du cancel de Téglise, dressé en 1776, lors de
la mort de M. du Bandiez, recteur, par Julien Barthelemi
David, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, nous
donne quelques renseignements sur la disposition du
chœur et de son ornementation à cette époque (Archives
départementales) :
« Le chœur a 36 pieds de longueur du pignon du sanc-
tuaire au Levant jusqu'à la grille en bois vers le Couchant
séparant le cancel de la nef, sur 23 pieds de largeur. Les
bas cdtés ne dépendent pas du cancel et les chapelles du
Rosaire et des Martyrs sont prohibitives à la charge des
différents seigneurs à qui elles appartiennent.
- 86 -
(( Les murs des côtés du cancel ont 20 pieds de hauteur
au-dessus du sol et sont formés à droite, côté Nord, par
cinq arcades d'environ 5 pieds d'ouverture chacune, et le
côté gauche Midi, par quatre arcades d'environ 6 pieds
d'ouverture et de 12 pieds de hauteur.
« Sous l'intrados de la clef de voûte des arcades, qui
sont à peu près en plein cintre et supportées par des
piédroits et piliers ronds et partie à pans qui ont à peu
près 18 pouces de diamètre chacun.
(( Dans le pignon du sanctuaire, est un vitrail de 11 pieds
de largeur sur 17 de hauteur lequel est garni d'entrelacs,
roses et soufflets supportés par des piliers de pierre de
taille.
(( Il n'y a point de mur séparant le chœur de la nef,
mais un tirant en bois supportant le Christ, et au-dessous
est une balustrade séparant le chœur de la nef.
« L'autel, en bois, est simple avec tabernacle et dôme
au-dessus, le tout d'ordre corinthien couronné d'un atti-
que, avec vases et petites figures ; le dit autel est accom-
pagné de deux grandes colonnes d'ordre corinthien en
bois, portant deux grandes statues en bois de grandeur
colossale qui supportent le dais au-dessus de l'autel. »
Nous savons, par un aveu de 1664 (E. 293), que Anne
du Hirgarz, dame du Breuil, épouse de Louis de Lesac,
chevalier, possédait, à cause de la terre de Hirgarz, en
l'église de Crozon : « Une tombe enlevée au milieu du
chœur, joignant de temps immémorial le balustre du
grand autel, lors depuis douze ans que le maître-autel
a été porté joignant le pignon et la vitre orientale de la
dite église, à cause de quoi elle se trouve éloignée du dit
balustre d'environ trois pieds. La tombe est armoyée
d'écusson portant trois pommes de pins qui sont les armes
du Hirgarz ; dans le soufflet de la principale vitre, elle
a deux écùssons : d'or à 8 pommes de pins d'cusur, et au
— 87 —
bas de la dite vitre, côté de TEpttre, deux jours où se
voient deux priants dont les cottes d'armes sont chargées
des mêmes armes. »
On voyait autrefois, dans la nef de Féglise de Crozon,
le mausolée en kersanton d'un ancien Sgr de Gouandour.
Ce mausolée, orné d'écussons représentant les armoiries
et alliances de ce seigneur, a été détruit parce qu'il gênait
la marche des processions. M. de Mesmeur en a recueilli
les débris et Ta restauré dans un bosquet de son jardin
de Lescoat.
Albert le Grand (p. 58) dit que, de son temps, les pa-
roisses voisines de Landévennec, Crozon entre autres,
étaient tenues d'aller à certains jours chanter des servi-
ces dans l'oratoire du roi Gradion, pour le repos de son
âme.
Chapelles
Les chapelles de Crozon étaient fort nombreuses, et
une lettre de 1745 (H. 83) nous apprend qu'il y avait,
dans cette paroisse, dix-huit chapelles desservies par les
prêtres de Crozon, « qui se trouvent tous à la grand'messe
de la mère église ; ces prêtres n'ont d'autre salaire que
les quêtes que chacun fait dans l'arrondissement de sa
chapelle ».
P Chapelle de Baint-Jean.
Cette chapelle, d'origine très ancienne, a été presque
entièrement refaite à l'intérieur, du moins l'on n'y trouve
que des dates du xvii^» siècle.
Au bas du clocher :
4617 . 1 . KANGVIADER.
1630 . G. SENECHAL.
— 88 -
Au bas du pignon du transept Midi :
lAN . BLOAS . FABRIQUE . 1627.
Au pignon d'une fenêtre Midi :
1645 . MEILAR . ALLAIN . FAB.
Dans la clôture en bois de l'arc triomphal :
1621 . FAICT : FAIRE : PAR : M : B : LE : BROIER : P"
GADRON : KAVDREN . F.
A rintérieur, séparant la nef du chœur, est une sorte
d'arc triomphal, arcade romane assez lourde, du xp siècle,
et offrant beaucoup d'analogie avec une arcade semblable
dans la chapelle de Saint- Jean Pont-Men ou 9ur BHon, en
Riec, et qui dépendait des templiers ou des hospitaliers
de Saint-Jean.
Près de la chapelle sont deux fontaines, dont Tune très
ancienne, et l'autre surmontée d'un édicule du xyii<^ siè-
cle.
Cette chapelle est située au Léîdé.
2o Saint-Jean de la Palue,
Autre chapelle dédiée à saint Jean, et que son état de
délabrement fit dégrever au rôle des décimes en 1781.
do La Magdeleine,
Chapelle attenante au presbytère ; elle servait à faire
l'école en 1806 ; en 1811, le Curé en fit l'abandon à la com-
mune, pour que celle-ci se chargeât des réparations du
presbytère.
49 Saint'Michel.
Près de Dinan, existe encore.
-89-
5o Notre-Dame de Por$-8cUud.
Était la chapelle la plus imposée au rôle des décimes,
et recevait, dès lors, le plus d'offrandes. Elle était en rui-
nes en 1804.
6° SaifU-Hemot.
A la pointe de la Chèvre ; elle est appelée de Saint-Hervé
au rôle des décimes. En 1805, on la réclame comme très
nécessaire pour le service paroissial.
?> Saint-Julien.
Chapelle du côté de Camaret, dont on réclame l'ouver-
ture, en 1804, comme très utile à ce quartier.
8^ Saint' Nicolas.
En ruines et déchargée au rôle des décimes dès 1781.
9° Saint Quénoîé.
Dégrevée au rôle des décimes, en 1781.
IQo Saint-Philibert.
, Que le rôle des décimes appelle mal à propos Saint-Phi-
lippe. Demandée comme chapelle de catéchisme en 1805.
i/o Saint-Laurent.
Chapelle en ruines en 1805 ; mais les voisins en deman-
daient la reconstruction.
-90 -
II y avait en outre, sur cette paroisse, les chapelles de
Saint-Fiacre, Saint-Sébastien, Sainte-Barbe, Saint-Gil-
das, Sainte-Marine, Saint-Germain, Saint-Louis de Ké-
lern, sans compter les chapelles de Sainte-Anne et de
Saint-Joseph de Lanvéoc.
Monuments anciens
Le bourg de Crozon (1) contient plusieurs maisons
anciennes ; beaucoup sont dans le style de la Renais-
sance.
Son église date du xvi« siècle, mais le portail et la tour
du clocher sont un peu moins anciens.
Sur la porte qui est au pied de la tour, on lit :
EN L'AN 1602 A. P. KERAUDREN FABRIQUE
et au côté gauche sont écrits les noms :
A. SENECHAL
P. ANIBRAS
R. GALLOU
Dans le campanile du clocher, on voit cette inscription :
H. LE DU FABRIQUE . J : LE BRAZ . BE : GRENOU
L'AN 1615
*
« Dans l'embouchure de la petite rivière de Laber ou
de Saint-Laurent, est un petit îlot assez élevé, sur lequel
on voit les vestiges d'une de ces antiques tours isolées qui
furent les premières forteresses féodales. La terre relevée
sur les fondations en marque encore l'enceinte, qui paraît
Fréminyille, n, p. ^.
- 91 -
avoir été pentagone ; une coupure, qui d'un côté inter-
rompt cette enceinte, en désigne la porte d'entrée. Je
remarquai que Tintérieur de la tour avait été partagé en
deux par un mur de refend en maçonnerie, dont la base
paraît encore à fleur de terre ; elle est environnée d'un
fossé.
Cette tour parait avoir été établie dans la petite tle de
Labef, contre les entreprises des pirates normands ; elle
est appelée dans le pays a château du Mur ))...
La Palue.
« Il y a une trentaine d'années, dit M. Bourassin, vers
1840 (1), plusieurs dunes de sable, de l'anse de la Palue ou
de Losmarch, furent déplacées à la suite d'une violente
tempête, et mirent à découvert, au milieu de fragments
de tuiles à rebord et de tessons de poterie de l'époque
gallo-romaine, un grand nombre de squelettes d'hommes,
de femmes et d'enfants de tout âge, régulièrement rangés
les uns près des autres ; leurs bras étaient étendus le long
du corps, et leur tète reposait sur une pierre plate. Il était
évident que ce lieu avait été le théâtre d'une catastrophe
dans les premiers siècles de notre ère. Les uns attribuè-
rent ce désastre à une maladie contagieuse, d'autres à
une descente de pirates sur ce point de la côte, où les
vestiges d'un établissement gallo-romain sont encore
visibles. Cependant, aucun des squelettes ne portait de
traces de mutilation.
(( Pour moi, je n'hésite pas à croire, avec mon ami
Durocher, ingénieur des mines à Rennes, que la catas-
trophe dans laquelle périrent tant d'êtres humains fut
(1) Bulletin de la Société Ârck,, t. I, p. 55.
— 94 —
« A une demi-lieue dans le Sud de ce menhir, j'en vis
quatre autres fort gros, mais moins élevés et comme
groupés ensemble. Ils étaient accompagnés d'un petit
dolmen. »
M. du Chfttellier signale, à la pointe du Château de Dinan,
un dolmen en partie détruit, et des chambres à ciel ouvert.
Pointe de la Chèvre (i).
« A 200 mètres Sud de Saint-Norgat, tumulus de 2 mè-
tres de haut et 25 mètres de diamètre. Exploré en 1883,
il nous a donné une chambre intérieure construite en
pierres sèches recouvertes d'une table dolménique. Cette
belle sépulture mesurait 2 m. 30 de long sur 0 m. 92 de
large et 1 m. 30 sous plafond, contenait sept dépôts de
restes incinérés placés sur sept dalles posées sur le fond
de la sépulture, sans mobilier funéraire.
« A 300 mètres au Sud du village de Saint- Hernot,
tumulus de 2 m. 50 de haut et 20 mètres de diamètre.
Fouillé en 1883, il contenait trois sépultures formées de
pierres placées de champ en terre, recouvertes de dalles.
Elles ont donné des restes de squelettes, des poteries bri-
sées, une hache en pierre polie, des éclats de silex et des
percuteurs. )) (Musée de Kernuz.)
Dolmen de Rostudel, à la pointe, et un menhir à 200 mè-
tres à rOuest du dolmen.
Kercolleoch - MontourgarcL (S)
« Entre la pointe de Morgat et celle de Saint-Hernot,
sur le flanc Sud d'une colline inculte qui dépend du vil-
lage de Montourgard, est une forteresse (celtique?) de
(1) M. du Chalellier.
(2) BuUain de la Société àrch., Vf, p. 97.
— 95 -
construction cyclopéenne extrêmement remarquable.
L'enceinte principale, dont le plan donne un rectangle
de 18 mètres sur 10 m. 40, est entourée de murs d*une
épaisseur moyenne de 1 m. 25, formés de blocs de pierre
non taillés, dont quelques-uns ont 1 m. 60 de hauteur ;
ceux qui composent la première assise sont simplement
plantés dans le sol les uns près des autres et disposés sur
deux rangs qui se touchent. D'autres pierres étaient en-
tassées sur cette première assise.
(( A l'intérieur, sont les substructions de l'habitation
du maître ; elle consistait en un donjon ou tour rectan-
gulaire de 7 m. 30 sur 6 m. 50 de côté, dont les murs
étaient construits par le môme procédé que ceux de l'en-
ceinte.
« De cette enceinte partent, dans la direction de l'Ouest
et du Sud, des lignes de pierres plantées assez rappro-
chées qui forment une succession d'enceintes secondaires
dont il n'est pas facile de préciser la destination. Il est
impossible de donner, par une simple description, une
idée de l'ensemble de ce curieux monument, probable-
ment unique en France ; mais il est à désirer qu'on en
fasse faire un plan le plus tôt possible, car au mois d'Oc-
tobre 1873, époque de ma dernière visite, on avait brisé,
du côté de l'Ouest, un assez grand nombre de pierres
pour en faire des clôtures » (1).
En 1830, M. Fréminville voyait, dans ce monument,
« un sanctuaire druidique dont les alignements s'éten-
dent entre la pointe Saint-Hernot et celle de Morgat ; le
principal de ces alignements a 1.100 pieds d'étendue vers
l'Ouest, il forme un angle obtus et aboutit à une enceinte
trapéziforme ayant une avenue de pierres. Tout à côté et
(1) M. du ChateDier a acheté ce moDumeDt pour le préserver de la
tÎAn.
deitnictioQ.
— de-
hors rang, est une autre enceinte carrée formée d*un dou-
ble rang de pierres plantées très serrées les unes contre
les autres et assez élevées. Cette enceinte porte, dans la^
contrée, le nom vulgaire de a maison du Curé ».
Landaaudêc.
M. de Fréminville voit, dans les alignements de pierre
de Landaoudec les traces d'un temple druidique qu'il
décrit ainsi :
(( Ce sanctuaire est établi dans une lande qui avoisine
un chemin conduisant de Lanvéoc au manoir de Lescoat ;
quelques gros blocs de pierre et trois menhirs dispersés
en annoncent rapproche. Deux rangs parallèles de pier-
res, les unes plantées, les autres posées simplement sur
le sol, forment une espèce d'allée ou d'avenue longue de
77 toises et qui conduit à l'angle oriental de la première
enceinte.
« Cette enceinte, de figure triangulaire, est formée par
des blocs de pierre posés ou plantés debout ; deux des
côtés du triangle sont droits, le troisième est un segment
de cercle, c'est celui du Nord ; celui du Sud a 64 toises
de longueur, et celui de l'Ouest, qui forme avec lui un
angle droit, en a 26. C'est sur ce dernier, composé de 10
pierres, que l'on remarque deux menhirs plantés à côté
l'un de l'autre et paraissant marquer une espèce de porte;
l'un a 7 p. 1/2, l'autre 6 p. 1/2 de hauteur.
(( A cette enceinte triangulaire est adjacente, du côté
de l'Occident, une seconde, qui est de flgure carrée, et a
avec la première un côté commun. Ce carré, formé de
blocs plantés ou posés, a 34 toises de l'Est à l'Ouest, et
26 du Nord au Sud.
« De l'extrémité Sud, du côté qui lui est commun avec
l'enceinte triangulaire, part une rangée de pierres for-
- 97 -
mant le demi-cercle, et au bout de laquelle se voit le
dolmen ou autel dépendant du temple.
« Tout auprès, et à FOrient de ce monument, on voit un
alignement composé de 63 pierres peu élevées et rappro-
chées les unes des autres ; il se dirige d*abord en ligne
droite du Sud au Nord, mais prend à son extrémité une
légère courbure. Cet alignement semble avoir fait partie
d'une enceinte particulière qui entourait un terrain tout
couvert de grosses pierres simplement posées sur le sol,
et que nous regardons comme marquant autant de sépul-
tures.
« Le menhir de Landaoudec est entouré de pierres
celtiques dispersées sans ordre, mais qui sont trop voi-
sines du temple que nous venons de décrire, pour n*en
pas avoir fait une dépendance. On y voit trois menhirs,
Tun haut de 9 p. 1/2, l'autre de 7 pieds, et le troisième de
8. Ce dernier, qui est dans le Sud du moulin, est remar-
quable en ce qu'il a été fendu verticalement en deux.
(( A 300 ou 400 toises dans l'Est du sanctuaire, on trouve,
sur le Tcrsant d'une petite vallée, un dolmen bien con-
servé, composé de sept pierres qui soutiennent une table
massive de 8 pieds de surface. Ce dolmen dépendait peut-
être du monument de Landaoudec.
« Le manoir de Landaoudec, situé à peu de distance du
temple druidique, est aujourd'hui très dégradé et converti
en ferme ; il peut avoir été bâti à la fin du xv® siècle, mais
rien n'annonce qu'il ait jamais été considérable.
(( Dans une montre à Quimper, en 1562, un sieur .de
Landaoudec se présentait pour servir en qualité d'arque-
busier à cheval, ce qui lui supposait un revenu assez
élevé. »
M. Le Men (1) remarque que « le monument de Lan-
(1) BuUeUn de la Société Àreh., IV, p. 93.
BuLLBTiH Di LA Goiiiiissioif DiocisAiNB. — 7* aimôe. 7
— 98 —
daoudec a été fort mutilé depuis ^époque où M. de Fré-
minville en a donné la description pour la première fois.
En 1855, M. Le Bastard de Mesmeur, de Crozon, se trou-
vant sur les lieux au moment où Ton venait de renverser
un des menhirs de ces alignements, découvrit, au fond
de la cavité d'où on l'avait retiré, une belle hache en dio-
rite. »
FilMILLES NOBLES DE LA PAROISSE DE CrOZON
Autret, S>^ de Landeadec : d'or à cinq trangles ondes
WazuT ; devise : Dre ar mor,
Bohier, S' de Trébéron : d^or au lion d'aeur.
Coetquelven, S' de Kerioul : d'argent à la quintefeuHU
de eable ; devise : Beea e peo&h.
Gentil (le S' de Quelern) (1) : d'aeur au serpent volant
d'or; devise : Spargit unde quaque venénum, et Suis nUitur
alis.
Gouandour, S' de Cléguer : d'argent à 8 chouettes de
sable becquées de gueules.
Goulaine, S' de Poulmic : mi parti d'Angleterre et de
France; devise : De cettuy ci, de cettuy la, j'accorde les
couronnes.
Goulhezre, S' de Tremet et Trébéron : d'or au chevron
d'aeur accompagné de 3 trèfles de même.
Han (du) marquis de Poulmic : émargent à la bande
fuselée de sable, soutenant un lion momé de gueules.
(1) M. de Bosmorduc dous signale une errear d'Ogée, qui attribue tu
XV iiècle la propriété du manoir de Kerlern ou Quelern à un Le Gentil.
c Ce manoir appartenait jadis aux Goulhezre ; Jean de Goulhezre épousa,
en 1635, Marguerite Bospiec, dont il laissa une fille, Françoise-Esther
Goulhezre, dame de Kerlern, mariée à Tanguy Le Gentil, sieur de Peo-
cran. Leurs descendants ont porté le nom de Kerlern, devenu Quélem,
jusqu'en 1843, année de la mort de M. le baron Le Gentil de Quelern,
maréchal de camp du génie. »
— 99 —
Henry, S' de Kerhouatenant : dé sablé à VaigU éployéé
d'argent.
Hemery, S' de Lanvagen : d'or à 8 chouetteê de sablé,
mémbrées et becquées d'or, qui est Cavan, un annelet de
sable tn àHAtM, alias à la bordure de gueules.
Mathieu, abbé de Landévennec, mort en 1496, était
de cette famille.
Hirgarz (de) : d'or à 3 pommes de pin d'cusur.
Jacob, S' de Kerigon et de la Villeneuve : de gwules au
chevron d'argent accompagné de S eoquUles de même.
Jar (Le), S' de Treyer : d'argent à la poule de sable crêtée
et barbelée de gueules, becquée et mêmbrée d^or.
Kerdrein (de) S' de Kerbiriou et deTrébéron : d^her-
mines au chef endanché de sable.
Kei^uiziau, S' de Kerbiriou : d'atsur à 3 têtes d'aigle
(alias d'épervier) arrachées d^ùr; devise : 8pes in Deo.
Kerlenguy (du), S' de Landaoudec et de Poulpatré :
d'argent à V aigle de sable.
Laurens, S' de Kerlenguy : d'or au sanglier de sabU.
Léon, vicomte de Léon, comte de Crozon : d'or au lion
momé de sable, qui est Léon ; à la bordure chargée de onze
annélets en orle, comme marque de juveigneurie.
Languéouez (de), S' de Kerbiriou : fascé onde d'or et
d^asur, au chef de gueules; devise : Fini patitur qui vincere
dUeU.
Moëlien, S' du Gouandour : d'asur à un anneau d'ar-
gent, touché et environné de trois fers de lance de même ;
devise : Bell Poble.
Palud, S' de Kervoazec : d'argerU à deux fasces ondées
d'agur accompagnées de 3 étoiles de même.
Pentrez, S*" de Rostellec : d^or au greslier d'asur lié de
gueules.
Porte (de la), marquis de Poulmic et comte de Crozon :
de gueules au croissant d'hermines.
- lôo-
René, conseiller au Parlement en 1653, épouse Anne-
Marie du Ham, dame de Crozon, dont Anne-Marie,
dame d^Artois et de Crozon, mariée en 1684 à Louis
Rousselet, marquis de Châteaurenault, vice-amiral et
maréchal de France.
Poulmic, Sr de Keramprovost et de Lescoat : échiqueté
d^ argent et de gueules, le premier échiquier chargé d'un
annelet de sable pour la branche de Loumérol ; devise :
De bien en mieux, alias : Espoir.
Plœuc (de), S' de Poulmic : d'hermines à trois chevrons
de gueules.
Trédern (de), S' de Kerbiriou : échiqueté d'or et de
gueules, au franc canton fascé d^ argent et de gueules ;
devise : Ea souez ve. Quelle surprise ce serait.
Curés de Crozon depuis le Concordat
1803-1804. Alain Desmoulin, de Crozon.
1805-1809. Antoine-Adrien Mauduit du Plessix, de Poul-
dergat.
1809-1820. Bernard Doucin, né à Quimper, en 1759.
1820-1824. François -Marie Lescop, né à Plouguerneau,
en 1791.
1824-1829. Jacques Balcon, né à Crozon, en 1761.
1829-1838. Yves Le Pape, né à Lopérec.
1838-1864. Pierre Grall, né à La Feuillée.
1864-1872. Sébastien Quéré, né à Goulien.
1872-1876. François-Joseph Prigent, né à Lanmeur.
1876-1896. Jean-Marie Hameury, né à Guimaêc.
1896. Pierre-Louis Le Jacq.
— loi —
Vicaires
Mignon.
Meillard.
Correoc.
Carn.
Balcon.
Paugam.
Tutor.
Julien.
Chansy.
Guillaume Keruzec.
Onneau Pellen.
Jean-Pierre Michel.
1818.
René Le Guen.
1819.
François Le Rest.
1819.
Guillaume Rivoal.
1820.
Yves Le Coent.
1820.
Clet Carval.
1821.
Olivier Cantinat.
1821.
Jean-Marie Quéméner.
1821.
François Goarant.
1822.
Hervé Goasguen.
1823.
Jean Le Hann.
1823.
François Le Borgne.
1824.
François Silliau.
1824.
Jean PenduS.
1825.
Tanguy Guéguen.
1826.
Claude Maguer.
1827.
François Marc.
1829.
Alain Martin.
1830.
Jean Le Bloas.
1830.
Louis Caradec.
1831.
Jean Soucet.
- 102 -
1832.
François Mérer.
1833.
François Madec.
183S.
Joseph Le Guen.
1836.
Hippolyte Corre.
1838.
Vincent Le Courant.
1838.
Jacques NicoL
1839.
Hervé Guéguen.
1840.
Claude Le Néa.
1840.
Laurent Baron.
1841.
Michel Le Férec.
1841.
Guillaume Le Dérofl.
1844.
Jean Castrée.
1844.
Jean Ronvel.
1849.
Jean Gourmelon.
1853.
François Thomas.
1854.
Toussaint Nédélec.
1857.
Yves Thomas.
1858.
Jean Le Bras.
1859.
Jean Rolland.
1859.
Jean-Marie Cloarec.
1861.
Joseph Odeyé.
1863.
Jean Cadiou.
1864.
Joseph Mahé.
1868.
Théodore Baraou.
1868.
Théodore Rolland.
1871.
Marie-Stanislas Kerbiriou.
1875.
Pierre CréoS.
1877.
Eugène Odeyé.
1880.
Olivier Lavanant.
1884.
Yves-Marie Pichon.
1885.
Guillaume Héliës.
1885.
Maurice Migadel.
1885.
Jean Bodériou.
1890.
Louis Mocaer.
— 103 —
1892. Marc Dréau.
1896. Jean-Guillaume Fertil.
1901. Cyprien Hénafl.
1901. Alexandre Le Roy.
1903. François-Marie Le Roux.
1906. . Henri Héréus.
OUZON
CkUhan au xiu« siècle, Cozon ou Ccsuzon, ancienne pa-
roisse annexée à Kerfeunteun au Concordat. Elle était
dédiée à saint Pierre. L'église a été reconstruite, il y a
une trentaine d'années. En 1278, le Cartulaire de la cathé-
drale marque qu'on s'y rendait en procession le troisième
jour des Rogations ; le premier jour la station était à Loc-
maria, et le second jour à Kerfeunteun.
Recteurs de Cuzon
1493-1496. Jean Kerangoez, chanoine, recteur de Cuzon
et de Plonévez-Porzay.
1532. Henri Le Chever, mort en cette année 1532. Il
devait être parent de noble écuyer Charles Le Chever,
S' de Kermahonec, qui rend aveu à FEvèque en 1543.
- 104 -
1566-1568. René ou Ronan Le Gallic, décédé en 1568.
1568. Yves Bealec.
1596-1612. Pierre Coray.
1612. Julien Lousche..
1617. Jan Conan.
1679. René Morvézan ; est nommé recteur de Scaêr.
1679-1698. Pierre Le Bihan, qui résigne au suivant.
1698-1706. François-Joseph Le Laë.
1706-1707. M. Goarson.
1713-1717. Yves Le Moal.
1717. Ma Jegonic.
1721-1731. Claude AuSret.
1731-1735. J. Le Calloch.
1735-1738. J. Le Glévarec.
1739-1747. Michel Pérou.
1751-1780. Yves Kerloch (avait été curé de Gourlizon).
1787-1800. Queinnec.
ROLE DES DÉCIMES EN 1789
Queinnec, recteur 21* 10»
La fabrice 6i 7« 6*
Saint-Denis 1^ 15»
La Mère-de-Dieu 7*
Total 361 12s 6*
Nous parlerons de ces chapelles dans la notice sur Ker-
feunteun.
— 105 -
CAUTULAIRE
DE L'ÉGLISE DE QUIMPER
(Suite.)
356.
FONDATION D'OBIT
PAR LtVÊOUE GEOFFROY LE HARNEC^')
— 21 Décembre 1376. —
In nomine Dei. Amen.
Per hoc presens publicum instrumentum cunclis pateat
evidenter quod anno eiusdem Dei M» CCC^ septuagesimo
sexto, die vigesima prima mensis Decembris, quasi circa
horam none dicti diei, indicione XV* pontificatus SS'"^ in
Ctiristo Patris ac Domini noslri Gregorii, divina provi-
dencia Pape XP anno sexto, in mei notarii publici et tes-
tium infrascriptorum presencia, personaliter constitutus
Reverendus in Christo Pater ac Dominus Dominus Gau-
fridus, Dei et Sancte Sedis apostolice gracia, Corisopi-
tensis episcopus, cupiens, ut dicebat, ipsius anime saluti
super omnia providere, asseruit quod alias ordînaverat
et adhuc ordinat duodecim anuiversaria pro suorum re~
roissione peccatorum animeque sue remedio, de sui Capi-
tuli assensu, post mortem suam, videlicet : quolibet die
lune prima cuiuslibet mensis, annis singulis solempniter
(l) Cari. 61, t' 89.
BoLLBTiif 01 LA COMMISSION DIOCESAINE. — 7* année. 8
— 106 —
in ecclesia Corisopitensi celebrari, volens quod durante
vita ipsius Reverendi Patris in humanis, una missa so-
lempnis, singulis diebus lune predictis, de Spiritu Sancto,
ad uberiorem eiusdem Spiritus Sancti graciam facilius
impetrandam, pro ipso specialiter celebretur ; Excepto
quod una missarum predictarum celebrabitur in perpe-
tuum ad honorem Virginis gloriose, qualibet prima die
lune adventus domini in decembri, que siquidem missa
computabitur post ipsius mortem de numéro anniversa-
riorum predictorum.
Pro quorum anniversariorum celebracione et ad fun-
dacionem et usum distribucionis eorumdem, idem Reve-
rendus Pater, pia consideracione et ut eius anime eterni-
tatis memoria apud almam et sanctam matrem ecclesiam
in eternum salubriter perducatur, donavit pure et irre-
vocabiliter numeravit venerabilibus viris Capitulo eius-
dem ecclesie Corisopitensis capitulantibus, quingentos
quadraginta francos aureos boni et legitimi ponderis in
empcionem reddituum, ad perpetuendas distribuciones
huiusmodi, convertendos ; de qua summa voJuit Reve-
rendus Pater, reddilus emi ascendentes ad summam tri-
ginta sex librarum annui redditus, taxata summa quin-
decim francorum auri per eumdem Reverendum Patrem
solvendorum pro quibuslibet viginti solidis annui reddi-
tus predlcti ; itaque distribuciones cûiuslibet anniver-
sarii, sexaginta solidos valeant canonicis et minislris
ecclesie anniversario huiusmodi inlervenientibus, pro-
portionaliter ut moris est, apud dictam ecclesiam in aliis
anniversariis assignari.
Dicti vero venerabiles viri Capitulum facientes, capel-
lanique et ministri ipsius ecclesie tune présentes, reco-
gnoscentes premissas ordinacionem et dîsposlcionem per
Reverendum Patrem factas, promiserunt in mei notarii
presencia pro se et suis successoribus, anniversariorum
— 107 —
solempnia, prout superius est premissum , celebrarf
facere, salvo quod si aliqua die dierum predictarum du-
plex et solempne festum incidat, seu aliud legitimum
impedimentum quod per tioc dicti canonici et ministri
pro exGusatis, de non celebrando ipsis diebus lune, ha-
beantur, dummodo proximis diebus exinde sequentibus
oportunis, huiusmodi officia celebrentur.
Et cum hoc, iuraverunt dicti canonici et ministri quod
dictam summam quingentorum quadraginta francorum
auri, ad alios usus non convertant, quodque in archa, in
caméra thesauri dicte ecclesie, tribus competentibus cla-
vibus firmata, nisi timor guerre compellat eam in loco
tutiori et secretiori reponi, custodiatur dicta summa auri,
donec de eadem redditus ad usum predictum emantur,
quorum clavium, una custodiatur per Guillermum le Glas
cantorem et canonicum, tamdiu iuerit in humanis et
post eiusdem cantoris mortem, per procuratorem fabrice
dicte ecclesie, et secunda clavis custodiatur per unum
canonicum, ex parte dicti venerabilis Capituli, quoad hoc
eligendura, quem ex nunc dictum venerabile Capitulum
elegit, venerabilem virum Magistrum Gaufridum le Mar-
hec Archidiaconum de Pocher, et tercia clavis remanebit
et custodietur per unum capellanum perpetuum seu cura-
tum dicte ecclesie, ab eisdem curatis eligendum, quem
ex^nunc dicti curati elegerunt Danielem Felestrec.
Premissa omnia iuraverunt venerabiles et discret! viri
Magister Gaufridus Archidiaconus predictus, Guillermus
Le Glas cantor, nec non Magistri Alanus Raoulini, Guil-
lermus le Marhec, Gaufridus le Gall, Riocus Lestuchan,
Thomas Episcopi canonici ipsius ecclesie ; Domini Daniel
Felestrec, Natalis Stellan, Johannes Penguen, Alanus Rou-
selli, Yvo Turnerii, Johannes Lupi et Pelrus Clerici presby-
teri et capellani perpetui seu vicarii curati dicte ecclesie.
Super quibus idem Reverendus Pater et dicti venera-
— 108 —
biles viri petlerunt a me sibi super hoc publicum fieri
instrumentum.
Acta fuerunt hec in caméra thesauri dicte ecclesie, pre-
isentibus ad hoc, Alano le Roux draperio, qui dictam sum-
mam auri ponderavit, Guillermo Oliverii presbytero et
Guidomaro Savary clerico magistroque scolarum gram-
maticalium civitatis Corisopitensis.
Et ego Alanus Runbran clericus dyocesis Corisopitensis
publicus aposlolica auctoritate notarius numeracioni, tra-
dicioni et ponderacioni dicte summe auri ac omnibus
supra scriptis presens fui, huiusmodique instrumentum,
aliis negociis occupatus, per alium scribi feci, signoque
meo solito signa vi.
Et ego Herveus de Stagno parvo clericus publicus auc-
toritate apostolica notarius, omnibus premissis presens
lui et ideo hic me subscripsi signumque meum consue-
tum apposui requisitus.
357.
ACHAT D'UNE MAISON
PAR GEOFFROY LE MARHEC ARCHIDIACRE ^o
- visa du 17 Mars 1377 (n. s.). -
Universis présentes litteras inspecturis et audituris,
officialis Corisopitensis salutem in Domino.
Noveritis nos vidisse, palpasse et manualiter tenuisse
quasdam litteras ad contractus curiarum ecclesiastice et
secularis Regalium Reverendi inChristo Patris acDomini
Domini Gaufridi permissione divina Corisopitensis Epis-
copi, sigillo magno contractuum ipsius ecclesie apparent!
(1) Ces deux actes soot empruntés au cart. 51, f* 94, eu Jatio et eo
français. Le cart. 31, t* 48, doone seulement l'acte français.
— 109 —
sigillatas, non viciatas non cancellatas nec in aliqua sua
parte corruptas aut eciam suspectas, sed omni vicîo et
suspicione prorsus carentes, quas in auditorio curie,
Nobis sedentibus in tribunali ad reddendum ius hora
causarum eiusdem, legi et publicari ad maiorem certitu-
dinem fecimus et mandavimus per notarium infra scrip-
tum, quarum litterarum totus ténor, nil addito, nilque
remoto sequitur in bec verba :
Noverint universi quod cum venerabilis et discretusvir
Magister Gaufridus le Marhec Archidiaconus de Pocher,
titulo empcionis acquisierit a Margareta filia Pétri Premer
sorore quondam Magistri Hervei Pape, quemdam ortum
situm infra muros civitatis Corisopitensis inter ortum
domus venerabilis Capituli, in qua nuper Magister Guil-
lermus de Kemperele canonicus morari consuevit ex uno
latere, et viam que ducit iuxta viam et ortum Alani Frello
presbyteri curati ecclesie Corisopitensis apud Poulpezron
ex alio, pro summa quindecim scutorum auri de Johan-
nés, boni et legitimi ponderis, eidem Margarete ab eodem
Archidiacono iam persolutorum ; unde prefatus Archidia-
conus pro se ex parte una, et venerabiles viri canonici
capitulantes ex alla, convenerunt inter se coram Nobis
Gaufrido Episcopo, quod huiusmodi ortus qui post emp-
cionem predictam, in expensis dicti Archidiaconi est lapi-
dibus et cemento seu muro clausus, esset in perpetuum
annexus eidem domui eiusdem venerabilis Capituli et
orto sibi adiacenti, ad incrementum orti predicti eius-
dem domus que ex nunc, eidem Archidiacono ad usum
habitacionis ipsius Archidiaconi, est per predictum Capi-
tulum assignata, retentis tamen et Nobis nostrisque suc-
cessoribus debitis, octo denariis annui census, Nobis sol-
vendis singulis annis, quolibet mense lanuarii desuper
orto huiusmodi, pro amortizacione orti predicti ; qui siqui-
dem venerabiles viri canonici domum et ortum predic-
— 410 —
tum oneraverunt et obligunt eciam cum nostris decreto
et assensu solucioni viginti solidorum annui census, post
decessum dicti Archidiaconi solvendorum ministriseccle-
sie Corisopitensis, per eos distribuendorum in usum anni-
Versarii eiusdem Archidiaconi ; de quo quidem orto idem
Archidiaconus se penitus devestiens, induxit ipsum vene-
rabile Capitulum in possessionem et saesinam corporalem
eiusdem orti, retento tamen eidem Archidiacono,vita sua
durante, usufructu seu viagio in orto predicto.
Preterea notandum quod dicta domus cum orto erat
antea onerata solucioni triginta solidorum, ut pote quin-
decim solidorum in usum anniversarii Magistri Guillermi
de Pemerit canonici quondam Corisopitensis et quinde-
cim aliorum solidorum in usum parentum domini Alani
Moreu dudum Episcopi Corisopitensis ; quorum siqui-
dem triginta solidorum et eciam viginti solidorum annui
census desuper domo et orto predictis, ipsis Capitulo et
ministris ut prefertur debitorum, partem mediam, pre-
fati canonici, contemplacione annexionis orti predicti et
expensarum dicti Archidiaconi in construendo murum,
necnon reparacionum expositarum usque ad summam
trecentorum scutorum auri de Johannes, boni et legitirai
ponderis, circa huiusmodi domum que ruinosa erat,
remiserunt et remittunt eidem Archidiacono, absque eo
quod ipse Archidiaconus usque ad finem viginti quinque
annorum computendorum a data presencium, si ipsum
Archidiaconum tantum contingat super vivere, tempore,
teneatur in aliquo de medietate dicti iuris annui, quid-
quam solvere canonicis et Capitulo predictis; de alia vero
medietate dictorum quinquaginta solidorum satisfaciet
idem Archidiaconus curatis et mancicotis ; post cuius
Archidiaconi obitum, dicti canonici et ministri poterunt
huiusmodi quinquaginta solidos percipere de domo et
orto predictis et nichilominus, ipso Archidiacono supers-
tite, ministri celebrabunt anno quolibet, ia mense et die
assignatis peripsum Archidiaconum in martyrologio dicte
ecclesie, unam missam de Spiritu Sancto pro ipso Archi-
diacono et post eius decessum, missam de requiem cum
vigiliis et matutinis mortuorum in precedenti nocte.
Datuni in Capitulo die iovis videlicet prima mensis
Februarii anno Domini M^ CCC^ sexagesimo octavo.
Ita est lioc : Herveus de Stagno parvo. Presentibus in
Capitulo : G. le Glas cantore, G. le Gall, T. Episcopi,
R. de Lestuchan, R. le Gallou, Guillermo le Marheuc,
A. Raoulin, canonicis.
Ténor vero aliarum litterarum curie secularis regalium
noscitur esse talis.
Sachent touz que en nostre court séculière de nos
Régailles de Cornouaille, Geffroy par la graçe de Dieu
Evesque de Cornouaille, en dret personealment establie
Margarite fille Pierre le Premer suer mestre Hervé le
Pape, jadis, le samadi prechen ampres la chandelour en
lan mil trois cenz sexante et trois vandit et en nom de
pure vante donna, bailla, livra et ottroya a mestre Gef-
froy Marhec Archediacre de Poher pour luy et les siens et
cause aiantz de luy, à fin et perpétuel héritage à jamais,
un courtil qui fut au dict maistre Hervé le Pape, sis
dedanz les murs de la cité de Kemper Corentin, dont un
sien chiefi fiert sur la rue de Poulpezron, pour quinze
escuz d*or bons dou coing dou Roy de France quittes à la
maen de la dicte Margarite à le paez ou a aultre de son
commandement et à valer sur le en bons escuz d*or nom-
brez et des quelx quinze escuz d'or la dicte Margarite
acquitta et donne quitte et délivre le dict maistre Gefiroy
et les siens à jamais ; sur lequel courtil promist, gréa et
est tenue la dicte Margarite soubz obligacion de touz ses
biens garantir et deilendre le dict Maistre Gefiroy et sa
cause aiantz vers touz et contre tous en dret e à l'usage
— 114 -
350.
LITTERE FUNDACIONIS CAPELLANIE S" EGIDII IN ECCLESIA
CORISOPITENSI f*)
Qeffroy, évoque de CornoiMUIIe fonde la ohapellenle de 8. Qlles
à l'autel N.-D. vers le marché au bled a 40 livres monnaie de
rente aux 7 ohapelains ou vicaires de 8* Corentin i une messe
par Jour, 6 sols pour chaque manquement aux chanoines pré-
sents et fabrice, et un curé chassé, son droict en Icelle ohapel-
lenle sera baillé à son successeur en cette charge.
- 26 Octobre 1379. -
Universis présentes litteras inspecturis et audituris
Gauffridus permissione divina Corisopitensis episcopus
salutem in Domino sempiternam.
Quia que geruntur in tempore siraul cuni ipso tempore
evanescunt, nisi assumpserint ex fide testium vel scripti,
memorie firmitatem ; noverint igitur universi quod cum
inter Nos et discretos viros Capitulum nostrum Corisopi-
tense db divino cultu in nostra Corisopitensi ecclesia
prout ëvenit augmentando et de capellaniis in ea de novo
fundandis, statuendis, faciendis et instituendis ad divine
ma jestatis, béate Marie Virginis gloriose, beati Chorentini
patroni nostriet omnium sanctorum laudem et honorem,
prehabito tractatu solemni et diligenti, Nos de consensu
et bona voluntate nostri Capituli predicti demum consti-
tuimus, ordinamus, lundamus et tenore presencium faci-
mus unam capellaniam ad altare seu in altari Béate Marie
Virginis versus mercatum bladi in ecclesia nostra pre-
dicta Corisopitensi situatam, specialiter in honore seu ad
honorem beati Egidii abbatis et sub ejus nomine, de qua-
draginta libris monete cursilis annui et perpetui redditus,
emptis iam et acquisitis per Nos seu deputatos a Nobis
quoad hoc, prout in litteris autenticis super hujusmodi
empcione et acquisitione quadraginta librarum monete
(1) Gart. 56, ^ 46.
— 115 -
cursilis annui juris seu census predicti confectis, lacius
continelur. Quasquidem capellaniam et quadraginta libras
monete predicte emptas et acquisitas per nos, ut prefer-
tur, super hoc cum Capitulo nostro Corisopitensi prefato,
matura ac provida deliberacione prehabîta, univimus,
annexavimus, dedimus ac etiam de consilio et assensu
nostri predicti Capituli, unimus tenore presencium da-
musque perpetuo in communeoi distribucionem pro
iodiviso, inter septem capellanos majores chori ecciesie
nostre Corisopitensis quoad gerendum officium et desser-
vienduin cure que ab olim censetur esse unica tocius civi*
tatis Corisopitensis predicte et suburbiorum ejusdem, ex
institutione et commissione Capituli predicti, quilibet sua
sept] Diana per ordinem in eadem ecclesia, ab antiquo
deputatos perpetuo que laudabiliter ordinatos ac eciam
institutos et eorum beneficiis seu capellaniis existentibus
in ecclesia nostra memorata perpetuo annectimus per
présentes, litterasque confectas super hujusmodi emp-
cionibus et acquisicionibus quadraginta librarum annui
juris seu census predicti, eisdem septem capellanis pre-
sentibus in Capitulo ecciesie nostre predicte et ipsas litte-
ras recipientibus, realiter et de facto credidimus ac eciam
manualiter assigna vim us, attendentes tenuitatem obven-
cionum, proventuum, reddituum, fructuum et aliorum
emolumentorum quorumcumque proveniencium et per-
tinencium ipsis septem cappellanis in ecclesia nostra Cori-
sopitensi sepedicta, contemplacione celebracionis unius
misse cotidiane per ipsos septem capellanos et eorum
quemlibet sua septimana per ordinem in dicto altari
perpetuo celebrande in modum qui sequitur :
Ad cujus siquidem misse celebracionem, dicti septem
capellani se gratuito obligarunt ipsorumque quilibet obli-
gavit per eorum prestita juramenta pro se et suis succes-
soribus post ipsos, presertim ratione unionis et annexio-
- 118 -
per procuratorem dictorum fabrice et canonicorum qui
pro tempore erit aut deputatum ab eo.
Preterea si aliquis predictorum septem capellanorum,
per Capitulum nostrum memoratuin seu deputatum ab eo,
ad quod quidem Capitulum, institutio, destitutio seu pri-
vatio omnimodo ipsorum septem capellanorum et maci-
cotorum ejusdem ecclesie nec non et correctio plenaria
eorumdem ac aliorum ministrorum seu officiorum quo-
rumcumque ecclesie nostre prelibate immédiate spectat
spectareque et pertinere veraciter diguoscitur ab antiquo,
expellatur priveturque, quod absit, extra ecclesiam nos-
tram predictam Corisopitensem propter suum excessum
seu inobedienciam seu aliquod crimen aut inhonestatem
vel 9lias de meritis suis exigentibus juxta et secundum
formam continenciam ve statutorum et consuetudinum
ipsius ecclesie a tempore memoria hominum excedente
observatarum et juramento vallatorum, quod ex tune
eciam sit privatus emolumentis dicte capellanie per Nos
ut predicitur annexate et unité modo et forma quibus
supra. Et quod eciam eodem contextu quod aller capel-
lanus, loco predicti capellani sic privati canonice insti-
tuatur, percipiet ipso facto et habebit emplumenta hujus-
modi capellanie per Nos annexate et unité ut sepedictum
est pro rata sibi attinente in sua septimana, statuentes et
eciam ordinantes hujusmodi annexacionem et unionem
de predicta capellania quadraginta librarum fundata per
Nos de consensu et bona voluntate Capituli nostri mémo-
rati, provida deliberacione inter Nos super hoc inCapitulo
ecclesie nostre Corisopitensis predicte Capitulantes et
Capitulum facientes,prehabita,prout superius exprimitur
facta, perpetuo duraturum et valiturum in ecclesia nostra
memorata absque eo quod nullo unquam tempore de
hujusmodi capellania et quadraginta libris fieri aut ordi-
nari per successores nostros in futurum possit aut valeat
— 119 —
alias quantum predictum est, nec eciam uni aut duabus
personis seu pluribus de capellania et quadraginta libris
predictis provideri quomodo libet in futurum.
Si autem aliquis de successoribus nostris contra nos-
tram presentem ordinacionem deconsensu et bona volun-
tate Capituli nostri memorati per Nos ut prefertur cano-
nice de premissis factam, veniré, quod absit, rooliretur
aut in futurum presumeret, redditus et ceteras possessio-
nes per nos in feodo ecclesie nostre Corisopitensis preli-
bâte rite secundum morem et consuetudinem in talibus
fieri consuetam emptos (1) ac eciam acquisitos videlicet
octo solidos annui juris quolibet mense Januarii desuper
domo magistri Hervei Pape quondam, sita in vico Suto-
rum civitatis Corisopitensis juxta domum abbatis de Lan-
deguennoc, que est ad presens Yvonis Guernarpin, quos
emimus a Johanne Penruzic ; item Kermeurzin sitam
juxta villam Tuon heir et Parcum vocatum parcum an
roe, situm juxta quamdam domum magistri Alani Raou-
lini in parocbia de Kaerfenten, quos emimus a domino
Rioco de Rosmadeuc pro somma ducentorum scutorum
auri de Johanne ; item octo solidos quos acquisivimus
super pontem quo traneitur de domo Johannis Moreu ad
aliam domum suam sitam in vico capelle béate Marie
civitatis, solvendos quolibet mense Januarii ; item decem
salidos quos acquisivimus super porta exteriori domus
Capituli Corisopitensis site in Castro Sancti Chorentini
propre dictas domos predicti Johannis Moreu, in qua
morari consuevit dominus Daniel de Landeguennoc con-
dam thesaurarius Corisopitensis, solvendos quolibet mense
Januarii ; item decem solidos quos acquisivimus desuper
domo Eudonis Meancie in capite vici Guenpiou sita, sol-
(1) Od lit «o marge : « Description de l'assiete des 40 livres de rente
de ladite obapelleoie de S* Oiles ».
— 120 —
vendos quolibet mense Januarii ; item octodecim solidos
quos acquisiviiDus desuper domo condam Gleman Cus-
tellarii sita in vico vinee inter domum Guillermi filii
Heuriou et domum GourcuS, solvendos quolibet festo
beati Johannis Baptiste ; item duos parcos juxta Kaerne-
vez videlicet : unum a parte versus locum Marie et alium
a parte versus Pont Ustum estimatos ad sex libras reddi-
tuum, quos retraximus ab Yvone de Lanros pro quadra-
ginta scutos auri ; item quicquid retraximus ab Yvone
Kaersanteuc apud Pontuzguen pro septem viginti scutos
auri ; item quicquid retraximus via proximitatis ab Eudone
Trement, tam ciflatos mellis in molendino et omne domi-
nium que habebat in parrochia de Ploemodiern pro sum-
ma sexaginta scutorum auri et valent anno quolibet sexa-
ginta solidos annui juris quos débet perflcere in casu
decidii, ex nunc prout ex tune, et ex tune prout ex nunc
donamus Capitulo nostro prelibato ad suorum commu-
nium distributionum augmentationem perpetuo,quos red-
ditus et possessiones per nos acquisitos, nostris successo-
ribus dimittimus et sue mense episcopali, dummodo nichîl
attemptent contra nostram presentem ordinacionem pre-
dicte capellanie et xl librarum pro eadem ; alias non, ymo,
si attemptent, volumus quod Capitulo nostro ad augmen-
tum suarum distributionum cédant supra dicto modo et
ipsos successores nostros privamus et privatos ipso facto
possessionibus et redditibus predictis esse volumus per
présentes, dicta fundatione ejusdem capellanie subunione
et ordinacione predicte in suo robore nichilominus incom-
mutabiliter permanente ac etiam perpétue duratura sub
pena maledictionis eterne et obtestacione divini judicii
ne secus fiât, presencium série in quantum possumus inlii-
bentes.
In quorum omnium testimonium bas litleras per nota-
rium publicum infrascrîptum fieri et signe suo consueto
^ 121 -
signari fecimus et sigilli nostri magni appen^ione robo-
rari.
Nos vero Capitulum predictum premissis omnibus et
siDguIis prout superius exprimuntur assensum nostrum
prebentes et ea rata et firma habentes, statutis nostris et
ecclesie nostre predicte in suo robore perpetuo duraturis,
in testimonium premissorum et cujuslibet eorumdem
robur et munimen, sigillum nostrum presentibus duxi-
mus apponendum. Constat de cancellaria predicta. Âcta
iuerunt bec in Caméra Capituli seu thesauraria ecclesie
Corisopitensis, die mercurii ante festum Apostolorum
Symonis et Jude videlicet xxvi* die mensis Octobris circa
horam tercie dicte diei, anno Domini M^CCC® septuage-
simo nono, indictione tercia, pontificatus SS^ in Christo
Patris ac D. D. nostri Clementis divina Providencia Pape
Vlli anno primo, presentibus ad bec venerabilibus et dis-
cretis viris Magistris Gaufrido le Marhec juniore Archi-
dyacono de Pocher, Guillermo le Marhec, Rioco de Lestu-
chan, Thoma Episcopi, Gauffrido Gallici, Johanne Briencii,
Joanne Fravali canonicis ecclesie Corisopitensis,Guillermo
de Ploeneiz, Guillermo de Ponteligni advocatis curie Cori-
sopitensis domino Guillermo Nani rectore parochie de
Ploegofl dyocesis Corisopitensis, Rivallono de Penquelen-
nec clerico ejusdem dyocesis et pluribus aliis testibus ad
premissa vocatis specialiter et rogatis.
El Ego Alanus Runbran clericus Corisopitensis dyoce-
sis publicus auetoritate Apostolica et Imperiali notarius,
curieque Corisopitensis juratus, constitutioni, ordinacioni,
fundacioni et unioni capellaniedequa fit supra mencioet
omnibus aliis premissis dum ut predicitur fierint et âge-
rentur, una cum prenominatis testibus, presentibus eciam
ibidem septem capellanis ejusdem ecclesie Corisopitensis
videlicet dominis Daniele Felestreuc, Nathali Stellan,
Johanne Lupi, Yvone Turnery, Johanne Penguen, Alano
Binj.XTii« Di LA Commission diocésaine. — 7" année. 9
— 122 —
Rouselli, Petro Clerici presbyteris in premissa consen-
cientibus ac premissa omnia juramento ipsorum capella-
norum in mei et testium predictorum presencia vallata,
vera esse recognoscentibus, presens interfui eaque per
alium scribi feci, aliis negociis occupatus, et ideo hic me
subscripsi signumque meum consuetum hic apposai
requisitus super hoc et rogatus. Constat michi notario
predicto de verbo cancellariam predictam quod volo omni
firmitate carere.
(A suivre,)
- 123 —
SUR LES
PAROISSES DU DIOCÈSE DE QUIMPER ET DE LÉON
Par MM. PETRON et ABaRAX.L.
(Suite.)
DAOaLAS
Cette petite ville a eu pour origine un ancien monastère
fondé au \i^ siècle, et ruiné au x« siècle par les Normands,
mais fondé de nouveau, à la fin du xii« siècle, par les
vicomtes de Léon. Albert Le Grand fait dériver le nom de
Fabbaye du double meurtre commis sur les religieux de
Landévennec, Tadec et Judulus, mais il est plus simple
de retrouver dans le nom de Daoulas une réminiscence
du Dowlais du pays de Galles ou Douglas, en Tlle de Man,
que les émigrés insulaires auraient voulu conserver dans
leur nouvelle patrie.
Nous avons publié ailleurs Thistoire de Tabbaye de
Daoulas par le frère Louis Pinson, chanoine profès de ce
monastère, occupée par les chanoines réguliers de Saint-
Augustin ; nous nous contenterons de reproduire ici le
catalogue abrégé des abbés qui s'y sont succédé jusqu'à
l'union de l'abbaye au séminaire de la Marine à Brest, à
la fin du XVII® siècle.
— 124 -
1180. Rivallon.
1180-1199. Guillaume, souscrit à une charte de labbaye
de Bon-Repos (Morice), en 1184.
1200. Hervé, décédé le 11 May 1200.
1200-1233. Even, résigna sa charge après avoir fait con-
sacrer, en 1232, Téglise abbatiale par Cadiou, évéque
de Vannes, et Renard, évéque de Quimper ; il mourut
le 20 Avril 1246.
1251. G., certifie la copie d'une lettre de Henri, roi
d*Angleterre, à Alain, vicomte de Léon (Morice).
1281. Hervé de Guicastel ou de Plougastel, décédé
en 1281.
1285. Daniel, dit Calvus Caradeus (leMoal,Caradecf),
décédé le 12 Avril 1285.
1287. ~ Daniel Militis ou le Marhec, décédé le 13 Sep-
tembre 1287.
1309. Guy Potaire, décédé le 8 Avril 1309.
1325. Hervé de Forquilly, décédé en 1325, le 2 Août.
Forquilly est le nom d'une terre en Irvillac.
1325-1351. Alain Seissoris de Forquilly, décédé le 25 Avril
1351.
1352. Hervé de Poulmic, mourut le 16 Mai 1352. La
famille de Poulmic est originaire de Crozon et porte :
échiqueté tT argent et de gueules, le premier échiquier
chargé d*un annelet de sable pour la branche de Lou-
méral, en Plounéventer.
1352-1398. Jean Guérault, décédé le 1« Octobre 1398 ; il
fit bâtir la maison abbatiale où sont ses armes : d'azur
à trois têtes d'aigle arrachées d'argent surmontées de la
mitre et de la crosse,
1399-1409. Louis de la Palue, ou du Palui, comme il se
voit par un acte du 14 Mars 1404. Il devait être de la
famille de la Palue de Beuzit-Saint-Conogan, qui por-
tail : d*or au lion de sable au lambel de gueules»
— 123 —
1410-1440. Etienne Petit, natif de Fougères, avait pour
armes : d'azur à la fasce d'argent chargée d'une tête de
lion de gueules accompagnée de deux croissants d'or en
chef et de deux besants de même en pointe. Son tombeau
était placé dans la chapelle du Faou, réservée pour la
sépulture des chanoines ; il était représenté en abbé,
revêtu de ses habits pontificaux, la crosse entre les
bras, le bout de laquelle est avalé par un dragon, avec
cette inscription : Cfy git Etienne Petit, dbbé de Daoulas,
natif de Fougères, Dy ly pardoint, A côté de ses armes
de famille, on remarquait un écusson portant une fou-
gère, par allusion à son lieu d'origine.
1441-1468. Gui ou Guiomarch Manfuric de Lezuzan ; il
mourut le 25 Mai 1468 et portait : d'aeur au chevron
d'argent accompagné de 8 oiseaux de même,
1468-1502. Guillaume Le Lay, mourut le 22 Mai 1502 et
portait : de gueules au lion d'or. Il était de la famille
Le Lay de Gouelettreflf, en Plouider, et de Kerprovost,
en Cléder. Il fut enterré en une tombe de cuivre, au
raz de terre, où il est représenté en abbé, tenant un
calice en ses mains, mitre en tête et crosse entre son
bras droit, avec cette inscription : HIC . JACET . FR ATER
GVILLELMVS . LE . LAY . ABBAS . HVIVS . MONASr
TERII . QVI . REXIT . ILLVD . ANNIS . XXXV . ET
RESTAVRAVIT . AC . ACQVISIVIT . EK PLVRA . BON A
OBIIT . DIE . XXIII . JVNII . AN . DNI . MVII.
1502-1519. Jean du Largez, originaire de Botlezan, évéché
deTréguier, fut nommé évoque suffragant de Quimper
en 1505, en attendant que le titulaire, Claude de Rohan,
fut en âge d'être sacré évêque ; après le sacre de Claude
de Rohan, en 1510, Tabbé de Daoulas fut nommé évê-
que suffragant de Vannes, et exerça plusieurs fonc-
tions pontificales, sous la dénomination d' « Évêque
da Vesne », c'est-à-dire de Vennes ou de Vannes, le
— dé-
plus souvent, en latin, Avennensù, et quelquefois Ave-
netenHi, 11 se démit de son abbaye en 1519, et mourut
en 1533. Sa tombe se trouvait dans le chœur, du côté
de rÉpître ; sur sa tombe était un écusson portant
d'argent au chef de gueulei au lion de sinople brochant
êur le t<mt,*9i\ec Tinscription suivante, telle que Tout
lue les notaires de Daoulas en 1645 (1) :_H1C . JACET
FRATER . JOHANNES . DV . LARGES . EPS . EVENE-
TENS . ET . ABBAS . HVIVS . MONASTERII . ElDEM
PERMVLTA . ACQVIRENS . BONA . HONORIFICE
ILLVD . REXIT . SEX (decim) ANNOS . OBIIT . SEXTA
LVCE . NOVEMBRIS . ANNO . MV^XXXÏII . CVIVS
ANIMA . SIT . IN . PAGE . AMEN.
1520-1535. Charles Jégou, originaire, sans doute, de Quim-
per, où il possédait plusieurs maisons, rue de la Vigne,
et des propriétés en Kerfeunteun. Il était recteur de
Tréoultré*Penmarch, en 1498, dont il fit reconstruire
la tour, qui porté la date de 1508, avec le nom de
Charles Jégou. U avait pour armes : de gueuiee au
chevron d'argent accompagné de B papiUone de même.
Charles Jégou fut enterré à Daoulas, devant le maître-
autel, et Ton conserve encore dans le cimetière la
pierre de son tombeau, sur laquelle on peut lire cette
inscription : HIC . JACET . FRATER . CHAROLVS
JEGOV. ABBAS . HVIVS . MONASTERII . DE . DAVLAS
ET . ACQVISI VIT . PLVRA . BONA . ET . FECIT . MULTA
EDIFICIA ^ET . REXIT . CA . P . XV . ANOS . OBIIT
DIE . DECIA . MEN . JANVARII . A . D . MV^XXXV.
C'est à lui que Ton doit la belle verrière qui décorait
le chœur.
1536-1550. Olivier du Cbastel, fils de Tanguy du Chaste!
et de Marie du Juch. Ses armes étaient fascéee d'or et
(1) Voir notre oolice sur l'abbayo de Daoulas.
- 127 -
dé gueuîéê dé 8ix pièce* qui est du Chastel. Ce fut de son
temps que fut construite la jolie fontaine de la chapelle
Notre-Dame des Fontaines. Il fut inhumé au chœur,
côté de rÉvangile, avec sa représentation en pierre,
et cette inscription : Cy git Révérend père en Dieu
frère Olivier du Chastel, abbé de céam, fie de deffunct
meêêire Tanguy du Chastel et de dame Marie du Juch,
ayant régné quatorze ans, décédé le îi Octobre 1550.
15o(V-1573. Jean Prédour, portait de gueules au cJievron
d'argent chargé de 3 étoUes de même. Il était originaire
du diocèse de Saint -Brieuc. Il fut inhumé à côté de la
tombe de Charles Jégou, avec pierre tombale sur la-
quelle on lisait : Ci gist frère Jean Prédour, abbé de
Daoullas, tt ayant gouverné icélle par V espace de vingt
et trois ans, est décédé Vonzième May 1573. Il était âgé
de 75 ans.
1573-1581. Jean de Kerguiziau, originaire de Bohars,
d'une famille fondue dans les Louet, en 1530, portait
pour armes : d'azur à trois têtes d^aigles arrachées d'or.
Il fut inhumé au côté de l'Evangile du mattre-autel ;
sa tombe portait cette inscription : HIC . JACET. FRA-
TER . JOHANNES . DE . KERGVIZIEAV. ABBAS . HVIVS
MONASTERI . DE . DOVLAS . QVI . REXIT . ILLVD
ANNIS . VIII . ET . RESTA VRAVIT . ET . ACQVISIVIT
El . PLVRA . BONA . OBIIT . AVTEM . DIE . DECIMA
MEN . SEPTEMBRIS . ANO . DNI . MVLXXXI
1581-1598. René du Louet, fut le dernier abbé régulier.
Il portait pour armes : fascé de vaire et de gueules de
six pièces. C'est lui qui fit construire, dans le cimetière,
le reliquaire qui était placé vis-à-vis la chapelle Sainte-
Anne. Il fut inhumé près la tombe de son prédéces-
seur, dans la chapelle du Fou ; sur sa pierre tombale,
était sculpté son blason, surmonté d'une mitre et de
la crosse passant derrière l'écu, avec cette inscrip-
— 128 —
tion : HIC . JACET . FRATER . RENAT VS . DV . LOVET
ABBAS . HVIVS . MONASTERII . DE . DAOVLAS . QVl
QVIDEM . ACQVISIVIT . ET . SlLVAxM . DE . DAOVLAS
ET . PLVRA . ALIA . BON A . REXITQVE . ILLVD . ANNIS
X VI . OBIIT . AVTEM . DIE.XII . J VLII . MV«XGV1II . EIVS
ANIMA . PAGE . FRVATVR . AMEN .TOVT. EST. A . DIEV
1602-1651. René de Rieux, fils du marquis d'Oixaot, sei-
gneur de Sourdéac, gouverneur des ville et château de
Brest, fut nommé abbé commendataire de Daoulas,
n*étant âgé que de douze ans ; ses bulles coûtèrent à
Rome 600 escus d*or. Après avoir pris possession en
1603, le 3 Juin, il continua ses études à Paris, et son
père, le gouverneur de Brest, se chargea de l'adminis-
tration des biens de la mense abbatiale ; en 1606, René
de Rieux lut, de plus, pourvu de Tabbaye du Relecq,
et en 1613 il devint évéque de Léon, n'étant encore
que sous-diacre ; il reçut ses bulles pour son sacre en
1619 seulement. Tombé en disgrâce, il dut céder son
évéché à M. Robert Cupil, de 1636 à 1648, et il est pos-
sible que, dans cet intervalle, le cardinal de Mazarin
se fit nommer abbé de Daoulas, car il est dit, dans un
factura, que « cette abbaye a été possédée par le sieur
cardinal de Mazarin ». Mais Mgr de Rieux ne cessa pas
de se considérer comme abbé légitime de Daoulas, et
recouvra certainement son abbaye lorsqu'il rentra en
grâce en 1648. Il mourut dans son abbaye du Relecq
le 8 Mars 1651 ; son corps fut inhumé dans la cathédrale
de Saint -Pol. Il portait pour armes : d'azur à neuf
besanta d'or 3, 3, 3,
1651-1666. Charles-Maurice Le Tellier, se démit de l'abbaye
en 1666, pour devenir coadjuteur puis archevêque de
Reims. Il avait pour armes : d'azur à trois lézards
d'argent posés en pal au chef cousu de gueules chargé
de 3 étoiles d'or. On voit encore ses armes sur la porte
qui donne entrée dans la cour de l'abbaye.
— 129 -
16G7-1692. Louis de la Motbe Vilbret d'Apremont. Son
père était gouverneur de Salins, en Franche-Comté,
après ravoir été de la ville d'Arras, qu*il fit fortifier.
Ses armes étaient : d'argent à l^aigle ailes abaisséeê
cour<mné d*azur et membre de gueules.
Ce fut sous le gouvernement de cet abbé que l'abbaye
de Daoulas fut unie au séminaire des aumôniers de la
Marine, qui venait de s'établir à Brest.
Par lettres du mois de Septembre 1681, le Roi avait
établi au Folgoêt une communauté de prêtres séculiers
pour élever des aumôniers de la Marine sous la juridic-
tion de Mgr de Léon ; mais quatre ou cinq ans plus tard,
la direction de cet établissement fut confiée aux Jésuites,
« qui, jugeant qu'un séminaire de ce genre serait mieux
placé à Brest, passèrent un contrat avec le Roi, en 1686 (1),
par lequel il leur fut donné un terrain avec un beau jardin
et des maisons, la direction du séminaire, 10.000 livres
pour meubles, et 10.500 livres de rente pour entretenir
vingt aumôniers. Ensuite de ce traité, ils congédièrent
les prêtres séculiers du Folgoêt, y mirent des récollets
qui, moyennant l'église, les maisons, le casuel et 500 livres
de pension, se sont chargés d'acquitter les fondations. »
Le revenu du Folgoêt n'ayant pas été jugé suffisant pour
l'entretien du nouveau séminaire de la Marine, Louis XIV,
par brevet du 5 Avril 1692, cité ci-dessus, déclara l'abbaye
de Daoulas unie au dit séminaire, c'est-à-dire que, désor-
mais, les Pères Jésuites toucheraient les revenus de la
mense abbatiale (revenant à l'abbé) au profit de leur
œuvre de Brest, mais laisseraient la mense conventuelle
aux chanoines de Daoulas, qui continueraient à desservir
les fondations. En somme, rien n'était radicalement
changé à l'ancien état de chose, si non que le séminaire
de la Marine était substitué à l'abbé commendataire,
(1) Factum des chaDoines opposants. Bibliothèque de la ville, Quimper.
- 130 -
quant à la perception des émoluments de la mense et
quant aux nominations aux bénéfices dépendant de
Tabbaye.
Les Pères Jésuites commencèrent par s'arranger avec
l'abbé, le sieur d'Apremont, moyennant une pension via-
gère, puis entrèrent en pourparlers avec les chanoines de
Daoulas ; en 1693, il n'y en avait que trois à résider à
Tabbaye, car les autres étant titulaires de différents
prieurés de Loperhet, Dirinon, Hanvec, etc., résidaient
dans ces paroisses. Les Jésuites s'arrangèrent assez faci-
lement avec les trois religieux de Tabbaye ; par acte du
11 Juin 1693, Gabriel Graleul de Plaisance, prieur claus-
tral, et Louis Pinson, chanoine, consentirent à Tunion
moyennant une pension annuelle de 600 livres, et Hippo-
lyte Garnier, frère convers, accepta une pension de
300 livres.
Cependant, cette union ne pouvait être valable que par
l'autorité pontificale, et ce fut le 5 des ides d'Avril 1698,
qu'Innocent XII accorda la bulle d'union.
Le 14 Janvier 1699, les Jésuites sollicitèrent de TOfiicia-
lité de Quimper la fulmination de la bulle, et le 13 Avril
de la même année, après une enquête de commodo et
incommodo, M. Guillaume Cariou, officiai de Cornouaille,
portait sentence de fulmination de la bulle d'union.
Mais aussitôt commença une vive opposition de la part
de quelques-uns des chanoines, tels que des sieurs Guil-
lou, prieur de Loperhet, Rannou, prieur de Logonna,
Montenard, prieur de Hanvec ; ils demandèrent le renvoi
de l'afiaire devant le Parlement de Bretagne. De leur
côté, les Jésuites réclamèrent la juridiction du grand
Conseil du Roi. « Par arrêté contradictoire du 23 Janvier
1702, les parties furent renvoyées et les Jésuites condam-
nés aux dépens.
(( Les Jésuites présentèrent au Roi un placet sous le
- i31 -
nom des Aumôniers de marine, tendant à ce que, sans
s'arrêter à Tarrest du Conseil du 23 Janvier, et supposans
que les oppositions à Tunion allaient contre les droits de
Sa Majesté..., il y eut arrêt du Conseil du 20 Mars 1702,
qui évoqua Taflaire au Conseil d'Etat privé du Roi pour y
être définitivement fait droit » (1).
En 1713, ce procès était toujours pendant, mais il se
termina, cette année, par une transaction confirmée par
lettres patentes du 11 Décembre 1713 :
« La mense conventuelle et abbatiale est remise au
séminaire de Brest pour sa fondation.
« La pension des chanoines est fixée à 3.150 livres libre
de toutes charges ordinaire et extraordinaire.
« Les Pères Jésuites sont chargés de toutes les répara-
tions » (2).
Les dix paroisses dépendantes de cette abbaye, dont
deux au diocèse de Saint-Pol et les autres en Cornouaille,
furent conférées, sur la présentation des Pères Jésuites,
aux évêques respectifs ; mais ils ne pouvaient présenter
à ces cures que des chanoines de Daoulas.
Cet état de chose dura jusqu'à la suppression des Jésui-
tes, en 1762 ; depujs cette époque jusqu'à la Révolution,
les chanoines n'eurent d'autre supérieur que l'évéque
diocésain, qui concourait avec eux pour le choix des
sujets à admettre, qui tous devaient être prêtres et aptes
à exercer les fonctions du ministère ; quant aux revenus
de la mense conventuelle, ils demeurèrent fixés à la
somme de 3.150 livres, comme par le passé. Les autres
revenus de l'abbaye demeurèrent encore une dizaine
d'années affectés à l'entretien des aumôniers de la Marine,
à Brest, sous la direction de Mgr de Léon. Mais lorsque
le séminaire de la Marine fut supprimé, en 1771 (3), ces
(1) Factum des opposaoto à TuaioD.
(2) Mémoire de 1785. Archi?e8 de FEvôchô.
(3) Le ?ot. Histoire du port de Brest.
— 132 —
revenus furent appliqués au payement de la pension des
Pères Jésuites ; mais ces pensions devaient s'éteindre
suecessivement par le décès des membres de la compa-
gnie, et nous voyons un mémoire rédigé sur les ordres
de Mgr de Léon, vers 1780, se demander si les bénéfices
pauvres ou le séminaire ne pourraient pas retirer quel-
qu'avantage de Tunion de ces revenus, qui ne pouvaient
être consacrés qu'au profit de l'église.
• *
Nous donnons ici une pièce (E. 125), portant la date de
1678, qui jette quelque jour sur les coutumes et usages de
Daoulas au xvii^ siècle.
C'est la pancarte des droits et charges du voyer de la
seigneurie de Daoulas ; la fonction de voyer sera parti-
culièrement établie par la nomenclature de ses charges.
Mais voyons d'abord quels en étaient les droits :
« Pancarte des debvoirs et droits
seigneuriaux deus à Messire Jean de Treanna, chef de
noms et d'armes, chevalier seigneur deLanvilo, Kervern,
Kerazan, Tremaria, de Coetnempren, Liscoet, Coetelex,
etc. Comme voyer féodé et héréditaire de la terre, seigneu-
rie et chastellenie de Daoulas, membre de la principauté
de Léon.
1. — Four banal en la ville de Daoulas pour cuire aux
manans et habitans d'icelle.
Devoirs de rivière,
2. — Une quarte de vin de chacune pippe de vin, sça-
voir une pinte de chacune barrique rendue par mer en la
dite ville.
3. — Un boisseau de sel de chacun muids de sel apporté
- 133 —
par mer. Quels debvoirs sont dus lorsqu'ils entrent en la
dite rivière et qu'ils passent Tisle Rosmellec, fors des
babitans de Daoulas qui auront courre la quintaine, les-
quels sont quittes des dits devoirs, pourvu qu'ils aient été
les quérir sur les lieux où ils auront creus et non autre-
ment.
Devoirs de ville.
4. — Une pinte de vin chacune barrique de vin qui sera
vendue à Daoulas pour sortir d*icelle ville à autres qu'aux
gentilhommes pour provision.
Péage.
5. — Pour droit de péage percevra le dit voyer un denier
de chacune somme ou charge de cheval qui passjera des-
sus les ponts de Daoulas.
Foires de Saint-Pierre et la Toussaint.
6. — Au dit seigneur voyer à cause de son voyerage
appartient les devoirs des dites foires qui se tiennent à la
Roche-Maurice, scavoir de toutes les bestes vives vendues
aux dites foires de chacune beste Daumale 2 deniers.
7. — De chacun porc 2 deniers.
8. — De chacun cheval ou jument 8 deniers.
9. — De chacun mouton mort 1 denier.
10. — De chacune vente de beurre (si elle passe la valeur
de 12 deniers) 1 denier.
11. — De chacune somme ou charge d'escuelles ou sabots
de bois 2 deniers.
12. — De chacun estai de drapier 1 denier.
13. — De chacun mercier qui étale 2 deniers.
14. — Des autres merciers qui vont par ville i denier.
15. — De chacun cordonnier 1 denier.
16. — De chacun vendeur de pots déterre 1 denier.
17. — De chacun peau crue de beste 1 denier.
— 134 —
Foiré de Noël à la Boche-Maurice.
18. — Le 7« denier des coutumes que lèvent les abbé et
couvent de Daoulas à cette foire.
Foire de 8a%nt-OiUe$ à Daotdas.
19. — Le 7« denier que les dits abbé et couvent lèvent à
cette foire.
Foire de Pâques à la Roche- Maurice.
20. — Pour vente de beurre au pot (s'il passe 12 deniers)
1 denier.
21. — De chacun vendeur de pot de terre 1 denier.
22. — De chacun cordonnier, drapier et autres mar-
chands comme ci-devant aux fêtes de Saint-Pierre et Tous-
saint.
Foire de Saini-Nicolas,
23. — A cette foire, le jour de la fête de M. saint Nico-
las, de chacun étal de boucher 1 denier.
24. — De chacun mercier 1 denier.
25. — De chacun porc 1 denier.
26. — De chacune peau crue 1 denier.
27. — De chacun cordonnier 1 denier, fors de ceux de
la ville de Daoulas.
Foire de Saint Barnabe à Daoulas
28. — Pareil droit comme à la foire saint Nicolas.
29. -— De chacun chapelier 1 denier.
30. — De chacune troque de cheval ou jument 4 deniers.
31. — Appartient au dit seigneur voyer le goret ou pes-
chérie qui est au bout de la grève que Ton appelle Bec-
Kervern-Tréanna autrement Pen-ar-Vorlen, le dit goret
situé en la rivière de Daoulas.
32. — A le dit voyer droit de faire pescher tant dans la
rivière qui descend à Daoulas que dans la mer.
— 133 —
ChaTge9
que le dit seigneur doit p<mr le dit voyerage.
i^ Est obligé comme voyer se présenter par lui ou ses
commis députés es délivrances et plaids généraux et or-
dinaires de la juridiction de Daoulas.
29 Est tenu de garder les prisonniers détenus par les offi-
ciers de la dite cour jusqu'au lendemain de leur prise, à
l'heure de prime, et pour lors les dits officiers sont obli-
gés de prendre du dit voyer les dits prisonniers pour les
mener aux prisons de la Roche-Maurice avec l'aide de
quelques-uns des habitants de Daoulas qui sont sujets à
cause de leur demeure d'aider à la conduite des dits pri-
sonniers.
3p Est tenu... recevoir les deniers de rentes censives
dues en la dite ville à chacun jour de dimanche premier
subséquent la Toussaint, payables au dit voyer pour les
rendre au receveur ordinaire de la seigneurie, sauf le
onzième denier pour droit de recepte.
40 Est tenu... recevoir les deniers au loin deus à M. de
Rohan de chacun habitant de Daoulas qui a fen en sa
maison, qui est 3 deniers, et a tierce partie des dits de-
niers pour droit de recette.
39 Est tenu... tenir trois ponts en bonne réparation : le
pont proche de Kerisit appelé Pont-Callac, l'autre pont en
la rue Baly appelé le Grand-Pont ou le pont Squilfin, et
le petit pont Anez, commençant proche la maison à pré-
sent de M^ Olivier Bodiou et passant à droict et au travers
de la rue sous la maison nommée le vieux Kérisit pour
rendre l'eau dans la rive de la mer...
&* Doit le dit voyer fournir quintaine... »
Ce devoir de quintaine longuement décrit dans la pan-
carte Test d'une manière plus intéressante dans la sup-
— 136 —
plique que voici, du voyer réclamant près des juges
contre une infraction à l'ancien usage (1).
(( MM. les juges présidiaux de Quimper, supplie hum-
blement Missire Jan de Tréanna, chef de nom et d'armes,
chevalier seigneur de Lanvilio, Kerven et autres seigneu-
ries, voyer féodé et héréditaire de la seigneurie de
Daoulas, demandeur,
(( Contre Mérien Jahouen et Jeanne Keromen, sa femme,
deflendeurs,
(( Exposant qu'il y a longues années que luy et MM. ses
ancêtres sont voyers de la dite seigneurie de Daoulas sous
les hauts et puissants les seigneurs de Rohan les queulx
ont fixé les charges et subjections qui incombent et sont
annexées audit voyerage et à ces conditions il s'est sou-
mis, engagé, inféodé vers les dits seigneurs.
(( Il est certain que l'une des dites charges consiste en
une obligation au dit voyer de fournir une quintaine et
des chevaux pour y courir et une pièce de bois en forme
d'une lance, à chacun 1®' jour de Janvier, aux nouveaux
mariez et espousez de la dite ville et paroisse de Daoulas
pour l'année de précédent le dit mois de Janvier qu'ils
auront espousé.
« Remarquable que ceste obligation regarde par géné-
ralité tous nouveaux mariés et espousés sans exception
d'aucun, lesquels ne peuvent s'exempter à monter à che-
val faire la dite course, pour de la lance que l'on leur
présente atteindre à leur possible la dite quintaine ou po-
teau de bois piqué pour la marque de la dite course et de
l'exercice que les seigneurs de Rohan sont en droit de
faire faire à leurs subjectz.
<( Il sera observé que les dits mariez doivent ensuite et
sont subjectz de bailler iceluy jour de la dite course un
(l) E. 138. La supplique est de Tannée 1680.
- 137 -
disner au dit voyer ayant un gentilhomme pour luy tenir
compagnie au dit disner, doivent aussi le disner des ser-
viteurs du dit voyer et de ses commis pour conduire les
chevaux pour chacun quintaine, auxquels chevaux ils
sont obligés payer et desfrayer la repue en la dite ville de
Daoulas.
(( Est-il qu'on a toujours continué ces exercices et
acquitté ces dits devoirs en la ville de Daoulas sans aucune
difficulté pendant le séjour actuel du dit suppliant en son
manoir de Kerven situé es metes de la dite ville de
Daoulas.
(( Mais il se rencontre qu'en l'année 1679 qu'il y eut
7 nouveaux mariez et espousés, lesquels se représantè-
rent en la place accoustumée en la dite ville de Daoulas
le 1«' jour de Janvier dernier qui firent la course ordi-
naire sur les chevaux que le suppliant leur présenta, à la
réserve du dit Jahouen qui se laissa défaillir sans monter
à cheval ni ensuite, non plus que la dite Keromen sa
femme contribuer au disner du dit sieur Voyer, ny aux
autres devoirs cy-dessus expliquez soûls prétexte d'une
grosse despense qu'ils se figuraient estre obligés de faire
pour le disner.
« Mais comme le suppliant n'exige rien que ce qui est
honneste et deu à sa qualité et que d'ailleurs il n'est pas
tenu laisser périr ses droits il a cru bien agir de faire pro-
céder à un prix réglé pour le dit disner et sa séquelle afin
que sur le règlement il puisse faire payer une septième
portion aux dits défendeurs, et à l'avenir mettre en liberté
de fournir le dit diner ou le prix qui sera réglé par per-
sonnes de mérite ou à taxe de justice.
« Et puisqu'il n'est pas de la compétence de la juridic-
tion de Daoulas (d'où les défendeurs sont justiciables,
ayanz une maison en la dite ville) de faire un règlement
certain au subject ci-dessus, et qu'en semblables occasions,
BoLLBTiif BS LÀ GoMMissioif DiocisAiNB. — 7* aonée. 10
— 138 —
la cour vous a conservé l'authorité des dits règlements
comme supérieurs de la dite juridiction de Daoulas.
« Le suppliant requiert.... Ce considéré, qu'il vous plaise
luy permettre d'appeler les dits deflendeurs devant vous
pour subir : 1^ la condamnation de 60 sols pour chacun
défaillant de monter à cheval pour courir la quintaine ;
2p être fait règlement pour le disner ; 3^ estre les dits
défendeurs condemnez de payer la 7® portion du dit disner
qui estoit du au \^^ Janvier... et ferez bien. »
Satisfaction fut donnée au sieur de Tréanna, et le pré-
sidial de Quimper condamna Jahouen à 60 sols pour n'être
pas monté à cheval ; quant au dîner, il fut estimé valoir
20 livres.
Eglise de Daoulas
L'église telle qu'elle existe actuellement ne représente
pas toute la longueur ancienne, mais l'extrémité suppri-
mée, c'est-à-dire le chœur et une sorte de transept midi
ne dataient que du xv« ou du xvi® siècle. En 1876 et 1877
il a été fait à cet édifice d'excellents travaux de restau-
ration sous la direction de M. Bigot, architecte diocésain,
qui a construit l'abside en hémicycle, les deux absidioles
terminant les bas-c6tés et le collatéral Sud.
Ce que nous avons d'authentique du xii® siècle c'est le
portail Ouest et la nef avec son bas-côté Nord. La façade
Ouest est précieuse pour nous, car elle est avec celle de
Saint-Mathieu la seule façade romane qui soit restée
intacte, sans aucun remaniement.
Elle se compose ainsi : au milieu une large porte
accostée de chaque côté de deux colounettes portant les
archivoltes d'un arc à plein-cintre et latéralement deux
autres arcades aveugles plus étroites à côté desquelles
montent deux contreforts larges, peu saillants. A sept
— 139 —
mètres de hauteur environ, le mur subit un retrait où
prennent naissance quatre contreforts plats qui enca-
drent et séparent trois fenêtres à plein-cintre, dont celle
du milieu plus lai^e que les deux autres. Le tout se ter-
mine par un gable assez aigu ; cet ensemble est simple,
mais a en même temps un air de grandeur et de dignité.
A l'intérieur la nef longue de 28 mètres et large de 7,
avec bas-côtés de 3 m. 50, est composée de 7 travées for-
mées par des piliers en croix grecque, c'est-à-dire ayant
un pilastre sur chacune des quatre faces, piliers hauts
de 5 mètres couronnés d'un simple tailloir à chanfrein
et partant des arcs à plein-cintre à double archivolte. Au-
dessus de ces arcades viennent des fenêtres étroites à
Textérieur et évasées intérieurement.
Il faut noter, de chaque côté de la porte Ouest, une
ornementation en sculpture méplate formant comme un
large bandeau ou litre qui se compose d'ornements variés
dans lesquels on remarque surtout un simulacre de nattes
tressées en osier ou en roseaux. Cette décoration rappelle
les sculptures analogues de la nef de la cathédrale de
Bayeux.
Dans l'ancienne église, se voyaient plusieurs autels
dont voici quelques vocables :
Le maître-autel, dédié à Notre-Dame, portait un retable
sculpté en bois représentant, dans sept médaillons, les
mystères de l'Annonciation, la Visitation, la Naissance de
N. S., la Mort de la Sainte-Vierge, la Circoncision, l'Ado-
ration des Mages, la Purification ; ce retable était surmonté
d'une crosse qui supportait le saint ciboire, comme on le
voit encore au maître-autel de la cathédrale de Saint-Pol
de Léon.
Dans la nef, autel de la paroisse, dédié également à la
Sainte-Vierge.
Autel de Sainte-Catherine, avec sculptures en albâtre.
— 440 —
Autel de Saint-Erasme, où est représenté son martyre,
dit le chanoine Pinson, en sculpture à faire pitié ; c'est
peut-être de cet autel que provient le panneau en bois
sculpté qui se voit au Musée de Morlaix, et où Ton voit
les bourreaux dévidant sur un cabestan les entrailles du
martyr.
Autel de Saint-Yves.
Autel de Jésus souffrant.
Autel de Saint-Gilles, dans la chapelle du Faou.
Autel de Saint-Goulven.
Autel de SaintTMemor ; saint très honoré dans le pays,
représenté tenant les entrailles entre ses mains; on le
confond avec saint Maroert et saint Adrien, dont on arra-
cha également les entrailles ; mais il semble se distinguer,
à Daoulas, de saint Erasme, qui subit un martyre analogue.
Chapelle du Rosaire, autrefois dédiée à saint Sébastien.
Chapelle de Sainte-Anne.
Chapelle de N.-D. de Pitié.
Autel des saints Cosme et^Damien, avec des peintures
de 1596, représentant leur martyre.
Chapelle de Saint-Pierre, dont Tautel est surmonté de
la statue du Prince des Apôtres.
Autel de la Madeleine.
On remarquait, de plus, dans Téglise, les statues de
saint Augustin, saint Roch, et celle de saint Clair, portant
la date de 1542.
Dom Pinson nous apprend que le chœur était plus étroit
(( que le reste du corps de l'église, à cause des quatre gros
piliers qui soutiennent la tour qui ont plus de volume
que les autres », que ces quatre gros piliers de maçon-
nerie soutenaient, au-dessus du chœur, la tour « dans
laquelle sont deux fort belles cloches et trois autres peti-
tes ; elle est couverte d'une aiguille de charpente et de
plomb des plus hautes qne Ton puisse voir )).
— 141 -
A la fin du xvi^ siècle, on construisit un porche près du
transept côté du Midi, non loin duquel se trouvaient les
fonts baptismaux. Lors de la réparation de cette partie
de réglise, ce porche fut reconstruit à une des extrémités
du cimetière, où il sert à la fois d'arc de triomphe et de
campanile. II s'ouvre sur un côté par une arcade surbais-
sée surmontée d'un tympan qu'encadre une arcade ogi-
vale. L'autre côté est percé de deux portes jumelles en
anse de panier. C'est un travail de la Renaissance, cor-
respondant aux porches de Pencran et de Landivisiau, à
la porte latérale de la Roche et au portail Ouest de
Rumengol.
Le socle de la statue de saint Pierre porte la date de
1566, mais le porche lui-même pourrait être antérieur de
quelques années. La grande arcade d'entrée et les deux
portes intérieures ont conservé dans leur encadrement
tous les détails de la période flamboyante ; mais en dehors
de là, la plupart des motifs d'ornementation rappellent la
Renaissance, particulièrement dans le bénitier, les niches
des Apôtres et le couronnement des portes jumelles.
Le tympan de l'entrée reproduit la scène de la Nativité
de l'Enfant Jésus, sujet traité avec tant de grâce et de
naïveté dans les porches de Pencran et de La Martyre.
Chapelles
io Sainte-Anne,
Sainte-Anne — ou l'Hôpital — de très ancienne fo nda-
tion ; en 1429, Even Buzit, de Roscofi, y fit une fondation
de 2 raz de froment, et le 9 Décembre 1532, — l'abbé Jean
du Largez fondait en la chapelle de Sainte-Anne une
messe chaque vendredi avec prières en langue vulgaire,
et à la fin de la messe, le prêtre devait lire « la Passion
- 142 -
de Notre-Seigneur selon les quatre Evangélistes, chacun
par ordre ».
En 1845, le rapport de M. Menu du Mesnil, architecte,
chargé de la construction du presbytère, constate Tan-
cienne architecture d'une partie de cette chapelle.
« Elle a, dit-il, la forme de la croix latine avec un seul
transept; cette forme se présente rarement. Cette chapelle,
en très grande vénération, présente deux stiles différents,
toute la nef et la façade qui regarde Téglise sont évidem-
ment du XVI® siècle. Quant à l'aile latérale ou transept,
elle est séparée de la nef par une colonne en pierre de
Om. 30 c. de diamètre, à chapiteau sculpté, dont les déco-
rations rappellent l'architecture lombarde ; c'est ce tran-
sept qui vient d'être démoli pour servir à la construction
du presbytère. En examinant la forme des matériaux, de
petite dimension, posés sous mortier de chaux, la grande
épaisseur des murs, qui ont près d'un mètre, la forme de
Tarcade, qui n'est pas semblable à celle de la grande
façade, tout porte à croire que cette portion est bien anté-
rieure à la nef, et des premiers temps de l'ère chrétienne
dans le pays. »
Statues : sainte Anne, Sainte-Vierge, saint Zacharie,
saint Jean-Baptiste, saint Etienne, saint Laurent, Fiûtà,
Ecce Homo,
L'abside -à pans coupés et à pignons aigus est accompa-
gnée de contreforts couronnés de clochetons. Sur le milieu
de la façade Nord est une porte monumentale accostée de
quatre colonnes corinthiennes surmontées d'une corniche
portant un fronton avec niche ionique dans le milieu,
volutes sur le rampant et lanternon de couronnement.
Dans la frise se lit la date de 1667, et la niche principale
contient la statue de sainte Anne assise, faisant lire la
.Sainte-Vierge.
A l'intérieur, le retable à colonnes torses du maître-
— 143 —
autel renferme un groupe de sainte Anne et la Sainte-
Viei^e assises, et l'Enfant Jésus debout au milieu d'elles.
2o Notre-Dame des Fontaines,
Le 20 Août 1841, M. Ollivier, curé de Daoulas, écrivait
à Monseigneur :
(c Vous savez qu'il y a, en dehors de l'enclos de l'an-
cienne abbaye de Daoulas, une toute petite chapelle dédiée
à la Sainte-Vierge, sous la dénomination de N.-D. des
Fontaines, et qu'auprès se trouve une très belle fontaine
en pierres de taille. Cette chapelle fut comprise dans la
vente des biens de la communauté, et depuis elle n'a
jamais été rendue au culte ; néanmoins, on l'a toujours
laissée dans l'état où elle était, on ne l'a jamais employée
à aucun usage profane, et elle n'a subi d'autres dégrada-
tions que celles du temps, que les divers propriétaires
qu'elle a eus ont eu soin de réparer, si non par respect
pour la chapelle, du moins par crainte des Daoulasiens
qui, à les en croire, auraient fait un mauvais parti à celui
qui l'aurait laissée tomber en ruines.
« M. le général Bonté, à qui elle appartient aujourd'hui,
et qui est venu se fixer à l'abbaye, m'est venu prier d'y
dire quelquefois la messe et d'y aller avec la procession,
comme aux autres chapelles.
« Quand je lui ai observé que je ne pouvais acquiescer
à sa demande sans recourir à Votre Grandeur, il m'a prié
de lui en parler, s'engageant à tenir toujours la chapelle
dans un état décent et à faire l'abandon de toutes les
offrandes à la fabrique.
« Comme elle était jadis d'une très grande dévotion qui
n^est pas encore entièrement éteinte, car bien des person-
nes d'assez loin ont conservé l'habitude de venir la visiter
à toutes les fêtes de la Vierge, je pense que si l'on y disait
— 144 -
la messe, cette dévotion se renouvellerait, et rapporterait
quelque chose à notre fabrique, qui est, comme vous le
savez, si pauvre. »
Cette chapelle est élevée près d^une fontaine déjà citée
dans un acte de 1456 sous le nom de fontaine Notre-Dame.
Le bassin de la fontaine est surmonté d'une sorte de
petite chapelle gothique en pierre de Kersanton, couverte
de deux rampants aigus avec clochetons aux quatre angles.
Au fond de la voûte en anse de panier est un bas-relief
représentant Notre-Seigneur en croix ; à côté de lui sainte
Catherine de Sienne, foulant aux pieds un dragon, mon-
trant de la main droite la plaie du côté du Sauveur, et
tenant un cœur de la main gauche. Elle est vêtue d*une
robe serrée par une ceinture, d*un scapulaire et d'un
manteau. Dans la niche du fronton il y a une Vierge-Mère
qui tient une pomme ou une boule, ainsi que TEnfant
Jésus.
Un caniveau partant de la fontaine conduit Teau dans
trois petites auges creusées dans la même pierre et de là
elle se déverse dans un grand bassin de 2 m. 10 sur
1 m. 80. L'ensemble est entouré d'une belle enceinte en
pierres de taille formant un rectangle de 6 mètres sur
4 mètres, ayant soubassement et couronnement moulurés,
avec bancs à l'intérieur et à l'extérieur pour l'usage des
pèlerins. Au dos de la fontaine on lit cette inscription
gothique : Le X^jour de Juing lan mil V centz L^ (1550)
fut renouvelle ceste fontaine p. M, 0, du Chatel de Doutas
Abbé.
Tout à côté, est l'oratoire du xvi^ siècle désigné sous le
nom de chapelle de Notre-Dame des Fontaines. L^abside
est en maçonnerie, les côtés sont vitrés et la façade est
formée d*une claire- voie à balustres tournés. La partie
basse de la porte est pleine et formée de deux panneaux
d'ornements et bas-reliefs d'excellent style.
- 145 -
Au-dessus, la toiture forme auvent et est ornée d'ar-
doises découpées en écailles et en losanges faisant une
excellente décoration. A Tintérieur, aux deux côtés de
Faute!, sont les statues de la Vierge-Mère et de saint Jean-
Baptiste. Sur une paroi latérale est une jolie Vierge gothi-
qtie, tenant sur ses genoux l'Enfant Jésus drapé. De l'au-
tre côté on voit, en bas-relief, une petite sainte Anne
couchée dans un lit à panneaux gothiques, provenant
certainement d'un groupe de la Nativité de la Sainte-
Vîei^e. Puis un petit saint Théleau en chape, mitre et
crosse, à cheval sur un cerf. Presque en face est un tableau
de saint Nicolas, à genoux devant la Sainte-Vierge, saint
Joseph et l'Enfant Jésus ; à ses pieds il a les trois petits
enfants qu'il vient de ressusciter. Ce tableau provient,
sans doute, de l'ancienne chapelle Saint-Nicolas. Notre-
Dame des Fontaines est invoquée spécialement pour la
guérison des maux d'yeux.
80 Saint' Nicolas.
Ancienne chapelle du château, est citée dans l'acte de
fondation de l'abbaye, en 1173. Elle était dédiée à saint
Nicolas. Un acte de 1435 parle de la rue Saint-Nicolas, et
en 1492, le Roi confirmait le droit de l'abbé et couvent de
Daoulas à prendre les offrandes qui se font en la chapelle
Saint-Nicolas. Le 7 juin 1510, Claude de Rohan, évéque de
Quimper, accordait 40 jours d'indulgence aux fidèles qui
visiteraient la chapelle de Saint-Nicolas à ses fêtes de Mai
et de Décembre. Cette chapelle n'existe plus.
4^ Saint-Rock,
Chapelle située sur la hauteur voisine du chevet de
l'église abbatiale et rebâtie en 1774. En 1732, elle fut dotée
d'une cloche fondue par M. Beurié de la Rivière, de Brest.
— 146 —
Reuquaire
Edicule construit dans le cimetière, vis-à-vis la chapelle
de Sainte-Anne, par René du Louet, 1581-1598. Lors de la
restauration de l'église, vers 1875, il fut démoli et employé
à la construction de la sacristie actuelle, qui formait
autrefois le bas-côté Nord ou tour du cbœur de Téglise.
La clôture de la sacristie est formée par Tancien ossuaire,
présentant des fenêtres séparées par des pilastres en
gaîne, avec sa- porte encadrée par deux colonnes ioniques
cannelées avec bague sculptée à hauteur du fût.
Outre l'église abbatiale nous trouvons à Daoulas un
clottre roman fort intéressant. Ce clottre est maintenant
dépourvu de sa toiture; il a été même en partie démoli,
les colonnes et les arcades de deux des côtés avaient été
jetées à terre, mais il y a quinze ou vingt ans, le proprié-
taire actuel, M. Danguy des Déserts, d'accord avec son
beau-père, M. Bigot, architecte diocésain, fit restaurer le
tout et nous avons maintenant debout les quatre côtés du
carré, comprenant quarante-quatre arcades.
Les angles sont formés d*un faisceau de quatre colon-
nettes et dans les côtés ces colonnes cylindriques sont
alternativement simples et jumelées, couronnées de cha-
piteaux élégants dont la corbeille est tapissée d'ornements
variés, feuilles recourbées et lancéolées, crossettes, volu-
tes; quelques-uns des tailloirs sont aussi décorés de
zigzags, dents de scie, losanges, étoiles. Au milieu du
préau se trouve une vasque octogonale dont chacun des
huit pans offre une ornementation différente ; elle a été
faite au temps de Tabbé Guérault, 1352-1398 (Le Vot).
- 147 -
Dès le XVI® siècle, l'église abbatiale était en possession
d'un orgue, et le 14 Mai 1607, le sieur de Sourdéac, admi-
nistrateur pour son fils, M. de Rieux, du temporel de
Tabbaye, « faisant pour le seigneur abbé, son fils, et les
chanoines de Daoulas, arresta qu'aucun ne pourra estre
pourvu à Tadvenir du vicariat de Daoulas, qui ne sache
toucher les orgues et ne soit religieux ou en état de
Testre ». La liste des vicaires perpétuels qui va suivre
sera donc également celle des artistes qui se sont succédé
à la tête de la paroisse; et pour que l'instrument répondit
au talent des artistes, le chanoine Pinson nous apprend
qu'il fut refait, en 1672, des deniers de la paroisse et de
la communauté, par les soins du S' Dupont, trésorier de
réglise. C'est, dit-il, « un orgue des plus accompli de
la Province, aussi bon que beau, c'est un seize pieds au
grand -corps et huit pieds au positif, ayant écho tout
entier et 46 jeux ».
Vicaires perpétuels ou Recteurs de Daoulas
1348. Nouel Morvan.
1398. J. Heriou.
1626-1653. Alain Callac. C'est de son temps, en 1644, que
le V. P. Maunoir donna sa première mission à Daou-
las; le concours du peuple des paroisses voisines fut
si grand, que le Père missionnaire fut obligé d'appe-
ler à son aide le Père Recteur du Collège de Quimper,
Alain de Launay, et le Père Guillaume Thomas. Une
sécheresse persistante menaçait la récolte, lorsque le
Père réunit tous les enfants, jeunes gens et jeunes filles
de toute la contrée et leur fit chanter un cantique à
saint Corentin pour obtenir la cessation de la séche-
resse, et dès qu'ils eurent chanté cette strophe :
— 148 —
RM, va Eêcop, me ho iuppli,
Ur glw douar dPeoc^h Eêcopii,
R&U dêomni oU ur bloavêe mat
Do êertncha a galon vat,
une pluie douce et abondanle tomba et vint garder la
moisson d'une perte irréparable.
1654-1671. Mathieu Bodénès. Donna une autre mission,
en 1660, avec le concours du V. P. Maunoir.
1671-1707. Guillaume Kervella.
1723. Jean-René du Moulin.
1752. H. Grall, recteur.
1753-1756. Aufiret, chanoine et recteur.
1756-1757. Fr. Rocher, id.
1758-1770. J. Le Menez, id.
1773-1780. Jean-Pierre Bourillon, chanoine et recteur,
devient recteur de Hanvec.
1781-1785. Fr. Le Berre.
1786. Graveran, curé d'office.
1786-1790. Pierre-Joseph Kerlen, né en 1744 ; il refusa le
serment, ainsi que son vicaire, M. D'hervé; détenu
aux Capucins de Landerneau à la fin de 1793 ; il fut
déporté sur le Wasington, en rade de Ttle d*Aix, où il
mourut le 5 Octobre 1794, et fut enterré à VUe Madame.
RÔLE DES DÉCIMES DE DaOULAS EN 1789
Kerlen, recteur 14^
La fabrice 7*
Le Rosaire 2i
La Trinité 2i
Saint-Nicolas 2^
Total 27»
Les Archives départementales conservent (L. 103) le
— 149 —
récit d*un acte de brigandage commis à Daoulas à la fin
de 1 année 1792. La pièce est datée du 3 Février 1793 :
« Mathurin- Louis Le Forestier, né en la paroisse de
S^ Sauveur, à Quimper, le 17 Août 1722, âgé de soixante
ans et père de cinq enfants, a été victime, dans la nuit du
cinq au six Décembre dernier, en sa petite bastide de
Kerizit, paroisse de Daoulas, des assassins et voleurs qui,
après ravoir cruellement maltraité. Tout enfermé avec ses
enfants et domestiques, dans une cave sous un escalier
de pierre, et ont volé tout l'argent monnayer, Targenterie,
flambeaux d'argent, draps, nappes, linges, pour la valeur
d'au moins mille écus ; le plaignant demande en consé-
quence exemption du paiement de ses contributions pour
1792. »
Curés de Daoulas depuis le Concordat
1804-1808. Alexandre- Marie Joquet, né à Saint-Pol de
Léon le 8 Juin 1761, prêtre en 1785, vicaire de Plou-
vorn, puis de Landerneau ; il refusa de prêter le ser-
ment en 1791 ; nommé curé de Daoulas au Concordat,
il écrivait cette lettre qui, pour dater de cent ans, ne
manque pas d'actualité :
c Daoulas, 6 Novembre 1S05.
(( Monseigneur,
« La paroisse de Daoulas chef-lieu de canton, n'a
pas plus d'un petit quart de lieue dans sa plus grande
dimension. Sa population est d'environ cinq cents
âmes. Ses moyens offrent si peu de ressource* qu'en
mettant à exécution l'arrêté de M. le Préfet sur le loge-
ment que la loi accorde aux curés, on ne pourrait
prélever la modique somme de cinquante écus qu'en
grevant les habitans. Depuis que je suis à Daoulas le
— 150 -
logement est à ma charge. Je ne vois d'autre moyen de
procurer quelqu'avantage même à la commune, qu'en
remettant en vigueur une circonscription qui a déjà eu
lieu. Elle avait un vice radical, il est vrai, parce qu'elle
n'était l'ouvrage que d'une puissance temporelle qui
avait envahi tous les pouvoirs.
(( Cette circonscription, cependant, ofire un avan-
tage réel aux administrants et aux administrés. Les
plus éloignés des villages qu'elle avait annexés à Daou-'
las n'en sont pas à plus d'une demi lieue, tandis que,
dans l'ordre actuel, ils sont à trois quarts de lieue, une
lieue et même à cinq quarts de lieue de leurs églises
respectives. La raison qui avait fait procéder à cette
circonscription, c'est que tous ces villages sont beau-
coup plus voisins de Daoulas et que la fréquentation
de cette église leur est inflniment plus commode :
aussi les habitans de ces villages ne vont presque
jamais à leur église à moins que la nécessité ne les y
contraigne ; mais quel danger ne courre pas la vie des
enfants qu'il faut porter au baptême à une si grande
distance et par des chemins fort difiSciles et en vérité
impraticables en hyver I
(( U arrive aussi que je dessers tous ces villages :
que de nuit come de jour on me cherche pour porter
aux malades les secours de la religion. 11 est impos-
sible que je m'y refuse (il y a sur cela une convention
entre MM. les desservants et moi). De plus, en m'y
refusant, il serait souvent à craindre que les malades
fussent privés des derniers sacrements : on a beau
dire, on attend presque toujours à la dernière extré-
mité avant de nous prévenir et lorsqu'il n'y a plus
moyen d'attendre on nous cherche ; qu'arriverait-il si
on ne recourait pas au plus voisin et qu'en résulte-t-il?
Que je fais l'ouvrage de trois ou quatre sans percevoir
— 151 -
aucun émolument. Ce n*est pas, Monseigneur, que je
me laisse guider par esprit de cupidité, j'ose dire liau-
tement qu'il n*a jamais eu d'empire sur moi ; mais
cependant faut-il que le prêtre vive : Dignuê est ope-
rariu8 mercede 8ud, Je ne vous parle pas des raisons
particulières qui me feraient désirer une honnête mé-
diocrité. Je me tais sur les infirmités d'une mère plus
que septuagénaire qui, come ses enfants, a senti le
poids de la Révolution qui lui a enlevé une honnête
aisance dont elle jouissait. Je ne vous dirai pas que je
suis le père nourissier de ma famille.
« La grande difficulté qui pourrait s'opposer au pro-
jet que j'ai l'honneur de vous soumettre, gît en ce que
la partie de Dirinon qui est à ma porte est du canton
de Landerneau, et que les portions qu'on pourrait d'ail-
leurs annexer à Daoulas sont portées sur le rôle des
impôts dans des communes différentes. Mais on voit
souvent que pour le civil on dépend d'un endroit et
d'un autre pour le spirituel ; le gouvernement d'ail-
leurs n'y perdrait rien, et si on ne voit pas de diffi-
culté à réunir au canton du Faou, Rumengol du can-
ton de Daoulas, je ne vois pas qu'il doive y avoir plus
de difficulté pour réunir une partie de Dirinon à l'église
de Daoulas.
« J'ai l'honneur de vous envoyer cy joint. Monsei-
gneur, le catalogue des villages compris dans l'ancienne
circonscription.
« J'ai l'honneur d'être avec un profond respect. Mon-
seigneur, de Votre Grandeur
« Le très humble et très obéissant serviteur,
« JOGUET,
« Curé de Daoulas. »
— 152 —
€ Noms de village$ et timples fermes que l'an m'a
donnés comme formant la circonscription de Daoti-
las en 279Î.
« Détachés de Logonna : Rubuzaouen, Roudouroux,
Penanvern, Lehellen.
« Détachés dlrvillac : Ty-Huéla, Traonévézec, Porz-
vénan, Rosmélec, les deux Vernnec, les deux Ménéhy,
Kervigni, Kernéis Runguen, Le Rest ar Poulligou, Le
PouUigou, Run an Moal, Le petit Veillénec, Le Guern-
an-Dérédec, Le Guerniec, Lesvréac^h.
« Détachés de Trévarn : le bourg de Trévarn, les
deux Runarher, LaVille-Neuve-L'haridon, Kerguélen,
La Ville Neuve-Pont-Quéleanec, Le Cleus-Bras, Guern
ar Piquet.
« Détachés de Dirinon : Rest-ar-hy-du, Lezuzan,
La Grange, Keranborn, Coatérouen, Trébéolin, Penan-
run, Irbrat, Kerderrien, Stanq-Guénou, Mesasten, Lan-
drévézan, Corlaziou, Tout-Cuz, Kergavarrec, les deux
Kerguern, Coaty, La Ville-Neuve, Stanq-Meur, Keran-
anprannou, les deux Squivit, Comménec, Kervaden,
Kerouant.
■
« Tous ces villages forment presqu'une circonfé-
rence parfaite dont le centre est Daoulas ; et le point
le plus éloigné du centre n'est pas à plus d'une demi-
lieue. »
Le résultat de cette démarche ne semble pas avoir
été autre, pour M. Joguet, que sa translation à la cure
de Ploudiry, en 1808.
(A suivre.)
— 153 —
CARTILAIRE
DE L'ÉGLISE DE QUIMPER
(Suite.)
360.
DANIEL DE ULE REÇU CHANOINE PAR PROCUREUR (''
- 7 Juillet 1378. -
Anno Domini M^ CCC^ septuagesimo nono, die septima
lulii, circa horam tercie illius diei, presentibus Magis-
tris Thoma Episcopi, G. Gall, Rîoco Lestuhan, J. Briencii,
J. Fravali canonicis, Daniele Felestrec, J. Penguen curatis
ecclesie Corisopitensis, juravit dominus Guillermus Oli-
verii presbyler procuralor et procuratorio nomine Danie-
lis de Insula canonici Corisopitensis statuta et consuetu-
dînes laudabiles eiusdem ecclesie tenere et iideliter obser-
vare.
Ita est. H. DE Stagno parvo.
(1) Cari. 31, ^ 24.
BmXKTlN DE LA COMMISSION DIOCBSAiNB. — 7* ailDée. U
— 154 —
361.
flENTES DE LA CHAPELLENIE DE S* GILLES
PAYÉES A LARCHIDIACRE(0
— 16 Novembre 1379. —
Ânno Domini M^ CCC^ septuagesirno nono, die martis
post festum sancli Martini yemalis(2), solvit NatalisTan-
guidi triginta summas in anno una cum undecim libris
in pecunia numerata M. Gaufrido Archidiacono de Po-
cbaer procuratori et procuralorio nomine ecclesie Coriso-
pitensis, de redditibus capelle nove domini G. Episcopi
Corisopitensis , quas debebat Margareta quedam uxor
domini Hervei de Jugo, quam pecuniam idem procura-
tor, eodem die, refudit Johanni Lupi pro se et sociis suis,
presenlibus et capitulantibus venerabilibus viris M. Guil-
lermo militis, G. Galli, J. Briencii et J. Fravali canonicis
Corisopitensibus et aliis.
Thomas. Ita est.
362.
DE MENSE CONCESSO CANONICIS RESIDENTIBUS (')
Chanoine résidant a trente Jours d'exemption de toutes marques
soit continus ou non, et est oreu.
- 1 7 Août 1 380. -
Anno Domini M*' CCG^ octuagesimo, die veneris post
festum Assumpcionis Béate Marie Virgiuis (4), ordinatuni
fuit quod qullibet canonicorum residencium in ecclesia
Corisopilensi, liabeat unum mensera integrum continuum.
(1) Cari. 31, f* 62.
(2) La Saint- Marlio, II Novembre, arrivait eo 1379 un vendredi ; le
mardi suivant était le 15.
(3) Cari. 56. f56, et Cart. 31, f* 20.
(4) Le 15 Août, en 1380, était un mercredi.
— 153 —
aut pariliter computando pro mense triginta dies (1) con-
tinuos aut per intervalla, in quibus absentes sicut présen-
tes, distribuciones percipiant, credendo cuilibet canoni-
corum super verbo de numéro predicto ; presentibus
Dominis canonicis G. Archidiacono, G. militis, R. Lestu-
chan, Alano Raolini, Thomas Espiscopi , J. Briencii,
Johanne Fravali ;
Ego thesaurarius presens fui et consensi ;
G. archidyaconus de Pocher fui presens et consensi ;
Ego Guillermus Marhec consensi ;
Ego Joannes Briencii consensi ;
Johannes Fravali consensi ;
Et ego Riocus de Lestuhan consensi.
863.
OLIVIER DERIEN REQU CHANOINE (')
— 28 Janvier 1381 (n. s.). —
Anno Domini M<»CCCo octuagesimo, die vigesima octava
lanuarii circa horam tercie, presentibus Magistris Johanne
Briencii, Thomas Episcopi, Johanne Corrîc canonicis,
Daniele Felestrec capellano priore Béate Katerine, jura-
vit Petrus de Ker procurator et procuratorio nomine
Magistri Oliverii Deriani canonici Gorisopitensis stat-uta
et consuetudines laudâbiles dicte ecclesie Gorisopitensis,
tenere et fideliter observare ; assignatum eidem procura-
tori locus in Capitulo et stallum in choro per Archidia-
conum de Poher, indicione quarta.
R. Lestuhan.
(1) On lit en marge : Prorogaii mnt in Capitulo gênerait ad XL dies
mmo M* CCCC* LXl* et ad LU dies anno Jf CCCC* LXVIH\
(2) Cart. 31, f 24,
— 156 -
864.
DANIEL DE LILE PRÊTE SERMENT (0
— 4 Mars 1381 (n. s.)* —
Anno octuagesimo secundum computacionem Gallica-
nam, die quarta Mardi, circa horam prime, indicione
quarta, Pontificatus Domini Clemeniis Pape VU» anno
tercio; presentibus Magistris Thoma Episcopi, Johanne
Briencii, Johanne Corric, Johanne Raolini, Herveo de
Stagno parvo; Daniel de Insula canonicus Corisopitensis
iuravit in sua propria persona iura, statuta et laudabiles
consuetudines ecclesie Corisopitensis observare et habuit
ratificacionem publicam alias prestiti (iuramenti) a pro-
curatore suo super hoc.
Acta fuerunt hec in caméra thesauri in dicta ecclesia
Corisopitensi.
YVO TURCH.
365.
RAOUL CARADEC CHANOINE
PRÊTE SERMENT PAR PROCUREUR ')
— 7 Mars 1381 (n. s.). —
Anno Mo CCC^ octuagesimo secundum computacionem
Gallicanam die septima mensis Marcii, circa horam ter-
cie, indicione quarta, Pontificatus démentis Pape VU»
anno tercio, presentibus Johanne de Quoettanaizre, Eudone
de Ker, Guillerrao Oliverii, Dominus Guillermus Oliverii
presbyter procurator et procuralorio nomine Magistri
Radulphi Caradoc canonici Corisopitensis Rectoris paro-
chialis ecclesie S^^ Martini Audegavensis diocesis, iuravit
(1) Cart. 31, f* 24.
(2) Ibid.
- 157 —
statuta et laudabiles observaciones ecclesie Corisopitensis
observare.
Acta f uerunt hec in caméra thesaurarii ecclesie Coriso-
pitensis, presentibus Magistris Guillermo Marhec, Johanne
Briencii, Johanne Fravali, Daniele de Insula, Johanne
Lupi procuratore Capituli.
A. SCAHUNEC.
366
ROUAZLE CHANOINE PRETE SERMENT <)
- 18 Avril 1381. -
Anno M» GCC^ ocluagesimo primo, die décima octava
Aprilis, hora tercie, indictione quarta Pontificatus C.
Pape VII> anno tercio; presentibus Archidiacono, Magis-
tro J. Fravali, J. Corric canonicis ecclesie Corisopitensis,
domino Abbate de Daoulas, et Keralliou et aliis, Magister
G. le Marhec canonicus Corisopitensis (procurator) Magis-
tri Rouazle canonici Corisopitensis iuravit statuta et con-
suetudines ecclesie Corisopitensis observare.
Acta fuerunt hec in Capitule.
YVO TURCH.
367.
DE SUMMA SOLVENDA PRO ANNIVERSARIIS^''
N'estre enterré à 8< Corentin sans fonder 20 sols de rente,
en donner 16 > pour les aoquérir, pour oblt.
- 19 Octobre 1881. -
In Capitule generali facto in crastino Sinodi Sancti
Luce, celebrato in ecclesia Corisopitensi, fuit statutum
quod nullus inhumeretur, in dicta ecclesia, nisi daret
(1) Cari. 31 , f 24.
(2) Car t. 56, f* 56.
— 158 —
pro anniversario suo in eodem faciendo vigioti solidos
annui redditus, vel quindecim libras in pecunia ad emen-
dum redditum in perpetuum ad opus dicti anniversarii ;
presentibus Gaufrido archydiacono de Pocher, Rodero
Fave, Guillermo militis, R. Lestuhan, Tliomas Episcopi,
Gaufirido Gallici, Joanne Fraval canonicis Corisopiten-
sibus.
Anno Domini M^ CCC^ octuagesimo primo.
Et fuit sic iuratum.
368.
RECONNAISSANCE POUR L'ANNIVERSAIRE
OU PÈRE DE JEAN D'HERVÉ («)
— 3 Janvier 1382 (n.8.N —
Anno Domini M° CCCo octuagesimo primo, presentibus
Magistris Petro de Roma, Alano... Yvone de Conche, con-
fessus est Johannes Dervei quod... Dominus Petrus de
Kaiergorle tenebatur... oblata fuit ab ipso Johanne et ab
Alano fratre suo canonicis Corisopitensis... capella cum
debito toto contento in eadem ad anniversarium patris
eorum faciendum la. ecclesia Corisopitensi annuatim et
recognovit ipse Johannes quod quindecim libras receperat
de diclo debito a domino de Kergorle. Item Guido Prepo-
siti (recognovit), presentibus supradictis, quod tenebat
medielalem dicte terre de qua petebat dictum Capitulum
ab ipso, quinque solidos annui redditus.
Datum die veneris post festum Circoncisionis Domini (2).
(1) Cart. 31, f« 65.
(2) Le premier de TaD 1382 était uo mercredi.
— lo9 -
869.
DENIS DE LANNÉDERN CHANOINE PRÊTE SERMENT (')
— 22 Janvier 1382 (n. s.). —
Anao Mo CGC» octuagesimo primo, secundum computa-
cioDem Gallicanam, die vigesima secunda lanuarii, hora
tercie, indictione quinta, Pontiflcalus G. Pape VII» anno
quarto ; preseDtibus dominis Natalis Stellan, Guillermo...
presbyteris, Rioco et aliis, Gauffridus le Marhec archidîa-
conus de Poher commissarius Apostolicus, assîgnavit,
Magistro Guillermo le Marhec procuratorî Dyonisii de
Lannedern canouici Gorisopitensis, locum in Gapitulo et
stallum in choro et iuravJt dictus procurator consuetudi-
nes laudabiles ipsius ecclesie observare.
Acta fuerunt in ecclesia Gorisopitensi.
A. SCAHUNEC.
370.
L'ARCHIDIACRE DE OUIMPER PRÊTE SERMENT (')
— B Février 1382 (n. 8.). —
Anno M^GGGo octuagesimo primo, secundum computa-
cionem ecclesie Gallicane, die quinta mensis Februarii,
hora tercie, indictione quinta, Pontificatus G. Pape VII»
anno quarto, presentibus Magistris Alano Raolini, ThoAia
Episcopi, Johanne Fravali et aliis, Magister Oliverius...
archidiaconus Gorisopitensis iuravit statuta et laudabiles
consuetudines ecclesie Gorisopitensis, pro posse obser-
vare.
Acta fuerunt hec in Gapitulo. Yvo Turch.
(1) Cart. 31, f 22.
(2) Cart. 31, ^ 29.
- 160 —
d7i.
AMENDES IMPOSÉES PAR LE CHAPITRE (')
— 2 Septembre 1882. —
Anno Mo CGC» octuagesimo secundo, die secunda
Septembris hora tercie, indictione quinta Pontîficatus
G. Pape VIP anno quarto ; presentibus Magislris G. Mar-
hec, G. Gall, R. Lesluhan, J. Fravali, D. de Insula, 0. Hos-
pitis, Gapitulum Gorisopitense capitulando condempna-
verunt dictum Oliverium Hospitis in decem libras Gapitulo
solvendas, ad ordinem et moderacionem Gapituli, pro eo
quod denunciavit dictum Magistrum Danielem inecclesia
Gorisopitensi fore excommunicatum auctoritate Archi-
diaconi Gorisopitensis cui dicebat se non subire in aliquo ;
item condempnaveruDt dictum Magistrum Danielem Ga-
pitulo in decem libras, ad ordinacionem Gapituli, pro eo
quod cttaverit ipsum magistrum super hoc coram OfBciali
Gorisopitensi ; item condempnaverunt dictum 0. dicto
Danieli in quadraginta libras ob denunciacionem pre-
dictam, ad ordinem Gapituli solvendas; item inhibuerunt
dictis D. et 0. sub pena centum librarum ne se trahant
super questionibus quibuscumque, in alio foro prêter*
quam Gorisopitensi Gapitulo et ne foredicant unus alteri
ipsorum.
. Cet acte est barré sur V original avec cette mention : Totum
est remissum per Gapitulum.
372.
RICHARD MILBRETEN CHANOINE PRÊTE SERMENT (')
— 5 Octobre 1382. —
Anno Mo GGG^ octuagesimo secundo, die quinta men-
(1) Cart. 81, f* 72.
(2) Cart. 31, !• 29.
~ 161 -
sis Octobris hora tercie, indictione sexta, Poatificatus C.
Pape VIU anno quarto ; presentibus Magistris G. Fabri,
J. Fravali, domino Nicholao Helevara, domino Guillermo
Oliverii, Magister Guillermus le Marhec canonicus Cori-
sopitensis procurator Magistri Richardi Milbrelen,iuravit
statuta, libertateset consuetudines ecclesie Corisopitensis
observare.
Acta luerunt hec in Capitulo. Yvo Turch.
Datum bulle eius xvi^ kalendas Maii, Pontificatus dicti
Sanctissimi Patris anno quarto de canonicatu et prebenda,
dignitate, personatu, perpétua administratione vel ofîicio
cum cura vel sine cura, dummodo non sit maior dignitas
post episcopatum, non obstante.
Yvo Turch.
373.
DENIS DE LANNEDERN REQU CHANOINE 0)
- 17 Avril 1
Anno M° CGC» octuagesimo tercio, die veneris posiJubi'
late (2), indictione vi* Pontificatus Sanctissimi in Christo
Patris C. Pape Vli^ anno quinto ; presentibus venerabi-
libus et discretis viris Magistris Gauflrido le Marchec
archidiacono de Pocher, Daniele de Insula, Rioco Lestu-
han, Johanne Corric et aliis, fuit receptus in propria
persona et iuravit statuta M. Dyonisius de Lannedern.
Johannes Bloc.
(1) Cart. 31, f* 22.
(2) Troisième dimaDche après Pâques, qui tombait le 12 Avril.
- 162 -
374.
RICHARD MILBRETEN PREND POSSESSION
D'UN CANONICAT(')
- 11 Mal 1383. -
Anno Domini M° octuagesimo tercio, die lune post
Penthecostes que fuit xi* dies mensis Maii indictione V*
Pontificatus Sanctissimi in Christo Palris ac DD. démen-
tis Pape VIP anno quinto, in mei notarii publici et testium
infrascriptorum presencia, fuit venerabilis vir Richardus
Milbreten canonicus Gorisopitensis inductus presencia-
liter et corporaliter in possessionem corporalem et rea-
lem canonicatus et prébende ecclesie Gorisopitensis, et
fuit sibi assignatum stallum in choro et locus in Gapitulo
et juravit statuta predicte ecclesie observare, presentibus
dominis Magistris Gaufrido an Gai, Rioco Lestuchan Jo-
hanne Gorric canonicis dicte ecclesie et pluribus aliis
testibus ad premissa vocatis.
Petrus de Keranguer.
375.
AMENDE PAYÉE PAR ALAIN JEHAN (')
— 3 Novembre 1383. —
Anno Domini M^ GGG» octuagesimo tercio, die martis
post festum omnium Sanctorum (3), Alanus Johannis
emendavit in Gapitulo, Magistro Johanni Gorric conca-
nonico nostro de decem libris monete currentis, ad
suum velle.
R. DE Lestuhan.
(1) Cart. 31, ^ 24.
(2) Cart. 31, f« 72.
(3) Le 1*' Novembre était ud dimanche.
- 163
THDSBj^XJT de 2W1A.1L.ESTROIT
1333 - i4oe
876.
GUILLAUME LE HARHEC PREND POSSESSION D'UNE PRÉBENDE (»
- 1 0 Janvier 1 384 (n. s.). -
Anno Mo octuagesimo tercio, die décima mensis lanuarii,
hora terciarum dicte diei, indictione sexta, Pontificatus
S. S. in Chrislo Palris D. D. noslri Clementis Pape Vir
anno quinto; presentibus domino Yvone de Tresiguidi,
Johanne de Lan.... goez, Mauricio de Monte.... archidia-
cono de Pocher, Magistro Guillermo militis, Johanne
Fravali, Daniele de Insula, R. de Lesluhan, Johanne....
canonicis capitulantibus, dato sépulture cadavere M. Âlani
Raoulini, dominus Ârchidiaconus de Pocher et Johannes
Fravali iudices Apostolici ut dicebant,.... induxerunt dic-
tum magistrum Guillermum militis.... in possessionem
et saesinam prébende dicti Magistri.... in ecclesia Coriso-
pitensi et ei assignaverunt (stallum) et locum in Capitulo...
qui quidem magister procurator.... (iuravit) statuta.
377.
RÉCEPTION DE ETIENNE THANEUL <')
— 19 Février 1384 (n. 8.). —
Anno Domini Mo CCCo octuagesimo tercio, secundum
morem Gallicanum die décima nona Februarii indictione
(1) Cart. 31, f* 39. Cet acte est très effacé dans TorigiDal.
(2) Cari. 31, P 72.
- 164 -
octava Ponlificatus C. Papeseptimi, annoseptimo, presen-
libus G. Marhec, G. Gall, R. Lestuhan, D. de Insula can-
tore, D. Felestrec, dominus StephanusThaneul canonicus
Corîsopilensis fuit inductus in possessionem canonicatus
Corisopitensis et juravit statuta ipsius ecclesie observare.
YVO TURCH.
378.
RÉCEPTION DE NOËL STELLAN(')
— 3 Avril 1384 (n. 8.}. -
Anno Domini M» CCCCo octuagesimo tercio, die domî-
nica in Ramis palmarum, presentibus Johanne Mutonis,
Petro clerici, Judicello Felestreuc presbyleris et aliis
pluribus, dominus Natalis Stellan presbyter canonicusque
Corisopitensis, juravit statuta et secreta Capituli Coriso-
pitensis ac consuetudines laudabiles dicte ecclesie (ser-
vare). J. Corric.
(Cet acte est barré sur le Cartulaire avec cette mention :
Non obtinuit.)
37i).
SERMENT DE RENDRE DES ACTES CONFIÉS (')
- 3 Avril 1384 (n. s.). ~
Dominus Yvo Currerii et Stephanus Roselli iuraverunt
per sua juramenta, reddere litteras quas receperunt a
Capitulo die dominica in Ramis palmarum anno M<>CCC<^
octuagesimo tercio et hoc infra octo dies post requisi-
cionem.
Verum est, per me Riocum de Lestuhan.
(1) Cart. 31, f 24.
(2) Cart. 31, ^ 57.
^ 165 —
380
MENSE ÉPISCOPALEH)
- 23 Avril 1884. ~
Anno DomiDi M^ CCC^ octuagesimo quarto, die sabbati
in festo Beati Georgii, Magister Guillerraus Marhec cano-
nicus Corisopitensis sub collacione camere Sedis Aposto-
lice... quam facerat, causa Capituli quod finget esse Capi-
tulo... emolumenta episcopatus a tempore... Reverendi in
Christo patris Domini... Episcopi Corisopitensis usque in
diem bodiernam ; presentibus ad hoc Magistris Johanne
Fravali, Gaufïrido le Gall, Johanne Corric, Oliverio Hospi-
tis Corisopitensis diocesis et domino Petro Hervey Tre-
corensis diocesis.
Verum est. Per me Thomam Episcopi notarium impe-
rialem.
381.
CHANOINE CONDAMNÉ A UNE AMENDE (')
- 21 Mal 1364. -
Anno Domini M^CCC® octuagesimo quarto, die vigesîma
prima Maii, hora prima, indictione septiraa, Pontiticatus
Domini Clemenlis, divina providencia. Pape septimi anno
sexto presentibus Magistris G. Le Gall, Th. Episcopi,
R, Lestuhan. 0. Primogeniti, Jo. Hospitis. Y. Corric,
N. Stellan canonicis Corisopitensibus, Magister Daniel de
Insula canonicus Corisopitensis emendavit Capitulo Cori-
sopitensi de quadraginta libris monete currentis ad ordi-
nacionem Capituli, pro eo quod intravit domum cantoris
(1) Cart. 81, f- 29. (Acte en partie effacé.)
(2) Cart. 31, (^ 66.
— 166 —
et bona sua in eodem posuit prêter et contra voluntatem
Capituli.
Acta fuerunt hec in caméra Capituli
Yvo TuRCH, cum juramento dicti Danielis.
382
QUOD CAPITULUM COGNOSCET DE CAUSIS (•)
Chanoines Jurent n'aller ae pourvoir devant aucun Juge
que le Chapitre,
s'il ne refuse déjuger, pour aucun excès ou injure qu'ils s'entrefacent.
- 3 Juin 1384. -
Anno Uomini M^ CCC^ octuagesimo quarto, die veneris
post festum Pentechostes Domini, Nos Guillermus Le
Marhec, Johannes Fravali, Riocus Lestuhan, Thomas
Episcopi, Daniel de Insula , Oliverius Hospitis canonici
Corisopitensis, pro negocio infrascripto facientes, statui-
mus et ordinamus et unanimiter consensimus quod de
cetero, de injuriis inferendis aut aliis qualitercumque
inter aliquos de Capitulo nostro, cognoscemus et fine
debito terminabimus absque strepitu judicii, ac senten-
ciabimus inter ipsos, prout fuerit racionis, nec poterit
aliquis nostrum compellere alium coram aliquo judice
ordinario seu ordinariis ex ordinariis, quacumque de
causa, nisi in Capitulo nostro Corisopitensi ; nisi eciam
in casu quod dictum Capitulura renuerit justiciam inter
partes facere et de causa ipsa cognoscere et hoc ad
sancta Dei Evangelia juramus per juramenta nostra.
Acta fuerunt hec in Capitulo nostro predicto, anno, die
predictis, hora sexte vel circa, indictione septima Ponti-
ficatus Clementis Pape septimi anno sexto.
(1) Cart. 66, ^ 57, et Cart. 31, f $8,
— 167 —
Ego Alanus Scahunec clericus Corisopilensis dyocesis
publicus Auctorilate Apostolica et impérial! notarius pre-
seas fui In ordinacionem et statutum predictum.
383.
PRISE DE POSSESSION DE LA PRÉBENDE DE GOMBRIT^')
-16 Juillet 1384. -
Anno Mo CCC° octuagesimo quarto die décima quinta
Julii hora prime, indictione septimaC. Pape septimi anno
sexto, presentibus Magistris T. Episcopi, D. de Insula,
0. Hospitis, J. Fravali, G. le Gall canonicis, Magistris
J. Raolini, J. de Tegula, fuit dominus J. de Briac procu-
ra tor Magistri J. Begua (inductus) in possessione thesau-
rarie et prébende de Combrit in ecclesia Corisopitensi et
juravit idem procurator statuta ejusdem ecclesie obser-
vare. Yvo Turch.
384.
DÉFENSE D'INJURIER UN CHANOINE (')
- 8 Août 1384. -
Die lune post feslum a Vincula sancli Pétri, fuit iniunc-
tum Stephano quod non fore faciat seu dicat aliqua verba
injuriosa sub pena viginti librarum et privacionis cori,
Magîstro Johanni Corric canonico nostro Corisopitensi et
quod teneat statuta supradicta ; testibus presentibus :
Magîstro Thoma et Johanne Fravali et clientulo nostro.
Anno octuagesimo quarto. R. Lestuhan.
(1) Cart. 31, f 23.
(2) Cart. 31, ^ 72.
— 168 —
385.
EMPRUNT DE LIVRES A LA BIBLIOTHÈQUE DU CHAPITRE (')
- 13 Août 1384. "
t-
Anno Domini Mo CCC^ octuagesimo quarto die sabbati
post festum Beati Laurencii martiris, Daniel de Insula
canonicus CorisopitcDsis portavit a Capitule eiusdem civi-
tatistres libros videlicet: librumsentenciarum...etqueni-
dam librum de Evangelio qui incipit : In principio erat
verbum.
Ita est. Daniel.
Restitua predictos libroa Magiatro Ouillermo.
386.
SERMENT D'OBSERVER LES STATUTS (')
— 9 Septembre 1384. —
Anno Domini M® CGC® octuagesimo quarto, die veneris
post festum Nativitatis Béate Marie Virginis, Magister
Radulpbus de Caradeuc canonicus Corisopitensis iuravit
tenere statuta Capituli Corisopitensis et alia pertinencia,
secundum formam juramenti. Presentibus discretis viris
Magistris Daniele de Insula, Jobanne de Tegula, Eudone
Tecnour, Nicholao coharn et Daniele an Fellestreuc.
J. DE MlSPERlT.
387.
AMENDE PAYÉE AU CHAPITRE ^'^
- 10 Octobre 1384. -
Anno octuagesimo quarto, die lune post festum Beati
Dyonisii (4), presentibus domino Oliverio Primogeniti,
(1) Cart. 31, f» 29.
(2) Cart. 31, f* 71.
(3) Ibid.
(1) Dimanche 9 Octobre.
- 169 -
Johanne Prioric presbyteris et aliis, obligavit se Judicel-
lus Feleslreuc presbyter, solvere venerabilibus et discre-
tis viris Capitulo ecclesie Corisopitensis , decem libras
monéte currentis, racione cuiusdam injurie eisdem, per
dictum presbylerum solvendas ad moderacionem et re-
quisicionem ipsorum.
Datum ut supra. D. Lisquoet.
388.
HENRI THOMA REQU CHANOINE ')
— 1"' Novembre 1384. —
Anno Domini M^ CCC<> octuagesimo quarto, die prima
mensis Novembris circa horam prime dicte diei, fuit
Henricus Thome inductus ia possessionem canonicatus
ecclesie Corisopitensis quem detinebat bone memorie
dominus Georgius cardinalis Bucanone et e&ectus de
eodem ; et iuravit statuta ecclesie Corisopitensis tenere
et inviolabiliter observare iuxta formam statutorum...
presentibus Magistris Guillermo Marhec, Johanne Fra-
vali, Johanne Prejencii, Matheo de Villa alba et aliis.
J. RUNDIAN.
(1) Cart. 31, ^71.
(A suivre.)
BOLLETIlf DB LA COMMISSION DIOCESAINE. — 7* aonÔO. 12
— 170 -
SUR LES
PAROISSES DU DIOCÈSE DE QUUIPER ET DE LÉON
Par MM. PEYRON et ABGRALL.
(Suite.)
DAOULA8
(Fin.)
1808-1816. Henri Lozach, né en 1745, à Quimper.
1816-1820. Milliau Billon, né à Ploéven, le 2 Avril 1786,
prêtre en 1814. Se démit en 1820. La cure demeura
vacante de Mai à Novembre 1820.
1820-1821. Jean Le Coz, curé de Carhaix, se retire à Pont-
Croix.
1822-1825. M. Christophe Le Pape, de Lopérec, décédé en
1825.
1825-1827. M. Yves-Marie Raguenez, né en 1769 à Plou-
zané, décédé eiwl827.
1827-1843. Yves Ollivier, de Plougoulm, donna sa démis-
sion en 1843.
1844-1866. Claude Réviron, curé de Carhaix, né à Pleyben.
1864-1888. Robic, du Faouet.
1888-1893. Augustin Troussel, de Guerlesquin.
1893. Félix-Hyacinthe Buors, de Lesneven.
— 171 —
Maisons nobles
Forestier, S' de Kerizit : de sable à la bande (alias à traie
bandes) fuselée d'argent,
Kergoet, S' de Kerizit : de gueules à six besants d'argent.
La branche de Kerizit fondue dans Taillart et Le Forestier.
Kerizit, S' du dit lieu : d'azur à une fasce d'or surmon-
tée d'une étoile de même.
Léon, S' de Daoulas : d'or au lion momé de sable, qui
est Léon, à la bordure chargée de onze annelets en orle
comme marque de juveigneurie.
Lanrivinen, S' de Kerizit : d'or au pin arraché de sino-
pie, accompagné en pointe d'une abeille (alias en chef d'un
papiUon) de gueules ; devise : Espoir me conforte.
Rohan, S' de Daoulas : de gueules à neufmacles d'or 3.8.3.
Sauleraye (de la), S' de Kerizit : d'argent au chef de
sable chargé d'un lambel d'or.
Taillard, S' de Kerizit : d'Jiermines à cinq fusées de gueu-
les accolées et rangées en bande ; devise : Ânte que brar que
doublar. Plutôt rompre que plier (devise espagnole).
DINÉAULT
(( Au nom du Souverain Seigneur et par amour du Roi
des deux qui a daigné naître d'une vierge pour le salut
du genre humain, moi, Junargant, noble dame issue de
sang royal, dédaignant les biens terrestres pour n'aspirer
qu'aux biens du Ciel, je donne et concède de mon propre
héritage à S^ Guénolé le territoire de Dineule avec ses
— 172 —
forêts, ses eaux, ses terres cultivées et non cultivées, pour
qu'il en jouisse à jamais, et afin que par l'intercession de
S^ Guénolé j'obtienne longue vie et stabilité dans ma puis-
sance, mais surtout le salut de mon âme, afin qu'après
mon trépas je sois purifiée de mes fautes et que j'obtienne
en échange de la divine miséricorde les joies qui ne doi-
vent plus finir.
« Que si une main téméraire osait attenter à ces dispo-
sitions, qu'il sache que par là même il s'est exclu de la
S^« Église de Dieu et qu'il aura pour partage le sort de
Dathan, d'Abyron, ainsi que celui de Juda et de Pilate,
qui ont crucifié le Sauveur. Que la terre bénite du cime-
tière ne reçoive point son corps, que leurs épouses devien-
nent veuves, et leurs enfants orphelins.
(( Donné sous le seing du Comte Budic ;
de l'Évéque Salvator ;
d'Alfrett, archidiacre ;
d'Alfrett, frère du Comte ;
d'Agustin, prêtre ;
de Bidian ;
Saluten ;
Urfer ;
Heianquethen ;
Gurcar ;
Guethencar (vieille forme de Guezengar) ;
Daniel et de plusieurs autres témoins. )>
(Cartul. Landev., p. 166.)
Tel est le premier acte faisant mention de la paroisse
de Dinéault. L'Évéque témoin de cet acte semblerait devoir
être un évêque de Quîmper, mais nous devons avouer que
son nom ne se trouve pas sur le catalogue des Cartulaires
de Quimper et de Quimperlé. Quant au Comte Budic, il
vivait à la fin du ix» et au commencement du x^ siècle ;
— 173 -
c'est donc vers Tan 900 qu'aurait eu lieu cette donation
de Dinéault à Landévennec ; toujours est-il que jusqu'à la
Révolution ce monastère a continué à avoir des droits sur
cette paroisse.
En 1654 (1), Pierre Tanguy, abbé commendataire de
Landévennec, soutenant dans un procès son droit de pré-
sentation au vicariat perpétuel de Dinéault, disait que ce
droit datait d'une concession faite autrefois « par une
princesse de Bretagne à saint Guénolé », que, depuis,
l'abbé seul est dimeur dans cette paroisse, a il y a 'droit
de visite sans que l'archidiacre ait rien à y voir, et c'est
pour cette raison que le curé de Dinéault est simple vicaire
perpétuel, mais c'est l'abbé qui est recteur primitif de la
paroisse ». En 1568, ajoute-t-il, « Dynéaul est appelée
c vicaria perpétua » ; mais ayant été décidé au chapitre ii
monachorum du Concile de Trente : que dans les églises
où habitent des religieux, le service paroissial ne soit pas
fait par des religieux mais par un chapelain institué par
l'Evoque, à la prière des religieux, depuis ce temps les
religieux de Landévennec ont cessé par eux-mêmes d'exer-
cer les fonctions curiales à Dinéault, mais l'ont fait par des
vicaires nommés par eux et institués par l'Evéque. )>
L'aveu de l'abbé de Landévennec, en 1666 (2), porte une
autre marque de dépendance de Dinéault vis-à-vis du
monastère, car on y lit que a l'abbé a droit, de temps
immémorial, sur le manoir de LezafI, en Dinéault, que le
S' du dit lieu lui serve en personne de cuisinier, la veille
de Noël, à dîner et le jour de Noël également à dîner et à
défault peut être mulcter d'amende ».
En 1673, l'Evoque de Quimper accorda l'établissement
de la confrérie du Rosaire, sur la demande du recteur
(î) G. 326.
(2) H. 40.
— 174 —
Yves Lozeach et de François de Kerguiziau, chevalier,
S^' de Kerscao. La supplique commençait ainsi : « Etant
venu à leur connaissance que, porté d'une sainte piété,
vous aviez établi et permis établir en plusieurs lieux le
S^ Rosaire, les suppliants portés pareillement d'une piété
et dévotion, quoiqu'à la vérité inégale à la vôtre, mais
désireux néanmoins de Timiter... » (6. 286.)
Église paroissiale
Le procès-verbal de visite, en 1782, nous apprend que
la patronne de Téglise paroissiale était sainte Madeleine,
et que l'anniversaire de la dédicace de l'église se célébrait
le 6 Décembre. On y marque que la chaire du prédicateur
était fort belle, que l'église bien lembrissée était mal
parée, et possédait un beau calice et trois autres conve-
nables. On n'en pouvait dire autant de la statue de saint
Sébastien et le procès-verbal porte « qu'elle est à suppri-
mer jusqu'à ce qu'elle soit rendue plus décente ».
Le le' jour de Mai 1698, la seconde cloche de L'église
paroissiale fut bénite par Keraudren, recteur, et nommé
François-Sébastien. Le parrain fut haut et puissant Mes-
sire de Penfeuntennio, seigneur de Mesgrall, Rosarno,
la Haye ; marraine haute et puissante dame Françoise
le Cozic, dame présidente de Bonamour, de Kervinic
Kerloaguen, etc.
RÔLE DES DÉCIMES EN 1789
I
Falher, recteur 22* 10^
La Fabrice 8^ 10^
Le Rosaire 2^
Saint-Exupère 5» 10»
La Trinité 2»
Total 40» 10'
— 173 -
Dans son état actuel, Téglise de Dinéault est dépourvue
extérieurement d'aspect monumental. Les fenêtres des
branches du transept et celles des pans coupés de l'abside
ont conservé le dessin flamboyant des meneaux, mais elles
doivent être de la fin du xvi® siècle, ou plutôt du xvii«,
comme l'indiquent les gargouilles en forme de canons de
l'abside, lesquelles sont surmontées de têtes de chéru-
bins. Les autres fenêtres sont toutes de facture moderne.
Le porche Sud, tout en kersanton, avec ses lourds pilas-
tres et ses lourdes corniches, semble être du xix^ siècle.
Il n'y a rien d'ancien que les deux demi-colonnes de l'en-
trée, composées de tambours cannelés et de bagues sail-
lantes ; elles doivent être du commencement du xvii® siè-
cle, de même que les deux portes du fond, dont le
trumeau, les pieds-droits et les arcs sont ornés de fines
moulures. Les deux lanternons de couronnement de la
façade rappellent ceux de la sacristie de Pleyben.
Au-dessus de la porte Ouest, sous le clocher, est une
niche contenant la statue, en kersanton, d'un saint évê-
que ou abbé, campé très élégamment, revêtu de la cha-
suble antique, non mitre, tenant la crosse de la main
droite, et un livre ouvert dans la main gauche.
Cette porte et cette niche sont en granit. La base du
clocher, qui les surmonte, est en kersanton, avec sa cor-
niche à modillons et sa galerie saillante à balustres, genre
xvir» siècle. La chambre des cloches est encore en granit,
avec des baies moulurées dans le genre gothique, et
cependant sur le linteau du milieu du côté Sud, on lit :
I . GVILLOV . F . 1612, et plus haut, sous la corniche :
G : GVILLAMOT . F . LA . 1633
La flèche, aussi en granit, a des gables, des pinacles
d'angles et des crossettes d'arêtes, ayant tous les carac-
tères du style flamboyant.
— 176 —
Intérieur.
A rintérieur, les légères piles octogonales et les arcades
de la nef pourraient indiquer le xvii® siècle, le xviii®, ou
peut-être même une reconstruction du xix®. Rien de bien
tranché dans Tarchitecture.
Le maître-autel est surmonté d*un retable à quatre
colonnes, ornementées à leur tiers inférieur de pampres
de vigne et d'oiseaux, et couronnées de chapiteaux corin-
thiens. Au sommet, une niche contient TEnfant -Jésus
debout, en robe longue à ceinture, et tenant de la main
gauche le globe du monde.
Dans une des niches inférieures se trouve saint Coren-
tin, en chape et mitre, ayant son poisson à ses pieds.
L*église était aussi dédiée à la Trinité ; voilà pourquoi
on trouve au-dessus de Tautel du transept Nord, une belle
représentation des trois divines Personnes. C'est un groupe
en pierre blanche très résistante, rehaussée de peinture et
de dorures, ayant bien dans les poses, dans Tornementa-
tion et le type des figures, le caractère du xv« ou du com-
mencement du xvio siècle. Le Père et le Fils sont assis
sur des nuages et tiennent sur leurs genoux un livre
ouvert, au-dessus duquel plane TEsprit-Saint, sous forme
de colombe. L'un des personnages, celui de gauche, est
couronné et tient le globe du monde, est-ce le Père, est-
ce le Fils ? Rien ne l'indique, tous deux sont barbus, et
aucun ne porte les stigmates de la Passion. Tous deux
également sont vêtus d'un riche manteau à fermail, orfrois
et bords ornés de rangs de perles et fleurons de pierre-
ries. Le bas d'un des manteaux, très largement développé,
vient recouvrir les genoux de l'un et de l'autre.
Dans ce même transept on voit :
lo La statue debout d'une sainte couronnée, tenant un
livre de la main droite.
- 17*? -
2° Un groupe en kersanton de Notre-Dame de Pitié. Le
corps inanimé du Sauveur repose sur les genoux de sa
Mère; saint Jean soutient sa tête sacrée, tandis que la
Madeleine soutient un de ses pieds et porte de l'autre
main son vase de parfums ; une autre Sainte Femme assiste,
les mains jointes. Marie -Madeleine a la tète découverte,
avec les boucles de son opulente chevelure tombant sur
ses épaules ; elle a des manches à bouffants et crevés,
comme à la fin du xvi» siècle.
30 Au bout de la balustrade est une sainte Marguerite
en kersanton, à genoux sur le corps d'un horrible dragon,
ou plutôt suivant la légende, sortant du corps de ce dra-
gon qui Ta dévorée ; et, en effet, on voit encore les pans
de sa robe dans la gueule terrible du monstre.
Du côté de l'Évangile, à l'entrée du chœur, est un saint
Nicolas, en chape, crosse et mitre, mais sans les trois
petits enfants traditionnels. Du côté de l'Épitre est une
statue moderne de sainte Marie-Madeleine, patronne de
l'église.
Le transept Sud a un joli tabernacle à colonnettes tor-
ses, un retable à colonnes torses entourées de pampres de
vignes, le tout couronné d'un Père-Éternel bénissant le
globe du monde et accompagné de deux anges très élé-
gants dans leur pose et leurs draperies. Dans la niche du
milieu est une statue moderne de Notre-Dame des Victoi-
res ; dans les côtés, un saint Éloi ancien et un saint Herbot
récent.
Contre le mur du bout du transept, est une sorte de
triptyque de saint Yves entre le riche et le pauvre. La
statue du Saint est en ronde-bosse, en surplis ou cotte,
avec camail et bonnet carré. Le riche et le pauvre sont en
bas-relief méplat ; le riche ayant habit ou pourpoint long
à manches échancrées dans le haut pour laisser passer les
bras, bas de chausse et brodequins ; la tête coiffée d'une
- 178 —
sorte de calotte pointue, avec oreillettes terminées par
des globules ou boutons ronds. Le pauvre est tête nue,
vêtu d'une tunique à ceinture descendant jusqu'aux
genoux, molletières et sandales. Il a une besace au côté,
tient un long bâton de la main droite, un parchemin ou
cédule de la main gauche.
#
* *
Dans le cimetière est une croix en kersanton, à multi-
ples personnages. Au-dessous du Christ crucifié, sur un
croisillon formant console double ornementée et feuilla-
gée, on voit la Sainte-Vierge et saint Jean ; saint François
montrant ses stigmates ; la Madeleine agenouillée et en-
trouvrant son vase de parfums ; un évoque en chape,
mitre et crosse. Au pied de la croix, ou plutôt sur le
piédestal, encore la Madeleine et saint Jean, puis un petit
saint Yves en cotte et camail à chaperon, argumentant
avec ses doigts, tenant un rouleau de parchemin et son
bréviaire suspendu dans une gaine en étoffe.
Sur la face Ouest du croisillon on lit : M : C : KAVDEN :
REC.
A l'avers, on a représenté VEcce-ffomo ou Notre-Seigneur
en manteau long, portant le roseau et la couronne d'épi-
nes, puis saint Pierre, saint Sébastien et Notre-Dame de
Pitié. Sur le croisillon, l'inscription : HORELLOV : F : 1696.
Au dos du piédestal est la Véronique tenant la Sainte-
Face et sur le côté on lit : A . LE . BVLIER . F . 1648, tandis
que sur la face Sud du fût de la croix on voit cette autre
date : L : GARO : F : 1650.
Dans le jardin du presbytère sont trois statues en ker-
santon : — un Eece-ffomo ; — un évêque en chape et
mitre, avec crosse et livre ouvert ; — un ermite en robe,
- 17Ô -
manteau à capuchon, calotte clémentine, chapelet et livre
ouvert.
Dans le grenier du hangar sont reléguées trois vieilles
statues : — sainte Marie-Madeleine, la patronne, du xvn®
siècle, ayant sa chevelure opulente tombant sur ses épau-
les et tenant de la main gauche son vase de parfums ; —
Vierge-Mère, tête nue, avec boucles de cheveux ondées ;
— saint Marc, assis, écrivant son évangile, ayant sur les
épaules un camail à capuchon qui vient recouvrir à moi-
tié son bonnet carré. A ses pieds est son lion, tenant dans
la gueule une banderole.
Chapelle de Saint- Exupère (Sant Dispar),
Dans Tancienne chapelle de saint Exupère, maintenant
rebâtie, la sablière au-dessus de Tautel Nord portait cette
inscription : M : lAN : HENRI : M : l : LE : CARO : QVRE
T : lACQ : FABRICQ : 1648 : M : F : LE : GVILLOV : P.
Le pardon avait lieu autrefois le second dimanche de
la Fête-Dieu et il y venait beaucoup de pèlerins dont le
nombre a diminué depuis que le pardon a été transféré
au troisième dimanche de Septembre (note du Recteur en
1792).
Cette chapelle possédait un beau vitrail qui a été acquis
par la Société Archéologique du Finistère et orne main-
tenant. Tune des salles du Musée départemental, après
avoir subi une restauration très entendue. En voici la
description.
C'est une fenêtre à trois baies surmontées de trois souf-
flets composant le tympan, chacune des baies mesurant
en clair 0 m. 47 de large et 1 m. 70 de haut.
Dans la baie du milieu, est la Vierge assise sur un riche
— 180 —
■
trône, avec dossier formant niche à coquille. Elle est
vêtue d'une robe rose foncé ou lie de vin, et d'un man-
teau bleu. Une sorte de coiffure ou dévoile bleu surmonte
sa chevelure jaune d'or. Sur son genou droit est assis
TEnfant-Jésus, un peu renversé et tenant des deux mains
une petite corbeille de fruits. Au-dessus de la tête de la
Vierge, sur une bande faisant la bordure de la draperie
du fond, est l'inscription : MATER . DEI
Dans la baie à droite de la Sainte-Vierge, est un saint
évêque présentant un donateur; c'est saint Exupère,patron
de la chapelle, et dont le nom se lit sur la bordure cou-
rant à la hauteur de sa tête : EXVPATER
Est-ce saint Exupère, Exuperiua, évêque de Toulouse
(28 Septembre), dont saint Jérôme a fait un éloge spé-
cial ? Est-ce un saint local ? Dans le peuple, on l'appelle
sant lepar»
L'Evêque est vêtu de la dalmatique rouge et de la cha-
suble verte, ganté de violet pâle, avec anneau au pouce
de la main droite, coiffé d'une mitre très riche, et tient
une crosse à pied d'argent et à volute d'or de courbe très
allongée, à ornementation feuillagée.
Le seigneur qu'il présente est agenouillé, les mains
jointes, devant un prie-Dieu sur lequel est ouvert un livre
d'heures. Il a la tête découverte, et son casque à petit
panache rouge est posé à terre. Il est vêtu de l'armure de
fer : brassards, cuissards, jambières, éperons à molettes
pointues. Son armure est couverte d'une cotte en étoffe
toute blasonnée de ses armes : écartelé au î et 4 de gueu-
les au fermail d'argent, qui est Kersauson (en 1562, Jean
de Kersauson était seigneur de Rosarnou, en Dinéault),
au 2 et 3, d'azur à 3 molettes d'or 2 et î, au chef d'or à
3 molettes d'azur en fasce, avec un vairé de gueules et d'ar-
gent brochant sur le tout, qui est des Lesguern, sieurs de
Rosarnou.
— 181 —
Ce sont les mêmes blasons que l'on retrouve dans les
cinq écussons du haut des baies et des deux soufflets laté-
raux.
Dans la baie de gauche est figurée sainte Marie-Made-
leine, patronne de la paroisse. Son vêtement consiste en
une robe verte et un manteau rouge très drapé, à bordure
d'or avec oves. Une fine chemisette couvre à moitié ses
épaules. A sa belle chevelure dorée, aux longues nattes
ondées, se rattache une écharpe ou plutôt une banderole
légère qui vient flotter par derrière et se rattacher à son
manteau. De la main gauche, elle tient son vase de par-
fums, et de la droite elle en soulève le couvercle. A la
hauteur de sa tête se lit également son nom : MARIA
MAGDALENA.
Ce qui rend cette verrière si intéressante, c'est d'abord
la composition, le dessin et le riche coloris des person-
nages ; mais il y a aussi l'architecture et l'ornementation
des encadrements, ou plutôt du soubassement et des dais.
Pour le soubassement, ce sont des pilastres et un slylobate
de marbre, avec caissons et médaillons où sont logés des
personnages assis et des bustes, dans la plus belle tradi-
tion de la Renaissance. Dans les dais, même inspiration :
niches à coquille, frontons, arcades, anges assis, jouant
du biniou ou de la cornemuse ; anges debout, jouant de
la flûte traversière ; petits génies groupés par trois pour
former le motif central, petits anges agenouillés, portant
les écussons blasonnés. Dans toute cette ornementation
on ne peut trop admirer l'emploi judicieux du jaune à
l'argent pour obtenir des touches chaudes réparties très
savamment sur ces surfaces ton grisaille.
Les deux écus des soufflets latéraux sont entourés du
grand collier de la Toison d'or et suspendus à des bande-
lettes ou cordelières tenues par des mains aux bras armés,
issant d'un nuage.
— 182 —
L'écu en supériorité, tenu par deux anges vêtus de tuni-
ques, est timbré des instruments de la Passion : croix,
couronne d'épines, clous, lance, éponge, fouet et verges.
Deux petites inscriptions discrètes indiquent les noms
des auteurs de la restauration :
Restauré par Deyrolle, artiste peintre à Concameau, 1896,
Restauré par Megnen - Ceshron , artiste peintre -verrier^
13, rue Jacquement, Paris.
La chapelle contient trois autels. Au maître-autel se
voient les statues de saint Exupère et de Notre-Dame de
Grâces. Au second autel, du côté de TEpitre, les statues
de saint Maudetz et saint Laurent ; au troisième, côté de
TEvangile, les statues de saint Jean-Baptiste et de saint
Marc. On y voit également une statue de Notre-Dame des
Anges.
La paroisse comptait autrefois d'autres chapelles : Saint-
Ouinal, au passage ; Saint -Tujan, à Rosarnou ; Saint-
Joseph, à Kervinic, et Saint- TJiéleau, entre Le Rest et
Landeleau (1).
La chapelle de La Trinité, citée au rôle des décimes
devait, croyons -nous, être attenante à l'église parois-
siale.
Vicaires ou Recteurs de Dinéault
AVANT LE Concordat
Perceval, prêtre de DinhéaiUt assiste aux funérailles du
roi Gradlon. (Albert Le Grand, Catalogue, p. 169.)
1401. Trégonnec, recteur.
1528. Alain Lesmaés, recteur, décédé, remplacé par
1528. Guillaume Lesmaês, recteur de Guengat.
1580. Guillaume Provost, assiste au Synode (G. 95).
(1) Retueigoemeots fournis par M. Berthou, recteur.
- 183 -
1650-1653. Raoul Lacbeter (recteur, Haut-Corlay).
1653. Henry.
1673-1694. Yves Lozeac'h, décédé le 25 Novembre, à l'âge
de 65 ans (1).
1694-1702. Claude Keraudren, décédé le 28 Mai 1702.
1702-1732. Gabriel Le Guen, décédé le 3 Août 1702.
1732-1735. Hervé Le Guen, cbanoine de Lesneven, décédé
le 19 Mars 1735.
1735-1751. Urbain Leinlouet, né à Saint-Goazec 1704, forcé
de quitter sa paroisse, reçut une pension du bureau
ecclésiastique et mourut en 1780.
1751-1761. François Le Moal.
1761-1781. Yves Le Meur, décédé le 11 Janvier 1781, âgé
de 68 ans.
1781-1792. François -Augustin Falcher, né à Bothoa en
1745 (( homme de talent, éloquent en français et en
breton ». Sa santé fut fort ébranlée pendant la Révo-
lution, il ne put reprendre du service au Concordat et
mourut à Dinéault, au Ouilly-Vian, le 21 Juin 1807.
Curés ou Vicaires avant le Concordat
1674-1689. A. Scoarnec, prêtre, puis curé de 1680 à 1689.
1689-1704. Thomas Le Borgne, prêtre, puis curé de 1696
à 1704, décédé le 10 Janvier 1708.
1703-1739. Y. Guillamot, mort au Cosquinquis le 21 Sep-
tembre 1739.
1724-1748. Jean Calvez, prêtre de la paroisse, mort à Rel-
ier, le 22 Juin 1748, âgé de 50 ans.
(1) Nous devons la liste des prêtres de Dioéault, à partir de cette épo-
que, h robligeaoce de M. Bertbou, recteur, aujourd'hui curô-doyen de
Carhaix,
— 184 —
1744-1763. Guillaume-François Jacq, mort à Cosquinquis,
le 29 Décembre 1763, âgé de 47 ans.
1773-1776. M. Capitaine.
1777-1781. G. Favennec.
1781-1792. Jean Denys Riou, né en 1747, frère de Jean-
Étienne, est porté, ainsi que M. Falcher, son recteur,
comme ayant prêté serment en Janvier 1791. Mais ils
durent tous deux se rétracter promptement, car M. Riou
fut déporté en Espagne, et M. Falcher, après avoir été
détenu au château du Taureau, ainsi que Tabbé Jolivet,
de Dinéault ; dès le 1®' Septembre 1792, ils furent dé-
portés à Brème, et embarqués le 17 Avril 1793 pour
cette destination avec 28 autres prêtres.
#
* #
Pendant la Révolution, dès le départ de M. Falcher, en
Décembre 1792, Yves Paillart, âgé de 33 ans, originaire
de Plozévet, prit le titre de Curé ; en 1799 il prend le titre
d'agent municipal. Il dut mourir avant le Concordat.
Pendant cette période de la Révolution, on relève sur les
registres paroissiaux les signatures de Le Marchadour,
curé de Châteaulin, Huitric, vicaire de Trégarvan, Guille-
mot, vicaire de Landévennec et S. le Haut, curé de Cast.
Prêtres ORiGiNAmES de la paroisse
ou Y AYANT EXERCÉ QUELQUE TEMPS LE MINISTÈRE
1674-1690. François Pellen, décédé au Stang, 60 ans.
1674-1682. René Le Gourlay, décédé au bourg, 63 ans.
1674-1707. Hervé Le Guilly, 60 ans.
1674-1787. Yves Horellou.
— 18o —
1675-1705. Jean Donard, décédé au Creignou, 70 ans.
1680. Gabriel Scoarnec.
1680-1693. Jan Bauguion, curé de Rosnoën.
1685-1717. Hervé Quéré, décédé à Kergabel.
1685-1692. Yves Le Gourlay, décédé au Guilly, 63 ans.
1691-1695. Yves Guillou.
1698-1699. Gabriel Nédélec.
1705-1706. Jérôme Le Jannou, décédé le 5 Août 1706.
1714-1725. François Moulé, décédé à Kerdouard, 40"ans.
1722-1758. Tanguy Horellou, mort à Plomodiern, enterré
à Dinéault.
1740-1754. Hervé Quéré, mort au bourg, 45 ans.
1748-1785. Tfiomas-Joseph Kerjean, mort à Ty-Bianet,
70 ans.
1783-1784. J. Donnart.
1785-1787. G. Le Daeron.
1789-1792. R. Jolivet.
1783-1794. Jean-Etienne Riou, né à Hellès, en Dinéault,
en 1735, recteur de Lababan, guillotiné pour sa foi, le
16 Mars 1794.
Recteurs de Dinéault depuis le Concordat
1804-1820. Jean-Denys Riou, de Dinéault.
1820-1837. Guillaume Glévarec, de Lopérec.
1837-1850. Louis Le Gai, de Berrien.
1850-1863. Germain Le Moigne, de Pleyben.
1863-1881. Jean-Louis Le Berre, d'Ergué-Armel.
1881-1882. L. Le Michel, de Trégastel (Saint-Brieuc).
1882-1891. Jean-René Celton, de Poullan.
1891-1896. Jean Tanneau, de Plomeur.
1896-1907. Yves Berthou.
1907. Joseph André.
Bulletin de là Commission diocésaine — 7* anoée. 18
— 186 —
Vicaires
1818-1820. G. Glévarec.
1831-1836. Nédélec.
1836-1837. Hervé.
1837-1845. F. Creyou.
1845-1852. Cloarec.
1852-1859. Boustouler.
1859-1861. Le Moy.
1861-1868. Quidéau.
1868-1871. Velly.
1871-1875. Le Bras.
1875-1878. LeQuéau.
1878-1880. Le Bars.
1880-1891. Jean Le Floch.
1891-1898. François Kerouanton.
1898-1906. Jean-Marie-René Breton.
1906. Henri CabilHc.
MaisoxNs nobles
Kersauzon, S' de Rosarnou, en Dinéault, du Vijac, en
Guipavas : de gueules au fermait d'argent ; devise : Pred
eo, pred a vo, H est temps, il sera temps.
Kerguiziau, S^^ de Kerscao (Plouzané) : d'aeur à trois
têtes d'aigle (alias d'épervier) arrachées d'or ; devise ; Spes
in Deo,
Lesguern, S^ de Rosarnou (Dinéault), armes antiques :
d'or au lion de gueules à la bordure tngreslée d'azur ; mo-
dernes : fascé de six pièces de vair et de gueules, qui est
Coetmenec'h ; devise : SoiL
Penfentcnyou, S^ de Rosarnou (Dinéault) : Burélé de
- 187 -
dixpiècê$de gueules et d'argent; devise : Plura quam opto.
Penguern, S' de Kerméno (Dinéault) : d'or à trois pom-
mes de pin de gueules la pointe en haut, une fleur de lys de
même en abyme ; devise : Doue da guenta.
Trégoazec, S' du dit lieu (Dinéault) : d'argent à la croix
paitée de gueules, chargée en coeur d'une coquille d'or.
Monuments anciens
M. du Chatellier signale un menhir au Nord du village
du Stang, un second menhir à 2 kilomètres au Sud du
passage, un troisième à Goarem-ar-Menhir.
Dolmens à gauche de la route allant au Ménez-Hom.
Une sépulture à Ty-ar-Gall, et des chambres sépulcrales
communiquant entre elles, nommées Toul-ar-Oorriquet, à
200 mètres Nord de Kerédan.
DIRINON
Geoflroy, évéque de Quimper de 1170 à 1185, confirmant
la fondation de Tabbaye de Daoulas par les seigneurs de
Léon ajouta à leurs libéralités plusieurs prébendes et
entr'autres la prébende de Dirinon, que l'évêque Guil-
laume, dans un acte de 1218, appelle église de Sainte-
Monitte ou Nonitte. Elle est, en effet, sous le patronage de
sainte Nonne dont la curieuse légende a été très popu-
laire, grâce à un mystère composé en son honneur et qui
- 188 —
devait se jouer le jour de sa fête. Une copie manuscrite de
ce mystère, écrit en breton, était conservé au presbytère
de Dirinon, dans la première partie du xix® siècle, sous
répiscopat de Mgr de Poulpiquet, et fut publié en 1837, à
Paris chez Merlin, par l'abbé Sionnet, du diocèse de Saint-
Brieuc, qui raconte lui-même dans sa préface, comment
le manuscrit lui fut confié :
(( M. l'abbé Marzin accompagnant Monseigneur l'Evê-
que de Quimper, dont il était alors secrétaire, dans une
de ses visites pastorales, apprit qu'il se trouvait dans la
paroisse de Dirinon, près Landerneau, un ancien manus-
crit contenant un poème en langue bretonne. 11 parvint à
se \e procurfr ; puis désirant me mettre à même de com-
pléter les travaux que j'avais commencés, il me le donna,
en joignant à ce présent tous les renseignements qu'il
avait pu recueillir dans le pays sur l'ouvrage môme.
L'écriture en est belle et de la fin du xiv* ou du commen-
cement du xv<^ siècle, mais son état de conservation en
est des plus mauvais. » Sans nous arrêter à ce qu'il y a
d'étrange dans l'émigration de ce manuscrit d'une paroisse
qui n'aurait pas dû en être dessaisie pour passer dans des
mains étrangères au diocèse, disons que le manuscrit
transcrit par M. Sionnet a été traduit en français par
M. Le Gonidec. La légende ne manque pas de contradic-
tion. On fait mourir la sainte dans la Cornouaille Anglaise,
près de son fils saint Devy, et on l'enterre à Dirinon, dans
la terre de Rivelen.
« On y a élevé pour elle une maison pieuse où l'on
priera toujours comme il faut. On appelle « Dirinon » cette
maison qui lui a été consacrée. On en a fait une chapelle,
une église complète et une paroisse, parce qu'elle a été
vaillante, prudente et sainte, enterrons ici le corps pur
de la religieuse, près de la mer Armorique, à la vue de
tout le monde. C'est en ce lieu désert qu'elle a été parta-
— 189 ~
gée en deux ; son âme pure est allée se réunir à Dieu, vrai
roi des aslres, et son corps est enterré entre Daoulas et la
ville de Landerneau » (1).
En résumé, Nonne, fille de bonne famille, voue sa vir-
ginité à Dieu dans un monastère de la Cornouaille Anglaise,
mais se rendant à la messe et traversant un bois elle est
violentée par un prince, et pour cacher sa honte se retire
en Armorique, et l'on montre-, non loin de Dirinon, l'en-
droit où elle mit au monde un fils qui s'appela Devy ou
David qu'elle baptisa avec Teau d'une fontaine qui jaillit
miraculeusement.
L'annotateur d'Ogée nous dit que Ton conserve les reli-
ques de la Sainte à Dirinon dans un reliquaire d'argent
« de la formé d'une chapelle et dans le goût du xvi® siècle,
portant les armes des Seigneurs de Lesquivit, Lezuzan et
de Kerbringal ».
Église paroissiale
Le bourg de Dirinon est situé sur un plateau dominant
un vaste horizon ; aussi, dans le trajet en chemin de fer
de Quimper à Landerneau, voit-on admirablement ce clo-
cher que la voie ferrée contourne pendant 6 ou 7 kilomè-
tres, et qui semble vous poursuivre comme une obses-
sion.
Allez visiter cette église et remarquez d'abord le bel
encadrement qui l'entoure : les bouquets d'arbres du cime-
Ci) Dirinon e% hanvet dezi ker révérant ha chapel hac ylis fournis a
parissani dre ma %eo bed vaillant ha prudant ha santés, enterromp hy
aman corf g!an an leanes tosi dan mor Armorie public guysuyziques
ema don hanter spes e place a es an désert he eneff net gant doc dioc
sa cuir roe ster he corf so enierret parfet a condet scier entre Daoulas
a scier ha ker a Landerneau.
- 190 -
tière et les eDtrées monumentales de TEst et de TOuest,
formées de pilastres très cossus, surmontés de lanternons
à dômes.
En entrant dans le cimetière, plaçons-nous en face du
portail Ouest. La porte en anse de panier est surmontée
d'une accolade feuillagée, dernière trace des traditions
gothiques. Tout le reste est Renaissance ou plutôt Henri IV :
deux contreforts de face, deux contreforts d'angle, cou-
ronnés par des colonnes cylindriques engagées et un enta-
blement bien mouluré ; niche centrale à pilastres et à
coquille, abritant une statue de la patronne, sainte Nonne,
tenant des deux mains un livre fermé. Sur le contrefort
Sud-Ouest est la date 1588.
Au-dessus de la base carrée du clocher se dressent deux
étages de chambres de cloches, entourées de balustrades
très saillantes, formées de pilastres à gaines et à chapi-
teaux ioniques. Sous la deuxième balustrade, on lit la date
de 1593 et cette inscription : 1 . KZVNCV . Y . LEREST.
La flèche est élégante et aiguë, mais moins œuvrée que le
beffroi.
Au mois de Septembre 1774, le tonnerre tomba sur la
pyramide, en renversa l'extrémité, endommagea la toi-
ture de l'église, brisa plusieurs vitres et brûla la dorure
du retable des trépassés. Le 16 Octobre suivant, le général
décida que Ton descendrait de dix pieds la flèche, et qu'on
la reconstruirait de manière qu'elle ait de 40 à 45 pieds
de hauteur à partir de la plate-forme. Celte restauration
fut faite sans tenir compte de l'inclinaison donnée par les
lignes de la pyramide, ce qui produit une déviation désa-
gréable à l'œil. L'ancienne pierre formant pinacle sert
actuellement de piscine près des fonts baptismaux.
Tout le pourtour de l'église est assez sobre ; on pourrait
cependant signaler quelques curieuses gargouilles au bas
des frontons des fenêtres ; l'inscription : G. DENIEL.
- 191 -
F. 1714, sur le pignon du transept Sud, et dans le même
mur, une jolie porte bouchée, couronnée d'un petit fron-
ton demi-circulaire. Au mur de la sacristie est accolé un
cadran solaire, datée de 1653, qui avait autrefois sa place
dans un encadrement mouluré visible au-dessus d'une
des fenêtres Midi.
Le porche Sud est daté de 1618, quoiqu'il semble
appartenir encore à la tradition gothique. Dans la niche
du fronton est un groupe de la Sainte-Trinité : le Père
couronné .de la tiare, tenant devant lui son Fils crucifié.
Dans l'intérieur, sur des culs-de-lampes très simples,
sont rangées les statues en pierre, des douze Apôtres, très
rigides dans leurs poses et leurs draperies, et fort pauvres
de facture. Au fond est une statue de Notre- Seigneur en
robe sans ceinture, tenant la boule du monde et bénissant.
Adossé au côté du porche, est un ossuaire dont les baies
rectangulaires s'ouvrent vers l'Ouest.
A l'intérieur de l'église, on doit signaler, en premier
lieu, les peintures qui ornent la voûte. Au fond de l'abside,
c'est la Sainte-Trinité : le Père et le Fils assis sur des
nuages, Notre-Seigneur tenant sa croix. Au-dessus d'eux
plane le Saint-Esprit ; à leurs pieds est ouvert le livre de
la Loi. Des deux côtés sont agenouillés les quatre Évangé-
listes, puis deux grands anges debout sonnent de la trom-
pette et tiennent en l'air une croix, comme pour inviter
l'univers à venir adorer la Divinité. Dans l'arrière-plan,
la cour céleste, ou plutôt la multitude des anges, vêtus de
robes blanches, sont en adoration et en contemplation
devaUrt les trois divines Personnes ; c'est comme la figu-
ration du texte : et adorent eum omnea angeîi ejus, ou la
réalisation du trisagion éternel : sanctus, sanctus, sanctus
Dominus, Deus sabaoth.
Dans les deux branches du transept sont les douze Apô-
tres, dix docteurs, avec le roi saint Louis et l'empereur
saint Henri.
— 192 -
Dans la nef, quarante panneaux représentent les Saints
de toutes catégories : pontifes, confesseurs, martyrs, vier-
ges, saintes veuves.
Autour du maître-autel sont les statues de sainte Nonne
et sainte Catherine, saint Pierre et saint Paul.
Dans le transept Nord, Notre-Dame du Rosaire, avec
les petits médaillons des quinze mystères.
Ce retable du Rosaire se trouvait autrefois sur le maî-
tre autel, et dans la chapelle où il est actuellement, qui
était la chapelle de la famille de Lezuzan, se voyait Fautel
du Saint-Sacrement avec également un retable. Car nous
lisons dans les délibérations du corps politique que le
26 Septembre 1724, on fil marché avec le sieur Fenestre,
sculpteur à Quimper, pour faire un retable du Saint-
Sacrement à Tautel de la chapelle de Lezuzan, et un reta-
ble du Rosaire au grand autel. On demandait que la
dépense pour les deux retables ne dépassât pas 1200 livres.
Le même jour on décidait l'achat de six chandeliers d'ar-,
gent qu'on ferait venir de Paris. Le 16 Mars 1738, on fai-
sait marché avec le sieur Mesiven, doreur à Landerneau,
pour dorer le retable du Saint-Sacrement, on lui allouait
de 250 à 3(X) livres, pour son travail, mais il devait se ser-
vir de bon or de Paris ou « llouilande » et dorer à l'huile
et (( mettra premièrement neuf couches de blanc luisant
fond albâtre, puis six de celles qu'on met pour recevoir
l'or, et toutes les sculptures seront dorées à fond et tout
le reste en blanc. »
L'autel de la Trinité, dans le transept Sud, est remar-
quable par deux colonnes torses et deux autres simple-
ment ornementées, et aussi par ses sculptures d'une
grande richesse et d'une grande correction. La statue du I
Père-Eternel, tenant son Fils en croix, est très digne et
très noble. Dans les niches latérales, on voit la statue de
saint Corentin et d'un autre saint évoque.
A Tun des piliers de la nef sont adossées les statues en
pierre d'un saint évêque, saint Divy ou saint David, fils
de sainte Nonne, et de saint Antoine, ermite, avec cha-
pelet, bâton à T ou à potence, manteau à capuchon et
calotte à oreillettes.
Les blasons des an&iens enfeus ont été martelés.
Les deux vieilles bannières, restaurées ou presque re-
nouvelées, portent la représentation du Rosaire, Noire-
Seigneur en croix, Assomption et saint Divy.
Au bas de l'église, contre le mur du clocher, est sus-
pendue la croix en bois commémorative de la Mission
donnée par le Vénérable Père Maunoir.
Cette croix, à l'apparence massive, haute de 2 à 3 mètres,
est creuse et sans Christ. Elle était portée généralement
par un prêtre, dans les processions qui clôturaient les
missions, et où étaient représentés en tableaux vivants
les principaux Mystères et notamment celui de la Passion
du Sauveur.
Dans le clocher, une ancienne cloche, ayant 1 m. 12 de
diamètre et 1 mètre de hauteur, porte cette inscription :
ESCVYER . G . DV . LOVET . SEIGNEVR . DE .
LISQVIVIT . & . C . PARIN . & . DAME . MAVRICETTE .
DV . LOVET . DAME . DE . COATJVNVAL . MARINE .
M . HIEROME . GAYEMANT . CURÉ . C . CANN . & . ANTO .
CALVEZ . FAB . 1655. —
Plus bas est un poinçon ou marque de fabrique, figurant
un renard ; ce sont les armes parlantes du fondeur, car
LOCARN signifie renard. — On lit au-dessous ; JAC . LE
LOVARN . xMA . FAICTE.
Les registres paroissiaux relatent plusieurs autres bap-
têmes de cloches.
Le premier est du 15 Avril 1661. Les parrain et mar-
raine furent le seigneur de Kerdoulas et la dame du
Rouazle :
- 194 —
« AnnoDomioi millesimosexcentesimo primo, die vero
décima quinta mensis Aprilis fuit facta benedictio unius
campane ia iiac ecclesia de Dyriooa per me dominum
Petrum Ueleouet curionem dicte parochie de Dyrinon.
Compatres fuerunt nobilis dominus de Kerdaulas et do-
mina du Rouazle. ))
« Ce jour, 270 d'Octobre 1666 a esté bénite et consacrée
en l'église paroissiale de Dirinon en l'honneur de Dieu et
de la Sainte-Vierge et de Madame sainte Nonne une clo-
cle par Missire Hierome Gayement curé, le parein et ma-
raine ont esté escuyer Marc Anthoine le Pappe, seigneur
de Lezuzan, et dame Françoise Gousabatz, dame de Les-
quiffit. On lui a imposé le nom de Françoise en présence
des soubzsignants : Françoise Goasabatz, Marc-Anthoine
le Pappe, Nouel Emdivat, prêtre, François André, prêtre,
Vincent Goatagas, prêtre. Le Louarn, fondeur, Hierome
Gayement. »
Le 31 Octobre suivant fut bénite une autre cloche par
Dom Noël Emdivat, prêtre de la paroisse, les parrain et
marraine furent vénérable et discrète personne Missire
Hiérosme Gayement, curé de Dirinon, et demoiselle Per-
rine Jolif!, dame de Monval. On lui assigna le nom de
Perrine. Louarn, fondeur.
En 1712, le général demanda à Mgr l'Évêque de démo-
^ lir et reconstruire leur église de nevez (sic) ; il s'agissait
seulement d'une restauration de la nef et de la construc-
tion du sanctuaire. Le sanctuaire aura 18 pieds de lon-
gueur, autant de largeur, autant de hauteur. « Les cha-
pelles de croasade seront avancées dehors de 20 pieds V2
avec 18 pieds de largeur. La fenêtre de la chapelle de
Lezuzan, au Levant, sera augmentée d'un pied 1/2. La
sacristie aura 18 pieds de longueur sur dix de largeur, la
muraille sera faite en pierre de taille de la chapelle de
Lezuzan à celle de la Trinité. »
Le 10 Avril 1712, le général décide qu'on achètera one
barrique de vin pour faire le marché et les frais qu'il
conviendra faire, et on fera assigner les Seigneurs pour
faire procès-verbal des armoieries et prééminences qu'ils
prétendent avoir dans l'église.
Le duc de Rohan réclame ses armes au plus haut de la
grande vitre ; les paroissiens font observer qu'elles n'y
étaient pas autrefois, mais qu on le laissera les y mettre
« à ses péril et fortune ».
Le 19 Juin 1712, le fabrique Jan Orcil se plaint que
non obstant qu'il ait assigné <( par trois ou quatre fois des
charrettes pour charroyer les pierres qui sont en la grève
de Daoulas, il n'est venu que deux charrettes. Or les arti-
sans qui doivent venir pour tailler les pierres demande-
ront des indemnités s'ils ne peuvent travailler, en consé-
quence on nomme dans les cordellées (ou sections) de
Didreachoat, du haut, du milieu et du bas deia paroisse
des personnes qui feront le rôle des charrettes qui devront
faire le charroi en marquant le jour où elles doivent
charroyer afin de savoir les défaillants et les rappeler à
l'ordre. »
Chapelles
fo Sainte 'Nonne.
Tout à côté du porche de l'église est la chapelle renfer-
mant le tombeau de sainte Nonne. Au-dessus de la porte
latérale est inscrite la date de 1577. Au-dessus de la porte
Ouest est une niche enfermant la statue de saint Fiacre.
Au milieu de la chapelle est le tombeau de sainte Nonne,
en pierre de kersanton. La Sainte, admirablement drapée
et tenant des deux mains un livre fermé, foule aux pieds
- 196 -
un dragon. Deux anges tiennent une draperie sur le cous-
sin qui soutient sa tête. A une extrémité et au milieu des
deux côtés, des anges supportent des écussons frustes ou
martelés. Le reste des deux côtés est occupé par les sta-
tuettes des douze Apôtres.
Cette tombe semble être de la dernière moitié du xv® siè-
cle, par conséquent antérieure à la chapelle qui l'abrite
actuellement. 11 est à croire que la chapelle primitive était
plus petite et que la tombe était attenante par une de ses
extrémités à la muraille, ce qui explique Tétat fruste de
cette extrémité, et aussi la présence à celte époque d'un
dais protégeant la tête, dais ciselé et sculpté qui est main-
tenant relégué dans l'ossuaire.
Les sablières de cette chapelle sont ornées de jolies
sculptures. Des deux côtés de Tautel sont deux belles
colonnes torses qui encadrent la fenêtre du fond. Les sta-
tues qui sont vénérées dans la chapelle sont celles de
sainte Nonne, sainte Anne, sainte Catherine et une autre
sainte martyre qui porte un livre, mais dont la caracté-
ristique a disparu.
Le continuateur d'Ogre nous dit que, d'après la tradi-
tion populaire, cette chapelle « a été primitivement l'église
paroissiale. On voulait la bâtir à Gorré-Lan-Urvan, mais
les murs étaient renversés à mesure qu'on les élevait,
l'architecte reconnaissant là une intervention surnaturelle,
fît poser une des pierres devant servir à l'édifice sur une
charrette attelée de bœufs, qui se rendirent d'eux-mêmes
à l'endroit que voulait la Sainte, et cette pierre se montre
encore dans la chapelle. Chaque année, la veille du par-
don de Dirinon, une lumière que personne ne paraît por-
ter se rend de celte église à la chapelle de Saint-Divy et
revient presqu'aussitôt accompagnée d'une autre qui bien-
tôt après retourne seule d'où elle est venue. On paraît
croire que ce sont sainte Nonne et son fils qui se rendent
visite. »
• - 197 —
Le pardon a lieu le dernier dimanche d'Août, et avant
la grand'messe, la procession se rend du bourg à la cha-
pelle de Saint-Divy ; elle passait autrefois par la fontaine
de Sainte-Nonne et par celle de Saint-Divy, mais le mau-
vais état des chemins a fait abandonner cet itinéraire. On
porte à cette procession, et aux autres processions tradi-
tionnelles, un très grand nombre de bannières, croix,
statues, une soixantaine environ, si bien que tous les
quatre ans, chacun des paroissiens des quatre sections de
la paroisse a eu l'honneur de porter l'une ou l'autre des
enseignes (an armou) de l'église (1).
La chapelle de Sainte-Nonne, sans doute en mémoire de
sa tendresse pour son fils saint Divj', fut choisie de préfé-
rence pour l'inhumation des petits enfants. Les registres
de la fin du xvii« siècle en fournissent plusieurs exem-
ples :
Le 17 Février 1687, c'est un enfant non nommé, fils
d'Alain Bodenez, qui est décédé tôt après le baptême
dooné à la maison, et enterré en la chapelle Sainte-Nonne ;
Le 23 Février, inhumation, au même lieu, d'Anne Les-
cop, âgée de sept mois.
Le 4 Juillet 1691, « une cloche nommée Renée (était)
consacrée au service de Dieu en l'honneur de S* René et
bénite en cette chapelle de S^® Nonne, par Missire Guil-
laume Yven, vicaire perpétuel de Dirinon. Parrain, M. Alain
Morvan, curé de Dirinon ; marraine, demoiselle Renée
Criber de Defïortaux ».
C'est sans doute cette cloche qui, cent ans plus tard, fut
transportée à la sacristie par suite de l'ordonnance prise
par le général^ en 1784, « de faire coucher le bedeau,
depuis la Toussaint jusques à Pâques, dans la chambre
des délibérations où sont le coiïre-fort et les archives, et
(1) RoDseignemeDt dooDé par H. Floc'b, recleur.
- 198 -'
de placer au haut de la chambre une cloche pour servir à
appeler au secours au besoin )>. Une seconde délibération
marque que Ton prendra pour cet usage la cloche de
Sainte-Nonne.
Dans le cimetière qui entoure Téglise paroissiale et la
chapelle de Sainte-Nonne, on remarque, plus que partout
ailleurs, un nombre considérable de bénitiers de pierre
pour recevoir la pluie du ciel, qui sert d'eau bénite pour
asperger la tombe des parents ; un grand nombre de ces
bénitiers affectent la forme des mesures de pierre servant
d'étalon pour le mesurage des blés et posées autrefois
dans le porche des églises.
Sur le calvaire voisin du chevet de l'église, se voient les
armes des sieurs de Toutenoutre : d'argent à trois hures de
saumon coupées, d'azur.
20 Saint-^Divy.
L'ancienne chapelle du fils de sainte Nonne tombait en
ruines au commencement du xix® siècle, et, sur la de-
mande du conseil de fabrique, Mgr l'Evéque de Quimper
autorisa, le 4 Septembre 1809, la démolition de la cha-
pelle pour en être les matériaux employés à réparer la
chapelle de Sainte-Nonne. Heureusement qu'un peu plus
tard, la fabrique trouva les fonds nécessaires pour élever
le modeste édifice qui existe actuellement en Thonneur
du fils de sainte Nonne. #
50 Saint- Aubin,
Cette chapelle, non loin du château de Lesquivit, n'existe
plus depuis laRévolutiou.
- 199 -
4*> Pennanrun,
Le 19 Juin 1733, par permission de M, Raoult, chanoine,
vicaire général de Quimper, M. J. de Kerret, recteur prieur
de Brest, y bénit le mariage de écuyer Jacques Olyman,
sieur de Kernegue, de Plouguer-Garhaix, avec Mlle Mar-
guerite Gouin de Chapiseau, de Brest.
Le 28 Août 1746, mariage, dans la môme chapelle, de
François-Louis Gouin de Chapiseau, conseiller du Roi,
commissaire de Marine, fils de François-René et de Anne-
Charlotte de Toutenoutre, avec Marie-Véronique de Pen-
fentenyo, fille de Mathieu et de Marie-Elène Corgerat de
Beaumont.
5° Kerliezec.
m
Cette chapelle est signalée en 1805, comme appartenant
à M. Mazurié de Keroualen. On y portait en procession
les reliques de sainte Nonne. Elle était sous le patronage
de Notre-Dame de l'Assomption.
L'ancienne paroisse de Dirinon possédait deux trêves,
Saint-Urbain et Trévarn, celle-ci sous le vocable de Notre-
Dame de l'Annonciation, et anciennement sous celui de
Saint-Baharn (sancti Bahami), cité dans l'acte de fonda-
tion de l'abbaye de Daoulas.
Trévarn est aujourd'hui rattaché à Saint-Urbain.
A un kilomètre au Sud du bourg, est la fontaine de
Sainte-Nonne, qui, d'après la tradition, jaillit pour lui
— 200 —
permettre de faire baptiser son enfant, saint David. Tout
près est le rocher sur lequel elle déposa son enfant nou-
veau né, et qui s'amollit pour prendre l'empreinte de son
petit corps. Cette marque s'y voit toujours, ainsi que la
trace des genoux de la Sainte.
Sa statue se voit dans la niche du petit monument qui
forme la fontaine, sur le fronton duquel se lit la date de
1623, au-dessous d'un écusson portant un chevron accom-
pagné de trois merleltes.
RÔLE DES DÉCIMES, 1789
Le Gac du Quistillic, recteur . . .
La fabrice
Le Rosaire
Trcve de Trévarn
Trêve de Saint-Urbain
Confrérie du S* Nom de Jésus. .
St Guy (lisez S* Yvi ou S^ Divy).
Total 701 15^
(A suivre,)
281
6»
191
21
71
81
10s
21
21
— 201 —
CARTULAIRE
DE L'ÉGLISE DE QUIMPEB
(Suite.)
889.
COHRANDEHENT FAIT A DEUX PRÊTRES D'ÊTRE ASSIDUS
AU CHŒUR (<)
— 11 Novembre 1884. —
Anno octuagesimo quarto, die veneris ante festum beati
Corentini episcopi, videlicet hora prime etc., indictione
VII» etc., Ponliflcatus etc., anno VI®, in mei notarii publici
presencia et thesaurarii, venerabiles viri et Capitulum
Corisopitense capitulantes illa die... injunxerunt Johanni
Priolic et Johanni an Rouser presbyteris ecclesie Coriso-
pitensis presentibus, ut ad horas continue in choro Cori-
sopitensi dicendas compareant et hoc sub pena privacionis
capellaniarum suarum in dicta ecclesia Corisopitensi.
Présentes ad hoc fuerunt venerabiles viri Magistri
Guillermus le Marhec, Daniel de Insula, Gaufiridus an
Gall, Johanne Fravali, Thoma Episcopi, Oliverio Hospitis
canonici Corisopitenses.
J. Bloez.
(1) Cart. 81, f 65.
Bulletin dk la Commission DiocisAiNB. — 7* année. 14
— 202 —
890
SERHENT PRÊTÉ AU NOM DE GUILLAUME KER6R0EZES
CHANOINE (')
— 18 Mars 1885 {n. •.). -
Anno octuagesimo quarto, secundum computacionem
Gallicanam, die décima octava Marcii, hora tercie, indic-
tione octava, Pontificatus C. pape septimi anno VII^ pre-
sentibus Magistris G. Marhec, J. Fravali, D. de Insula,
R. Lestuhan, Daniel Danielis procurator Magistri Guil-
lermi Kergroezes canonici Corisopitensis iuravit statuta
ecclesie Corisopitensis in animam Domini sui observare.
YVO TURCH.
891.
VICAIRE DE LA RUE NEUVE CONDAMNÉ A L'AMENDE (')
- 4 Août 1386. -
Anno Domini M^ CCC^ octuagesimo sexto, die quarta
mensis Augusti hora tercie, indictione nona, Pontificatus
démentis pape VU anno octavo, presentibus magistris
G. Marhec, t. Episcopi, R. Lestuhan, J. Fravali, 0. Hos-
pitis, D. de Insula canonicis Corisopitensibus, Dominus
Penguen vicarius de vico novo in ecclesia Corisopitensi,
promisit solvere venerabili Capitulo Corisopitensi ad
eorum requisicionem et in consciencia eorum, sexaginta
solides monete currentis pro emenda et nomine emende
pro eo quod celebravit missas ad notam in capella béate
Marie Madalene pro mortuis.
Item ipsi Capitulum inhibuerunt eidem Domino ne de
cetero celebret missas ad notam nec submissa voce pro
mortuis, nisi pro vivis tantum, vel nisi petita et obtenta
licencia a procuratore Capituli et hoc sub pena viginli
librarum et privacionis. Yvo Turch.
(I) Gart. 31, t* 31, f* 66.
(1) Gart. 31, f» 36.
— 203 —
DEUX ROIS D'ABSENCE ACCORDÉS PAR FAVEUR
A UN CHANOINE, POUR DEUX ANS (')
- 18 Octobre 1886. -
Anno Domîni M^ CCC^ octuagesimo sexto, die veneris
post festum beati Luce Evangeliste, fuit ordinatum in
Capitulo Corisopitensi quod Magister Oliverius Hospitis
canonicus ecclesie Corisopitensis, haberet in futurum
duos menses, usque ad duos annos subsecuturos, ultra
alios suos concanonicos, inclusive et de iisdem distribu-
cionibus percipiet absens sicut presens, si contigerit ipsum
se absentare per dictos duos menses, durantibus predic-
lis duobus annis.
R. Penquelenneg, pro instrumento.
893.
FONDATION D'ANNIVERSAIRE DEVENUE INSUFFISANTE (')
- 88 Octobre 1 386. -
Anno Domini M^ CCC^ octuagesimo sexto, die vigesima
tercia mensis Octobris, hora completorii illiusdiei, indic-
tione décima, Pontificatus S. S. patris Domini Clementis
divina providencia pape Vir anno octavo, presentibus
Domino Daniele Felestrec presbytero, Henrico Quentrec
clerico dicte sedis Corisopitensis, receperunt et habuerunt
venerabiles viri Capitulum Corisopitense dicentes quia
bona eis obligata pro anniversariis Hervei de Vico novo,
Guellozae ejus uxoris et Nycholai eorum filii, de quibus
anniversariis fit mencio in isto folio (3) non sufiiciebant
ad solucionem nonaginta solidorum annuorum eis debi-
(1) Cart. 81, ^ 30.
(2) Cart. 51, f* 44.
(3) Acte de 1351, n* 32S.
— 204 —
torum pro dictis anniversariis, a domino Johanne Barbuti
milite, summam sexaginta septem francorum auri cum
dimidio unius alterius f ranci, pro eisdem nonaginta soli-
dis et cesserunt eidem militi accionem suam in dictis no-
naginta solidis.
Acta fuerunt bec in loco consueto Capitulari in ecclesia
Corisopensi.
Yvo TuRCH. Ita est.
894.
INHIBICIO FACTA PER CAPITULUH ')
Défense faite à deux ohanoinee de se nuire.
— 22 Décembre 1886. —
Anno Domini M^ CCC^ octuagesimo sexto die veneris
ante festum Nativitatis Domini, Capitulo Corisopitensi
eadem die capitulante pro certis negociis, fuit inbibitum
ex parte predicti Capituli, Magistris Danieli de Insula et
Henrico Tbome ecclesie Corisopitensis canonicis, sub
pena centum librarum monete currentis ne unus alteri
forediceret seu malefaceret verbo vel facto in futu^um,
applicandum fabrice predicte ecclesie Corisopitensis, or-
dinacione predicti venerabilis Capituli in toto vel in parte
levandum et percipiendum ; presentibus in boc Magistris
T. Episcopi, Johanne Favrali, R. de Lestuhan et aliis
canonicis predicte ecclesie.
Ita est. R. Penquelennec notarius imperialis pro ins-
trumente, quod presens fui predicte inhibicioni, dum
iisdem presentibus, fieret in predicto Capitulo.
(2) Cari 31, f* 28.
— 205 —
895.
SACRiSTA CUSTODIT RELIQUIAS SUPER TRONCHO(')
2B sois l'an ay sacristain pour garder les reliques sur le trono.
- 8 Juin 1387. ~
Anno Domini M^ CCC^ octuagesimo (2), die octava men-
sis lunii hora tercie, indictione décima, Pontificatus Sanc-
tissimi in Christo Patris ac Domini Domini Clementis
divina providentia pape VIP anno nono, venerabiles viri
capitulum facientes statuerunt et ordinaverunt quod
sacrista ecclesie Corisopitensis habeat et habebit de ce-
tero viginti quinque solidos quolibet anno de troncho,
videlicet : duodecim solidos et sex denarios quolibet
sinodo, et per hoc tenebitur sacrista custodire reliquias
appositas super troncho et hoc promisit venerabilis et
discretus vir Magister Johannes de Tegula canonicus et
sacrista ipsius ecclesie Corisopitensis, presentibus in
premissis, Magistris Herveo Thome cantore, Guillermo
le Marhec, Oliverio Hospitis, Johanne Fravali, Thoma
Episcopi, Daniele de Insula, Gaufrido le Gall canonicis
ipsius ecclesie.
YVO TURCH.
896.
AMENDE PAYÉE AU CHAPITRE <'>
- 2 Avril 1888. -
Anno octuagesimo octavo die secunda mensfis Aprilis,
presentibus Magistris Johanne Fravali, Oliverio Hospitis
canonicis et Richardo comitis... promiserunt domini
(1) Cart. 66, P 57, et C. 81, ^ 55.
(2) Le Cartulaire porte la date de 1380, mais riodictioo X* et la nea-
TÎème année de Félection de l'antipape français, Robert de Genève, Clé-
ment VU, correspondent à l'an 1887.
(8) Cart. 81, ^ 33.
— 206 —
Johannes Sici et Eudo Vallacon presbyteri solvere Capi-
tulo Corisopitensi de eorum acquisitis, tredecim libras
monete currentis pro emendacione quarumdam inju-
riarum unicuique nuper ab altero eorumdem factarum in
ecclesia Corisopitensi ; videlicet dictus Vallacon débet
sexaginta solidos de dicta summa et dictus Sicus débet
decem libras et juraverunt.
YVO TURCH.
397.
DÉFENSE AUX CLERS DE JOUER EN LIEUX PUBLICS (*>
- 2 Mai 1888. -
Ânno Domini M^ CGC® octuagesimo octavo die seconda
mensis Maii, presentibus discretis viris Magistris Guil-
lermo le Marhec, Rioco de Lestuhan, Gauffrido Lé Gall,
Johanne Fravali, Daniele de Insula et Johanne de Tegula
cum cantore canonicis Corisopitensibus capitulantibus et
Capitulum facientibus pro negocio infrascripto, procu-
rator dicti Capituli una cum dicto Capitulo inhibuerunt
omnibus et singulis ministris ecclesie Corisopitensis sub
pena quinque solidorum et privacione et resignacione,
presertim Johanni Sech, Judicello Fellestreuc, dicto
Sorochan et aliis ne cetero ludant ad aliquos ludos inho-
nestos nec in loco publico, videlicet ad palum vel ad
taxillos aut alios.
Consensit pari forma J. Corric.
J. CORRIG.
(1) Cart. 31. f* 29.
— 207 —
398
SERMENT D'OBSERVER LES STATUTS ('>
- 30 Août 1888. -
Anno Domini M^ CCC^ octuagesimo octavo die domî-
nica in festo decoUacionis beati Johannis Baptiste, Magis-
ter dictus de Scumuro Aureli fuit receptus in canonicum
et in fratrem ecclesie Corisopitensis, auctoritate Aposto-
lica, per Petrum dictum Plichon procuratorem suum, qui
Petrus juxta tenorem mandati Apostolici, nomine procu-
ratoris ejusdem canonici juravit, tactis sacro sanctis Evan-
geliis, dictum canonicum tenere et fideliter observare
statuta et sécréta et consuetudines àpprobatas ipsius ec-
clesie et fidelitatem ecclesie supradicte.
399.
RÈGLEMENT DE LA PENSION DU PROCUREUR
DE LA FABRIQUE
— 17 Septembre 1388. —
Anno Domini M9 CCC^ octuagesimo octavo die jovis
post octabas Nativitatis Béate Marie Virginis, presentibus
venerabilibus et discretis viris Magistris Henri co cantore
Oliverio Hospitis, R. Lestuhan, Thoma Episcopi, Johanne
Fravalli, Jo. de Tegula D. de Insula et Johanne Corric
canonicis capitulantibus pro hujusmodi inferrenti nego-
cio, voluerunt prenominati canonici capitulantes statue-
runt que et ordinaverunt quod procurator fabrice et Capi-
tuli Corisopitensis ecclesie habeat de cetero sex libras
monete currentis pro pansione sua, videlicet vigenti soli-
dos ultra centum solides quos antea habuerat pro pre-
dicta sua pansione, ita tamen quod idem procurator
(1) Carl. 31, ^ 61.
— 208 —
debeat levare atque levet denarios censuales Sancti Spiri-
tus Synodi Sancte Pentecostes et alla proveniencia de
juribus Capituli. j^ Corric. hoc est pro pass.
Item voluerunt statuerunt et ordinaverunt quod quili-
bet advocatus Capituli et fabrice habeat solum pro Capi-
tulo et fabrica quadraginta solidos videlicet ; viginti de
Capitulo et viginti de fabrica.
400.
ETIENNE THOMAS CHANOINE, PREND POSSESSION ('»
— 16 IMara 1389 (n. •.)• —
Anno Mo CCC^ octuagesimo octavo die décima quinta
mensis Marcii hora prime illius diei, indictione duode-
cima, Pontitîcatus domini démentis pape VIP anno unde-
cimo, presentibus Magistris Johanne Fravali, Oliverio
Hospitis, Henrico Thome, R. Lestuhan, Johanne Corric,
Dominus Natalis Stellan inducit Magistrum Stephanum
Thome in possession^m canonicatus et prébende quos
defunctus Magister Gaufiridus Fabri obtinere solebat in
ecclesia Corisopitensi, stallum in choro et locum in Capi-
tulo eidem Stephano assignando, qui juravit statuta et
consuetudines laudabiles dicte ecclesie observare.
RUNBRAN.
401.
EMPRUNT DE LIVRES
- 7 Août 1389. -
Anno octuagesimo nono die sabbati post festum Sancti
Pétri ad vincula, Ego Johannes Corric portavi mecum psal-
terium quod fuit cum domino J. Currerii. J. Corric.
(1) Cart. 31, f 46.
— 209 —
402
OUOD NULLUS NISI CANONICUS PULSET
STALLUM CONTRA CANONICUH ('>
Aucun 8'il n'ect ohanoine ne poussera son siège pour faire bruit
à l'arrivée d'un chanoine venant tard, à heure Indeue.
- 13 Août 1388. -
Anno Domini M^' CCCo octuagesimo nono die veneris
ante festum Âssumptionis B. M. V. fuît statutum in Capi-
tulo isto quod nullus ministrorum ecclesie Corisopitensis,
nisi fuerit canonicus vel superior, pulset stalla chori
quando unus canonicus intrabit chorum predictum, qua-
licumque hora débita vel indebita, consueta vel non, in-
trare voluerit chorum supradictum et hoc sub pena quin-
que solidorum a quolibet ministre contrarium faciente,
solveudorum desuper emolumentis chori et reponendo-
rum in troncho dicte ecclesie per manum procuratoris ;
presentibus Magistro Herveo cantore et canonico, Guil-
lermo Marhec, Oliverio Hospitis, Thoma Episcopi, Jo-
hanne Fravali et aliis. Ego Oliverius Hospitis presens fui
in isto statuto ordinando : item ego Johannes Corric pre-
sens interfui; presentibus Magistro Guillermo Marhec,
Oliverio Thoma, Johanne Fravali, Johanne de Tegula cano-
nicis cum cantore. Johanne Corric. Ego Johannes Thoma
presens fui.
403.
RÉCEPTION D'O. DERIEN A LA PRÉBENDE DE S'-HATHIEU (')
- 20 Février 1380 (n. s.). -
Anno octuagesimo nono secundum usum ecclesie Gal-
licane die vigesima Februarii, hora tercie, indictlone dé-
cima tercia, Pontificatus C. pape anno duodecimo, pre-
(l) Cart. 56, ^ 57.
(3) Cart. 31, ^ S4,
— 210 —
sentibus Magistro G. Marhec, H. Thome, J. de Tegula,
0. Hospitis, J. Fravali, R. Lestuhan, Conc canonicis;
D. Felestrec, P. Longî presbyteris, fuit Magister 0. Deriani
Archidiaconus Corisopitensis inductus in poseessionem
prébende de Sancto Matheo et juravit statuta observare.
YVO TURCH.
404.
BERNARD DU PERRON REQU CHANOINE ('>
— 1B Septembre 1390. —
Anno Domini M^ CCC^ nonagesimo, die décima quinta
mensis Septembris, circa horam prime illius diei indic-
tione décima tercia, Pontificatus SS™» in Christo Patris
ac Domini Domini Clementis divina proyidencia pape
septimi, anno duodecimo, venerabilis vir Magister Daniel
de Insula canonicus Corisopitensis, venerabilem virum
dominum Bernardum du Peron presbyterum in personam
venerabilis viri Magistri Guillermi le Marhec canonici
Corisopitensis procuratoris dicti domini Bernardi littera-
torie destinati in possessionem et soesinam canonicatus
et prébende quos defiunctus Magister Gaufridus Fabri in
ecclesia Crisopitensi solebatobtinere,locum inCapituloet
stallum in choro, virtute litterarum apostolicarum et
gracie Apostolice de dictis canonicatu et prebenda eidem
Bernardo facte, quiquidem Magister Guillermus nomine
procuratorio predicto, juravit constitutiones et statuta
ecclesie Corisopitensis observare, presentibus venerabi-
libus viris M. Johanne de Tegula, Tboma Episcopi, Henrico
Thome, Johanne Fravali, Johanne Corric et Oliverio Hos-
pitis canonicis dicte ecclesie, Natali Stellan, Nicholao
Chonani, Johanne Penguen presbyteris, Bernardo de
Casiec presbyteris respective in premissis. Runbzan.
(1) Cart. 31, f« 30.
— 211 —
405.
PRISE DE POSSESSION DE 6. DE KAER CHANOINE 0)
— 8 Févrlop 1381 (n. s.}. ~
Anno Domini M<> GCCo nonagesimo, secundum usum
ecclesie Gallicane, die octava Februarii, hora complète-
rum indictione décima quarta, Pontifîcatus Domini C.
pape septimi anno decimo tercio, presentibus Magistris
G. Gall, R. Lestuhan, J. Corric, canonicis Corisopitensi-
bus et aliis fuit dominus G. de Kaer canonicus Corisopi-
tensis inductus per Magistrum G. le Marhec canonicum
Corisopitensem in possessione canonicatus et prébende
quos Magister Henricus Quorigou obtinere solebat in
dicta ecclesia, in presencia Alani de Kaer, ipsius domini
Guillermi procuratoris et domini procuratoris, nomine
quo supra, et iuravit idem procurator iura, statuta et
consuetudines ipsius ecclesie Corisopitensis observare.
Acta luerunt hec in ecclesia Gorisopitensi.
YVO TURCH.
406.
HERVÉ SUL6UEN PRÊTE SERMENT (')
- 7 Juillet 1381. -
Anno Domini M^ CCC^ nonagesimo primo die septima
Julii circa horam prime, indictione décima quarta Ponti-
ficatus Domini C. pape septimi anno decimo tercio, pre-
sentibus Magistris H. Thome, 0. Hospitis, R. Lestuhan,
J. Fravali, G. Trevedic, J. Mispiric, H. de Ponte Abbatis
et aliis, Magister Herveus Sulguen canonicus Corisopi-
tensis iuravit statuta ecclesie Corisopitensis observare.
YvO TURCH.
(1) Cart. 31, f^ 62.
(2) Cart. 31, f- 24.
— 212 —
407
ETIENNE ROUSSEL CONDAMNÉ A L'AMENDE (*>
- 11 Août 1391. -
Anno Domini Mo CCC^ nonagesimo primo die undecima
mensis Augusti, hora terciarum vel circa, Pontificatus
C. pape septimi anno decimo tercio, venerabiles vin Ma-
gistri Henricus Thome cantor, Oliverius Hospitis, J. de
Tegula, Herveus Sulguen, Johannes Fravali, Johannes
Corne canonici ecclesie Corisopitensis capitulariter dixe-
runt quod dominus Stephanus Rouselli presbytercuratus
de Colle Eudonis in ecclesia Corisopitensi predicta, quam-
plures injurias dixerat et dixit dictis Johanni Fravali et
Corric, declaraverunt ipsum Stephanum fore a distribu-
cione et habitu chorij bine ad festum beati Michaelis in
monte Gargano privandum et ipsum de facto privaverunt,
acto tamen quod intérim, vocatis omnibus canonicis dis-
tribuciones habentibus et capientibus, poterit idem Ste-
phanus reconciliari.
Acta f uerunt bec in Capitulo predicto.
A. SCAHUNEG.
408.
RÉCEPTION DE SIMON EN QUALITÉ DE CHANOINE H)
— 2 Novembre 1891. —
Anno Domini M^ CCCo nonagesimo primo, die secunda
Novembris, Pontificatus Clementis pape septimi anno
decimo quinto, venerabilis vir et discretus Magister Jo-
hannes Fravali canonicus Corisopitensis sub exeque....
(délegatus) Apostolicus in bac parte, venerabilem et dis-
cretum virum Magistrum Guillermum le Marhec canoni-
(1) Gart. 81, f* 63.
(1) Cart. ai, f* 29. Cet acte est très peu lisible.
— 213 —
cum Corisopitensem et procuratorém venerabilis viri
Magistri Symonis (1) in possessionem canonicatus et pré-
bende... quos obtinere solebat... Archidiaconatus médiat...
409.
JEAN LE HAOUT PRÊTE SERMENT <')
— 2 Mars 1882 (n. 8.). —
Anno Dooiini Mo GCCo nonagesimo primo» die secunda
mensis Marcii in exitu matutinarum, presentibus Cantore,
D. de Insula, Daniele Felestrenc, Judicello Felestreuc,
J. Cornic, Magister Guillermus Marhec procurator, no-
mine Magistri Johannis Muntone jura vit statuta ecclesie
Corisopitensis observare.
Këntreg.
410.
OFFICE DU DIACRE f»
~ 2 Juillet 1388. -
Anno Domini M» CGC» nonagesimo tercio, die secunda
mensis JuIii,bora tercie, indictione prima, Pontifîcatus Do-
mini démentis pape septimi anno decimo quinto, presen-
tibus dominis Daniele Felestrec, Stephano Rousselli pres-
byteris, dominus Glemarhec diaconus ecclesie Corisopi-
tensis recognovit se tantum racione diaconatus sui esse et
debere stare in dicta ecclesia tribus horis in die et dicere
Evangelium solepmniter in omnibus missis solepmnibus
que celebrantur in cboro ipsius ecclesie et quod ulterius
non potest recedere a dicta ecclesia horis predictis, non
petita et obténta licencia a Capitulo Corisopitensi, et hiis
(1) ProbablemeDt Simoo Gaugaer (voir n* 421).
(2) Cart. 31, ^ 27.
(3) Cart. 31, ^ 55.
- 214 —
actis, dictum Capitulum capitulando et Capitulum faciendo
ad supplicationem dicti diaconi asserentis, flde média, se
fore acturum in curia Romana racione beneficiorum suo-
rum, dederunt eidem diacono licenciam usque ad bien-
nium de non residendo in dicta ecclesia, dum tamen per
ydoneum capellanum deserviatur intérim in dicto offîcio,
injungentes eciam eidem diacono quod si intérim possit
bono modo redire ad dictam ecclesiam, quod redeat..
YVO TURCH.
411.
SERMENT DE GUY DE LA TUILE (')
— 28 Février 1394 (n. s.). -
Anno Domini M<> CCCo nonagesimo tercio, die ultima
mensis Februarii, hora vesperarum, presentibus venera-
bilibus et discretis viris Magistris Guillermo le Marhec,
Johanne de Tegula, Daniele de Insula, Johanne Cornic,
Rioco Lestuhan, Oliverio Hospitis, Johanne de Treanna,
R. de Penquelennec canonicis ecclesie Corisopitensis,
Johanne Lespervez seniore, Guillermo Kercarf et aliis,
Magister Guido deTegula jura vit observare statuta ecclesie
Corisopitensis.
Acta in Capitulo Corisopitensi ut supra.
J. Bloez.
Et fuit receptus in canonicum et fratrem. Acta ut supra
indictione secunda, Pontificatus Domini nostri Clementis
divina providencia pape septimi anno decimo sexto.
J. Bloez.
(1) Cart. 31, f-» 27.
- 215 -
412.
JEAN LE MAOUT PRÊTE SERMENT PERSONNELLEMENT 0)
" 7 Avril 1394 (n. 8.). -
Anno Domini M^ CCC^ nonagesimo tercio die octava
meiisisAprillisiiihoraterciaruiii,indictionesecuada,ponti-
ficatus démentis pape septimi anno decimo sexto, presen-
tibus venerabilibus et discretis viris Magistris Guillermo
le Marhec, Daniele de Insula, 0. Hospitis, Joh. Corric,
Joh. de Treanna canonicis Corisopitensibus, in Capitulo
Corisopitensi, ipsis canonicis pro negocio infrascripto
capitulantibus, YvoneRoux, RichardoComitis, Guillermo
Belost et aliis, venerabills et discretus vir Magister Jo-
hannes Muntone canonicus Corisopitensis confirmando
juramentum alias per venerabilem virum et discretum
Magistrum Guillermum le Marhec canonicum et procu-
ratorem ejusdem Magistri Johannis in dicto Capitulo
alias prestitum, juravit statuta, etc. Hujusmodi juramen-
tum consuetum prestitit et cetera fecit cum protestacione
consueta.
J. Corric presens fui... J. Bloez.
413.
COLLACIO UNIUS CAPELLE FACTE PER CAPITULUM ''
Pierre Rossignol nommé chapelain.
- 2B Avril 1384. -
Anno Domini M^^ CCC^ nonagesimo quarto die vigesima
quinta Aprilis, hora tercie, indictione secunda, Pontifi-
catus C. pape septimi anno decimo tercio, presentibus
Magistro Petro Militis Rectore de Ploelan, Alano de la
(1) Cart. 31, f^ 32.
(2) Cari. 31, f- 28.
— 216 —
Bourdonnaye scutifero et aliis, ad presentacionem et no-
minacionem Reverendissimi Patris Domini I. Episcopi
Corisopitensis, venerabiles viri Capitulum ecclesie Cori-
sopitensis capitulantes contulerunt Domino Petro Rous-
singnol presbytero, cappellaniam capelle nove in dicta
ecclesia vacantem per mortem nuper defiuncti Johannis
Sici presbyteri et iuravit dictus dominus Petrus statuta
ecclesie observare et reverenciam Capitulo et aliis minis-
tris dicte ecclesie exhibere et in dicta capella desservire
iuxta posse.
Acta fuerunt hec in Capitulo predicte ecclesie.
A. SCAHUNEG.
414.
LES BÉNÉFICES SERONT PRÉSENTÉS DANS LA HUITAINE
DE LA VACANCE
" Mal 1394. -
Anno Domini millesimo CCC^ nonagesimo quarta die
dominica in crastino translacionis Beati Corentini in
Maio,fuit statutum in Capitulo generali quod quandocum-
quecontigerit bénéficia aliquavacare quorum presenlacio
spectat ad Capitulum, possint, infra octo dies a die sépul-
ture illius per cujus mortem dicta bénéficia vacaverunt,
canonici présentes, vocatis tamen qui fuerint in diocesi
Corisopitensi, providere de dictis beneficiis et ad ea pre-
sentare et ea conferre non obstante statuto contrario si
quod sit, ad ea presentare.
(Â suivre.)
- 217 —
CORRESPONDANCE
DK
1. TRËHOT de CLRBHOIIT, luire de Pont-Grolx (1791).
Ce recueil est extrait de lettres adressées par M. de
Clermoût, maire de Pont-Croix, à son fils, député à l'As-
semblée Nationale. On se propose, en l'éditant, de mettre
en relief la physionomie d'un homme qui, par sa situation
môme et par ses relations, suivit très attentivement les
affaires politiques et religieuses de son temps et de son
pays.
Intendant général de la marquise de Forcalquier pour
ses biens de Bretagne et de Normandie, M. de Clermont
père se trouvait à Paris, pour régler ses comptes, au dé-
but de l'année 1789, à la convocation des Etats généraux.
Au 15 Mars, il n'y avait encore rien de décidé pour la
Bretagne. La Noblesse et le Haut-Clergé demandaient
qu'on eût réuni les Etats selon l'ancienne mode, pour que
chaque Ordre nommât séparément ses députés, et le Mi-
nistre était prêt à y acquiescer; mais ces Messieurs du
Tiers en ayant été informés se rendirent à Versailles ; ils
présentèrent un mémoire au Ministre, qui suspendit sa
résolution et, dans une audience du Roi, M. de Kervélé-
gan fit valoir ses raisons avec tant de force qu'il obtînt
gain de cause ; alors parut l'ordonnance du premier ma-
gistrat de Cornouailles qiii convoquait, pour le 7 Avril, le
BOLLBTIN DK LA COMIIISSION DIOCÉSAINE. — 7* aDDÔe. 15
— 218
Tiers-Etat de la Ville de Quiraper à l'effet de préparer les
élections aux Etats généraux.
Tout le monde, à Paris, a dans cette célèbre Assemblée
une confiance que M. de Clermont juge un peu excessive.
(( Je ne crois pas, dit-il, que les Etats généraux produi-
sent un autre effet que celui de consolider la dette de
l'Etat, de prendre les moyens de l'acquitter par des créa-
tions de rentes dont la Nation sera garante, qu'ensuite le
Roi recevra les cahiers des Ordres dont il remettra l'exa-
men à la sagesse de son conseil et chacun aura la permis-
sion de retourner chez lui ou de rester à Paris, si cela
l'amuse.... » Il ne pouvait prévoir le serment du Jeu de
Paume et la constitution de l'Assemblée nationale.
Par ordre de M™» de Forcalquier, son intendant devait
avoir une conférence avec M. Necker. Enchanté « d'appro-
cher de si près un homme si rare )), M. de Clermont se
proposait de lui présenter, pour son propre compte, des
observations démontrant que les tailles, taillons, capita-
tions, pourront être supprimés, quand la perception du
dixième sera bien établie ; il resterait même, selon ses
calculs, de quoi supprimer la gabelle. Mais M. Necker est
inabordable ; il ne donne plus d'audience et ne voit per-
sonne que par rendez-vous. En attendant son tour, l'inten-
dant de M°»6 la marquise dut traiter son affaire avec un
maître de requêtes qui, « s'il vous plaît, ne reçoit que par
rendez-vous ». Mais c'est le client qui le lui donne. Ne
l'ayant pas trouvé une première fois, M. de Clermont lui
fit dire qu'il aurait l'honneur de le voir le lendemain,
entre 9 et 10 heures. « Ce n'est pourtant pas de la bagatelle
qu'un maître des requêtes, mais son ministère est bien
éloigné de celui d'un contrôleur général. » Ce qui le
frappe dans ce monde administratif, c'est le savoir-vivre
et l'amabilité. « On vous m©l à votre aise tout de suite»
c'est un fauteuil qu'on vous présente, c'est d'un ton de
— 219 —
connaissance et de confiance qu'on entre en matière sur
l'objet qui vous amène, tout cela sans affectation et comme
s'il ne pouvait se faire autrement. » Cette administration
rendue prévenante n'est-elle pas la justification du mot de
Talleyrand : « Qui n'a pas vécu avant 1789 ne connaît pas
la douceur de vivre » ?
Député agrégé de Quimper aux Etats de Bretagne pour
la session de Février 1789, M. Tréhot de Clermont, fils,
sénéchal de Pont-Croix, fut élu second député suppléant
des sénéchaussées réunies de Quimper et de Concarneau
aux Etats généraux. L'un des titulaires, Le Guillou de
Kerincufl, ayant donné sa démission, et le premier sup-
pléant, Souche de la Brémandière, ayant décliné l'honneur
de siéger, Tréhot de Clermont prit séance à l'Assemblée
nationale, le 6 Novembre 1789.
Il y avait à peine un mois que son père était rentré à
Pont-Croix, après un séjour de quelques semaines en
Normandie.
Alors s'établit entre eux une correspondance très active
dont il ne reste qu'une partie, encore bien incomplète
puisqu'elle ne comprend que les mois de Mars, Avril,
Juillet, Août et Septembre 1791.
Il n'y a guère de courrier qui ne contienne, à l'adresse
de « M. de Clermont, au Luxembourg, à Paris », un carré
de papier bleuté, parcheminé, couvert d'une écriture ré-
gulière et paraphé d'une main ferme où se révèlent les
habitudes d'ordre, de décision qui distinguaient M. l'in-
tendant de la marquise de Forcalquier.
Elu maire de la ville de Pont-Croix pendant que son
fils (( participait à la gloire de donner une constitution à
la France », M. de Clermont s'eflorça de procurer à ses
concitoyens une bonne administration, à laquelle Cambry
rend hommage lorsqu'il dit, en parlant du District de
Pont-Croix : a C'est un pays calme, tranquille ; de sages
— 220 —
administrateurs y maiDtinrent la paix, dans le moment
où le reste de la France était en proie à tant de fureurs ».
Cependant, là comme ailleurs, la Constitution civile du
Clergé fit son œuvre de division funeste et d'irréductible
opposition. Cette division, M. de Clermont la vit s'établir
jusque dans sa famille. « Vous trouvez, ma chère maman,
écrit à M™e de Clermont, son gendre, M. Le Roy-Desplan-
tes, que nos prêtres ont tort de se refuser à prêter le ser-
ment, je ne suis pas en cela du même avis ; jai vu bien
des écrits pour et contre et j'ai trouvé le raisonnement des
derniers bien plus solide que celui des premiers... »
Aussi bien, les pages qui vont suivre sont- elles une
modeste contribution à l'Histoire de la Constitution civile
au pays du Cap. J.-M. P.
« 4 Mars.
(( La description que tu nous donnes du sacre de
M. Ëxpilly nous a fait un sensible I Voilà une ailaire en-
tièrement consommée et que je craignais beaucoup qu'elle
ne pût l'être par les manœuvres des méchants. On a fait
bien prudemment de devancer le terme fixé pour cette
cérémonie (1). Je ne doute point que les deux évêques
in partibus qui assistaient l'évêque d'Autun n'eussent été
intimidés par les menaces et n'eussent reculé comme
parait l'avoir fait l'évêque d'Orléans, car c'était lui qui
devait faire cette cérémonie. Voilà un grand pas de fait.
Le sacre des nouveaux évoques ira son train désormais :
quand ceux-ci en auront consacré quelques-uns encore,
(1) Le 24 Février 1791, dans Tôglise des prôlres de TOratoire, rue
SaiDt-HoDoré, TalleyraDd, assisté de Gobei et de Dubourg-Miraudot, pré-
sida au sacre de l'abbé Expiily et de Tabbé Marolles, évéques coostitu-
tîoonels du Finistère et de l'Aisne. Oo rapporte que l'évêque d'Autuu fut
saisi d'une peur étrange, bien qu'il n'y eut pas d'incident. (Cf. Talley-
rand, évêque d'AïUun, par Bernard de Lacombe.)
— 221 —
les autres seront consacrés sans difRculté. Voilà le haut
clergé bien attrapé, car il comptait beaucoup sur la diffi-
culté de le remplacer. La résistance de nos pasteurs de
second ordre à faire le serment n'a pas d'autre appui,
mais ils verront désormais que, s'il est aussi facile de
destituer les évéques et de les remplacer, il y aura encore
moins de difficultés pour eux.
« Nouvelle agréable pour nouvelle agréable, qui peut
pourtant n'en être pas une pour toi, c'est l'élection de
l'abbé Coz du collège à l'évôché de Rennes (1). Les prê-
tres, les dévots et dévotes fulminent contre cette élection.
La Noblesse n'en fait pas moins. Son dernier ou plutôt
ses ouvrages sur l'organisation civile du clergé, lui ont
attiré une multitude d'ennemis et, sans cet heureux évé-
nement, il eut été persécuté horriblement ici toute sa vie.
Le voilà métropolitain et toutes les oreilles tombent, les
nez s'allongent, c'est la chose la plus drôle du monde.
Quoi ! disent les nobles, le fils d'un menuisier devenir
archevêque ! cela est affreux, le monde est bouleversé, on
ne s'y reconnaît plus. Voilà pourtant le résultat des opé-
rations de ces douze cents mandrins que nous avons
envoyés à Paris ! Mais ce qu'il y a de plaisant, c'est l'abbé
P. . . qui tient ces mêmes propos. Voilà-t-il pas un beau
homme pour parler ainsi ! »
< 11 Mars.
« J'espère beaucoup de M. Expilly. Son arrivée ici pourra
ramener notre clergé de ses erreurs. Il n'y a pourtant point
de soulèvement à craindre, mais cette résistance à la loi
agite tous les esprits..
(1) Né le 22 Décembre 1740 aa village de Roudou-Glaz, en Plonévez-
Porzay, Claude Le Coz était principal du Collège de Quimper lorsque les
électeurs d'Ille- et- Vilaine le nommèrent à l'évéché métropolitain du Nord-
Ouest.
(( Comme on ne sait pas le jour de Tarrivée du nouveau
prélat, nous ne pourrons point envoyer de détachement
de notre garde nationale au devant de lui, et je n'en suis
point fâché, car elle ne serait composée que de gens
capables de nous déshonorer par leur inconduite et leur
insubordination. Ce qu'on pourrait faire, si on était certain
du jour, ce serait d'envoyer quelques clercs qui ont des
habits nationaux. Mais aux frais de qui ? La plupart de ce
monde-là n'est pas fort pécunieux. Notre caisse munici-
pale est bien sèche, je crois, et cela est même qu'elle
contient 31 sols. Nos autres gardes nationaux pourront
être détachés pour aller au devant de M. Expilly, pas tout
à fait jusqu'à Comfort, car il y a là un cabaret. Je pense
bien que M. Expilly viendra à Pont-Croix.
(( J'ai reçu réponse de M. Le Coz à la lettre de félicita-
tions que je lui ai écrite sur son élection ; elle l'arrache,
dit-il à son bonheur et l'expose à bien du chagrin. Le
pauvre petit I ne le plains-tu pas ?
« Nos religieuses ont reçu ta lettre et paquet; elles sont
d'un enchantement et d'une sensibilité étonnante de cette
marque de souvenir que tu leur as donnée. Je t'assure que
la Supérieure et sœur S^ Thérèse ne sont brin aristo-
crates ni même bigottes ; il faut les entendre parler du
clergé rebelle I Leur aumônier n'est pas non plus trop
bien sur leurs cahiers. J'ai eu occasion d'aller lace matin,
et je suis très satisfait de leurs sentiments » (1).
« 14 Mars.
(( L'Evêque de Quimper arriva samedi au soir pour sou-
per, on avait préparé une table de soixante couverts. Hier,
dimanche, il officiait assisté de plus de quarante prêtres;
(l) Cf. Les Ursuiioes de Pool-Croix, Revue de Bretagne, 1906.
Z'l.i
il chanta la grand'messe, fit un prône très attendrissant et
prêta le serment. Tout le monde fut enchanté : Il n'y a
point d'homme comme cela I Enfin, c'est un engouement
qu'il peut mériter, mais qui se manifeste trop fort et qui
pourrait ne pas durer; les ennemis de la Révolution vont
sans doute travailler à le modérer beaucoup, s'ils ne par-
viennent à l'anéantir.
« Nous allons en députation, un de ces jours, vers lui,
savoir : la Municipalité, composée de moi, M. Le Goff, du
procureur de la commune et du secrétaire (1); pour
juges : M. de l'Ecluse, président; le commissaire du Roi
et le greffier; du district, je ne sais pas encore.
(( Je t'envoie ci-joint le discours que je lui ai préparé ;
il me paraît un peu long, cependant c'est l'affaire de cinq
minutes à le débiter.
(c P. S. — C'est demain, mardi, que nous partons. C'est
Guéguen, Béléguic et Cuiller qui vont pour le district. »
a Qnimper, le 16 on 17, je ne sais trop leqael (sic).
(( Je t'écris de Quimper où je suis depuis hier. Nous
avons fait notre visite à un bien galant homme qui est
bien honnête, c'est l'Evêque de Quimper. Notre députa-
tion était nombreuse, composée de quinze, cela faisait un
étalage à Quimper, et je crois que c'est la seule municipa-
lité qui ait déjà été ; on en annonce plusieurs pour demain
_
(1) Dans sa séance da 14 Mars, le Conseil général de la commune envoie
nne députation pour assurer M. l'Evéque de ses vœux et de ses senti-
ments très respectueux. La garde nationale, par l'organe de Chappuis,
fils, ayant demandé à escorter celte députation» il fut décidé que deux
officiers et quinze hommes, y compris sergent, caporal et tambour, par-
tiraient, mais à leurs frais, avec les membres du corps municipal. (Archi-
yes de la commune de Pont-Croix.)
— 224 —
et jours suivants. Nous avons été reçus avec toute la dis-
tinction et avec tous les témoignages de satisfaction possi-
bles. J'ai débité mon discours tel que je l'ai envoyé ; cha-
cun des présidents et gens du Roi des autres corps ont fait
le leur, mais toutes les réponses principales ont été pour
la Municipalité ; enfin, je suis content de ma matinée.
Tous les autres se sont allés et viennent de partir ; je reste
jusqu'à vendredi soir ou au plus tard jusqu'à samedi de
grand matin, parce que c'est jour de foire à Pont-Croix.
J'aurai une conférence plus particulière avec l'Evêque : il
mange au collège et j'irai y diner demain. »
c Pont-Croix, 24 Mars.
« M. Coz part incessamment pour Paris ; je viens de le
charger dune petite boîte de sapin où j'ai mis ma montre
pour que lu la donnes à M. Vidal à réparer ; nous n'avons
pas un bon horloger ici, je dis à Quiraper.
« Notre Recteur vient de partir pour voir son Evoque
qui fut son élève. Je souhaite que ce prélat puisse à son
tour en faire un bon sujet. Cependant je ne désespère pas
de sa conversion, il va descendre au collège où il trouvera
des apôtres qui pourront le remettre dans la bonne voie.
« M. Expilly a fait savoir au séminaire qu'il serait
enchanté de voir ces messieurs ; il a demandé quand ils
pourraient le recevoir, lis auraient dû se transporter
aussitôt chez lui ; ils ne l'ont pas fait. Après deux ou trois
jours, il s'y est rendu. Il leur a dit : «Je ne viens point ici
« pour combattre vos opinions ; je craindrais d'exposer la
« faiblesse de mes lumières à la force des vôtres. Je viens
(( en ami et en frère vous prier de bien réfléchir et de
« vous déterminer le plus tôt possible parce que ne pou-
ce vant rester longtemps ici, je désirerais faire un choix
— â25 —
(( de sujets dignes de vous remplacer ». Aussitôt il chan-
gea de conversation et on se quitta bons amis. Il dit à
l'abbé Cossoul : « Te souviens-tu que je te plaçai au sémi-
« naire Saint-Sulpice, en tel temps ?» — « Oui, dit le
« petit abbé. Je ne l'oublierai pas, pas plus que je n'ou-
(( blierai que vous me chassez de celui-ci. » — « Ma foi,
(( mon ami, ce n'est que ton opinion qui t'en chasse.
« Changes-en et je serai enchanté de te conserver. » En le
quittant, ces messieurs lui dirent qu'ils ne changeraient
jamais. (( Tant pis I » dit-il, et l'on se sépara ».
c 25 Mars.
« Le Recteur et l'abbé Quillivic sont allés voir M. Expilly
mardi dernier. Cette visite a eu l'efficacité sur laquelle
je comptais : ils font aujourd'hui le serment qu'exige
la Nation. Nous allons nous préparer pour le recevoir.
L'exemple du Recteur en entraînera beaucoup d'autres.
Voilà nos aristocrates atterrés et nos dévotes toutes décon-
certées, car ils n'avaient d'espoir que dans la résistance
du clergé. »
« 27 Mars.
(( 11 y a eu aux portes de Carhaix, la semaine dernière,
un soulèvement de vingt et une paroisses touchant les
préliminaires de l'imposition territoriale qui sont la divi-
sion des paroisses et sections et le mesurage des terres
de chaque section. Il y a dans la paroisse de Landeleau
un avocat nommé Plassard qui les a convoquées pour les
inviter à ne pas souffrir ces opérations. On a envoyé deux
membres du Département soutenus de toutes les briga-
des de maréchaussées, et je ne sais encore ce qu'ils ont
fait de bon. Je sais seulement que ce sont les deux parois-
ses de Spézet et de Langonnet qui sont les plus difficiles
à réduire.
« Vendredi dernier, nous reçûmes le serment de M. le
Recteur et de l'abbé Quillivic (1). Plouhinec résista aux
sollicitations que Duverger lui faisait au lutrin où ils
étaient, lui promettant de le suivre immédiatement, en
sorte que je crois que dimanche, ce dernier le fera.
« Aucun des prêtres de Beuzec ne le veut faire non
plus. Je ne sais pas à quoi ils pensent, car ils ne sont pas
fortunés. Quand le Recteur voudrait leur conserver leur
place, l'Évéque ne leur donnera jamais de pouvoirs qu'ils
n'aient satisfait au vœu de la Nation.
(( Nos dévotes ne vont plus à la messe qu'à celles que
disent Duverger et Plouhinec, mais le premier leur a
annoncé qu'il satisferait au serment incessamment et que
«
Plouhinec était la cause qu'il ne l'avait pas fait avec les
autres.
(( Aujourd'hui, les électeurs sont assemblés pour rem-
placer les recteurs réfractaires, mais ils ne le seront pas
(1) Le 24 Mars 1791, M. BilIoD écrivit sur les registres de la Commune :
c Je soussigné, recteur de la paroisse de Beuzec-Cap-Sizuo, résidant à
Poot-Croix, déclare, conformément au décret de l'Assemblée Nationale
du 27 Novembre 1790. sanclionoô par le Roi le 26 Décembre, que je prê-
terai demain, à l'issue de la j^raod'messe, le serment requis par le susdit
décret. » Et le lendemain, fôte de la Vierge, la granl'messe finie, avant
d'entonner vêpres, Louis-Laurent-Marie Billon monte en chaire et dit que
d'après l'instruction sur la Constitution civile — l'Assemblée n'entendant
nullement rien changer à tout ce qui touchait au spirituel de notre sainte
religion —, il jurait et a juré de veiller avec soin sur les fidèles de la
paroisse qui lui est confiée, d'être fidèle à la Nation, à la Loi et au Roi,
et de maintenir, de tout son pouvoir, la Constitution décrétée par l'As-
semblée et acceptée par le Roi.
Marc Quillivic, simple prêtre de Pont-Croii et instituteur de la jeunesse
de cette ville, est monté en chaire après le Recteur, a tenu le même dis-
cours et juré également.
A la sortie de l'église, le Conseil général de la commune s'est rendu en
corps faire son compliment à MM. les prêtres sur la joie qu'il a de pou-
voir toujours les garder et les cloches ont sonné, à grande sonnerie, en
signe de réjouissance.
— 227 —
tous-; il n'y aura que ceux des chefs-lieux de canton qui
le seront, parce qu'on doit procéder bientôt à la réduction
et à la circonscription des autres paroisses et ce n'est pas
la peine d'induire de nouveaux recteurs en des dépenses
pour s'établir dans des paroisses qui bientôt seront sup-
primées. Cela me paraît sage. »
« 1" Avril.
(( Ta lettre à ta sœur et ta graine de tabac lui sont par-
venues. Après partage fait avec Pouppon, elle en a farci
mes couches, ainsi nous aurons de quoi transplanter et
j'ai justement une place convenable pour cela, pourvu que
d'ici là nos bétes de filles n'aillent pas mêler ces jeunes
plantes dans les herbes qu'on met au pot.
« Voici le résultat de l'assemblée électorale : Ton ami
Bourbe est recteur de Ploaré, à 3.000 ** de rente (1). On
nomme : CoroUer, prêtre natif de Landudec, recteur de
sa paroisse ; l'abbé Quillivic, d'Audierne, oncle de Quilli-
vic le nôtre, recteur de Plozévet ; l'abbé Salaûn, curé de
PlogofI, recteur de Plouhinec — on doute qu'il accepte ;
l'abbé Riou, d'Audierne — saint homme — recteur de
Primelin ; Le Roux, curé de Peumerit, recteur de Maha-
lon ; Le Brusq, curé de Tréboul, recteur de Plovan. Poul-
lan, Pouldergat et Meilars réservés à huitaine. Le Brusq
n'accepte pas (2).
« Le Séminaire est aussi remplacé. L'abbé Le Coz, rec-
teur de Châteaulin, en est le Supérieur (3). Ollitrault,
(1) L'abbé Clet Bourbe, origioaire d'Àudierae, était professeur de phy-
sique aa collège de Quimper.
(2) Sébastien Le Brusq, né à Poullao, resta daus le pays jusqu'à fin
Décembre 1797. loteroé au Château de Brest, puis à Ja citadelle de Saint-
Hartio de Ré, il fut déporté sur la Vaillante, prise par les Anglais, et
mourut le 30 Janvier 1815.
(3) Jean Le Coz, né à Briec en 1736, fondateur du Petit-Séminaire de
Pont-Croix, où il mourut en 1845.
- 228 -
Sérandour, du Collège, et un nommé Le Gac, directeur
des Ursulines de Quimper, sont les autres membres du
Séminaire (1).
(( Voilà tout plein de remplacements à faire au Collège.
Je pense que Tabbé Guilleaume en va devenir principal ;
cette place lui est due, mais la lui donnera- t*on (2) ?
(( L'abbé Duvergé est venu me présenter, aux termes du
décret, qu'il ferait son serment dimanche prochain ; il
avait été nommé à la paroisse de Landudec, mais il Ta
refusée. »
< 5 Avril.
« Le grotesque de ton image de la contre-Révolution
nous a beaucoup amusés (3).
(( J'admire le civisme de M. de Loménie : son renvoi du
chapeau au Pape lui fera honneur dans tous les siècles. Je
ne désapprouve pas son refus de sacrer l'archevêque de
Paris, comme le fait Camille, dès qu'il pouvait l'être par
un autre qui n'avait point les liaisons d'amitié avec M. de
Juigné que le cardinal avait ; il eut été blâmé de s'y refu-
ser s'il n'y avait pas eu d'autre que lui qui eût pu le faire.
(1) Cf. Notice historique sur les Séminaires de Quimper et de Léon,
par M. le chanoine Peyron.
(2) L'abbé Jean GaiUaume fut, en effet, nommé principal le 11 Avril. Il
mourut, le 24 Juillet 1796, quelques semaines avant la fermeture du Col-
lège et sa transformation en Ecole centrale. (Cf. HUtoire du Collège de
Quimper, par M. Fierville.)
(3) Entre la capitale et la provioce s'échangeaient caricatures et chan-
sons. Un ami de M. Clermont lui envoyait, en Juin 1789, le couplet sui-
vant :
c Si les grands se troublent encor,
Que le diable les confonde !
Et puisqu'ils aiment tant l'or,
Que dans la g... il leur en fonde I
Voilà les sincères vœux
Que les poissardes font pour eux I »
- 229 -
« Non, je n'ai point eu d'entretien particulier avec
M. Expilly ; il n'est jamais seul ; mais nous causâmes dans
la cheminée du Collège, l'abbé Guilleaume avec nous. La
conversation roula sur toi et le pauvre Guilleaume n'y
prit pas moins de plaisir que moi : il n'est pas peu fier de
t'avoir eu pour élève ; il attend avec ardeur ton arrivée.
M. Expilly nous promit de venir avant Pâques nous voir
et Guilleaume de l'accompagner ; il se charge de nous
envoyer la veille une quantité de poisson.
(( J'avais été à Quimper, bien persuadé de faire au moins
mille écus : j'eus de la peine à faire les 1. 500 ^^ que je vous
ai envoyées. Les gens riches^ dont tu me parles, crient
misère plus haut que moi : ils craignent les suites des
décisions sur le domaine congéable ; l'ouvrage de M. Cha-
pellier et de M. de Lanjuinais inquiète tout le monde. Ils
disent qu'ils n'ont point d'argent, qu'ils ne sont point
payés de leurs vassaux. Je le crois à en juger par moi-
même. Nous avons au moins cinquante afTaires commen-
cées et rien ne va pas plus vite que dans l'Ancien Régime.
M. Veller, dé Carhaix, était à Quimper : il est du direc-
toire du Département ; il me doit 300 ^^ ; il ne put me
payer, me disant qu'il ne recevait rien de chez lui parce
que ses vasseaux ne paient point et que le Directoire ne
le paie pas mieux.
« Je ne puis encore penser à renouveler mon bail avec
Mad. de Forcalquier que vous n'ayez fini, Messieurs les
Législateurs, votre remue-ménage. Savez-vous bien, mes
B..., que vous êtes cruels I
« L'abbé Duverger fit son serment civique bravement (1).
Le Recleur parla ferme sur les fausses bulles qui se
(1) Le dimaDche 3 Avril, le Conseil gÔDÔral de la commune assiste en
corps à la grand 'messe, à l'issue de laquelle Pierre-Jérôme Guybard
Duverger, directeur des Ursulioes, prèle serment après un discours ana-
logue à la côrômotiio. (Cf. Les Ursulines de Pont-Croix.)
— 230 —
répandent et dît au peuple : « Croyez qu'elles sont fausses
(c dès qu'elles ne sont pas adressées directement à l'As-
« semblée nationale ou môme au Roi. A les supposer
« vraies, si vous saviez, mes chers auditeurs, combien,
(( depuis des siècles, il nous a été envoyé de choses sem-
(( blables par la cour de Home en France, auxquelles on
(( n'a pas eu le moindre égard I »
« M. de Rospiec, fils, a mis au District sa démission de
la place de président et de celle d'électeur : il a eu des
sujets de mécontentement qui ne me sont pas parfaite-
ment connus; ainsi me voilà électeur, et vendredi, j'aide-
rai à faire des recteurs.
« En échange de ta caricature, Rosalie t'envoie des
chansons de Douarnenez qui ne sont pas mauvaises. »
« 8 Avril.
(c On ne sait encore que dire des élections faites de
curés. Les choix, dans ces cantons, ont été excellemment
faits, mais la majeure partie a refusé d'accepter; d'autres,
après avoir accepté, se sont rétractés. L'embarras est de
trouver des sujets : il y a de la manœuvre en diable pour
détourner ceux qui sont bons. Un grand obstacle et une
des grandes causes de cette vacillation est ce sentiment
qu'il est dur de déplacer un homme qui jouit parce qu'il
a une opinion différente des autres et de celle que l'on a
soi-même ; opinion que soi-même on a eue et dont on ne
s'est détaché qu'à force de représentation et par l'excel-
lence de quelques ouvrages récents qui l'ont combattue
et encore auxquels souvent on n'a cédé que pour se con-
server un état qu'on ne peut remplacer par un autre et
qui est nécessaire quand on n'a pour toute ressource que
son titre de clérical et ses messes. Ho ! par exemple qu'un
— 231 —
recteur de Priraelin (1), un recteur de Mahalon (2) qui
sont des séditieux, qui ont fait des prônes incendiaires,
soient chassés, c'est pain bénit. Mais qu'un recteur de
Lababan (3) et de Meilard (4), saijites gens et qui remplis-
sent leurs fonctions avec édification, tombent sous la
proscription, cela touche sensiblement ; ils ne sont point
encore remplacés, mais ils le seront aujourd'hui si on
trouve des sujets. Si on n'en trouve pas, il y a ici plu-
sieurs paroisses à supprimer : Meilard sera divisé entre
Pont-Croix, PouUan et Pouldergat ; Lababan réuni à
Pouldreuzic ; Primelin divisé entre Esquibien et Cléden ;
Landudec joint à Plonéis et à Pouldreuzic ; Lanvern, ïré-
méoc, Tréogat seront réunis à d'autres.
« Tu demandes quels sont les ecclésiastiques réfractai-
res dans le District ? Ma foi I tous à l'exception de ceux
du Cap, de trois prêtres à Pont-Croix, de Plonéis et d'un
prêtre à Douarnenez. »
a 11 Avril.
« L'élection des nouveaux Recteurs a été recommencée
vendredi. Ton ancien ami Ollivier, prêtre à Fouesnant, a
été nommé à Pouldergat (5) ; il a accepté et nous a fait
dire obligeamment que ce qui le flattait le plus était de
(i) Originaire du Faouët, M. Herviant, recteur de PrimeliQ, opta pour
la déportation. Curé de Scaôr au Concordat, il mourut en 1827.
(3) M. Sohier, recleur de Mabaloo, avait pris copie, au Séminaire, de
la protestation de Mgr de Saint-Luc et s'était chargé de la faire signer
dans le pays.
{3) M. Riou, recteur de Lababan, guillotiné le 16 Mars 1794. (Cf. Docu-
ments pour servir à VHisioire de la Persécution religieuse, par M. le
chanoine Peyron.)
(4) M. Penanec'h, recteur de Meilard, fut arrêté le 15 Février 1793, par
les douaniers du poste de Tréfentec, eu Plonévez-Porzay. (Cf. Documents,
II, 256.)
(5) Be;;ardé par tous comme un intrus, abandonné par son vicaire, le
simir OiliviiT dut se démettre de sa cure, le 20 Janvier 1*792, et fut
Domniô vicaire -directeur du Séminaire de Quimper. (Cf. Documents,
I, 327.)
— 232 —
se rapprocher de nous ; on en dit beaucoup de bien. A
cela près, on ne compte pas beaucoup sur la dernière
élection, et on s'attend à en faire une troisième, après
Pâques. Mais cela ne finira point si on ne prend pas le
parti de faire vider le plancher aux recteurs déplacés,
avant de leur nommer des successeurs. Nommez-moi à
une place vacante, à la bonne heure ! mais pour que je
me charge de déplacer un homme de chez lui, qui vaut
peut-être mieux que moi et qui ne pèche que par trop de
délicatesse de conscience, c'est à quoi tout homme délicat
se résoudra difficilement.
« Saouzanet, du Collège, est nommé à Mahalon, il n'ac-
ceptera sûrement pas ; la sous-principalité lui pend à
l'oreille et cette place convient mieux à sa paresse et à
son indolence. L'abbé Duverger, nommé à PouUan, a
remercié ; eiji effet, il a une jambe de loup, et, pris ainsi
par la patte, une place de campagne ne lui convient pas.
Le Recteur de Goulien, nommé à Peumerit, a remercié :
sa paroisse est dans le cas de la suppression. « Mon église,
« dit-il, deviendra chapelle, je ne demande qu'à en être
(( le chapelain, c'est tout ce qu'il me faut. » L'abbé Plou-
hinec assura hier encore ta maman qu'il ne ferait pas le
serment, et il s'attend à n'être plus curé dès que ses pou-
voirs seront expirés.
(( Je suis bien aise que la Patrie rende la justice à
M. de Mirabeau que je lui ai toujours rendue (1). Je l'ai
toujours regardé comme un excellent patriote. »
(A suivre.)
(1) M"* de ClermoDt écrit en P. S, : « Je regrette M. de Mirabeau comme
bon patriote ; ici, on dit qu'il ne Tétait pas trop ; pour moi, je Tai tou-
jours cru bon, je prie Dieu pour lui, il ne mérite pas d*étre oublié ».
De son côlé, le District arrête de prendre le deuil pour huit jours à Toc-
casion du décos d'Honoré Riquetti Mirabeau et de faire célébrer solennel-
lement un service de huitaine pour le repos de l'âme de cet ami de
l'humanité.
- 233 —
NOTIC
SUR LES
PAROISSES DU DIOCÈSE DE QUHHPER ET DE LÉON
Par MM. PEYRON et ABORAUL.
(Suite.)
DIRINON
( Fin.)
Mission du Père Maunoir a Dirinon, en 1644
Lorsque les missionnaires, sous la conduite du Père
Maunoir, quittèrent Plougastel-Daoulas, en 1644, pour prê-
cher à Dirinon, ils trouvèrent une certaine opposition de
la part des ecclésiastiques des paroisses voisines et même
de la part du recteur de Dirinon, M. Gayement qui, plu-
sieurs années plus tard, avoua ses préventions au Père
Maunoir et lui dit comment elles cessèrent lorsqu'il vit
un ange assistant à la messe, le Père, directeur de la mis-
sion (1).
Le Père Maunoir raconte également qu'à cette mission
un laboureur ayant résolu de s'abstenir de boire et de
manger jusqu'à ce qu'il se fût déchargé de ses péchés en
confession, eut la constance d'attendre trois jours et trois
»■ I ■■■■!-■ I ■ 1^ ■ ■ ■ I ^ I ■ ■ I — ■ — Il I. ■ iW !■ I ^1 I ■ » , ■■ ■ ^, ■ ^m ■ ■ ■ - I
(1) Père Maunoir: Relation manuscrite des dix premières aoDées de
ses missions.
Bulletin db la Commission diooSsainb — 7* année. 16
- 234 -
Duiis, que son tour vînt de se confesser, tant était grand
le nombre des pénitents.
Il serait difficile de raconter, dit le Père, combien de
conversions furent dues à l'intervention merveilleuse de
la Sainte Vierge, de saint Michel et de saint Corentin.
En voici un exemple : il y avait à celte mission un
jeune homme très dévot à la Sainte Vierge, qui avait ce-
pendant contracté de mauvaises habitudes, dont il ne se
pressait pas de se corriger ; une nuit, pendant son som-
meil, il se voyait en pèlerinage vers un sanctuaire voisin
de la Sainte Vierge, lorsque, sur son chemin, il remar-
qua une croix élevée au pied de laquelle reposait un ange
tenant de la main droite une hostie et de la gauche un
calice. Le jeune homme le voyant resplendissant de lu-
mière, s'écria : (( Ange de Dieu, comme tu es beau, qui
t*a envoyé ici ?» — « C'est la Sainte Vierge, répondit
l'ange. » — « Conduis-moi avec toi. » — « Je ne le puis. »
— « Je t'en conjure. » — « Non, cela est impossible. » —
« Pourquoi donc ?» — « Si je te conduisais avec moi,
Dieu te chasserait. » — « Pourquoi cela ?» — « Parceque,
depuis l'âge de sept ans, tu as une mauvaise habitude,
dont tu ne t'es pas débarrassé. Voilà la mission qui s'a-
chève, les Pères vont partir, hâte-toi de te confesser, ne
retombe plus dans ton péché, et sois sûr alors qu'un jour
je te conduirai dans la céleste patrie. »
Pendant cette mission de Dirinon, au mois de Juin
1644, à côté de l'action divine sur les âmes, s'exerça l'in-
fluence diabolique pour les empêcher de profiter des
avantages de la mission, dit le Père Maunoir. Le démon
apparut à un jeune pâtre sous la forme d'un chien, vomis-
sant des flammes, et lui défendit, sous peine de mort,
d'aller à la mission, ni à la procession, lui enjoignant de
se débarrasser de son rosaire ; et en môme temps, il se
déclara son maître, venant l'instruire dans les champs
— 235 -
deux fois par jour, lui enseignant comment il devait re-
noncer à la foi du Christ, et quel était le culte qu'on
devait rendre au démon. Ce malheureux jeune homme
n'écouta que trop un tel maître et renonça à ses prières
habituelles et à l'audition des catéchismes et des prédica-
tions. Pour le récompenser, ce maître d'iniquité lui pro-
met toutes sortes de plaisirs, et le pouvoir d'opérer des
choses merveilleuses, spécialement d'oilenser ou même
de tuer les hommes ou les bétes pour se venger d'injures
reçues ; c'est ainsi que ce jeune homme fut poussé à tuer
sa mère et le Père directeur de la mission.
Ce malheureux vécut dans ce triste état d'âme depuis la
Saint-Jean, 24 Juin, jusqu'au 7 Octobre, qu'il plut à Dieu
d'avoir pitié de ce pauvre égaré. Comme il dormait, il lui
sembla voir une colombe qui lui dit par trois fois : « Ré-
veille-toi, cours à Irvillac et confesse tes péchés au direc-
teur de la mission et, si tu m'obéis, tu me reverras )). Le
jeune homme, réveillé, se sent tout changé et vient se
confesser au Père Maunoir.
De retour chez lui, il revoit, bien éveillé, la colombe
qui lui était apparue pendant son sommeil, portant dans
son bec une croix rouge, et l'exhortant à réciter chaque
jour cinq Pater en l'honneur des cinq plaies du Sauveur,
trois Pater en l'honneur de saint Corentin et un Pater
pour l'ange gardien. Elle lui dit encore que le Père Mau-
noir lui donnerait une image de saint Corentin qu'il de-
vrait tenir près de son lit pour être à jamais préservé des
attaques de ce maudit chien qui l'avait fait tomber dans
le péché.
*
• «
Les registres paroissiaux mentionnent, en l'année 1675,
une réconciliation solennelle du cimetière, pollué par
- 236 -
suite d'une rixe sur laquelle il n est pas donné de détails ;
mais la date où elle eut lieu ne permet guère de la ratta-
cher aux troubles de la révolte du papier timbré. Voici la
teneur de cette pièce :
(( Le soussignant, prieur Recteur de Loperhet (prieuré
dépendant de Daoulas), certifie que ce jour, 4^^ de Mars
1675, je me suis transporté de ma paroisse de Loperhet,
me le requérant Missire François André, prêtre curé de
la paroisse de Dirinon, où estant, le dit sieur curé m'au-
rait mis entre mains une requête par lui présentée à
Monseigneur IL et RR. Évêque de Quimper et comte de
Cornouaille, tendant à ce qu'il plût à Sa Grandeur décer-
ner commission à luy ou à quelqu'autre prêtre pour récon-
cilier le cimetière du dit Dirinon, devenu pollué par l'ef-
fusion violente de sang répandu par quelques mauvais
garnements et gents de néant expédiée le 21 Mars 1675 (1),
conclusion du vénérable promoteur de Cornouaille et
ordonnance d'informer avec le commissaire, décernée à
moi soussignant de rebénir et réconcilier le dit cimetière
et de publier le monitoire pour l'information ; auxquelles
ordonnances portant estât et y obéissant, je me suis habillé
dans la dite sacristie pour procéder k la réconciliation du
dit cimetière après avoir représenté vivement l'impor-
tance de ces sortes d'excès et l'énorinité de ces sacrilèges,
par notre bouche et celle de vénérable et discret Missire
Jean Even, prêtre bachelier en théologie, prédicateur de
la dite paroisse (2), ay rebéni le dit cimetière selon les
rubriques et cérémonies portées par les statuts et rituels
en présence de Jean Bodénez, fabrique de ladite paroisse,
(luillaume Maguères, du sieur curé et prêtre de la dite
paroisse, de Missire Jan Even et i)lusieurs autres, qui
(1) Ce doit être une erreur de transcriplioD pour 21 Février.
(2) Celait, sans doute, le prédicateur de ia station du Carême.
— 237 —
signent : Calvez, recteur de Loperhet ; François André,
curé; Golvin Morvan, prêtre; Nicolas Cochât, prêtre;
Jean Le Roux, prêtre ; et Vincent Coatagas. «
Curés, Vicaires et Recteurs de Dirinon
AVANT le Concordat
L'église de Dirinon, donnée comme prébende de Tab-
baye de Daoulas par Tévêque de Quimper, Geoffroy, 1170-
1185, fut possédée jusqu'à la fin du xv« siècle par un
prieur chanoine régulier de Daoulas; mais en vertu d'une
bulle du Pape Alexandre VI, ce prieuré fut uni à la mense
conventuelle de Daoulas, le 7 Juin 1498, par l'official de
Cornouaille, exécutant la bulle du Pape (Archives dépar-
tementales, Daoulas). Depuis, la paroisse fut gouvernée
par un prêtre séculier qui prit successivement le titre de
curé, de vicaire perpétuel, puis de recteur.
1599-1620. Pierre Heleouet, curé.
1621-1639. Claude Morvan.
1639-1642. Briz. Sur le registre paroissial, il écrit au mi-
lieu d'une page :
(( Le premier jour d'Avril 1639, j'ai entreprins la
cure des âmes de Dirinon, receu à ceste fonction par
la commission de Messieurs les chanoines de Daoulas.
— Briz, curé.
(( Deu8 optimus, Maximus, benigniori vultu vota mea
intueatur, hoc unum quero, preterea nihil, »
1642-1671. Hierosme Gayement, curé témoin des missions
du V. P. Maunoir en 1644 et 1666.
1672-1675. François André, curé.
1687-1717. Guillaume Yvçn, vicaire perpétuel.
1717-1751. Alain Bochcongar, vicaire perpétuel. Il mou-
rut au presbytère le 5 Mars 1751 ; assistaient à son
— 238 —
enterrement, qui eut lieu le 6 : N. G. Marion, recteur
de Plougastel, qui présidait les obsèques ; L. Gobîn,
curé de Saint-Urbain ; H. Grall, recteur de Daoulas ;
Alain Le Moing, curé de Saint-Thomas ; Jean Grignon,
curé de Plougastel ; Malo Le Par, prêtre de Saint-
Thomas ; N. de Guennou, prieur, recteur deLoperhiet ;
J. Kervella, prélre ; Mathias Diverrès, prêtre.
1751-1760. J. Hyroe, recteur.
1760-1772. G. Brénéol, recteur.
1773-1792. Ange -Christophe Le Gac de Quistillic. Origi-
naire de Plounéventer, refusa le serment, ainsi que
son vicaire, M. Cudennec; en Mai 1792, il se retira à
Plounéventer, retourna à Dirinon en Novembre 1794
jusqu'au mois de Ventôse an IV (Février 1795) ; il fut
soigné comme paralytique à Thôoital de Landerneau,
et revint à Dirinon pour y mourir le 23 Septembre 1795
(L. 382).
Yves Le Roux, vicaire de Dirinon, signe les actes pa-
roissiaux en 1792, en 1793 ; il s'intitule vicaire et officier
civil.
Noms de quelques Prêtres et Sous -Curés
avant la révolution
presque tous originaires de la paroisse
1579. Claude Salaun.
1621. G. Golyas.
Jean Cochât.
Deredec.
Nicolas Quentric.
1642. Hervé L'André.
G. Goazgoal.
1643. H. Paige.
Jan Kerneiz.
239 —
Jan Ronyant.
1644.
Noël Emdivat.
1657.
Jean Le Vergoz.
Yves Le Pezres.
1666.
François André.
Vincent Coatagas.
1671.
Golvin Morvan.
1675.
Jean Le Roux.
1687.
Yves Maillons.
Noël Caret.
Nicolas Cochât.
Golvin Morvan.
1691.
Alain Morvan.
1704.
François Diverres.
1705.
Alain Ély.
1751.
J. Kervella.
1759.
Ch. Muzellec.
1763.
François Magueres.
1790.
Olivier Cudennec.
Recteurs depuis le Concordat
1805-1809. Charles-Marie Cudennec, néà Poullan, le 23 Jan-
vier 1760, ancien vicaireen 1791, mourut recteur de
Dirinon le 15 Juin 1809.
1814-1858. Nicolas Penn, de Plouënan.
1858-1862. Charles-Dominique Gras, de Roscofï.
1862-186^ Guillaume Guéguen, dé Plouguerneau.
1865-1874. Vincent Le Traon, de Cléder.
1874-1894. Paul Bernard, de Bodilis.
1894-1906. Jean-Marie Hameury, de Ploujean.
1906. Pierre-François Floch, de Plouënan.
— 240 -
Vicaires
1804. Guillaume Huguen.
1820. Mathias Allauçon.
1829. Jérôme Guiader.
1834. Julien-Marie Sancéo.
1848. Hervé Corre.
1851. Jean-Marie Rolland.
1858. Jean-Marie Rouvel.
1862. Gustave Tournois.
1863. René Perrot.
1874. Guillaume Bodilis.
1888. Nicolas Donval.
1891. Jean-François Corre.
1905. Ursin-Marie Kerouanton.
*
* *
La lettre suivante de M. de Troërin, grand vicaire rési-
dant à Landerneau, est extraite des Archives de TEvéché.
« Landerneau, le 21 Mars 1805.
■s
(( Je vis hier M. de Marigny. Il est bien édifiant et zélé
surtout pour sa paroisse de Dirinon, où est située sa terre.
Il voudrait obtenir pour cette église quelques reliques
pendant que le Saint-Père est encore à Paris. Ils en avaient
autrefois, avant la Révolution, pour lesquelles le peuple
de cette paroisse et circonvoisines avaient une grande
vénération. Elles existent encore ; mais dans le boulver-
sement de ces tems malheureux, elles ont souffert au point
que l'authentique est un peu vicié, selon que m'en a écrit
M. Cudennec, recteur. C'est un excellent prêtre, dont la
conscience est et peut-être même excessivement timorée.
Enfin, il a cru, dans le doute, ne pouvoir les exposer à la
— 241 —
vénération des fidèles. Je suis fâché de ne les avoir pas
examinées moi-même, lorsque j'ai été chez M. de Mari-
gny. Les grands vicaires, consultés, ont été d'avis de ren-
voyer, au retour de Monseigneur, le jugement de cette
affaire ; cependant, si on avait été dans le cas de les expo-
ser, c'eût été d'un grand profit pour l'église, qui est très
jolie. (Si Sa Sainteté accordait quelques reliques), on en
publierait l'exposition tant dans l'église de Dirinon que
dans les circonvoisines, et, le jour assigné, on verrait
encore le môme concours de monde, et les offrandes aussi
abondantes qu'auparavant, et peut-être plus. »
Monuments anciens
Dolmen au village de Linglaz.
Tumulus de 14 mètres de diamètre sur 1 m. 50 de haut,
dans la montagne dite Goré-Ménez, à 50 mètres de la
route de Dirinon à Landerneau.
Tumulus de 25 mètres de diamètre sur 1 m. 40 de haut,
dans une parcelle nommée Quistillic, sur les terres dépen-
dant de Trébéolin.
Camp de forme irrégulière, à 500 mètres de Lesquivit,
dans une parcelle dite Goarem-ar-Castel.
Autre petit camp à Brenat, dit Castellic, à 2 kilomètres
N.-O. du bourg.
Autre camp retranché, dans un taillis au Sud du village
de Kernoter.
Motte, à l'angle N.-O. du bois du Rouai.
Lec'h carré entaillé, de 2 m. 50 de haut, à 50 mètres au
Nord de la maison d'école. (M. du Chatellier.)
— 242 —
Familles nobles
Boisguehenneuc, S' de Kervern : d'argent à Vaigle im-
périale de sable becquée et membrée de gueules ; devise :
Carantez ha guirionez, Amour et vérité.
Buzic, S^ de Kerdaoulas : écartélé aux î et 4 d'or au
léopard de gueules, qui est Névet, aux 2 et B de gueules à
six annelets d'argent 3. 2. /, qui est Buzic ; devise : Corn-
zit mad, Parlez bien.
Coetuempren, S»" du Rouazle : d'argent à trois tours cré-
nelées de gueules ; devise : Et abundantia in turribus.
Courtois, S^ du Beuzidou : d'argent à trois hures de san-
glier de sable, alias : d'argent au chevron de gueules accom-
pagné de trois hures de sanglier de sable.
Forestier, S^* de Quilien et de Penhep : de sable à la
bande fuselée d'argent
Gillart, S' de Kersulec : d'azur au sphinx ailé et couché
d'or, au chef d'argent chargé de trois mouchetures de sable.
Huoû, S' de Kerliezec : d'or au chevron de gueules ac-
compagné en pointe d'un corbeau de sable.
Keraldanet, S>^ du Rouazle : de gueules au chef enden-
ché d'or de cinq pièces.
Keraudy, S' de Kerhervé : d'argent (alias d'or) à deux
fasces de sable.
Kerguern ou Kervern, S' du dit lieu : d'argent à l'aulne
de sinople.
Lanviliau, S^ de Kervern : de sable au sautoir d'argent
accompagné de quatre fleurs de lys de même.
Le Lec'h, S^ de Guernbihan : d'or à trois trèfles de même.
Louet, S>^ de Lesquivit : d'or à trois têtes de loup de sdble
arrachées de gueules; moderne : fascé de vair et de gueules.
Névet : d'or au léopard momé de gueules; devise : Perag,
Pourquoi ?
— 243 —
Pappe, S' de Lezuzan : d'argent à la rose de gueitdeê htm-
Umnéê d'or ; devise : Point généf point gênant
Quiniou, Si^ du Rest : d'argent à trois faecee ondées
d'asur.
Rosnyvinen, S' de Trébéolin : d'or à la hure de san-
glier de sable arrachée de gueules et défendue d'argent ;
devise : Défends-toi, ou Non ferit nisi lœsus.
Rouazle, S' du dit lieu : d'or à trois molettes de sable ;
devise : Selpetra ri, Prends garde à ce que tu feras.
Silguy, S^ de Kerbringal : d'argent à dettx lévriers de
sable accolés d'argent passant l'un sur l'autre ; devise :
Passe hardiment,
Simon, S' de Kerbringal : de sable au lion d'argent armé
et lampassé de gueules ; devise : C'est mon plaisir,
Toutenoutre, S' de Penanrun : d'argent à trois hures de
saumon coupées d*azur ; devise : Tout en outre et Tout
passe.
Tréanna, S' de Kervern : d'argent à la macle d'azur.
Le Vayer, S' du Beuzidou : d'argent à deux haches d'ar-
mes de gueules adossées en pal.
- 244
DOUARNENEZ
Le nom de cette localité apparaît pour la première fois
dans les actes en 1541 (1) et le V. Père Maunoir, un siècle
plus tard, nous en donne l'étymologie en traduisant
Douarnenez en latin, par terra insulœ, terre de l'île.
Douar an enez, étymologie fort naturelle, car le terrain
compris par cette désignation dépendait du prieuré fondé
dans rile voisine appelée autrefois île de Saint-Tutuarn,
et depuis 1368, île Tristan, insula Tristani. Cependant,
comme l'île Tristan s'appelait primitivement île deSaint-
Tutuarn, il nous paraît assez vraisemblable que le nom
de Douarnenez tirerait son origine du nom du saint Evo-
que fondateur du prieuré, Tutuarn enez, Toutouarnenez,
île Tutuarn. Quoi qu'il en soit, c'est à cette terre de Vîle
que nous allons consacrer celte notice, sans omettre de
mentionner ses rapports avec Ploaré ou Ploelre, la
mère église.
Douarnenez a été certainement un poste important de
l'occupation romaine,* M. Le Men (Bull. 1874, p. 66) n'est
pas éloigné d'y voir le Vindana portus de Ptolémée, que
M. de la Borderie place à Audierne. Dans le mot Vindana,
dit M. Le Men, on pourrait voir l'altération du mot bre-
ton Ouic dana, ville ou bourg brûlé, et il fait remarquer
que le lieu où a été construite la nouvelle église, portait
le nom de Kerlosquet, qui aurait la même signification en
breton; pour légitimer cette interprétation, on peut dire
(1) Voir, sur le prieuré de Saiot-Tutaaro ou de Tile Tristan, le savant
et fort intéressant travail de M. Bourde de la Rogerie, archiviste du dépar-
tement {Bull. Soc, Arch.f t XXXII), auquel nous faisons de larges emprunta
dans cette notice.
— 243 —
que le lieu de Kerlosquet est cité en l'aveu de 1548, avant
les ravages de La Fonlenelle. Ce qui est indiscutable, c'est
que les Romains, lorsqu'ils s'établirent à Douarnenez, y
trouvèrent des traces de l'occupation gauloise. « L'île
Tristan, dit M. Le Men, qui devient une presqu'île à
marée basse, comme les oppida gaulois que décrit César
en parlant de la guerre des Vénètes, a été elle-même un
oppidum. M. Le Guillou-Pénanros, propriétaire de l'île, y
a découvert, en faisant des défrichements, les substruc-
tions d'un très grand nombre de petites habitations dis-
posées comme les cases d'un échiquier. C'est exactement
l'aspect que présentent les habitations gauloises dans les
oppida que j'ai explorés. On y a découvert des monnaies
gauloises et un grand nombre de monnaies romaines. »
D'un autre côté, les ruines romaines abondent dans la
ville de Douarnenez et aux environs. Voici celles que
signale M. du Chatellier dans la nouvelle édition de son
important travail sur les monuments anciens du Finistère.
(( Tuiles et débris romains, sous une grande partie de
la ville, surtout à l'Ouest.
« Substructions romaines au passage vis-à-vis Tréboul.
(( A la pointe du Guet, il a été trouvé, outre des substruc-
tions, des urnes, un cippe en pierre calcaire avec repré-
sentation d'un homme armé d'une hache, une statuette en
béton de Déesse-Mère, de 45 centimètres de haut, portant
un torques au cou (Musée de Kernuz), une mosaïque et
de nombreuses monnaies romaines. Non loin de là, en
creusant des fondations, rue Fontenelle conduisant au
Guet, on découvrit le 15 Février 1884, à 2 mètres de pro-
fondeur, un cercueil en plomb très épais, long de 1 m. 90,
renfermant un squelette encore recouvert de lambeaux
d'étoffe tissée d'or, un vase en verre, un vase en terre
rouge, de longues épingles en jais, remarquables par le
dessin et la délicatesse du travail et un morceau de fer.
— 246 —
(( Au mois d'Avril 1880, en creusant les fouilles de la
maison de M. Chancerelle, les ouvriers ont mis à jour
une série de petites chambres faites en forts murs de
maçonnerie et revêtus d'un ciment rouge très dur.
« En Février 1889, en creusant pour la construction
d'une maison, au coin Nord de la rue de Poullan à Port-
Rhu, des ouvriers ont rencontré les restes de constructions
romaines de six appartements au milieu desquels ils ont
recueilli une statue de 60 centimètres de haut, en pierre
calcaire. La tête est entourée d'une sorte de couronne de
lauriers. Le bras droit manque, il tenait une massue dont
la pointe reposait à terre, le bras gauche posait sur une
rocaille et était recouvert d'une peau de lion dans sa par-
tie antérieure, la main droite manque ; fort mutilée, cette
statuette d'Hercule, d'un très mauvais style, est aujour-
d'hui au Musée de Quimper. Les substructions, dont les
murs étaient enduits d'un beau ciment, se composaient de
deux groupes parallèles entre eux et à la rivière, de trois
pièces de 3 mètres carrés chacune avec une aire de béton.
— Restes de poterie nombreux et de débris de repas
autour des constructions qui se prolongent sous les ter-
rains voisins.
(( Vers 1898, d'autres substructions ont été trouvées en
creusant les fondations d'une maison, près de la chapelle
Sainte-Hélène.
« A l'île Tristan, était un oppidum renfermant un grand
nombre d'habitations ; en y construisant des établisse-
ments de pèche, M. Pénanros découvrit un poignard, des
fragments d'épées, trois haches à ailerons brisées, deux
racloirs, une statuette et un bas-relief en bronze, une
petite cuiller en argent, deux monnaies gauloises en bil-
lon et des monnaies de la colonie de Nîmes et des empe-
reurs Vespasien, Gordien, Maximin et Constantin.
(( A Plomarc'h, à 1 kilomètre à l'Est de la ville, muraii-
— 247 ~
les romaines de 2 m. 50 de haut sur 25 mètres de long
avec niches à plein cintre. En 1883, on recueillit contre
ce mur un squelette avec des débris de poteries et de cui-
sine et quelques monnaies (Musée de Kernuz). Quatre
autres squelettes ont été trouvés en 1905.
(( Dans la prairie que domine cette muraille, la sonde
trouve, à 40 centimètres sous le gazon, un épais pavé en
ciment, et à peu de distance, au milieu des ronces, on
voit quantité de restes de maçonnerie.
« En 1863, un établissement de bains romains fut décou-
vert sur la grève du Riz ; les substructions mises au jour
se composent d'un premier groupe formé de trois cham-
bres adjacentes, mesurant l'une 3 m. 60 sur 3 m. 15 ; la se-
conde, 4 m. 30 sur 3 m. 60 et la troisième, 2 m. sur 3 m. 60.
« A 20 mètres de ce premier groupe, de nouvelles fouil-
les mirent au jour une grande pièce allongée mesurant
17 m. 50 sur 3 m. 75, vers les extrémités de laquelle on
remarquait des amorces de mur en retour d'équerre.
« En 1895, M. Quiniou, fermier et maître d'hôtel au
Grand -Riz, voulant agrandir son établissement, mit à
découvert les substructions ou caves d'une habitation
gallo-romaine, analogues à celles dont on a trouvé des
vestiges tout autour de la baie de Douarnenez. (Pour plus
de détails, voir p. 183 du Compte rendu du Congrès de
l'Association bretonne à Quimper en 1895, tome XIV, l'arti-
cle de M. le chanoine Abgrall, « A propos des découvertes
récentes du Grand-Riz.) »
« Camp avec substructions romaines, à 1 kilomètre
plus loin sur la falaise.
« Restes de constructions à Kériellou sur la falaise. »
*
* »
La légende place dans ce qui forme aujourd'hui la baie
— 248 —
de Douarnenez, la fameuse ville d'Ys ou Keris, séparée de
la mer par une sorte de chaussée ou de digue dont les
écluses auraient été ouvertes par Dahut, la fille du roi
Gradlon, après une nuit d'orgie. Le roi n'eut que le temps
de monter à cheval, prenant sa fille en croupe, et de courir
vers les collines voisines ; mais le flot suivait les pas du
cheval, et une voix s'élevait de plus en plus pressante du
sein de la mer, criant : « Jette le diable dans la mer » I
Le roi comprit enfin le sens de cette injonction, il repoussa
sa fille dans la mer, qui s'arrêta aussitôt, à l'endroit qui
engloutit Dahut, et qui depuis s'appelle Pouldahut ou
Pouldavid. Ce qui reste de cette légende, c'est qu'il sem-
ble hors de doute qu'un cataclysme a dû, vers le v® ou vi®
siècle, modifier la configuration de la côte, par suite d'un
envahissement des eaux, et il n'est pas rare d'y rencontrer
des troncs d'arbres assez loin du rivage, aux grandes
marées.
Ce qui est plus certain, c'est qu'un saint évéque, nommé
Tutuarn, vint s'établir dans l'îlot qui a porté son nom
d'île Tutuarn, puis d'île Tristan ; mais on ne sait rien de
certain sur l'époque de cet établissement, et Ton connaît
encore moins les détails de la vie de ce saint personnage ;
ce qui est hors de doute, c'est qu'une église avec terres en
dépendantes formait un bénéfice sous le patronage de
Saint-Tutuarn, lors de la donation qu'en fit l'Evéque de
Quimper au monastère de Marmoutier, en 1118.
L'Evoque de Quimper qui fit cette donation fut, disent
Albert le Grand et dom Morice, Robert, qui aurait été
ermite à Locronan ; mais M. de la Rogerie fait observer
que le Cartulaire manuscrit de Quimper, qui est conservé
à la Bibliothèque nationale, marque que ce Robert fut
ermite a apud Locuuan )) ou Locuvan et non Locrenan,
(A suivre,)
— 249 —
CARTULAIRE
DE L'ÉGLISE DE QUIMPER
(Suite.)
415
' ADMONESTATION CAPITULAIRE A UN CHANOINE (O
- 7 Août 1394. -
Anno Domini M^ CGC® nonagesimo quarto, die veneris
post festum Beati Pétri ad vincula hora prime etc. indicione
secunda, Pontificatus Clementis pape Vir anno XVI*' nos
Capitulum Corisopitense Capitulum pro negocio infras-
cripto facientes, inhibuimus et tenore présente inhibemus
Johanni de Treanna canonico Corisopitensi ne de cetero
injuriam in personam alicujus persone verbo neque facto
inférât et hoc sub pena privacionis chori et substractionis
fructuum et emolumentorum prébende sue.
Acta ut supra, presentibus magistris Guillermo Marhec,
J. de Tegula, Daniele de Insula, 0. Hospitis, Guidone de
Tegula, Natali Stellan et aliis.
J. Bloez.
(1) Cart. 31, f 60.
BOJLLBTIN DE LA COMIIISSION DIOCiSAINB. — 7* aODée. 17
— 250 —
416.
RÉCEPTION D'ALAIN PENQUELENNEC (')
— 12 Septembre 1884. —
Annp DomiDi M^ CCC^ nonagesimo quarto die duode-
cima mensis Septembris fuit Magister Alanus Penquel-
lennec, virtute collacionis ordinarie, receptus in cano-
nicum et in fratrem in Capitulo Corisopitensi, fuitque
locus sibi assignatus in eodem et idem Magister Alanus
juravit statuta potissime contentum in hoc libro ; et fuit
mandatum domino J. Turnerii ibidem presenti ipsum
Magistrum Alanum inter alios canonicos impaginare ad
distribuciones cetidianas presentibus in dicto Capitulo
Magistris. J. de Tegula, 0. Hospitis, J. Corric, J. Muntone,
G. de Tegula, J. dé Tréanna, indicione secunda domini
démentis pape VII^ anno deeimo sexto.
J. DE MiSPERIT.
417.
SERMENT DE GUILLAUME TRÉ6AREC <')
- 2 Juillet 1886. -
Anno M^' CCC^ nonagesimo quinto, die secunda mensis
Julii, dominus Guillermus Tregarec presbyter juravit
statuta et consuetudines ecclesie etCapituli Corisopitensis
exhibereque reverenciam canonicis dicte ecclesie et aliis
ministris (qui) presunt ecclesie.
G. Treouret prefectus presbyter. Ita est.
(1) Cari. 31, f* 27.
(3) Cart. 31, ^ 63.
— 251 —
418.
PRESTATION DE SERMENT (<)
~ 18 Septembre 1396. --
Ânno Domini M? CCC^ nonagesimo quinto, die xviii*
mensis Septembris, hora prime, indicione tercia, Pontifi-
catus domini Benedicti pape tercii decimi anno primo,
presentibus ad hoc magistris J. de Tegula, 0. Hospitis,
G. de Tegula, J. Corric canonicis Corisopitensibus, J. Mu-
tonis, N. Estelian curatis predicte ecclesie, dominus
Stephanus Rousselli et Judicellus Felestreuc presbyter
dixeruDt io Capilulo quod juraverunt statuta ecclesie
Corisopitensis et dicta dicti presentibus supra dictis, dicti
Judicellus et Stephanus juraverunt et cetera, presentibus
supra dictis. G. Serrelagat.
ALAIN JESTIN PRÊTE SERMENT (')
- 6 Avril 1386. -
Ego Alanus Jestin presbyter juravi statuta ecclesie Cori-
sopitensis bene fideliter tenere et contra ea non venire in
futurum, die sexta Aprilis anno Domini M<' CCC<> nonage-
simo sexto. Â. Jestin. Ita est.
420
GUILLAUME SOUTIER PRÊTE SERMENT <')
- 6 Mal 1396. -
Anno Domini M<»CCCononagesimosexto,hora terciarum,
die sexta mensis Maii, indicione quarta,PontificatusBene-
(1) Cart. 31, f 66.
(2) Cart. 31, f^ 63.
(3) U)id,
- 2S2 -
dicti pape decimi tercii anno secundo, presentibus vene-
rabilibus viris et discretis Magistris Johanne Corric, G. de
Tegula, Johanne de Treanna canonicis ecclesie Corisopi-
tensis, Guidone Serelagat clericis, Yvone Robert! et aliis,
discretus vir Guillermus Soutier et juravit statuta ecclesie
et Capituli Corisopitensis.
Acta in Capitule, etc. J. Bloez.
AMENDE POUR CAPUCE PORTÉ SUR LA TÊTE
PENDANT LA PROCESSION <<>
- 13 Mal 1896. -
Anno Domini Mo CCC^ nonagesimo sexto, die décima
tercia mensis Mail circa horam terciarum, indictione
quarta,Pontificatus sanctissimi in Christo patris ac domi-
ni domini Benedicti divina providencia pappe tercii deci-
mi anno secundo, presentibus ad hoc Magistris de Hospi-
tis, A. Penquelennec, J. Corric, J. de Treanna, G. de
Tegula canonicis Corisopitensibus, J. Mutonis, H. Merca-
torii et aliis in Capitule Corisopitensi constitutis, dominus
Johannes Penguen presbyter curatus in ecclesia Coriso-
pit^isi, emendavit de xx solidis ad ordinacionem Capituli
propter quod die lune ultimatum dum processio fiebat in
rogacionibus in eundo apud Locum Béate Marie et quod
ipse dominus Johannes deflerebat capucium suum super
caput et quod fuit requisitus de amovendo capucium
suum et non fecit ideo promisit emendam hujusmodi ad
ordinacionem dicti Capituli. G. Serrelagat.
(1) Cart 31, ^ 67.
— 253 —
422.
EUDE EUE REÇU MACICOT PRÊTE SERMENT f')
- 16 Juin 1886. -
Anno Domini Mo CCCo nonagesimo sexto, die veneris
post festum beati Barnabe apostoli, presentibus ad hoc
Magistri Matheo de Keranguen, Yvone an Fur et aliis in
Capitulo Corisopitensi ibidem predicto, una cum venera-
biliter viris Magistris Y. Corric, Alano de Penquelennec,
J. Treanna fuit receptus Eudo Elie in macicotum chori
S^i Chorentini qui quidem macicotus juravit tenere et in-
violabiliter observare statuta ecclesie Corisopitensis prout
moris est in talibus fieri consuetum.
G. Serrelagat.
428
' AMENDE POUR INJURE FAITE A UN CHANOINE ^)
- 30 Juin 1896. -
Anno quo supra (3) die veneris post octabas Sancti Sa-
cramenti presentibus Magistris Oliverio Hospitis, Alano
Penquelennec, J. de Treanna, emendavit dominus Natalis
Stellan presbyter vicarius ecclesie Corisopitensis Capitulo
Corisopitensi ad sui ordinem usque ad summam xxv soli-
dorum monete currentis rucione quarumdam injuriarum
Magistri Johannis Corric per ipsum Stellan allatarum in
choro S^i Chorentini, presentibus supra dictis.
G. Serrelagat.
(1) Cart. 31, ^ 67.
(2) Ibid.
(3) Id est : 1896.
—1254 -
424.
RÉCEPTION D'UN MACICOT
In eodem die et anno, presentibus predictis Magistris
canonicis, fuit receptus in Capitulo Corisopitensi pereos-
dem canonicos, Oliverius an Canperenc in macicotum
chori S^i Chorentini, qui quidem macicotus juravit tenere
statuta ecclesie S^^ Chorentini prout in talibus fieri est
consuetum et eciam juravit recedere extra chorum quum
recédèrent, atque facere reverenciam et honorera cano-
nicis ecclesie predicte et antiquioribus ipso.
G. Serrelagat.
425
YVES LE DANTEC CONDAMNÉ A L'AMENDE (')
- 11 Juillet 1386. -
Anno quo supra (2) Martis post octabas festi Apostolo-
rum Pétri et Pauli in Capitulo Corisopitensi, presentibus
ad hoc Magistris Oliverio Hospitis, Johanne Corric, Gui-
done de Tegula, Joh*anne delreanna, super injuriis illatis
in choro S^^ Chorentini, ex parte domini Stephani Rousselli
presbyteri, contra dominum Yvonem an Dantec presby-
terum, fuit ordinatum in dicto Capitulo quod dictus Ste-
phanus emendaret et emendavit ad ordinacionem Capi-
tuli dicto Capitulo et presbytero predicto in summam
decem librarum monete currentis,medietatem dicto Capi-
tulo et residuum dicto presbytero, ad ordinacionem pre-
dicti Capituli et hoc ex consensu ipsius domini Stephani ;
et cum hoc fuit inhibitum per dictum Capitulum quod
alter alteri non foredicat amodo, sub pena decem librarum
predicte monete. Datum ut supra. G. Serrelagat.
(1) Cari. 31, ^ 67.
(2) Id est : 1396.
-ass-
ise.
YVES TOURNIER ET JEAN ROUSER PRÊTENT SERMENT <<)
- 20 Juillet 1386. -
Anno Domini, Mo CGG^ nonagesimo sexto die xx* men-
sis Julii circa horam prime, indicione quarta Pontiâcatus
sanctissimi in Qbridto patris ac domini nostri domini
Benedicti divina providencia pape tercii decimi anno
flfioiiiïdo presentibus ad hoc domino Johanne Mutonis
an Ballacon et domino Johanne an Rou&er juraverunt
coram venerabilibus viris Magistris Oliviero Hospitis,
Johanne Corric, Alano Penquelennec, Guidone de Tegula
et Johanne de Treanna canonicis Corisopitensibus dicti
domini Yvo Tournerii et Johannes Rouser capeliani ma-
jores in ecclesia Gorisopitensi juraverunt statuta ecclesie
Gorisopitensis in dicto Gapitulo et hoc ad sancta Dei
Evangelia, facere que reverenciam et honorem canonicis
ecclesie Gorisopitensis et statuta hujusmodi tenere...
Observare secundum exigenciam suorum beneficiorum.
Datum ut supra.
G. Serrelagat»
ALAIN DU BOISGUEHENEUC REQU CHANOINE (')
— 81 Décembre 1886. —
Anno Domini M^ GGG^ nonagesimo sexto , die ultima
mensis Decembris circa horam matutinarum, in ecclesia
Gorisopitensi, secundum usum et computacionem ecclesie
Gallicane, indicione quinta, Pontificatus sanctissimi in
Ghristo Patris ac domini nostri domini Benedicti, divina
providencia, pape decimi tercii anno tercio, in mea notarii
(1) Cari. 81, f 63.
(9) Cart. 81, ^ S8.
- 256 —
presentis et testium infrascriptorum presencia persona-
liter constitutus venerabilis vir Magister Alanus de Bosco
guehenoci licenciatus in utroque jure, officialis modernus
Corisopitensis, fuit receptus in canonicum Corîsopitensem
in Capitulo Corisopitensi, et fuit sibi locus assignatus in
dicto Capitulo per dominum Natalem Stelian presby-
terum commissarium quoad hoc deputatum virtute litte-
rarum ipsi Magistro Âlano super hoc confectarum , in
canonicatum et prebendam nunc vacantem per mortem
nuper defluncti Magistri Guidonis de Tegula ultimi eorum-
dem detentoris ; et dicta die et anno, indictione et Ponti-
ficatu predictis, idem Magister Alanus supradictus juravit
statuta ecclesie Corisopitensis, consuetudines laudabiles
et venerabiles tenere et observare et inutilia ecclesie Cori-
sopitensis evitare et hoc ad Sancta Dei Evangelia tacta ab
eodem Magistro.
Acta fuerunt hec in Capitulo supradicto Corisopitensi,
inibi more solito capitulante pro negocio huiusmodi.
Presentibus ad hoc Magistro Oliverio Hospitis canonico,
domino Hamone Gallici, domino Johanne Penguen près-
byieris, Johanne de Kergus clerico et pluribus aliis inibi
testibus ad hoc vocatis et juratis.
G. Serrelagat.
428
GUILLAUME PLOE REQU CHANOINE 0)
- 4 Mal 1397. -
Anno Domini M^ CCC<> nonagesimo septimo, die quarta
Maii, hora magne misse, indictione quinta, Pontificatus
domini B. pape tercii decimi, anno tercio, presentibus
Magistro Gaufirido Quvet... christiano Diherit presbytero,
(1) Cart. 31, f* 64.
-^287 -
domino Hamone... sigillifero Corisopitensi , massicoto
Kerdrein... Capitulum Corisopitense capitulando, rece-
perunt Guillermum Thome clericum procuratorem et
nomine procuratorio Guillermi Ploe alias clerici impe-
trantis... in canonicum et fratrem, ac possessionem cano-
nicatus et prébende quos nunc deffunctus Magister de
Tegula... de Bosco Guehenoci obtinere solebat in ecclesia
Corisopitensi, salvo jure cuiuslibet et iuravit dictus pro-
curator statuta et laudabiles consuetudines, ut moris est,
et postmodum venerabilis vir Magister H. Sulguen assi-
gnavit dicto procuratori locum in Capitulo.
Âcta fuerunt bec in dicto Capitulo.
A. SCAHUNEG.
429.
EMPRUNTS DE LIVRES <')
- B Juin 1387. -
Tempore mei Rioci, recepit Turnerius unum collecta-
rium quod erat domini Alani episcopi, copertum de albo
et sunt septem folia sine scriptura, in predicto anno sep-
tuagesimo secundo.
Restituit in Capitulo. R.
Riocus de Lestuban babet pênes se duas partes brevia-
rii cum corio albo, una pars incipit : Oloria TrinittM.
Magister Herveus Sulguen babet pênes se moralia Beati
Gregorii super Job, in duobus voluminibus cum asseribus
ligatis, die martis post Ascensionem Domini anno M^ CGC®
nonagesimo septimo.
Item babet librum théologie incipientem in secundo
folio : Manaehi et penultimo Angéli.
(1) Cart. 31, f 72.
— ass-
oie martis post Penthecostes, Ego Riocus portavi de
Capitulo unam partem breviarii cum postibus et corio
albo et incipit : Gloria Wn lMiMxn,'ti%!m{, : Sécvlorum.
Item ego Riocus de Lestuhan portavi de Capitulo unum
missale parvum quod fuit domini Alani le Gall et sunt
octo folia...
430.
SIMON 6AN6UER PRÊTE SERMENT PERSONNELLEMENT (')
- 30 Juillet 1897. -
Anno Domini M^ CCQfi nonagesimo septimo, die penul-
tima mensis Julii, hora terciarum, indictione quinta,
Pontificatus Benedicti pape decimi tercii anno tercio,
presentibus Magistris Herveo Sulguen, 0. Hospitis, Jo-
hanne Corric, Johanne Treanna et aliis, venerabilis et
diacretus vir Symon Ganguer canonicus Corisopitensis
Juravit in propria persona statuta, observancias et lauda-
biles consuetudines ecclesie et Capituli Corisopitensis.
Acta in dicto Capitulo ut supra. J. Bloez.
431.
SERMENT DE JEAN LE GUELLEC, CHANOINE w
— 28 Août 1897. -
Anno Domini M^ CCQfi nonagesimo septimo die mercu-
rii in festo decollacionis Beati Johannis Baptiste videlicet
XXIX* mensis Augusti circa horam terciarum dicte diei,
(1) Cari. 81, f^ 31.
(2) Gart. 81, f 44.
bore capitularis in Capitulo ecclesie Corlsopitensis Ponii-
ficatus sanctissimi in Ctiristo patris domini Benedicti
divina providencia pape tercii decimi anno tercio et indic-
tione quinta, venerabilis et discretus vir Magister Johan-
nés Perfecti (1) canonicus ecclesie Corisopitensis , alias
admissus per procuratorem suum in canonicum et ad
distribuciones dicte ecclesie, juravit statuta, observancias
et consuetudines ac libertates laudabiles dicte ecclesie
ut est moris, presentibus in Capitulo predicto tune vene-
rabilibus et discrjBtis viris Magistris Herveo Sulguen,
Johanne Corric et Âlano de Penquelennec canonicis dicte
ecclesie capitulantibus nec non et Natali Stellan et Jo-
hanne Mutonis curatis ecclesie predicte testibus ad pre-
missa vocatis.
A. RUNBRAN,
482
PIERRE DU MAS REQU CHANOINE (')
- 8 Mal 1398. ~
Anno Domini Mo CCC^ nonagesimo octavo, die octava
mensis Maii, statim post horam complectorii, indictione
quinta, Pontificatus domini Benedicti pape decimi tercii
anno quarto, presentibus venerabilibus viris Magistro
Johanne Primogeniti (3) oiBcialis Corisopitensis, dominis
Hamone Gallici sigillifero curie Corisopitensis, Guillermo
de Cagia et pluribus venerabilibus viris aliis, Capitulum
Corisopitense capitulantes receperunt dominum Johan-
nem Mutonis presbyterum procurato'rem et procuratorio
nomine Magistri Pétri du Mas canonici Corisopitensis in
(1) Traductioo du mot breton Guellee.
(2) Ctrt. 81, t" 27.
(3) TradactioQ da breton le Eénaff.
— 260 -
cânoniciim et fratrem dicte ecclesie, salvo jure cujuslibet,
et Magister Guillermus Marhec canonicus dicte ecelesie
assignavit sibi, nomine quo supra, stallum in choro et
locuiD in Capitule.
Acta fuerunt in choro et Capitulo predictis.
A. SCAHUNEG.
(Â suivre.)
- 261 -
CORRESPONDANCE
Dl
I. TRËHOT de GIBRIOIT, lalre do Pont-Croii (1791).
(Suite.)
c 18 Avril.
« Je suis allé à Taudience pour entendre le jugement de
Tabbé Rochedreux (1), vicaire de Mahalon à Guilair, qui,
au mois de Janvier, recevant le décret sur la Constitution
civile du Clergé et en en donnant lecture au prône et Tex-
pliquant, dit qu'il ne croyait pas qu*il fût permis de ven-
dre et d'acquérir les biens du clergé ; que cela était
défendu par les conciles, sous peine d'anathème et d'ex-
communication ; qu'il se croyait obligé d'avertir tous ceux
qui en achèteront, de ne point s'adresser à lui en confes-
sion, sains ou'malades, parce qu'il ne les absoudrait pas,
à moins de restitution, ou de volonté déclarée de restituer
en cas d'impuissance, et qu'il assurait qu'aucun prêtre ne
pouvait pas plus les absoudre que lui ; que d'ailleurs les
choses pouvaient revenir dans leur ancien état et qu'il ne
conseillait à personne de s'exposer à perdre son argent
dans ces acquisitions.
(1) René RocbedreuXy prôlre de CoDcaroeau» séjourna quatre ans à
La Rochelle à son retour de Pezil, puis devint succesaivement instituteur
à PoDt-i'Abbé, à Pont-Croix, à Meylars, recteur de Névei et de i'Ue Tudy,
où il mourut» en 1837.
\
— 262 —
« On parle, et il avoue deux prônes sur cette matière. Il
fut justifié de Taccusation portée contre lui d'avoir laissé
mourir un de ces acquéreurs de biens ecclésiastiques, sans
confession et sans sacrements, en disant qu'il ignorait que
cet homme fût malade, lorsqu'un dimanche, il avertit son
peuple qu'il était obligé de s'absenter toute la semaine et
qu'il priait ceux qui auraient besoin de secours, pendant
ce temps, d'appeler le vicaire de Mahalon ou celui de Lan-
dudec, voisins qu'il en avait prévenu ; que cet homme
était mort le vendredi suivant, pendant son absence et que,
quand il eût été chez lui, cet homme serait mort dans le
même état, puisqu'on ne vint réclamer de secours, qu'au
moment où le malade était tellement mourant, que son
confrère de Mahalon le trouva mort.
« Sentence donc hier qui condamne le dit Rochedreux
à venir à la barre du Tribunal, pour y être admonesté et
le condamne, en outre, à être privé de tout traitement pen-
dant six mois et le suspend, pendant ce temps, de toute
fonction.
a Sur la motion de Botzey, à la dernière assemblée élec-
torale, le Directoire du District se propose de faire vider
les presbytères des recteurs remplacés, de tous meubles et
même de personnes, de manière que les remplaçants et
les remplacés ne soient pas dans le cas de s'envisager. Ce
devait être aujourd'hui et demain, mais je ne vois pas
beaucoup d'apparence à cela ; peut-être, le Directoire ne
se croit-il pas fondé à cet acte d'autorité, et, au fond, je
ne le crois pas, car je ne vois aucun décret qui indique le
mode du remplacement, ou plus tôt, la manière d'expul-
ser les anciens.
« L'imposition foncière affecte beaucoup les paysans
d'ici et j'en suis fort étonné, car c'est le pays de la Douceur
et de la Paix.
— 263 —
(( Notre jardin sera joli et promet quant aux fleurs et
aussi quant aux fruits » (1).
c 18 Avril.
« Nous sommes tout en l*air ici et dans cette ville.
L'abbé Expilly vient demain mardi, c'est ici qu'il dtnera.
Comme il avait annoncé son arrivée à nos religieuses, elles
nous en ont fait part, et nous nous sommes tenus sur nos
gardes : nous avons tout ce qu'il nous faut en poisson,
légumes, dessert. Nous avons pour convives : les mem-
bres du District, deux des Juges, deux Municipaux, deux
Notables, trois de la Milice ; au total : vingt-sept person-
nes. Nous dtnons dans mon cabinet qui est beau et vaste.
On dit qu'il s'en retourne le même soir ; j'aurais bien
désiré qu'il fût resté au moins un soir, pour que nous
eussions pu causer plus librement que nous ne le ferons
avec toute cette compagnie.
« Cy-joint les conclusions du commissaire du Roi con-
tre le prêtre Rochedreux, et la sentence rendue sur y cel-
les. Le jugement est un peu trop rigoureux pour un aussi
vieux péché qui date de Décembre dernier et de Janvier,
qui n'a produit aucun effet fâcheux et qui n'a été commis
que par l'impulsion d'un forcené de Recteur de qui il
dépendait.
(1) Ea Août, Roae écrit à son frère : c II faut que tu te dépêches de
venir maDger des abricots de ton jardin de la grève : nous en avons
autant que de feuilles. Nous avons ici un jeune homme pour recevoir des
soins ; Tautre jour, il voulut voler de nos abricots par le magasin. Tu
sais qu'il y a aux fenêtres des barres de fer, il passa entre ces barres,
mais il y laissa sa chemise et un morceau de son ventre. Il vint après
m'apporter des abricots, mais il ne croyait pas me faire un cadeau à mes
dépens, car il ne savait pas que le jardin était à nous. Nous aurons beau-
coup de raisin dans nos nouvelles vignes ; de la fenêtre de ma chambre,
j'en pourrai manger, si je suis ici. » Rose avait épousé M. de Kergadio,
qui vient à Pont-Croix c tant qu'il peut, mais non pas tant qu'il veut >.
U lui tardait de rejoindre son mari, subdélégué de ChAteaulin.
— 264 —
(( Il n*7 a pas un avocat qui vaille ici, ils sont ignares,
sans délicatesse et sans conduite de même qu'à Quimper.
On a voulu réduire les procès, et il s'en fait plus que
jamais ; les émoluments des avoués sont de beaucoup
réduits, mais ils en sont dédommagés par la multitude. »
c 21 AvrU.
(( M. Expilly vint lundi à Pont-Croix, il s'en retourna le
même jour, assez tard pour n'arriver qu'à onze heures du
soir chez lui. Instruits de son arrivée, nous nous attachâ-
mes à lui faire tous les honneurs qu'il nous était possible.
Nous mîmes la milice nationale sous les armes, tous les
corps se réunirent, et nous allâmes à sa rencontre jusqu'à
(( Leur-Bilard » et pas plus loin, pour ne pas lui donner
trop à marcher. Il était plus de midi quand il nous joi-
gnit. Nous nous rendîmes tout de suite à l'église où il
donna la bénédiction et où nous chantâmes un Te Deum.
De là, nous vînmes mettre le feu à un cent de fagots et
nous nous rendîmes chez nous. Ta maman et ta sœur vin-
rent au devant de lui, jusqu'au seuil de la porte ; il prit
la première par la main et ils n'étaient pas rendus à la
salle qu'ils étaient déjà de connaissance : il a un vrai talent
pour mettre le monde à son aise. Le dîné fut servi, il
était beau et le dessert le fut encore plus. Ce qu'il y a de
charmant, c'est que c'est le District qui compte avoir
traité en nous remboursant nos dépenses, ce que nous
n'accepterons pas certainement ; elle était faite et desti-
née pour ce à quoi elle a été employée, enfin on doit venir
aujourd'hui ou demain nous faire cette belle offre 1
(( L'Evéque paraît être sincèrement ton ami, il le prône
partout ; il dit de toi tant de bien que je le crois menteur ;
il t'a, dit-il, toutes les obligations du monde du vif inté-
— 268 —
rêt que tu as pris à son exaltation : Tu es, dit-il, la princi-
pale cause, par tes instances, qu'il ait accepté cet évéché,
et je crois foncièrement que, si cela est, tu as rendu ser-
vice à ta patrie en lui procurant un pasteur qui est tout
honnête et, je crois, très conciliant. Il était à dîné entre ta
maman et moi, il n'y eut de conversation qu'entre eux
deux et tu t'imagines bien que tu en fus le principal objet.
« Nous fûmes au couvent ensuite. Je le laissai seul avec
la Supérieure et sœur Thérèse ; je savais qu'elles avaient
des afiaires de conséquence avec lui, dont j'ai connais-
sance et je fus me promener avec les autres religieuses,
jusqu'à ce qu'il reparut. Il m'aborda et me dit qu'il était
tout à fait satisfait de ces Dames. Comme je remarquai
qu'elles avaient négligé de lui faire voir ce qui pourrait
ajouter à l'intérêt qu'il prenait en elles, je le conduisis au
nouveau pensionnat qu'elles ont fait, qui est charmant
pour la propreté et l'ordre ; c'est un petit bijou dont il fut
surpris et enchanté : il y a douze lits dans chaque cham-
bre, arrangés avec beaucoup de goût et de ménagement.
En redescendant, j'ouvris une porte : ce fut un nouveau
spectacle pour lui : vingt-cinq jeunes pensionnaires qui
étaient à souper, auxquelles cette apparition subite du
prélat fit monter les couleurs. Quoiqu'on ne s'attendît pas
à notre entrée en ce lieu, tout y était blanc, propre et bien
ordonné. Tout cela acheva de lui donner tout l'intérêt pos-
sible pour cette maison. Il invita ses habitants à la joie et
à égayer leur solitude par toutes les récréations qu'on
avait eu la dureté de leur interdire précédemment, com-
me d'élever des oiseaux, de cultiver des fleurs, chacune
chez elle, et d'abandonner le ton nazillard du chœur, d'y
substituer le plain-chant, même la musique, si elles veu-
lent. Il leur dit de faire entrer ta maman quand elles vou-
draient, et, à elle, il lui dit à son retour d'y aller quand
cela lui ferait plaisir. Il a laissé toutes ces pauvres filles
Bulletin de la Commission diocésaine. — 7* année. 18
— 266 —
dans le plus grand enchantement. Tout le monde en a été
satisfait et il est parti aussi très satisfait de tout le monde.
II a promis à l'avenir de prendre son logement chez nous.
Il veut absolument ^administrer le grand Sacrement,
quand tu le voudras et quelque part où tu te maries.
Enfin, il fallut se quitter et je crois qu*il s'accoutumait
bien avec nous. Notre noblesse ne parut point : « Mignon
Coz )) s'en fut àLescongar (1) ; Plouhinec s'absenta aussi,
je crois qu'il fut à Trévien.
« Le remplacement et le déplacement des Recteurs se
sont passés fort tranquillement. Il n'y a que le Recteur de
Mahalon qui tient bon. On a nommé deux sujets de suite
qui ont d'abord accepté et qui ensuite ont remercié. Le
Recteur de Landudec n'entend point quitter non plus ; il
a acheté une tenue dans son bourg où il va se loger, et
celui qui doit le remplacer n'ose prendre possession.
(( M. de Gourcufl, M. de Cheflontaine, M. Kerléan sont
tous passés en Angleterre. Madame de Gourcufiyestallée
aussi. Us s'attendent à une contre-Révolution ou plutôt à
une guerre civile dont ils craignent d'être des victimes, ce
qui pourrait bien être, ainsi que tous les nobles, s'il y
avait lieu de craindre ce fléau. Mais je réponds bien que
s'il y en a une, ce ne sera pas dans ce pays-ci. Nos Rec-
teurs déplacés s'attendaient à être secourus de leurs
paroissiens, mais aucun d'eux ne fait semblant de ces
changements. Nos vingt-sept paroisses du District en
seront réduites à quatorze, dit-on, et personne n'en mur-
murera.
« Le Séminaire de Quimper est remplacé. Si je ne t'ai
marqué par qui, c'est par un abbé Coz, recteur de Châ-
teaulin, l'abbé Ollitrault, l'abbé Sérandour et un autre :
ils sont actuellement en activité.
(1) Le € vieil ami * n'était autre que H. de Rospiec, père, châtelain de
Trévien. — Lescongar appartenait aux de la Porte Vézins.
— 267 —
« La Retraite des Dames réformée aussi : elle sera com-
posée de bourgeoises. M^^* Debon, sœur de M^»® du Reste,
en est une. J'ai entendu nommer les autres, mais je ne Aie
rappelle pas ; ce qui me paraît, c'est que le choix est bon.
« Les Capucins de Quimper n'ont point voulu habiter la
maison d'Audierne, ils se sont tous dispersés.
(( Les Hospitalières ne veulent pas quitter leur maison ;
elles ont persif&é TEvéque, quand il a été leur faire visite,
et l'ont goguenarde comme un petit garçon. On veut les
faire aller habiter la capucinière de Quimper ; elles ne le
veulent pas. Je crois qu'en cela elles n'ont point tort : l'air
y est trop vif pour des convalescents et des malades affec-
tés par la poitrine. D'ailleurs il leur manque de l'eau dont
elles ont continuellement besoin ; elles seraient mieux à
Kerlot.
« M. l'Evêque fait démasquer le chœur de Saint-Corentin ;
il y a fait apporter la belle grille qui fermait le chœur de
Kerlot ; il ferait bien d'en faire autant tout autour de ce
chœur : cela viendra vraisemblablement avec le temps. »
a 24 Avril.
(( Vous avez donc eu encore du grabuge à Paris, il est
fort heureux que cela se soit apaisé de cette manière et
que le Roi ait eu la prudence de ne pas insister sur son
voyage dès qu'il aperçut le danger. Mais ce ne sera pas le
dernier que vous aurez.
(( Le Recteur de Primelin est allé en quittant le pres-
bytère se loger à Lézurec avec l'agrément de Madame (elle
demeure à Quimper) ; celle-ci aussitôt a reçu une lettre
anonyme par laquelle on l'invitait à renvoyer son hôte si
elle voulait ne pas avoir la disgrâce de voir démolir son
château. Elle a eu peur et a écrit au Recteur de quitter au
— 268 —
plus tôt sa maison et de chercher gîte ailleurs. Le Recteur
est venu dénoncer cette lettre à Taccusaleur public qui
m*a conseillé sur ce qu'il pouvait faire : Rien vraiment ;
mais j'ai conseillé à M. le Recteur, qui était présent, de
quitter totalement la paroisse de Primelin. Il a répondu
qu'il n'en ferait rien. Je lui détaillais tous les griefs qu'on
avait contre lui, comme celui de célébrer la messe dans la
chapelle de Lézurec, interdite de droit, d'y confesser, d'y
donner la Pâque. Il est convenu de tout cela. Il avait
gardé les clefs de la chapelle de Saint-Ugen où il exerçait
les fonctions curiales : il en convint encore. Le District
eut vent de tout cela, et samedi matin, il se transporta à
Saint-Ugen où réellement il le trouva à officier. Les mem-
bres du District qui y étaient allés le laissèrent faire ;
mais quand il eut fini, il s'emparèrent de toutes les clefs,
mirent les scellés sur toutes les armoires où ils avaient
renfermé les vases, passèrent le Recteur dehors, firent
patficher et cadenasser toutes les portes. De là ils furent
à Lézurec où ils firent à la chapelle tout ce qu'ils avaient
fait à Saint-Ugen ; Idem à une chapelle nommée Saint-
Théodore, et s'en revinrent. Ils rendirent la Municipalité
reponsable de toute fraction des scellés, patte fiches, cade-
nas et de tout événement.
)) Ils seront obligés d'en faire autant à la Trinité, en
Plozévet, où les prêtres ayant abandonné le nouveau Rec-
teur, qui ne remplace pourtant qu'un mort, vont faire
l'office. En sorte que ce nouveau Recteur, oncle de l'abbé
Quillivic, a été obligé d'appeler ce dernier pour l'aider*
Cela nous dérange ici, le recteur Billon étant malade au
lit; nous sommes réduits à deux prêtres dont l'un est
aussi malade, c'est Plouhinec; en conséquence, nous
n'avons point de messe du matin, c'est celle du couvent
qui y supplée. ))
- 269 -
c 29 Avril.
(( Hier, notre Evéque fut d'une fête très belle à Douar-
nenez ; il avait été invité à venir faire la bénédiction d'un
drapeau ; il y vint en effet. Tu te figures bien que rien
n'avait été ménagé pour rendre la fête plus belle ; ils ont
des moyens à Douarnenez que nous n'avons pas ici.
D'ailleurs, belle et nombreuse jeunesse bourgeoise. Il fit
un petit discours français analogue à l'objet de la fête. Il
le répéta en breton. Les paysans et artisans, qui ne sont
point habitués qu'un évéque leur parle et leur parle en
leur idiome, sont tous ravis et le regardent comme un
ange. Cela contribue beaucoup à lui gagner tout le monde
de toutes les classes. On dit que l'objet de l'Evéque en
venant à Douarnenez n'était pas tant celui de la bénédic-
tion du drapeau que l'envie de couper le col à un procès
qui va s'élever entre les habitants associés dans l'achat
d'un chargement de tabac avarié (1). Ce procès-là n'est
pas fort aisé à arranger. »
(1) Un navire anglo-américain chargé de tabac, arraché du port de
Douarnenez par la tempête, vint échouer sur la grôve du Ria où il fut
assailli par les paysans, malgré l'intervention de la garde nationale.
(A suivre.)
- 270
SDR LB8
PAROISSES DU DIOCÈSE DE QUMPËR ET DE LÉON
Par MM. PETRON et ABGRALL.
• «
(Suite)
DOUARNENEZ
(Saile.)
Voici la traduction de Tacte de donation du prieuré de
nie Tutuarn au monastère de Marmoutiers :
« Au nom de la Souveraine et indivisible Trinité le Père
et le Fils et le Saint-Esprit,
« Moi Robert, par la grâce de Dieu évêque de Quim-
per, me souvenant fréquemment que les plaisirs du siècle
que nous recherchons avec tant d^ardeur mais non sans
péril, peuvent se racheter par les bonnes œuvres et par
l'aumône, selon ces maximes : que donner l'aumône c'est
assurer la pureté du cœur ; que comme l'eau éteint le feu
ainsi l'aumône eilace le péché; que nous devons honorer
Dieu de notre substance; sur le conseil et avec l'assentiment
de tout mon Chapitre, j'ai résolu de donner aux religieux
de Marmoutiers un certain fief m'appartenant à savoir l'île
de saintTutuarnévéque et ma propre maison qui en breton
- 271 -
s'appelle Hamoth, avec tous ses revenus et appartenances
pour les posséder librement et sans trouble à perpétuité.
(( En conséquence, Tan de Flncarnation 1118, indiction
onzième, afin d'accomplir ce que j*avais résolu, je me suis
transporté à Marmoutiers et en présence de tout le Cha-
pitre, j*ai remis entre les mains de dom Guillaume, abbé,
la donation de tout ce que dessus.
« Voici donc ce que du consentement de tout mon
clergé, de Conan, duc des Bretons, et de tous les barons
de Cornouailles, pour le salut de mon ftme, celui de mes
prédécesseurs et de mes successeurs, j'ai donné et concédé
à perpétuité aux moines de Marmoutiers, savoir :
« L'église de Saint-Tutuarn avec tous ses revenus et
dépendances et Hamoth comme il est dit ci-dessus :
« Deux tiers de la dime de la peupla^le de Saint-Ergat
qui s'appelle en breton Plodergat ;
« Un tiers du droit de sépulture de cette paroisse ;
« Le tiers des oblations aux jours du Vendredi-Saint, du
dimanche de la Passion et à la première messe de Noël ;
« Deux tiers des dimes de Saint-Tuoc ;
(( Deux tiers des dimes de Saint-Tuian (1) avec deux
tiers du droit d'étole de ladite chapelle ;
« Deux tiers de la dime de Treflac (2) ;
(( Deux tiers de Villachaux (3), de villa Chodoem et de
Lanfiat (4) et de Landuguan.
(( Trois ans plus tard (5) j'ajoutais à ces donations les
deux tiers de la dime de Trefdujan (6) et des oblations de
(1) Saiot-Thugen, en Primelio.
(3) Treflas, en Beuzec-Cap-Sizun.
(3) Kerargan ?
(4) Lanfiat, en Mahalon, ainsi qae Landagen.
(5) 1131.
(6) Oq pourrait y reconnaître dans Trefdujan la terre de Teturien ou
Tretarien, en PJoudergat, dont il est question dans un acte de 1354, en
observant qu'au Cartulaire de Quimperlé, la paroisse de S^-Tujani devient
la paroisse de Saint-Tourchan, puis de Saint-Thurieo.
— 212 —
cette église, donation que j'ai faite au temps de dom Au-
goumar et que j'ai remise entre ses mains devant plusieurs
témoins.
« Pour ratifier cette donation à jamais, nous avons pris
soin de confirmer ces présentes lettres de notre sceau et
de la subscription des noms des chanoines qui consentent
à ce don fait à Marmoutiers.
(( Gauthier Morguethn, Robert Milo, Raoul Judicahel,
Daniel, Pierre, Geoffroy Madiou et Salomon, son frère,
tous chanoines et témoins ; Audroen et Guethenoc, moines
S^-Martin, Josne et Hilispou, Jedecoêl, Dungual Halain
qui a écrit la présente charte de donation, Guarin, Der-
guethen et beaucoup d'autres.
« Et moi, Robert, évéque de Quimper, par la présente
charte revêtue de mon sceau j'ai prescrit de noter que si
dans les donations qui précèdent, particulièrement pour
ce qui regarde la perpétuité, j'ai pu sembler outrepasser
mon droit épiscopal, comme également si dans mon
Ëvéché les religieuses ont pu faire quelqu'acquisition, je
déclare l'avoir concédé en vertu de mon autorité épisco-
pale et j'ordonne qu'il en soit ainsi à jamais.
« Les témoins de ce sont :
« Israël, archidiacre ; Chrestien, ermite ; Hervé, clerc ;
Kenmarhoc, clerc ; Budhoret ; des religieux ; Gefroy, de
Nantes ; Garnier, notaire ; Donoaldus Breton.
« Donné l'an de l'Incarnation 1126 (1127).
« Signature, de Robert, évéque f.
(( Signature, d'IsRAHEL, archidiacre f . »
Quarante ans environ plus tard, une grave dissension
s'étant élevée entre plusieurs héritiers à l'occasion du par-
tage d'un héritage, tous s'entendirent pour faire donation
à l'abbaye de Marmoutiers des terres en litige. L'acte en
fut passé par devant l'Évéque de Quimper en cette forme :
— â73 —
(( La cupidité est telle à notre époque, qu*à peine peut-
on se fier à la parole donnée et même aux conventions
passées ; aussi nous Bernard (de Moêlan), évéque de Quim-
per, prenons-nous nous-méme le soin de notifier à tous
présents et à venir que Gourmelon fils de Judicael, ses
frères et ses fils, à savoir Judicael et Seguin et leurs con-
sanguins, c'est-à-dire Rivallon et ses frères, Judicael fils
d'Omnes, Kanivet fils de Gueguen, Ruandelle femme de
Kanivet et leur fils Alain, Harscoet fils de Glevien, Nen-
men fils de Serho, Urvoy fils d'Elispoe et les autres héri-
tiers de la terre nommée Lanplullan pour le partage de
laquelle ils étaient divisés, résolurent, pour le salut de
leur âme, d'en faire donation à Tabbaye de Saint-Martin
à jamais et ils en ont fait la remise en nos mains et en
celles de Jean actuellement prieur de Ttle Saint-Tutuarn ;
et pour que ce don demeure par la suite des temps ferme
et infrangible, nous l'avons revêtu de notre sceau et du
témoignage des personnes présentes à cette donation et
dont voici les noms : Haimon, religieux de Marmou tiers
Jacob, chanoine de S^ Corentin ; Ligamon fils de Rioc
Kinmaroc fils de Bernard ; Congar fils de Donvallon
Paris fils de Rivallon ; Tudeguar fils de Gorcun.
« Fait le vi« des kalendes de Novembre, an de l'Incar-
nation Mo Co LX° IIo. »
En 1248, nous voyons Geoffroy, évéque du Mans, jouir
de tous les fruits du prieuré, et en 1252 ce même évéque
associe à cette jouissance son clerc Guy Talaret, avec
cette condition qu'elle demeurera au dernier survivant ;
et que celui-ci augmenterait avant cinq ans, les revenus
du dit prieuré d'une rente de cent sous, et s'il venait à
décéder avant ce terme il léguait pour ce même objet
40 livres tournois.
Peu après, Guy Talaret, devenu chanoine de Quimper.
-m-
comme procurateur du monastère de Marmoutiers, dé-
fendait les droits du prieuré par devant Jean Foucaud,
sénéchal du Comte de Cornouaille, contre les prétentions
de Geoffroy de Rostrenen, Tanguy du Ry, chevaliers,
contre la dame du Juch et Senguin, écuyer, jsyur la terre
de Lamploelan, revendiquée par le prieuré dans la pa-
roisse de Ploêlan. Enquête à ce sujet fut ordonnée par le
sénéchal au mois de Juillet 1254.
Le 12 Janvier de Tannée suivante, par devant Tofficial
de Quimper, intervenait un accord entre Guy Talaret,
agissant pour le prieuré de Ttle Tutuarn, d'une part, et le
prêtre Yves Tudgual et son frère Derien, chevalier, d'au-
tre part, au sujet des deux tiers des dîmes réclamés par
le prieuré sur la maison (tyorent) habitée par ce prêtre
à Kerguélenen, en Ploetergat ; il fut convenu à l'amiable
que les deux frères renonçaient à leurs prétentions, que
ces dtmes appartiendraient au prieuré à jamais, mais que
cependant le prêtre Yves les percevrait jusqu'à sa mort.
Quelques jours après, le 16 Janvier 1255, devant l'official
intervenait un autre accord entre le même Guy Talaret
et Guillaume, recteur de Pouldergat, qui contestait au
prieuré le droit de percevoir les deux tiers des dîmes de
cette paroisse, le tiers du pain et des deniers ofierts aux
matines et à la première messe de Noël, et le tiers des
offrandes du Vendredi-Saint. Par composition amiable, il
fut entendu que les deux tiers des dîmes étaient dus au
prieuré dans toute la paroisse de Pouldergat, excepté à
Kerquantinan, sur la maison d'Hervé Alain, et à Rostur-
nic, où depuis longtemps Hervé Alain touche les deux
tiers de la dîme, et le chapelain (recteur) de Pouldergat
l'autre tiers ; excepté également sur la maison du prêtre
Yves Tutgual à Kerguélenen, où, également, Yves Tug-
dual perçoit les deux tiers, et le chapelain l'autre tiers,
. excepté encore sur la maison de Morvan fils de Le Bor-
- 278 -
gne, où le prêtre Daniel, frère du prêtre Guillaume, per-
çoit les deux tiers et le chapelain de Pouldergat l'autre
tiers, excepté enfin le terroir de Kerlidian, où Tabbaye
de Landévennec perçoit les deux tiers, et le chapelain
Fautre tiers. Le Recteur ajoutait que depuis longtemps
réglise de Pouldergat percevait toutes les dîmes dans les
dépendances de Kerguelenen et à Kerhiliguit, Kertrem-
zibit, Kerten à Pratdinœr et sur la maison du fils de Guy
de Colle (Oreach). Mais il fut convenu que désormais le
prieuré en percevrait la moitié. Quant au mode de per-
ception des dîmes, il fut convenu que, dans deux aires à
battre, le partage des dîmes serait fait par les décima-
teurs du prieuré, mais c'est le Recteur qui choisirait la
part qui lui conviendrait. Dans la troisième aire, au con-
traire, le partage serait fait par le Recteur, et le choix
appartiendrait aux dîmeurs du prieuré. Il fut enfin con-
venu que le prieuré toucherait un tiers du pain donné en
offrande depuis le TeDeum de la fin des matines de Noël,
jusqu'au moment où le prêtre lit Te igitur à la première
messe de Noël, ainsi que le tiers des oblations faites le
Vendredi-Saint.
Le 18 Jaavier 1255 fut terminée la contestation dont
nous avons parlé plus haut et portée devant le sénéchal
par la dame du Juch, touchant ses prétentions à la terre
de Lanpluelan ; Havoise, dame du Juch, agissant par Ade-
lice, sa mère, abandonna tous les droits qu'elle pouvait
avoir sur cette terre, à condition que le prieuré lui assu-
rât un anniversaire solennel le lendemain de la Made-
leine, après sa mort. Et le 21 Janvier suivant, les cheva-
liers Guy de Rostrenen et Tanguy du Ry abandonnaient
également leurs prétentions, moyennant un anniversaire
pour le repos de leur âme qui serait célébré aussi le len-
demain de la Madeleine, tous les ans.
Dans un aveu daté du 2 Avril 1337, Guillaume de Cqeta-
-- 276 —
nezre, se qualifiant « escuier prévost de la prévosté de Tile
Saint Tutuarne », déclare tenir sous les religieux et abbé
de Marmoutiers « une place de terre appelée la place de
la maison verte (iy glas) sisse jouste le port appelé le port
comoneuc, moyennant le paiement de 4 sous monnaie et
deux chapons de cens à chaque fête de S^ Etienne après
Noël ». Ce nom de Commoneuc pourrait se traduire, port
du Ressac, qualificatif qui convient parfaitement au port
dit aujourd'hui Porrhu,
En 1474, transaction faite entre frère Jean de Bragde,
prieur de l'île Tristan, et M® Jean Le Run, prêtre recteur
de la paroisse de Ploelre, par laquelle le dit Run jouira
de 22 sous de rente sur certains héritages, moyennant
l'acquit de douze messes par an dans la dite paroisse et
le prieur aura le surplus de la rente assigné sur « un
postel et son courtil au village de Pengoet ».
L'aveu du 15 Juin 1541, que M. de la Rogerie a extrait
des Archives départementales pour le publier dans le
BtUletin de la Société d'Archéologie du Finistère, va nous
donner une idée des biens revenus et droits seigneuriaux
du prieuré de l'île Tristan :
Aveu de 164L
(( C'est la déclaration et minu que vénérable et discret
Missire Allain Paincoiet, chanoine de Cornouaille et
prieur de l'isle Tristan et Douarnenez de l'Ordre de S* Be-
noit en TEvesché de Cornouaille soubz la juridiction de
Quimper Corentin, membre dépendant de l'abbaye de
Marmoutier près Tours, faict au Duc nostre Sire, du tem-
porel du dit prieuré, les issues et appartenances que le
dit Prieur tient en fyé amorty soubz le dit seigneur à foy
et hommage, prières et oraisons ; la dite déclaration faite
par la cour de Kemper Corentin devant nous notaires et
— 277 —
tabellions royaux, d'icelle soubzscripts à la requeste et
prière du dit Prieur.
a Premier.
(( La ville et bourg de Douarnenez, ses issues et appar-
tenances sans rien reserver avecque la dite isle Tristan,
laquelle isle est cernée et environnée de mer, située près
le dit bourg de Douarnenez, contenant soubz maisons,
jardins, terres labourables et frostes environ quarante
journaux de terre y comprins le terrouer et village de
Penencoet situé entre le dit bourg de Douarnenez et le
bourg paroissial de Plouaré.
(( Auquel bourg le dit prieur a haute, basse et moyenne
justice sur les habitans et demeurans, exercée par séné-
chal, lieutenant ordinaire, procureur, greffier, sergents,
notaires et tabellions, sceaux de contract et datte de courts.
(( Aussy a delvoir de ventes et lots de tous et chacun
les contracts d'acquisition d'héritages qui se font au fye
de la juridiction du dit prieuré.
« Item prend et est deub au dit prieuré moictié de cha-
cun poisson appelé morsoy que les habittans du dit bourg
peschent et prennent en la mer, sauf! qu'il est deub aux
prenneurs par le dit prieur pour chacun moicttié, deux
potz de vin et 8 deniers de pain blanc.
« Item de checun batteau soict petit ou grand aparte-
nant aux habittans et demeurants au dit bourg de Douar-
nenez allant pêcher à la mer est deub audit prieur la
somme de 5 soulz monnaie de rentes par checun batteau
par checun an à checun premier dimanche prochain en-
suivant la feste de Monsieur S^ Michel en Montegargane
quelque soict, une foy lan.
(( Item la maison prioralle du dit prieuré avec ses cours,
jardins estant au dit bourg au quartier appelé Kerlos-
quet, contenant soubz maison, cour et jardin environ
deux journaux*
- 278 —
(( Item un petit fenierprèsledit bourg ferant d'uncosté
sur terre au sieur du Juch d'autre costé à terre au dit
prieur contenant environ un journeau de terre quel est
non arrenté et peut valoir par commune, estimation par
checun an la somme de 30 s. monnoie.
(( Item un moulin à vaut estant es issues du dit bourg de
Douarnenez o son distroict sur les habittans demeurants
audit bourg de Douarnenez vallent par commune an envi-
ron la somme de c s.
(( Item est deub au prieur de cheilrante par chacun an
au dit prochain dimanche après la feste de Monsieur
S^ Michel en Montegargane dessus les terres estant entre
un croissant appelé Pouldruc et le dit moulin à vaut, un
disner pour luy et deux honnestes personnaiges qu'il
appellera pour le accompaigner o leurs servitteurs, au-
quel digner doibt estre fourny un bon plat de bouilly, une
longe de bœuf!, deux jambons et choux sauf! poyvre ;
en rost deux poulies rotties, une touaille ouvré blanche
sans perseures, vin blanc et vin rouge à suffire et delvent
estre servy le dict vin en une tace d'argeant et un verre
bouclé et s'il ce lèvent de table avant avoir digne, ne
doibvent avoir plus à manger ne à boyre pour icelle foys ;
pour laquelle che&rante le dit prieur et ses prédécesseurs
a prins por aucune foys vingt sols monnays.
(( Item est tenu soulz le dit prieur en proche fyé a foy
et obéissance de la dite court et delvoir de rachapt, le
manoir de Coetanaire ses issues et appartenances sittué
en la paroisse de Plouaré appartenant et que tient à pré-
sent noble homme Jan de Quelen S^^ du Vieu chastel et de
Coatanezre a cause duquel manoir le d. S^ de Coatanaire
est sergent féodé de la cour du dit preuré est tenu y ser-
genter.
« En outre est tenu le d. S' de Coatanaire comparoir
la vigille de la Scention pour porter les relicques gardées
— 279 —
en réglise de S^ Jacques au bourg de Pouldavid procès-
sionnellement à la dite isle Tristan et les raporter jusques
à une croix appelée croix en quet estant au dit bourg
de Douarnenez et à la prinse des dites reliques est tenu
canpilionner de rendre les dites reliques au dit lieu.
(( Item une pièce de terre froyde appelée Lesneven et
ty en corps estant en la paroisse de Ploulan que tient un
nommé Yvon Kernevel soubz le dit prieur pour luy en
payer la somme de 15 s. monoye et ferante devers septen-
trion sur le grand chemin qui mesne du bourg de Poul-
david au bourg paroissialle de Ploulan et devers occidant
sur des issues du manoir du Pondic et devers midy sur
un autre chemin conduisant du lieu de Pouldavid à une
chapelle appelée Kerynec, contenant environ 10 jour-
neaux de terre froide.
« Plus est deub au d. prieur de cens et rente à chacun
pr jour d'aoust sur les lieus qui ensuivent : Buzmol, Ros-
coet, Guelen, an Oussoul, GouSont, Frejour, Brullus, an
Cornguen à Portzdruz, an Toux, an Ros, Savarier, Gour-
reban, Caledan, Guydallan, Roc en Beuzic, Alanou, an
Brein, an Donavec, an Hillis, an Hero, Porzmarch, Cle-
mener, PouUou, an Priol, TouUanmanguer, Penpoul, an
Guen, an Corguen, Poulpry, Salaun, Gourreau, an Bouvic,
Lestancou, Portz an Goreet, Carrousoner, Poul an Castel-
lie, etc.
« Ces rentes consistent en quelques sous (8 au maxi-
mum) et en quelques redevances en nature, galines ou
corvées. »
L'acte est donné à Quimper le 15 Juin 1541.
*
* *
— 280 -
Les Archives départementales possèdent une analyse
assez détaillée (G. 324) des titres du prieuré, nous en
donnons ici quelques extraits :
Le 6 Septembre 1598, transaction entre Yves Toullalan,
prieur, et Yves Le Gousigou, recteur de Primelen, et les
treviens ayant terres et héritages en la trêve de S^ Ugen,
située en la dite paroisse « lesquels, pour éviter l'incom-
modité qu'il y a à lever la trentième gerbe sur chacune
parée de terre, les dits treviens ont promis pour eux et
leurs successeurs aux dits bénéflciers pour chacun an, au
jour de S^ Michel, savoir au S>^ prieur trois pipes et demi
et au Recteur 4 pipes et deux combles tous milillon ou
seigle, et sont obligés de paier au dit sieur Prieur en la
ville de Quimper deux barriques de vin de Gascoigne des
arrérages du passé. »
Le 3 Janvier 1606, bail à ferme « tant des dimes et de-
voirs de batteaux, que le pâturage de Tile Tristan et la
dime nommée Poulan en vignes en la paroisse de Ploe-
lan, pour deux ans pour en payer chacun an 78 livres.
Le bail fait à Guillaume Landugen par le fondé de procu-
ration de M^^o Jean de Berthier, évèque de Rieux et prieur
de Douarnenez. »
Le 11 Janvier 1610, bail à ferme a de tous les fruits,
profits et émoluments de toutes les dismes, devoirs sei-
gneuriaux, devoir de batteaux, droits de nerisme et tous
autres fruits du prieuré pour trois entières cueillettes
commençant au 23 May prochain pour 80 écus sol faisant
240 livres pour chacun an, le dit bail fait par le fondé de
procuration, du Prieur, à M'® Guillaume Petit, chanoine
de Cornouaille. »
— 281
Liste des Prieurs de lIle Tristan (i)
1162. Jean.
1248-1252. Geoflroy de Loudun, évêque du Mans.
1232-1270. Guy Talaret, chanoine du Mans et de Quimper.
1474. Jean de Brayde.
1535-1541. Alain de Pencoel, chanoine de Quimper.
1573-1580. Guillaume Kerdiles, recteur de PouUan.
1578-1602. Yves Toullanlan, chantre chanoine de Quimper.
1605-1620. Jean de Bertier, chanoine de Toulouse.
1623-1636. Louis Odespung, vicaire général de l'arche-
vêque de Tours. Signe, le 10 Mai 1623, le procès-verbal
de la remise des reliques de Saint-Corentin à Mgr Le
Prestre de Lézonnet.
1637-1651. Jean-François Robinault, S' de la Haye de
Mordelles, chanoine de Quimper.
1654-1665. Charles-Pierre Blouet, licencié en droit, cha-
noine de Rennes. Fut parrain, en 1662, d'une Poul-
laouec, de Ploaré.
1666-1671. Jean de Monligny, originaire de Rennes, cha-
noine de Vannes. Mourut le 28 Septembre 1671, à Vitré,
au moment où il se rendait à Saint-Pol de Léon, dont
il venait d'être nommé évêque.
1672-1683. Pierre de Boisbaudry de Langan, docteur en
Sorbonne, prieur de Sainte-Croix de Vitré.
1683-1686. Dom Claude-Henri Dayneau, pourvu par l'abbé
de Marmoutiers, et maintenu dans le prieuré malgré
la provision surprise à Rome, contre les droits de
l'abbé, par Charles Taillefer de la Barrière.
1704-1709. Dom Jean-Charles d'Ayneau.
1709-1713. Dom Jean Morand.
(l) Voir le travail de H. de la Rogerie. BulL, t. XXXII, p. 233.
Bulletin de la Commission diocésaine. — 7* année. 19
— 282 —
1714. Le Père Jacques-François Auffray.
1717-1718. Dom Joseph de Miniac.
1720-1735. Dom Pierre Aubin.
1736-1747. Dom Charles Yvicquel, procureur général de
l'abbaye de Marmoutiers.
A la mort de M. Yvicquel, Mgr Farcy de Cuillé, évêque
de Quimper» ayant demandé à M. de Mirepoix, chargé de
la feuille des bénéfices, de venir en aide par quelques
secours aux habitants de Ttle de Seins, privés le plus
souvent de secours spirituels parce que les prêtres n'y
avaient pas les ressources suffisantes pour viVre, reçut la
réponse suivante :
c Versailles, le 21 Janvier 1748.
(( Avez -VOUS oublié. Monseigneur, que vous m'avez
demandé quelques secours pour faire instruire et admi-
nistrer les habitants d'une île où aucun prêtre ne peut
aller faute de pouvoir y vivre ? Nous avons un bénéfice
simple dans votre diocèse que bien des gens demandent,
mais que je réserve pour ces pauvres habitants de cette
île. Le bénéfice vaut 400 livres et peut-être plus, mais la
manière d'assurer ce revenu pour le prêtre que vous
enverrez dans l'île est embarrassante. Si vous le mettez
sur la tête d'un prêtre particulier, trois mois après qu'il
aura pris possession, il dira que l'air de l'île ne lui con-
vient pas, et il s'en ira. L'idée qui me vient serait que le
Roi vous donnât ce bénéfice, et que vous en donnassiez le
revenu à un prêtre qui irait dans l'île et qui ne jouirait
de ce bénéfice qu'autant qu'il y resterait. Il faudrait enre-
gistrer à votre secrétariat que ce bénéfice n'a été donné
par le Roy que pour le desservant de l'île, qui serait à
votre nomination. »
— 283 —
Le 11 Février suivant, Mgr de Farcy de Cuillé fut nommé
prieur de Tlle Tristan, et en fut titulaire jusqu'à sa mort,
28 Juin 1772. Après lui, Mgr Grossoles de Flamarens,
(1772-1773), et Mgr de Saint-Luc (1773-1790) furent titulai-
res du prieuré, dont ils employèrent le revenu, environ
600 livres, à l'entretien d'un prêtre à l'île de Sein.
(A suivre.)
TABLE DES MATIÈRES
DU BULLETIN DE LA COMMISSION DIOCÉSAINE
d'Architecture et d'Archéologie
pour l'année 1007
Gartulalre de Pégllse de Quimper»
par M. le chanoine PEYRON
(Suite,)
336. Yves Le Conc et Daniel le Felestreuc s'engagent à payer les
amendes dues pour leurs manquements 5
337. Hugues Hero reçu chanoine 6
338. Jean de Pont-Croix reçu chanoine 6
339. Le duc deCFend à ses juges d'exercer sa juridiction en la ville
et terre de l'église de Cornouaille sans le consentement de
rÉvéque 7
340. Contestation touchant les prébendes de Beuzec-Cap-Sizun et
Spéret 9
341. Olivier le Hénaff reçu chanoine 9
342. Témoignage touchant les dignités du Chapitre 10
343. Lettre du Pape Grégoire XI, touchant la vacance des prébendes . 10
344. Jean Brient prête serment comme chanoine expectant 12
345. Hugues de Keroulas reçu chanoine 12
346. Geoffroy Fabri reçu chanoine 13
347. Guillaume de Cagia reçu diacre de chœur 13
348. Comptes rendus par Raoul Gallon, procureur 14
349. Olivier le Puisné reçu chapelain 15
350. Jean Fraval, chanoine expectant 16
351. Eude Guillemot reçu chapelain 16
— 28Ô —
Pages
428. Guillaume Ploe reçu chanoine 256
429. Emprunts de livres 257
430. Simon Ganguer, chanoine, prôte serment. 258
431 . Jean le Guellec, chanoine, prête serment 258
432. Pierre du Mas reçu chanoine 259
Correspondance de N. Tréhot de Clermont,
maire de Pont-Croix, 1791 217
Notices sur les Paroisses du diocèse de Quimper,
par MM. PEYRON et ABGRALL
(Suite.)
Le Conquet 18
Coray 34
Crozon 58
Cuzon 103
Daoulas 123
Dincault 171
Dirînon 187
Douarncnez 241
Cartulaire.
TABLE ALPHABl^QUE DES NOMS DES PERSONNES
(Le cliifTrc indique le numéro de l'acte du Cartulaire dans lequel le nom est elle.)
N"*
Abbas de Daoulas 366
Abbas de Langonet 343
Abbas de Pontpecii 348
Alanus de Alneto 355
Alanus Aufredus 357
Alanus de la Bourdonnaye . . 413
Alanus de Croezval 350
Alanus Crozgual 357
Alanus Frello 357
Alanus le Gall, Ep 342-429
Alanus Henrici 338-348
Alanus Jestin. , 419
Alanus Kermaroc 350
Alanus Moren 357
Alanus de Palude 345
Alanus de Ponte ligni 350
Alanus Raolini . . 336-351-353-356
357-359-371
Alanus Rouselli 356-358
Alanus le Roux 356
Alanus Runbran 356-357
Alanus Schahunec 382
Alanus de Villa coUis 336
Albus Guydo 348
— 289 —
Aliietus 355
Aufredus Alani 357
Aurelius Scumuro 398
Ballacon Yvo 426
Barbuti Johanncs 393
Bcgna J 383
Beleiigier 339
Benedictus XIII 418 etc.
Bernardus du Péron 404
Bernardus de Caslcc 404
Bloc Johanncs 373
Bloez J. . 389-411-412416-420-430
Boscoguehenoci (Alanus de) 427-428
Bourdonnaye Alauus 413
Brechir 358
Brchus 338
Briac J. (de) 383
Brientii Johannes . . 344-359-360-
361-364-365
Bucanonc Georgius 388
Cagia (de) Guillernius 346
Caradeuc Hadulphus. . . . 365-386
Caslec Bernardus 404
Campereuc Oliverius. 424
Charles duc de Bret 339
Chonani Nicholans 404
Ghristianus Diherit 428
Ckïment VII pape. . 359-365, etc.
Clerici Petrus 356-359
Coetlech Robertus 346
Gomitis Richardus 396-412
Gonc 403
GoncYvo 336-352
Gonche Yvo (de) 368
Gorrc Oliverius 355
N-
Gorric Johannes. 363-364-366-373
374-375-381-397-400-409-411
411-416-421-431-432, etc.
Gurrcrii Yvo 379-406
Gustellarii Gleman 359
Daniel 371
Daniel Felestrec . 336-356-358,etc.
Daniel de Insula .... 364-373-385
404-415
Daniel de Landevennec 336
Derîani Oliverius 363-403
Dervei Johannes 368
Diherit Ghristianus 428
Donerzius de Kergonou 340
Dyonisius de Lannédern. 369-373
£
ElieEudo 422
Episcopi G 351
Episcopi Thomas. . . 336-339-345
349-351-354-356-360-364-367
370-382, etc.
Eudo Elie 422
Eudo Guillermoci 351
Eudo de Ker 365
Eudo Meancie 359
Eudo Tecnour 386
Eudo Tremcnt 359
Eudo Turch 357 vide Yvo.
Eudo Vallocon 396
Fabri G 372
Fabri 339
Fabri Gaufridus 346-404
Favc RodeniB 367
— m —
N"
Fclestrec Daniel . 336-356-359-363
377
Felestrec Judicellus.. 378-387-397
418
Foresta Gauffridus (de) 347
Fravali . . 338-358-360-362-367-372
382 etc.
Frcllo Alanus 357
G. Archidione de Poher 342
Gai Alanus £p 342-429
Galli G 345^9-356-360-405
Gallici Hamon 427-432
Gallou Gallotus. . 340-344-348-349
Gauffridus Ëp... 355-357-359-361
Gauffridus Fabri 346-400
Gauffridus de Foresta 349
Gauffridus le Gai . 340-356-371-374
Gauffridus Gallici . . . 353-359-367
Gauffridus le Marhec 356-357
Gauffridus le Marhec archid.
junior 353-359
Gauffridus le Marhec archid.
Poher 361-362-367
Ganguer Simon 430
Georgius Bucanone 388
Glas Guillermus. 336-340-344-356
357
Gleman Custellarii 359
Glemarec diaconus 410
Gourcuff 359
Grégoire XI pape. . . . 343-354-356
Guemarpin Yvo 359
Guido Albi 348
Guido Prepositi 368
Guido de Tegula.. 411-415-418-
421-425-427, etc.
Guidomarus Savary 356
Guil
Guil
Guil
Guil
Guil
Guil
GuU
Guil
Guil
Guil
Guil
Guil
Guil
Guil
Guil
Guil
Guil
Guil
Guil
Guil
Guil
•N-
ermus de Cagia 347
ermus Glas 336-356
crmus le Ham 339
ermus Heuriou 359
ermus de Kemperele. 348-357
crmus Kergrœzez 390
ermus Kylliouch 357
ermus Morla canon. 380-382
ermus le Marhec ofiBcial. 353
crmus le Marhec 338-353-
356-359-362-369-402, etc.
ermus Militis 361
ermus Nani 359
ermus Oliverii 356-372
ermus de Pemerit 357
crmus Periou 355
ermus de Plocneiz.. 338-357
ermus de Pontpren 357
ermus de Ponteligni .... 347
ermus Seznoc 338
moci Eudo 351
otiYvo 358
Ham 339
Hamon SoUici 427-432
Helevarn Nicolaus 372
Henauff 341
Henrici Alanus 338
Henricus Cantor 399
Heuricus Kcntrec 393
Henricus Quorigou 405
Henricus Thome .... 388-391-407
Henricus de Veterilanda .... 339
Hero Hugonis 337
Herveus Cantor 402
Herveus Oudrecen 352
Herveus de Jugo 360
Herveus Pape 357-359
— 291 -
No.
Herveus Pelrus 380
Herveus de Stagno Parvo . . . 364
Herveus Sulguen 406
Herveus de Viconovo 393
Heuriou Guillermus 359
Hospitis Oliverius.. 371-381-415-
421-425 427-430, etc.
Hugonîs Hero 337
Hugo de Keroullac 345
I J
Insula (Daniel de).. 361-373-381-
385-389, etc.
Johanncs Barbuti 393
Jeslin 419
Johaunes Bloc 373
Johaiines Brehus 338
Johanues Briantii 314-359
Johannes Corric 363-364
Johannes Dervei 368
Johannes Fravali . . . 338-358-362
Johannes de Lespervez 411
Johannes Lupi 356-358 361
Johannes Moreu 359
Johannes Mutonis 378
Johannes Perfecti 431
Johannes Prcjencii 388
Johannes Priolic 389
Johannes Prioric 387
Johannes Pengucn 356
Johannes Penruzic 359
Johannes de Pontecruce 338
Johannes de Quocttanoizre . . 365
Johannes Raolini .... 345-354-36 1
Johannes an Rouser 389
Johannes Scch 307
Johannes Sici 396
Judicellus Felestrec. 378-387-397
No.
Jugo (Herveus de) 361
Jugo (Margareta de) 361
K
Kemperle (Guillermus de) . 348-357
Kenmaroc Hervé 338
Kentrec Henricus 393-409
Ker Eudo (de) .S61
Ker Petrus (de) 363
Ker Alanus (de) 405
Kaer G 405
Keraliou 366
Keranguen Petrus 374
Keranguen Matheus 432
Kercaff Guillermus 411
Kergonou 340
Kergorlé 368
Kergroezez Guillermus 390
Kergus Johannes 427
Kermaroc Alanus 350
Keroullac Hugo 345
Kersanteuc Yvo 359
Kylliouch 3.57
Landeguennec (de) 336
Lannedern Dyonisius (de). 369-373
Lanros R. (de) 350
Lanros Yvo (de) 359
Lespervez 411
Lestuhan Rioc (de). . 340-348 353
357-360-363-367-373 399-403
411, elc , 429.
Lisquoet D 387
Long! Petrus 403
Luce RoUandus 355
Lupi Johannes . . 356-358-361-365
— 292 —
N-
Margareta de Jugo 861
Margarela de Nevet 348
Margareta Premer 357
Marhec. 337-339-314-353-365, etc.,
415-452
Marhec Gauffiridus 356
Mas Pclnis (du) 432
Matheus de villa alba ....... 388
Mauritius de Monte 376
Meancie Eudo 359
Mercatoris J 421
Milbrcten Rîchardus .... 372-371
Militis Petrus 413
Mispcrit J. (de) 386-406-416
Militis Guillermus ... 3 10-367-376
Monte de Maurilius 376
Moren Alanus 357
Moren Johannes 359
Mulonis Johannes. . . 378-409-412
416-421-432, etc.
N
Nani Guillermus 359
Natalis Tanguidus 360
Natalis StcUan. . . 356-359 369-415
423-431
Neveto Margareta (de) 348
Nicolaus 393
Nicolaus Chonani 401
Nicolaus Coharn 386
Nicolaus Helcvam 372
Oliverius archidiaconus 370
Oliverius Corre 355
Oliverius Derrien 363
Oliverius le Henanff 341
Oliverius Hospitis 371-392
vide Hospitis.
Oliverius Primogeniti 387
Olivcrii Guillermus 356-305
Oudrcccn Herveus 352
Palude Alanus (de) 315
Pape Herveus 357-359
Pemerit Guillermus (de). 357-359
Pengucn vicarius 391
Penguen Johannes . . 356 359-360
401-421-427
Pcnqucllenec Alanus. . 416-422-420
431
Penquellennec Rivallo (de). . 359
392-394-411
Pennizic Johannes 359
Periou Guillermus 355
Perfecti Johannes 431
Peron Bernardus (du) 404
Petrus Clcrici 356
Petrus Hervei 380
Petrus de Ker 363
Petrus de Kergorle 3^8
Petrus de Kerongar. 374
Petrus Militis 413
Petrus Plichon 398
Petrus de Ponte medardi. . . . 357
Petrus Premer 357
Petrus de Roma 368
Petrus Roussignol 413
Plichon Petrus 398
Ploc Guillermus 428
Ploeneiz Guillermus . 338-357-359
Ponte abbatis H. (de) 406
Ponte cruce Johannes (de). . . 338
Ponte ligni Alanus (de) 350
— 293 —
Ponte ligni Guillermus (de) . . 350
Ponte ligniGuillermus (de). 347-359
Ponte medardi Petrus (de) . . . 357
Pontpren Guillermus. 357
Postgeniti Oliverius 349
Prejencîi Johannes 388
Primogeniti Oliverius 387
Primogcuiti Johannes 432
Priolic Johannes 389
Prioric Johannes 387
N
oa
Quentrcc Henricus 357
Quoedic 357
Quoettanaizre, 365
Quorigou Henricus 405
Radulphus Caradoc 365-386
Radulphus Gallon 340-318
Raolini Alanus . . 336-354-356-359
Raolini Johannes 345-347-354
357-361-376-383
Richardus Fabri 339
Richardus Milbreten 372
Rioc 369-429
Rioc de Rosmadeuc 359
Rioc de Lestuhau 340-344 357-
429, etc.
Rivallon 352
Rivallon de Penquelennec. . . 359
Rivallonus Salon 337
Robertus Coetlech 346
Roderus Favé 367
Rollaiidus 355
Roma Petrus (de) 368
Rouselli Alanus 356-358-359
Roselli^Stephanus. 379-407-418-425
Rosmadeuc Rioc (de) ....... 359
Rouazle 366
Rouser Johannes 389-426
Roussignol Petrus 413
Roux Alanus 356
Roux Yvo 412
Royenyeuc 348
Runbran Alanus 356-357-359
Runbian ou Runbran . . . 388-404
S
Salou 337
Savary 856
Schahunec Alanuç . . 365-369-382-
407-413
Scumuro Aureli 398
Sech 397
ScUarii G 358
Serrelagat Guido . . . 418-420-423-
425-427, etc.
Sici Johannes 396-413
Sorochan 397
Stellan Natalis.. 356-359-369-378-
400, etc. 415-423-431
Stagno Parvo (de) . . 337-344-347-
850 354-357-364, etc.
Stephanus Roselli 379
Stephanus Thancul 377
Stephanus Thome 400
Sulgron 406 407
Symon. 408
Tanguidi Natalis 361
Tanguidi Yvo 376
Tecnour Eudo 386
Tegula Guido (de).. 411-415-416-
420-425-427
- 294 -
Tcgula Johannes (de). . . 383^995-
402-401, etc., 415-416-418
Thaneul 377
Thomas Episcopi. . . 336-339-356<
358-367, etc.
Thomas Herveus 395
Thome Henricus .... 388-394-404
Thome Guillermus 428
Thome Stephanus 400 .
Treanna de Johannes. 411-415-420
422-425-426, etc.
Tregarec GuiUermus 417
Trement Eudo 359
Treouret G 417
Trevedic G. 406
Turch Eudo-Yvo. . . . 357-364-366
370 390-405, etc.
Turneru Yvo 356-359-426
U
Urbain VI, pape 3L8
N'
V^alancc Johannes (de) 348
VnlloconEud 396
Vcteri lauda Henricus (de) . . 339
Vico novo Herveus (de) 392
Villa Alba Matheua (de) 388
Villa collis, Alanus (de) 336
Yvo an Conc 336-352
Yvo de Conche 368
Yvo Currerii 379
Yvo de Guernarpin 359
Yvo de Kersanteuc 359
Yvo de Lanros 359
YvoGuiUoli 358
Yvo Roux 412
Yvo Treziguidi 376
Yvo Turnerii 356
Cartulaire*
TABLE ALPHABÉnQtJE DES NOMS DE LIEUX
Beu2ec-Gap-Siznn 340
Combrit 383
Daoulas 366
Kemper-Corentini 339-357
Kemperele 348-357
Kerfenten 359
Kermeurzin 359
Kernevez 359
Lannédem 373
Lennon 348
Locus Marie 359-421
Parcus an Roe 359
Pemerit 357
Ploegoff 359
Ploelan 413
Ploemodiern 359
Ploeneiz 338-357
Ponte crucis (de) 338
Ponte medardi (de) 357
Pontpecii 348
Pontusguen 359
Pontustum 359
Spezet 340
Tuon heir 359
Vicus novus 393
Vicus vinec 359
Qoimper, typ. de Kerangal, impr. de l'ËTêcbé.
DIOCÈSE DE QUIMPER ET DE LÉON
BULLETIN
DE LA COMMISSION DIOCÉSAINE
D'ARCUITECTUHE & D'ARGHÉOLOGIB
BOLLBTIIf DE LA COMMISSION DIOCÉSAINE. — 8« aDD^e.
I>IOO£BSH2 DS QUIMPJB2R Ab DS USION
BULLETIN
DE LA
COMMISSION DIOGËSAINË
d'Architecture & d'Archéologie.
ville Année
PRIX de fAbonneniMt ênnuûl :
5 Francs.
"W
QUIMPER
TYP. DE KERAN6AL, II<PR. DE L'ÉVÊGHÉ
1908
CARTULAIRE
DE L'ÉGLISE DE QUIMPER
(Suite.)
483.
PIERRE DU MAS PRÊTE SERMENT PERSONNELLEMENT («'
- 81 Août 1888. -
Anno Domini M? CCCo nonagesimo octavo, die ultima
mensis Augusti, hora terciarum vel circa, indictione sexta,
Pontificatus Benedicti pape decimi tercii anno quarto, pre-
sentibus venerabilibus et discretisvirisdominisMagistris
Joh. de Tegula, 0. Hospitis, Joh. de Alta villa (2), Daniele
de Insula; et Joh. Treanna canonicis ecclesie Corisopiten-
sis capitulantibus, venerabilis et discretus vir Magister
Petrus du Mas canonicus ecclesie Corisopitensis iuravit in
propria persona statuta, observancias et laudabiles con-
suetudines ecclesie Corisopitensis.
Acta in Capitule ut supra.
J. Bloez.
484.
PIERRE BEGUT, CHANOINE, PREND POSSESSION (»
- 8 Avril 1888. -
Anno Domini M^ CCC^ nonagesimo nono, die nona
mensis Apprilis, circa horam prime dicte diei, indictione
(1) Cart. 31, f 31.
(2) ÀUa vUla, Kerhuel.
(3) Cart. 31, ^ 80.
— 6 —
octava, ab electione domini B. decimi tercii ultimi in
papam electi anno sexto, venerabilis vir Petrus du Mas
canonicus Corisopitensis, vigore mandati Reverendissimi
in Christo Patris ac domini domini T. permissione divina
Episcopi Corisopitensis, induxit venerabilem etdiscretum
Magistrum Petrum Beguti in possessionem corporalem et
realem canonicatus et prébende... quos venerabilis vir
Magister Johannes Beguti obtinere solebat... quem in
canonicum et fratrem recepimus, et juravit statuta et
observancias dicte ecclesie tenere et observare, presenti-
bus... Militis, Âlano Penquelennec canonicis... (Acte peu
lisible.)
485.
MACICOT REÇU PRÊTE SERMENT (0
- 21 Mal 1899. -
Anno Domini M9 CGC» nonagesimo nono, die vigesima
prima mensis Maii fuit Johannes Filas receptus in maci-
cotum et juravit statuta ecclesie, presentibus Magistris
Guillermo Militis, 0. Hospitis, H. Sulguen, Daniele de
Insula. J. Corric, Yvone de Kaer et Alano de Penque-
lennec.
486.
RACHAT D'UNE RENTE POUR L'ANNIVERSAIRE
DE GUILLAUME DE LOCHARIA(')
- 80 Mal 1399. -
Anno Domini Mp CCC^ nonagesimo nono, die veneris
ante festum Ronani, redemit Marcus Crom viginti solidos
annuos super descriptos (3) pro anniversario Guillermi
(1) Cart. 81, ^ 67.
(2) Cart. 61, f 87.
(3) En 1336, o* 943.
— 7 —
de Locomarie quondam Archidiaconi de Pocher, pro qui-
bus solvit quindecim irancos auri.
Datum ut supra, presentibus in Capitulo Magistris
Herveo Sulguen, Petro Dulias, Guillermo Militis, Daaiele
de Insula, 0. Hospitis. Jo. Coriic, A. Penquelennec.
J. Bloez.
437.
GUILLAUIIE YNISAN PAIE AMENDE AU CHAPITRE <«>
- 4 Juin 1398. ~
Anno Domini M» CCC<> nonagesimo nono, die quarta
mensis Junii, indicione septima, ab electione Benedicti
in papam ultimo electi anno quinto, presentibus Richardo
Comitis, Gaufïrido Sellarii et aliis, Guillermus Ynisan
Pelliperius, in Capitulo Corisopitensi presens, eisdem
venerabilibus viris Capitulo Corisopitensi, in dicto Capi-
tulo propter negocium infrascriptum capitulantibus,
emendare se obtulit et de facto emendavit tam... bono-
rum quam pecuniarum, videlicet usquead centum solidbs
monete currentis, eisdem venerabilibus viris ad eorum
moderacionem... ab eodem Guillermo solvendos non
obstante lapsu... diei et anni, eo quod auctoritate sua pro-
pria executionem fecerit in subditos et in lerritorio
eorumdem venerabilium virorum Capituli predicti, ut
idem Guillermus hoc recognovit.
J. Bloez, transcripsit.
488.
GUILLAUIIE DE KER ARCHIDIACRE PRÊTE SERIIENT (')
- 6 Août 1889. -
Anno Domini M® CGC* nonagesimo nono, die martis
post festum B. Pétri ad vincula, indictione septima, ab
(1) Cart 81, ^ 64.
(2) Cart. 31, f^ 26.
— 8 —
electione domini Benedicli in papam ultimo electi anno
quinto, presentibus ad hoc venerabilibus et discretis viris
Magistris Herveo Sulguen, Guillermo Marhec, Oliverio
Hospitis, Jobanne Corric, Yvone de Ker canoDicis Coriso-
pitensibus, venerabilis vir Magister Guillermus de Ker
Archidiaconus et canonicus Corisopitensis in dicto Capi-
tulo presens, juravit statuta ecclesie Corisopitensis, con-
suetudines et observaciones bene et fideliter observare,
antiquioribus ejusdem, reverenciam et obedienciam exhi-
bere, franchisias et libertates ecclesie Corisopitensis ser-
vare.
Âcta ut supra.
J. Blobz.
489.
THÉBAUT DE LA BOURDONAYE PRÊTE SERIENT (O
- 18 Août 1389. -
Anno Domini M» CCCo nonagesimo nono, die décima
nona mensis Augusti hora vesperorum, indictione septima
et ab electione domini Benedicti in papam ultimo electi
anno quinto, presentibus Magistris Jobanne de Tegula,
Herveo Sulguen, Oliverio Hospitis, Jobanne Corric, Alano
Penquelennec canonicis, Petro Boustouer, Jobanne Pre-
gencii et pluribus aliis, Magister Theobaldus de la Bour-
donaye canonicus Corisopitensis juravit tenere et ob-
servare statuta et consuetudines laudabiliter observatas
Capituli Corisopitensis.
Acta fuerunt bec in Capitule supra dicto.
A. Sgahunbg.
(1) Gart. 81, f^ 53.
— 9 —
440.
JEAN DE HALESTROIT PREND POSSESSION PAR PROCUREUR ')
-18 Octobre 1388. ~
Die décima tercia mensis Octobris, anno M» CCC<> nona-
gesimo nono, circa horam compleclorii illius diei, Petrus
Rouxuel procurator et procuratoris nomine Magistri Jo-
bannis de Malestricto canonici ecclesie Corisopitensis ,
fuit inductus in possessionem canonicatus et prébende
ecclesie Corisopitensis, per venerabiiem virum Magistrum
Guillermum Militis canonicum dicte ecclesie et fuit stal-
lum assignatum in coro et locus in Capitulo, et juravit
idem procurator, nomine quo supra, observare statuta
ecclesie Corisopitensis. Datum die et anno quibus supra,
presentibus Magistro Herveo Sulguen, et Magistro Petro
du Mas testibus. j^ Ancipitris faciet instrumentum.
441.
GLAZRAN DE PENDREFF REQU CHANOINE (')
- 28 Janvier 1400 (n. t.). -
Anno Domini M9 CCC^ nonagesimo nono die vigesima
nona mensis Januarii hora prime etc. indicione octava
ab electione Benedicti XIII ^ in papam ultimo electi anno
VIo presentibus et capitulantibus venerabilibus dominis
Guillermo de Ker archidiacono Corisopitensi, Guillermo
Marhec, Johanne Corric, 0. Hospitis, A. de Penquelennec,
Petro Dumas canonicis, dominis Johanne Mutonis, Natali
Stellan curatis et aliis, fuit Magister Glazrenus de Pen-
dreQ in personam massicoti de Kerdrain procuratoris sui
receptus in canonicum in Capitulo Corisopitensi et juravit
procurator statuta etc. j^ ^^^^^ 6, Serrelagat.
(1) Gart. 81, f* 26.
(S) Gart. 31, f> 58.
— 10 —
442
PIERRE ROSSIGNOL REQU CHANOINE «)
— 30 Janvier 1400 (n. s.)* —
Anno quo supra (1399) die penultima dictî mensis hora
terciarum indictione et electione supra dictis presentibus
et capitulantibus prefatis canonicis dempto tamen Magis-
tro Guillermo Marhec, Guillermo de Cagia magistro Jo-
hanne de Misperit et aliis fuit Petrus Philomene (2) près-
byter receptus in Capitulo Corisopitensi in canonicum et
juravit statuta etc.
Item ipsi venerabiles viri mandaverunt Johannem Mu-
tonis ipsum in papirarium ad distribuciones cotidianas
®^c- J. Bloez, g. Serrelagat.
448.
JEAN DE MALESTROIT
PREND POSSESSION PERSONNELLEMENT (»)
- 11 Mars 1400 (n. t.). -
Anno Domini Mo CCCo nonagesimo nono die xi^ mensis
Marcii hora terciarum, indicione vin*, ab electione Bene-
dicti Xill in papam ultime electi anno \i^, presentibus
Reverendo in Christo pâtre et domino domino T. Coriso-
pitensi episcopo, Guillermo Marhec, Alano de Penque-
lennec, Johanne Corric, Petro Dumas, Petro Philomene
canonicis Corisopitensibus, Magistris Johanne de Misperit,
Johanne de Kerban et aliis, fuit venerabilis vir Magister
Johannes de Malestroit receptus in Capitulo Corisopitensi
in canonicum illius ecclesie et juravit statuta illius eccle-
s»® etc. j, Bloez.
(1) Gart. 31, ^ 53.
(3) Philomene, traduction du français ou du breton VEosUk,
(3) Cart. 31, ^ 46.
- n -
444
HOSPITALE SANCTE CATHERINE^O
Nomination d'un administrateur.
- 13 Mal 1400 -
Aqdo Domini M9 quadricentesimo die jovis post festum
beati Michaelis io monte Garganti presentibus domiDis
Johanne Kouser, Guillermo Tregonec, Yvone Ballacon,
Johanne de Castrolini et aliis, venerabile Capitulum Cori-
sopitense capitulans, elegerunt et presentaVerunt domi-
num Yvonem Turnerii presbyterum in administratorem
et procuratorem hospitalis béate Katedne vacantem per
mortem Yvonis Quoetpont videlicet Magistro Âlano Pen-
quelennec vicario generali in spiritualibus domini Epis-
copi Corisopitensis, qui quidem vicarius hujusmodi elec-
tionem et presentacionem recepit et protestacione facta
pro parte dicti Turrier de non renunciando cure sue nisi
in quantum haberet jus ad dictum hospitale, juravit sta-
tuta ipsius hospitalis.
Âcta ut supra indiccione octava ab electione Benedicti
XIII in papam ultimo electi anno sexto, presentibus et
capitulantibus Magistro Guillermo Marhec, Johanne Cor-
ric, Herveo Sulguen, Âlano de Penquelennec, Petro
Dumas, Guillermo de Ker, Johanne Treanna canonicis.
J. Bloez, transcripsit.
445.
LES VICAIRES DE S. CORENTIN PRÊTENT SERMENT f')
- 7 Mal 1400. ~
Anno Domini M9 CCCo die vu'' mensis Maii indicione
viu'' ab electione Benedicti XIII^ in papam ultimo electi
anno vP presentibus Magistro Johanne de Misperit, Daniele
Madiov et aliis, Natalis Stellan, Herveus Dineult, Johan-
nes Mutonis, Guillermus Tregonnec, Stephanus Rouselli,
(1) Cart. 31, ^ 44.
(2) Cart. 81, ^ 47.
- 12 —
Johannes an Rouser, Yvo Ballacon, Johannes Corfiet,
Guido Keruegant, Johannes Hurgoez, Yvo Tuanant, Johan-
nes an Marhec, Yvo Salie, Oliverius Gantperent et Yvo
Glemarhee Curati et ministri respective ecclesie Coriso-
pitensis in Capitulo Corisopitensi per procuratorem Capi-
tuli in presencia venerabilium dominorum de dicto Capi-
tulo capitulantium, requisiti juraverunt statuta ecclesie
et chori Corisopitensis bene et fideliter tenere et observare
presentibus et capitulantibus pro dicto négocie venera-
bilibus viris Magistris Herveo Sulguen, Guillermo Marhec,
Petro Dumas, Johanne Corric, A. Penquelennec etO. Hos-
pitis canonicis Corisopitensibus. J. Bloez.
446.
OLIVIER GANTPERENT NOMIIIÉ AVOCAT DU CHAPITRE («)
- 23 Juin 1400. -
Anno Domini Moquadragintesimo, die mercurii in vigi-
lia festi nativitatis Beati Johannis Baptiste, fuit Olivarius
Gantperent creatus inclientem Gapituli etjuravitoiliciura
bene et fideliter exercere presentibus et capitulantibus
Magistris Herveo Sulguen, Guillermo Marhec, 0. Hos-
pitis, Petro Philomene, Johanne Corric, Johanne Treanna
canonicis. J. Bloez.
447.
GUILLAUME BOURHIS REÇU MACICOT (')
- B Mal 1400. -
Anno Domini M^ quadragintesimo, die mercurii post
Misericordia Domini (3), fuit Guillermus Burgensis cle-
ricus receptus in mancicotum ecclesie Corisopitensis et
juravit statuta consuetudines et observaciones.
(1) Cart. 81, f> 81.
(S) Cart. 81, ^ 40.
(8) SecoDd dimanobe après Pâqaes, le 9 Mai, en 1400.!
- 13 -
DIACRE ET SOUS-DIACRE DOIVENT PERSONNELLEIENT
REIPLIR LEUR OFFICE («)
- 27 Juillet 1400. -
Anno Domini M9 quadragentesimo, die martis post fes-
tum sancti Jacobi (2), presentibus et capitulantibus vene-
rabilibus viris Magistris Guillermo Marhec, Herveo Sul-
guen, 0. Hospitis et Petro Dumas canonicis, fuit in Capitulo
Corisopitensi inhibitum sub privacionis chori pena, Guil-
lermo scribe Yvoni Bellacon presbyteris ne per alium
quam per ipsosmet exerceant officia sua in ecclesia Cori-
sopitensi videlicet dyaconatus et subdiaconatus et ut
intersint eisdem officiis, jejuniis stomacis, in suis propriis
personis.
Acta in Capitulo Corisopitensi die et anno predictis,
indictione viii* ab electione Benedicti XIIU in papam
ultimo electi, anno sexto.
J. Bloez transcripsit.
449.
JEAN DE MALESTROrr REÇU CHANOINE (')
- 6 Août 1400. -
Anno Mo quadragentesimo die quinta mensis Augusti
hora terciarum vel circa, indiccione octava, et ab electione
B. in papam ultimo electi anno vP, presentibus dominis
Natali Stellan, Yvone Dantec, Oliverio Quoetperec pres-
byteris fuit Guillermus Presart clericus procurator et
procuratorio nomine litteratorie destinatus Magistri Jo-
hannis de Malestricto canonici Corisopitensis receptus in
canonicum et fratrem dicte ecclesie in canonicatu et pre-
benda quos nunc deflunctus dominus Petrus Roussignol
(1) Ctrt. 31, ^ 52.
(2) Dimtnche 25 Jaillet.
(3) Cart. 31, ^ 53.
— 14 -
presbyter obtinere solebat in dicta ecclesia, per assigna-
cionem loci in Capitulo et stalli in choro qui quidem
procurator juravit statuta ecclesie observare.
Actum fuit in dicta... (Hc).
450.
YVES LE PENNEC REÇU IIIACICOT(')
— 22 Septembre 1400. —
Anno que supra (1400) die mercurii post festum Beati
Mathei Apostoli, fuit Yvo an Pennée receptus, per Capi-
tulum capitulando, in mancicotum ecclesie Gorisopitensis,
et juravit statuta dicte ecclesie, presentibus et capitulan-
tibus venerabiiibus viris dominis et Magistrîs. Jo. de
Tegula, Herveo Sulguen, A. de Penquelennec, 0. Hospitis,
Guillermo Marhec, Petro du Mas, Jo. Corric et Guillermo
de Ker Archidiacono.
J. Bloez transcripsit.
451.
LE PRIEUR DE L'HOPITAL MIS A L'AMENDE (')
— 27 Septembre 1400. —
Die et anno quibus supra (27 Septembre 1400) et eis-
dem supra nominatis canonicis in Capitulo capitulantibus,
fuit statutum et ordinatum contra Yvonem Quoetpont
priorem Hospitalis Sancte Katerine et Stephanum Rou-
selli presbyteros, absentes tamen, quod mendarent quili-
bet ad centura solidos, eo quod, contra statuta fuerunt in
delacione cuiusdam cadaveris consanguinee dicti prioris
de eodem hospitali ad domum fratrum minorum civitatis
Gorisopitensis.
J. Bloez.
(1) Ctrt. 31, f 28.
(2) Gart. 31, ^ 40.
— 15 —
452.
HENRI OLIVIER REÇU MACICOT («)
— 26 Novembre 1400. —
Aûno Domini M^ quadragintesimo, die veneris post
festum béate Katerine virginis fuit Yvo filius Henrici Oli-
verii textoris receptus in macicotum chori ecclesie Cori-
sopitensis et juravit statuta ecclesie Corisopitensis, pre-
sentibus et capitulantibus venerabilibus viris Magistris
Johanne de Teguia, Herveo Sulguen, 0. Hospitis, A. de
Penquelennec canonicis.
458.
RÈGLEMENT TOUCHANT LES OBITS (')
— Sans date (vera 1400). —
Ad evitandum obmissionem dampnosam contingere
valentem circa obitus faciendos in ecclesia Corisopitensi
annuatim etamissionem eorumdem ne negligencia pereant
ministrancium nec receptorum in futurum, diligenti
consilio et tractatu super hoc habite extitit unacum con-
sensu ordinatum quod de cetero quicumque obitus reci-
piendus aut tradendus in dicta ecclesia inscribetur per
manum procuratoris et eciam alicujus contrarotulatoris
instituti vel instituendi a Capitulo in duobus katernis pro
utroque.
454.
PIERRE LE MARHEC REÇU CHANOINE <')
- 31 Mars 1401 (n. a.). -
Anno Domini M^ quadragintesimo, hora prime vel circa,
dies ultime mensis Marcii, indicione nona, ab^lectione
(1) Cart. 31, ^ 61.
(2) Cart. 31, f 52.
(3) Cart. 31, f 21.
— 16 —
Benedicti decimi tercii in papatum ultimo electi anno
septimo, presentibus Oliverio Gantperent, Guillermo
Cronc presbyteris et aliis fuit Magister Petrus Militis in
Capitulo ecclesie Corisopitensis receptus In canonicum et
locus sibi in dicto Capitulo assignatus, et iuravit statuta
ecclesie et hoc per Magistrum Guillermum Marhec ca*
nonicum.
J. Bloez.
455.
YVES TAILLECOT REÇU CHANOINE TRÉSORIER (')
- 6 Juillet 1401. -
Anno Domini M^ quadragintesimo primo, die mercurii
in octobas festi Âpostolorum Pétri et Pauli, presentibus
discretis viris Magistris Herveo Sulven, Oliverio Hospitis,
Johanne Corric, Guillermo de Kaer Archidiacono ejusdem
ecclesie, Petro Militis canonicis ejusdem ecclesie et plu-
ribus aliis, Bertrandus Simonis presbyter procurator et
procuratorio nomine discreti viri Magistri Yvonis Tail-
lecot thesaurarii et canonici ejusdem ecclesie fuit recep-
tus et in possessionem ductus eorumdem thesaurarie et
canonicatus per assignacionem stalli in choro et loci in
Capitulo juravitque statuta dicte ecclesie prout in isto
libro continetur, bene et fideliter observare.
DE Kervatoux.
(1) Cart. 31, f» 32.
(A suivre,)
- 17 -
CORRESPONDANCE
I. TRÊHOT de GLEBMOIIT, MUre de Pont-Croli (1791).
(Suite.)
Les deux mois de Mai et de Juin furent une période rela-
tivement tranquille ; le Conseil municipal occupa ses
loisirs à la police des églises et à Torganisation de la Fête-
Dieu, qui avait occasionné, Tannée précédente, un vérita-
ble scandale : les jeunes gens ayant enlevé le dais aux
quatre porteurs désignés par le marguillier. Cette fois, il
est bien établi que les notables choisiront quatre d'entre
eux pour porter le dais à chaque procession. Tout parti-
culier sera tenu de tendre décemment devant sa maison,
de nettoyer la rue et d'enlever les immondices. Le com-
mandant fera prendre les armes par la garde nationale ;
il n'admettra pas de soldats au-dessous de dix-huit ans et
leur commandera la plus grande décence.
Il n'y a guère d'autre incident local à signaler que
l'affaire Le Gac, prêtre non conformiste, ancien profes-
seiir au collège de Quimper, retiré depuis peu de temps à
Pont-Croix où il s'occupe de l'éducation des enfants de la
dame d'Esclabissac. Dénoncé par un notable, il dut com-
paraître devant la Municipalité pour répondre de « propos
incendiaires » qu'il aurait tenus.
Le 6 Juin, vers 8 heures du soir, l'abbé Le Gac, reve-
nant de la promenade avec ses élèves, rencontra dans le
Bulletin db là Commission diocjîsainb. — 8* anDée* 2
— 18 -
faubourg, vis-à-vis des Ursulines, un homme entouré de
plusieurs femmes et filles et leur lisant un papier. L*air
original de cet homme attira son attention. Il le prit
d'abord pour un vendeur de chansons revenant de la
foire de Pouldavid. Il passait son chemin, quand cet
homme Tapostropha, disant qu'il lisait des papiers contre
les « faux bulles de pape )), car il parle fort mal le fran-
çais. Détestant par caractère et par principe toute espèce
de calomnie, Le Gac se crut obligé, comme chrétien et
comme prêtre, de répondre à cet homme que les bulles
n'étaient peut-être pas si fausses qu'il les croyait, puisque
l'Assemblée elle-même ne disconvenait pas qu'elles ne
vinssent pas du Pape — à preuve, l'ouvrage de M. Le
Camus, membre de la dite Assemblée —, mais soutenait
qu'elles n'avaient pas de force en France parce qu'elles
n'ont pas été acceptées ni enregistrées suivant la forme.
Si on le poursuit, qu'on poursuive aussi le Journal ecclé-
iiastiquBt le Journal général f le Courrier d'Avignon, etc.,
qui n'ont pas été démentis par aucun autre folliculaire.
Des gens qui entendent mal le français, ont confondu :
(( accepter et reconnaître vrai )), et s'ils ont dit la même
chose, c'est que les témoins, quand ils doivent rendre
témoignage, se demandent les uns aux autres, ce qu'ils
ont entendu. (( D'ailleurs, ajoute Le Gac, je suis trop au
courant de la question pour avoir pu dire que l'Assemblée
avait accepté les bulles et, si j'avais voulu tromper, j'au-
rais mieux choisi mon monde et mon lieu. J'ai dit que les
bulles étaient vraies en ce sens qu'elles veuaient de Rome
et je suis prêt à le répéter devant tous les tribunaux pos-
sibles )). Cette défense habile et courageuse valut à Le Gac,
pour le moment, une simple admonestation de la part du
Conseil municipal. Il fut prévenu d'être, à l'avenir, plus
circonspect dans ses propos. Mais le District de Pont-
Croix, dans sa séance du 9 Décembre 1791, observe au
— 19 —
Département qu'en exécution de son arrêté du 29 Novem-
bre, il a fait mettre en état d'arrestation le sieur Le Gac,
pour s'être depuis longtemps rendu suspect : !<> par son
refus de prêter serment ; 2^ par des altercations avec de
bons citoyens et avec la Municipalité même de Pont-Croix,
pour la manifestation de ses principes anti civiques sur
les bulles ; 3» enfin, par son entrée au service d'une mai-
son connue par sa haine pour la Constitution (1).
Le 24 Juin, le Conseil général, extraordinairement
assemblé, se rend au Directoire — où se trouvent déjà réunis
les membres du District et du Tribunal —, pour y recevoir
communication d'un décret de TAssemblée Nationale, en
date du 21 de ce mois, qui annonce l'enlèvement du Roi
et de la famille royale. Lecture en est donnée par la fenê-
tre à la foule assemblée sur la place, et l'on décide qu'une
garde de quinze hommes se tiendra cette nuit sous les
halles et fera des patrouilles d'heure en heure, pour arrê-
ter toutes personnes suspectes ainsi que voitures, che-
vaux, bagages. Cette nuit même, le Roi rentrait à Paris...
Le lendemain, suivant l'arrêté du District de tenir les
armes en état, la Municipalité fait venir Jean Ânsquer,
armurier, et lui enjoint de travailler, même le dimanche,
aux réparations nécessaires. On prendra vingt livres de
poudre, chez Guézenncc, distributeur, deux cents pierres
à fusil, et, comme il n'y a pas de balles en ville, on en
fera avec du plomb mat, puis des cartouches. Tous les
hommes sans distinction, de vingt à soixante ans, seront
tenus de monter la garde, et ceux qui ne le pourraient
pas, au jour indiqué, paieront douze sols pour celui qui
les remplacera. Défense est réitérée aux cabaretiers de
donner à boire, après 9 heures du soir, excepté aux étran-
gers, et tous ceux qui ont des voyageurs à loger, devront
(1) Cr. DoeumenU, U, 76.
-- 20 —
en faire la déclaration au Maire à peine de dix livres
d'amende, au profit du corps de garde. La Municipalité
sera permanente et s*assemblera provisoirement deux
fois par jour pour régler tout ce qui pourrait survenir de
nouveau.
Ce qui survint, l'histoire locale ne le dit pas, car le
registre des Délibérations municipales manque de Juillet
à Décembre, et la correspondance du Maire en est d'autant
plus précieuse. Il est vrai que les affaires générales : la
fuite du Roi, le vote de la Constitution, prennent une
place de plus en plus grande dans ces lettres qui se ter-
minent par le compte-rendu des élections à l'Assemblée
législative.
*
# *
< !•' Juillet 1791.
« La fuite du Roi est inexcusable. Il a compromis sa
dignité royale et avili sa personne par les moyens qu'il a
employés : c'est une faute basse, grossière, gauche et
irréfléchie dont l'Histoire ne présente point d'exemple.
Quelqu'impardonnable qu'elle soit pourtant, l'Assemblée
Nationale doit user de beaucoup de prudence vis-à-vis de
lui. Il me semble que les mesures qu'elle se propose de
prendre sont trop violentes et trop rigoureuses. Toutes
les puissances voisines sont armées, leurs troupes bor-
dent nos frontières. Depuis longtemps, elles sont en
vedette sur ce que deviendra le Roi et sur la manière dont
on en usera envers lui. Si on le traite rigoureusement, si
on le dégrade trop, si enfin on le veut annuler, il est à
craindre qu'elles prennent sa défense. Ce ne sera certai-
nement pas, surtout dans les circonstances présentes, par
rapport à la personne individuelle du Roi, mais pour la
cause commune des fois en général. Autant de rois voi-
- âi -
sins, autant d'ennemis cachés de la Nation française qui
peuvent se montrer aussitôt qu*on aura déposé le Roi, ou
qu'on aura pris contre lui des moyens équivalents. Le
Royaume porte encore dans son sein plus de citoyens
ennemis de la Constitution que de vrais patriotes. Tous
veulent avoir ce titre honorable, tous le prennent avec
enthousiasme, mais les lois les touchent-ils ? Le patrio-
tisme, qui chez eux n'est qu'un masque, tombe et laisse
voir l'homme au naturel, c'est-à-dire, attaché à ses jouis-
sances, à ses propriétés, au bien-être dans lequel il était
né, ou qu'il s'était procuré par ses travaux — c'est celui
qui est le plus précieux —, que les lois lui arrachent pour
le mettre dans la gène et souvent dans la misère qu'il
n avait point connue jusqu'alors ou dont il s'était délivré
par ses sueurs. Je suis dans un bien petit coin du monde
et j'y vois plus des deux tiers des habitants qui ont pris
successivement ces sentiments ! Je juge par ceux-ci du
reste des habitants du royaume. »
c 4 Jaillet.
(( Les nouvelles que tu nous donnes et celles contenues
dans les feuilles sont d'autant plus aflligeantes qu'on
n*entend parler par ailleurs que d'incendies et de meur-
tres. J'en reviens toujours à dire que, dans la circons-
tance, l'Assemblée doit agir avec beaucoup de prudence
et de modération vis-à-vis de la famille royale et du Roi.
Je conviendrai toujours que celui-ci a fait la plus grande
balourdise qu'on puisse imaginer, mais il aurait pu se
justifier de cette fausse démarche, de manière à la faire
croire utile et faite dans les vues du bien de son royaume.
Item, il n'est pas sorti du royaume, il avait le droit comme
tout autre citoyen de le parcourir, il pouvait justifier son
incognito. Enfin, il se défend, par Déclaration, en esclave
- 22 -
et non en Roi, comme il le pouvait faire. Nous avons
néanmoins hier fait chanter un Te Deum solennel, fait
brûler un feu de joie de cent soixante fagots en son hon-
neur et gloire; et, ce matin, pour récompense, j'ai été
assailli de plaintes de quantités de petits désordres arri-
vés à la suite de cette fête civique, car nous avons fait
illuminer partout : tous les corps étaient invités à y assis-
ter : clergé, garde nationale, district, tribunal et munici-
palité. Depuis le départ du Roi, nous faisons monter la
garde et faire patrouille toutes les nuits, par tous les habi-
tants quels qu'ils soient : clergé et autres ; ceux qui ne veu-
lent pas la monter paient douze livres pour le faire.
(( Le désordre est grand partout. Il y a eu un soulève-
ment à Concarneau : les citoyens ont été obligés de se
réfugier dans la ville et de couper le pont de communica-
tion, mais cela fut pourtant terminé en trois ou quatre
jours sans effusion de sang. A Quimper, on est assez tran-
quille : un régimentcitoyen s'est uni à la garde nationale
et cette union fait un merveilleux effet . »
c 8 JaUlet.
« La lettre de M. de Bouille est bien insolente. Il paraît
pourtant vrai qu'il est l'auteur ou le machinateur de la
fuite du Roi. Il a, je^crois, bien fait de passer en pays
étranger. C'était un homme à qui il aurait fallu faire le
procès et dont il aurait fallu faire un exemple. L'Assem-
blée Nationale, dans cette circonstance, s'est supérieure-
ment comportée. Elle doit avoir quelque obligation au Roi
de cette fuite : sans elle, elle n'eut jamais aussi bien connu
le point de confiance que la Nation avait en elle. Il est
vrai que cette éclipse nous a exposés à de graves dangers,
ainsi que la Nation, à des guerres intestines et extérieu-
res. Mais le Roi est rentré, et tout me semble devoir être
— 23 —
effacé. Je trouve même qu'on a déjà trop fait contre lui,
car enfin, il n'a pas sorti du royaume ; il n'est pas
prouvé qu'il eut dessein d'en sortir mais il n'a fait que ce
que tout citoyen a droit de faire, celui de parcourir le
royaume, comme il veut et quand il veut, et s'il se défen-
dait mieux qu'il ne le fait, il fermerait la bouche à tout le
monde. Il y avait beaucoup de choses qu'il eût pu dire en
parlant même en Roi, sans blesser l'Assemblée Nationale.
Mais il est trop tard : il s'est rendu trop petit, par son
premier manifeste et par sa déclaration qu'il ne peut plus ^
désavouer. J'attends avec impatience le dénouement de
tout cela, car jusqu'à présent, on ne voit pas trop ce que
deviendra ce Prince. »
« 11 Juillet.
« Je suis bien charmé que tout soit tranquille à Paris
et l'on peut dire que cela est fort heureux dans la circons-
tance présente. Le parti à prendre vis-à-vis du Roi est de
le laisser reprendre ses fonctions royales comme au passé
et reprendre le travail avec lui comme devant. Je serais
même d'avis de retirer cette double et triple garde qu'on
lui a mis. Où veut-on qu'il aille ou qu'on l'emmène ? 11
ne sera pas tenté de retomber en pareille faute ; tous
efforts seraient vainement tentés de sortir du royaume
désormais, comme aussi de beaucoup s'éloigner de la
capitale; il sera surveillé dans toutes ses démarches. Au
demeurant, sa fausse démarche a produit un grand bien.
Tous les projets des aristocrates sont déconcertés, ils ont
connu par ce moyen quelles forces on avait à leur oppo-
ser. Monsieur et M. de Condé devraient rentrer dans le
royaume. Que feront-ils désormais chez l'étranger ? Que
M. d'Artois par exemple y reste : à la bonne heure ! C'est
un turbulent dont on se passera bien et qui, au loin, ne
— 24 —
pourra pas faire le mal qu'il ferait plus près. Voilà pour-
tant bien des apparences de paix et de calme dont la per-
sévérance pourrait opérer votre prompt retour, mais vous
avez encore bien de la besogne à faire. »
c 15 JnlUet.
« On ne paye encore d*impôt nulle part, pas plus en
Bretagne qu'ailleurs parce qu'on ne sait que payer ni quel
sera le taux de la propriété foncière. Je suis étonné et
même inquiet de savoir comment on peut se passer au-
jourd'hui de ces impositions qui ne sont encore suppléées
par rien, et comment on peut suffire sans cela à tout ce
qu'on paye et ce qu'on a à payer et aux dépenses énormes
qu'on fait. Je n'y conçois rien.
(( Quant aux patentes, elles ne produisent presque rien.
Personne n'en prend. Je ne crois pas que cela aille mieux
à Quimper, et suivant ce que j'ai lu il y a quelque temps,
cet impôt ne prend pas beaucoup mieux à Paris ; cepen-
dant, il me parait modéré et ne devoir pas être pesant ;
il devrait être mieux accueilli par les villes qui avaient
des maîtrises et jurandes, que par les autres ; surtout les
sommes payées pour les maîtrises étant remboursées.
« Je vois que les réclamations des deux cent quatre-
vingt-dix protestants n'ont d'objet que l'espèce de gouver-
nement qu'on tend à établir en République ; ils s'y opposent
et, en cela, je ne puis les désapprouver ; il y a un grand
nombre des vôtres qui sont de leur sentiment : c'est en
général celui de toute la France. Nous voyons que, dans
beaucoup de clubs, toutes les motions qui ont été faites
en faveur de la République ont été sévèrement repoussées
et rejetées.
« A propos du 15 Juillet, nous renouvelâmes hier le
serment fédératif, mais à bien moins de frais qu'à Brest
- 28 -
et qu*à Quimper. Cette fête coûtera à cette première ville
plus de cinquante mille livres et à celle de Quimper, au
moins deux mille écus. Voilà comment on fouette l'argent
dans un temps où on n'en a pas trop. Nous y avions cinq
de nos gardes nationaux ; ils sont allés à leurs frais. »
c 18 JaUlet.
(( Quoi I sur douze cents que vous êtes, tu veux qu'il y
en ait neuf cents de vendus à la liste civile I Cela n*est pas
facile à concevoir. On concevra plutôt qu'ils sont les plus
raisonnables et je me rangerais plutôt de leur côté que
du vôtre, non pour le Roi individuellement, car il a fait
la plus lourde faute qu'un Roi puisse faire surtout vis-à-vis
de son peuple, faute d'autant moins pardonnable qu'il
avait les moyens de se faire rendre justice sans la faire.
Mais il faut la faire dans l'intérieur du royaume, et sans le
parti de la douceur que prennent les neuf cents, vous
auriez une guerre intestine, car il faudrait s'attendre, en
agissant autrement, à voir deux partis en France, celui
du père et celui du fils qui s'armeront bientôt, et les puis-
sances du dehors auraient beau jeu ensuite. Rétablissez le
Roi dans ses fonctions, donnez-lui un conseil royal dont
vous nommerez les membres et tout rentrera dans Tordre :
c'est, je crois, le parti le plus sage dans les circonstances
présentes.
(( Ne comptez pas trop sur vos forces militaires, j'entends
sur la garde nationale ; elle n'est pas souvent telle que
vous la voyez à Paris et dans quelques grandes villes ;
mettez toutes les autres en face de l'ennemi et vous verrez
'la belle bouchée qui en sera faite. D'ailleurs, elles sont
sans chef, car on ne peut appeler de ce nom ceux qui les
commandent, qui ne sont pas plus aguerris qu'eux ; où en
trouver qui le soient ?
— 26 —
u Samedi, il arriva ici un guidon dont le Département
a fait présent au District ; il fut apporté, je dis escorté,
vendredi, par vingt hommes de Quimper à Douarnenez;
ensuite, escorté de Douarnenez à Pont-Croix par trente.
Nous en envoyâmes vingt-cinq au-devant, jusqu'à Gom-
fort (1). Nous fûmes en costume et en corps, au-devant,
jusqu'à Langroaz; les Juges vinrent nous y joindre; le
District vint aussi, après. Cela fut ainsi à bâton rompu,
par un quiproquo. Mais enfin on fut tous rassemblés, deux
deux heures avant l'arrivée du a petit mouchoir », comme
dit Rosalie. »
c 23 JuUlet.
(( Ne te déchaîne pas tant contre le décret qui décide du
sort du Roi : il était nécessaire qu'il fut tel pour le repos
intérieur et tu as beau dire, pour celui extérieur du
royaume. J'ai lu avec beaucoup de plaisir et d'intérêt
toutes les discussions sur cette affaire qui sont contenues
dans les gazettes. Tout y est supérieurement traité : il y
en a de très sages, il y en a de très exaltées et folles
même ; ces dernières n'ont point prévalu et c'est un grand
bien. Vous allez désormais travailler tranquillement, et je
me flatte que le calme va renaître. J'ai trouvé dans les
gazettes une opinion qui était à moi : celle que la fuite
du Roi, à laquelle a succédé son arrestation, devait opérer
le retour du calme dans le royaume, parce que les enne-
mis du repos public allaient voir leurs projets déjoués et
toutes leurs espérances évanouies. En effet, dans notre
coin, nous avons vu un changement subit dans la con-
duite des prêtres et du peuple : les églises de campagne
sont pleines, les fêtes et dimanches, de désertes qu'elles
(1) a « u Yie municipale à Pont-Croix (1790-1791) ». Bulletin de la
Sociétë Arehéologique du FitUttère, 1906.
— 27 —
étaient (i) ; les enfants qu'on avait privés des cérémonies
du Baptême et de l'enregistrement de leur naissance ont
été rétablis dans tous leurs droits ; beaucoup de prêtres
qui résistaient à s'éloigner de quatre lieues, du lieu où ils
étaient fonctionnaires, ont obéi. Je .viens même, dans le
moment, d'expédier à Tun d'eux un passeport pour Ros-
trenen ; il va chez l'abbé Boulain qui y est recteur, cela
en qualité de curé ; il y fera le serment dimanche ; il est,
de Plouhinec, c'est un nommé Kerdréac'h : il a fait le
diable dans cette paroisse, a détourné les autres prêtres
de se soumettre à la loi. Depuis le jour du Sacre, je le
cherche pour le faire ramasser. Figure-toi que ce jour-là,
où la procession de Plouhinec vient à Keridreux» lui et
les autres prêtres étaient au cabaret, vis-à-vis de la cha-
pelle ; le Recteur vint tout seul en procession, soulagé de
deux employés qui lui servaient de chantres. Il faut pour-
tant dire que l'abbé Billiec (2) n'était pas du nombre,
mais toutefois, il ne prêtait aucune assistance au Recteur
et allait dire sa messe dans les chapelles qui sont dans
cette paroisse, et voilà de bonnes messes I
« L'abbé Liscoat, ancien supérieur du Séminaire, après
avoir soulevé tout le clergé du diocèse, aussitôt l'arresta-
tion du Roi, a écrit à tous les prêtres non conformistes de
communiquer avec ceux qui l'étaient. Mais le Départe-
ment ayant remarqué que, malgré cela, il détenait des
assemblées de prêtres qu'il présidait chez sa cousine, lui
a ordonné de se rendre à Brest dans vingt-quatre heures
(1) De Rosalie, le 12 Septembre : c Je fus hier à Ploiôvet avec Mad.
Durest et quelques autres perscooes. U y avait fort longtemps que M. Quil-
livic nous y engageait; il voulait même que nous y fussions un dimanche
pour donner l'exemple à ses paroissiens qui commencent h revenir de
leur erreur : il y a cependant encore quelques villages qui ne vont pas à
la messe.... »
(2) René Rilliec, vicaire k Plouhinec depuis 1770, se rendit volontaire-
ment à Pont-Croix, en Décembre 1792, et fut détenu aux Capucins de
Landerneau.
— 28 —
et d'y garder la ville pour prison (1). Le petit abbé Cos-
soûl y est aussi depuis quelque temps ; il était à dîner
chez sa mère, quand il reçut ordre de s'y rendre sur
l'heure ou qu'il allait y être conduit par un piquet tout
prêt à marcher. C'est là qu'on envoie tous nos prêtres
séditieux. L'abbé Mauduit (2), grand vicaire, fuit au-
devant d'un décret de prise de corps ; on dit qu'il a été
arrêté à Nantes. »
€ 25 Juillet.
(( Nous avons su la scène du Champ de Mars, samedi
dernier, par une lettre de M. Expilly au Département,
dont M. Guéguen envoya un exprès prendre une copie,
afin de calmer son inquiétude et les nôtres que nous cau-
saient des bruits bien plus funestes qui se répandaient.
Par la lettre de ce prélat et la tienne il ne s'agit que de
(( cela )) et ce « cela » est beaucoup trop encore.
(( Les nouvelles ici sont qu'un sieur abbé Jacquerie,
l'abbé Kermorvan, son frère ex-capucin, et le recteur
Coroller ont été arrêtés à Concarneau vendredi, déguisés
en habit de couleur : les Kermorvan avec une perruque à
queue et Coroller, une perruque à boucles. La Municipa-
lité les fit mettre dans une charrette et conduire au Dépar-
tement qui les déposa au Séminaire. Je pense qu'ils sont
partis pour Brest. On dit et on assure que la famille Ker-
salaûn a décampé, même le bonhomme; cela demande
confirmation.
(( Informe-toi donc de M. Santerre, s'il n'a point d'ar-
gent à remettre au Chapitre à Pont-Croix. »
(1) Cf. NoUce hiitorique, 91.
(3) ÀDtoine-AdrieQ de Mauduit, vicaire général, recteur de Plovan,
chaise de sa paroisse le 19 Avril 1791, se retire dans sa famille, puis eo
Espagne.
- 29 -
c 29 JaiUet.
(( Tu as procuré à Audierne une école d'hydrographie,
c'est un grand bien pour cette petite ville,' mais le vérita-
ble militaire Jouan, aujourd'hui gendarme, dit que les
s.... n'en auront pas plus de reconnaissance; je répondis
que je croyais bien que tu ne t'y attendais et que tu ne
l'avais sûrement fait que pour le bien du pays.
(( Avant-hier, on a expédié un prêtre réfractaire pour
le Séminaire de Quimper, doxi hier il a dû partir pour
Brest; c'est un de tes contemporains du Collège, nommé
Raguénès, cy-devant vicaire de Landudec remplacé, et à
qui l'arrêté du Département portant ordre à tous les ecclé-
siastiques remplacés de se tenir éloignés de quatre lieues
de la place qu'ils occupaient a été intimé. Il y avait obéi
et s'était retiré chez sa mère à Crozon, mais n'a pu s'y
tenir tranquille. Le Département lui a fait donner la
chasse, en le poursuivant, pour le transférer à Brest. Il
venait ici, pour ensuite coucher à Audierne et y joindre
deux autres prêtres qui l'y avaient précédé de quelques
heures. Je pense que leur projet était de s'embarquer
pour se rendre à Jersey. Quoi qu'il en soit, il vint ici me
porter des plaintes d'un homme qui Tavait attaqué dans
le grand chemin et me prier de lui faire rendre son che-
val. Je lui demande à faire voir son passeport ; il me
répondit qu'il n'en avait pas. Alors I bon voyage, M. l'abbé I
La Municipalité d'Audierne a aussi arrêté les deux autres
prêtres sur le compte de Tun desquels il n'y a point de
reproche que celui de n'avoir point sermenté, mais il
communique avec les conformistes. Savina, ton camarade
de classe, recteur de Crozon, le garde pour son vicaire,
ce qui est un témoignage de sagesse, mais l'autre va par-
tir dans le moment pour aller au Département, par qui il
est réclamé. » (A suivre,)
— 30 —
SUR LES
PAROISSES DU DIOCÈSE DE QUIMPER ET DE LÉON
Par MM. PEYRON et ABQRALL.
(Suite.)
DOUARNENEZ
(Suite.)
Avant d'exposer les événements qui se passèrent au
temps de la Ligue à Douarnenez, nous allons raconter,
d'après le récit qu'en a fait le Père Maunoir, dans la Vie
manuscrite de Catherine Daniélou, un effet merveilleux
de la protection de saint Corentin sur un jeune homme
de Quimper qui avait une dévotion particulière pour ce
saint Patron. La légende a sans doute brodé un peu sur
l'histoire, mais elle doit avoir cependant son fondement
sur un fait qui se serait passé au commencement du
XV® siècle, sous l'épiscopat de Mgr Bertrand de Rosmadec.
Ce récit, le Père Maunoir nous dit l'avoir entendu, en
1642, d'un ancien homme de Plogonnec qui, vers l'an
1580, était écolier, à Locronan, de M. Noï, prêtre, et « qui
passait dans ce temps pour le plus habile homme de Cor-
nouaille ». Or, M. Noï avait lu à ses écoliers cette his-
toire extraordinaire (( écrite dans un ancien manuscrit ».
Le Père Maunoir entendit aussi raconter cette histoire
par Marie Thomas, également de Plogonnec, qui disait
l'avoir apprise de son père a qui vivait du temps que la
— 31 —
mémoire des aventures de ce jeune homme était encore
fraîche». Ce qui acheva de frapper le Père Maunoir, c'est
que ces mêmes aventures lui furent rapportées par Cathe-
rine Daniélou, qui disait les avoir entendu r conter par
un de ses protecteurs mystérieux, qui lui apparaissaient
si souvent lorsqu'elle passait la nuit dans la cathédrale de
Quimper.
Quoi qu'il en soit, voici le récit consigné par le Père
Maunoir- dans la Vie écrite par lui de cette voyante.
« Environ la fête de S^ Corentin, 1642, un jeune enfant
que Catherine appelait son petit maître lui raconta cet
exemple de charité que montra S^ Corentin à l'endroit
d'un jeune gentilhomme qui l'avait pris pour père.
« Près la ville de Quimper il y avait un gentilhomme
qui avait trois enfants mâles, mais il avait une antipathie
étrange contre l'aîné appelé Joseph -Corentin de Coeta-
nezre (1), ne cessant de le crier et maltraiter. Sa mau-
vaise humeur le porta à un tel point qu'il se résolut de le
chasser hors de sa maison. Dans ce dessein il va trouver
sa femme et lui dit : « Mon cœur, je ne saurais durer avec
(( Joseph-Corentin, je suis en dessein de l'envoyer hors
« d'ici, afin que je ne le vois plus ». Elle y consent et on
lui donne trente écus avec ordre d'aller bien loin, de ne
retourner plus au logis et de ne point dire de quelle famille
il était.
« Ce jeune gentilhomme, qui était fort pieux et qui avait
fort bien étudié ses humanités et en philosophie, fut bien
étonné de ce procédé si sévère ; il se rend à l'église
S^ Corentin, se jette aux pieds de son immage, disant les
larmes aux yeux : « Glorieux S* Corentin, vous voyez que
« mon père et ma mère m'ont jeté hors de leur maison.
(1) Coetaoezre, sieur de Pral maria, à Locmaria, portant pour armes :
de gueules à trois épées d'argent garnies d'or, les pointes en bas ran-
gées en bande.
- 32-
(( je vous prends pour père, servez-moi de conducteur. »
« Ayant achevé sa prière, il tire vers Douarnenez et
étant à demi lieue de la ville (1) il se tourna de rechef
vers S* Corentin et lui fit cette prière : « Oh mon cher
(( père ! ne m'abandonnez pas, gardez-moi et m'accom-
« pagnez dans mon chemin. »
(( Au bout de deux lieues et demi, il rencontra une
croix ; d'un côté était peinte l'image de Jésus crucifié, de
l'autre, celle de la Vierge ; il se jette aux pieds de Jésus
et lui dit : « Mon doux Jésus, mon père m'a jeté hors de
(( la maison, servez- moi de père et ayez pitié de votre
(( pauvre fils », puis s'agenouillant de l'autre côté il dit :
« Vierge Marie, refuge des orphelins, ma mère m'a aban-
« donné, je vous prends pour mère et me jette entre vos
(( bras, mère de miséricorde ! )) Oh que cette confiance
lui vaudra d'avoir pris S^ Corentin pour père et la Sainte
Vierge pour mère I
« Tournant son chemin à côté droit, il rencontra dans
un village de la paroisse dePlogonnec une pauvre femme
qui se lamentait et criait en pleine tète. Il lui demande
ce qu'elle a : « Hélas I dit-elle, il y a trois jours que mon
(( mari est mort, je suis chargé d'une bande d'orphelins,
« je n'ai rien, je ne puis payer les frais d'inhumations, je
« suis réduite à l'enterrer dans mon jardin où je lui ai
« fait une fosse. »
« Le jeune homme ne put contenir ses larmes en voyant
cette misère, il recommanda à la femme de mettre sa
confiance en Dieu qui ne délaisse point ceux qui espèrent
en lui, et lui donna ses trente écus, ne se réservant que
vingt sols. (( Faites enterrer votre mari, ajouta-t-il, faites
(( dire des messes pour lui et consacrez le reste au soula-
« gement de vos enfants. » Oh qu'il fait beau assister les
(1) Du haut de l'aDcienoe route de Douaroeoez, il y a une vue superbe
de la cathédrale et de toute la ville.
— 33 —
misérables en leur grande extrémité! Ce jeune homme
verra un jour combien une œuvre de miséricorde est
agréable à Dieu.
« Étant sorti de ce lieu il s'en va sans savoir où ; il
entre dans un bois d*où il aperçoit une maison de no-
blesse (1). Il n*ose y aller de peur de faire déshonneur à
son père, il se couche dans un fossé sans souper, priant
Dieu et S^ Corentin. Le matin, comme il se lève, il aper-
çoit une dame se promenant dans le jardin qui lui dit :
« Aimez- vous Dieu ?» — « Hélas, Madame, dit-il, ce n'est
« pas le désir de mal faire qui m'a mené ici, je suis un
(( pauvre jeune homme que mon père et ma mère ont
« chassé de leur maison ; je n'ai pas osé aller en cette
(( maison de noblesse de peur de faire déshonneur à mes
« parents. » — « Aimez-vous la Vierge ?» — « C'est ma
« mère. » — « Qui aimez-vous encore ?» — « S* Coren-
« tin, que j'ai pris pour père et pour conducteur. » —
(( Cela va bien. » Cette dame était la Sainte Vierge, qui
avait pris la forme de la tante du gentilhomme à qui
appartenait la maison de noblesse, et comme cette dame
parlait à ce jeune homme survint un évoque ; c'était
S^ Corentin, qui avait pris la forme de Bertrand de Ros-
madec, pour lors évéque de Cornouaille. La dame et le
prélat s'étant entresalués, ce dernier s'enquiert de ce
jeune homme, qui il était ? Celui-ci répondit qu'il était
chassé de la maison de son père et de sa mère et qu'il
n'avait plus d'espérance qu'en Dieu, la Vierge et S^ Coren-
tin. L'Évèque lui ayant recommandé de tenir bon à cette
dévotion, lui demanda s'il ne pouvait pas servir dans
cette maison de noblesse. Il répondit qu'il était gentil-
homme, qu'il craignait que si son père le savait, il ne
s'en fâchât. Le prélat lui demanda : « Savez-vous écrire ? »
(1) C'était le château de Leshascoêt, près de Kerlaz.
Bulletin de la Commission diocjîsaine. — 8* année.
— 34 —
— (( Oui, )) répondit-il. Alors la Dame et TÉvèque, accom-
pagaés du jeune homme, entrèrent dans la maison.
<( Le gentilhomme, propriétaire du château, fut fort
ravi de la visite de Monseigneur TÉvêque et de sa tante
qui avait demeuré quelque temps à Paris, mais il ne
savait pas le bonheur qu'il possédait.
« Après s^être complimenté ils dirent au gentilhomme
qu'ils lui menaient un honnête jeune homme qui savait
fort bien écrire et que puisque leur fille ne savait pas
écrire c'était une grande commodité pour eux de l'accep-
ter comme maître.
(( C'est ainsi que ce jeune homme demeura dans cette
maison durant un an, donnant des marques de piété,
d'honnêteté et de toutes sortes de vertus. Un jour, la
dame trouvant son mari seul, lui dit : « Il faut, mon mari,
(( que je vous décharge mon cœur, j'aurais un grand désir
« que nous marions notre fille à son maître qui paraît
« être issu d'une noble famille ; sa piété et vertu me ra-
« vissent le cœur; il est bien difficile de trouver un parti
(( aussi assorti des vertus chrétiennes nécessaires au sa-
« lut; au reste, nous n'avons qu'une fille et nous avons
« assez de bien pour elle et pour notre gendre ». Le mari
fut aussitôt de l'avis de sa femme, il n'y eut qu'un oncle
de la jeune demoiselle qui n'y voulut pas consentir; mais
on passa outre, le mariage eut lieu et au bout d'un an les
jeunes époux eurent un fils, auquel temps l'oncle mécon-
tent forma le dessein de tuer son neveu.
« Pour mieux réussir dans son méchant dessein, il
mena le jeune marié chasser près du rivage de la mer où
l'ayant jeté dans un lieu très profond, il prit la fuite et
retourna en sa maison. Le jeune gentilhomme, se voyant
de tout côté investi des vagues de la mer et dans un dan-
ger évident de sa vie, invoqua l'assistance de la bien-
heureuse Vierge et de S^ Corentin. Au même instant, il
— 35 —
sent une force invisible qui Tempéche d'aller au fond, et
les flots de la mer qui se retirait le portèrent sur un
rocher nommé Tévinec (1). Ayant abordé, celui qui Tavait
soutenu lui apparut sous la forme d'une colombe blanche.
Cependant, abandonné de tout secours humain, il réclama
l'assistance de la Vierge et de S^ Corentin, puis demeura
dans ce lieu cinq ans entiers. Toutes les nuits, il voyait
près de lui un beau cierge blanc allumé ; c'était le secours
de la Vierge. Deux fois le jour, il était assisté et visité
d*un ecclésiastique, c'était S^ Corentin qui lui apportait
sa nourriture. Au bout de cinq ans, ce prêtre lui dit
adieu et l'avertit quil ne retournerait plus, que du reste
le jeune homme irait souper à son propre logis, qu'il ne
se mit pas en peine de son oncle, qu'il était dans l'impuis-
sance de lui nuire, Dieu l'ayant rappelé à lui.
« Ce charitable ecclésiastique étant disparu, voici qu'un
vieillard chenu, nageant, aborda ce rocher et dit au jeune
homme que, sachant bien nager, il le mettrait bien à
terre s'il voulait bien lui donner quelque chose en retour.
(( Que vous donnerais-je, repartit le jeune homme, pour
(( ce bienfait ? )> — a Je suis content de vous donner tout
« mon bien. » — « C'est trop, repartit le vieillard, je me
(( contenterai de la moitié. » Là dessus, le vieillard prend
le jeune homme sur son dos et le porte sur le rivage d'où
son oncle l'avait précipité dans la mer.
« Ayant abordé, le vieillard dit : (( Il n'y a rien qui
(( presse, je reviendrai dans quelque temps recevoir mon
(( salaire » et, s'étant dit adieu l'un à l'autre, voici qu'à la
nuit tombante, se présentent au jeune homme deux pages
de la maison de Leshascoêt. C'étaient deux anges, qui le
conduisirent à la porte de sa maison, où, l'ayant rendu,
(1) n y a uoe roche dite Tevenec à la sortie de la baie de DouarDeoez;
mais la tradition populaire a toujours recODOU dans Ttlot du Flumlou le
lieu où a vécu celui qu'oa a appelé c rermite du Flumiou i.
- 36 -
ils disparurent en un instant. Et le jeune homme, recon-
naissant sa maison, rend mille grâces à Dieu son Sauveur,
à la Sainte Vierge et à S^ Corentin.
(( 11 frappe à la porte ; madame sa compagne, entendant
le coup de marteau, dit : « C'est assurément mon mari 1 »
Madame sa mère se moquant d'elle, disait : a Votre mari
(( vous a abandonnée, il est bien loin d'ici )). Non obstant,
elle vole à la porte, elle ouvre et, reconnaissant son mari,
elle s'écrie : « C'est mon mari » I Tout le monde accourt,
son petit enfant, âgé environ de quatre ans et demi, saute
au col de son père. Celui-ci raconte alors à son épouse, à
son beau-père et à madame sa belle-mère les embûches
de son oncle, les aventures qui lui sont arrivées et les
assistances de la grâce de Dieu. Le lendemain, toute la
noblesse du canton vint le féliciter de son heureux retour.
(( Un an après, comme ce gentilhomme était en un ban-
quet avec ses amis, un pauvre vieillard frappe à la porte
et demande à parler à M. de Leshascoêl; il était tout
éguenillé, portait un long bâton, on lui voyait les bras
nus par îes trous de sa chemise. Un des laquais, le voyant
si malotru, le renvoya durement disant : a C'est bien un
« tel homme comme vous de parler à Monsieur; retire-
(( toi, autrement, je te donnerai des coups de bâtons ». Le
pauvre homme répondit : « Quand je devrais demeurer
(( ici jusqu'à dix ans, j'y demeurerai, j'ai une allaire de
« conséquence à communiquer à Monsieur ». Un serviteur
plus humain que l'autre se trouva sur la place, qui alla
avertir le seigneur de la maison que, dans la cour, se
tenait un pauvre mendiant qui avait une affaire d'impor-
tance à lui communiquer. M. de Leshascoêt descend, le
bonhomme lui dit : a Me reconnaissez- vous*.'' » 7- «Nenni, »
répondit le gentilhomme. — « C'est moi qui vous passais,
(( il y a un an, d'un rocher au milieu de la mer en terre
(( ferme. » — « Pardonnez-moi, mon frère, montez s'il
- 37 -
« vous plaît. )) Les serviteurs étaient bien étonnés de voir
ce gentilhomme traiter avec tant de respect ce pauvre
mendiant ; mais celui-ci refusa de monter, prenant pour
prétexte qu'il était pressé; il pria seulement le gentil-
homme de faire le dénombrement et partage de ses biens,
comme il l'avait promis. M. de Leshascoêt monta donc à
sa chambre, où il raconta le tout à sa femme, qui se mon-
tra contente de donner la moitié de son bien ; puis, des-
cendant, il bâilla au pauvre le compte de tous ses biens
meubles et immeubles, lequel, ayant tout examiné dit :
(( Tout n'est pas ici )). Le gentilhomme assura qu'il n'avait
rien omis. Mais le mendiant répliqua : a Venez à la cha-
(( pelle qui est dans le bois, je vous dirai ce qui manque )).
Rendus à la chapelle, le mendiant lui dit : « N'avez-vous
« pas un petit enfant ))? — (( Oui. » — « Eh bien, je vous
« conjure de l'amener ici. »
« Lorsque le gentilhomme eut amené son enfant, le
pauvre lui dit : a Vous m'avez promis la moitié de vos
« biens, il faut que cette promesse se réalise». Ce qu'ayant
dit, il tire un grand couteau, disant : « Il faut que j'aie la
(( moitié de votre enfant ». — « Laissez mon enfant en vie,
« dit le père, ou prenez-le tout. » Comme le mendiant
levait le bras pour faire cette funeste division, voici entrer
en la chapelle une dame qui arrête son bras. « Tout beau,
(( dit-elle, ne passez pas outre. Dieu est content de la
(( bonne volonté du père. » En même temps, entre au même
lieu l'Évoque de Cornouaille. « Me connaissez -vous ? »
dit la dame au gentilhomme. — « Je n'ai pas ce bon-
(( heur. » — « Vous souvenez-vous que, lorsque vous fûtes
« chassé de la maison de votre mère, vous prîtes la Mère
« de Dieu pour mère ? C'est moi. Je vous mènerai au jour-
ce d'hui avec moi au royaume des cieux. » L'Évéque lui
demanda également : « Me connaissez-vous »? — « Hélas,
« nenny. » — « C'est moi qui suis S* Corentin, je viens
— 38 —
« pour vous accompagner au royaume des cieux.» Le men-
diant, prenant aussi la parole, lui dit : « Le jour que vous
(( sortîtes de la maison de votre père, vous fîtes la rencon-
« tre d*une femme désolée à qui vous donnâtes trente
« écus moins vingt sols pour enterrer son mari : c'était
« moi son mari, c'est moi qui vous ai soutenu sur la mer,
(( qui vous ai transporté du rocher au rivage ; je suis venu
« pour avoir la moitié du plus précieux de vos biens, le
(( ciel aura votre âme et celle de votre fils, la terre sainte
« aura votre corps o. Au même instant, ce gentilhomme,
adorant à genoux les ordres du Ciel et se sentant frappé
d'un trait secret de l'amour de Dieu, rendit son esprit à
Dieu ainsi que son petit enfant.
« La jeune dame, inquiète de l'absence de son mari et
de son enfant, se rend à la chapelle et tomba pâmée en
voyant son mari et son cher fils étendus à terre sans vie.
Étant revenue à elle, après avoir rendu les derniers de-
voirs à ses chers défunts, elle se fit religieuse. »
Le Père Maunoir, pour bien montrer que le protégé de
S^ Corentin n'était pas un personnage imaginaire, ajoute
que (( ce jeune gentilhomme était aîné de la maison de
Pratmaria (Coatanezre) et avait deux frères ; son père le
chassa pour faire de son frère cadet l'aîné, ce que Dieu
ne permit pas, car cet enfant qu'on destinait au droit
d'aînesse mourut sans femme ni enfants. Le père d'Anne
de Coetanaire, dame de Carné et mère de monsieur le
Marquis de la Roche, devint aîné de cette maison et vécut
jusqu'à l'âge de cent ans, et en cet âge il était encore si
dispos, qu'il emporta le prix à Quimper en y courant la
bague, ainsi que je l'ai entendu de Madame sa fille, envi-
ron l'an 1643. »
Ce récit merveilleux, que le Père Maunoir avait recueilli
à des sources si diverses, l'avait tellement frappé, qu'il en
composa en breton un cantique qui ne contribua pas peu
— 39 —
à maintenir, dans le peuple de Douarnenez surtout, le
souvenir de a Termite du Flumiou ».
La Ligue a Douarnenez
L'histoire de la Ligue en Bretagne a été faite, dans une
suite de récits pittoresques et inimitables, par un bon cha-
noine de Quimper, Jean Moreau, prébende de Beuzec-
Cap-Sizun, contemporain des événements, et auquel nous
empruntons en grande partie les lignes qui vont suivre.
« Dès le commencement de la guerre, écrit le chroni-
queur, le S' de Guengat, qui avait nom Jacques de Guen-
gat, s'étant retiré à Brest, qui était la plus prochaine
retraite de ceux qui suivaient le parti appelé le parti du
Roi, était en ce temps un hérétique. Le dit S' de Guengat
ayant donc demeuré quelque temps en cette retraite, ne
faisant peur ni mal à personne, ambitieux cependant que
le comte de Moignane avait fait de bonnes rafiEles dans le
pays Armorique, eut aussi envie d'y faire quelqu'exploit,
sans beaucoup se risquer et dans le dessein de s'acquérir
parmi les autres quelque réputation, quoiqu'il n'y eût
aucune guerre commencée.
(( Il se met en imagination que Douarnenez pouvait
aisément être surpris par mer, d'autant qu'on y pouvait
aisément mettre pied à terre en plusieurs endroits. 11
demanda, pour venir à bout de son dessein, certain nom-
bre des gens de guerre du S^^ de Sourdéac, gouverneur
dudit Brest, et des barques et pataches pour les porter.
Avec ces nombres de soldats, il y eut plusieurs réfugiés
volontaires qui se mirent de la partie, à dessein de bien
faire leurs orgies, comme ils l'eussent fait s'ils avaient
été prévoyants et sur leurs gardes, car Douarnenez était
lors habité par des gens riches et plein de réfugiés qui y
avaient apporté leurs moyens.
— 40 —
« Cette belle flotte de dix à douze barques, faisant bien
3 à 400 hommes, sous la conduite du S' de Guengat, arriva
au port de Douarnenez, environ deux heures avant le
jour, et y trouvèrent une si .'pauvre garde qu*ils mirent le
pied à terre avant d'être découverts, et ayant cantonné
tout le bourg à ce que personne des habitants n*eût bougé,
ils se jettent au pillage et à faire bonne chère.
(( Cependant, Talarme se donnait aux champs dans les
prochaines paroisses, où Ton sonna le tocsin, et où il se
trouva en moins de deux heures un grand nombre de
populace que le Comte n'avait pas encore désarmée, et se
jette en foule dedans le bourg, où était Tennemi, qui ne
craignait rien, et le charge si brusquement qu'ils les
obligent en confusion de courir à leurs barquerolles plus
vites qu'ils n'étaient venus. Malheureusement pour eux,
ils avaient abordé en pleine mer, et ils ne furent pas assez
prudents pour y laisser des gens dedans pour les tenir
toujours à flot à mesure que la mer se retirait, si bien que
se voulant sauver, poursuivis par la commune et les habi-
tants, qui avaient pris courage, ils trouvèrent partie de
leurs vaisseaux sur le sec, entr'autres les plus petits, et
les plus grands étaient plus avant dans la mer, où ils ne
pouvaient atteindre sans péril de se noyer, et ayant l'en-
nemi assez farouche en queue, et la mer élément sans
miséricorde de l'autre, de quelque part qu'ils se tournas-
sent, ils ne voyaient que l'image de la mort, et fuyant se
jetaient à corps perdu à la nage, pensant gagner quelques-
unes de leurs chaloupes ; les uns, ayant plus d'horreur de
la mer que du fer, attendaient le coup et étaient massa-
crés sur la grève.
« Le S' de Guengat avec plusieurs autres attrapèrent de
bonheure l'une des barques, où il se sauva ; en une autre
il y entra tant de soldats en foule qu'elle enfonça et furent
tous noyés. Ceux qui se sauvèrent de cette entreprise s'en
— 41 —
retournèrent avec leur capitaine à Brest, plus chargés de
confusion que d'honneur. »
Quelque temps plus tard, certainement après le départ
de La Fontenelle, qui occupait Tîle Tristan en Février
1594, le sieur de Guengat retourna à Douarnenez et, cette
fois plus heureux, réussit à s'établir dans Ttle qu'il forti-
fia de son mieux ; mais il n'y demeura pas longtemps
tranquille.
« Sur la fin de Mai 1595, de Créménec (1) (La Fontenelle),
vint avec ses gens, passe à Locrenan au point du jour,
donne dans Douarnenez et par même en l'île Tristan et
se saisit de tous les deux non sans quelqu'efiusion de
sang des habitants, ravagea le tout et envoya tous ceux
qui avaient quelques moyens prisonniers à Créménec. Le
S' de Guengat, nommé Jacques de Guengat, se portant
capitaine de l'tle et du bourg pour le parti du Roi, s'étant
quelque temps auparavant mis avec quelque nombre de
soldats en garnison, et logeait en l'île même pour plus
grande sûreté, comme il lui paraissait, de sa personne.
Mais ayant été aussi négligent que ceux du bourg, dor-
mant à la française, fut pris prisonnier dedans son lit,
car en même temps l'île et le bourg furent pris, ce qui
trompa le S^ de Guengat, qui faisait son compte que, en cas
de danger, le bourg devait être le premier attaqué, et que
le bruit qu'on y eût fait eût mis ceux de l'île sur leurs gar-
des ; mais La Fontenelle, qui avait bien prévu cela, y pro-
céda comme nous avons dit, qui fut un trait d'homme de
guerre. Car si le S^^ de Guengat eût eu ouï le moindre
bruit, ou il se fût assuré à la défense de l'île ou il se fût
sauvé au plus tôt par mer, comme il l'avait fait une autre
fois.
(( La Fontenelle; après avoir fait curée de Douarnenez
(l) Château, près du Faou6t.
- 42 —
et de rtle, où il trouva un grand butin, d^autant quil
y avait nombre de riches marchands, et que ceux du plat
pays, noblesse et autres, y avaient rendu tout leur plus
beau pour plus grande sûreté, comme leur semblait.
« Ayant aussi remarqué la dite île de situation très
forte, commença à penser à sa retraite, chargé de dépouil*
les et de prisonniers en grand nombre, prenant le che-
min de Créménec, à la counaissance de toute la garnison
de Quimper et de leur capitaine Prez (ou du Pré) et du
S' de Kermoguer, gouverneur de ladite ville, qui ne s*en
remuèrent non plus que des souches. C'est pourquoi le
Roi, de ce averti, et le dit Prez étant peu après à Paris,
commanda à son prévôt de le pendre sans autre forme
de procès. Toutefois, à la prière de quelques grands, il
eut la vie sauve, par la promesse qu'il fit au Roi de
remettre ladite île en son obéissance ou y mourir. Nous
en pourrons parler ci-après.
(( Les prisonniers de Douarnenez, rendus à Créménec,
furent traités à la turque et même plus barbarement, par
tourments et toute sorte de pauvreté et de disette, pour
tirer plus grande rançon d'eux que ne montait tout leur
bien, et ainsi les mettant à l'impossible, mourraient mi-
sérablement dans les cachots et cloaques. Ceux qui, pour
éviter les tourments, avaient, au moyen de leurs amis et
parents, pu trouver promptement leur rançon, sortirent
demi-morts, semblant plutôt à des anatomies ou spectres
hideux, n'ayant que la peau et les os, chargés de puan-
teur et de vermine, lesquels, sitôt qu'ils étaient à changer
d'air etde viandes, mouraient pauvrement d'une enflure...»
(( La Fontenelle (1), après qu'il eut reconnu l'Ile Tristan
pour une bonne place de retraite et qu'il y avait moyen,
en y ajoutant un peu d^œuvre de mains, de la rendre im-
(1) Chao. Moreau, 808.
— 43 —
prenable, rendu qu'il eut ses prisonniers et son butin à
Créménec, s'en retourna quatre ou cinq jours après à
Douarnenez avec forces bagages et appareils et se va loger
dans l'île, laissant partie de ses gens au bourg, le tout au
vu et au su de la garnison de Quimper, de Concarneau, de
Pont-l'Abbé et de Brest, sans qu'aucun se remuât. Ce
logement de La Fontenelle à Douarnenez fut au com-
mencement de Juin 1595.
« La commune (c'eit-à-diré leê paysans), voyant quelle
importance était cette place au pays, si l'ennemi s'y for-
tifiait, et que les garnisons n'en faisaient aucun semblant,
se mit sous les armes de toutes parts et se prépare pour
les venir assiéger, lis font leur gros à Saint-Germain-
Plougastel. La Fontenelle, averti, les vint rencontrer avec
une bonne partie de la garnison, sachant que la populace
n'est rien contre des gens de guerre, et entre des haies
fait marcher ses gens à couvert, fors dix ou douze qu'il
envoie pour attirer les paysans à jeu en la lande qui était
près. Sitôt que ses cavaliers parurent, la commune, sans
ordre ni discrétion, confusément se débande après, avec
ses hurlements horribles et accoutumés, sans songer qu'il
pouvait y en avoir d'autres. Ces cavaliers, se voyant suivis,
font semblant d'avoir peur et se retirent à grands pas.
Les autres suivent et étant au milieu de la lande, voilà
trois ou quatre cents chevaux qui viennent fondre sur
eux et sans aucune résistance en font tel carnage qu'ils
veulent et prennent le S' du Granec (fils du sieur Coata-
nezre de Pratmaria), l'un de leurs conducteurs, qu'ils
mènent à Douarnenez. »
Vers la fin de 1595 ou le commencement de 1596, M. le
commandant Faty, dans ses « Comptes du miseur )) (1),
mentionne une tentative dirigée contre Douarnenez par
■ - ' ' .■■,■,,.. - ■ ■ ■ . 1.^ ■ . ■ > — «
(1) Bulletin de la SocUié Àrehéologique, XU, p. 178.
le S' de Coatedrez : « A Jan Longet de Penmarc^h, 3 écus
pour avoir conduit en la ville de Quimper les poudres,
balles et mèches, au lëvement du siège de Douarnenez
posé par le S' de Coatedrez ». La quittance est du 28 Jan-
vier 1596. A la même époque, il est dit, dans le même
compte, que Kermoguer, gouverneur de Quimper, envoya
le messager OUivier Floch, à Douarnenez, trouver le capi-
taine La Boulle, commandant en Tabsence de La Fonte-
nelle, pour savoir si ce dernier voulait bien observer la
trêve et empêcher les courses de ses soldats sur le pays,
(( à la grande oppression et foule du pauvre peuple » ;
puis un autre courrier fut dépêché à M. de Saint-Luc, à
Rennes, pour lui dire que le dit La Boulle ne faisait
« aucun état d'entretenir la dite trêve ».
Vers cette époque, La Fontenelle fut pris et livré au
S>^ de Saint-Luc, qui le rel&cha peu après, moyennant
14.000 écus de rançon, malgré les réclamations des habi-
tants de Quimper, qui voulaient sa mort. Mais La Fonte-
nelle ayant continué ses pillages, le capitaine du Pré, qui
commandait alors à Quimper, et se trouvait à Paris, reçut
Tordre du Roi de s'emparer de l'île Tristan. Voici com-
ment le chanoine Moreau raconte cette tentative mal-
heureuse.
Au mois de Février 1597, le S' du Pré, « étant de retour
de Paris et désireux avoir envie d'effectuer la promesse
qu'il avait faite au Roi, assembla quelques garnisons avec
celle de Quimper, jusques à 800 ou 1.000 hommes, et s'en
va, ayec cette ridicule poignée de gens, témérairement se
présenter devant ladite île, autrement nommé le fort de
Douarnenez, où la mer était lors, si bien qu'on ne pou-
vait approcher par terre, s'avança le premier sur le sablon
qui est entre l'tle et la terre ferme, quand la mer s'est
retirée, faisant voltiger son cheval, provoquant l'ennemi
de sortir à l'escarmouche. Des premiers coups de mous-
— 45 —
quel, le capitaine Prez est renversé par terre mort sur la
place. Ainsi s'acquitta de la promesse qu'il avait faite au
Roi, à Paris, de reconquérir Tlle ou de mourir. Ses gens
se contentèrent de perdre leur capitaine et s'en retour-
nèrent sans iiasarder davantage )).
La date de cette malheureuse expédition nous est donnée
par M. Faty, dans sa notice sur le « Compte du miseur, de
Quimper, de 1595 à 1598 » (1).
« C'est le 16 Février 1597, que les contingents de la
petite armée de du Pré se mirent en marche sur Douar-
nenez. Pour les diriger, on leur donna trois guides, qui
reçurent 2 écus. Suivait un convoi de 12 charrettes, pour
debvoir être employées à mener le canon et autres muni-
tions de guerre. L'artillerie de siège ne se composait que
d'un seul canon remisé au Guéodet et qui fut prêté par
les bourgeois ; venait encore une voiture spécialement
destinée à transporter les engins de destruction préparés
pour brusler le grand vaisseau et le manoir de La Fonte-
nelle. » D'après le Compte du miseur Chevillart, voici les
matières qui entraient dans leur composition : un baril
de goudron, 50 livres de braie de Flandre, 25 livres d'é-
toupes, une certaine quantité de soufre et de fascines,
dont le montant s'éleva à 4 écus 10 sols.
Du Pré arriva le môme jour devant l'île Tristan pour
éprouver le triste sort que lui mérita sa bravade.
La Fontenelle essaya, le 5 Mai de la même année, à
surprendre Quimper ; mais après une perte de 150 hom-
mes mis hors de combat, il battit en retraite sur son île.
M. de Sourdéac, gouverneur de Brest, averti de cet
insuccès, trouva le moment favorable pour s'emparer de
La Fontenelle, et se présenta, le 25 Mai 1597, avec des
forces respectables pour entreprendre le siège en règle de
(1) Bulletin Archéologique, Xn, page 193.
- 46 ~
rile Tristan. Mais le chanoine Moreau nous apprend
comment La Fontenelle (1) « fortifia tellement cette place,
très forte de nature, qu'il la rendit imprenable, fit bâtir
force maison, dedans Ttle, qu'il semblait, à voir de loin,
que ce fût une ville, ce qui fut fait en moins de 7 ou
8 mois, se servant des matériaux du bourg de Douar-
nenez, qu'ils démolirent pour la plupart, et les transpor-
tèrent par bateaux et charrettes dedans Tile, ce qui leur
fut aisé de faire, d'autant qu'ils contraignaient les habi-
tants du pays de venir avec leurs attirails, sans rien dé-
bourser ; et n'y avait capitaine, lieutenant ou homme de
guerre qui n'eût son logement en cette île.
« La Fontenelle étant ainsi bien logé, il devint plus
audacieux qu'auparavant, et fit appeler l'île de son nom,
la faisant nommer l'île Guyon, qui s'appelait ci-devant
l'île Tristan, se faisait aussi nommer Monseigneur, ne re-
doutait aucune force qui le pût déloger, que la famine ei
la trahison; et l'une ou l'autre était bien difficile, car pour
clore le passage aux vivres, il convenait avoir armée sur
terre et sur mer, qui, n'ayant havre ni abri que dans la
rivière de Pouldavid, ne peut demeurer longtemps ailleurs
sans péril de naufrage, tourmente advenant. Quant à la
trahison ou surprise, aussi peu, car on ne pouvait, par
terre ni par mer, aborder que par un seul endroit, très
fort et bien gardé, environné d'eau la plupart du temps,
et de plus il y avait grosse garde, et l'on voyait ceux qui
s'en approchaient de plus de six à sept cents pas.
(( Cette forteresse le rendit si insolent qu'il ne voulut
dépendre de personne, et faisait fort peu de cas de man-
dements du duc de Mercœur...
« Il arma quelques vaisseaux de nombre de voleurs, et
battant la mer, firent rencontre de certains vaisseaux
(1) Moreatt, page 321.
— 47 —
anglais qu'ils prirent, jetèrent tous les matelots à fond,
et s'en retournèrent chargés de dépouilles de grande
valeur, toiles et autres marchandises de prix. ))
Ce fut à cette époque du 25 Mai, à la fin d'Août, qu'eut
lieu le siège de l'île par M. de Sourdéac, comme l'a établi
M. Faty dans son savant travail sur les Comptes des mi-
seurs de Quimper à cette époque (1).
M. de Sourdéac, après s'être emparé du château de
Kerousi, à Penmarc'h, où tenaient garnison des soldats de
La Fontenelle, vint, en 1597, mettre le siège devant l'ile
Tristan avec M. le baron de Mollac, S<^ de Kergourna-
dec'h (2).
(( Ayant appelé les garnisons des places de la Basse-
Bretagne qui tenaient leur parti, comme de Quimper, de
Dinan, de Morlaix, de Tonquedec, de Guingamp avec un
régiment de Suisses sous la conduite du capitaine Erlac,
aussi Suisse, de Corlay, de Quintin, de Concarneau, du
Pont et de toutes les autres places dans lesquelles il y
avait garnison.
« Ce beau siège, aussi témérairement entrepris que mal
poursuivi, dura un mois ou six semaines (3) avec aussi
peu d'avancement le dernier jour que le premier, étant
l'ennemi dans une place ravitaillée de toutes provisions.
« Or, quand il eût eu devant 30.000 hommes, qu'ils eus-
sent été soutenus, ils n'y eussent rien fait et n'y avaient à
craindre que la famine ou trahison, chose à quoi on avait
fort bien pourvu.
« Le S' de Sourdéac, voyant que c'était temps perdu
que de prolonger le siège, honteux toutefois de le lever,
s'absente feignant aller quérir nouvelles forces en Léon,
et sous ce prétexte se retire du camp à Brest en sa garni-
Ci) Bulletin Archéologique, XII, page SOS.
(2) GhaDoine Moreau, p. 358.
(3) Un peu plus, comme le coDsUte M. le commandant Faty (1. cit.).
- 48 —
son, laissant le baron de Mollac pour commander en son
absence. On Tattendait de jour à autre au dit siège, mais
en vain ; on lui écrivait chaque jour ce qui se passait, à
quoi il ne répondait ; finalement, on l'avertit que secours
venait à l'ennemi, comme il était vrai. Lors, il écrivit
qu'il était d'avis que le siège fût levé, et que le canon
qu'il avait fait rendre là de Brest fût rendu en sûreté à
Quimper.
(( Le baron de Mollac ayant communiqué ses lettres aux
capitaines, ils furent de même avis, se souvenant néan-
moins de ce que dit l'un d'eux quand le dit Sourdéac par-
tit du camp, qu'il s'en allait mais que ce n'était pas pour
retourner.
(( Pendant le siège, il y avait escarmouche tous les jours.
Ceux du fort sortaient bravement sur le sablon qui est
entre le fort et la terre, quand la mer est basse, avec peu
d'efiet toutefois de part et d'autre.
« Une certaine nuit assez obscure, en pleine marée, et
lorsque les assiégeants se doutaient le moins, les assiégés
firent une sortie de quelque 100 ou 200 hommes qui se
vont ruer sur le quartier du capitaine Magence, du côté de
Tréboul, qu'ils attaquèrent dedans leurs retranchements
et en tuèrent quelque nombre au commencement, avant
qu'ils aient pu être secourus, d'autant qu'ils avaient été
surpris. Entre autres, y mourut des premiers le capitaine
Magence en bien faisant, comme il avait toujours de cou-
tume, et quelque douzaine des siens avec quelques-uns
des assaillants. Ce capitaine fut fort regretté des siens et,
à la vérité, il était regrettable pour sa valeur, honnêteté,
modestie, aussi lui fit-on à Quimper obsèques fort hono-
rables, raémorant de son assistance contre La Fontenelle. ))
(A suivre.)
CARTULAIRE
DE L'ÉGLISE DE QUIMPER
(Suite.)
i56.
RÉCEPTION DE HACICOTS (*'
~ 14 Ootobro 1401. -
Anno Domini M^ quadrigintesimo primo, die veneris
post festum beati Dyonisii martiris, iuerunt Eveaus Ber-
nardi, Elias passe mestre et Elias Oliverii in Capitulo Cori-
sopiteosi capitulando, i a macicotos ecclesie Corisopitensis
recepti et juraverunt statuta etc.
J. Bloez.
457.
EMPRUNT DE LIVRES (')
— 18 Novembre 1401. —
Anno Domini M^ quadrigintesimo primo die mercurii
ante festum beati Martini hyemalis magister Herveus
Sulguen canonicus Corisopitensis cepit secum et aspor-
tavit de Capitulo Corisopitensi unum librum Ezechielis et
Danielis glosatum in uno volumine incipiens in folio...
9ui$ iuburbanU et in penultimo Sathas...
(1) Cart. 31, ^ 57.
(2) Cart. 31, t" 63.
3qLLETIIf DE hA CONMISSION PI0Cl$8A|If|I. — 9* aDO^,
— 80 —
458.
VICAIRES REÇUS PRÊTENT SERMENT (')
— 18 Novembre 1401. ~
Anno Domini M® quadrigintesimo primo, die veneris
ante festum béate Katerioe virginis, Yvo Kenmarhec,
rector ecclesie de Dîneul et GuillermusTregonec, in cura-
tos ecclesie Corisopitensis recepti, juraverunt statuta et
laudabiles observancias ecclesie Corisopitensis bene et
fideliter observare. J. Bloez transcripsit.
459.
FORMA INSTITUTIONIS CAPELLANORUM HAJORUH
AD PORTIONES CURE ECCLESIE
CORISOPITENSIS
Un des 7 Chapelains ou vioaires de 8* Oorentin (faisant défaut),
le Chapitre en Institue et pourvoit un autre destituable € ad nu-
tum », qui Jure porter honneur et révérenoe aux chanoines.
Anno Domini M<> quadrigentesimo primo, die veneris
ante festum béate Katerine virginis, nos Capitulum facien-
tes et propterea capltulanter congregati, ad quos rectoria
ecclesie Corisopitensis et ipsius civitatis ac populi et par-
rochianorum ejusdem cura parochialis et animarum
spectare noscitur ab antiquo, cujus cure regimen in sep-
tem particulas civitatis Corisopitensis et suorum subur-
biorum citra fluvium de Teyr divisim inter septem
capellanos majores ecclesie nostre qui ad oilicia et servi-
cia ejusdem ecclesie horis singulis facienda assidue, sunt
per Nos constituti et tenentur pariter ex commissione
nostra, ipsique prout et quando nobis placet ad hoc per
Nos in solidum institui et eciam destitui seu eciam ad
(1) Cart. 31, ^ 37.
- 51 —
nutum nosirum removeri et alterum loco ipsius substitut
et preiici, fuit et est hactenus consuetum, attendentes
alterum de septem capellanis eisdem, videlicet dominum
Herveum Marchazant presbyterum qui curam septime
particule dicte cure que vulgariter nuncupatur Euan
Mélinou (1) ex commissione nostra exercebat, noviter
decessisse, propterea Gualterum Tregonnec presbyterum
alterum de septem capellanis supradictis, a regimine
cure quam seu quod regebat in altéra particula ejusdem,
que in vulgo nuncupatur Kenechetusen revocantes, ipsum
exinde duximus removendum et dominum Yvonem Kaer-
marec presbyterum in nostrum et ecclesie nostre capel-
lanum majorem, loco dicti deffuncti quoad hoc substi-
tuentes, curam predicte porcionis seu particule de Kene-
cTietÂzen eidem Kaermarhec présent! et hoc coram nobis
acceptant! commisimus, una cum suis solitis juribus et
pertinenciis, amore De! et intuitu pietatis, qui juravit ad
sancta De! Evangelia curam hujusmod! bene et fideliter
gerere, statuta que et consuetudines laudabiles dicte eccle-
sie observare et singulis canonicis ipsius ecclesie presen-
t!bus et futuris impendere reverenciam et honorem et alia
que ad capellanum majorem ipsius ecclesie incumbere et
pertinere noscuntur debere exercere et deinde curam
hujusmodi, quoad particulam que dicitur Ru MeHnou
supra dictam, prefato Guillermo de Tregonnec présent! et
acceptant! cum suis oneribus et emolumentis consuetis
duximus commitendam, qui eciam prestltit super hoc
consimile juramentum.
Datum ut supra, presentibus et capitulantibus ibi magis-
tris Herveo Sulguen, Oliverio Hospitis, A. de Penquelen-
nec, domino Johanne de Tegula, Johanne Corne, Guil-
lermo de Kaer, Yvone de Kaer et Johanne Treanna,Magis-
(1) Rue des Mouliot, ancienne dénomination de la paroine de Laniron.
— 52 —
tro Petro Militis et Theobaldo delà Bourdonaye, canonicis
ecclesie Corisopitensis supradicte.
J. Bloez transcripsit.
460.
VICAIRE DE SPÉZET REÇU HASSICOT (')
— 8 Janvier 1402 (n. 8.)> —
Anno Dotnini M^quadrigentesimo primo, die dominica
post Epiphaniam, dominus Herveus Bris presbyter vica-
rius de Spezet fuit creatus et receptus in macicotum chori
ecclesie Corisopitensis et juravit statuta, etc.
J. Bloez.
461.
INSTALLATION DU GRAND CHANTRE (')
- 2B M«P8 1402 (n. 8.). -
Anno Doroini M^ quadrigentesimo primo secundum
computacionem Gallicanam, die xxv^ Marcii (3) hora
magne misse, indictione décima et ab electione domîni
Benedicti anno octavo, presentibus dominis Oliverio
Quoetperec, Covfïec... prespyteris macicotis et aliis, vene-
rabiles viri magistri G. de Ker, G. Militis, 0. Hospitis,
J. Corric, P. de Ker canonici induxerunt Guillermum
Clerici cantorem ecclesie Corisopitensis in cantoriam et
canonicatum dicte ecclesie in possessionem corporalem
et realem earumdem juriumque ipsarum per assignacio-
nem stalli in choro et loci in Capitulo dicte ecclesie.
A. SCAHUNEC.
(1) Cart. 31, f 30.
(2) Cart. 31, (• 62.
(3) Pâque tombait, cette aooée, le 26 Mars.
— 53 —
462.
CHRESTIEN DABRIC REQU HACICOT <')
- 1B Avril 1402. -
Anno Domini M» quadrigentesimo secundo, die sabbati
post diem dominicain qua cantatum fuit sancta Dei eccle-
sia, misericordia Domini (2) luit receptus in macicotum
ecclesie Corisopitensis, dominus Christianus Dabric près-
byter et juravit statuta et consuetudines ejusdem ecclesie
observare etc., presentibus M. G. h. Sul... G. Marhec,
P. Militis, 0. Hospitis... A. Penquelennec, J. Corric, Sca-
honec et aliis.
BONVALLON.
463.
ALAIN DE LA RUE REÇU CHANOINE ('^
- 21 Avril 1402. -
Anno Domini M^ quadrigentesimo secundo, die xxi*
mensis Aprilis circa horam completori ; fuit receptus
dominus Alanus de Yico legum doctor in Capitule Cori-
sopitensi, in canonicum et in fratrem ecclesie Corisopi-
tensis et ad canonicatum et prebendam quos in ea obti-
nebat MagisterTheobaldus de la Bourdonae dum vivebat,
in personam videlicet domini Guillermi an Yvineuc pro-
curatoris et procuratorio nomine ipsius domini Alani
inductus in possessionem per assignacionem stalli in
choro et loci in Capitulo et juravit ipse procurator statuta
in hoc libro contenta et alia laudabilia ecclesie predicte,
presentibus in Capitulo Magistris G. de Eaer archidiacono
et canonico, 0. Hospitis, G. Marhec, H. Sulguen, J. Corric,
A. Penquellennec et P. Militis canonicis.
G. Serrelagat.
(1) Cart. 31, ^ 37.
(3) Second dimioche après Pâques, dimanche 8 Avril.
(8) Cart. 81, ^ 46.
— 84 —
464.
RAOUL PENQUELENNEC REQU CHANOINE (')
-> 6 Juin 1402. -
Anno Domiûi M^ quadrigentesimo secundo, quinta die
mensis Junii hora vesperorum indîctione décima ab elec-
cionedomini B. ultimo in papam electi anno YIIIo, Radul-
phus filius Alani Albi alias de Penquelenec fuit receptus
in canonicum ecclesie Gorisopitensis et fuit sibi assigna-
tus locus in Capitulo et eciam extitit sibi assignatum stal-
lum in choro et juravit statuta et consuetudines laudabiies
ecclesie observare etc. presentibus Magistris G. Marhec,
0. Hospitis, Jo. Corric, A. de Penquelenec canonicis.
G. Signardi notario, Henrici Rectore... de Duault et simi-
libus aliis testibus. Bonvallon.
465
RÉCEPTION DE MACICOTS(')
- 8 Juin 1402. -
Anno Domini M^ quadrigentesimo secundo, die vene-
ris nona mensis Junii fuerunt in Capitulo Corisopitensi
Radulphus rector de Gruscry, Guiliermus Thome rector
de Ploeguen, Guidomarus rector Dargoll presbyteri et
Perrotus Maùricii clericus recepti et creati in macicotos
ecclesie Gorisopitensis et juraverunt tenere statuta pre-
^*^*®- J. Bloez transcripsit.
(1) Cart. 31, ^ 47.
(2) Cart. 31, f» 52.
— 85 —
MAURICE BARON REÇU HACICOT (*)
- 14 Août 1408. -
Anno Domini U^ quadrigentesimo tercio, xiiii^ die Âu-
gusti Mauricius Baronis fuit receptus in macicotum per
Capitulum et juravit statuta ecclesie.
J. MUTONIS.
487
6UILLAUIE DE FAVIERS REQU lACICOT (>>
- 18 84pt4inbre 1402. -
Anno Domini M^ quadragintesimo secundo, die lune
antefestum beati Mathei apostoli fuit GuillermusdeFave-
riis alias de Ghuun (Hc) receptus in mancicotum ecclesie
et chori Corisopitensis et juravit statuta. J. Bloez.
468
JEAN LE HARHEC PAIE L'AMENDE W
— 87 8ept6fnbre 1402. —
Anno Domini M9 quadrigentesimo secundo, die mercu-
rii post festum beati Mathei apostoli et evangeliste, amen-
davit dominus Johannes Militis presbyter Petro Treoret
clerico in Capitule Corisopitensi de sexaginta solidis ad
ordinacionem Capituli, presentibus discretis viris. G. Mili-
tis, 0. Hospitis, H. Sulven, P. Militis, A. Penquelennec et
P.Treanna canonicis racione injuriarium quarumdem, etc.
J. CORRIG.
(1) Cart. 81, f 53.
(2) Cart. 31, ^ 67.
(3) Cart. 31, f 71.
#
— 56 —
469.
YVES DE KERCARV REQU lACICOT H)
— 6 Saptambpa 1408. —
Anno (M9) quadrigentesimo tercio, die jovis ante festum
Beati Egidii abbatis, fuit Yvo de Kercarv clericus créatus
in mancicotum, et juravit statuta; etc. J. Bloëz.
470.
RECTEUR DE SAINT-EVARZEC REÇU lACICOT (')
- 19 Déoembra 1404. -
Anno M® quadrigentesimo quarto die veneris post fes-
tum beati Chorentini hyemalis fuit receptus Jotiannes
Gallici rector de Sainteflredec in macicotum et juravit
statuta.
471
HERVÉ LE CbZ REÇU MACICOT ('>
- 8 Mai 1406. -
Anno Domini M^ quadrigentesimo quinto, die veneris
in festo beati Micbaelis in monte tuba, presentibus ad boc
dominis canonicis Magistris Guillermo de Kaer archidia-
cono, Guillermo Le Marhec, Oliverio Hospitis, Herveo
Sulguenn in sacra pagina professore, Alano Penquelennec,
Johanoe Corric, Johannes de Treanna, fuit receptus
Magister Herveus Senis in macicotum etc., et juravit sta-
tuta laudabilia loci etc.
G. Serrelagàt.
(1) Cart. 81, ^ 46.
(2) Cart. 31, ^ 70.
(3) Gtrt. 31, ^ 61.
— 57 —
472.
YVES KER60NNYEC REQU MACICOT («>
- 11 Juillet 1406. -
Anno Domini M^ CGCC® quinto, die xi* Julii fuit Yvo
Kergonnyec clericus receptus per Capitulum capitulando
ad roacicotum chori ecclesie Corisopitensis juravit sta-
tuta etc.
473.
JEAN TROUSSEL REQU CHANOINE W
- 18 FèYPl«r 1406 (n. t.). -
Anno Domini M^ que^rigentesimo quinto, die veneris
décima nona Februarii juravit Johannes Teroussel pres-
byter tenere statuta ecclesie Corisopitensis et fuit receptus
in canonicatum chori dicte ecclesie, presentibus dominis
Archidiacono, Oliverio Hospitis, Johanne Corric, Herveo
Sulguen, Alano Penquelennec, Johanne Treanna, Rodulpho
Penquelennec, Johanne Misperic canonicis.
. J. MUTONIS.
(1) Cart. 31, ^ 81.
(S) Cart. 31, ^ 66.
CORRESPONDANCE
DB
I. TRÊHOT de CLERIOIT, Maire de Pont-Croli (1791).
(FiD.)
€ !•» Août.
« Tu badines toi avec les « fiers Anglais » 1 Voudrais-tu
que les Français devinssent les imitateurs de ce peuple
monstre, assassin de ses Rois ? La fin tragique de Char-
les I«' le fait regarder en horreur, quand on se le rappelle.
N'accusons pourtant pas le peuple anglais coupable, en
général, de ce crime : le plus grand nombre s*y opposa
et, s*il ne prévalut pas, ce fut parce qu'il fut surpris par
les artifices de trois conspirateurs dont l'un fit lui-même
l'office de bourreau. N'imitons point un pareil exemple.
Nos mœurs s'y opposent, et si nos Rois méritent la dé-
chéance, nos constitutions nous donnent les moyens de
leur en faire supporter la peine, sans répandre leur sang.
Louis 16 n'est que fauteur et il n'est encore point rendu
criminel ; les sages de parmi vous l'ont parfaitement dé-
montré et le parti sage a été adopté, donc il faut conclure
que la Providence veille sur le salut de la France. Ha I le
beau carnage qu'il y eût eu dans peu si l'on en eût pris
un autre I »
c 5 Août.
(( Il n'y avait point de lettre de toi dans ton paquet.
S'il n'y avait point que moi, un courrier manqué, même
- 89 —
deux, ne m 'étonneraient point; mais nous sommes deux,
et mon camarade n*a pas toute la raison qu^elIe devrait
avoir, ou plutôt n*écoute pas celle qu'elle a.
(( Nous n'avons rien de neuf ici que vingt de nos jeunes
gens qui furent faire les gueux, même les bandits au Cap,
dimanche dernier, sous prétexte d'aller effacer des armoi-
ries dans les châteaux et manoirs qui y sont, et où ils
voulaient, avec menaces, se faire payer de leur peine.
Nous sommes très persuadés qu'ils y ont été poussés par
le District, et nos soupçons se confirment par deux pots
de vin que G... donna à leur retour de cette expédition
aux quatre chefs de la bande. Nous avons rendu une
ordonnance de police contre les attroupements. »
c 8 Août.
« M. Billette vient de recevoir une commission de rece-
veur du timbre à Quimper. Ce poste est gracieux : 1.500
livres, peu de chose à faire. M. du Feignat, autrement
Keranforét, est envoyé à Guéret, ville à 70 lieues au Midi
de Paris et à 95 de Guéméné, sa patrie ; il a dû t'écrire
pour voir ses patrons et les déterminer à le rapprocher
de chez lui : c'est encore un de ces hommes dont on
regrette de s'éloigner.
« Quant à l'enrôlement des volontaires, je n'ai engagé
que deux jeunes gens : l'un fils de Boutouic ; l'autre un
garçon perruquier ; ce dernier bon sujet tout à fait. Je
croyais le premier de cette classe, mais il était du brigan-
dage dont je t'ai parlé par ma dernière et j'ai beaucoup
rabattu de mon estime pour lui, d'autant qu'au moment
de partir, je lui défendis de suivre les autres. Beaucoup
d'autres se seraient enrôlés si on leur eût donné une
somme pour engagement. Pourquoi faire les B. ? pour
boire ! Non, mon ami, dans notre peuple, nous n'avons
- 60 —
pas un, non pas un qui soit citoyen, qui soit bon sujet et,
au contraire, ils sont capables de tout le mal qu'on puisse
imaginer, pour le vin ; il n'y a aucunement à compter sur
eux. Quant à vos bourgeois, le meilleur ne vaut rien I »
c 12 Août.
« C'est sans doute une bonne nouvelle que de m'ap-
prendre que la constitution est achevée, mais ce n'est
encore qu'un projet dont la discussion pourra être ora-
geuse avant qu'elle soit décrétée. Je la trouve trop simple
et trop unie — et, en cela bien bonne, — pour ne pas
craindre que chacun voulant y mettre du sien ne l'em-
barbouille de manière à en rendre l'acceptation difficile
et à retarder ton retour que je désire autant que le peut
faire ta maman et ce n'est pas peu dire (1).
« Le Roi est, en général, méprisé, mais j'espère qu'il
fera changer de façon de penser à ceux qui le méprisent,
quand il sera libre. Il faudra de grandes choses pour
effacer une grande faute ; mais puisqu'il l'a sentie, je ne
doute pas qu'il fasse tout ce qui convient pour la réparer,
ne serait-ce que de gouverner son royaume, sans porter
atteinte à la constitution nouvelle.
« De la part de maman, il vous est enjoint. Monsieur,
de faire visiter votre voiture, de la faire bien réparer de
manière qu'il ne vous arrive rien en route qui puisse
vous blesser, ni retarder votre marche ; elle demande un
compte exact de l'état de cette pièce pour le prochain
courrier, parce qu'elle craint que vous n'attendiez au
dernier moment, qu'alors les réparations seront mal fai-
tes. Mais l'as-tu encore ? en cas que oui , elle doit avoir
(1) M"* de Glermont fut assez sérieusement indisposée, cet été, mais grftce
aux c gouttes amères » elle était infiniment mieux et n'attendait que le
retour de son fils pour se porter c oomme la défunte Baatille, en son
vivant ».
— 61 -
grand besoin d'un radoub et il est réellement à propos de
s*y prendre de bonne heure. ))
< 15 Août.
« Rien de neuf : l'éloignement des prêtres réfractaires
a mis le calme partout ici.
(( Je lus attentivement le projet de constitution que tu
m'as envoyée : il m'a paru simple, uni et dans Tordre
où doivent être les choses. Je ne crois pas que le Roi
refuse de l'accepter en cet état, à moins que, par la dis-
cussion, on ne soit dans le cas de la défigurer et d'y ajou-
ter quelque chose qui autorise le Roi à ne pas l'accepter.
Il faut se méfier des motions de républicistes et de ceux
qui désireraient une longue continuation de votre légis-
lature; il en est beaucoup parmi vous que leur propre
intérêt porte à désirer la plus grande prolongation pos-
sible. »
c 22 Août.
(( Il est encore arrivé quelque dismêganB à la poste ou
à Paris, car je n'ai reçu aucune nouvelle de toi ni les
« points du jour )> ; en conséquence, mauvaise nuit ici :
ta maman voit le feu aux quatre coins de Paris et à son
centre. Le bruit court que la famille Kerstrat, Trohanet
et Keranével, vingt personnes embarquées à Roscoff pour
Jersey se sont noyées dans la Manche. »
c 29 Août.
« Quand tu n'auras pas le temps de nous écrire longue-
ment, fais-le en bref et fais-le toujours I
(( M. Pourhier de Keribron a été tué vendredi par un
de ses fermiers. Si le Directoire de Quimper ne fait pas
bâtir de nouvelles prisons, nous ne saurons où mettre les
malfaiteurs. »
— 62 —
c 2 Septembre.
(( Au sujet de rinsurrection dans la Saxe, il semblerait
que nous eussions grand intérêt à la diversion que ce
trouble apportera aux projets insensés de TAllemagne.
11 fut un temps où je craignais la guerre, mais achevez
seulement ce chef-d*œuvre (notre constitution) sans le
gâter par des additions au projet qui fassent évanouir les
flatteuses espérances qu'il présente et tout rentrera dans
un ordre satisfaisant. Un coup de ciseau de trop à un
marbre défigure Tobjet qu'il traite.
« Nous nous assemblons dimanche à Quimper pour
vous nommer des successeurs (1). Brest, dit-on, fera le
diable pour transférer le Département à Landerneau. »
c Quimper, 10 Septembre.
« Nous n'avançons pas beaucoup dans nos élections..
Nous n'avons encore qu'un député de nommé : c'est un
sieur Bouestard de la Touche, de Morlaix, médecin au dit
lieu (2) ; c*est un homme d'environ soixante à soixante-
cinq ans, conséquemment mûr ; mais est-il éligible selon
la loi du marc d'argent, c'est ce qu'on saura tantôt ?
« Le District de Brest travaille en diable pour se pro-
curer tous les députés, sinon de Brest, de ses environs.
Nous avons travaillé toute la matinée pour partager, si
cela se peut. Quimper, Pont-Croix, Châteaulin, Carhaix
se sont entendus pour nommer Botzey, ensuite Goazre, et
nous verrons encore qui, après. Ce qu'il y a de malheu-
(1) Les électeurs de Pool-Croix étaient : Fidèle Guéguen, administra-
teur du District ; G** Herpee, juge du tribunal ; Louis>F*'* Trébot Cter-
mont» maire ; Raimood- Charles Le Bris, procureur de la commune ;
Vincent Guiller, juge suppléant ; Yves Daniélou, greffier ; Pierre Cuden-
nec, avoué.
(S) Jean-Jacques Bouestard, administrateur du Département, prési-
dent de TAssemblée électorale, fut nommé député par S62 voix sur 415
votants.
— 63 —
reux, c*est que led Léonards ne quittent pas rassemblée :
ils sont toujours complets et que des nôtres, il y a tou-
jours beaucoup d'absents et qui ne viennent aue quand il
n'est plus temps de voter.
(( Les électeurs des campagnes firent hier une motion
pour demander payement à un écu par jour ; on les ren-
voya au club, pour rédiger leur pétition et députer vers
le Département pour la présenter. Beaucoup menaçaient
de s'en aller : quelques-uns sont partis. Il y a un boucan
du diable présentement : la députation des électeurs a été
mal reçue au Département. On a crié : a Les Électeurs au
club ! » Le paysan veut être assuré de 3 livres par jour,
ou il s'en va. Je finis, pour me rendre au club. »
c Qaimper, 12 Septembre.
(( Nous faisons tous nos eSorts pour placer Botzey et
ces efforts font que nous perdons nos voix que nous pour-
rions employer avec plus de succès pour Le Goazre qui
mérite beaucoup par toutes les peines qu'il se donne pour
le bien de la ville et pour le maintien de la paix. Il y au-
rait longtemps que Botzey serait élu, s'il n'avait pas fait
la plus haute sottise dans le moment même où il allait
l'être. Je t'ai marqué que les paysans s'étaient soulevés à
notre assemblée pour demander un traitement de 3 livres
par jour, pendant leur séjour ici. Comme cela s'échauf-
fait au point qu'on en serait venu aux mains, je dis à
Le Goazre d'aller dire au président de lever la séance, ce
qui fut fait. Il cria ensuite : « Mes amis I allons au club
(( qui se tient dans la grande rhéthorique ». Là, on déba-
tit beaucoup, et le débat se termina par proposer de faire
une adresse au Département pour lui demander d'arrêter
que les électeurs auraient 3 livres par jour et d'indiquer
où les prendre. Cette adresse tombait justement au bureau
~Ô4 —
dont Botzey est le chef. A la vue de toutes ces Signatures,
il dît qu'elles étaient faites par autant de sots — il y en
avait plus de trois cents ! — Les députés vers le Départe-
ment vinrent faire le rapport de cette unique réponse. On
cria avec beaucoup de chaleur : « A la lanterne ! » On se
disposait à aller Tassaillir. On apaisa ce premier feu pour-
tant. Un autre se ralluma : ce fut d'aller le chercher et de
lui faire demander excuse. Ce parti était encore fort dan-
gereux pour lui. Mais M. Le Goazre, avec beaucoup de
modération et de prudence, Téteignit en proposant d'en-
voyer une seconde députation. Le Département s'assembla
et répondit que, dimanche, il espérait recevoir des nou-
velles qui l'autoriseraient peut-être à faire ce qu'on lui
demandait. Les paysans s'apaisèrent et il n'a plus été
question de rien. « Hier était ce dimanche, beaucoup sont
retournés chez eux, voyant que la poste n'avait rien ap-
porté qui concernait leur pétition. Mais ce qui reste ne
veut plus entendre parler de Botzey. Ils sont en nombre
supérieur aux bourgeois et ils se sont coalisés pour ne
nommer que des gens d'entre eux. Nous avons déjà deux
électeurs paysans : un qui. est du District de Landerneau,
qui me paraît bon ; l'autre est de Briec ; on m'a assuré
que c'était un ivrogne et bègue. Le sixième député sera
vraisemblablement M. Malassis, libraire de Brest ; c'est
ce que nous allons savoir bientôt.
« Je fus hier dîner à Loc-Maria (chez M. de la Hubau-
dière) Le Goazre et moi, à l'effet de travailler à des mémoires
et des pétitions que l'on va vous envoyer aujourd'hui tou-
chant rétablissement des corps administratifs à Sainte-
Catherine, des Hospitalières à la Retraite et de la Retraite
aux Capucins. Tout cela me paraît bien entendu : mais,
de votre côté, Messieurs, travaillez sans relâche pour tâcher
de faire décréter ces projets, pendant que vous êtes là,
car, une fois les nouveaux députés arrivés à Paris — ils
— 65 -
seroot, selon toute apparence, de Léon, et presque tous
Brestois —, vous trouverez des contradicteurs et notre
Département nous sera arraché ; ils croient même le tenir
et le disent tout haut.
« Si nous ne pouvons pas placer Botzey, nous croyons
que nous pourrons le fourrer au Département, mais il ne
dépendra pas de nous de le faire rentrer au Directoire. Ce
garçon a un caractère bien prononcé, mais il est gâté par
les éloges qu'il mérite et qu*on lui a un peu trop prodigués,
ce qui lui a fait prendre un ton de hauteur qui ne plaît
pas même à ses collègues. »
« Qaimper, 16 Septembre.
(( Il s'en faut beaucoup que je sois content de l'assemblée
électorale. Je trouve la conduite de son président et des
membres de son bureau, non seulement irrégulière mais
mémerépréhensible(l).Leschefs sont entièrement dévoués
et d'une manière marquée aux Brestois, qui ont pris un
ton absolu dans l'assemblée. Nous avons demandé à établir
un bureau composé de deux membres de chaque District
pour vérifier l'éligibilité à l'Assemblée Nationale. On l'a
refusé par des (( non I non! » absolus et impératifs approu-
vés par le bureau. En sera-t-il de môme devant l'Assem-
blée Nationale? J'en doute, mais si cela est, il faut dire
qu'il est inutile de faire des décrets. »
c Qaimper, 18 Septembre 1791.
« Notre assemblée électorale vient de finir à l'instant.
Nous n'avons pas pu envoyer Botzey à l'Assemblée Natio-
nale, ni Le Goazre, par rapport à lui. On s'est entêté à le
(1) Le bureau compreoait : Bouestard, présideot ; Cavellier, becrétaire ;
Roujouz, Halassis et loizao, scrutateurs, tous de Léon.
Bulletin de la Commission oiocisAiNE. — 8* année. 5
— 66 —
nommer à chaque scrutin : cela a divisé nos faibles voix
dominées déjà par celles de Brest et de Léon. Mais nous
avons réussi à le faire rentrer dans le Département et
nous sommes comme assurés qu'il rentrera au Directoire.
Je suis outré que Le Goazre n*ait pas été nommé.
(( Hier, il arriva un courrier extraordinaire au Dépar-
tement, qui apporta la nouvelle de l'acceptation par le
Roi de la Constitution. Le Département s'empressa de
nous venir annoncer cette nouvelle à notre salle (église
du Collège). Quelque temps après son départ, nous fûmes
députés, Le Goazre, moi et trois ou quatre autres, pour
aller remercier le Département de son attention. On nous
communiqua les lettres du Roi. Aussitôt, toutes les clo-
ches en branle, illumination générale ; aujourd'hui :
Te Deum, les troupes sous les armes, feu de joie et, dans
ce moment, danses partout, mais cela fait de la comédie.
(( J'ai envoyé de bonne heure, ce matin, la lettre du
Roi à ta maman, ainsi que a la Gazette » (1). Dimanche
prochain, nous ferons aussi les mêmes cérémonies à Pont-
Croix. J'ai pourtant envie de ne les faire qu'un jour d'œu-
vre, à cause des danses.
« Voici donc définitivement les députés que nous vous
envoyons : le président Bouêstard de la Touche, médecin
de Morlaix, homme que l'on dit avoir cy-devant fait de
grandes entreprises desquelles il a sorti banqueroutier.
Cet homme, déjà sur l'âge, portant à peu près de soixante
à soixante-dix ans, m'a l'air d'avoir été un intrigant prêt
à se tourner du côté le plus fort. — Un nommé Cavellier,
(l) De Rosalie, le 18 Septembre : < Quel rôveille-matio nous eûmes
hier : oq vint dous annoncer l'acceptation du Roi ; que nous étions con-
tents I Lr preoDiëre fois que tu verras notre bon Roi, dis-lui que je l'aime
bien ; je ne suis pas comme toi, je ne me métie pas de lui ; il m'étonne
même que toi, qui es si bon, tu craignes la trahison ! Ah 1 mon ami, prends
garde que le mauvais air de Paris te fasse perdre cette bonté que j'aimais
tant en toi ! »
- 67 -
commis de la Marine, jeune homme fort ardent, qu*à
raison de ce, on a fait procureur de la Commune pour
tenir tête aux officiers de la Marine, à Brest. — Du Rou-
joux du Buzeuil, gendre du feu bonhomme Kerbirio
Gobard, porteur d'un brevet d'aristocratie et l'étant en
effet beaucoup ; il fut subdélégué de M. de la Baune ;
depuis, employé aux vivres à Paris ; ensuite, commis-
saire du Roi à Landerneau. — Un paysan nommé Inizan,
Léonard de nation : il parait avoir de l'esprit et être
patriote, il parle trè& bon français. — Pierre Briant,
maître ivrogne de Briec, cependant juge de paix de cette
paroisse. — Launay AUain l'aîné, comme tu sais peut-
être, la judiciaire la plus fausse et la plus factieuse du
monde (1). — Malassis, libraire, de Brest, qui parait brave
homme de toutes les manières (2). — Bohan, jadis abbé,
depuis praticien ; ensuite, avocat à Rennes, où il avait
commencé à se faire un nom quand il a été nommé juge
à Châteaulin. Kergadio le dit un bon juge.
« Nous sommes désormais libres de nous en aller, quand
nous voudrons. Je crois fort que les paysans ne reparaî-
tront plus aux élections.
(( M. Expilly, l'abbé Gomer, son grand vicaire, sont
nommés administrateurs du Département ; je crois bien
qu'ils ne seront que du Conseil : l'administration ne con-
vient pas, surtout à M. Expilly. »
< Pont-Crobr, 23 Septembre.
« Ta lettre du 16 courant, m'apprend que vous vous
disposez à partir, le 3 ou le 4 prochain. Ainsi, je t'attends
(1) François-Marie AUaio, homme de loi, procureur syndic du District
de Carhaix.
(3) Romain-Nicolas Malassis, imprimeur de la Marine, officier municipal
de la ville de Brest.
- 68 —
pour le 10 ou le 12. Je serai biea aise que tu viennes avec
M. Expilly.
(( Notre assemblée électorale finit dimanche dernier.
Le lundi, je restai à Quimper, à faire les affaires que j'y
avais. Le mardi, je fus diner au Pont-l'Abbé, où je remis
l'électeur Verry (1) à sa chère épouse, et je revins le soir cou-
cher à Quimper. Enfin, mercredi, j'arrivai ici, où me voilà.
(( Dimanche, nos municipaux célébrèrent la fête de la
Constitution, quoique du Reste et moi nous n'y fussions
pas : ils firent très bien. On fit un feu de joie et illumi-
nation. Apporte des billes avec toi. ))
« 25 Septembre.
« Je n*ai qu'un mol à te dire, car l'ouverture de notre
assemblée électorale de District sonne. Je crois, sans
t'assurer, que la présidence du District t'attend. Je t'aime-
rais mieux vice-président... »
*
* *
Rentré au pays dans les premiers jours d'Octobre, M. de
Clermont fils fut choisi comme agent national près le
District de Pont-Croix, ce qui ne l'empêcha pas d'être
détenu, pendant quelque temps, à Landerneau, comme
suspect de modérantisme ou de fédéralisme. Un avis du
Comité de Sûreté générale le fit mettre en liberté. Il donna
sa démission parce que la loi interdisait, même aux cou-
sins, d'occuper simultanément des fonctions administra-
tives, et que son père était receveur ; mais il ne tarda pas
à reprendre ses fonctions, à la réorganisation de l'Admi-
nistration.
(1) Verry, homme de loi, procureur de la Commune.
-69-
Eû Décembre 1792, M. de Clermont père fut remplacé
dans ses fonctions municipales par un aubergiste qui
traitait ses collègues de (( macros » et qui fut jugé indi-
gne, tant par son ignorance que par son inconduite,
d'inculquer aux jeunes patriotes d*Ësquibien les princi-
pes d'un bon républicain.
Et ce fut le désordre, Tanarchie. Des bandes de vauriens
parcourent le pays, démolissant les châteaux et les cha-
pelles, ce pendant qu'à Pont-Croix même, un volontaire,
le citoyen Cabestan, monté sur une échelle, s'occupe à
briser les armoiries et les écussons des vitraux de Téglise
paroissiale. Les calvaires sont descendus et les pierres
des croix employées à*réparer les grands chemins. Tous
les signes de l'antique fanatisme ayant disparu, on célé-
bra le triomphe de la Raison, le second décadi de Pluviôse
an II (Février 1794).
Ce jour-là, vers 10 heures du matin, le District, la
Municipalité, le Tribunal, le Comité de surveillance et la
majeure partie des sans-culottes se réunissent à la maison
commune. Escorté d'un détachement du bataillon de
l'Hérault, le cortège fait le tour de la grande place et
s'arrête près de l'arbre de la liberté pour entendre ce
discours de M. le Maire : « ...La Raison nous a ouvert les
yeux et fait disparaître les erreurs attachées au culte
simple et pur d'une divinité dont la grandeur nous impose
le devoir de l'adorer seule et non les attributs de quelques
hommes dont nous ne connaissons la vie que par des
relations si éloignées qu'elles peuvent être ou exagérées
ou mensongères. Peuple ! adorer la Raison, c'est adorer
l'Etre suprême, le seul digne de notre hommage parce
qu'il est la raison innée I Allons dans son temple enten-
dre sa voix par l'organe d'un citoyen qui a vu la supers-
tition et l'a abjurée ; il vous dira M. F. : adorer la Raison,
c'est adorer Dieu I Vive la Raison I Vive la Montagne 1
- 70-
Vive la République qu'elle a fondée ! » Puis il exhorte
. le peuple à abjurer les anciennes superstitions qui exi-
geaient Textérieur d'un culte matériel, indigne de TEtre
suprême qui est la Raison éternelle. Et le cortège se rend
à la ci-devant église des Ursulines, aujourd'hui Temple de
la Raison.
Le citoyen Bois, autrefois prêtre, aujourd'hui militaire
marié, monte à la tribune et prononce un discours sublime
dicté par le plus pur patriotisme, vraiment digne de la
Raison, dont il fait l'éloge, et propre à détruire le fana-
tisme. L'orateur a été souvent interrompu par les plus
vifs applaudissements, qui sortaient du fond des cœurs.
Les militaires ont ensuite chanté, quelques strophes de
l'hymne des Marseillais et des couplets qui sont un éloge,
touchant de l'égalité, de la fraternité, de la liberté.
Pour terminer la fête, un feu de joie fut allumé sur la
place, et tandis qu'il consumait, citoyens et citoyennes de
tout âge ont dansé la farandole, au son des tambours,
autour de l'arbre et du bonnet de la liberté. Les musettes
champêtres remplacèrent les tambours et la danse con-
tinua jusqu'à 10 heures du soir.
Tout s'est passé dans le meilleur ordre et dans cette
vive allégresse que la Liberté seule peut inspirer à des
hommes qui connaissent leurs droits et qui chérissent la
République. Vive la Raison I
Elle ne vécut pas longtemps. Quatre mois plus tard,
l'emblème mis au frontispice du temple cy-devant de la
Raison fut remplacé par celui de l'Etre suprême, et le
peuple y fut convoqué pour cette cérémonie, sans contre-
dit la plus auguste, puisqu'elle nous rappelle l'auteur de
nous-mêmes qui veille sur toutes nos destinées.
Après la lecture du sublime rapport du sage Maximi-
lien Robespierre, citoyens et citoyennes ont entonné
l'hymne religieux et patriotique, commençant par ces
- 71 -
mots : « Etre infini que Thomme adore... » Cette hymne
chantée, différentes autres ont suivi. On s'est rendu
ensuite près de l'arbre et du bonnet de la Liberté ; on y
a chanté l'hymne des Marseillais et dansé une carma-
gnole. Puis la garde nationale, drapeau déployé, a recon-
duit les corps constitués à la maison commune.
Les chants civiques du décadi ne remplacent pas les
offices religieux du dimanche, et les fidèles continuent à
recourir au ministère des prêtres cachés dans les chau-
mières perdues au fond des landes ou dans les anfrac-
tuosités de la côte.
Spectateurs attristés de cette Révolution libérale et
bourgeoise qui dégénérait en Terreur, MM. de Clermont
firent tous leurs efforts pour qu'elle n'ensanglantât point
ce coin de terre, en multipliant les certificats de rési-
dence et de civisme.
Procureur à Châteaulin, sous TEmpire, l'ancien député
à l'Assemblée Nationale revint mourir à Pont-Croix, le
23 Avril 1823.
J.-M. PiLVEN.
72 —
SDR LES
PAROISSES DU DIOCÈSE DE QVIMPER ET DE. LÉON
Par MM. PEYRON et ABGRALL.
(Suite)
DOUARNENEZ
(Suite.)
Ainsi, après trois échecs consécutifs, les Royaux n'a-
vaient pu forcer le repaire du fameux Brigand, aban-
donné cependant par ceux de son parti, car le duc de
Mercœur ne voulut pas le comprendre dans le traité qu'il
passa avec Henri IV. Mais La Fontenelle, fort de sa posi-
tion imprenable, traita directement avec le Roi qui, par
lettres du 20 Mars 1598, le continua dans le commande-
ment de Douarnenez, et, le 26 Avril suivant, le créa capi-
taine de 50 hommes d'armes (1). Ce qui n'empécba pas
que, dès qu'on put mettre la main sur lui, il fut jugé et
exécuté, en Septembre 1602, à Paris.
Par ordre du Roy, les fortifications de l'île Tristan
furent démolies en Septembre 1600 (2), mais reconstrui-
tes en 1615 par le sieur de Névet. Les habitants de Quim-
per en demandent de nouveau la démolition, par la requête
suivante :
(1) Anuotateur du chaDoioe Moreau, page 357.
{2) Bulletin Archéologique, XV, 360.
- 73-
« Humbles Remontrances que le clergé de Cornouaille,
le gentz tenans le siège présidial estably par le Roy en la
ville de Quimper^^" et la communauté de la dite ville et
paîs circonvoisin présantent à M. Baîlleul, conseiller du
Roy et ses conseil d'Etat et privé et Maitre des requestes
ordinaires de son hôtel, Comissaire de Sa Majesté pour
visitter les nouvelles fortifications faictes en Bretagne.
« A ce qu'il luy plaise représanter à Sa Majesté, à nos
Seigneurs de son Conseil, les faicts cy après, pour parve-
nir à la démolition des nouvelles fortifications faictes en
risle Tristan de Douarnenez à la foule et pression de la
province et de ses subjects soubz prétexte d'une commis-
sion obtenue par le feu sieur de Névet de Sa dite Majesté,
non présentée aux états, ny veriffiée et soubz prétextes
simulés et faincts.
(( Et premier :
(( Suplient le dit sieur Comissaire remémorer Sa Majesté
et nos seigneurs du Conseil, que pendant le malheur des
guerres dernières TEvesché de Cornouaille et le pais cir-
convoisin néanmoins les armées quy auraint descendus,
se maintint, jusques au moys dé May en l'an 1595, que le
S^ de La Fontenelle aiant occupé et fortiflié la dite islé en
deux ans 1/2 qu'il y demeura, reduict tout le dit païs en
une misère si extrême que Henry le Grand, nostre Roy de
très heureuse mémoire, sur les informations solennelle-
ment faictes à la requête du clergé de France et receveurs
des fouages par comissaires à la dite fin députés et délé-
gués par Sa Majesté, remist, aiant esgard aux dites cala-
mités, à ses subjets, les taillées, décimes, subsides et sub-
ventions luy debvues, tant pour le passé que pour plu-
sieurs années advenir.
« Que les ruines faictes en sy peu de temps par l'entrée
du dit La Fontenelle en la dite isle, se remarquent encore
- 74 -
à présaot en tout TEvesché, aiant en checune paroisse
d'icelluy et païs circonvoisin plusieurs tenues tiabitées
d*estrangers et grand nombre d'aultres vagues, inutiles
et en f rische.
« Que ceste ruine procéda du grand nombre des gens
de guerre qu'il estoit requis et nécessaire au dit La Fonte-
nelle davoir pour la eonservation de la dite isle qui est de
grande garde, pour Tentretenement desquelz ne pouvant
recouvrir l'appointement convenable sans (grever) gran-
dement la finance de son prince, fut force faire levée et
grands deniers sur le peuple, quy ne pouvant suffire,
lycentia ses soldat z de vivre a discrétion exposant le païs
au pillage.
« Qu'en l'année 1599, deffunt Henry le Grand, notre Roi
de très heureuse mémoire, aiant receu les justes plaintes
et doléances des trois ordres de la dite province, les dites
doléances ambien quoy, que la dite isle fust battie et for-
tifiée et qu'à presant elle ne se pourraict remettre en pareil
estât pour 300.000 escus, plus la jugeant inutile pour son
service et de surcharge au païs, en ordonna avecq grande
cognaissance de cause la démolition qui fust faicte et exac-
tement exécutée non sans grands fraiz qui furent suppor-
tez par la dite province.
(( Que pendant le cours des derniers mouvements, en
1614, la dite isle aiant esté occupée par le dit feu sieur
de Nevet, leurs Majestés descendans en la province, debue-
ment informées que la dite place estait inutile à leur ser-
vice et onéreuse au païs, auraint à la requête des trois
ordres de la province, convoqués aux Etats tenus soubz
leur authorité en la ville de Nantes, au moys de Septembre
au dit an, ordonné par concordat que les nouvelles forti-
fications de recheil faictes à la dite isle seraient desmolies,
ce qui aurait esté exécuté pareillement aux frais de la
province.
- 75 -
« Qu'en l'année 1615, lorsque les subjects de S. M. en
la dite province jouissaient pleinement du bénéfice de la
paix leur acquise, ny aiant auchune aparence d'esmeute,
le dit feu S' de Nevet par l'occupation qu'il a faite de la
dite isle.amas et munitions et de soldats, donna seul telle
apréheusion de guerre au lieux circonvoisins, que l'exer-
cice de la dite justice n'y estait plus libre, le commerce
troublé et les laboureurs prêts à quitter et délaisser leur
tenue de crainte de tomber en pareilles calamités qu'au
passé.
« Qu'en la dite année 1615, le dit S' de Nevet s'estant
soubz prétexte de la commission de Sa dite Majesté jette
dans la dite isle ; plusieurs prévenus de meurtres et assa-
zinats commis avant et depuis le dit temps, y ont faict
leur retraicte pour éviter la punission de leurs crimes.
« Que les gentz ramassés et forains appelés par le dit
sieur de Nevet, faisant chemin pour se rendre en la dite
isle, firent plusieurs ravages sur le pais, desquels il y a
plainctes et informations.
« Que Ton n'a peu représenter à Sa Majesté auchune
considération véritable ny sufizante pour l'esmouvoir et
induire d'octroyer au S' de Nevet, commission pour entrer
en la dite isle quy n'a jamais esté affectée par auchun
estranger ; ny aiant port, havre, ny radde ou lieu asseuré
pour la retraite des vaisseaux, ny moyen d'y en faire ny
posséder que par ceulx du quanton, qui préférans leur
profTitt particulier au bien du publicq et repos de la pro-
vince, ont espéré et se sont efforcés d'y battir quelque for-
tune.
« Que le dit feu S' de Nevet, jugeant de soy mesme sa
commission, qui avait esté subreptissement et sur faulx
donné à entendre, obtenue, n'aurait au terme du dit con-
cordat de Nantes osé icelle représanter à la Cour pour la
vérifier, aux Estats pour la recepvoir, ny prester le serment
— 76 -
de fidélité entre les mains d'aulchuns lieutenants du Roy,
ains de son propre mouvement et autorité privée contre
toute forme, occupa ladite isle où, puis Tarrest de la Cour
du 17 Octobre 1615 portant défense d*y faire auchune for-
tification, ny amas de gentz de guerre, continua par un
longtemps de fortifier ladite isle à la foule et oppression
du peuple qu*il contraignait de cesser leur labeur très
nécessaire en la dite saison pour y travailler, ramassant
le plus qu'il pouvaict des gens incongneus et forains avec
armes, ce que rendaict son dessain suspect et douteux à
la dite province.
(( Et sy chacun particulier se licentierait d'authorité
privée de s'emparer et fortiffier tous les endroits estans
en la cotte de la mer, s'en trouverait en ladite province
plus de 200 plus à propos et à moindre frais que la
dite isle, qui n'est sur auchun passage de rivière, port,
ny havre.
(( Que puis le décès dudit feu S^ de Nevet quy advint
aux Estats de la province en 1616, les gents de guerre qui
ont continué et continuent encore à présent l'occupation
de la dite isle de Douarnenez, ont par force et violence
contrainct les subjets de Sa Majesté aller travailler aux
fortifications y commencées et vivent si licentieusement
que la plupart des sujets de Sa Majesté ont entièrement
quicté le trafiicq et commerce qui se faisait audit Douar-
nenez, tant par la pesche de la sardine que autrement ;
mesmes les laboureurs des lieux circonvoisins ont dé-
guerpi leurs tenues pour aller vivre ailleurs en repos, et
ceulx quy y sont demeurés, c'est soubz espérance de faire
en brief! pareille retraicte, sy Sa Majesté n'a agréable
de pourvoir à la démolition des dites fortifications nou-
velles faites en la dite isle pour acquérir repos à ses
subjects.
« Fait et leu en la maison de ville de Quimper"°, le
— 77 -
25 Septembre 1617 et le même jour présenté à M. le
Commissaire.
« Signatures :
« J. Brient, archidiacre de Cornouaille ; R. Mocam,
magistrat criminel ; Charles Lhonoré, lieute-
nant particulier ; M. Rouillé, syndic du clergé
de Cornouaille ; Le Baud ; du Stangier ; Furic ;
Lhonoré. »
Michel Le Nobletz. — Le Père Maunoir
Une notice sur Douarnenez, quelque courte qu'elle soit,
ne peut manquer de faire mention de ces deux hommes
de Dieu, qui eurent une si heureuse inQuence sur le re-
nouvellement de Tesprlt chrétien dans ce canton ; mais
nous ne pouvons répéter ici ce qui a été si bien raconté
de leurs travaux apostoliques à Douarnenez par M. Le
Gouvello de la Porte pour le V. Michel Le Nobletz, et
par le Père Séjourné pour le V. Père Maunoir.
Des œuvres de Michel Le Nobletz nous retiendrons seu-
lement celle qui, en quelque sorte, a caractérisé son apos-
tolat de 22 ans (1617-1639) à Douarnenez, et dans laquelle
il a voulu comme se survivre à lui-même ; c'est l'œuvre
de cartes peintes pour TiDstruction chrétienne par les
femmes de ce pays, œuvre qu'il poursuivit malgré les
contradictions les moins justifiées. Nous renvoyons aux
historiens pour le récit des attaques dont elle fut l'objet
et des réponses péremptoires de leur zélé défenseur, nous
contentant de publier les documents originaux qui prou-
vent comment cette œuvre a été conçue pour le bien spi-
rituel des habitants de Douarnenez tout spécialement.
C'est d'abord le u contrat de donaison des cartes aux
- 78 —
habitants de Douarnenez » dont nous avons sous les yeux
l'original sur parchemin.
« Je qui soubsigne, Michel Nobletz prestre, déclare que
je laisse les cartes de la doctrine chrestienne, faites aux
dépants de quelques â'mes dévotes du bourg de Douar-
nenez, desquelles je avaicts la charge de les conserver,
entre les mains de ses amis et honorables marchands
Bernard Poullauec et Guillaume Coulloch son beau frère
et honorables femmes Claude le Beliec veudve de Jan
le Moan et Dom Math Rolland femme de Tudec Jouin,
leur vie durante, lesquelles appres leur decoix choisiront
quelques aultres en leur place quy seront propres à faire
le mesme otlice et fonction et Qdelles conservateurs d1cel~
les. Et en cas que lesdites cartes soient mal conservées,
ou qu'il en vienne quelque dispute pour elles, je laisse la
charge à Henry Pobeur mon disciple, pour le bon service
qu'il ma faict, de mettre ordre à tout cela, comme si j'es-
tais présent en ma personne ; sans toulesfois les pouvoir
porter ailleurs, ne prester, ne les mettre entre les mains
de personnes inhabiles à faire le bien publicq, ne contre
le gré des personnes susdites, lesquelles je prie de les
faire renouveller peu à peu, sellon qu'il sera expédiant
pour le profit spirituel de la jeunesse, affin qu'elle puisse
parvenir à la cognoissance de la doctrine chrestienne et
du chemin de la vérité. Et auront les mesmes personnes
le soing de conserver les cahiers manuscripts ausquels
est contenue la déclaration des dictes cartes assës ample-
ment, par la grâce de Dieu, auquel soict honneur et gloire
et à son fils Jésus, pour la gloire duquel nous faisons la
présente.
(( Ainsy faict et escript, ce jour vingt unième du mois
de Janvier Tan 1624.
« Nous susdits nommés cognoissous avoir receu du dit
Nobletz les dites cartes, et le remercions humblement du
— 79 —
soing qu*il a de nostr-e salut et ont les dits Pobeur et
Poullauec sigQé ; les autres confessent ne sçavoir signer.
« En oultre le dit Missire Michel le Nobletz veut qu'en
absence du dit Henry Pobeur, les susdites personnes choi-
siront un aultre habitant du dit bourg en son lieu, lequel
prendra le mesme soing et aura le mesme pouvoir.
(( £t par mesme le dit Nobletz supplie les susdites per-
sonnes et tous autres confrères de la doctrine chrestienne
de solliciter les habitants du bourg de donner chasque
année ou laisser par leur testament quelque chose entre
les mains du procureur des frères, pour faire autres car-
tes, affiD de conserver la mesme facilité à ceux qui vien-
dront après eux. Aussy il désire qu'après sa mort, on dira
une messe à chant, chasque année à son intention, tandis
que les dictes carthes dureront et ce, à tel jour que les
confrères députeront. Et n'entend le dict Nobletz s'obli-
ger par cest acte sa vie durante, ne en rien se priver du
droict qu'il avaict cy devant, qu'en cas qu'il y arrive de
mourir sans faire autre disposition. Et promectent les
dictes personnes par leurs serments ne prester les cartes
hors leurs maisons, à auchune personne de quelque qual-
lité que ce soict ; et pour ce, celiuy qui les gardera aura
un coffre député, à deux serrures, affin que les auttres
confrères gardent un des dites cleifs.
« Oultre, ce qui est dict des cartes, s'entend de tous
tableaux, livres de dévotion et autres peintures qui seront
mises entre les mains des dites personnes. Ce que les
dites personnes promectent garder sellon leur possible, à
quoy ils consentent par devant les soussignés nottaires de
la court de l'isle Tristan, après que se sont soubzmis au
pouvoir et authoritté d'icelle et qu'ils y ont prorogé de
jurisdiction à leurs personnes et biens meubles et immeu-
bles. Et ont les dicts Pober et Poullauec signé; et pour ce
que les dicts Coulloch et Bellec et Rolland affirment ne
- 80 -
scavoir signer, ont prié signer à leur requeste scavoir
Le dict Coullocli, Dum Guillaume Brélivet prestre; la
dicte Bellec, Dum Anthoine Pennée prestre ; et la dicte
Rolland Dum Charles Sanson soudiacre, présants à ce que
dessus 0 les noltaires.
« Faict et le gré prins au bourg de Douarnenez, paroisse
de Plouarre les dicts jour et an que devant.
(( Michel Le Nobletz, prbre.
(( Anthoine Le Fennec, prbre ; G. Brélivet, prbre ;
Sanson ; Henry Pober ; Bernard Poullaueg ;
Lymynic, notr« royal ; Kersaudy, not'«. »
Les explications des cartes étaient données par les fem-
mes, soit en public dans le cimetière, avant les vêpres,
soit en particulier dans les maisons des personnes qui en
avaient la garde, et où Ton venait passer quelquefois
plusieurs jours pour suivre les enseignements du saint
missionnaire, et faire comme une sorte de retraite selon
sa méthode, même après son départ du pays ; c'est dans
ce but qu'il traça aux femmes dépositaires des cartes
peintes la règle suivante pour les expliquer selon la con-
dition des personnes.
c Vordre qu'on doit observer en monstrant les caïers
aux particuliers, soit dedans la maison ou dehors.
« Article 1. — Communément 11 ne faut monstrer que
les cartes plus familières à ceux qui ne font qu'une
passade.
« Art. 2. — Aux hommes masles qui ne sont pas reli-
gieux; rien que les cartes, parce que vous auriez trop
d'affaires.
« Art. 3. — Aux filles dévotes qui viennent expressé-
ment demeurer un mois ou plus, on monstrera les caïers,
selon que jugerez expédiant, suivant leur esprit et voca-
— 81 —
tion et persévérance ; mais non pas monstrer le gros, ains
un à un, aflQn qu'elles ne sachent votre secret, et tout par
tel ordre.
« Art. 4. — Après les caiers des cartes, il faut monstrer
le pacquet qui est chez J. Cor, marqué de ceste lettre B et
et puis le pacquet qui est chez M. D. marqué de ceste
lettre D.
« Art. 5. — Se quelques amys, auxquels vous montrerez
ce qu'ils voudront, voire peu à peu, à mesure qu'ils auront
temps pour le lire, si vous les voyez affectionnés à la
vertu ; lesquels vous recognoissez bien.
« Art. 6. — Si se presante quelque prestre simple, dévot
et humble qui désire de voir les cahiers ; spécialement
s'il fait sa demeure hors la paroisse, je ne sçay si ferez
bien de les luy monstrer, parce qu'il les publierait ou les
demanderait en prest, dont vous ouvririez la porte à
beaucoup de fâcherie ; et seriez en danger de les perdre.
Si les cachez aussy, ils demeureroient inutiles, si vos en-
fants n'estudient ; c'est pourquoy il faudra prendre garde
de ne monstrer jamais aucun pacquet, mais quelques
caîers de chaque pacquet, par ordre, selon la capacité,
disposition et vertu des personnes ; commançant par l'or-
dre monstre en l'article 4«, ne laissant aucun caïer que
pour 24 heures.
« Art. 7. — Les instructions du mépris du monde
seront monstrées aux filles qui font profession du mespris
du monde, après qu'aurez cogneu leur vertu et esprit ; à
plus forte raison les autres caîers, pour deux jours chacun
caïer, en leur chambre secrette.
« Art. 8. — Que si vous autres venant à mourir, vous
mettrez les caîers entre les mains de quelque une de vous
autres, prenant garde de ne les prester que à deux nom-
mées de celles que j'ai députées, qui sont les honnestes
veuflves.
Bulletin de la Commission diocésaine. — 8* année. 6
— 82 —
« Quand ceux qui garderont quelques livres ou caîers,
seront persécutés par l'importunîté des personnes de qua-
lité à leur prester, il les rendront au couvent des Capucins
pour garder, ou les rendront chez mes nepveux Lapart ou
ils voudront.
« Ainsin signé ce 16« jour d*Aoust 1631.
« Michel LE NOBLETZ. »
La pièce suivante nous montre bien le soin jaloux du
vénérable missionnaire pour conserver à ses chers habi-
tants de Douarnenez, Tœuvre d'enseignement imaginé
pour eux.
€ Réponêé à plu9ieur8 qui ont demandé de$ femmes de
Douarnenez pour leur montrer la déclaration des cartes
peintes. Ce 12 Janvier 1637.
(( Il faut remarquer en ceste affaire plusieurs points
dignes de considération, pour rendre leurs excuses per-
tinantes.
(( Le premier, c'est que les conservateurs des dittes
cartes sont obligés par promesse et par contract formel
de ne porter les cartes hors le terrouer, ne les monstrer
qu*au lieu et au temps destiné à cela. Mais du depuis, on
a composé trois ou quatre cartes pour contenter telles
personnes ; lesquelles cartes peuvent être portées par
tout, mais non pas qu'on les laisserait porter par pays, à
la discrétion des jeunes hommes fils ou filles, parceque
ce serait les gaster en les pliant et repliant si souvens :
ains seulement seront portées par les personnes ancien-
nes qui les sçavent conserver.
« Second point : c'est autre chose les monstrer une fois
pour contenter ceux qui les désirent voir, et autre chose
faire estât de les monstrer souvent pour enseigner ceux
- 83 -
qui les désirent entendre ; car ce dernier point ne se peut
faire hors de Doua menez.
« Troisième point : lorsqu'il sera question de choisir
des personnes pour apprendre ces cartes, il faudra pren-
dre des gens de basse qualité et d*un esprit relevé, parce-
que les personnes de qualité relevée ne voudront de honte
enseigner les autres.
« Quatriesmement, c'est chose rare trouver des per-
sonnes qui puissent estre instruites devers icelles, parce
que le pauvre n'a ne le loisir, ne les moyens, et les riches
ne veulent despendre pour apprendre, ne se l'umilier.
(( De votre frère et serviteur en Jésus-Christ.
« M. LE NoBLETz, prbrc. »
Enfin, par un dernier acte daté du bourg de Saint-Mahé,
le 10 Décembre 1637, Dom Michel désigne d'une manière
plus précise les femmes qui avaient été jugées propres à
conserver ses cartes et caîers, et le mieux capables de les
expliquer.
« Moy Michel Nobletz pbre du diocèse de Léon, ay
trouvé expédiant avant mon départ de ceste vie de laisser
par escrit une déclaration des honorables femmes de
Douarnenez lesquelles je trouve cappables et propres pour
déclarer les cartes peintes, avec la permission de nos
supérieurs, afïin qu'on ne pense pas que je approuve
touttes sortes des femmes du Bourg, lesquelles, encore
qu'elles les entendent, ne sont pas touttes propres pour
déclarer ces cartes. Or entre autres femmes qui les enten-
dent et pourraient les expliquer, les plus spéciales sont
celles-cy : honorables femmes Demmat Rolland veu&ve
de feu Thudec Jouin, Claude le Belec veuflve de feu Jan
Le Moan (que Dieu les absolve), Jeanne Cabellic, femme
de Yvon Cever et sa fille Marie et Anne Keranpran jeune
- 84 —
fille laquelle a esté à S^ Paol de Léon déclarer une carte
devant Messieurs nos supérieurs ecclésiastiques, laquelle
a esté trouvée idoine pour les enseigner et permise moyen-
nant observer quelques circonstances et conditions par
eux p rescriptes.
« De plus je supplye les femmes susdites de laisser leur
déclaration semblable à autres, avant leur mort et une
attestation des femmes propres pour faire la mesme fonc-
tion, autrement je déclare par le présent escrit, ne leur
laisser mes cartes peintes que à telles conditions ; et laisse
des à présent une supplication à Monsieur leur Recteur
de ne permettre auchune personne les expliquer, ne en
secret, ne en puplic, ne sub nominêpietatis error et impietas
disêiminetur,
a C'est pourquoy il faut faire grande diligence à ensei-
gner autres, autrement elles perdront ce grand privilège
et faveur spéciale ; c'est tout ce que je leur recommande.
En témoignage de quoy je soubsigne la présente ce
10 Décembre l'an 1637.
« Au bourg de S^ Mahé.
(( Michel LE NoBLETz pbre. »
Les femmes désignées par le serviteur de Dieu furent
fidèles à leur mission ; mais probablement que celles
qu'elles désignèrent pour les remplacer ne montrèrent
pas toujours le même zèle, car vingt ans plus tard, le
pieux Evéque de Cornouaille demande instamment que
cette bonne coutume d'expliquer les cartes soit reprise.
« Nous René du Louet par la grâce de D. et du S. Siège
Evesque et comte de Cornouaille.
(( Avons apris que les habitants de Douarnenez avaient
interrompu la louable coustume qu'ils avaient tous les
dimanches devant vêpres de lire et voir dans le cimetière
— 88 -
ou autres places diverses, les instructions spirituelles que
feu M. Michel le Nobletz avait laissé dans les énigmes et
peinctures spirituelles pour imprimer la crainte et amour
de Dieu dans l'esprit des fidelles, Exhortons les mesmes
habitants de Douarnenez, les paroissiens de Plouaré, et
autres de reprandre leur ancienne coustume selon les
ordres que feu M. Michel le Nobletz nous avait proposés
et que nous approuvons. Et à ce que chacun y assiste avec
plus ferveur nous donnons 40 jours d'indulgence a chacun
des fidelles de l'un et de l'autre sexe touttefois et quante
qu'ils seront présans à ce saint exercice, avec défense à tou-
tes personnes de les troubler sous peine de désobéissance.
(( Donné dans nostre palais Episcopal de Lanniron ce
23 d'Aoust 1660.
« René du Louet, Evea. de Comouaille. ))
Il faut croire que cette exhortation pressante de l'Eve-
que de Quimper eut un heureux effet; nous ne saurions
dire jusqu'à quelle époque ce pieux usage a été conservé,
mais nous devons croire qu'il a duré assez longtemps,
autrement nous aurions peine à nous expliquer comment
nous serait parvenu, après un laps de près de trois cents
ans, un nombre relativement important des cartes et
caîers du Vénérable Dom Michel, et vraisemblablement
dans la caisse elle-même où ils étaient renfermés au
xvii® siècle.
*
* #
Du Père Maunoir et de ses nombreuses missions à
Douarnenez (1) nous mentionnerons seulement ce don de
seconde vue, on dirait aujourd'hui de télépathie, par
(1) Voir sa VU, par le Père Séjourné.
-86 -
lequel, préchant dans Téglise de Saint-Michel, le 7 Juin,
il parla de la bataille navale qui se livrait au même
moment à Tembouchure de la Tamise. On trouve, aux
Archives départementales (E. 344), un récit détaillé de
cette bataille. Voici Hntitulé de ce manuscrit : « Jour-
nal contenant la route et la relation du combat que les
vaisseaux de France et ceux d'Angleterre ont rendu con-
tre les Hollandais dans la campagne 1672; lequel a été
faict, dans le vaisseau du Roy nommé Le Brave com-
mandé par M. de Vallbelle, par le sieur le Moyne ».
Une œuvre qu'on peut attribuer à la vénération du Père
Maunoir pour son saint mattre, Monsieur Le Nobletz, c'est
la construction de la chapelle de Saint-Michel à Douar-
nenez.
•Voici comment le Vénérable Père Maunoir raconte
l'érection de cette chapelle de Saint-Michel, dans une vie
manuscrite qu'il a laissée d'une femme de Quimper,
Catherine Daniélou, qui éprouva elle-même, en plusieurs
occasions, une protection singulière de la parb de l'Ar-
change saint Michel :
« Catherine Daniélou a coopéré à l'érection de la cha-
pelle de Douarnenez, au lieu où le Père Michel Le Nobletz,
renommé pour ses vertus et miracles, avait demeuré l'es-
pace de vingt-trois ans à diverses reprises.
(( Notre-Dame révéla à Catherine, trois ans devant qu'on
bâtit cette église, qu'un jour il y aurait à Douarnenez une
chapelle autant fréquentée que Sainte-Anne d'Auray.
(C'est le plus insigne pèlerinage de Bretagne) (1).
« Dès que le Père Maunoir — que le Père Michel élut
pour son successeur vingt-deux ans devant sa mort —
conçut le désir de faire bâtir ce lieu de dévotion, cette
servante de la Vierge l'encouragea dans son dessein. Le
(1) Le vénérable Père MAUooir écrit vers l'an 1670.
- 87 -
recteur de Ploaré (1) et les babîtants de Douarnenez n*y
avaient aucune inclination, ce simple peuple se formait
mille chimères, s'imaginant que si cette chapelle était
une fois bâtie, ce serait la perte de toute cette république.
(( Enfin, par le conseil de Catherine, Madame de Prat-
glas, ayant acheté la maison où avait demeuré Thomme
de Dieu, gagna Monsieur TEvéque pour ce pieux dessein.
« On avait déjà entendu par neuf fois sonner diverses
sortes de cloches dans ce lieu, encore qu'on n*en eût vu
aucune. On a fait information juridique de cette merveille.
« Monseigneur de Cornouaille (2), qui n'avait pu mar-
cher depuis six mois, se fit porter en cette maison de
l'homme de Dieu en compagnie de M. Amice, son pro-
moteur, de MM. les Recteurs de Ploaré et de Ploulan
(PouUan), des Révérends Pères Alain de Launay et Julien
Maunoir, et d'un grand peuple de la paroisse de Ploaré et
de la ville de Douarnenez.
« En ce même jour il appuya sur ses pieds, commença
à marcher, le lendemain il entendit la messe à genoux ;
depuis six ou sept mois il n'avait pu fléchir les genoux ni
faire un pas, ni appuyer sur ses pieds. Ensuite de ce
voyage, il se porta de mieux en mieux, dit la messe, con-
féra les ordres, fit sa visite, prêcha dans sa cathédrale,
chanta les trois messes de Noël en Téglise Saint-Corentin,
à l'âge de quatre-vingt-trois ans. En conséquence, Mon-
seigneur ordonna qu'on bâtit une chapelle en l'honneur
de saint Michel Archange dans le lieu où avait demeuré
M. Le Nobletz près de vingt-trois ans.
« Le 12« d'Août 1663, fut posée la première pierre de
l'église de Saint-Michel ; et depuis, plusieurs pèlerins
abondent tous les jours en ce lieu des Evéchés de Léon,
(1) Paroisse qui oom prenait alors la ville de Douaroeoex.
(3) Mgr Reoô du Lonet, é?éque de Quimper, 1649-1668.
— 88 -
de Cornouaille, de Tréguier et de Vannes. Mgr de Cor-
nouaiile a donné quarante jours d'indulgence à ceux qui
visiteront cette chapelle le mardi, chaque jour du mois de
Mai, à ceux qui communieront et y feront dire la messe.
N. S. Père le Pape Alexandre VII a donné indulgence
plénière à ceux qui se confesseront, communieront et
visiteront ce lieu le 1®' dimanche d'après Saint-Michel.
(( Catherine Daniélou fit de grandes prières pour attirer
les bénédictions du ciel sur ce lieu ; sa bonne maîtresse
(la Sainte*Vierge) lui communiqua le plan et la forme de
la chapelle comme elle est à présent, il n'y avait que 7 1.
d'assurées pour commencer cet ouvrage, qu'on avait reçues
lorsqu'on planta la première croix devant le lieu destiné
au saint édifice. Elle lui ordonna de dire à son directeur
(au P. Maunoir) de prendre courage, que rien ne man-
querait, et que quand il faudrait couvrir la chapelle d'ar-
gent, il y en aurait aôsez. L'effet fit voir la vérité de la
prophétie : en trois jours on reçut 1.100 1., et la première
année 7.000 1. ; de plus, cette surintendante de ce bâtiment
(la Sainte-Vierge) donna charge de faire le mois de Mai,
les premières années, la mission, ce qui fut fait ; on peut
dire sans hyperbole que dans chaque mission plus de
quatre-vingt mille personnes y assistèrent chaque année
avec des conversions extraordinaires.
(( Depuis le commencement de la bâtisse jusqu'à pré-
sent, on fréquente presque tous les jours cette place dévote.
Les miracles qui ont été faits en faveur de ceux qui s'y
sont voués sont sans nombre, bien avérés. On peut voir
une partie de ces grâces dans le recueil des miracles que
Mgr de Cornouaille a approuvé » (1).
Un cantique breton, composé par le P. Maunoir, con-
serve encore la mémoire de toutes ces merveilles.
(1) Extraits des vies de M, Le Nohlet% et de Catherine Daniélou, par
le R. P. MiuifOiR, s. J.
- 89-
Monsienr de Gornonaille a oidonné
Qa'à Dooamenez, an liea où a demeuré M. Le Nobletz,
A Porzra près de la mer fat élevé nne chapelle *
A la gloire de Dieu et en Thomieiir de Monsieiir saint Michel.
Nenf fois les anges du ciel ont fait entendre le son
D'une cloche invisible an lien où il a demeuré :
Prenez courage, et hàtez-vous, chrétiens,
Neuf sons ont scmné, il est temps de venir à la messe.
Beaucoup de pèlerins sont venus de bien loin
Pour visiter cette chapelle, et bien sûr
Que les seuils, seroient-ils de fer, en seront usés
Par les pèlerins que Dieu y envoie.
Voici les premiers couplets de ce cantique breton qui
se trouve dans l'ancien recueil des cantiques du Père
Maunoir.
Micael Noblet, guir mignon dar Rouanes ar bet,
G'hui so bet en ho puez tensor bras cuset,
Hoguen gant ar Bretonnet e viot disoloet,
Goude an oU poaniou bras oc'heus bet anduret.
Ebars en ho ti santel ar Groas oc'heus dougnet,
0 clasq distrei oc*h Doue ar bec'herien dallet,
Quiteet oc'heus ho preodeur querent ha mignonet
Evit ma halsac'h liproc'h catec'hisa ar bed.
Bon tat lenn a drugarez petra livirit-hu ?
Bac e viot er Barados leun a gloar e peb-tu,
Pidi a ran evidoc'h ma vizacli pardonnât,
Evit ma teuziac'h em zi eleac'h émeus chomet.
Ebars e Douamenes ezoa va demeuranç,
Ne falle quet din neuse frecanti an Noblanç,
Nemet gant tut paour a simpl ezoan neuse hantet,
Dezo e roen va bennos ha dar re af fliget.
Tivit va Douamenezis mar émeus o quiteet.
Ne doc'h quet dirac Doue gneneme ancounecliet
Gant un dévotion bras donet a reot em zi,
Da bresanti ho calon da Jésus ha Mari,
-90-
An Antroii Qnenie en d'ans guit e ch'raç ordrenet,
Ma yifle e Douamenee e leac'h m'émeus chomet,
E Porzu tostic d'ar mor batisset ar Ghapel,
Da c'hloar Doae hac enor Antioa Sant Michel»
An Mlez ar Barados o d'eus nao gueich sonnet,
Ur c'hloc'h invisibl, e leac*h m'emeos gaeicbal chommet,
Qaemerit cooraich eta, d^;)echet Ghristemen,
Nao son so bet, prêt eo monet dan Offeren
Cals a Belerinerien a sui a peL bro,
Da visita or Ghapel savet a neves-so,
An traison pa ve a aour a vexo sur nset»
Gant ar Pelerinet, a vezo inspirât.
Er Ghapelic Sant Michel graçon a vezo roet,
Ha re va Mœstres paissant pidi Salvet ar bet,
Ar re mat a bresego, ar re dall a veio»
Ar re mut a bresego, ar re dall a vélo.
Ar re bousar a glevo, ar re cam a gaerso,
Ar re boasar a glevo, ar re cam a gaerso,
Hac ar re so afiiget, soalaich o deveso,
Hac ar re so afliget, soalaich o deveso.
Les Peintures de la Chapelle SAmi-MiCHEL
Au-dessus de la porte principale, sous le clocher, on lit
cette inscription :
Mre . HIE : PAILLART : REGT : DE : PLOVARE :
MICHEL : POVLLAOVEC : FABRIQVE ; 1664.
Sur le petit clocher à dômes superposés se trouve la
date de 1665.
L'édifice affecte la forme d'une croix, avec Tabside et
les deux branches du transept terminées en hémicycle.
L'autel est surmonté d'un retable à colonnes torses
contenant les statues de saint Michel terrassant le dra-
gon, la Sainte-Vierge, sainte Anne et, en haut, la Sainte-
Trinité.
- 91 ~
Au fond du transept Sud est un tableau sur toile repré-
sentant une apparition de la Sainte-Vierge à Michel Le
Nobletz : TEnfant-Jésus lui présente trois couronnes ; le
vénéré missionnaire est à genoux et un lys à ses pieds.
Une inscription porte ce texte : Le révérend Père Michel
Le Nobletz mourut en 1652, âgé de 76 ans.
Ce qui fait Vintérét de cette chapelle ce sont les pein-
tures historiques et symboliques qui ornent et recouvrent
entièrement le lambris ou plafond en bois, et qui ont été
exécutées dans la période de 1667 à 1675, comme nous
rapprendront les inscriptions et dates dont nous nous
occuperons à la fin.
Dans l'abside sont représentés les quatre évangélistes :
saint Marc, saint Mazé, saint Luc, saint Jean, puis les
quatre grands docteurs d'Occident : saint Hiérosme, saint
Ambroise, saint Augustin et saint Grégoire.
Ensuite viennent des scènes de la vie de la Sainte-
Vierge et de Notre-Seigneur ou des représentations figu-
ratives ayant trait aux différents ministères des anges
auprès des hommes; nous les citerons dans Tordre où
nous les trouvons pour suivre tout du long la série, quoi-
que ce ne soit pas toujours la suite logique et chronolo-
gique, particulièrement dans Thistoire de Notre-Seigneur.
Au bas de chaque tableau est un texte que nous donne-
rons, avec la description du sujet, quand il y aura lieu.
1. Auprès de saint Marc, du côté de l'Evangile : la con-
ceptioa de la Sainte-Vierge ; — sainte Anne et saint Joa-
chim sont en vénération et en contemplation devant la
Vierge Immaculée apparaissant dans les nuages, cou-
ronnée de douze étoiles. Au-dessus plane le Père-Eternel
bénissant, la main gauche posée sur le globe du monde, la
tète parée du nimbe triangulaire.
2. Nativité de la Sainte-Vierge; — une femme porte
des gâteaux dans un plat.
— 92 —
3. Présentation de la Sainte- Vierge.
4. L'Annonciation ; — ou plutôt la moitié de cette scène,
car il n*y a ici que Fange Gabriel ; et la Sainte-Vierge,
qui est le complément du tableau, se trouve en face de
l'autre côté.
5. Dans le transept Nord : Lange nous arme ; — un ange
donne une croix à un enfant que le diable menace de sa
fourche.
6. Lange nous anseigne; — un petit enfant écrivant,
l'ange lui montre un livre.
7. Lange qui nous esclaire ; — il tient un flambeau
allumé.
8. Lange de dévotion ; — il tieut un gros chapelet.
9. Lange de paix; — il tient une couronne et une
palme.
10. Lange chef de larmée de léternel; — tenant un
glaive.
11. Lange gardien ; — - conduisant un enfant.
12. Lange tient Satan enchaisné.
13. Lange envoie pour nous défendre ; — il tient un
bftton et un glaive.
14. Lange porte cierge bénist ; — il tient un cierge et
une couronné.
15. Lange qui donne Lo contre le diable ; — il tient un
bénitier et un goupillon.
16. Lange nous mène à la pénitence ; — il conduit un
enfant dans un confessionnal.
17. Lange nous mène à la sainte communion.
18. Lange nous assiste à la mort ; — il exhorte un mori-
bond et le démon s'enfuit.
19. La salutation de lange ; — la Sainte-Vierge faisant
pendant à l'ange Gabriel dans la scène de l'Annonciation.
20. La résurrection de Nostre Seigneur.
21. Lascension de Nostre Seigneur.
— 93 —
22. La descente du S. Esprit sur les apostres.
23. Le mariage de la sainte Vierge.
24. Saint Michel chassant Lucifer du Paradis.
25. La mort du juste.
26. Passant du côté de TEpitre, au bas : Les anges mon-
tent et descendent dans léchel de Jacob.
27. Lapparition de saint Michel ; — c*est la manifesta-
tion du mont Gargan ; on voit le bouvier lançant sa flèche
vers la caverne.
28. Le Sauveur Jésu crucifié.
29. Jésu portant sa croix.
30. Jésu est couronné d*épines.
31. La flagellation du Sauveur.
32. La prière au jardin.
33. Dans le transept Sud : Nostre Seigneur disputant ;
— au milieu des docteurs.
34. Nostre Seigneur est adoré de trois rois.
35. Nostre Seigneur est né en Betlem.
36. Prends la f de Jésus -Christ ; — ange tenant une
croix.
37. Saint Paul.
38. Dom Michel le Nobletz, prestre ; — il est représenté
en surplis et en étole, les mains jointes.
39. Mère de Dieu P. P. N. (priez pour nous) ; — la sainte
Vierge les mains jointes.
40. Sauveur du monde A. P. D. N. (ayez pitié de nous).
41. Saint Michel.
42. Saint Pierre.
43. Si tu veux une couronne de gloire ; — ange portant
une couronne de roses. (Le panneau est le complément
dun<»36.)
44. La Vierge est couronné reyne des anges et des
hommes.
45. La Vierge est ensevelie par les apostres.
- 94 —
46. Le trépassement de la Vierge ; — la sainte Vierge
est sur son séant» entourée des apôtres, dont Tun porte la
croix et un autre un cierge allumé.
47. Au chevet ou abside : La Visitation de la Vierge.
48. La purification de la Vierge.
49. Lassoroption de la Vierge.
Autour de la clef sculptée qui est à la croisée des tran-
septs se trouvent les inscriptions suivantes :
N . H . LANLARCH . GOUVERNEUR . 1674.
M'«. GVILLAVME . PAILLART. RECTEVR . 1675.
PEINCT . PAR . LE . SIE VR . DE . PRATANBARS . 1673.
M'. MICHEL . CONAN . POVLLAOVEC . CVRE.
V. ET . DISCRET . G .PAILLART . DOCTEVR . 1692.
H . H . ALAIN . SAVIDAN . GOVVERNEVR . 1675.
MESSIRE . JAN . COVLLOCH . CVRE . 1673.
MESSIRE . HIEROSME . PAILLART . 1667.
Les comptes de la chapelle Saint-Michel qui sont con-
servés aux Archives départementales nous donnent quel-
ques détails intéressants sur sa fondation, sur les orne-
ments dont elle était pourvue et sur quelques marchés
conclus pour son embellissement ; nous donnons ici un
extrait du compte de 1672-1673 rendu par Guillaume
Coulloc*h, gouverneur et trésorier :
« Se charge le dit comptable de deux contrats sur velin
concernant le fondement de la dite chapelle, Tun tou-
chant Tapplacement de la mesme chapelle du bout devers
rOccident acquis du temps de la charge du sieur Michel
Poullaouec, premier gouverneur d*icelle d'avecq hono-
rable femme Marguerite le Gludic, veuffve de Jean Lozeach,
daté du trantieme jour d'Octobre 1663 et l'autre pour Tap-
placement du cloistre acquis d'avecq André Bretivet et
aultres par Missire Louys Grivart aussy gouverneur, le
29°^^ Juillet 1668, au rapport de Lyminic, notaire*
— 98 —
« Se charge de quatre calices dont deux grands dorés
et deux plus petits d'argent, de quatre missels, deux
orceaux d'argent, dix chasubles de diverses couleurs,
quatorze nappes garnyes de dentelles, deux aubes gar-
nyes de belle dentelle et sept autres de petite dentelle, etc.,
sept devant d'autels. »
On y voit figurer une chape et deux tuniques de satin ;
en ex-voto : « Trois cœurs d'argent, un double cœur d'ar-
gent, trois chapelets de cristal où il y a des croix et mar-
ques d'argent, un chapelet de coral avec croix d'argent )>.
Au mois de Juin, le comptable a reçu en offrande 138
livres, « comprins les foires de la Pentecôte et le dimanche
de la Trinité ». La somme totale des offrandes pour l'année
est de 450 livres environ.
A l'article de la décharge, nous relevons ce qui suit :
« Payé en deux tunicques, fanons et estole de satin à
fleur blancq pour décorer et orner la chape de mesme
étoffe, 50 livres 10 sols.
(( A MM. le recteur, curé et prestres pour leur assis-
tance à l'ofBce divin tant le jour de la feste de Monsieur
S^ Michel que le dimanche ensuyvant jour du pardon,
13 livres 10 sols.
« Pour ayder à la dépense faite par les Révérends Pères
Jésuites pendant la huitaine du pardon, 4 livres 10 sols.
« Le jour que Monsieur de Plouere, les sieurs Lozeac'h
etPouilaouec furent pourdebvoir traiter avec maître Paul
au sujet de la sculpture des deux imaiges de S^ Joseph et
S^ Joachim avec leurs custodes, payé en la collation : 50 sols.
« Plus le jour qu'il fut accordé en la maison de l'église
à Plouere avec le dit Maurice Paul et Jan Paul son fils,
tant pour la sculpture que pour la peincture et dorure des
dites imaiges, payé en collation 28 sols.
(( Pierre Larroue quy avoit fourny les ferailles qui atta-
chent les dites imaiges et custodes, payé 9 livres.
— 96 -
« Au désire du marché passé avec les dits Maurice et Jaa
Paul le 24« Octobre dernier a payé le sept Janvier (1673)
340 livres pour la sculpture, peinture et dorure des dites
imaiges.
« Pour les frais de la mission faicte jusqu'à ce jour
16 May, payé, sans compter le vin payé par Monsieur de
Ploueré, 18 Jivres.
« A M. le recteur de Plouere pour son tiers des ofiran-
des tombées dans la dite chapelle pendant Tannée de la
charge du comptable : 151 ^ 12^ 3"*. ))
Ce compte fut présenté à Gourlizon le 17 Mai 1673 et
approuvé par M. Louys Deshayeux, officiai de Cornouaille,
et Guillaume Cariou, promoteur.
(A suivre.)
CARTULÂIRE
DE L'ÉGLISE DE QUIMPER
(Suite.)
474.
JEAN RIOU REQU MA6ICOT <•)
Â
23 Avril 1406. -
Aano Domioi M^ quadrigentesimo sexto, die xxiu* men-
sis Aprilis circa horam tercîarum in ecclesia Corisopitensi
indicione XIIII, pontificatus domini Benedicti pape XIII
anno XII<>, presentibus ad hoc, Magistris et dominis J. de
Kaer archidiacono Cornubie, O.Hospitis, J.Corric, A. Pen-
quelennec, J. de Misperic, R. Penquelennec, J. de Treanna,
H. de lûsula, Sulguen, G. Marhec canonicis et aliis, fuit
receptus dominus Johannes Rioci presbyter, in macico-
tus (aie) et corista ecclesie Corisopitensis et juravit tenere
statuta laudabilia dicte ecclesie, etc. et fuit institutus in
cappellania de Plumalunc (?) etc. q Serrelagat.
475.
GUILLAUME DE KERAUDiERN REQU CHANOINE ^)
- 13 Août 1406. -
Anno Domini M9 quadrigentesimo sexto die xiii'' Augusti
fuit admissus Magister A. Penquelennec procura tor et
(1) Cart. 31, t* 69.
(2) Cart. 31 , f 60.
BULLBTIN DE LA Ck)llllI88ION DIOCiSAINB. — 8* aDDéO. 7
— 98 -
procuratorio nomine domini Guiilermi de Kaer Âudierae
in canonicum et in fratrem ecclesie Corisopitensis, adep-
tus est possessionem et statuta juravit, etc., presentibus
domiûis canonîcis Magistris Oliverio Hospitis, Johanne
Corric, Guillermo Militis, Herveo Sulguen, Johanne
Treanna, Petro Militis, Johanne Misperit, Rodulpho Pen-
quelennec. Kehcarf.
476.
JEAN LE MAOUT PAIE L'AMENDE (<'
— 3 Janvier 1407 (n. 8.}. —
Anno Doraîni M» quadringentesimo sexto, die tercia
mensis Januarii hora matutinarum illius diei, indictione
XV* pontificatus Sanctissimi in Christo Patris ac domini
domini Benedicti divina providencia pape XlIIianno XIII^
in mei puplici notarii et testium infra scriptorum pré-
sencia personaliter constitutus dominus Johannes Muto-
nis presbyter, unus de septem curatis ecclesie Corisopi-
tensis, emendavit Capitulo Corisopitensi capitulanti in
suo Capitulo, propternonnullos excessus, ad viginti libras
monete currentis dequibus débet solvere centum solidos
ad ordinacionem Capituli predicti, residuum autem sibi
remisit predictum Capituluin misericordia et pielale duc-
tum, presentibus dominis Guidomaro Guezenec, Yvone
Heleiz presbyleris.
Datum ut supra.
Kercauf, pro instrumento.
(l) Carl. 31, f- 50.
— 99 —
477.
GEOFFROY KEROUERN REQU MACICOT^*)
- 15 Août 1407. -
Addo Douiini M^ CCCC<> sexto die veneris post festum
purificatioûis béate Marie Virginis, presentibus in Capi-
tulo dominis et magistris Herveo Sulguen, Oliverio Hospi-
tis, Guillermo Le Marhec, Johanne Corric, Alano Penque-
lennec, Johanne Treanna, Petro Militis, Johane Misperit
canonicis et aliis,fuit Gauffridus Kerouern clericus recep-
tus iamacicotum ecclesie Corisopitensis et juravit statuta
laudabilia ecclesie observare. q Serrelagat.
478
YVES TORZELLEC REQU M&CICOT (')
- 16 Avril 1407. -
Anno Domini M^ quadrigentesimo septimo, die veneris
XV' Aprilis, juravit Yvo Torzellec clericus tenere statuta
et consuetudines laudabiles ecclesie Corisopitensis et fuit
procreatus in mancicautum.
479
PRESTATION DE SERMENT (''
- 10 Juin 1407. -
Anno Domini Mo quadrigentesimo septimo, di& décima
mensis Junii ego Yvo Kerconnyn juravi statuta, etc.
In eadem die juravit Guillermus an Moinn.
(1) Cart. 31, f« 66.
(2) Cart. 31, ^ 64.
(3) Cart. 31, f* 42.
— 100 —
480.
GUY MOEL PRÊTE SERMENT (*)
- 11 Juin 1407. -
Ego Guido Moêl jure statuta consuetudines et obser-
vancias laudabiles ecclesie Corisopitensis et reverenciam
exhibere antiquioribus me in dicta ecclesia.
Datum die sabbat! in festo beati Barnabe apostoli.
Anne Domini M^ quadrigentesiuio septimo.
G. MoEL, ita est.
481.
RÉCEPTION DE MACICOTS(')
- 6 Février 1407. -
Anne Domini M** quadrigentesimo septimo, die lune
post festum purificatiônis Béate Marie Virginis, fuerunt
recepti in macicotos per dominos de Capitulo, Johannes
Poulpic, Johannes Andrée et Natalis Potdu qui jurave-
runt statuta et consuetudines ecclesie servare.
Penquelennec.
CLEFS DE L'ÉVËCHÉ REHISES AU CHAPITRE,
LE SIÈGE VACANT <')
- 3 Mal 1408. -
Anno Domini M<^ quadrigentesimo octavo die tercia
Maii, indictione prima pontificatus Benedicti pape XllI
anno XIII^ presentibus dominis Johanne Mutonis, Hen-
rico Locquilec et aliis, sede vacante per mortem defluncti
(1) Cari. 31, f 67.
(1) Cart. 31, f^ 20.
(3) Cart. 31, f* 50.
— 101 —
T. Corisopitensis (episcopi) Guillermus Moilland reddidit
in Capitulo Corisopitensi claves domus épiscopalis Cori-
i4oe - 1-iie
483
BERTRAND DE ROSMftDEC REQU CHANOINE ('>
- 2 Juin 1408. ~
Anno Domini M^ CCCC^ VIII^ die secunda mensis JuDii
hora prime vel circa, indictione prima pontificatus domini
Benedicti, annoXIIIIo, presentibus domino Oliverio Quoet-
perec presbytero magistro Johaûne Quoetanezre, domino
Yvone Kercarfl rectore de Loco Petroci et aliis, venera-
biles viri Capitulum Corisopitense receperunt venerabilem
virum Magistrum Bertrandum de Rosmadec in canoni-
cum et in fratrem hujus ecclesie et in possessionem pré-
bende quam obtinere solebat defiunctus Magister Guiller-
mus Marhec in ista ecclesia,quiquidem Magister Bertran-
dus juravit ad SanctaDei Evangelia, statuta hujus ecclesie
et consuetudines laudabiles observare ut moris est.
Acta fuerunt hec in Capitulo seu loco capitulari con-
sueto in ecclesia Corisopitensi. ^j^ Scahunec.
HERVÉ BÉ6UEC REQU MACICOT (')
- 6 Juillet 1408. -
Anno Domini M9 quadrigentesimo octavo, die veneris
(1) Cart. 31, f* 51.
(2) Cart. 31, ^ 46.
— 102 —
post octabas festi beatorum Pétri et Pauli Apostolorum,
dominus Herveus Begueuc presbyter fuit receptus in ma-
cicotum ecclesie Corisopitensis et juravit statuta et con-
suetudines laudabiles ecclesie observare, presentibus do-
mino Herveo Mathei presbytero et Yvone Buhulian, etc.
G. BONVALLON.
485.
SACRISTE PRÊTE SERMENT (')
— 2 Novembre 1408. —
Anno Domini M^ quadrigentesimo octavo, die secunda
mensis Novembris, indicione secunda et ab eleccione do-
mini Pétri de Luna vocati alias Benedicti de Luna XIIlî
in papam electi, anno XW^, fuit receptus Magister Thomas
de Lesmouez in sacristam ecclesie Corisopitensis; qui qui-
dem Magister Thomas juravit statuta laudabilia et con-
sueta dicte ecclesie servare et inutilia evitare pro posse.
Datum ut supra, presentibus ad hoc domino Johanne
Mutonis procuratore S^iChorentini,YvoneMesanlez cliente
domini Episcopi Corisopitensis in suis Rekaeriis, Karolo
Anschieri Darcelli, Yvone an Prodomme clericis et aliis.
G. Serrelagat.
486.
ALAIN DE TREANNA REÇU MAGICOT^')
— 28 Décembre 1408. —
Anno Domini M^ quadrigentesimo octavo die sabbati
post festum nativitatis domini, fuit Alanus de Treanna
clericus creatus in macicotum ecclesie Corisopitensis in
(1) Cart. 31, f^ 32.
(2) Cart. 31, ^ 57.
— 103 —
Capitulo, qui quidem Âlanus juravit, ad sancta dei Evan-
gelia, statuta ecclesie observare et alia facere, etc..
An Scahunec.
487
EMPRUNT DE LIVRES (')
- 22 Juin 1409. -
Anno Mo quadrigentesimo nono, die sabbati, vigesima
secunda mensis Junii, Ego Johannes Perfecti canonicus
Corisopitensis recepi decretales Capituli incipientes in
secundo folio textus ipsius.
Item, recepi decretum, — item, psalterium glossatum.
Anno Mp quadrigentesimo vigesimo tercio, die décima
Marcii predictus Magister restituit in Capitulo predictum
librum et eciam coliecionem divinorum ofiBciorum.
Johannes Hasgoet.
488.
VERSEMENT
FAIT PAR LE GOUVERNEUR DE NOTRE-DAME DU 6UEAUDET
AU CHAPITRE (')
— 13 Février 1410 (n. s.}. -
Anno Domini M^ quadrigentesimo nono secundum com~
putacionem ecclesie Gallicane, tercia décima die mensis
Februarii, Pontiûcatus domini Alexandri pape quinti,
anno primo, me notario publico et testibus infrascriptis
presentibus, solvit in Capitulo ecclesie Guillermus Jacudon
yconomus seu procurator capelle Béate Marie de civilate
in villa Corisopitensi,Magistro Oliverio Hospitis canonico
dicte ecclesie Corisopitensis receptori anniversariorum
(1) Cart. 31, f* 22.
(2) Cari. 31, f- 43.
— 104 —
ejusdem ecclesie, quadraginta solidos monete qsualis
annui redditus debiti dicto Capitulo de et super troncho
dicte capelle et hoc pro anno presenti de et super anni-
versario Johannis Veritatis de quibus ipse procurator
Capituli quittavit dictum yconomum, presentibus Guil-
lermo Ruffi et Johanne Kerléuc juniore testibus.
G. Bon VALLON Y.*
489.
DE ANNIVERSARIO PRO CADAVERE INTRANTE CHORUH <«)
- 28 Octobre 1410. -
Die jovis xxiii* meusis Octobris. Anno Domini M<> qua-
drigentesimo decimo, in crastino Synodi S^^ Lucœ Evan-
geliste in Capitulo generali, fuit per Capitulum hujus
ecclesie Corisopitensis statutum et ordinatum morem et
observantiam antiquam observando, quod nullum cada-
ver admittatur intra chorum ipsius ecclesie ad suum
servicium pro mortuis ibidem faciendum, nisi prius fun-
daverit, seu pro ipso defuncto fundatum fuerit unum
anniversarium annuatim perpetuo in ipsa ecclesia facien-
dum, tantum pro ipso introitu et admissione in ipsum
chorum pro suo hujusmodi servicio faciendo assignatum
fuerit, quantum datur pro anniversario faciendo in ipsa
ecclesia, aliter non admittatur, exceptis in premissis,
principibus, Episcopis et notabilibus prselatis, ac militi-
bus et canonicis ipsius ecclesie, nec non illis qui capel-
lanias perpétuas per se personaliter, non per predeces-
sores, vel alios in ipsa ecclesia fundaverunt.
De non eircuUndo chorum eum cadavere.
Item fuit statutum et ordinatum quod nullum cadaver
(1) Cart. 56, f 57.
— lOS —
portetur per circuitum chori ipsius ecclesie ab extra
ipsum chorum quasi processionaliter, vel aliter ipsum
chorum circuiendo, nisi cuilibet canonico residenti ad
ipsius canonici (electionem) detur una oblata vim boni,
vel duo solidi et decem deoarii, et capellanis majoribus
et ministris ipsius ecclesie quatuor oblata vini, vel simili
modo duo solidi et octo denarii pro qualibet oblata ad
ipsorum capellanorum et ministrorum electionem.
De non accommodando ceratn*
Item, observando antiquas consuetudines et morem ab
antiquo servari solitum,et aliter in ipsa ecclesia juratum,
innovando fuit ordinatum cum juramento, quod cera et
faces et intortitia post servitium deffunctorum ad ipsum
Capitulum spectantia et proveniencia non tradantur,
accommodentur, vel mutuentur, seu quovis qui sit colore
assignentur pro servitio seu officio pro aliquo cadavere
seu deiluncto in ipsa ecclesia seu alibi fiendo.
De servitio cadàveris cum cadavere cum cera.
Item quod parentes et consanguinei dedunctorum et
alii quorum interest, teneantur intra qulndecim dies, a
die sépulture cadàveris vel deffuncti hujusmodi imme-
diata sequenti, facere fieri suum servitium in ipsa ecclesia
vel alibi ubi fuerit fiendum, alioquin cera, faces, intors-
ticia quse in sepultura etoflicio ipsius fuerant et ad ipsum
Capitulum et canonicos devenire debent, dividantur, lapsis
dictis quindecim diebus, inter canonicos qui servitio
ipsius sepultursB interfuerunt, gratia canonicorum ipso-
rum, si quali more capitulari facere noluerint, in pree-
missis salva.
De cera famUiarum canonicorum.
Item, eciam, innovando antiquam consuetudinem ipsius
— 106 -
ecclesie diutius observatam, ut de ea in posterum non
hesitetur, sed de ea in libro statutorum hujusmodi appa-
reat, fuit ordinatum quod cera, faces et intorsticia, sive
faces qudB esse contigerit in servitio alicujus deffuncti
familiaris, domestici, commensalis canonicorum dicte
ecclesie cédant et pertineant penitus illi canonico cujus
hujusmodi defiunctus extiterit sic familiaris.
490.
RÉCEPTION DE MACICOTSO)
- 1411. -
Ânno Domini M*' undecimo, die veneris quinta mensis
Junii, f uerunt creati in macicotos presentis ecclesie, domini
Guillermus Rioc presbyter, Johannes Lathomi, et Marcus
^*^^^* Jo. Perfecti.
Anno quo supra, die lune vigesima secunda mensis
Junii, dominus Alanus an Goezgoez presbyter fuit recep-
tus in macicotum ecclesie, qui juravit statuta.
Anno quo supra, die sexta mensis Augusti, Daniel de
Porta fuit creatus in macicotum presentis ecclesie.
Jo. Perfecti.
Anno supra dicto, die veneris septima Augusti, domi-
nus Henricus Floc'h fuit receptus in macicotum ecclesie
et juravit servare statuta. jq Perfecti.
(A suivre.)
(1) Cart. 31, f 42, 43, 46 et 63.
- 107 —
NOTIGÊ
'l ^1
SUR LES
PAROISSES DU DIOCÈSE DE QUIMPËR ET DE LÉON
Par MM. PETRON et ABGRALL.
(Saite.)
DOUARNENEZ
(Fin.)
Sainte-Hélène
Cette chapelle était celle où se desservait le prieuré de
rtle Tristan, au moins depuis la disparition de la chapelle
Saint-Tutuarn dans l'île.
L'édifice actuel, dont l'ensemble remonte jusqu'à la fin
du xv<» siècle, a été réparé à diverses époques, notamment
vers le milieu du xviii» siècle, car il tombait en ruines,
et c'est à cette circonstance que nous devons de posséder
un relevé des armoiries et prééminences de la chapelle
avant sa restauration.
Le procès-verbal est dressé, le 17 Janvier 1732, par
« M^ Jan Bernard Bourriquen, sieur de Quenerdu, advo-
cat à la Cour, sénéchal et seul juge de la juridiction du
prieuré de l'île Tristan, en présence de M<) Joseph Bernard
Demezit, advocat à la Cour et substitut du sieur procu-
reur d'oiBce de cette juridiction ».
— 108 —
Après avoir constaté que les murs sont lézardés, ils
déclarent a que dans la maîtresse vitre, il y a un grand
écusson en supériorité parti de France et de Bretagne ;
que plus bas et au côté de TEvangile est un écusson :
d'aeur au léopard rampant d'argent armé et lampasaé de
guetUe, chargé au poitrail d'un lozange d'or ; qu'au vis-à-
vis, côté de TEpitre, est un autre écusson : d'azur à Vélé-
phant d'argent chargé d'une tour d'or.
« Au bas de la dite vitre, côté de TÉpître, est un écusson
portant : d'azur à la tour d'or.
« Dans la vitre à gauche de la précédente, au-dessous
des armes de France et Bretagne, est un écusson, côté de
FËvangile : d'azur au sautoir d'or cantonné de quatre croix
d'or, et un autre au côté de l'Epître : d'azur à la tour d'or.
Ces deux mêmes écussons sont dans la vitre au-dessus de
la sacristie. Ce sont les seuls écussons trouvés dans la
chapelle. »
Dans cette chapelle, on trouve encore des restes de
vitraux dans deux fenêtres au bas des collatéraux.
Fenêtre Nord : Baiser de Judas. — N. S. devant Pilate.
— Crucifiement. — Résurrection.
Fenêtre Sud : Agonie au jardin. — Portement de croix.
— Jugement dernier. — Donateurs avec inscriptions.
Ces sujets ont dû former un ensemble dans une fenêtre
plus ancienne comprenant trois baies.
Les Archives départementales possèdent plusieurs comp-
tes de fabrique de cette chapelle. Nous y relevons :
En 1637, un inventaire des ornements, qui montre
qu'elle était convenablement pourvue : deux calices en
argent et deux en étain, cinq ornements, une chasuble et
deux tuniques en velours.
On y reçoit du sel « pour droit de mesure », c'est-à-dire
que dans la 'chapelle devait se trouver une sorte de réci-
pient étalon pour la mesure du sel, et ce récipient qui, à
— 109 —
raison de son prix, devait être en bois, était fourni aux
frais de la chapelle ; car au compte de 1644, le comptable
marque : « Pour faire deux mesures à mesurer le sel,
7 s. 60 d. M Le revenu de ce droit n*était pas considérable
et se montait pour Tannée 1637, à 5 1. 13 s. 6 d.
Nous remarquons que la dédicace de l'église se célé-
brait au jour de l'Ascension, que saint Philibert était tout
particulièrement honoré à Sainte-Hélène, ainsi que saint
Cadou, et que l'on paya à Noël Le Gofî, peintre, en 1643,
41 1. 5 s. pour peindre son image.
A l'occasion des prédications de Carême, on offrait au
prédicateur un tourteau de pain et une écuellée de beurre,
plus 18 livres d'honoraires.
En 1637, les Hyrlandais furent à Douarnenez, ce qui
occasionna sans doute un surcroît de dépenses pour les
habitants, car le compte porte : «Avoir preste aux parois-
siens tant des champs que de la ville, lorsque les Hyrlan-
dais furent en ceste ville, 42 livres ».
En 1639, des réparations assez considérables sont faites
sur l'église, des bois sont achetés pour cela à Saint-
Alouarn, en Guengat, et 20 sols sont dépensés a en cinq
aulnes de ruban de soy aux charpentiers pour leurs
faveurs ».
En 1640, les vitres sont réparées par Mathieu Bernard,
peintre (18 1.).
En 1645, Yves Guenea, peintre, reçoit 40 1. 15 s. pour
peindre le dais sur le grand autel, et en 1650, M^ Alain
Madec, peintre, en reçoit 145 livres a pour avoir fait les
deux retableaux des autels de S^ Antoine et de S^ Anne».
*
* #
— 110 —
M. du Beautiez, nous apprend que Douamenez envoyait
un député aux Etats en 1613, mais que ce droit à la dépu-
tation lui fut enlevé vers 1666.
En 1722, un député de Douamenez se présente aux
Etats, mais Tordre du tiers prétend qu'il n*a pas le droit
d'y assister ; les Etats chargent une commission d'exami-
ner les titres de cette ville, et concluent au rejet des pré-
tentions de Douamenez, parce que dans cette localité il
n'y a eu aucune érection de communauté; et ce ne fut que
vers 1835 qu'une commune fut créée à Douamenez, fai-
sant cesser ainsi les conditions anormales dans lesquelles
s'administrait jusqu'alors une paroisse composée de deux
groupes de personnes : les paysans et les marins et négo-
ciants, dont les intérêts étaient absolument divers et sou-
vent contraires.
Cet état de chose avait été de tout temps l'occasion de
démêlés pénibles entre Douamenez et Ploaré, particuliè-
rement lorsqu'il s'agissait d'établir l'assiette des contri-
butions. C'est ainsi qu'en 1737, il est question de répartir
entre les habitants de la paroisse 600 1. d'imposition. Les
délibérants de la section de Ploaré demandaient que la
ville prit la moitié de la charge, et la campagne aurait
pris l'autre; mais les délibérants de Douamenez préten-
daient au contraire que cette imposition devait s'établir
sur l'étendue de la propriété foncière, et ainsi les gens de
la campagne étaient plus grevés que ceux de la ville. Les
paysans répondaient que ce n'était pas à raison de l'éten-
due du terrain qu'il fallait apprécier le revenu, et que les
quelques mètres de terre possédés par les gens de Douar-
nenez avaient plus de valeur que des hectares de terre à
la campagne. Les marins répliquaient que leurs revenus
étaient fort aléatoires et, dans le mémoire de 1737, ils
disaient notamment :
— m —
« La pêche de sardine ayant manqué depuis sept à
huit ans, les a réduits dans une si fâcheuse extrémité
qu'à peine peuvent-ils subvenir à la nourriture de leur
famille ; à joindre, qu'étant tous classés et obligés de ser-
vir Sa Majesté sur ses vaisseaux à sa volonté et d'aban-
donner à cet effet leur famille, il est évident qu'il n'y a
aucun parallèle à faire de gens comme eux avec ceux de
la campagne, qui sont tous gens riches et aisés et ont sans
contredit plus de faculté que tous ces misérables matelots
et autres habitants de Douarnenez. ))
Quarante ans plus tard, la différence d'intérêts entre
Ploaré et Douarnenez ne faisant que s'accentuer, le « géné-
ral » de Douarnenez s'adressa au Parlement pour obtenir
d'avoir au moins un registre spécial et des séances par-
ticulières à Sainte -Hélène pour débattre ses intérêts ;
nous donnons ici cette requête, que nous ferons suivre
d'une lettre du Curé de Ploaré, rectifiant au besoin les
motifs allégués dans la requête.
€ A nos Seigneurs de Parlement
« Supplie humblement le général de Tisle Tristan et
Douarnenez sous le seing de M® Daniel Madezo, notaire
et procureur de plusieurs juridictions, et noble homme
Louis -Jean -Marie Guillier du Marnay, représentant le
dit général et pour cet effet nommé par délibération du
9 Décembre 1781, demandeurs,
(( Disant que le prieuré de Douarnenez et l'isle Tristan,
est un prieuré cure et à charge d'ûmes. Le Prieur est sei-
gneur spirituel et temporel dans l'étendue du prieuré, il
est gros décimateur à la 12® gerbe non seulement des
différentes espèces de bled, mais encore de toutes filasses
qui se cueillent dans le prieuré. Ce bénéfice jouit encore
des deux tiers de la dixme de la paroisse de Pouldergat,
— H2 —
des deux tiers de la dixme de la parcelle de Tretut (Trelas)
en la paroisse de Beuzec-Cap-Sizuo, des deux tiers de la
dixme de la trêve de S<^ Eugen en la paroisse de Primelin,
le tout situé en rÉvéché de Quimper ou de Cornouaille.
« Sans entrer ici dans Tarticulement des autres revenus
de ce prieuré, Ton voit déjà qu'il équivault aux meilleures
paroisses du diocèse, en ne considérant même que Tobjet
lucratif, cependant le général ose assurer que c*est peut-
être le bénéfice le plus mal desservi de toute la province.
« La Cour sera sans doute étonnée que les habitans du
prieuré de risle Tristan et Douarnenez ne reçoivent aucun
secours spirituel de leur prieur, il n'entretient ici ni
vicaire ni curé dans le prieuré. On n'y baptise et Ton
n'enterre point. L'église de S^ Helaine qui en est la prin-
cipale église, celle de S^ Michel qui en est dépendante,
ainsi que la chapelle de l'Hôpital sont regardés comme de
simples succursales de la paroisse de Ploaré, et à peine se
célèbre-t-il une messe basse les dimanches et fesles en
l'église de S' Helaine qui est encore desservie par les prê-
tres de la paroisse de Ploaré, à des heures non limitées et
cela à la commodité des desservants, tantôt à 6 heures,
tantôt à 7, et souvent à 8 heures. Les autres secours spi-
rituels se rendent en la paroisse de Ploaré où les habitans
du prieuré sont obligés d'avoir recours.
« Ces mêmes habitans sont cependant exacts à payer au
prieur ou à son receveur les droits qu'ils doivent à ce
bénéfice tels que dixmes, lods et rentes et autres rede-
vances, il est donc injuste de leur refuser les droits spi-
rituels attachés à ces redevances suivant la maxime cons-
tante : nullum beneflcium nisi propter offlcium.
(( Pour expliquer ce fait extraordinaire voici ce qu'ap-
prend l'ancienne tradition : un prieur de Douarnenez fut
nommé à la paroisse de Ploaré ; il était aimé de ses pre-
mières ouailles, il les engagea à consentir à une union
— 113 —
tacite à la paroisse de Ploaré, union qui n*a jamais été
formalisée ni légale, union contre laquelle le public est
toujours en droit de réclamer par la raison qu'on ne peut
prescrire contre lui, union enfin par laquelle la paroisse
de Ploaré a envahi le prieuré de Vile Tristan de Douarne-
nez quant aux secours spirituels seulement et le prieur,
à' qui cette union était avantageuse, a continué de jouir
dans la suite de la partie lucrative du bénéfice, sans en
faire la desserte. Telle est la conclusion naturelle que Ton
a tirée de la tradition. Mais le général, qui a toujours ses
droits entiers et imprescriptibles, réserve expressément
de se pourvoir contre ces abus et d'intéresser en sa faveur
la bienveillance de la Cour. Le seul objet qu'il réclame
aujourd'hui est de demander que conformément à l'usage
établi, seule prérogative qu'on lui ait laissée, il lui soit
accordé d'avoir un registre séparé des délibérations pour
le prieuré de Douarnenez.
(( Malgré la prétendue union du prieuré à la paroisse
de Ploaré, les habitants de Douarnenez ont toujours joui
de la faculté d'avoir un corps séparé de délibération com-
posé de 12 délibérants choisis et nommés parmi les habi-
tants du prieuré pour toutes les affaires concernant le dit
prieuré, telles que pour la nomination des collecteurs des
rôles des capitations, vingtième et fouages, rôles d'indus-
trie, etc., nomination de sindic tant de la ville que des
grands chemins et tous autres objets publics, le tout par
délibération séparée et distincte de la paroisse de Ploaré.
« Il était absolument nécessaire que Tisle de Tristant et
Douarnenez eut son corps politique distinct de celui de
Ploaré, leurs intérêts sont très différents, les délibérations
du général de Douarnenez roulent souvent sur la pèche,
le commerce et autres matières de cette espèce qui inté-
ressent le sort et le bien-être des habitans. Au contraire,
le général de Ploaré, composé de laboureurs, ne délibère
BULLBTIN DK LA COMMISSION DIOCÏSAINB. — 8* aODée. 8
— 114 —
point sur de semblables objets. C'est donc cette diversité
d'intérêt qui a donné lieu d'établir deux corps politiques
pour ces deux endroits et qui a fait conserver depuis un
temps immémorial cet usage utile.
« L'utilité de cet établissement sera encore plus grande
quand les suppliants auront leur registre particulier.
Dans rétat actuel, leurs délibérations se tiennent avec
beaucoup de fatigue et de peine. Tous les membres de
leur général sont choisis parmi les habitants de Douarne-
nez et ils y ont leur résidence; cependant, au lieu de
s'assembler à S^ Hélaine, qui est la principale chapelle
de Douarnenez et qui est située dans le centre, ils sont
contraints de se rendre à Ploaré, distant d'un quart de
lieue de Douarnenez; si le même jour les deux corps poli-
tiques ont des délibérations à prendre, alors il naît de
nouveaux embarras, de nouvelles entraves et souvent des
disputes très vives.
(( Mais par une continuation de l'abus primordial de la
prétendue union dont on se plaint, toutes les délibérations
tant du prieuré que de là paroisse de Ploaré ont été ins-
crites sur un même registre d'où sont résultés les incon-
vénients les plus essentiels :
« \9 Une désunion constante entre le général du prieuré
et la paroisse de Ploaré ;
« 2<} Une confusion embarrassante pour la formation du
corps politique de la paroisse de Ploaré ;
(( 30 Des dissentions fréquentes dans les délibérations
résultant des partis opposés que formaient les habitants
de la paroisse et ceux du prieuré.
« L'on pourrait ici entrer dans le détail de cette espèce
de guerre intestine, et articuler les faits particuliers qui
ont déjà été soumis à la décision des tribunaux, mais on
croirait abuser des moments précieux de la Cour en fai-
sant cette analyse. On croit avoir suffisamment prouvé
— 115 —
l'utilité et même la nécessité d'accorder au général du
prieuré un registre séparé pour ses délibérations...»
Par arrêt du 7 Juin 1782, le Parlement avait fait droit à
cette demande moyennant que Ton consultât le général
de Ploaré, qu'on obtint son agrément pour le registre
séparé et la tenue des séances du prieuré, en l'église
Sainte-Hélène.
Lettre à ce sujet, du 24 Juin 1782, du recteur de Ploaré,
M. Clerc, à M. de la Tour :
« Mon Révérend Père, les bourgeois de Douarnenez ont
présenté une requête pour demander au Parlement d'avoir
un registre séparé à S^ Hélène pour inscrire les délibé-
rations qu'ils tiennent pour la ville. Pour comprendre
ceci, il faut savoir :
« 1® Qu'il y a à Ploaré le premier et grand corps politi-
que pour nommer les fabriques, veiller aux affaires des
églises, composé de six paysans et six Douarnenistes,
dont trois bourgeois et trois poissonniers, voilà ce qui
constitue le vrai général de Ploaré ;
(( 2o Que pour les affaires particulières de la campagne,
comme pour imposer la capitation, nommer des collec-
teurs, des députés des grands chemins, les six délibérants
paysans ont en outre six autres paysans qui leur sont
adjoints, ce qui forme le général de la campagne ; et
quand il est question des mêmes affaires pour Douarne-
nez, les six délibérans du grand corps politique s'adjoi-
gnent six Douarnenistes, ce qui forme le général de
Douarnenez ;
« 3^ Ces six adjoints soit pour la campagne, soit pour
Douarnenez, sont ordinairement nommés par les douze
principaux délibérants du grand corps politique. Jus-
qu'ici, les affaires particulières soit de la campagne, soit
de Douarnenez étaient décidées par ces douze délibérants
— 116 -
du second ordre respectivement et leurs délibérations
étaient inscrites sur le même cahier et se tenaient à la
sacristie de Ploaré, comme les délibérations du général
de Ploaré.
(( Les bourgeois ne veulent plus venir pour leurs affai-
res particulières à notre sacristie, ils veulent avoir un
cahier séparé et tenir leurs délibérations à part à Douar-
nenez, voilà l'objet de la requête qu'ils ont présentée et
qu'ils ont été surpris de voir suspendre par l'ordre de la
communiquer au Recteur et au général de la paroisse afln
d'y répondre. Je vois que les paysans ne s'y opposeront
pas probablement, mais qu'ils demanderont qu'il ne leur
(Douarnenistes) soit permis d'avoir ce cahier que pour ce
qui concerne la ville, c'est-à-dire qu'ils n'auront aucunes
archives à Douarnenez autres que celles qui sont à la
sacristie de Ploaré, que pour ce qui concerne les affaires
des chapelles de S^ Hélène et S^ Michel, la nomination
des fabriques d'icelles, ils seront obligés de venir se join-
dre comme par le passé aux délibérations des paysans,
qu'à l'avenir comme par le passé, ils seront fabriques de
Ploaré, du Rosaire ô leurs années, c'est-à-dire : cette année
un bourgeois, la suivante un paysan, l'autre un poisson-
nier et ensuite un bourgeois pour recommencer le rang,
car voilà l'ordre qui se garde depuis un temps immémo-
rial.
(( Vous verrez (dans leur requête) qu'ils tendent à faire
une trêve à Douarnenez, à obliger Monseigneur à y entre-
tenir un vicaire, qu'ils traitent ce prieuré de prieuré cure,
pendant qu'il n'y a jamais été fait de baptêmes, que c'est
M. Deceuille qui a transféré à S^ Hélène le S* Sacrement
qui, avant que S^ Hélène fût rebâtie, était à S'^ Michel.
« J'ignore où ils ont été pêcher la tradition qu'un rec-
teur de Ploaré eut le prieuré, jamais je n'ai entendu dire
cette anecdote. ))
117 —
Là Sardine
Nous ne ferons pas l'histoire de la pêche de la sardine
à Douarnenez, mais nous publierons ici deux ou trois piè-
ces qui pourront être utiles à ceux qui entreprendraient
ce travail intéressant.
C'est d'abord une délibération du général du mois de
Juin 1772, par laquelle on veut obvier aux inconvénients
que l'on a remarqués à cet usage qu'ont quelques-uns
d'aller coucher sur le lieu de pêche, afin d'être les pre-
miers à prendre la sardine.
(( Sur la demande du sieur Louis -Guillaume Cuiller
Dumarnay, acte lui est donné d'avoir lait publier l'ordon-
nance du Roi du 16 Août 1727, aux messes matines de
Douarnenez et Tréboul, qui fait défense aux maîtres, com-
pagnons et pêcheurs de sardines, de mouiller pendant la
nuit dans les rades où se fait la pêche, leur ordonne de
s'en éloigner au moins d'une lieue, à peine de trente
livres d'amende pour la première fois, et de punition
corporelle au cas de récidive ; les notables et délibérants
de Douarnenez s'assembleront pour nommer entre eux le
nombre de maîtres de chaloupes nécessaires pour veiller
à ce que aucune chaloupe n'y contrevienne, lesquels maî-
tres feront leur rapport à leur tour de ceux qu'ils auront
trouvés mouillés, et ils nommeront six petits bateaux
passagers pour desservir les chaloupes, qui seront en bon
état, et bien entretenues et auront un homme capable de
les conduire en tout temps où besoin sera, et tiendra à
flot, et seront payés par chaloupe, à l'usage que les nota-
bles et délibérants régleront. ))
En conséquence de cette première délibération, « le
dimanche 26 Juillet 1772, réunion des notables, nobles
— 118 —
gens : Jérôme-Joachîm Grivart, S' de Kerstral, Jacques-
Vincent Larcher, Alain Guillou, François L'Haridon,
M« Louis-Guillaume Guillier et noble homme Jean Ray-
mon, Guillaume Tutor, absent, Bernard Hascoet, Jean Le
Moen, Pierre Le Garrec, Jacques Urien, Vincent Urvoas,
tous délibérants, assistés de M® François Porihel, sieur de
Kerilis, avocat au Parlement, sénéchal de plusieurs juri-
dictions et de celle du prieuré de Tisle Tristan, lesquels,
sur la remonstrance du S' Dumarnay, sont d'avis que le
nombre des petits bateaux passagers soit réduit à^ix des
meilleurs, savoir : ceux de Jeanne Urien, Marguerite
Cloarec, Catherine Pocquet, Marguerite Poriel, et Jean
Le Gall fils, lesquels seront payés à raison de un millier
de sardines par chaque bateau, chaque année... Seront
au service du public et tiendront leurs agrées en état. »
Pour veiller au mouillage, on nomme « Jean Goulaire,
Daniel Puziat, Louis Banalec, Joseph Quinquis, Pierre
Belbéoch, Christophe Cagean et Mathurin Calédec. »
Mais une question plus grave pour la pèche était celle
de remploi de la drague, que les Douarnenistes voulaient
empêcher, mais surtout défendre absolument à tout
étranger.
(( Le 30 Décembre 1742, remontre le S' Jean-François
Hélias, sindic de Douarnenez, que M« Guy Ricou, procu-
reur du général à Quimper, lui a envoyé une copie de
requête que Pierre Larrour, de Brest, a mis devant les
juges de l'admirauté de Quimper, pour avoir permission
de draguer dans la baie de Douarnenez, et pour faire
condamner les dits habitants pour Tavoir indiqué contre-
venant aux déclarations du Roi, au sujet de la dite pêche.
(( Les délibérants sont d'avis qu'on consulte trois avo-
cats à la Cour pour suivre leurs avis contre l'assignation
donnée par Pierre Larrour, de Brest, au général de Douar-
— 119 —
nenez, au sujet de la pèche de la drague faite dans la baye
de Doua menez par le dit Larrour, au mois de Janvier, et
en attendant le résultat de la consulte on présentera
requête à M^' le comte de Maurepas, dans laquelle on lui
déduira les raisons que les habitants ont de s'opposer à
la dite pèche et le tort quelle leur fait et à tout le pays. »
La remontrance suivante du S' Grivart au District de
Pont-Croix, le 26 Août 1790, expose d'une manière fort
instructive les inconvénients de la drague à DCfuarnenez :
(( La pèche est une des branches essentielles du com-
merce maritime de la France. Celle de la sardine est la
plus considérable et presque la seule qui se fasse sur les
côtes de Bretagne, et Tune des plus importantes de tout
le royaume. C'est une pépinière d'excellents marins et un
moyen bien puissant de prévenir ou réparer les suites
funestes de l'inaction de l'industrie et l'infécondité du
sol que nous habitons.
(( Une ressource aussi intéressante mérite donc l'atten-
tion la plus sérieuse et toute la faveur d'une bonne admi-
nistration. Le Gouvernement est toujours frappé de cette
vérité, et, adoptant avec empressement toutes les vues
d'amélioration qui lui ont été présentées, il a fait pros-
pérer ce commerce sous la protection la plus spéciale ; il
était soumis à un régime général, mais des raisons de loca-
lité ayant fait sentir l'inutilité de quelques dispositions
particulières, il en a été fait en faveur de Douarnenez,
qui en paraissait seul ou du moins le plus susceptible.
« La sardine, fixée pendant l'hiver dans des climats
plus doux, aborde ordinairement nos côtes vers la fm du
printemps, et parcourant dans son extrême inconstance
une grande latitude, elle prolonge ou précipite ses petits
séjours dans les havres qui la reçoivent, suivant qu'elle y
trouve aussi plus ou moins d'abri ou de subsistance.
— 120 —
« On croit généralement, et c'est un préjugé fondé sur
la raison et confirmé par Texpérience, qu'un fond couvert
de gouesmon et autres végétaux et comme d'une espèce
de gazon maritime est aussi plus propre à fixer ce pois-
son volage dans sa course vagabonde. Cette raison, beau-
coup moins appréciée dans les autres ports, dans les baies
ouvertes à tous les hazards de la mer et des tems,qui sont
à la merci de fréquentes tempêtes qui les désolent, a été
vivement sentie par les habitants de Douarnenez, qui ont
l'avantage d'avoir une baie close, à l'abri de tous les tems
et une des plus belles qu'il y ait au monde, comblée par
son site heureux de tous les dons de la nature. Il ne fallait
plus qu'apprendre à en profiter et à les respecter.
(( Les marins de cette ville, égarés par une mauvaise
combinaison ou plutôt entraînés par l'intérêt du moment,
qui est presque toujours incapable de calculer, s'étaient
accoutumés à draguer aussi dans leur baie, comme c'en
est l'usage ailleurs. Bientôt, une funeste expérience, une
disette totale de pêche pendant plusieurs années leur
apprit enfin, quoiqu'un peu tard, les suites de leur mal-
heureuse imprudence; dès lors, ils prirent le parti d'y
renoncer à l'avenir, sollicitèrent et obtinrent un règle-
ment bien sage qui défend de draguer dans la baie de
Douarnenez, à peine de fortes amendes et de punitions
exemplaires en cas de récidive.
(( Jusqu'ici, on avait peu d'exemples de contravention
à cette loi, deux ou trois saisies seulement avaient signalé
la surveillance de nos marins. Une satisfaction plus écla-
tante que rigoureuse semblait avoir suflisamment vengé
l'intérêt public dans un tems où la loi n'osait punir les
fautes quand un homme en place l'avait commise ou
suggérée. La même habitude a été continuée; si les preu-
ves ont été plus difficiles à acquérir, elles n'ont du moins
point été impossibles. Les citoyens de Crozon, cultivateurs
— 121 —
et marins, voyaient avec douleur, depuis longtems, plu-
sieurs batteaux de Brest draguer sur leur côte, qui est
aussi dans la baie de Douarnenez, et résolurent enfin de
s'opposer avec vigueur à ces odieux brigandages. Le
20 Mai dernier, témoins encore de deux ou trois cha-
loupes qui draguaient sous leurs yeux, ils convinrent de
s'armer sous l'autorité du chef des gardes nationales, dont
ils étaient tous membres et de les chasser de suite pour
s'en emparer. Le commandant leur donne des fusils et
des cartouches, et déjà ils sont à la voile, sous le com-
mandement d'un lieutenant de leur compagnie et dans
deux chaloupes qui faisaient route ensemble. Le premier
bateau dragueur qu'ils atteignirent se rendit sans résis-
tance; le second, au contraire, fuyait à toutes voiles,
malgré les interpellations des gardes nationales. Ces gar-
des, qui avaient une mission à remplir et charge expresse
de s'en emparer pour constater leurs faits et pouvoir les
reconnaître, tirèrent enfin, d'abord à poudre, puis à
balles, sur le refus le plus obstiné d'obtempérer. La balle,
dirigée sur la coque du batteau, portant plus haut soit
par fausse direction ou par l'ondulation de l'eau, frappa
à l'épaule un homme de l'équipage, qui se rendit alors, et
ces deux chaloupes furent conduites à Morgat et les équi-
pages à Crozon, où la Municipalité, spécialement chargée
de veiller aux intérêts de la commune, refusa absolument
de prendre connaissance de cette affaire. Cette contraven-
tion n'a eu aucune suite quoiqu'elle soit des plus punis-
sables, et ces gardes nationales sont, au contraire, tra-
duites en justice pour avoir fait leur devoir et obéi en
punissant de mauvais citoyens.
« Je requiers que vous invitiez MM. du Département à
prendre dans la plus sérieuse considération l'affaire dont
il s'agit, et à faire exécuter avec la plus rigoureuse exac-
titude la loi qui deffend de draguer dans la baie de Douar-
nenez. Jérôme Grivart. »
— 122 —
Une autre question préoccupait encore les pécheurs de
la côte, et depuis plus d'un siècle, elle attend toujours
une solution, c'était la question de la sardine espagnole.
Le District de Pont-Croix en parlait en ces termes dans
sa séance du 17 Septembre 1790 :
(( L'assemblée, doublement ailectée des pertes considé-
rables et fréquentes que font les armateurs dans les ports
maritimes et surtout dans ceux de ce district, par la con-
currence des poissons étrangers avec ceux de pèche natio-
nale, par la facilité qu'ont les uns d'importer des morues,
et les autres la facilité meurtrière d'introduire frauduleu-
sement des sardines espagnoles en France à l'aide de la
franchise de Bayonne, a arrêté d'inviter MM. du Départe-
ment à solliciter de l'Assemblée nationale un décret qui
porte : i^ la suppression de tous les droits d'entrée dans
les places de consommation sur les poissons de pêche
nationale, notamment sur les sardines ; 2» la prohibition
la plus absolue de tous poissons de pèche étrangère qui ne
sont pas nécessaires à l'approvisionnement du royaume. »
Le sieur Grivart, procureur du District, avait, peu aupa-
ravant, proposé une autre mesure de répression pour un
abus encore plus funeste, la distribution de l'eau-de-vie
à bon marché. S'adressant aux membres du District,
assemblés le 2 Août 1790, il leur disait :
(( J'ai l'honneur de déférer à votre bienfaisante sur-
veillance un abus destructeur de l'humanité et qui fait de
jour en jour, dans la municipalité de Douarnenez, des
progrès effrayants. Avant l'ouverture de la pèche, on ne
connaissait point dans toute son étendue le malheur d'a-
voir des eaux-de-vie à bas prix ; mais à peine les arme-
ments ont-ils été commencés, que, malgré les succès peu
favorables de la pèche, le peuple, excité par l'incroyable
facilité de s'ennivrer, a abondé dans le bureau de distri-
— 123 —
bution pour satisfaire le besoin de son intempérance. Un
usage constant et plus religieusement observé jusqu'ici,
défendant toute distribution le jour des dimanches, parce
que la sagesse prescrivant, sans doute, de consacrer ce
jour à s'acquitter des devoirs d'une pieuse reconnais-
sance, la régie s'abstient, en effet, de toute distribution ;
mais l'abus n'en subsista pas moins dans son entier.
(( Les débitants s'approvisionnent par pièces énormes,
distribuent tous les jours indistinctement à 30 sols la
pinte, et en font une immense consommation. Il en ré-
sulte que, tous les jours de fêtes et dimanches, Douarne-
nez est plein de furieux, capables de se livrer à tous les
excès des passions incitées par l'intempérance. Lundi, un
homme yvre de la ville est tombé à la mer en manœuvrant
et se noya ; le même malheur vient d'arriver ce matin.
Pour peu que la pèche devienne favorable, ce sera celui
de tous les jours. Je requiers donc que vous sollicitiez
sur-le-champ de MM. les Administrateurs du Départe-
ment la défense expresse tant à la régie qu'à tout débi-
tant de débiter des eaux -de -vie les jours de fêtes et
dimanches, à Douarnenez principalement, et dans l'éten-
due du District, à peine de 200 livres d'amende. )) Adopté.
Les débuts de la Révolution
A Douarnenez
La Constitution civile du clergé et le remplacement des
pasteurs légitimes par des assermentés ne furent pas
accueillis favorablement par les habitants de Douarnenez.
On en jugera par les documents qui vont suivre, extraits
des Archives départementales. Le sieur Guiller, dans une
lettre au Département, datée du 16 Mai 1791, rend ainsi
compte de l'état des esprits :
— 124 —
« Je crois devoir vous donner avis que les réfractaires
ecclésiastiques, loin de renoncer à leurs manœuvres per-
fides, redoublent lourdement leurs eflorts pour porter le
trouble et Tinsurrection dans les paroisses.
(( Des lettres circulaires se répandent avec profusion,
les assemblées se multiplient, les discours incendiaires se
prêchent sans retenue, l'on court les villages pour s'y faire
des partisans.
(( Samedi dernier, M. Le Normand, vicaire de cette
paroisse, reçut une lettre très étendue remplie d'invec-
tives et d'atrocités contre M. Expilly fce loup cervier qui
se présente sous la peau d'un berger pour égorger le trou-
peau de Jésus-Christ) pleine d'horreurs, d'abominations
contre la Constitution, d'ana thèmes contre les assermen-
tés, et de prières, de caresses, de promesses pour ceux
qui auraient encore le courage de se rétracter ; on les
conjure, au nom de l'amitié de la religion, au nom de
tant d'âmes malheureuses que les jureurs précipitent avec
eux dans les enfers, etc. Cette lettre est anonyme ; mais
comme il y en a beaucoup de semblables, on y a reconnu
le style de Cossoul et l'écriture de Silguy, petit docteur
de Paris, vieille cohue au bout de laquelle est son nom.
« Ils n'écrivent plus en maîtres, ils tutoient, ils em-
brassent : toi, le meilleur de nos amis,,., le plus cher de
mes condisciples,., toi, le plus sage, le plus pieux, le plus
achevé des ecclésiastiques, etc.
« Notre ci-devant recteur, M. Clerc'h, parti mardi pour
Quimper, est depuis mercredi avec son curé, Gloaguen, à
Poullan. La pâque s'y est donnée hier aux enfants de cette
paroisse. Notre recteur avait préparé de loin ses batteries,
il y a attiré quantité d'enfants de Ploaré et de Douarnenez.
M. La Rufie n'était resté ici après les deux autres que
pour courir les villages et exhorter les parents à mener
les enfants à cette pftque; aussi le nombre des commu-
- 125 —
niants y fut-il considérable. L'office y fut des plus bril-
lants par le nombre prodigieux de réfractaires qui y
étaient et de nos Douarnenistes, qui n'approchent plus de
nos églises et n'ont plus les offices qu'à PouUan et Tré-
boni, où on leur donna hier l'assurance qu'on retarderait
la messe et les vêpres pour les attendre... »
Les anciens pasteurs n'ayant plus la libre disposition
de leurs chaires pour instruire les fidèles, devaient s'in-
génier pour les prémunir contre les fausses doctrines des
intrus. Le moyen le plus naturel et le mieux approprié au
caractère breton et à l'absence presque totale de publica-
tions périodiques, à cette époque, était de faire chanter,
par des chanteurs ambulants, des chansons composées
pour jeter de la déconsidération sur la Constitution et
pour donner aux fidèles une règle de conduite à tenir
vis-à-vis des prêtres schismatiques par rapport, tout spé-
cialement, à la réception des sacrements.
A Douarnenez, une fille courageuse avait bien voulu
accepter la mission de chanter dans la ville et aux envi-
rons des chansons composées dans ce but.
Les délibérations qui suivent, du District de Pont-Croix
et de la Municipalité de Douarnenez, témoignent assez du
dévouement de cette humble fille dans l'accomplissement
de cette tâche périlleuse.
€ District de Pont-Oroix, — Séance du 5 Septembre Î79I.
« Vu l'arrêté de la Municipalité de Douarnenez, du
27 Août, et les copies des quatre chansons, trois en fran-
çais, une en breton, qu'elle a saisies dans les mains de la
fille Coublanc.
(( Considérant qu'il n'est rien de plus important et de
plus digne de fixer la vigilance de l'administration que
— 126 --
toutes les manœuvres dirigées par les eanemis du bien
public pour entretenir la fermentation et troubler même
le bon ordre ;
(( Considérant que cette chanson bretonne ne tend qu'à
avilir les autorités constitutionnelles, et celle surtout dont
le discrédit est à la fois le but et l'espérance de tous les
mauvais citoyens,
(( Arrête que les pièces saisies seront adressées au
Département pour qu'il juge si on doit dénoncer les chan-
sons à l'accusateur public ou au simple tribunal de cor-
rection. Les principes contenus dans la chanson bretonne
ont paru au Directoire très criminels. »
Voici l'extrait de la délibération du 27 Août prise par
la Municipalité de Douarnenez à cette occasion :
(i ...S'est présenté Jacques Olivier, marin chez M°>« Ca-
p'elle et cordier, lequel dépose avoir entendu Marie-
Jeanne Coublanc chanter une chanson incendiaire contre
les ecclésiastiques assermentés, à Kerlosquet et dans la
maison de Marie-Jeanne Guyader, samedi, vers les 10 heu-
res du soir. Mandée à la Municipalité, Marie-Jeanne Cou-
blanc, priée de livrer les chansons chantées, déclare ne
les avoir pas ; mais, sur la menace d'être fouillée par des
femmes, elle a laissé tomber à terre quatre chansons,
qu^elle a déclaré avoir trouvées sur la rue. »
La chanson bretonne n'a pas de titre; elle compte trente
et un couplets, dont nous donnons ici quelques-uns des
plus caractéristiques.
- 127 -
Ma. breudeur quer a Francisien,
Chetu c'hui oll da virviquen
Frivet eus a bep avantaj
Evit beza en esclavaj.
Tud temerer hag impudant,
Servicherien d'an arraoïiant,
A vers hirio ann ilisou
Hac a sispen an auteriou.
Pevar Eskop louerien
 gante certen beleyen
Ëp fee, nac enor, na raison,
 drahis ar relijion.
Ann darn vras eus ar veleyen,
Ferm en o relijion christen,
Eleac'h ober al le criminel,
A so bet d'an Ilis fidel.
Clevet o heus, ep mar ebet,
O deiis tregont Escop scrifet
Da consulti an Tad Santel
Ar Pab, eus a Jésus viqucl.
Ar Pap, gant ar Salver laquet,
Ar henta eus a bastorel.
Eus an Ilis ar pen visibl.
D'or malheuriou a so sensibl.
E Rom uguent eus Cardinalet,
A vezo gantba asserablet,
O deuz cxaniinet pis
Constitution an Ilis.
N'o devcuz remcrquet enni
Nemet traou control d'ar fei,
Nemet peb sort erroliou
Capabl da gol an eneou.
Goudrons a ra sur punissa
Ar re refus en em rcnta
Dn dislavaret ho sermant
Hac heb dale publicamant.
Chers frères et Français,
Vous voici tous à jamais
Privés de tout avantage
Et tombés en esclavage.
Des gens téméraires et impudents.
Suppôts du démon.
Mettent les églises à l'encan
Et renversent les autels.
Quatre Evéques assermentés,
El avec eux certains prêtres
Sans foi, sans honneur, sans bon sens,
Ont trahi la religion.
La plupart des prêtres.
Fermes en leur religion.
Au lieu de faire le serment criminel
Sont demeurés fidèles à l'Eglise.
Vous avez sans doute appris
Que trente Evéques ont écrit
Pour consulter Notre St-Père le Pape,
Vicaire de Jésus -Christ.
Le Pape, chef visible de
L'Eglise, a été fort sensible
A nos malheurs.
A Rome, vingt cardinaux ont été
Par lui assemblés
Pour examiner la Constitution
Civile du Clergé.
Ils n'y ont noté que des
Erreurs et des hérésies capables
De perdre les âmes.
Le Pape a menacé de punir
Ceux qui refusent de lui obéir
En rétractant publiquement
EU promptement leur serment.
128 —
Daou-ugent de eo an termen
Accordet d'an ol touerien ;
Ha goudese, heh gras ebet,
O vecint ol excommuniet.
Recevet o deus o fartach.
Collet o deus o heritig ;
Guechal ministret Jesus-Christ,
Hirio er int d'an Antéchrist.
llis Doue no anav mui
Evit pastoret, mes blelsî.
Père, dre ardou criminel,
A fel daonin ar bobl fidcl.
Laquet evcs, ma breudeur quer,
Mar querit o silvidiguez,
Diwalit eta pis oute
Pe e colit sur oc'h ene.
Malheur deoc'h m'ar heuliet
Ar veleyen-se milliguet,
M'ar assistet en o offisou,
A mêmes en o offerennou.
Chomet quentoch eb oferen,
Eb confessi gant touerien,
Rac convers gant tud criminel
A vct certen pehct marvel.
40 jours sont accordés à tous les jureurs
Comme terme extrême.
Lequel expiré, ils seront tous
Excommuniés sans rémission.
Us auront, dés lors, reçu la part
Qui leur revient, leur héritage
Sera perdu ; autrefois ministres de J.-C . ,
Us le seront maintenant de l'Antéchrist.
L'Eglise de Dieu ne les reconnaît plus
Pour pasteurs, mais pour des loups
Qui, dans leur ardeur criminelle.
Veulent damner le peuple fidèle.
Faites attention, mes chers frères.
Si vous voulez vous sauver
Soyez en garde contre eux
Ou vous perdrez votre Ame.
Malheur à vous si vous suivez
Ces prêtres maudits, si vous
Assistez à leurs offices
Ou même à leurs messes.
Restez plutôt sans messe.
Sans vous confesser avec les jureurs.
Car converser avec cette gent criminelle
Est certainement un péché mortel.
Les citoyens patriotes de Douarnenez, ou les citoyens
constitutionnels comme ils se nommaient eux-mêmes,
étaient fort peu rassurés en se voyant si peu nombreux au
milieu d'une population de marins si attachée aux vieilles
croyances. Le 11 Septembre 1791 (1), ils en écrivirent au
Département pour lui faire part de leurs inquiétudes :
(( Il est sans doute désolant pour de bons citoyens, amis
du bien public et sincèrement attachés à leurs concitoyens,
(1) L. U6.
— 129 —
de dévoiler Tingratitude dont ces derniers payent les
égards et les services continuels que leur rendent les pre-
miers, de dénoncer des intentions suspectes, des com-
plots, des menaces qu'ils manifestent journellement con-
tre les patriotes. Mais il est des circonstances où l'intérêt
général et le salut, peut-être, d'une ville ne permettent
plus de temporiser.
(( Jamais, Messieurs, nos marins en général n'ont été
partisans de la Révolution. Esclaves en naissant, élevés
de même, courbés de tout temps sous le poids de leurs
chaînes, naturellement brutaux, incapables de réflexion
sur l'ignominie de leur avilissement, les nobles et les
prêtres sont les seules divinités devant lesquelles ils flé-
chissent par terreur et qu'ils encensent par ignorance ;
aussi, maîtres de cette classe d'hommes qui forme. les sept
huitièmes de la population, les nobles et les prêtres l'ont
d'abord égarée, séduite, et si par eux-mêmes ils n'osent
mettre la dernière main à leur corruption et semer ouver-
tement le trouble et la sédition, des agents secrets redou-
blent d'eflorts.
« Tant que nos marins ne se sont aflectés qu'à plaisan-
ter les couleurs nationales ; qu'ils ne se sont portés qu'à
refuser la cocarde ; tant qu'ils ne se sont opposés qu'à
concourir aux gardes établis les dimanches et fêtes, en
temps de pêche, pour le maintien de Tordre ; tant qu'au
mépris de notre religion sainte ils n'ont fait qu'abandon-
ner l'office paroissial pour courir furtivement à la suite
du clergé réfractaire, paisibles observateurs de leurs
mouvements, nous avons couvert leur égarement, leur
sottise^du plus scrupuleux silence ; réduits à un très petit
nombre, nous avons fourni au service requis de la totalité
des habitants.
« Mais, aujourd'hui que, se jouant de notre complai-
sance, ils ridiculisent notre attachement à la Constitution,
Bdllbtin db la Commission diocMsainb. — 8* année. 9
— 130 —
ils interdisent, par la coalition la plus contraire à Tordre,
le droit de voter, rentrée même des assemblées primaires
au reste des citoyens actifs ; qu'ils se déclarent ne rece-
voir à ces assemblées que les partisans du vieux régime ;
qu'ils menacent jusqu'aux Officiers municipaux qui por-
tent la cocarde nationale, nous requérons, Messieurs,
qu'ayant égard au danger que courent une quarantaine
de citoyens constitutionnels, seuls dans Douarnenez et
entourés de cinq à six cents marins ennemis de la Révo-
lution, vous ayez à statuer sur le parti le plus efficace
pour rétablir l'ordre dans Douarnenez. »
Le 27 Septembre 1791, un nouveau grief contre les prê-
tres réfractaires était porté à la connaissance de la Muni-
cipalité de Douarnenez :
« . . .Entré, le sieur Guiller a dit que dimanche 25 cou-
rant, lors du dernier son de la seconde messe à Sainte-
Hélène, des personnes de l'ancien régime croyant avoir
la messe de M. La Rufie, prêtre non conformiste, venu
pour y dire la messe, s'étaient tous rendus avec le peuple
dans la dite chapelle, ainsi que le sieur La Rufie ; mais,
lorsqu'ils virent M. Auffret (1), l'un des prêtres constitu-
tionnels, l'aller dire, le sieur La Rufie, sortant avec pré-
cipitation de l'église, fut suivi de ces personnes dont
l'exemple entraîna dehors une foule de citoyens des deux
sexes, et notamment on vit sortir des premiers le sieur
Halna, sa dame et toute sa maisonnée. Cette démarche
scandaleuse indigna beaucoup de citoyens présents, mais
fut imitée par beaucoup d'autres qui affectèrent de rester
près de l'église pour attendre que, la messe du sieur Auf-
fret finie; M. La Rulic commençât la sienne ; et ils ren-
(1) Julien AuITret, oé au Faouet le 7 Mars 1759, mourut à Douarnenez
le 25 Février 18S5.
— 131 ~
trèrent alors en foule dans Téglise. Que ce scandale cesse. »
Le Conseil municipal, vu cette pétition du sieur Cuiller,
ordonne qu'on la communiquera au District de Pont-
Croix.
Recteurs de Ploaré
1512. Hervé de Lézongar ; était également recteur de
Fouesnant, Penhars et Pleyben.
1538. Décès de Chateautio ; recteur également de
Moêlan.
1544. Décès de Louis de La Jaille, recteur.
1580. Alain Le Joncourt.
1596. Hervé Kergonan.
1602. Guillaume Petit.
1615. Décès de Hervé Guéguen.
1615-1639. Jean Capitaine.
1640-1656. Henri Guéguennou.
1657-1675. Jérôme Paillarl.
1676-1706. Guillaume Paillart.
1708-1722. François-Hyacinthe de la Fruglaye ; était éga-
lement recteur de Crozon, de 1717 à 1722, puis seule-
ment recleur de Crozon, d*où il fut nommé évéque de
Tréguier en 1731. Mourut en 1745.
1722-1724. Guillaume -Corentin de la Boissière ; devint
chanoine de Quimper.
1725-1726. Charles-Pierre Huchet.
1742-1747. Bernetz.
1748-1758. Jean -François -Joseph Kersauzon de Penan-
drefï.
1759-1770. Le Brun, vicaire, devient recteur.
1771-1776. Du Parc.
1776-1791. Charles -César Le Clec'h ; déporté en rade de
d'île d'Aix, il y mourut en 1794.
— 132 —
Pendant la Révolution, Ploaré eut pour curé consti-
tutionnel Clet Bourbe, d'Audierne, qui était professeur
de physique au collège de Quimper, lorsqu'il fut élu
curé de Ploaré, où il fut maintenu au Concordat, et y
mourut le 18 Juin 1809.
1809-1839. Jean Guezengar, de Plogolï.
1839-1869. Charles Boga, de Plouézoc'h.
1869-1875. Yves-Marie Pouliquen, de Guiclan.
Curés de Douarnenez
La cure fut transférée de Ploaré à Douarnenez le 27 Juin
1875, et la consécration de la nouvelle église, dédiée au
Sacré-Cœur, eut lieu le 16 Septembre 1877.
1875-1881. Jean-Marie Pouliquen, ancien Curé de Ploaré.
1881-1891. Jean-Louis Le Duc, de Plougoulm.
1891-1895. Victor Bourlé, de Quimper.
1894. Paul-Marie Aulïret, de Plougoulm.
VicAmEs DE Douarnenez
1875.
Jean-Claude Coat, ancien \
icaii
1873.
Alain-Marie Le Meur,
id.
1875.
François Billant,
id.
1875.
Jacques Colin,
id.
1876.
Louis Le Roux.
1879.
François Tanguy.
1884.
Jérôme Trévien.
1887.
Jean Michel.
1888.
Vincent Pédel.
1888.
, Auguste Kerbaol.
— 133 -
1890. Jean-Louis Baron.
1894. Mathieu Pondaven.
1895. Alain-Marie Le Pape.
1901. Corentin Le Treut.
1901. Yves-Marie Lohéac.
1903. Yves Le Roux.
1907. Ernest Keramoal.
1907. René Hénaff.
DRENNEC
Cette paroisse, qui appartenait à l'archidiaconé de
Quemenedilly, au diocèse de Léon, s'appelait en latin
de Spineto, et au synode de 1613, son Recteur est dit para-
chu8 de Spineto (R. G. 133). L'église paroissiale est dédiée
à la Sainte-Vierge et à saint Drien, ou Derrien, abbé, dont
la statue en bois porte la crosse et la mitre.
L'autel du Rosaire semble un travail du commence-
ment du xviiio siècle. Le retable sculpté représente en
haut relief les statues de la Vierge, de saint Dominique et
de sainte Catherine de Sienne, le tout entouré de médail-
lons sculptés figurant les mystères du Rosaire.
On remarque dans l'église deux Vierges : l'une assise,
portant l'Enfant-Jésus auquel elle présente un fruit; l'au-
tre, qui offre les caractères du xvii® siècle, rappelle la
vision de saint Jean dans l'Apocalypse, la Vierge portant
— 134 —
son enfant, et ayant sous les pieds le croissant et le ser-
pent.
Une sculpture représente aussi deux anges à genoux
adorant le Sacré-Cœur entouré d'une couronne d'épines.
Dans réglise se trouvent également les statues de saint
Michel, saint Goulven, saint Roch, sainte Barbe, saint
Joseph couronné et portant TEnfant-Jésus, et enfin celle
de sainte Guentrec, patronne de l'ancienne paroisse de
Breventec.
Dans réglise paroissiale, se desservaient deux chapel-
lenies. L'une fondée en 1603, par Marguerite du Boys,
veuve de Jean Le Ny de Coetélès, dont furent présenta^
teurs les seigneurs du Stivel, puis les Moelien de Gouan-
dour : 26 livres pour 26 messes par an.
L'autre, fondée en 1668, par Jacquette Anne de Keran-
guen, dame de Kerguiabo : 310 livres de rente pour trois
messes par semaine. La fondatrice fut enterrée dans
réglise.
M. Cosquer, recteur, écrivait, en 1856, « que, de temps
immémorial, la paroisse du Drennec va tous les ans en
procession à N.-D. du Folgoêt, qui est à une lieue du
bourg, le premier dimanche du mois d'Août. Les femmes
portent les reliques de sainte Lucide (1), et les jeunes
filles, habillées de blanc, deux statues de la Sainte-Vierge.
Quant aux jeunes gens, ils portent les reliques de saint
Mathias et de saint Victor, et mettent un rochet sur leurs
habits quasi bourgeois, ils ont la tète découverte ; mais
avant mon arrivée dans cette paroisse ils avaient des bon-
nets de coton de difiérentes couleurs et d'une forme tant
soit peu bizarre, du moins pour la circonstance. »
En 1786, lors de l'enquête qui se fit dans le Léon pour
le remaniement des circonscriptions des paroisses et la
(1) Ne seroit-ce pas plutôt celles de sainte Gueolrec ou Veniroc ?
— 135 —
suppression de quelques bénéfices simples pour les unir
soit aux paroisses soit aux séminaires, M. Mathieu Masson,
recteur, expose comme il suit Tétat de son bénéfice, et
formule ses desiderata,
(( lo La valeur de la dime du Drenec et Landouzan ne
monte en tout pour le Recteur qu'à 700 livres. Les fabri-
ques en touchent autant.
« 2o Ayant une trêve dans la paroisse, je pourrais être
obligé à payer un curé, il ne me resterait plus que 350
livres.
(( 30 Le bourg du Drenec étant situé sur une grande
route au centre du diocèse, par où passent tous ceux du
bas Léon qui ont affaire à la métropole, et tous ceux qui,
du haut Léon, ont affaire sur Brest, le Recteur est très
souvent dans le cas de recevoir et des amis et des person-
nes peu connues mais qu'un orage, une incommodité ou
la nuit obligent de relâcher chez lui, ce qui le constitue
nécessairement en beaucoup de dépenses utiles à la
société.
« 40 Une paroisse sur la grande route, à une lieue de
Plabennec et une lieue de Lesneven, ne peut être suppri-
mée, parce que sa vue donne la confiance aux honnêtes
voyageurs et la terreur aux malfaiteurs.
(( Il supplie, en conséquence, les députés de la Cham-
bre ecclésiastique d'arrondir sa paroisse, et demande :
en Ploudaniel, les villages de Lesgall Roudaut, Lesgall
an Taro, Lesgall ar Choadic, Kerniguès, Kervénéour an
Dour, Kergo Martinel, Kerinaf, Kervaronou, Kervénéour
ar Parzquou, Kervilou, Le Leuré, Trémoguer, Ar Ghoel
Goz ou manoir de Trémoguer ; 2^ en Kersaint, le moulin
Rioualin, Lestanet Izela, Lestanet Creiz, Lestanet liuela,
maison à Pentreiz ; 3» en Plabennec, Kerbiriou, An Ties
Mean, moulin du Luant, moulin de Coatélèsou de Goues-
nou, Keraeret, moulin de Pentref. »
— 136 -
En réponse à cette demande, la Chambre ecdésiaêtique
décidait « que la paroisse du Drennec est à conserver et à
augmenter: l'' par la réunion de la paroisse de Bréventec,
qui ne peut subsister ; 2» par la réunion de plusieurs fer-
mes de Ploudaniel ; 3» en faisant jouir le Curé de la tota-
lité des dîmes, et en dotant les fabriques du Drennec et
de Landouzan aux dépens du prieuré de Bréventec ».
Le même recteur, M. Masson, nous a laissé un rapport
intéressant sur Tétat de la mendicité dans sa paroisse, en
réponse à la demande d'enquête faite en 1774, par TEvê-
que de Léon, sur Tinitiative du pouvoir royal :
(( 11 y a, en la paroisse, iO familles mendiantes, dont
4 vieillards, 1 infirme et enfants dont les parents sont
journaliers ou tisserands, ils ne manquent pas d'ouvrage
et travaillent, mais les 5 sols par jour ou 6 livres par
15 jours que le plus diligent tisserand peut gagner n*est
pas suffisant pour nourrir et entretenir 5 ou 6 enfants,
quand surtout le père ou la mère dépensent 7 à 8 sols par
semaine en tabac.
(( 8 familles qui ne mendient pas, mais qui peuvent
avoir besoin en certaines circonstances.
(( 18 familles qui peuvent vivre, sans cependant être en
état de faire une aumône sur laquelle on puisse compter.
(( 26 familles en état de faire une aumône raisonnable.
(( Si on excepte cette mauvaise habitude de faire usage
de tabac que les pères et mères ont souvent contractée
étant jeunes gens lorsqu'ils gagnèrent de bons gages, je
ne vois pas qu'il y ait grand abus à ce sujet en cette pa-
roisse, attendu qu'il n'y a que les enfants qui mendient
jusqu'à l'âge de 13 ou 14 ans, et qu'alors on a soin de leur
procurer une condition pour servir.
« 11 me parait que toute la sagesse humaine ne peut
empêcher qu'il n'y ait des pauvres de cette espèce et qu'on
— 137 —
ne peut les empêcher de mendier, au moins dans réten-
due de leur paroisse, attendu le refroidissement de la
charité de plusieurs riches qui, bien loin de chercher à
découvrir l'indigent pour le soulager, par leur attache-
ment aux biens de la terre, se persuadent facilement que
son prochain est à son aise et ne manque de rien.
(( On m*objectera que c'est au pasteur à s'informer du
besoin de ses paroissiens ; mais il faudrait qu1l fût aussi
en état de les secourir, ou qu'il puisse recueillir l'aumône
des riches de sa paroisse pour la distribuer aux pauvres ;
mais ces riches à qui leur avarice fournit toujours des
difTuges, ne diront-iis pas qu'ils font eux-mêmes leurs
aumônes, et qu'ils n'ont pas besoin pour cela du minis-
tère du pasteur.
« Il n'y a, au Drennec, ni hôpital ni aucun fond pour
les pauvres ; ils sont cependant soulagés passablement
par l'aumône qu'ils reçoivent dans les environs. »
Bréventec
Nous avons déjà parlé de ce prieuré cure, dépendant de
l'abbaye de Saint-Mathieu, nous en dirons un mot ici,
comme chapelle comprise dans les limites de la paroisse
du Drennec au Concordat.
L'église avait pour patron saint Mathieu, et Bréventec
est appelé quelquefois Loc-Maeé; mais l'ancien titulaire
de l'église devait être sainte Guentrec ou Ventroc, encore
honorée dans la paroisse. En 1856, le Recteur nous dit
(( qu'il s'y trouvait un tableau très ancien, peint sur bois,
représentant Notre-Dame de la Merci ».
— 138 —
Landouzan
Chapelle appartenant au Drennec, dont le patron est un
saint Ursin, évéque, dont le nom devait être primitive-
ment Eude, Eudon, Eozen, ou Yvon ; toujours est-il, que
le manoir voisin était celui des seigneurs de Coeteozen ou
de Boisyvon, qui avaient fondé une chapellenie à Lan^
douzan consistant en une rente de 87 livres pour dix
messes à chant par an.
L'édifice a des parties du xv<^ siècle, notamment le joli
ossuaire voisin du porche. Sur un contrefort extérieur du
chœur on lit la date MIL. V°XXV. A l'entrée du cimetière
est une sorte d*arc triomphal reposant sur trois piliers
massifs ; il est surmonté d'un fût de colonne portant la
date 1598. Le sommet de la croix et le groupe de statues
qui l'entourait ont été transportés au bourg.
Dans le cimetière se remarque un lec'h ou une ancienne
borne romaine ; c'est un cône tronqué, émergeant du sol
de 0 m. 70 c; il est à huit pans crénelés, chaque pan
mesurant au sommet 0 m. 08 c., la section ayant 0 m. 35c.
de diamètre; à la moitié de sa hauteur, le cône est coupé
d'une entaille s'étendant à quatre de ces faces ; on pour-
rait croire qu'on a essayé de le scier en y passant et repas-
sant une chaîne de fer, ce qui fait dire que cette échan-
crure est due aux efforts du diable, que saint Ursin
avait enchaîné à ce bloc.
Dans l'intérieur de la chapelle, on voit une pierre tom-
bale portant un écusson fascé, qui devait appartenir soit
aux Barbier, seigneurs de Landouzan, soit aux seigneurs
du Drennec.
Outre la statue du Patron, saint Ursin, représenté en
évéque, la chapelle possède les 3tatues de saint Pierre et
— 139 —
saint Paul, et une très jolie statue en bois de la Vierge
offrant une fleur de palme à TEnfant-Jésus, qu'elle porte
sur le bras.
COETELEZ
Le manoir de Coetelez possède une chapelle dédiée à
saintTanguy; car c'est là, nous dit Albert le Grand, «que le
saint abbé Tanguy, voulant aller à Occismor, voir son maî-
tre et père s^ Paul, le rencontra en la paroisse de Drenec,
es rabines d'une maison noble ; après s'être salués, ils se
retirèrent tous deux seuls dans le bois de cette noblesse,
ayant laissé leurs compagnons, quelque peu à quartier;
et après une longue conférence, s'etant mis en oraison,
ils furent récréés d'un concert mélodieux de voix angéli-
ques, et à même temps, un ange leur apparut, leur don-
nant avis que, dans peu de jours, ils sortiraient de cette
vallée de larmes, et iraient jouir de la couronne préparée
à leurs mérites. Les Saints se réjouirent extrêmement de
cette bonne nouvelle, et à cause de cette apparition angé-
lique cette maison noble fut nommée Coat-Elez, c'est-à-
dire Bois aux Anges, nom qu'elle retient encore à pré-
sent. »
M. de Kerdanet nous dit que l'ancienne chapelle de
Coatelez était dédiée non à saint Tanguy mais à saint
Paul, et il cite un aveu de 1607 où il est question de
reconstruire la chapelle de a M>^ S^ Paul ».
Recteurs du Drennec
1399-1624. Christophe Floch, recteur, maître es arts.
1663-1664. Jean Gonezou.
— 140 —
1670-1681. Guillaume Jeslin.
1685-1688. Marc Guenegant.
1688-1698. Joseph Guillaume, interdit, obligé de se dé-
mettre.
1698-1725. Philippe Uguen.
1725-1728. Jean Billon, du diocèse de Quimper.
1728-1732. Guillaume Le Men.
1732-1733. Claude-Marie du Beaudiez.
1733-1756. Ursin Baz.
1756-1771. Prigent Kerouanton.
1771-1804. Mathieu Masson.
1804-1826. Sébastien Cloarec.
1826. François-Marie Gall, de Saint-Thégonnec.
1830. Alain-Marie Galliou, de Trégarantec.
1838-1854. Pierre Bernard, de Plougoulm.
1854-1859. Jean-Marie Cosquer, de Saint-Goazec.
1859-1865. Guillaume Moal, de l'île de Batz.
1865-1881. Camille Banabès, de Saint-Pol de Léon.
1881-1895. Jean-Marie Jacob, de Porspoder.
1895. Jean-Marie Trévidic.
Vicaires
1879. François Pasquier.
1881. Joseph-Marie Guéguen.
1885. Paul Lormier.
1889. Jean-Marie Le Breton.
1893. Etienne Corre.
1898. Guillaume Sioc'hen.
1903. Louis-Marie Nicol.
141 —
Maisons nobles
Barbier, S^ de Landouzan : d'argent à deux fasces de
sable ; devise : Var ma huez.
Du Bois, S^ de Coateozen : d'or à un arbre d'azur,
Coetelez, S' du dit lieu : de gueules à la tète de lièvre
d'or, alias : accompagné de trois quintefeuilles de même.
Dernec, S^ du dit lieu ; pour armes antiques : d'azur à
un barbeau d'argent en pal ; devise : Ne zeuz pesq heb he
zrean; armes modernes : fascé d'argent et d'azur, au chef
d'argent,
Kerouartz, S"" de Coateozen : d'argent à la roxie de sable
accompagnée de trois croissettes de même ; devise : tout en
V honneur de Dieu, et tout avec le temps.
Kerbrat, S' du dit lieu, Plabennec, fondu en Coetelez.
Le Ny, S*" de Coetelez : écartelé aux 2, et 4. d'argent à
Vécu en abyme accompagné de 6 annelets de gueules en orle,
3. 2, 1. aux 2. et 3. de Coetelez ; devise : Humble et loyal.
DUAULT
Ancienne paroisse du diocèse de Cornouaille, aujour-
d'hui au diocèse de Saint-Brieuc. C'était une paroisse
considérable comprenant avec ses trêves une population
de 3.700 âmes se divisant ainsi : Duault, 1.000 ; Saint-
Nicodème, 300 ; Locarn, l.oOO ; et Burlhulet, 900 âmes.
Duault. — Patron saint Maudé.
— 142 —
Recteur, de 1762 à 1790, M. François Corbel, né à
Duault en 1725. « Excellent sujet pour tout, » marque
M^f de Saint-Luc dans son cahier de visite ; cependant, il
devait être un peu regardant, au moins pour le fourrage,
car Monseigneur note, en 1784 : « Les chevaux n'ont eu
que du son pourri ; il a fallu achepter de Therbe pour un
écu ».
Vicaire : Charles André, né à Burthulet en 1738 ; à
Duault de 1768 à 1790. « Bon sujet pour tout. »
Saint- Nicodème. — Curé, Jacques Riou, né à Saint-
Mahieux en 1747. A été curé à Beuzec-Cap-Caval de 1774
à 1778. A Duault, de 1778 à 1790.
Locam. — Curé, Jean-Sébastien Rolland, né à Trébri-
vant en 1746. A été à Plouyé en 1779, à Locam de 1780 à
1786, puis recteur de Trébrivan. Remplacé par Laurent
Bercot, né à Duault en 1757. (( Bon sujet, très gai. »
Burthulet. — Patron, saint Jean-Baptiste. Curé, Fran-
çois Le Mognerou, né à Burthulet en 1697, prêtre en
1723, à Burthulet depuis 1723 ; en 1780 il est aveugle ;
décédé en 1783. Remplacé en 1780 par François Le Coenl,
né à Spézet en 1749, prêtre en 1774, chapelain à Sainl-
Servais, chapelle en Burthulet. « Ses cahiers sont supé-
rieurement bien tenus. »
En Duault, outre les trêves ci -dessus, se trouvait le
prieuré de Landugen, dépendant du monastère de Sainte-
Croix de Quimperlé. 11 était desservi par Claude Gourlay,
né à Landugen en 1708, décédé en 1780, puis par Guil-
laume Hervé, né à Mael-Pestivien en 1750, prêtre. En
1776, « il reçoit 200 livres des religieux de Quimperlé et
doit deux messes par semaine. L'église est très indigente
de réparation. Joue à la boule : pourrait faire mieux. »
— 143 —
Saint-Servais
Chapelle en Burthulet, consacrée par Louis du Combout,
dit évêque d'Avennes, c'est-à-dire sufiragant ou auxiliaire
de Vannes et de Quimper. L*acte suivant est extrait d'une
généalogie de la maison de Quélen (1624-1637).
(( ... Du temps de François de Quélen, de son consente-
ment et en présance de Reverand Père en Dieu Louis du
Combout episcopus a Vennetensis par la permission de
rillustrissime Cardinal de Bouloigne, administrateur per-
pétuel de Tevesché de Cornouaille, dédia la chappelle de
Sainct Gervais (sic) size en la parrouesse de Duault Qué-
len dans le fief! dud. sieur et y consacra cinq autels et
benist le cimetière a lentour d'icelle chappelle comme il
se void par les lettres suivantes :
(( Ludovicus de Combout Dei gratia et sanctas sedis
apostolicœ gratia episcopus a Venetensis de licentia et
permissione Reverendissimi in Christo patris et Domini
Domini Fhilippi Cardinalis de Bolonia Corisopilensis epis-
copatus administratoris perpetui seu eius in spiritualibus
vicariusgeneralis, capellam sancti Gervasii et cymiterium
eiusdem ei contiguum infra metas parrochiee de Duault
Quélen Corisopitenis diocesis sitam in territorio et juris-
diclione Potentis et Illustrissimi Franscisci de Quélen,
Domini temporalis dicti loci de Quélen ad infra scripta
prœseûtis et consentientis, ac altaria ejusdem ecclesise
numéro quinquededicavit,consecravit et benedixit.Datum
die secunda Decembris, anno Domini milesimo quingen-
tesimoquadragesimonono, de mandato prœsentis Domini
episcopi, et Refferente Marco le Floch ad prœsentia depu-
tato, Garchambaut. »
144
RÔLE DES DÉCIMES EN 1783
M. Corbel, recteur 87
La fabrice 10
Le Rosaire '. 1
Trêve de Locarn 10
Le Sacre 1
Trêve de S' Nicodème 8
Le Sacre 1
Confrérie du S^ Nom de Jésus 1
Saint-Servais 17
Trêve de Burtulet 7
StYves 1
S* Gonery 1
N.-D. de Pleuvin 1
La Trinité 1
St Michel 1
10» 6-»
15»
lo«
15»
15»
15»
2» 6**
10»
15»
15»
15»
15»
IJi»
Total 1561 158
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CARTULAIRE
DE L'ÉGLISE DE QUIMPER
(Suite.)
491.
JEAN BOURSIER, REÇU CHANOINE ET TRÉSORIER <'>
- 10 Mars 1412 (n. s.). -
Anno Domini M^ quadrigentesimo undecimo, die dé-
cima Marcii, Magisler Johannes Bursarii ville Parisien-
sis fuit receptus et admissus in quantum debeat de
jure admitti in personam Magistri Hervei Sulguen pro-
curatoris sui ad thesaurariam et canonicatum ecclesie
Corisopitensis vacantes per mortem Johannis de Alta villa
et ad distribuciones cotidianas racione prébende dum-
taxat admissus, et dictus procurator juravit statuta etc.,
presentibus ad hoc Guidone Dongualloni, Guidone Kaer-
guegant presbyteris et aliis. Y. Bloez.
492.
GUILLAUME LE SOUTIER, REQU CHANOINE (')
- 22 Avril 1414. -
Anno Domini M^ quadrigentesimo decimo tercio, die
sabbati in vigiliam Sancti Pasche fuit discretus vir Ma-
gister Guillermus Le Soutier Archidyaconus Corisopi-
(1) Cari. 31, i* 32.
(2) Cart. 31, f^ 51.
Bulletin db là Commission diocésaine. — 8* anDée. 10
- 146 —
tensis receptus in canonicum, virtule litterarum Aposto-
licarum per sentencias diflinitivas pro eo latas in curia
Romana, in presencia Guidonis Serrelagat clerici, sui
procuratorîs legîtimi ad lioc constituti, qui quidem pro-
curator nomine quo supra et dictum Magistrum Guiller-
mum fuit admissus in cononicum et fratrem ecclesie
Corisopitensis per dominos canonicos ejusdem et idem
procurator juravit statuta laudabilia dicte ecclesie nomine
magistri sui observare, etc.
493.
PIERRE DU gUENgUIS REÇU CHANOINE (d
— 20 Janvier 1 41 6 (n. s.) —
Anno Domini M^ quadrigenlesimo quinto, die xx™" men-
sis Januarii presentibus ad hoc magistro Johanne Gle-
marhec in legibus licenciato, GuillermoBastardi advocato
curie Corisopitensis, Johanne Mutonis curato ecclesie Cori-
sopitensis et pluribus aliis, fuit Magister Petrus du Quen-
quis receptus in canonicum ecclesie Corisopitensis et fuit
assignatum sibi stallum in choro et locus in Capitulo per
magistrum Johannem Militis canonicum ecclesie predicte,
commissarium ad hoc auctoritate apostolica nemine con-
tradicente fuit receptus in locis predictis eciam de con-
sensu dominorum de Capitulo, etc.
Item die sequente juravit dictus Magister Petrus statuta
laudabilia dicte ecclesie.
G. Serrelagat.
(l) C;*rl. 31, (• 50.
— 147 —
494.
ŒUVRES ET FONDATIONS DE L'EVESQUE GAGIANUS DE MON-
CELLIS : 12 OBIT POUR 13 LIVRES DE RENTE, LE FOND PAYÉ
PAR SES HERITIERS, SÇAVOIR 34 FRANCS ET 7 FRANCS. («>
- 10 Juin 1417. -
Item anno Domini M^ quadrigeDtesimo decimo sep-
timo, die décima mensis Junii, facto et peracto in hac
ecclesia Corisopitensi solempni servicio dicti Béate memo-
rie domini Gaciani nuper ultimi Episcopi Corisopitensis,
nobiles viri dominus Egidius Delbiest miles, dominus de
Thatreyo Nannetensis diocœsis, Tritannus de Landa Armi-
ger, venerabilis vir Magister Johannes Merven scolasticus
et canonicus Nannetensisac provîdus vir Johannes Thome
burgensis Nannetensis executores testamenti seucodicilli
et ultime voluntatis dicti domini Episcopi defuncti, nec
non Magister Guillermus Maillardi filius unicus Eonnete
de Moncellis domicelle sororis dicti de! uncti domini Epis-
copi ac Magister Michael Bruneau filius defuncte Joanne
de Moncellis alterius sororis dicti defuncti domini Epis-
copi fundaverunt juxta voluntatem et ordinacionem dicti
domini Episcopi in suo testamento seu ultima voluntate
predicta contentas et enarratas, et dolaverunt pro reme-
dio et salute animarum dicti defuncti domini Episcopi
parentumque, amicorum et predecessorum et successo-
rum suorum anniversaria et alia divina officia de quibus
inferius fit mencio videlicet : unum anniversarium de
quadraginta solidis faciendum et celebrandum in pre-
(l) Cart. 56, f' 59.
— 148 —
senti ecclesia Corisopitensi die xvr mensis cujuslibet Octo-
bris, qua die decessit idem defunctus et que dies anno
illo incidit die veneris, et undecim alia anniversaria, vide-
licet quolibet de viginti solidis, facieoda et celebranda de
cetero perpetuis temporibus, in dicta presenti ecclesia
videlicet : unum qualibet prima die veneris cujuslit)et
aliorum mensium, pro quorum duodecim anniversario-
rum fundacione et dotacione et ut ultra ea que in ecclesia
presenti pro ipso domino defuncto Episcopo, diebus domi-
nicis ad stationem processionis dicte ecclesie dici et fleri
consueverunt, quilibet sacerdos qui majorem missam ad
majus altare hujus ecclesie cotidie de cetero celebrabit,
perpetuis temporibus, decantato per ipsum presbyterum
Pater noster et ante fractionem eucharistie sacramenti,
dicat et dicere teneatur flexis genibus ante dictum majus
altare submissa voce, corespondentibus sibi dyacono et
subdyacono, totum psalmum Letatus sum, cum Gloria
Patri et cetera, sicut erat et cetera, et antipbonam da
pacem Domine et versus fiât pax in virtute tua, etc. et
orationem Deus a quo sancta desideria, nec non psalmis
De profundis cum totis suis versibus ac orationes JDeuê
qui inter apostolicos sacerdotes et fidelium, Deus omnium,
quodque quamdiu sacerdos psalmos, versus et orationes
hujusmodi dicendo flexis genibus steterit, pulsetur major
campana dicte ecclesie ictualim, sicut pulsatur per antea
in consecratione Corporis Chrisli. Dederunt et realiter in
Capitulo hujus ecclesie solverunt dicti executores et here-
des pro diclo anniversario de quadraginta solidis, tri-
ginta quatuor francos in solucione scutorum auri et ad
coronam et pro quolibet dictorum undecim anniversario-
rum septem decim francos in consimili solutione scuto-
rum.
Item tradiderunt et assignaverunt et livraverunt Capi-
tulo hujus ecclesie unum librum novum vocatum catholi-
— 149 —
con per dictum dominum defunctum Episcopum in suis
testamento seu ultima voluntate huic ecclesie datum et
locatum in dicta ecclesia loco eminenti et patenti in cra-
ticula ferrea recludendum et servandum.
495.
ALAIN LE MEN REÇU CHANOINE (')
- 23 Août 1420. -
Anno Domini M9 quadrigentesimo vicesimo, die vice-
sima tercia mensis Augusti, fuit Alanus Pétri canonicus
Corisopitensis receptus in canonicum predicte ecclesie
Corisopitensis in personam Magistri Guillermi Oliverii
rectoris de Treuoltre et assignatum sibi staiium in choro
et locum in Capitule et juravit statu ta predicte ecclesie,
et fuit notarius Johannes Bloez junior.
496.
PIERRE LE MEN PRÊTE SERMENT (')
— 23 Novembre 1420. —
Anno Domini M» quadrigentesimo vicesimo, die xxiii*
mensis Novembris, presentibus ad hoc dominis Johanne
an Sur, Guillermo Guen presbyteris et aliis, Venerabilis
vir Magister Alanus Pétri canonicus ecclesie Corisopiten-
sis juravit statuta et observaciones ejusdem ecclesie tenere,
inutilia que ejusdem evitare etc.
Actum in CapituloCorisopitensi presentibus Canonicis,
juramentum hujusmodi recipiente Magistro Johanne Pér-
il) Cari. 31, f 42.
(2) Carfc. 81, ^ 3â.
— 150 —
fecti coDcanonico de consensu aliorum canonicorum. Da-
tum ut supra, etc.
J. Riou pro instrumento.
497.
GUILLAUME MAUCOUSU REÇU CHANOINE <')
- 19 Janvier 1423 (n. 8.) -
Anno Domini M® CCCO XXIl® secundum usum ecclesie
Gallicane et die ix mensis Januarii fuit receptus Guiller-
mus Maucousu ad canonicatum et prebendani vacantes
per mortem magistri Alani Penquelennec cujus anima
requiescat in pace.
498.
LES TOURS DE SAINT-CORENTIN COMMENCÉES <')
- 26 Juillet 1424 -
Anno Domini, quadrigentesimo vigesimo quarto die
XXVI'' mensis Julii qua die erat festum béate Anne matris
Marie, fuit inceptum novum opus pinaculi occidentalîs
ecclesie Corisopitensis et turrium ibidem inchoatarum ;
in cujus fundamento collocaveruut insimul primum iapi-
dem Reverendissimus m Christo pater et dominus dominus
Bertrandus dictus de Rosmadec Dei gracia Corisopitensis
Ëpiscopus, ornamentis pontifîcalibus indutus et dominus
Johannes de Languevoez miles ad hoc ex parte illustris-
simi principis domiui Johannis ducis Britannie destina-
tus, presenlibus et assisteutibus ibidem venerabilibus
viris Magistris Johanne Militis thesaurario, Oliverio
Hospitis, Johanne de Treanna, Rodulpho Albi alias Pen-
(1) Cart. 31, f 43.
(2) Cart. 56, f 65.
— 151 —
quelennec, [Petro du Quinquis, Bertrando Symonis, Jo-
hanne Hascoedi fabrice dicte ecclesie et operis predicti
procuratore et gubernatore, et Guillermo Maucousu dicte
ecclesie Concanonicis, nec non et populi atque plebis
copiosa multitudine et cetera...
499.
ÉTABLISSEMENT D'UN TRONC POUR L'ŒUVRE
DE LA CATHÉDRALE 0)
- 18 Map« 1426. -
Anno Domini millesimo quadringentesimo vicesimo
quarto die décima nona mensis Marcii, indicione tercia,
pontificatus Sanctissimi in Christo patris et domini Nostri
Domini Martini divina providentia pape quinti, anno
octavo,.venerabiles viri Cappitulum ecclesie Corisopitensis
in loco eorum capitulantes eciam propter boc ut dicebant
congregati, voluerunt et consenserunt quod in dicta eccle-
sia fieret et erigeretur de novo unus troncus firmandus
seu claudendus duabus clavibus quarum unam custodiet
procurator operis in parte inferiori et occidentali dicte
ecclesie ab anno citra inchoati et aliam vero custodiet
unus de canonicis dicte ecclesie, ad hoc per Capitulum
predictum deputandus ; quodque procurator operis pre-
dictus levaret reciperet et haberet oblationes omnes et
singulas in dicto tronco faciendas, ad opus ipsum expo-
nendas, exceptis oblationibus que fient duobus tempo-
ribus anni videlicet, temporibus peregrinationis septem
sanctorum Britannie, quas dicti venerabiles viri in soli-
dum percipient prout hactenus consueverunt, unde inci-
piente pérégrination hujusmodi status, poterit procu-
(1) Gart. 56, litt. D.
— i52 —
rator operis prefati, oblationes tune in hujusmodi tronco
factas ab ipso extrahere, recipere et habere ad finem pre-
dictum convertendas et iînitis ipsis peregrinationibus,
dicti venerabiles viri statim extrahent récipient et babe-
bunt oblationes durante peregrinatione predicta in ipso
tronco factas et de ipsis ad ipsorum libitum disponere et
protestati que fuerunt dicti venerabiles viri, quod dictum
troncum quando ipsis videbitur expediens omnino tôl-
ière et annullare possent et poterunt, premissis que omni-
bus et singulis consensum et assensum illico prebuerunt
reverendus in Cbristo pater et domious dominus Bertran-
dus Dei gratia episcopus Corisopitensis et venerabiles
viri magister Johannes Hascoedi in legibus licenciatus
procurator faciende dicte ecclesie et operis predicti in
dicto loco capitulantes, una cum dictis venerabilibus vins
tune presentibus eaque laudaverunt et approbaverunt. Acta
fuerunt bec in loco capitulari dicte ecclesie presentibus
ad boc dominis Yvone Kersulgen et Johanne Kanlan
presbyteriis et aliis.
Kersulgen pro instrumente.
500.
CHANOINES INFIRMES, SANS FICTION, ESTANT EN VILLE,
SONT TENUS POUR PRÉSENTS ^
— 19 Février 1434 (n. 8.) —
Anno Domini M^' CCG^ tricesimo tercio die xix* nona
Februarii in loco capitulari ecclesie Corisopitensis cano-
nici dicte ecclesie tune résidentes in civitate Corîsopi-
tensi, capitulantes congregati, voluerunt, statuerunt et
ordinaverunt inter se, quod si aliquis seu aliqui eanoni-
(1) Cari. 56, f 62.
- 153 —
corum dicte ecclesie presencium in dicta civitate impedi-
tus vel impediti, pretextu infirmitatis corporalis eorum-
dem, non possit aut possint, cessante fictîone quacumque,
personaliter interesse missis que celebrantur extra cho-
rum dicte ecclesie, quarum occasione distributiones
obveniunt et sunt eisdem canonicîs ordinale, nec non
magnis missis celebrandis infra cliorum ejusdem ecclesie
diebus festorum S^^ Chorentini, Nativitatis Dominî, Pas-
che, Penthecostes Domini et omnium Sanctorum, perci-
piant et habeant ac percipiat et habeat distribuciones
suas in et propter hoc ordinatas, ad modum ceterorum
canonicorum eisdem missis iateressencium.
501
RECONNAISSANCE PAR LE DUC DU DROIT DE JURIDICTION
DE L'ÉVÊgUE DANS LA VILLE CLOSE DE QUIMPER (')
— 18 Décembre 1461. —
Copia. — Charles, duc de Bretagne, vicomte de Lymo-
ges, à nostre capitaine de Kempercorentin, anozsenechal
baillif et recepveur dou lieu et a noz autres justiciers et
officiers salut.
Révèrent père en Dieu nostre amé conseillé levesque de
Cornoaille nous a donne entendre que comme la juridic-
tion de Kempercorentin et ailleurs en la terre de Téglise
li appartient, aucuns de nos officiers se sont eslanciez de
lait de congnoestre et exercer la dicte juridicion tant a
congnoestre de contractenantz faiz entre personnes|en son
terrouer et en la terre de Téglise que de injures de per-
sonnes, que de vouloir contraindre ses hommes et soub-
giez à cause de l'imposicion en sa dicte ville en la terre
(1) Cart. 31, ^ 53.
— 154 —
de leglise, de laquelle chose est en son grand grief, domage
et préjudice et de son église comme il dit et sur ce, nous
a requis de li pourvoir de remède. Si vous mandons et
commandons et a chacun de vous que desorenavant vous
ne vous entremestez de cognoestre ne exercer juridicion
en la dicte ville es cas desus diz en aucune manière, en
préjudice dudit Révèrent père en Dieu et de la dicte
église ; et si aucune chose a esté faite ou temps passé au
contraire, nous voulons que ce ne li porte préjudice et
pour ce que à cause de guerre lan ne peut bonement
exercer juridiction sur nos hommes et soubgiez ou terri-
toire de Cornoaille hors de forteresce, et pour cause de
ce et le saubvement de noz soubgiez lan a exercé nostre
juridicion en la dicte cité et en la terre de leglise, faiz
bannies, prins prisoniers et arrestez, nous voulons que
ces choses tant pour le temps passé que pour le temps
avenir ne portent préjudice audict Révèrent père en Dieu
ne a sa dicte église et ausi voulons que quant vous et noz
autres oiTiciez aurez mestier de exercer juridicion sur nos
hommes, bannies faire, arrester ou emprisoner ou autre-
ment justicier en la dicte cité ou ailleurs ou lerrouer de
leglise, vous demandez licence doudit Révèrent père ou
de ses giens et que sauz congé vous ne faciez les choses
susdicles en la terre de l'église en auchune manière car
ensi le voulons, nonobstant choses que len ait fait ne usé
ou temps passé au contraire, lesquelles nous voulons que
ne li portent aucun préjudice ne a la dicte église. Sauvez
noz droitures et gouvernement encien paravant les guerres.
Donné a Guigamp le xviii« jour de décembre lan mil
111^ sexante et un.
Par Monseigneur le Duc en son conseil.
G. Belengier.
— 155 —
Et ego Henricus de Veteri landa Corisopîtensis diocesis
publicus apostolica auctoritate et impérial! notarius, pre-
dictam copiam de litteris predictis feci et manu propria
scripsi, easque litteras vidi, tenui et palpavi sanas et inté-
gras et sigiilo domini Ducis sigillatas, et quia collacione
facta per me Guillermum Nani clericum, presentibus et
audientibus magistro Thoma Episcopi, Richardo Fabri et
Guillermo Marhec de dictis litteris cum presenti copia,
eos concordare inveni, hic me subscripsi et signum
meum consuetum posui, die mercurii post festum inven-
cionis.... (sic).
502.
APPROBATION DU PRÉCÉDENT STATUT ^')
(Voir n^BOO.)
- 8 Mal 1470. -
Anno Domini M^ CGCCo LXX» die octava mensis Maii,
Capitule generali festi estivalis Beati Corentini durante,
Domini Capitulum ecclesie Corisopitensis, viso supra-
scripli proxime slatuti per ipsostenore, ipsumqueequum
et juri consonum censentes, matura deliberatione habita,
illud laudarunt et approbarunt et statutum laudant et
approbant et in futurum observari voluerunt et consen-
serunt.
Actum ut supra presentibus tune Dominis et Magistris
Johanne Cochet, Johanne Baillivi, Salomone Dagorn,
Francisco de Hospicio, Alano Penguelennec, Alano de
Rosmadec, Kernyvinem, et Guillermo Ruflî canonicis
residentibus et capitulantibus per Capitulum.
Franciscus de HOSPICIO.
(1) Cart. 56, f* 62.
— 456 —
508.
STATUTS CAPITULAIRES (')
— 6 Novembre 1488. —
Chanoine nouTcau pour participer aux distributions payera chape
ou 18 escus d'or Tienx.
Anno Mo CCCCLXXXVIII die sexta Novembris, domini
Capitulum capitulantes, pensantes necessitatem caparum
servicio divino ecclesie, que vetustate fere consumpte sunt
et quod de novis providendum foret necessarie, unani-
miter statuerunt quod amodo, quilibet novus canonicus
in receptione sua et ut ad distribuciones assequatur, unam
capam honestam dare ecclesie, seu loco cape, decem et
octo scuta auri antiqua soivere teneatur.
Chacun vicaire dans 3 mois aura un psautier bien noté à ses
frais ou payera 8 escus vieux.
Item considérantes librorum psalteriorum choristis
psallencium in choro deffectum, statuerunt et ordinarunt
quod quilibet vicariorum ecclesie sue, teneatur unum
psalterium feriale débite notatum, suis sumptibus infra
très menses, pro se habere vel octo antiqua scuta auri
pro querendo illud psalterium, in Capitulo soivere.
Que le serment des chanoines pour le secret du Chapitre se
reitérera à tous chapitres généraux.
Item voluerunt quod juramenta canonicorum de obser-
vandis et non revelandis secretis rerum et tractatuum
Capitularium, possit et debeat quolibet Capitulo generali
repeti et prestari.
(1) Cart. 56, f- 62.
(A suivre.)
— 157 —
NOTICE
^ (c*^\
SDR LES
PAROISSES DU DIOCESE DE QUIIHPER ET DE LÉON
Par MM. PEYRON et ABGRALL.
(Suite.)
ÉDERN
Cette paroisse est mentionnée au Cartulaire de Lande-
vennec comme ayant été donnée, au x^ siècle, à l'abbaye
de Landévennec, par Budic, comte de Cornouaille. Cette
localité devait son importance au séjour passager de saint
Edern, qui y avait établi un ermitage. Voici comment
Dom Plaine résume la vie de ce saint personnagei, d'après
un cantique composé à la fin du xviii<^ siocle, sur une vie
latine du Saint, actuellement perdue mais qui existait
alors dans les archives de Plouédern. Edern, né dans Tile
de Bretagne, renonçant au monde, traversa la mer pour
venir aborder à Douarnenez, d'où il gagna le Juch, puis
Edern, où il se retira dans la forêt de Quistinic.
En eal lec*h var aod Keme
A dem doBt da Zouamene
Anvet ar Juk brema c*hoaz
Gat he lestrig e touaraz.
Da glask eal lec^h euz a sioul
Vid tec'hed pell dionz ar fonl
He loj en eur c'hoad, a gemer
Eun diou pe deir leo dionz Kemper.
— 158 —
A Quistinic, les gens du pays reconnurent bientôt les
vertus de saint Edern et, se groupant autour de son ermi-
tage, formèrent un centre religieux qui était appelé
vtcatrte quand il fut donnéà Landévennec, un demi-siècle
plus tard. Cependant, dit le cantique, le seigneur de
Quistinic ou de la Chateigneraye, mécontent probable-
ment de cette affluence. prit prétexte de ce que la vache
du saint ermite était mal gardée et venait sur ses terres,
la tua, et ce procédé fut si pénible pour le saint homme,
qu'il se retira à Plouédern.
An autroa eus a Gislinit
A fachaz ouz he vioc'hik ;
Ha laoskaz varnezi he chas
Ha chom al loen var ar plas.
Edern dont ; ha var a gounter,
Ar vioc'h senti var ar ger,
Sevel ac'hano ha mont koit
Euz a bark aotrou Kistinit.
A Lannédern, où, dit le cantique, Edern éleva une cha-
pelle en l'honneur de la Sainte Vierge, le Saint continua
ses œuvres de pénitence et d'édification; c'est là qu'il
sauva la vie à un cerf qui, poursuivi par les chasseurs,
vint se réfugier dans les plis de sa robe. Là aussi, raconte
le cantique, étant un jour en prière, le valet du Duc de
Bretagne, qui se rendait à Léon, vint lui demander la
route à suivre. Le Saint, se trouvant en une sorte d'extase,
ne répondit pas, et le valet, impatienté, lui donna un
soufflet ; aussitôt, le Duc et les gens de sa suite devinrent
aveugles; mais ayant demandé pardon à saint Edern de
l'offense qui lui avait été faite, celui-ci leur dit de conti-
nuer leur route, mais qu'ils ne tarderaient pas à recouvrer
la vue ; alors, le Duc fit vœu de construire une église au
lieu où s'opérerait la guérison, ce qui arriva lorsqu'entrés
— 189 —
au pays de Léon, ils s'arrêtèrent au lieu où est aujourd'hui
Plouédern, et où le Duc fit construire une église dédiée au
saint ermite de Lannédern.
Saint Edern mourut à Lannédern, où se voit son tombeau.
L'histoire du cerf protégé par saint Edern, qui ressemble
à s'y méprendre à l'histoire' de la biche de saint Gilles,
expliquerait assez pourquoi le cerf a été pris comme
caractéristique de sainl Edern ; mais on ne comprend pas
pourquoi le Saint serait représenté à cheval sur le cerf.
Aussi a-t-on eu recours à une autre légende qui, cette
fois, est empruntée à celle de saint Théleau, avec de légères
variantes. Voici comme elle est racontée par le comman-
dant Faty (Vie des Saints, manuscrit). Lorsque le Saint
vint de l'île ,de Bretagne à Quistinic, a il s'adressa au
seigneur du pays pour obtenir des terres afln de s'y éta-
blir. Celui-ci lui accorda tout le territoire qu'il pourrait
parcourir jusqu'au chant du coq. En sortant de chez le
seigneur, notre Saint ayant aperçu un cerf, l'enfourcha et
se mit à parcourir le pays. Mais sa sœur, craignant qu'une
pareille course ne nuisît à la santé de son frère, partit
au-devant de lui, dissimulant un coq sous son tablier, et
dès qu'elle aperçut Edern, elle découvrit la tête du coq
qui, ébloui par l'auréole lumineuse qui entourait le Saint,
prit cette clarté pour le jour et se mit à chanter. Le Saint,
fidèle à son engagement, s'arrêta, et c'est pourquoi la
paroisse d'Edern se trouve enclavée dans celle de Briec. »
Saint Edern est donc, comme saint Théleau, représenté,
monté sur un cerf; il n'y a que cette différence, c'est que
saint Edern est représenté en simple ermite, tandis que
saint Théleau, en sa qualité d'évêque, est crosse et mitre.
- 160 —
RÔLE DES DÉCIMES, 1783
M. Le Roy, recteur 20^
Fabrice 8i 12» 6*
Trêve de Guillevain 8^ 12» 6*
N.-D. de Lannien 9^ 17» 6*
S^-Maudez 2i 5»
N.-D. du Hellan li 15»
S^Symphorien 1^ 15*
S«-Guénolé V 15»
Total •541 12» 6**
Extrait des Registres de Véglise paroissiale VEdern et de
r église tréviale de Guellevaiu (ou Galven), de Î608 à
1908 (0.
Recteurs
1531-1533. Louis de Tréanna.
1608-1650. Pierre Le Grand.
1650-1659. Hervé Le Roux.
1668-1673. Pierre Jégouic.
1673-1677. Marc Tanguy.
1678. Charles de la Houssaye, sieur prieur du Pon-
thou et recteur d'Edern, décédé en 1681.
1683-1716. Guillaume Tanguy, abbé de Landévennec.
1716-1720. Guillaume Cornée.
1720-1724. Gabriel de Rospiec, recteur d'Edern et de
Laz en 1723, et recteur de Laz en 1724.
1724-1758. Charles Toulancoat.
1760-1788. Augustin Le Roy.
(1) Noas devoDS ces extraits aux patientes recherches du Recteur et
des Vicaires d'Edern.
- 161 —
1789-1829. Joseph Le Pennée, né à Briec en 1746.
1829-1845. M. Séven.
1845-1846. F. Croissant.
1846-1854. J. Kerrest.
1854-1860. M. Yvenat.
1860-1878. F. Arhan.
1878-1900. J.-M. Normant.
1900-1901. F. Le Sann.
1901-1906. A. Moënner.
1906. Henri Thomas.
Prêtres, Curés, Vicaires d'Édern
1608. Dom Guill. Lieubin.
Hémery, prêtre.
Dom Pezron, prêtre.
Dom Yves Le Floch, prêtre.
Alain Le GofT, prêtre.
1613. Jean Littre, prêtre et curé.
1614. Jean Le Louet, prêtre.
1622. Guill. Gloëgun, prêtre.
1630. Y^ves Le Grand, prêtre.
1636. Jean Botorel, prêtre.
1640. Gilles Guiriec, prêtre en 1640, curé d'office
en 1650, et curé de 1659 à 1644.
1640. Jean Le Grand, curé.
1646. Pierre Labbé, prêtre.
1649. Jean Nicolas, prêtre.
1656.. Jean Briand, prêtre.
1656. Alain Le Guillou, prêtre en 1656 et curé en 1662.
1660. Petrus Talbot, prêtre.
1664. A. Nédélec, sous diacre en 1663, prêtre en 1664,
curé en 1664.
Bulletin de la Commission diocésaine. — 8' année. 11
1664. J. LaDDuzel, sous-diacre en 1664, prêtre de
1668 à 1680.
1664. Gilles Le Foll, sous-diacre en 1660, prêtre en
1665, curé en 1671, annataire en 1677,
1665. Guill. Caugant, diacre en 1660, prêtre en 1663,
annataire en 1677, curé jusqu'en 1716.
1668. Alain Le Guillou, prêtre et cuté.
1670. François Jac, prêtre.
1670. Noël Bureau, prêtre en 1662, annataire en 1670.
1682. Alain Caugant, prêtre.
1671. Yves Poher, prêtre de 1671 à 1704.
1672. Yves Coz, curé.
1704. Jacques Cornée, prêtre en 1704, curé de 1719
à 1734.
1704. Jean Le Grand, prêtre de 1704 à 1726.
1724. Joseph Le Floch, curé d'office de 1724 à 1723
et curé en 1725.
1721. René de Penandref, prêtre.
1728. Michel Le Grand, prêtre en 1728, curé de 1734
à 1737.
1728. J. Arhan, curé eu 1728, curé d'office en 1730.
1729. A. Dréau, prêtre.
1732. F. Cloarec, prêtre de 1732 à 1733.
1732. Alain Hemery, prêtre de 1731 à 1737.
1750. F.-J. Le Foll, prêtre de 1750 à 1773.
1758. J. Guéguen, prêtre.
1759. A.-C. Guillou, prêtre de 1759 à 1762.
1761. G. Le Foll, prêtre de 1761 à 1768.
1765. Ch. Le Ru, prêtre de 1767 à 1784.
1767. J. Le D'hervé, prêtre.
1773. Math. Gouézec, prêtre, curé de 1773 à 1792.
1779. A. Kerdanet, prêtre.
1780. (i. Labbé, prêtre.
1783. P.-J. Le Floch, prêtre.
— 163 -
1787. G. Henry, prêtre.
1791-1793. J.-P. Rohou, prêtre.
1808. J. Liziard, prêtre.
1825.
Cariou, vicaire.
1825.
Séven,
id.
1830.
Kerrest,
id.
1845.
Fagot,
id.
1847.
Glévarec,
id.
1857.
V. Guéguen,
id.
1875.
S. Guéguen,
id.
1878.
H. Salaun,
id.
1880.
A. Jçoueo,
id.
1883.
Kerbrat,
id.
1884.
Bacon,
id.
1885.
Pichon,
id.
1885.
Colin,
id.
1889.
Le Bras,
id.
1893.
Keruzec,
id.
1893.
P. Jaouen,
id.
1894.
Betrom,
id.
1896.
Saillour,
id.
1896.
Baron,
id.
1905.
J.-L. Lharidon,
id.
1906.
J.-M. Danzé,
id.
BÉNÉDICTION DE ClOGHES
(( Ce jour 21« de Septembre 1627, a été faite la cérémo-
nie et bénédiction de deux cloches en Téglise paroissiale
d'Edern, par noble et discret messire Guillaume Tanguy,
recteur de la dite paroisse, et ont été parrains et marrai-
nes scavoir : de celle de Téglise paroissiale, Escuier Fran-
çois Hyacinthe de la Fruglaye, chevalier seigneur de
- 16i —
Kersner, de Bohineau et autres lieux, et haute et puis-
sante Marie Magdalaine Guillaume, dame de Pennandreff
et autres lieux ; et celle de Saint-Symphorien par Escuier
Pierre Tanguy, sieur de Yobezan, et Anne Henriette
Françoise de Rougeart, dame de Kerguellen, Keranroch,
etc. Celle de l'église paroissiale nommée MaHe-Renée, et
celle de Saint-Symphorien, Marie- FrançoUe, El ont signé,
les dits jour et an que devant :
(( Marie Magdalaine Guillaume ; Anne Henriette de
Rougeart ; Katherine Kerguellen ; Jean Baptiste de Pen-
nandreO ; Hyacinthe de la Fruglaye ; René de Pennan-
drefî ; François de Keroudault ; Kerguellen ; F. Tanguy ;
Pierre Coz. »
« Le l®*" jour de May 1650, je soussigné recteur de la
paroisse d'Edern, certifie avoir bénict la cloche Rohine
Françoise d'Edern, nommée par Messire François de Ker-
guellen, seigneur de Dréverz, le Mez, Kervern, etc., et
dame Robine de Kernezne, dame de Kerlean, etc. ; et a
assisté le seigneur de Kerlean, etc. Fait le dit jour et an
que devant.
« Hervé Le Roux, recteur ; F. Kergadalen ; René de
Kerlean ; Guiriec, prêtre. »
«
(( Le 15« Aoust 1735, a été faicte la cérémonie de la bé-
nédiction de la cloche de N.-D. de Lannien, par Noble
Messire François Hyacinthe de la Haye, archidiacre, cha-
noine officiai et grand vicaire du diocèse de Quimper,
laquelle a été nommée Marin Hyacinthe par Escuier Joseph
Marie de la Fruglaye et seigneur de Kerzèvet, dame Marie
Hyacinthe de Robily, femme de escuier Joseph Louis de
Tréouret, seigneur de Kerstrat. (Et ont signé.) »
- 165 -
(( Je qui soussigné certifie que ce jour 2^ de Juillet,
l'an 1674, a été bénite Marie et Renée de 8^ Ouenolé en
réglise treviale de Guellevain paroisse d*Edérn, et a été
nomé par Escuyer René de Penandref, Seigneur de Kerans-
troet, Kermados, Labouziëre, Kerdern et autres, et par
Haute et puissante dame Marie de Penancoat, dame et
vicomtesse de la Gabtière, proprietairesse de Herrez et
seigneries de Trohanet, Keramote la Tour et S^ Laurens
et autres lieux, compagne de Messire Jean Trossier, sei-
gneur chevalier vicomte de la Gabtière, Saint Brieux, le
Pommerays et autres lieux.
(( Ont signé : Marie de Penandref ; René de Penandref ;
Jean Troussier ; Louise Troussier ; Robine de Kerrou-
dault ; François de Kerroudault ; Jac prêtre ; Claude Le
Saux ; Hyac. de la Haye, chanoine arch., ofHcial et vicaire
général ; Hyacinthe de Robian de Kerstrat ; Le Borgne de
Kergus ; Joseph Marie de la Fruglaye de Kerrest ; Maurice
de Trémarec ; Marie de Kerzevez ; du Treoufent de la
Boixière ; Thérèse de Livec ; Ch. L. de PennandrefI
Keranstroet; Ch. de Pennandreff ; J. L. de Treouret de
Pennandref! ; Kerguellen Trémarec ; Toulancoat, recteur. »
(( Le onzième d'Aoust 1710, a été bénie en l'église tre-
viale de Guelevin une cloche pour servir à la dite église,
par Yves Poher, vicaire d'Edern, laquelle cloche a été
nommée Anne. Parrain haut et puissant messire Jean
Baptiste de Penandref, seigneur de Keranstraet, de la
Bossière, de Kerdiren et de Kermadau et de plusieurs
autres lieux, et marraine dame Anne de Kervivart ; et ont
signé ceux qui savaient signer :
(( Anne de la Roche ; Anne Josephe de Tréanna ; Kerans-
troet de Penandref ; M. M. Moricette de Penandref ; Marie
Anne Thérèse Gellot ; de Keranstroet le fils ; V. de Kera-
doré ; Y. Poher, prêtre. »
— 166
Église paroissiale
Cette église a été reconstruite, presque en totalité, dans
les années 1887-1888. On n*a conservé de l'ancien édifice
que les parties qui étaient de bon style et qui offraient
des garanties de solidité; savoir : la façade Ouest avec*
quelques mètres du mur du bas-côté Sud ; Tabside et la
sacristie, qui a été surélevée d*un étage (1).
Le portail Ouest est franchement gothique, des pre-
mières années du xvi^ siècle, avec porte à profond ébra-
sèment composé de nombreuses moulures, le tout cou-
ronné par une contre-courbe à crosses végétales ; contre-
forts entourés de bandeaux-larmiers et surmontés de
pinacles maintenant découronnés; lesrempants du pignon
sont également hérissés de crossettes végétales et ont pour
amortissement dans le bas un chien et un lion faisant
office de gargouilles.
Sur le haut de cette façade se dresse un clocher du
XVII® ou du XVIII® siècle, entouré d'une galerie saillante à
balustres, portée sur des corbeaux en doucine ou grands
modillons. Au-dessus est un double étage de chambres
de cloches, et, pour couronner le tout, un dôme un peu
écrasé, accosté de quatre pinacles octogonaux et sur-
monté d*un lanternon. Ce couronnement appartient à la
famille des clochers de Laz, Châteauneuf, et ancienne
chapelle de N.-D. des Portes, etc.
L'abside a ses angles appuyés par des contreforts dont
(1) Le samedi 22 Février 1812, le tooDerre tomba sur l'ôglise, emporta
reiirémité du clocher, une des graoies vitres fut brisée et jetée de
l'autre c6lé do Tégiise, le toit de la sacristie euleTé.
— 167 -
les bandeaux, les moulures et les couronnements accu-
sent le XVII® siècle ou le xviii«.
Sur la partie inférieure de la sacristie on lit cette ins-
cripUon : M : G : CAVGAN . CVRE . 1711
A : NEDELEC . FAB .
Nf: Y: POHER: VICAIRE
Au porche, la porte d'entrée a tous les caractères de la
fin du XV» siècle ; elle a été prise au portail Ouest de la
chapelle de Saint-Maudet, qui se trouvait en ruine lors
de cette construction. L'ébrasement et Tare des voussures
sont composés de quatre colonnettes et nervures, entre
lesquelles montent deux guirlandes de feuilles de vigne
et de chardon. Cette entrée est encadrée de deux pilastres
prismatiques et d'une contre-courbe saillante à feuillage.
Les crossettes qui ornent le gable, ainsi que celles des
rampants des fenêtres et du transept, proviennent égale-
ment de la vieille chapelle de Saint-Maudet.
A l'intérieur de l'église, aux côtés du maître-autel, sont
deux statues anciennes remarquables :
1. — Saint Edern, le Patron, représenté à cheval sur
un cerf, vêtu d'une robe d'ermite et d'un manteau à capu-
chon, tenant de la main gauche un livre ouvert et de la
droite un bâton à potence. Il est ainsi figuré à cause de
l'épisode du cerf poursuivi par un chasseur, qui se réfu-
gia à ses pieds pour se mettre sous sa protection, dans
son ermitage de Lannédern. La môme représentation se
trouve dans ses églises de Lannédern et de Plouédern, et
dans un vitrail de l'église de Plqgonnec.
2. — Saint Maudet, statue venant de son ancienne cha-
pelle. Il est vêtu de la chape, avec mitre et crosse ; les
orfrois de la chape et les bandeaux de la mitre ornés de
grands et petits cabochons.
Dans le transept Nord est un grand tableau du Rosaire,
ayant les quinze médaillons des mystères entourés de
— 168 —
guirlandes de roses. C'est un tableau votif qui se trouvait
précédemment à la chapelle de Lannien, voisine du châ-
teau de la Boixière, et qui fut donné par un seigneur de
ce château. C'est ce qu'explique une légende inscrite dans
le bas :
VŒVfait par Messirejean baptitte de pennandref chevalier
Seigneur de Keranstret en reconnaissance du bienfait qu'U
avait reçu en passant le passage de Brest à Lanvéau au U
tomba, ayant invoqué la Sainte Vierge qu'on invoque dans
ce Saint-lieu il sentit comme une planche ferme sous les
pieds, les mariniers après une lieu de route retournèrent le
chercher, layant trouvés crièrent MIRACLE en 1706.
Philippe pxii 1706.
L'événement qui a donné lieu à ce vœu est représenté
dans la partie inférieure du tableau, entre saint Dominique
et sainte Catherine de Sienne : Sur la mer, une barque
avec voile, dans laquelle sont deux seigneurs ou gen-
tilshommes portant costume rouge du temps de Louis XIV,
un marinier qui est à la barre du gouvernail, un autre
qui fait la manœuvre et un troisième penché sur le bord
pour retirer de Teau qn troisième gentilhomme, costumé
de la même façon que les autres, lequel est sur le dos
surnageant sur la mer et tenant son chapeau de la main
gauche. Dans le fond, à droite, on voit le château de Brest,
avec ses tours à terrasses crénelées, mais dépourvues de
leurs toits à poivrières, qui avaient été déjà enlevés par
Vauban. En face, à gauche, est une autre sorte de forte-
resse, Bastille de Quilbignon ou Tour de la Motte- Tanguy,
A Tarrière-plan est un amas de maisons avec une église
à clocher gothique : église des Sept-Saints.
Entre les deux panneaux de l'inscription votive se
trouve un cartouche surmonté d'une couronne comtale et
encadrant quatre blasons, mais dont l'un est répété :
— 169 —
1 et 3. D'argent à 2 étoiles de gueules en chef sur crois-'
sant de même en pointe. — Armes des Penendrefl.
2. D'argent à la tour de gueules.
4. D'azur à 3 bandes d'argent.
Extrait des délibérations d'Edern
pendant la période révolutionnaire.
L*aQ 1793 an II de la République française, le 20 Jan-
vier. Nous Officiers municipaux et notables de la com-
mune d'Edern, réunis au lieu ordinaire de notre séance,
le procureur de la commune se leva et nous dit que plu-
sieurs des citoyens l'avaient prévenu que c'était inter-
rompre la loi de rester sans prêtre et sans fréquenter le
très saint sacrement, par conséquent nous vous prions,
Messieurs les Administrateurs du département du Finis-
tère d'avoir la bonté de nous faire avoir au moins deux
prêtres, un pour la paroisse et l'autre pour servir à la
trêve de Gulvein. Et nous nous contenterons de ces deux
jusqu'à ce qu'il vous soit plus facile de nous accorder
d'autres.
Louis Le Grand, maire.
Le 27 Pluviôse l'an II de la République une et indivisi-
ble. Nous Officiers municipauxd'Edern réunis... pour fixer
la descente et le transport de 12 cloches que nous avons
fait transporter au district de Ville sur Aulne, avons fixé
transport des dites cloches à la somme de 45 livres ; pour
la descente à la somme de 35 livres.
Le 14 Pluviôse l'an II de la République française, une
et indivisible. Nous, Maire et Officiers municipaux d'Edern
assemblés,., pour procéder à l'inventaire de l'argenterie
de nos églises nous avons trouvé à l'église paroissiale
— 170 —
rendus par les fabriques des autres chapelles : une croix
d'argent pesant 12 livres ; une autre croix de pommettes
d'argent pesant 5 livres ; 4 chandeliers en argent pesant
9 livres, 2 calices avec 2 patelles, une assiette avec 2 bu-
rettes pesant ensemble 9 livres, lesquels nous avons ren-
dus au directoire de Ville sur Aulne ci devant Chateulln
suivant la loi et les ordres du dit directoire par lesquels
nous avons été forcés.
Chapelles
70 Notre-Dama de Lannien.
Cette chapelle, située à 1 kilomètre au Sud du bourg,
devait dépendre du château de la Boixière dont elle est
voisine. Elle a presque les proportions de Téglise parois-
siale, mesurant 29 mètres de longueur totale à Textérieur,
et entièrement bâtie en pierres de taille.
La façade Ouest semble être du xvii«oudu xvin® siècle,
ayant une porte à plein cintre encadrée de pilastres et
d'un entablement doriques, et surmontée d'une niche de
même style au-dessus de laquelle est un écusson fruste
puis une croix. Le clocher esl une reproduction exacte
de celui de Téglise paroissiale, comme disposition et
comme dimension.
La façade Midi, qui n'a pas de bas-côté, et le transept
qui y fait suite, ont une ordonnance assez magistrale et
appartiennent à la fin de la période ogivale. Le mur Sud
est percé de deux portes, dont une assez singulièrement
moulurée, puis d'une petite baie trilobée et d'une fenêtre
flamboyante à un meneau. La porte Ouest du bras de
transept a dans son ébrasement quatre colonnettes à
chapiteaux feuillages, continuées par des tores formant
^ ili -
Togive, le tout encadré par des pilastres prismatiques
portant pinacles aigus et contre -courbe à crossettes et
chou de couronnement.
La fenêtre du pignon de ce transept compte trois baies
et trois soufflets à redents, celle de Tabside quatre baies
et cinq soufflets simples. Cette fenêtre contenait autrefois
une belle verrière qui a maintenant disparu.
À rintérieur, on trouve une belle nef, avec bas-côté au
Nord et un assez vaste transept au Sud. Les piles qui
séparent la nef du collatéral ont une section en forme de
losange et ont leurs faces découpées de sortes de canne-
lures qui se continuent dans les arcades. Cette moulura-
tion est très fine et très soignée. Vers le milieu est une
pile beaucoup plus forte, portant un arc triomphal, sur
lequel a dû exister un campanile central, avant que fût
bâti le clocher actuel.
Dans l'abside, le bas-côté Nord et le transept Sud, sont
trois autels en pierre dont les tables en granit reposent
sur des massifs en simple maçonnerie de moellon. Près
de ces autels sont trois piscines, dont deux ornementées
de crossettes et de feuillages. Au bout du maître-autel,
côté de TEvangile, est une armoire-tabernacle.
Statues en vénération. — A l'abside : Notre-Dame de
Lannien (N-D. de Pitié), assise, tenant sur ses genoux le
corps inanimé du Sauveur. — Sainte Aune, debout, ayant
devant elle la petite Sainte-Vierge, tenant un livre ouvert.
A l'autel Nord : Saint Sébastien, percé de flèches ; sta-
tue en pierre blanche de 0 m. 90.
Au transept : Saint Fiacre, en pierre blanche, avec
bêche et livre.
Sainte Claire (?) tenant maintenant à la main une petite
branche de vigne, mais devait porter autrefois un ciboire
ou un ostensoir.
Dans le pavé de la nef, près du chœur, est une pierre
— 1^2 —
tombale portant deux blasons frustes accolés, puis une
inscription en grande partie usée :
lANNE DE
PENANDREF
DECED ,.,.^
Au côté Midi de la chapelle, sur le placltre planté de
beaux arbres, est une croix de granit portée sur un mas-
sif triangulaire, mesurant 2 m. 10 de côté, entouré d'un
banc en pierre et d'un soubassement à moulures du
XY^ siècle, et surmonté d'un larmier et glacis de même
style. Sur le croisillon sont Notre-Dame et saint Jean ;
sur Tautre face, Notre-Seigneur assis, montrant ses plaies,
accompagné de deux anges portant les instruments de la
Passion : colonne, fouet, croix et clous.
(( Le 9 Novembre 1784, a été inhumée à.Lannien, damé
Radegonde de Penandreff, veuve de Messire René Bail-
lard Descours, chevalier seigneur d'Arguemont, ancien
lieutenant des vaisseaux du Roy et chevalier de Tordre
royal et militaire de Saint-Louis.
(( Signé : Chevalier, recteur de Briec ;
MmRiEL, prêtre ; Rolland, prêtre ;
A. Le Roy, recteur d'Édern. »
20 Notre-Dame du Niver.
Cette chapelle est le centre d'une grande dévotion, et
son pardon, qui se célèbre le jour de la Pentecôte, est fré-
quenté par un chiffre moyen de 6.000 pèlerins. Dans les
temps anciens, c'est Notre-Dame de Lannien qui était le
pèlerinage en vogue ; mais pour des causes que nous igno-
rons, le concours des fidèles diminua ou cessa presque
— 173 —
complètement, pour se porter à Notre-Dame du Niver.
C'est pour cette raison, sans doute, que la chapelle primi-
tive, trop petite, fut remplacée à la fin du xviii* siècle par
la chapelle actuelle, assez vaste, mais encore insuffisante
pour recevoir la foule immense qui accourt au pardon, et
force a été de construire un abri ou oratoire pour chanter
la grand'messe, au^bord d'un vaste champ où toute cette
multitude peut se masser pour assister à l'office.
La date de 1788, sculptée au-dessus de la porte Ouest
de la chapelle, doit-elle nous renseigner sur l'époque de
la construction du clocher de l'église et de celui de Notre-
Dame de Lannien ? Le clocher du Niver, en effet, est
absolument dans la même donnée, un peu moins impor-
tant, il est vrai, n'ayant qu'un seul étage de chambres de
cloches, mais offrant dans le dôme de couronnement plus
d'élancement et d'élégance.
La porte principale, qui se trouve sous ce clocher, est
assez richement ornementée ; elle est encadrée de deux
pilastres carrés portant un entablement et un fronton à
volutes, au milieu duquel se trouve, sur un cartouche
rond, la date de 1788. Plus haut, est une niche à coquille
dont le dais en lanternon est surmonté d'un petit Christ
ressuscité, à manteau très flottant.
La chapelle se compose d'une nef, de deux branches de
transept assez saillantes et d'une abside à pans coupés.
Les murs sont en belles pierres de taille et offrent bien le
caractère sobre et un peu froid de l'époque : pour toute
ornementation, une petite saillie formant pilastres sur les
angles et bandeaux d'encadrement autour des portes et
fenêtres.
A l'intérieur, même sobriété : murs nus, lambris en
bois formant berceau, en tout quatre fenêtres, deux aux
bouts du transept et deux à l'abside. La longueur totale est
de 16 m. 23, la largeur de la nef, 6 m. 45, et celle du
transept, 14 m. 25.
- 174 -
Nous y trouvons seulement quatre statues :
1. — Notre-Dame du Ni ver, retouchée et repeinte très
richement, genre Munich. L'Enfant-Jésus, vêtu d'une
robe longue, cherche le sein de sa Mère.
2. — Du côté de l'Epttre, une sainte toute maigre, tète
découverte et tenant un livre, que l'inscription récente
peinte sur le socle désigne sous le nom de sainte Margue-
rite, mais qui porte sur sa base l'inscription ancienne :
NTRE . DME . DE . REGORH, N.-D. de recours (?) de
réconfort (?).
3. — Saint Sébastien, percé de flèches.
4. — Sainte Apolline, tenant livre et tenailles.
Au-dessus du maitre-autel, est un tableau représentant
l'Assomption : la Sainte Vierge comme soutenue par deux
anges.
Notre-Dame du Niver est invoquée particulièrement
par les mères de famille, pour avoir une bonne délivrance,
et aussi par les malades qui souffrent de plaies et de
rhumatismes. Voilà pourquoi on voit dans la chapelle,
comme ex-voto, des enfants et des membres en cire, et
aussi bon nombre de béquilles.
Au pignon d'une maison voisine, est fixée sur une con-
sole une statue en pierre de Notre-Dame, ayant le carac-
tère du xvi« siècle ; c'est l'image qui était en vénération
avant celle qui se trouve maintenant dans le sanctuaire.
3^ Saint- Jean Bot- Lan.
Sant Yann-bodlan (buisson d^ajoncs) est située sur le
plus haut plateau de la paroisse d'Edera, à la cote 226
mètres d'altitude, et du vaste placitre qui Tentoure oa
jouit d'un panorama superbe. Cette chapelle appartenait
aux Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, et d'elle
— 175 —
dépendait le moulin du Temple, qui se trouve dans le
vallon, au pied de la montagne, sur le bord Nord de la
route de Châteauneuf, ainsi que la petite chapelle de
Itroun- Varia-an- Templ, qui l'avoisinait et dont il ne reste
plus trace, sinon la fontaine, Feunteun Varia, existant
toujours, mais dépourvue de tout édicule et de tout
ouvrage de maçonnerie.
La chapelle de Saint-Jean est un important édifice,
mesurant 23 mètres de longueur extérieure, presque entiè-
rement construit en pierres de taille, sauf le bas-côté
Nord, où Ton trouve du moellon de schiste disposé en
assises assez régulières. Le caractère général indique le
commencement du xvi® siècle.
La porte principale du portail Ouest, de style gothique,
est entourée de moulures prismatiques, et accompagnée
de deux pilastres ronds ornés de losanges en creux, se
continuant au-dessus des chapiteaux en pinacles et en
contrecourbe de couronnement avec crossettes et chou.
Le clocher qui surmonte cette façade est très élégant, se
composant d'une chambre de cloche et d'une flèche élan-
cée, ornée à sa base de gables aigus et de pinacles.
Les deux portes du côté Midi et du transept sont dans
le môme genre que celle du portail, mais un peu plus
petites, et ayant leurs pilastres de forme prismatique.
Celle du transept a de petits chapiteaux feuillages. Au
delà du transept, est une sacristie octogonale, avec foyer
et cheminée. Près de la façade Midi se dresse une tige de
croix toute hérissée de bosses, mais il ne reste plus au
haut qu'une Notre-Dame de Pitié très fruste ; les autres
débris se voient à l'intérieur de la chapelle : Christ, Notre-
Dame et Saint- Jean, Ecce-Homo, la Madeleine et une
autre Sainte-Femme.
Intérieurement, la chapelle se compose d'une nef, large
de 5 mètres, qu'un rang de piles octogonales formant
- 176 -
quatre travées sépare d'un unique bas-côté Nord, large
de 2 m. 38. Plus loin, sont deux branches de transept et
une abside droite, enfoncée seulement de 1 m. 50. La
longueur totale de l'intérieur est de 21 mètres.
Dans le sanctuaire et les bras de transept, sont trois
autels en pierre ; deux autres, plus petits sont adossés à
la pile et au pilastre qui terminent la nef ; sur l'un de ces
petits autels, côté Midi, sont déposés des ex-voto assez
étranges, une soixantaine de galets roulés, galets de mer
ou de rivière, ou provenant de monuments mégalithiques,
cailloux de toutes dimensions, de tous grains et de toutes
couleurs, et avec lesquels les pèlerins se frottent les yeux,
tout comme à Saint-Jean-du-Doigt ils se font imposer le
Doigt du saint Précurseur, et comme à Saint-Jean de
Plougastel-Daoulas ils s'appliquent sur les yeux le fac-
similé d'œil en cristal, enchâssé dans de l'argent et fixé
par une chaînette à la statue du saint Patron. A la cha-
pelle de Saint-Symphorien de la même paroisse d'Edern,
on trouve aussi une dizaine de galets analogues, mais
leur attribue-t-on également des vertus curatives ?
Le maître-autel est couvert d'un revêtement en bois
assez bien travaillé ; les gradins, le retable et le taberna-
cle sont ornés d'arabesques, colonnettes, niches, et sta-
tuettes du xviP siècle, fort bien sculptées. Dans un pan-
neau du retable on voit un petit blason portant d'argent à
2 étoiles de gueules en chef et 1 croissant de même en pointe,
qui est de Penendreff.
Aux côtés de cet autel, dans des niches ressemblant à
de petites armoires d'horloges, sont les statues de :
Notre-Dame d'Espérance, Vierge-Mère couronnée ;
Saint Jean, à chevelure et barbe longues, tenant un
disque surmonté d un agneau, qu'il montre de la main
droite. Il est vêtu d'une peau de bête, dont on voit la tête
et les pattes.
^ 177 -
Les autres statues de la chapelle sont : rEcce-Homo; —
Saint Edern, à cheval sur un cerf ; — Saint Hervé, tenant
un livre, et ayant h ses pieds un loup bridé.
Dans le petit réduit du bas du collatéral, sont relégués
un Ecce-Homo et un saint Sébastien.
La maîtresse vître, au-dessus du maître-autel, conserve
encore une partie de son ancienne verrière. Le bas des
panneaux a disparu, mais on peut reconnaître les trois
scènes représentées :
1. — Saint Jean baptisant le Sauveur.
2. — Le bourreau décapitant saint Jean et remettant sa
tête à Salomé.
3. — Hérodiade perçant la langue du Précurseur avec
un stylet.
Le couronnement de ces panneaux se compose de dais
et pinacles gothiques. Dans les soufflets, les blasons sont
frustes et méconnaissables, mais on lit encore sur deux
banderoles latérales cette inscription : Ecce Agnus...
Dans les soufflets de la fenêtre du transept Sud, sont
conservés deux écussons composés :
Ecartelé aux 1 et 4 d'or à 3 croissants de gueules, qui
est Liziard, aux 2 et 3 d'azur à la quintefeuille d'argent,
qui est de la Lande.
Parti d'un coupé d'or aux 3 croissants de gueules, et d'azur
à la quintefeuille d'argent ; d'azur aux losanges d'argent.
Dans le soufflet de la petite fenêtre Sud de la nef, est
un agneau pascal surmonté d'une croix à banderole*
4^ Saint-Symphorien.
Cette chapelle est dédiée à saint Symphorien, soldat
martyr, le même qui est honoré à Saint-Yvi, près Ros-
porden, et à Paule, près Rostrenen. Elle est distante de
Bulletin de la Commission diocésaine. — 8* année. 12
- 178 -
2 kilomètres et demi du bourg, dans la direction du
Nord, tout contre le village de Laudivigen. C^est un édi-
fice assez modeste de 15 mètres de longueur intérieure,
sur 5 m. 60 de largeur.
La façade Ouest a une petite avancée en pierres de
taille, servant de base à un petit clocher à dôme et lan-
ternon, inspiré de ceux plus importants du boui^ de
Lannien et du Niver. A l'intérieur, il n'y a que deux sta-
tues anciennes :
1. — Saint Symphorien, soldat martyr, vêtu de l'ar-
mure en fer, cuirasse, cuissards et brassards, avec épée
suspendue à son ceinturon. La tête est découverte, et ses
cheveux longs tombent sur ses épaules.
2. — Sainte Catherine, vêtue d'un manteau et d'une
robe à collerette, qui monte à toucher son menton. Elle a
couronne en tête, longue chevelure et tient son épée et sa
roue.
50 Noire-Dame de Hellen.
Elle se trouve à 4 kilomètres au Nord du bourg, dans
la direction de Gouézec. Les statues anciennes sont :
Notre-Dame, - un beau groupe triple de sainte Anne, la
Sainte Vierge et l'Enfant-Jésus, — puis un saint Barthé-
lémy écorché vivant.
6^ Saint'Maudet.
En ruine, à 1 kilomètre au Nord du bourg. La porte
principale et les pierres ouvragées ont été transportées
pour être employées dans la reconstruction de l'église
paroissiale. Après 1 abandon de la chapelle, on a continué,
selon la vieille tradition, à prendre de la terre sous le
maître-autel en granit, pour conjurer les afiections de
jambes, abcès, humeurs froides et tumeurs blanches,
- 179 —
qu'on dénomma mol de êaint Maudet (drouk sant Vodet).
On en a tellement pris que Tautel a été complètement
déchaussé et a fini par s'ébouler.
Il reste encore, près de l'emplacement de la chapelle,
le soubassement triangulaire d'un vieux calvaire, qui
devait avoir une certaine importance.
70 Chapelle de Ouîven (Ghtellvain), Saint-Ouénolé,
Cette chapelle a été entièrement rebâtie en 1880, sur les
plans de M. Boyer, architecte de la ville de Quimper ;
mais on a conservé l'ancien clocher gothique, très élégant
de forme, et la fenêtre à trois baies de l'abside. Les mesures
intérieures sont : longueur, 13 m. 50; largeur, 5 m. 60.
Au pignon Nord de la sacristie, on a incrusté un vieil
écusson timbré d'une mitre et d'une crosse et qui porte :
écartelé aux 1 et. 4, d*azur à l'aigle d*or accompagné de
trois étoiles de même ; aux 2 et 3 se voit une colombe d'argent
portant un rameau d'olivier. Ce sont les armes des deux
abbés Pierre et Jacques Tanguy, qui ont gouverné l'abbaye
de Landévennec de 1627 à 1695.
Les vieilles statues conservées sont :
1. •— Un saint évéque ou abbé, en pierre, haut de
2 mètres, en chape, mitre et crosse, la mitre et les orf rois
ornés de nombreux cabochons. L'inscription assez récente,
gravée sur le socle, le désigne comme étant saint Guénolé,
patron ; ne serait-ce pas originairement saint Goulven ?
2. — Un saint prêtre, barbu, en chasuble, tenant un
livre ouvert. Le cul-de-lampe qui le porte est soutenu par
un buste de femme tenant une pomme dans sa main, et
terminé en queue de serpent.
3. — Vierge-Mère, xv« siècle, en pierre blanche, hau-
teur, 0 m. 95, à couronne ornée de hauts fleurons très
-^ 180 —
découpés ; elle est un peu hanchée comme les Vierges de
cette époque. Elle porte sur son bras gauche TEnfant- Jésus
velu d'une robe et tenant des deux mains une banderole
déroulée. Dans la main droite elle a le pied d*un lis dont
la fleur a disparu.
4. — Saint évoque, xv« siècle, vêtu d'une chape très
drapée par devant ; il tient un livre, et sa crosse, qui a
perdu sa hampe, avait une volute feuillagée.
5. — Abbé en chape, portant crosse et tenant un livre
fermé sur sa poitrine.
6. — Autre statue de Vierge-Mère, en granit, de facture
inférieure, portant sur son socle : ROLAND. F. F., Roland
fit faire.
Au bas de la chapelle, est un bénitier portant cette ins-
cription : 1657 : MI : POVLIQUEN
Dans le pavé, sont quelques pierres tombales de 1766-
1768. On continue à enterrer dans le cimetière les gens
de cette trêve, fort éloignée du bourg. Dans ce cimetière,
une vieille croix de pierre, mais découronnée, repose sur
un socle carré, de 2 mètres de côté, entouré d'un banc et
d'une plinthe moulurée et surmonté d'un glacis-larmier,
style XV® ou xvi® siècle.
En dehors de cette enceinte, du côlé Sud-Est, est la
fontaine de dévotion, recouverte d'une voûte ogivale, en
pierres de taille.
Curés de Glellevain
1621. Philibert Pezron.
1633-1652. T. Pennanech.
1652-1633. J. Nicolas.
1653-1659. J. Jac.
1659-1661. G. Le Page.
— 181 -
1668. A. Le Guillou.
1661-1663. J. Capitaine.
1673-1686. Gilles Le Foll.
1686-1716. Yves Coz.
1716-1719. A. Dreau.
1720. L. Benoist.
1720-1722. Pierre Douérin.
1722-1723. Henri Jan.
1724-1734. Vincent Caugant ou Gueguen. — Vers 1730
(B. 230) une procédure fut engagée contre le S^ Meslou
de Trégoin pour avoir frappé de son épée M'® Vincent
Gueguen, curé de Guellevain.
1740-1761. François Cloarec.
1761-1770. A. C. Le Guillou.
1770-1786. Ch. Le Reï.
1784-1786. Guill. Bernard.
1786-1792. Kerdanet.
Guelvain dépendait autrefois de Tabbaye de Landéven-
nec. On y faisait les baptêmes, les mariages et les enter-
rements.
On y chante la messe quatre fois par an : le dimanche
qui suit la fête de saint Guenolé, patron de la chapelle ;
le jour de l'Ascension ; la fête de sainte Anne et le diman-
che qui suit la fête dea Morts.
Le 8 Février 1636, Messire Pierre Tanguy, abbé com-»
mandataire de Landévennec, conseiller du Roy, aumô-
nier ordinaire du seigneur du Guellevain, est parrain de
Jan de Kergradiou.
Le 1«' Nivôse an XII (1804) les tréviens de Guellevain,
demandent un prêtre, car la trêve n'est plus desservie
depuis la mort de M. Yves Kerdanet. Cette demande d'un
prêtre desservant ce quartier fut vainement renouvelée
en 1846 et 1854.
— 482 —
A 500 ou 600 mètres de Gulven est UBe petite chapelle
où Ton vénère iant Véguen,
Est-ce saint Guénégan ou Conog» ?
On nous signale une chapelle en ruine dite de Lanarnec,
probablement sous le vocable de Saint-Arnec, le fonda-
teur légendaire de Landternec ou Landerneau.
*
On lit sur le registre paroissial à la date de 1638, cette
mention faite par M. Le Grand, prêtre d^Édem, de la
prophétie suivante qui rappelle celle de NûêtradamuÊ :
Le 8« jour de Décembre 1627, une pierre tomba dessus
le clocher de Saint-Mathieu, à Morlaix, à la veue de pla-
sieurs personnes auquel il estait escript ce qui s'ensuit :
Un peu avant seize-cent- trente,
Les vouga à la barbe jausne payront la rante,
Un beaa Gaston moult besoignera,
Et la croix ronge de conteur changera.
Gonde glao bras amou noas a dra sur
Meur a vonga varvel a dmiUon,
Hac en on bro a changée stil
Rac mny e quit cant mil a vresillo.
Ces vers bretons pourraient se traduire :
Après la grande pluie, orage dévastateur suivra.
Plnsienrs seront étouffés, on mourra en masse
Et le pays changera de face
Car pins de cent mille quitteront poar gneneyer.
Maisons nobles
Bouexiere, S' du dit lieu : d'argent à la croix patiée
d'aeur,
PenendrefI, S' de Keranstret et de la Bouexiere : d'ar-
- 483 -
gent au croissant de gueules surmonté de deux étoiles de
même; devise : qu'aucun querelleur n'y entre.
Thominec, S' de la Boixiere : d'azur à une croix d'ar-
gent chargée de cinq pigeons d'azur, becqués et membres de
gueules.
Monuments anciens <*)
Menhir de 2 mètres dans le cimetière de Landivigen
ou Saint-Symphorien.
Restes d'un dolmen à 50 mètres de la chapelle.
Pierres amoncelées affectant la forme d'un tumulus à
100 mètres à TEst de Landivigen.
Tumulus de 12 mètres de diamètre à 900 mètres à
rOuest de Landivigen.
Tumulus sur le flanc de la montagne, à gauche de la
route allant à Châteauneuf .
Tuiles et restes romains à la Boixiere.
Motte dite Ar Santinellou, à Ty-Flean.
(1) Voir M. do Chatellier, p. 131.
— 184 —
GUILLAUME PERRON
Évèque de Léon < 1489-1472)
1
Guillaume Ferron, dont la famille était originaire des
diocèses de Saint-Malo et de Dol, portait pour armes,
nous dit M. de Courcy : d^azur à la bande d'argent chargée
de quatre hermines de sable, le champ semé de billettes d'ar-
gent sans nombre. Ces armes ont été reproduites par les
soins de M. de Courcy, dans le porche méridional de la
cathédrale de Saint-Pol ; mais si ces armes sont celles de
la famille Perron, ce n'étaient pas celles que portait le
Prélat, car son sceau, dans les nombreux actes que possè-
dent les Archives départementales, dressés au nom de cet
Evêque, figure constamment une fasce accompagnée de
trois grelots, et ces armes se voient également aux voûtes
de la cathédrale et au porche dont nous parlions plus haut.
N'étant encore que dans les ordres mineurs, Guillaume
Ferron fut nommé archidiacre de La Mée, autrefois du
diocèse de Nantes, puis ensuite du diocèse de Rennes.
Elu Evoque de Léon le 20 Mars 1439 (N. S.) il se rendit
en Italie où il assista aux dernières sessions du Concile
de Florence et son nom figure parmi les évéques qui, le
6 Juillet 1439, signèrent le décret d'union avec les Orecs,
mais en ce moment il n'était encore qu'Evéque élu et sa
signature est ainsi rédigée :
Ego Gulielmus electus Leonensis suscripsi.
Il dut, vers la fin de cette année 1439, revenir prendre
- 18S -
possession du siège de Léon qu'il occupa pendant 33 ans,
d'un épiscopat rempli de contradictions de toutes sortes,
comme on pourra s'en convaincre par les quelques docu-
ments qui vont suivre et que nous avons extraits des
Archives vaticanes.
Vers 1450-1451, de graves dissentiments surgirent au
sujet de l'étendue de la juridiction de l'Archidiaconé,
entre l'Évoque Guillaume et l'archidiacre de Kemenedily,
Bertrand de Rosmadec, qui porta l'affaire au pape Nico-
las V ; un procès s'en suivit et il eût été désirable que les
parties, demeurant en paix, laissent au juge suprême le
soin de décider la question, mais l'archidiacre prétendant
que l'Evéque lui en voulait, ainsi qu'à ses ofBciaux, fami-
liers et serviteurs, et qu'il ne manquait aucune occasion
de les molester, demanda au Pape de les soustraire à la
juridiction de l'Évêque pour les prendre sous sa protec-
tion immédiate, si bien que l'Évêque ne pourrait procéder
contre eux ni les frapper de censures.
Nicolas V, croyant mettre fin à ce déplorable conflit,
écouta la supplique de Bertrand de Rosmadec, et lui
accorda Texemption qu'il demandait par ses lettres du
5 des nones de Mai 1452, mais cette mesure, loin de cal-
mer les esprits, ne fit que les exciter et de graves abus
s'en suivirent ; en effet, dès que quelqu'un était mécon-
tent de l'Evêque ou de ses officiers, sous prétexte de
montrer leur empressement vis-à-vis de l'Archidiacre, il
se faisait admettre comme employé ou clerc de son offi-
cialité et ainsi il échappait à la juridiction de TÉvêque et
à la répression de délits commis. L'Évêque ne manqua
pas de fdire observer combien cet état de chose portait
un grave préjudice à son autorité et à son administra-
tion, et il finit par obtenir du pape Callixte III des lettres
- 186 -
abolissant l'exemption accordée par son prédécesseur aax
employés et familiers de l'archidiacre de Kemenedily.
Les lettres de Callixte III sont du 4 des ides d'Octobre
1456, seconde année de son Pontificat.
Bertrand de Rosmadec ne dut pas être satisfait de cette
décision, mais il ne put longtemps soutenir la lutte, car il
mourut en 1459. Malheureusement pourl'Evéque, mourait
aussi Callixte III qui lui avait été favorable.
Le nouveau pape Pie II, fut, dès son élévation, prévenu
contre l'Evéque de Léon, par des rapports calomnieux sur
sa conduite, si bien que le Souverain Pontife chargea d'une
enquête à ce sujet, Tabbé de Saint-Mathieu fin de terre,
l'Archidiacre de Quemenedilly qui n'était plus Bertrand
de Rosmadec et Bizien Mériadec, chanoine de Tréguier
(9 Juillet 1359). Sur les entrefaites, Christophe de Coëtivy,
frère du cardinal Alain, titulaire de Sainte-Praxède, obte-
nait du Pape, comme l'avait obtenu Bertrand de Rosmadec,
l'exemption de la juridiction de Tévêque de Léon sur lui
ses ofiiciers, familiers, prétendant que l'Evêque lui en
voulait et vexait ses serviteurs de toute manière.
En 1460, sur une nouvelle accusation, par laquelle on
dénonçait au Pape la nomination faite par l'évêque de
Léon comme archidiacre de Quemenedilly d'un Jean
Drouet, de Nantes, son neveu, qu'il aurait ainsi nommé
(Camali affectione), le Pape donnait l'archidiaconé de
Quemenedilly à Alain, de Penmarch, clerc de Léon.
A toutes ces tribulations, vint s'ajouter contre l'évêque
Guillaume une entreprise si injuste et si odieuse que le
Pape, non encore revenu de ses préventions, n'hésita pas
à la réprouver de la manière la plus sévère. Voici à quelle
occasion :
Au mois de Février 1451, une baleine vint s'échouer sur
le rivage de Léon, dépendant du temporel de l'Evêque.
- i8l -
Comine de cootume, elle lui fut adjugée ; elle fut dépecée,
et la graisse qu*on en retira fut mise dans huit tonneaux
que Ton déposa provisoirement dans la cathédrale de
Saint-Pol, mais le Duc apprend la chose et immédiatement
il expédie à Saint-Pol des cavaliers, des fantassins et des
archers, chargés de s'emparer de la dite baleine comme
aubaine appartenant au Duc. Ces gens armés envahissent
donc la ville, se rendent au palais épiscopal et dans Tin-
tention de s*emparer de TEvéque, défonoBUt les portes, et
sans rien respecter, ils s'emparent, non seulement des
meubles et ustensiles, mais encore des papiers, contrats
et registres de Tévèché ; ils ne respectent pas l'église
cathédrale où ils vont saisir les tonneaux de graisse qu*on
y avait déposés, puis revenant à l'évèché, ils profèrent les
plus horribles propos contre l'Evéque, défoncent les portes
de la prison, où un clerc était détenu pour ses forfaits et
lui donnent la liberté ; mais ils en veulent surtout à la
personne de l'Evéque. Le concierge ne voulant pas dire où
il est caché, est littéralement torturé, puis le concierge et
les chapelains de l'Evéque et ses serviteurs, au nombre de
vingt, sont enchaînés et conduits prisonniers jusqu'à
Nantes où ils ne recouvrèrent leur liberté qu'après avoir
payé rançon. De plus avant de quitter la ville épiscopale,
ils font publier au nom du Duc, que nul ne pourrait désor-
mais recourir à la Curie épiscopale, que pour les causes
concernant les mariages, les testaments et la séparation
des lépreux, et comme un notaire avait voulu dresser
procès-verbal contre cette promulgation attentatoire aux
droits de TEvéque, ces soudards le rouèrent de coups et
le forcèrent à manger et à avaler l'acte qu'il venait d'écrire
ainsi que le sceau qui y était attaché, disant bien haut
qu'ils n'hésiteraient pas à appréhender l'Evéque, alors
même qu'il serait à l'autel ; enfin, en repartant pour Nantes,
ils laissèrent des gardes armés chargés de saisir le tem-
— 188 —
porel de TEvéque et de le remettre entre les mains du Duc.
Cependant TEvéque qui s'était caché, profita des ténèbres
de la nuit pour s'échapper de la ville et éviter la fureur
et la cruauté de ces forcenés qui mettaient sa vie môme
en danger.
Il put se retirer à Angers, où avec Tautorisation de TEvè-
que, il intenta une action contre le Duc et ses principaux
complices dans cet acte de violence, à savoir : Guillaume
Chanum (Chonan ?), Olivier Dubreil, Jean Loret, Pierre Le
Cozic, Merien Le Cozic, Guy du Faou, Jean Blouet, Thomas
de Kerasret, Prigent Kerouzeré, Prigenl de Kermellec,
Jean du Faou, Bertrand de Mareil, enfin TEvéque informa
le Pape de ces violences inqualifiables.
Pie II répondit à cette plainte par une lettre datée du
2 Juin 1461, et adressée à TArchevéque de Tours et à
TEvéque de Nantes, par laquelle il flétrissait, comme ils le
méritaient, de tels excès, et chargeait ces prélats d'appeler
devant eux les délinquants, de s'assurer de la véracité des
faits, et de les frapper des sentences et des censures qu'ils
avaient encourues ; mais le Pape prévoyant qu'il ne serait
ni facile ni prudent pour les juges d'envoyer des citations
régulières et personnelles à ces accusés, déclarait que ces
citations seraient suffisamment valables si on se contentait
de les afficher dans des lieux publics voisins le plus possi-
ble, des limites du duché de Bretagne.
Le Duc de Bretagne s'aperçut, sans doute, qu'il était allé
trop loin; satisfaction fut donnée dans une certaine mesure
à TEvéque qui revint à Saint-Pol, mais pour y être exposé,
l'année suivante, à un attentat du même genre.
Le dimanche 17 Octobre 1462, une troupe de forcenés
ayant à leur tête, Guy Olivier, Alain Kermelec, Jean
Keraudi, Guillaume Jacopin, Jean Moinart, Alain Bozec,
résolus de tuer l'Evêque ou du moins de s'en emparer,
vinrent mettre le siège devant le palais épiscopal, au son
— 189 -
des trompettes, armés d'épées et d'instruments propres à
réussir dans leur entreprise, ils brisèrent les portes et les
fenêtres, mais comme malgré cela, ils ne pouvaient péné-
trer dans le palais, ils escaladèrent le verger de Tévéché
voisin du couvent des Carmes, et démolissant murs et
portes, ils envahirent Tévéché où ils demeurèrent plusieurs
jours et plusieurs nuits, cherchant inutilement TEvêque,
et s'en vengeant, en détruisant ou pillant ses meubles.
Mais les plus coupables étaient les seigneurs qui les avaient
envoyés ou dii moins encouragés dans une pareille entre-
prise de brigandage, qu'ils avaient poussée au point de
chavirer des barques remplies de poissons, comme appar-'
tenant à l'Evêque, au risque de faire périr les pécheurs
avec leur chargement.
Cette fois encore l'Evêque réclama près du Saint-Siège
contre cet attentat, et par ses lettres datées du 1®' Mai 1465,
Pie II donna commission d'en informer, à l'abbé du Relecq
et aux chanoines de Tours, Guillaume Ansquer et Olivier
Goazspern, leur donnant mandat de publier dans les
églises et lieux publics, où ils le jugeraient opportun, les
sentences d'excommunication encourues non seulement
par les auteurs de ces actes odieux, mais contre tous ceux
qui les auraient favorisés par leurs conseils ou leur pro-
tection, ordonnant de les éviter jusqu'à ce qu'ils aient
pleinement satisfait à l'Evêque et réparé les dommages
causés, notamment aux pêcheurs dont ils ont submergé
les barques ; que s'ils ne veulent pas se soumettre, il ne
faut pas hésiter à jeter l'interdit sur les lieux, villes ou
châteaux qu'ils habitent, les dépouillant eux et leurs en-
fants, jusqu'à la seconde génération, de toutes les dignités,
honneurs et privilèges dont ils jouissaient.
Les coupables au lieu de reconnaître leurs torts, voulu-
rent donner le change au Souverain Pontife, en déposant
à Rome une nouvelle plainte basée sur les accusations les
— 190 —
plus calomnieuses contre TEvèque de Léon, si bien que
le 1»' Mai 1463, date de la lettre contre les attentats commis
dans révéché de Léon, le Pape donnait mandat à Tabbé
de N.-D. de Begar d'informer de la conduite de Guillaume
Perron et d'examiner si les faits incriminés avaient quelque
fondement. Mais déjà l'Archevêque de Tours avait rendu
une sentence favorable à l'Evèque de Léon, qui provoqua
une sentence définitive du Pape, du 7 Janvier 1464 (N. S.)
absolvant Guillaume Ferron de toutes les accusations
calomnieuses portées contre lui, proclamant que ce prélat
pendant les vingt-deux ans et plus qu'il a gouverné le
'diocèse de Léon, non seulement a été exempt de blâme
mais au contraire a été digne d'éloge et bien méritant de
la sainte Eglise.
Cette sentence du Pape Pie II ne dut pas arrêter la rage
des calomniateurs contre Guillaume Ferron, ils essayè-
rent encore près de Paul II de faire condamner l'Evèque
de Léon, mais ce fut en vain, et par une bulle du 29 Sep-
tembre 1469 (1) qui résume dans plus de vingt pages de
texte toute la procédure instruite contre l'Évéque, le Pape
confirme la sentence de réhabilitation rendue au profit
de Guillaume Ferron, par son prédécesseur Pie II.
11 n'est cependant pas certain que de nouvelles affaires
n'aient été suscitées contre l'Evéque, après cette justifica*
tion solennelle de sa conduite, car nous le voyons trois ou
quatre ans après, entreprendre le voyage de Rome, proba-
blement pour soutenir la justice de sa cause ; toujours est-
il que c'est à Rome même que Guillaume Ferron trouva
le repos, en passant à une vie meilleure, l'an 1472, après
un épiscopat plein de contradictions et de luttes pénibles
et qui n'avait pas duré moins de trente-trois ans.
(l) Arch. Vat. Paul H An VI. Vol. 533.
191
RELEVE DE QUELQUES BREFS D'INDULGENCES
accordées par la Cour de Rome
à Voccasion de la construction ou réparation dé quelques
églises ou chapelles dans les diocèses de Quimper et de
Léon au XIII^ et XIV^ siècles.
Au diocèse de Léon :
1371. Réparation de THôpital Saint-Julien de Lander-
neau. « Reparacionem HospUalis Sancti-Juliani siti in
capite pontis de Landerneau. »
1371. Construction de Téglise Saint-Goulven. < Ad fabri-
cam ecclesie. >
1371. Construction de l'église Notre-Dame de Lesneven.
« Ad fabricant ecclesie. »
1373. Construction de l'église de Guiclan (Ploelan).
« Ad fàMcam ecclesie. »
1376. Réparation de l'église de Notre-Dame du Mont-
Carmel en dehors des murs de Léon. « Ad reparationem
ecclesie. >
1381. Indulgences pour ceux qui visiteront la chapelle
de Notre-Dame de Brelès, dans la paroisse de Plourin.
1381. Construction (fabrica) de la chapelle de Notre-
Dame de Porspoder.
1382. Construction (fabrica) de l'église paroissiale de
Plourin-Léon.
Au diocèse de Quimper :
1290. Indulgences à ceux qui visiteront l'église du mo-
nastère de Quimperlé dédiée à la Sainte-Croix.
1291. Indulgences à ceux qui visiteront l'église de Saint-
Tudi. « Sancti Tudini de Capcavallo. »
- 102 —
1367. Réparation de Téglise de Quimper.
1371. Indulgeoces à ceux qui visiteroat la chapelle de
Notre-Dame de Roc-Amadour située dans la paroisse de
Melenac au diocèse de Quimper. c Capellam B. M, de Rupe
amatoris sitam ititra limites ecclesie de Melenac, Corisop.
dioces. »
1371. Indulgences à ceux qui visiteront Téglise de la
Sainte-Trinité et de Saint-Tudy à Pont-rAbbé. « Eccle-
siam Sancte-Trinitatis et Sancti-Tudini de Ponte (ibbatis. »
1371. Construction (fabrica) de Téglise de Saint-Tremeur
de Carhaix.
1371. Restauration de 1 église de Quimper.
1371. Construction (fabrica) de la chapelle de Saial-
Tudi, en Tile, paroisse de Combrit. « Capellam Beati
Tudini de instda. >
1372. Réparation de la chapelle Saint- Yves en Ploban-
nalec.
1374. Indulgences pour la réparation de l'église parois-
siale de Saint-Primael de Quimper. « Ecclesiam parochia-
lem Sancti Primaelis corisopitensis. »
1374. Réparation de l'église de Saint-Vinoc, de Ploezinec.
1382. Indulgences à ceux qui visiteront l'église parois-
siale de Saint-Primel du diocèse de Quimper.
1383. Réparation de la chapelle de Notre-Dame sur la
place Saint-Michel de Quimperlé. « Capellam Béate Marie
in platea Sancti- Michaelis. »
1383. Indulgences à ceux qui visiteront la chapelle de
Notre-Dame de Treferin dans la paroisse de Plouguer.
Chanoine Peyrox.
CAUTULAIRE
DE L'ÉGLISE DE QUIMPER
(Fin.)
504.
LITTERA LICENCIE ARCHIEPISCOPI DE ELIZENDO
EPISCOPUM (')
Jeudi -Saint 1290 (n. s.)
Buchardus Dei gracia Archiepiscopus Turonensis,
venerabilibus viris et discretis nobis in Christo carissi-
mis Capitulo Corisopitensi salutem et sinceram in DomiDo
caritatem.
Denuntiala Nobis ex parte vestra, per venerabilem
virura Magistrum Herveum de Donlas Archidyaconum
de Pocher in ecclesia Corisopitensi vestri et Corisopi-
tensis ecclesie procuratorem litteratorem destinatum
morte bone memorie Eveni nuper ecclesie Corisopitensis
episcopi et petita ut convenit à Nobis licencia elizendi.
Nos eamdem licenciam tenore presentium Vobis con-
cedimus rogantes vos in Domino exhortantes quod Deum
habentes pre oculis providere salubriter studeatis magis
ecclesie quam persone.
Valete in Domino Ihesu Christo.
Datum die jovis apud Larcayum, die jovis ante diem
ressurectionis dominice,anno Domini M«CC°LXXX nono.
(1) Gart. 56, ^ 86. Cette pièce a sa place naturelle à la suite du n* 143
de la présente édition du Cartulaire.
Bulletin db la Gommission DiocisAiifB. — 8* année. 13
— 194
LE PETIT SEMINAIRE DE PONT^CROIX
I
Vkm Rocbedreox : Pont-rAbbé et Pont-Croix (1806-1809).
Au début de la Révolution, il y avait, à Pont-Croix,
une petite école tenue par l'abbé Marc Quillivic, avec un
dévouement tel que, par ses soins, plusieurs élèves se
trouvaient à même, chaque année, de rentrer dans les
hautes classes du collège de Quimper (1). Cette école dis-
parut, comme les autres, faute d'élèves et faute de maître,
car on sait que la Révolution, pour mieux aviver les
lumières, commença par les éteindre toutes.
Dans son œuvre de reconstruction, le Premier Consul
n'eut garde d'oublier l'instruction publique, à ses diffé-
rents degrés. La loi du 11 Floréal an IV établit que l'ins-
truction sera donnée, non seulement dans les écoles pri-
maires, mais dans les écoles secondaires, et l'on entend
par là des établissements fondés par les communes et les
particuliers, où l'on enseigne les langues latine et fran-
çaise. Le gouvernement encourageait l'établissement de
ces écoles, soit par la concession d'un local, soit par la
distribution de places gratuites dans Jes lycées, à ceux
des élèves de chaque département qui s'étaient le plus
distingués.
D'autre part, les évêques firent tous leurs efforts pour
rouvrir les sources depuis longtemps taries des vocations
(1) € Vis Huoicipale à Pont-Croix. » Bulletin de la Société Archëolo^
gique, 1906.
— 195 -
sacerdotales. Dans ce mandement célèbre du 10 Janvier
1807, qui est comme la charte de fondation du Séminaire,
Mgr Dombideau de Crouseilhes rappelait qu'il ne saurait
y avoir des prêtres instruits et vertueux, s'ils ne se for-
ment pas, dès la plus tendre jeunesse, dans des écoles où
ils puissent faire de bonnes études et puiser une piété
éclairée. « Le Séminaire, disait-il, ne doit servir qu'à déve-
lopper leurs talents, en les appliquant à toutes les bran-
ches de la science ecclésiastique et à affermir leur piété.
Aussi l'Église de France, dans les jours de sa prospérité,
avait multiplié les petits séminaires. C'était dans ces
utiles établissements que se formèrent d'abord ces prê-
tres respectables qui se montrèrent ensuite avec tant de
distinction dans leur cours de théologie et avec tant de
succès dans l'exercice du saint ministère.... »
Le bienfaiteur du Séminaire, M. Le Coz, curé de Car-
haix, songea, un moment, à établir, dans sa bonne ville
deQuimper, une petite école semblable, s'il était possible,
à celle de Plouguernével. Il fut relativement facile de lui
démontrer que le Séminaire était l'établissement qu'il
importait d'abord de bien,constituer; l'Évêque n'en favo-
risa pas moins la création de petites écoles, en différents
centres de son vaste diocèse. Celle de Pont-l'Abbé fut une
des premières à fonctionner, sftus la direction de l'abbé
Rochedreux.
* *
Originaire de Concarneau, René Rochedreux était vi-
caire de Mahalon, en résidence à Guilers, lorsqu'éclata la
Révolution. Il refusa de prêter le serment du 26 Décembre
1790 et fut traduit, une première fois, devant le tribunal
du District de Pont-Croix, pour avoir déclaré, au prône,
que les acquéreurs de biens nationaux étaient tenus à
— 196 —
restitution (1). Mis en état d'arrestation au château de
Brest, le 1^' Décembre 1791, il opta, le 4 Août 1792, pour la
déportation et lorsque les expatriés du Jean-Jacques se
dispersèrent, il se retira à Compostelle.
Pendant son séjour en Espagne, l'abbé Rochedreux re-
cueillit quelques bribes de la langue indigène dont il
agrémentait ses lettres aux amis, 'mais surtout il dut y
contracter des amitiés qui, à son retour de l'exil, le retin-
rent à la Rochelle, où il gagna la confiance de l'évéque
concordataire, Mgr de Mandolx, qui le fit entrer dans
l'administration diocésaine et lui confia la surveillance de
huit communes. Aussi, loin de céder aux instances de
Mgr André, qui voulait le faire revenir à Quimper, se fît-il
incorporer au diocèse de la Rochelle.
Il dut pourtant quitter le pays et rentrer momentané-
ment en Bretagne, sous la menace du poignard des pa-
triotes de nie de Ré, d'où il avait fait sortir deux desser-
vants constitutionnels ; l'un pour cause d'ignorance et
l'autre pour raison d'inconduite.
Son ami de Coatpont, nommé curé d'Elliant, à la réor-
ganisation des paroisses, lui reprocha vivement de n'être
pas accouru à l'appel de Mgr André. Après avoir vaine-
ment sollicité la faveur de retourner au milieu de ses
chers paroissiens de Poullan, il avait, en effet, obtenu qu'on
y nommât l'ancien vicaire de Guilers. a Malheureux ami,
lui dit-il, tu es cause que mes chers paroissiens gémissent
et gémiront peut-être longtemps, sous le gouvernement
d'un intrus I » M. Rochedreux s'excusa en disant qu'il
ignorait ces négociations et qu'il avait dû céder aux pres-
santes sollicitations de Mgr de Mandolx. u Lorsque j'entrai
dans sa chambre, pour lui communiquer l'ordre de me
rendre dans mon diocèse, ce saint et savant prélat me
(1) c CorrespoDdaDce de M. Trôhot de ClermoDt. » Bulletin, 1907.
— 197 —
prit la main, en me priant de ne pas me séparer de lui. »
A peine était-il de retour à la Rochelle,que Mgr de Mandolx
fut transféré à Tévéché d'Amiens, en Décembre 1804.
Sans doute, le nouvel évéque, Mgr Paillon, lui témoigna
]e désir de le garder près de lui ; mais un des grands
vicaires, « dont le principal mérite est d'être membre de
l'Académie de la Rochelle», ayant manifesté l'intention de
réhabiliter le sujet interdit pour cause d'ignorance par
l'abbé Rochedreux, celui-ci résolut de rentrer dans son
diocèse d'origine, croyant ne devoir rencontrer aucun
obstacle à se rendre à Poullan.
Quelle ne fut pas sa surprise, lorsque M. Frollo, vicaire
général, lui déclara que M. Dimizit resterait à Poullan,
parce qu'il avait promis de léguer le presbytère à la pa-
roisse. M. Rochedreux comprit, dès lors, qu'on attachait
peu d'importance à son retour dans le diocèse.
On le chargea pourtant, en 1806, de prêcher le Carême
à Pont-l'Abbé et de suppléer à l'insuffisance du clergé de
la ville et des environs, a C'est un fait constant, écrit-il à
M. Clanche, secrétaire de l'Ëvêché, que le peuple de cette
commune vit dans une ignorance crasse de la morale et
de ses obligations. Le peuple était privé, avant la Révolu-
tion, des instructions de ses pasteurs respectifs, à raison
de la distance fatigante qui les séparait. Les Carmes
étaient ses ressources pour l'audition de la messe et pour
les sacrements. Aujourd'huy qu'il a le bonheur d'avoir
un pasteur résidant au milieu de lui, il n'est pas plus
avantagé du côté des instructions. Il est de fait que son
pasteur, sans doute à raison de sa faible santé, et son
vicaire, à raison de ses années et de son peu de pratique .
dans le ministère ecclésiastique, ne peuvent pas se livrer
à un devoir aussi essentiel. J'ai eu la présomption de
croire que je pouvais y suppléer... » En effet, pour une
mission si délicate, il fallait plus de tact que n'en avait
- 198 —
naturellement le pauvre vicaire de Guilers, déjà bien bal-
lotté par les événements.
Dès le dimanche de Pâques, on lui refuse la satisfaction
d'expliquer au peuple le mystère de ce grand jour. Il a
beau multiplier ses offres de services, on ne juge même
pas à propos de les agréer pour les premières commu-
nions française et bretonne. Le dernier dimanche d'Août,
M. Le Moêl et son vicaire convinrent, dans la sacristie, de
l'ignorance du peuple et des enfants, et le prièrent de
faire une instruction, sous forme de catéchisme, à la
première messe. On lui permit de l'annoncer et, le
dimanche suivant, à la suite du prône, il s'étendit sur
l'excellence du catéchisme, sur les avantages qui en
reviennent à ceux qui y assistent et au catéchiste lui-
même. Hélas I trois jours après, M. le Curé avait changé
d'avis et le malheureux catéchiste s'écrie tristement : « Je
me sens accablé de douleur; ]e sommeil se retire de mes
yeux, les inquiétudes me décharnent entièrement ». Et il
demande, avec le prophète Jonas, qu'on le jette à la mer.
Cependant, la petite école qu'il a fondée, entre temps,
est assez prospère. En Janvier 1807, elle compte quatorze
élèves, dont trois paraissent devoir être de brillants sujets,
faisant des thèmes et des versions d'un bon troisième.
Nommé conseiller municipal, il se propose de détruire,
dans sa source, l'oisiveté qui règne dans la ville, en enga-
geant les maisons qui font l'aumône tous les vendredis, à
mettre, en masse, le montant des aumônes, pour acheter
du chanvre, le faire filer, en salariant les pauvres à qui
on le confiera et en faire de la toile dont on habillera les
mêmes pauvres et leurs enfants. Il désire que la munici-
palité s'occupe aussi des moyens d'arrêter les suites incal-
culables et déplorables de l'ivrognerie,, en condamnant à
une amende les aubergistes qui foulent'^ux pieds les lois
divines et humaines I
- 499 -
L'Administration diocésaine ne lui laissa pas le temps
de réaliser ces beaux projets ; elle songeait à le pourvoir
d'une succursale, lorsque M. Kerloc'h, desservant de Pen-
marc'h, émit le vœu qu'on établît une école dans le canton
de Pont-Croix, qui fut toujours très fertile en sujets, pro-
mettant de doter le pensionnat d'une rente de six bois-
seaux de froment et ne doutant pas que la municipalité
de cette ville ne fît un sort honnête à l'instituteur.
#
# #
Les démarches n'aboutissent pas. M. Magon, receveur
à cheval dans les Droits réunis, consent à céder sa maison,
mais à condition que son propriétaire, M. Cbappuis, le
dégage de son loyer, et que la municipalité lui procure
un autre logement. De son côté, M. le Préfet déclare que
les communes environnantes ne pourront contribuer aux
frais du nouvel établissement que sous forme de collecte.
Les conseillers municipaux de Pont-Croix, connaissant
leurs compatriotes, savent qu'elle ne produira rien. Ils
préfèrent voir doubler l'octroi de la commune, qui était
aOermé 1.150 livres, et sont disposés à en référer au Mi-
nistre de l'Intérieur.
En attendant une solution administrative^ le 5 Mai 1807,
six habitants se cotisèrent pour faire à M. Rochedreuxun
traitement provisoire de 900 livres par an, pour le loger
et le nourrir, lui et les élèves qui le suivraient de Pont-
l'Abbé, jusqu'à la Saint-Michel. A cette époque, M. Hignard,
ayant acquis la terre de Tréfrest, qui appartenait à M. du
Marhalla, leur céda sa maison, moyennant un loyer de
300 livres.
Pont-Croix se vit ainsi doté d'un établissement bientôt
prospère, au point qu'en Mars 1808, le directeur réclame
à Monseigneur les 6 livres convenus a pour prix de la
— 200 —
victoire grammaticale », et demande à Sa Grandeur de
lui donner un aide. Il désigne M. Le Nir, du collège de
.Quimperlé, qui fournira à peine six sujets au diocèse,
tandis que le collège naissant de Pont-Croix en compte
déjà vingt-quatre sur quarante-cinq. Au reste, la Munici-
palité étant incapable d'assurer un traitement quelconque
à son aide, M. Rochedreux s'offre à lui donner sa pension
et un logement à son choix, dans la maison qu'il occupe.
Il n'y avait guère à choisir dans cette maison déjà insuffi-
sante et le. propriétaire ne veut pas y faire le moindre
changement pour séparer les classes.
Le Directeur jette un regard d'envie sur la communauté
des Ursulines, qui appartenait à M. de Clermont et dont
la partie principale était occupée par les gendarmes et
par les quelques religieuses restées à Pont-Croix, depuis
la Révolution. Mais le propriétaire en demandait un prix
trop élevé pour les ressources de M. Rochedreux, et bien
qu'il parut vouloir « s'humaniser » — son petit-fils étant à
l'école, depuis quinze jours, et sa dame ayant promis
d'user de toute son influence — , le directeur songe plutôt
à occuper la capucinière d'Audierne, local plus commode
et plus agréable, encore qu'il y fallût au moins 3.000 livres
de réparations, .et que la Municipalité de cette ville ne
pût assurer la moindre pension, même à un seul pro-
fesseur.
Mais M. Lécluse ne consent point à louer la capuci-
nière. D'autre part, M. de Clermont ne sait quand il
pourra disposer de la communauté, et M. Hignard mani-
feste l'intention d'occuper son château. Le pauvre direc-
teur est d'autant plus découragé, que Monseigneur, en lui
refusant M. Le Nir, lui proposait un autre collègue qu'il
ne pouvait accepter. « J'aurais besoin, écrit-il, de quel-
ques jours de repos pour rétablir ma santé languissante,
à défaut du bon vin de Porto. » Souvenir d'Espagne î
— 201 —
Par un revirement subit, voici qu'Audierne et Pont-
Croix se disputent l'honneur et le profit d'offrir un asile
à M. Rochedreux. Le maire d'Audierne, M. Guezno,
jaloux de procurer à ses administrés l'avantage inappré-
ciable d'un collège ou d'un petit séminaire, suggère un
moyen très simple d'acquérir la capucinière : il s'agirait
d'être autorisé par M. le Préfet à percevoir le sou par
livre sur tous les contribuables de l'arrondissement : on
réaliserait, par an, environ 6.000 livres, et l'acquisition,
l'ameublement et l'entretien de la dite capucinière ne
seraient point onéreux. M. de Clermont propo3e le même
moyen d'acquérir la communauté des Ursulines, dont il
demande 30.000 livres.
Aucun de ces projets n'aboutit, pour le moment, et la
situation devient de plus en plus critique.
Sommé par son propriétaire de déloger dans trois mois,
cité devant le juge de paix, en paiement d'arrérages dus
à son aide, le directeur se voit encore menacé de perdre
ses modestes émoluments, a La Municipalité de cette ville,
écrit-il h Monseigneur, le 12 Juin 1809, considérant que,
dans le nouveau collège, le nombre des étrangers excède
celui des enfants de la commune, vient de prononcer,
dans sa sagesse, qu'elle ne doit pas me continuer le même
traitement, à moins de borner mes soins aux élèves de la
ville. J'ai répondu que je ne pouvais ni ne devais acquies-
cer à une condition diamétralement opposée à la fin que
Votre Grandeur s'était proposée en me chargeant de cet
établissement. Prononcez, Monseigneur, sur ma destina-
tion I » Il n'en voit pas d'autre que de devenir « pension-
naire du séminaire » ; le diocèse prenant à sa charge
l'écolage et l'entretien des enfants qui se destinent à l'état
ecclésiastique.
A ce moment, dix élèves seulement devaient aller au
Grand Séminaire, mais le maître comptait en avoir bien-
- 202 —
tôt vingt, et se flattait de les rendre aptes, en deux ans, à
faire leur philosophie.
L'abbé Rochedreux ne demandait pas mieux que d*ôtre
débarrassé des enfants de la ville, qui sont « d'indompta-
bles lutins ». Il songea même à s'établir au presbytère de
Plouhinec, que l'on pourrait aménager et réparer, grâce au
généreux concours de la famille de la Porte Vézins. Aussi,
est-ce avec un véritable soulagement qu'il écrit de Pont-
Croix, le 30 I>écembre 1809 : « Je touche enfin au moment
si désiré de quitter cette commune, pour aller à Meilars.
Dans cette agréable solitude, mon cœur ne forme que
deux vœux : le premier, d'y fonder, sous de plus heureux
auspices, un établissement propre à former des sujets
pour le diocèse ; le second, de marcher sur les traces de
mon prédécesseur et de mériter, comme lui, la confiance
et les regrets du meilleur des prélats. » Et, le 15 Janvier
1810, secouant la poussière de ses souliers sur le peuple
ingrat de Pont-Croix, il partit, avec sa petite bande, pour
la solitude de Meilars. (A suivre.)
— 203 —
NOTICE
^1 C^l
8Un LES
PAROISSES DU DIOCÈSE DE QCINPËR ET DE LÉON
Par MM. PETRON ai AB6RALL.
(Suite.)
ELE8TREC
Ancien nom de la paroisse actuelle du Folgoët. L'église
d'Elestrec était dédiée à saint Jagu ; mais ayant été abat-
tue par la foudre, les paroissiens s'établirent, vers le
milieu du xvii« siècle, dans l'église de Saint-Vellé, à Guic-
quelleau, qui servit désormais d'église paroissiale, jusqu'au
moment où, au commencement du xix» siècle, la paroisse
s'établit au Folgoët. (Voir Folgoët)
ELLIANT
(ELQENT, ELJENT, ELYANT)
La plus ancienne forme du nom de cette paroisse, Elgent,
nous est donnée dans le Cartulaire de Quimperlé, d'abord
dans la donation de Bos amand, à la fin du xi« siècle, par
le comte Alain, où il est noté que cette terre est située sur
les limites de deux plous : Duarum Plébium, Elgent vide-
— 204 —
licet et Fuenant; en effet, Locmaria-an-Hent, ancienne
trêve d'Elliant, aujourd'hui en Saint-Yvi, se trouve près
de Logamand, et le même Alain, comte de Bretagne, le
12 Avril 1107, donnait au monastère de Sainte-Croix de
Quimperlé la terre de Killicaduc, aujourd'hui Quilligadec,
en Locmaria-an-Hent, in Elgent Cette terre valait quatre
mesures ou chopines de miel, quatuor ciathos idest Jiana-
fat mellis.
En 1210 (Cart. Quimper, n^ 19), le comte de Thouars,
en réparation de ses entreprises sur le domaine de rÉvô-
que de Quimper, promit 60 sous de rente dans la paroisse
d'Elgent.
Recteurs d'Elliant, avant le Concordat
1350. Yves Penboul ; mentionné au Cartulaire de
Quimper comme ayant fondé son anniversaire à la
cathédrale.
1390. Jean de Carvan (Archives vaticanes).
1394. Alain de Penquelennec ; devient chanoine
de Quimper à la mort de Rioc de Lestuhan (Arch.
vat.).
1405. Jean de Tréanna, recteur et chanoine de Quim-
per.
Le 23 Décembre 1433. Lettres du duc Jean V (2.130),
par lesquelles, a pour les loyaux services que Yvon
de Tréanna et Jean de Tréanna, son fils, ont laicts
depuis longtemps, en plusieurs manières, il affranchit
et exempte en perpétuel, de tous louages et subsides,
dix estagers des villages de Tréanna, Roch et Penno-
f guerner, en Elliant. »
1496. Les archives départementales possèdent un
rôle des dîmes d'Elliant avec le nom des laboureurs
qui y sont sujets (6. 319).
— 205 —
Le dimanche 18 Septembre 1502, au prône de la
grand'messe, se présenta noble homme Jean Keredec,
seigneur temporel de Keredec, de la paroisse d'Elyent,
qui représenta aux paroissiens assemblés, que, depuis
longtemps, et du consentement des dits paroissiens, il
avait fait poser ses armes en signé de noblesse, « armo-
rum intsrsignia in êignum nofiilitatis, » dans la fenêtre
de la chapelle de Sainte-Catherine, au' côté septen-
trional de réglise paroissiale ; or, depuis peu de jours,
il a appris que des malveillants, ^màlefactoresM, avaient
menacé de briser ses armes ; aussitôt, il avait obtenu
un mandement de l'Official de Quimper, défendant de
commettre cet attentat ; « mais comme vendredi dernier,
à Taudience de Tofficial, Christophe Mahaut, au nom
de Philibert et dTvon Le Gall, procureurs de la fabri-
que, avait essayé, sans le consentement des parois-
siens, d'arrêter l'effet de la défense portée par l'Offi-
cial, Jean Keredec vint lui-même demander aux
paroissiens s'ils retirent le consentement qu'il leur a
donné d'avoir ses armes en leur église comme par ie
passé ; sur quoi les paroissiens déclarèrent le trouver
bon, et défendirent à Yves Le Gall et Philibert Le Gall,
procureurs de la fabrique, d'inquiéter le S^ Keredec
dans le maintien de ses armes, comme elles l'étaient
par le passé ». (Extrait de l'original latin se trouvant
aux Archives départementales.)
1529. Louis de Kergoêt ; recteur d'Elliant au com-
mencement du xvi« siècle, résigna en faveur d'Olivier
Kermahec, après avoir fondé une chapellenie à élre
desservie sur le maître-autel de la paroisse par un
collège de sept chapelains ; tous les jours, un des cha-
pelains devait chanter une messe répondue et servie
par les six autres.
1529-1544. Olivier Kermahec, qui était également recteur
— 206 —
de Laz, Langonet, Châteauneuf et Saint-Hernin; il
mourut le 23 Octobre 1544.
1544-1549. Jean Chesvin, qui résigna en 1549.
1573. Décès d'Olivier Rivelen.
1573. Jean Toulialan, chanoine de Quimper.
1574. Septembre. Tanguy de Bodigneau, archidiacre
de Quimper, recteur dJElliant.
1580. Yves Le Pennée.
1596. Jean Gauvain.
1601. Louis Le Madec.
1602-1605. Jean Séguin, né à Billom, en Auvergne, doc-
teur en théologie de la faculté de Paris; Mgr de Liscoat,
évêque de Quimper, layant choisi comme théologal
lui donna, en 1602, la chapellenie de Saint-Gilles, qui
se desservait, à la cathédrale, sur l'autel de la Chan-
deleur, aujourd'hui autel des Trépassés. Il fut pourvu
également de la paroisse d'Elliant, qu'il résigna le
23 Janvier 1605, avec réservation d'une pension de
100 écus sur les revenus de la paroisse.
M. Ropartz, dans ses Etudes sur quelques ouvrages
rares de Bretons, nous dit que Jean Séguin est Tauleur
d'un ouvrage intitulé En attendant mieux, imprimé à
Nantes, en 1609, par Luc Robert, et d'un livre de con-
troverse contre Calvin.
Dans l'épître dédicatoire d'un de ses ouvrages, il dit
à l'Evéque de Quimper : « Bien que, pour l'occasion
que vous scavez, je me sois, non sans regret, déchargé
de cette charge (de théologal), si ne me suis-je pas
pourtant retiré de votre service et diocèse, que non
obstant mon absence, je n'y aie perpétuellement le
cœur ». 11 devint, en 1605, oflicial et prévôt de l'église
de Guérande.
1606-1621. Hené Hader, recteur, qui, le 4 Mars 1607, sur
le registre des baptêmes, après un acte rédigé en latin,
— 207 —
trouve bon de traduire son nom breton et signe Her-
veus Seminatar ; Hader, le semeur.
En 1612, Textrait suivant des registres ou grefle de
la Cour et juridiction royale de Conq, Fouenant et
Rosporden (Arch. dép.), nous apprend que la famille
de Plœuc était chargée, à raison, sans doute, de son
alliance avec les Tréanna (Jeanne de Plœuc ayant
épousé, en 1476, Charles de Tréanna) de payer la rente
de 60 livres tournois due aux sept chapelains de la
chapellenie fondée en 1529 par le recteur Louis de
Kergoet.
Extrait des registres du greff de la Cour et Juridiction rogalle
de Concq, Fouesnant et Rospreden, 1612.
(( Faisant droict au procès pendant en la Cour de
Concq Foenant et Rospreden entre Missires Hervé
Le Hader, Pierre Colliou, Sébastien Penglaou, Yves
Jaouhen, Alain Le Bleiz, Jean Kerrum et Christophe
Le Gai, prestres demandeurs, d*une part ;
(( Et Anne-Mauricelte de Goullayne, curatrice de
H* et puissant Sébastien de Plœuc, son fils, seig' du dit
lieu, du Tymeur, de Kervegant, etc., deffenderesse,
d'autre part ;
(( La demande des demandeurs du 10 Janvier der-
nier par laquelle, comme chapelains de la chapellenie
fondée en Téglise paroissiale Dellyant par feu noble et
vénérable missire Louis de Kergouet, vivant recteur
du dit Delliant, ils concluent a ce que la deflenderesse
soit condenpnée leur payer les arrérages ou restaux de
la somme de 20 escus faisant 60 livres tournoys par an
pour treize ans et continuer à Tadvenir le payement de
la dite rente annuellement. »
1621-1654. Henri Guilloroux, recteur ; c'était, sans doute.
- 208 —
le parent du J. Guilloroux, S^ de Penannech, fabri-
que, dont le nom est inscrit, avec la date de 1660, à la
partie supérieure, côté Sud, du porche qui est sous le
clocher.
Il y a, dans les registres paroissiaux, une lacune, de
Tannée 1618 à 1632, ce qui ne nous permet pas de dire
au juste quel fut le recteur qui, de fait, prit posses-
sion de la. paroisse à la mort de Hervé Hader ; il y eut
deux compétiteurs qui se disputèrent la paroisse. Ce-
pendant, dès 1632, avant la conclusion du différend,
nous trouvons la signature de Henry Guilloroux, rec-
teur d'Elliant, ce qui nous fait présumer que, dès le
début, il avait pris possession. Voici à quelle occasion
s'était élevé ce conflit.
La paroisse d'EIliant ayant vaqué, le24 Janvier 1621,
par la mort de Hervé Hader, la nomination du succes-
seur revenait au Pape, qui avait en Bretagne le droit
de nommer aux bénéfîces, neuf mois sur douze, dans
le principe, puis, par concession, six mois sur six à
l'alternative, c'est-à-dire que si le bénéficier mourait
en Janvier, le Pape désignait le successeur; s'il mou-
rait en Février, la nomination appartenait à l'Evêque
et ainsi de suite à Talternative des mois. Dans la cir-
constance donc, la nomination du Recteur d'EIliant
appartenait au Saint-Siège ; mais il arriva que Gré-
goire XV mourut quatre jours après le Recteur d'EI-
liant, c'est-à-dire le 28 Janvier, et son successeur,
Paul V, élu le 10 Février et couronné le 14 Février, ne
donna la paroisse d'EIliant à Henri Guilloroux que
le 7 Mars 1621.
Malheureusement, dans l'intervalle, l'Evéque de
Quimper, pensant que le droit de nomination du pape
avait péri par le décès de Grégoire XV, et n'était pas
transmissible à son successeur, Paul V, désigna, pour
— 209 —
recteurd'Elliant, un chanoine de la cathédrale de Quim-
per, Messire Alain-Gilles du Perron, grand chantre,
par provisions datées du 24 Février 1621. De là, un
procès qui dura près de quatorze ans, et qui se termina,
sans doute, par un arrêt du Grand Conseil, du 8 Octobre
1634, déboutant Gilles du Perron de ses prétentions,
d'autant plus que, lors de sa nomination, il n'était pas
prêtre, « qu'il a d'aultres bénéfices et n'entend l'idiome
, de la basse Bretagne où est assis le dit bénéfice )> (1).
Toujours est-il que Henri Guilloroux conserva la pa-
roisse d'Elliant jusqu'en 1654, qu'elle passa à son neveu
Pierre Guilloroux, originaire, comme son oncle, du
pays même.
1654-1674. Pierre Guilloroux, neveu du précédent rec-
teur, lui succéda sans contestation. Nous trouvons sur
les registres la note suivante, qui nous montre en
vigueur, au xvii« siècle, l'institution des conférences
ecclésiastiques.
« Ce jour, sixiesme Juin 1669, j'ai, recteur d'Elyant,
tenu la conférence de mes prêtres :
« Dom Jean Laouênan, excusé ;
(( Dom Jean Aouel, excusé ;
« Les prêtres de S^ Ivy, deffaut.
(( Arresté suivant les statuts de Monseigneur de
Cornouaille que deffense est faicte à tout prestre d'ab-
soudre les cas réservés dans la bulle des quinze vingt
aveucles et Hôtel-Dieu, sans pouvoir exprès. »
Pierre Guilloroux mourut le 3 Décembre 1674.
1674-1678. Guillaume Bocou; il était chanoine de Quim-
per, et pourvu de la prébende de Beuzec-Cap-Sizun,
(1) Les arrêts touchant ce procès, extraits par copie collatioDoée des
Archives nationales, nous ont été obligeamment communiqués par M. de
Yilliers du Terrage de Kerminy, auquel nous empruntons isolément les
extraits âei registres paroissiaux d'Elliant.
Bulletin de la Comhission niocisAiNB. — 8* année. 14
— 210 —
qu'il résigna, en 1674, pour devenir recteur d'EUianl
et chanoine honoraire.
1678-1688. Nicolas Gourvinnec.
Le 16 Février 1688, le registre rapporte l'acle de
mariage de Guillaume Laurans et de Catherine David,
célébré par a Noble et puissant Maurice de Tinténiac,
chevalier seigneur de Tréanna, de Kervatous et autres
lieux, premier juveigneurdes bannerets de Tinténiac,
Kenmerch, premier prééminencier de cette paroisse,
lieutenant de cavalerie, de l'arrière ban du ressort de
Conq, Fouesnant et Rosporden )). Il signe au registre:
« Maurice de Tinténiac, prêtre ».
1688-1708. Jean-Louis de Kervenozaël.
(( Ce jour premier de Septembre 1710, ont été béni-
tes et nommées deux cloches, l'une, pesante de 615
livres, nommée par Messire Sébastien Mahé, chevalier
seigneur de Kermorvan, et dame Anne de la Roche,
dame de Kerstrat, parrain et marraine ; et Tautre, qui
pèse 272 livres, nommée par Messire Louis-René
de la Marche, chef de nom et d'armes, et dame Anne
Marie Le Livec, dame de Kerminy ; la première pour
servir à la chapelle du Rosaire, nommée Marie Anm
Sébastienne, et la seconde, pour servir à la chapelle de
S^ Guennel, nommée Anne Louise Guennel, La béné-
diction faite par Missire Germain Floc'h, prêtre, par
permission de l'Evêque, en présence de N. et V. Mis-
sire Jean Louis de Kervenozaël, S^ recteur d'Elliant,
et des soubsignés :
(( Anne de la Roche ; Anne Marie Le Live« du Ker-
miny; Louis René de la Marche; Sébastien Maurice
Mahé de Kermorvan ; de Kerguern Kermorvan ; Anne
Josephe de Tréanna ; Suzanne Mahé ; Joseph de
Treouret ; Kermorvan Mahé le vieux; de LandaDet;
Dulezlo Le Pappe ; Guillaume Cuhuillic, recteur de
— 2H —
Tourch ; René Le Flao, curé d*Elliant; Barbé Philippe,
curé de Rosporden ; Le Roux, Francès ; Kervenozaêl,
recteur d'Ellyant ; Germain Floc'h, prêtre. »
17i2-1726. Goulvin Pervez.
(( Ce jour, l®r de May 1712, a esté bénite, par le soub-
signé Floch, curé d'office par commission de M^^i'Ëvê-
que de Quimper, une cloche pour servir à la confrérie
du Rosaire située dans l'église paroissiale d'Ellyant,
pesante 709 livres, laquelle a esté nommée Marie Rose
Jan Marguerite, par Jean Madec, du village du Cos-
quer, fabrique de la dite confrérie, et par Marguerite
Quéméré, femme et espouse d'honorable homme Chris-
thophe Le Flao de Keryannic, par commission d'es-
cuyer Gilles Harquin, S^ de Kerourien, et de Dame
Marie Rose de Tinteniac, son épouse, dame foncière
de Treanna.
« Germain Floch, curé d'office ; René Le Flao, prê-
tre ; Jean Baptiste de Landanet, prêtre ; Jean Le Bor-
gne, prêtre ; Augustin Le Masson, prêtre ; Alain
Laurans, prêtre ; Alain Le Messager, prêtre ; Guil-
laume Bourbigou, prêtre ; Christophe Le Flao ; Raou-
lin. ))
27 Septembre 1726, funérailles de Golven Pervez,
recteur, présidées par François-Hyacinthe de la Hays,
docteur de Sorbonne, vicaire général de Cornouaille,
recteur du Grand-Ergué, archidiacre de Poher. Assis-
tent : Péan, recteur de Melgven ; Philippe, curé de Ros-
porden ; Louis Michelet, curé de Saint-Yvi ; Le Brigant
de Kergalet, prêtre; Laurans, curé d'Elliant.
1727-1731. Jacques Pathelin ; ne prit possession que le
17 Août 1727, quoique nommé dès l'année précédente;
il était originaire de Port-Louis, et fut pourvu en Cour
de Rome ; au mois d'Avril, il permuta Elliant pour la
l^^ paroisse de Marzan, au diocèse de Vannes, dont était
l.i:
l'^
— 212 —
titulaire Yves Le Roux, originaire de Sizun, évêché
de Léon, qui devint recteur d'EUiant.
1731-1740. Yves Le Roux ; avait été pendant vingt-deux
ans, recteur de Marzan, au diocèse de Vannes ; il
mourut à Ëlliant, âgé de 62 ans, et fut inliumé le
30 Juin 1740.
1740-1754. Louis de la Marche ; de la famille des de la
Marche de Kerfort de Lezergué ; il avait été recteur
d'Esquibien.
Le 25 Avril 1741, on inhumait les restes de Margue-
rite David, brûlée dans un incendie à Kerenarc'haït.
Le 16 Mai de la même année 1741, en Tabsence du
Recteur, les prêtres de la paroisse consignent au
registre un acte de rébellion à l'arrêté défendant les
inhumations dans les églises.
(( L'an 1741, le 15 May, est décédé, au bourg parois-
sial d'Elyant, Jean Le Masson, âgé d'environ 35 ans,
après avoir reçu les sacrements, et le lendemain 16,
son corps a été porté dans cette église par Gilles Viol,
Germain Martin, Thomas HénafI et Jean Buis, tous
habitants de ce bourg, suivis de plusieurs autres per-
sonnes. Eu l'église arrivés, et les prières accoutumées
commencées pour le repos de l'âme du dit feu Jean
Le Masson, un nommé François Le Masson, frère du
défunt, a percé dans l'église et au chœur du Rosaire
pour y enterrer le cadavre, par rébellion aux arrêtés
de la Cour, non obstante toute opposition à luy faite
par moi signé Curé, et ensuite par Jean Le Hars, géné-
ral et d'armes, de la part du Roy et autorisé de justice,
sans qu'il ait voulu discontinuer, ce qui nous a obligé
d'interrompre les prières de l'église et de nous retirer,
ce qu'a fait la plupart du convoi, et le dit François
Le Masson, aidé de Marie Le Mercier, femme du défunt,
a enterré le corps dans l'église ; dont acte.
— 213 —
« Signé : P. F. Jaouen, prêtre ; Abiven, prêtre ;
Daniel ; Kermoalic ; Le Moign, prêtre, curé. ))
Le 24 Septembre 1754, vers les 3 heures de l'après-
midi, a été inhumé dans le cimetière d'Ellîant le corps
de N. et D. missire Louis- Joseph delà Marche, licencié
en Sorbonne et recteur d*Elliant depuis environ 15 ans,
décédé le jour précédent, environ deux heures après
midi, dans son presbytère, d'une révolution dégoutte,
après 4 jours de maladie, envi-ron la soixantième année
de son âge ; les funérailles ont été célébrées par N. et
D. missire Dugua, recteur du Grand Ergué, Conanou,
curé de Cadol, Le Roy, curé, et Rigallou, prêtre de
Rosporden, Coquil, curé de Saint-Yvi, Créofl, curé de
Locmaria, Jaouen, curé, Le Gall, Quéré, Garec et
Tessier, prêtres, d'EUiant. Signé : Le Roy, curé. »
1756-1773. P. A. Kervégan de Suasse ; avait été recteur
d'Ergué-Gabéric, dont il conserva, croyons-nous, la
direction, en 1765. Le Bureau ecclésiastique du dio-
cèse le députa à l'assemblée paroissiale de Tours, et
lui alloua à cet effet une somme de 300 livres.
1773-1780. Yves Le Guillou; avait été pendant dix ans
secrétaire de l'Evêché, sous Tépiscopat de M^^" Farcy
de Cuillé, puis promoteur du diocèse durant le court
épiscopat de M^^ Grrossoles de Flamarence; aussi, lors
de la nomination de M^^ de Saint-Luc à l'Evêché de
Quimper, se crut-il autorisé à lui écrire pour le mettre
au courant des affaires du diocèse, le séminaire, la
direction des retraites, les nominations à faire. Ses
lettres, fort intéressantes, sont conservées aux archi-
ves départementales ; elles entrent dans beaucoup de
détails sur les objets que Sa Grandeur trouvera à
TEvêché, et ceux qu'il devra se procurer avant d'arri-
ver à Quimper; c'est ainsi que, le 31 Juillet 1773, il
écrit : « Vous devriez acheter, chez M. Chomel, à Paris,
— 214 —
ou demander à M^>^ le cardinal de la Roche Aimon, des
pastilles de Languent divin pour les pauvres de vôtre
diocèse ; j'ai vu plus d'une fois que feu M^^ de Caillé
en recevait de la part du Roy, par les mains de
M" d'Orléans. »
La paroisse de Crozon est vacante, et le Curé d'EUiant
se croit autorisé à donner son avis sur le choix du
nouveau recteur : a J'ai appris que Monseigneur a
demandé à MM. ses grands vicaires les noms des trois
meilleurs sujets de son diocèse pour la cure de Crozon,
et qu'ils ont nommé cinq gentilshommes, et témoigné
qu'ils donnaient la préférence à M. l'abbé d'Oixant ;
effectivement, il la mérite sur les quatre autres sans
contestation ; c'est un excellent ecclésiastique et un
des plus capables qui soit dans votre diocèse »
(Février 1774).
Le Curé d'Elliant semble engager le nouvel Evêque
à résider plutôt dans sa maison de campagne de Lan-
niron qu'au palais épiscopal de Quimper. « M»' de
Cuillé, écrit-il, depuis bien des années, habitait pres-
que toute l'année le château de Lanniron, parce qu'il
y avait à lui tout son temps pour vaquer au gouverne-
ment de son diocèse, au lieu qu'en ville il était impor-
tuné par des visites inutiles dès &ept heures du matin. »
Le ton de ces lettres, d'un caractère si intime, ne
pouvait faire prévoir que, peu d'années après, dès
1776, les rapports entre le nouvel Evêque et le Curé
d'Elliant se seraient tendus au point d'avoir recours
aux tribunaux pour trancher le différend qui les divi-
sait.
A l'occasion des visites pastorales, l'Evéque préle-
vait un certain droit en argent, dit droit de procura-
tion et de cens, sur toutes les paroisses visitées et
celles qui étaient convoquées au lieu de la visite, car
- 215 —
alors surtout l'état des roules rendait bien des parois-
ses inaccessibles au carrosse épiscopal. Or, le Curé
d'Elliant, qui se piquait d'être versé dans le droit
canonique, se permit de faire observer à l'Evoque que
cette perception ne lui paraissait pas justifiée; car le
droit de procuration est un droit dit de Pastum, c'est-
à-dire le droit pour l'Evéque d'être hébergé lui et sa
suite aux frais de la paroisse qu'il visite ; mais il ne
peut exiger ces fçais des paroisses convoquées et où il
ne se rend pas de fait.
Dans un long mémoire, conservé aux Archives
départementales, l'Evêque fait d'abord observer, que,
■
moins que tout autre, le Curé d'Elliant devrait protes-
ter contre l'usage établi à Quimper de percevoir ce
droit de procuration sur toutes les paroisses du diocèse
môme simplement convoquées à la visite, car pendant
dix ans qu'il a été secrétaire de l'Evèché, il ne s'est
fait aucun scrupule de le percevoir pour son Evéque ;
de plus, il devrait savoir que le droit perçu sur les
paroisses visitées et convoquées à la visite n'est pas,
dans le diocèse, un droit à proprement parler de pro-
curation et de pastum, qui n'a jamais été contesté par
les recteurs visités, mais un droit de cens ou droit
cathédratique perçu à Y occasion de la visite ; or, ce
droit, l'Evêque peut le percevoir sur tous les bénéfices
de son diocèse, pour l'honneur de son siège, sans en
faire la visite; seulement, à Quimper, on a trouvé tou-
jours plus commode de le percevoir à Yoccasion de la
visite, ce qui a donné lieu de confondre ces deux
droits distincts de procuration et de cens,
La question s'envenima si bien que, lors de la visite
de Monseigneur à Elliant en 1776, le Curé ne vint pas
au-devant de lui pour le prendre sous le dais; sous
l'apprenons d'une consultation du sieur Drouin, don-
— 216 -
Dée le 16 Avril 1777, dont voici un extrait (G. 196) :
(( Les Evéques ont, en France, lorsqu'ils sont en
visite, l'honneur du poêle. Par arrêt du Conseil d Etat
du 19 Janvier 1651, il est ordonné que tous les Evêques
du Royaume sont reçus, aux entrées et visites dans les
villes de leur diocèse, conformément au pontifical et
cérémonial des Evéques, et est enjoint aux consuls et
magistrats de les recevoir avec leurs robes, chaperons
et livrées consulaires et de leur porter le poêle partout
où il conviendra. Le clergé se rendra au-devant de
l'Evêque avec la croix et le poêle, à l'entrée du bourg
paroissial, dont il va visiter l'église. La contestation de
ce droit à Monsieur l'Evéque de Quimper de la part
du Recteur d'Elliant, lors de la dernière visite de la
paroisse, est blâmable; le droit ne dépend pas du lieu
où le prélat descend, pourvu qu'il ne soit pas trop
éloigné de l'église, auquel cas le clergé serait tenu de
l'attendre à l'entrée du bourg. »
1780-1788. Michel-Jean-Alexandre Laênnec, de Penti-
corre ; avait été recteur de Loctudy ; il était docteur en
Sorbonne et fils « de Maître Michel Marie Alexandre
Laênnec, avocat en Parlement, conseiller du Roy,
maire été de Quimper, receveur des décimes du dio-
cèse, veuf en l^es noces de Jeanne Catherine Huchet
de Kerourein, et époux en secondes noces de Hyacinthe
des Landes », qui mourut, à l'âge de 68 ans, en son
hôtel, à Quimper, le 31 Octobre 1782, et inhumé, le
1" Novembre, dans l'enfeu dépendant de la terre de
Kerlouarnec, dans l'église de Ploaré, le corps étant
présenté par son fils, D. et V. M. Michel Jean Alexandre
Laênnec, recteur d'Elliant (actes de Ploaré).
En 1788, le Recteur d'Elliant permuta la cure pour
un canonicat à Tréguier, que possédait l'abbé Guino,
qui devint recteur d'Elliant. M. Laênnec fut déporté
- 217 -
en Angleterre, et mourut, en 1802, d'une chute de
voiture, comme il se mettait en route pour revenir en
France.
1788. Jacques-Louis Guino, né à Guingamp en 1734,
chanoine de ïréguier depuis 1761, devint recteur
d'Ëlliant. La pièce suivante nous donne tous ses titres:
« Le 26 Octobre 1788, je soussigné, Jacques-Louis
Le Guino, recteur dElliant, licencié en droit civil et
canon, chanoine honoraire et ancien officiai du diocèse
de Tréguier, chanoine honoraire et ancien vicaire gé-
néral de celui de Cahors, ai fait, par la permission de
Mgr l'Evêque de Quimper, la bénédiction solennelle
d'une cloche nouvellement fondue par ordre du général
de la paroisse d'Elliant, représenté par Henri Le
Guiader et Laurent Costiou, fabriques en charge, à
la quelle Messire François de Kerjean, comte de Ker-
jean, chevalier des ordres du Roy, ancien capitaine
de ses vaisseaux, et demoiselle de la Lande, dame
de Calan, à la prière du dit S^ Recteur et du général
de la paroisse, ont imposé le nom de Françoise Marie,
ainsi que leurs armes, de tout quoi ils ont signé le
présent registre avec MM. les prêtres, fabriques et
autres personnes respectables qui ont assisté à la céré-
monie.
(( S. de la Lande de Calan ; de Kerjean ; Papin
de Calan des Landes ; Jallais ; Délioux ; de la Lande
de Calan ; Le Guillou Penanros ; Marie Josephe Le Bon-
niec du Creyou ; Bataille ; J. Codu, curé d'Elliant ;
G. Le Guellec^ curé de S*-Yvi ; J. J. Guillo, curé de
Rosporden ; P. Diquélou, prêtre ; Brisson, prêtre ;
H, A. Le Meur, prêtre ; Henri Le Guyader, fabrique ;
François Le Meur ; Laurent Costiou, fabrique ; Guino,
recteur d'Elliant. »
Guino, nommé député à la Constituante, en 1789,
- 218 -
« émit des principes téméraires, aussi opposés au gou-
vernement qu'à la religion catholique » (Arch.Evêché).
Il prêta serment à la Constitution, quitta sa paroisse
d'Elliant pour devenir, à la mort d'Expilly, président
du presbytère; il se rendit, à Paris, au Concile national
de 1798, où il se donna le titre fïarchiprètre; il figure
au synode d*Audren, en 1800, en qualité de secrétaire.
Au Concordat, il fut nommé curé de Recouvrance,
mais malgré ses talents extérieurs, il n^inspirait pas
grande confiance à ses confrères, et Tun d'eux, M. Ber-
nicot, écrit à l'Evéché, en 1805 : « Ce curé n'admet
point la tradition ; je Tai entendu dire qu'il n'admet-
tait que l'ancien et le nouveau Testament, et que tout
ce qu'on débitait de plus était des rêveries ». Il mou-
rut subitement, le 27 Septembre 1807, à 8 heures du
soir. « Je n'ai rien vu de si prompt, » écrit son vicaire,
annonçant cette triste mort.
*
* *
M. Jean Codu ; né à Plozévet en 1754, prêtre en 1780,
était vicaire d'Elliant au moment de la Révolution ; il
n'imita pas l'exemple de son recteur, et rendit les plus
grands services dans sa paroisse en se tenant caché
jusqu'à ce qu'il dût se soumettre à la déportation en
partant de Lorient pour l'Espagne, le 3 Octobre 1797
(du Chatellier), en compagnie de l'abbé Alain Le Floc'h,
né à Plonévez-Porzay, le l®^ Novembre 1765, et qui,
ordonné prêtre à la veille de la persécution, le 21 Sep-
tembre 1790, put rendre service dans le pays en se
cachant pendant quatre ans ; mais arrêté en 1794, il
fut déporté en rade de l'île d'Aix, sur le Wasington, et
libéré à Saintes en 1795, il vint se joindre à M. Codu
pour donner les secours spirituels à la paroisse d'El-
- 219 —
liant, jusqu'au moment où tous deux devront s'embar-
quer à Lorient pour l'Espagne, le 3 Octobre 1797.
En résidence à Palencia, M. Le Floc'h écrit, le 14 Jan-
vier 1798, à M. Boissière, exilé également en Espagne,
pour le tenir au courant de ce qui s'est passé sous
leurs yeux à Quimper, pendant la Terreur ; après avoir
raconté la mort de MM. Riou, recteur de Lababan,
Le Coz, recteur de Poullaouen, Rolland, recteur de
Trébivan, et Raguénès, curé de Landudec, ils font un
récit de leurs travaux à EUiant, en 1796-1797. « Il y
aura deux ans, au Carême, nous passâmes, mon com-
pagnon (M. Codu) et moi, quatorze nuits de suite à
confesser, ne nous couchant qu'à 5 heures du matin.
Nous avions auparavant passé et passâmes depuis bien
d'autres nuits, mais pas autant de suite. Dans les temps
qui semblaient annoncer le calme, on était plus hardi,
sans cependant se fier ; quelquefois, alors, on allait de
jour aux malades et on confessait les bien portants,
mais avec de telles précautions que les pauvres et
autres qui venaient dans les villages ne pouvaient s'en
apercevoir : on y venait à la dérobée et on se cachait
quand on était arrivé.
« L'année dernière (1797), nous fîmes, M. Codu et
moi, le tour de la paroisse d'Elliant, pendant six
semaines, confessant de jour ceux qui voulaient. Tous
furent prévenus. A Pâques, nous vîmes les anciens
aristocrates et les bien revenus. Pendant l'octave du
Sacre, nous fîmes encore une petite tournée ; nous ne
confessâmes pas tant alors, car, chaque jour, nous
changions de parage afin de donner la messe, pen-
dant la huitaine, à tous les quartiers de la paroisse.
(( Nous avons été ainsi, pendant six mois, disant la
messe, faisant une petite instruction tous les diman-
ches et fêtes, l'un d'un côté, l'autre de l'autre, et cela
— 220 —
presque toujours dans les chapelles, mais toujours de
nuit, de manière que le peuple pût être de retour chez
lui avant le jour. Quand nous allions aux malades,
que nous baptisions ou mariions, nous ne manquâmes
jamais d^instruire les présents des erreurs du temps,
du triste état de ceux qui suivaient et avaient suivi
les intrus ou jureurs, sans s*étre reconnus, et de
l'abîme dans lequel ils se précipitaient. Ces petites
instructions familières avaient du succès et conver-
tissaient plusieurs personnes. Aussi, les endroits où il
y a eu des prêtres catholiques sont infiniment meil-
leurs que les autres ; l'expérience le prouve. (Arch.
Evéché.)
Après le Concordat, M. Codu demeura vicaire d'El-
liant, et mourut avec ce titre, en 1827, à Tàge de
73 ans. M. Floc'h, après avoir été recteur de Saint-Yvi,
devint curé de Briec, où il mourut en 1831.
Recteurs d'Elliant, depuis le Concordat
1803-1809. Rolland-Michel-Marie Le Bescond de Coatponl;
né à Rosporden, le 27 Mai 1756, prêtre en 1780, il fut
auxiliaire de son oncle, l'abbé Raoulin, recteur de
Poullan, qui lui résigna la paroisse en 1787; partit
pour l'Espagne en Juillet 1792 ; résidait à Bilbao en
1793 ; de retour en France, il fut incarcéré au château
de Brest, d'où il fut transféré à la citadelle de Saint-
Martin de Ré, le 29 Juin 1798, et libéré le 11 Mars 1800.
Nommé curé d'Elliant au Concordat, voici l'état qu'il
donne de sa paroisse, le 10 Février 1804, répondant
aux questions posées par les Vicaires généraux :
(( Ad P'". Le patron de l'église paroissiale d'Elliant
est S* Gilles, abbé. 1«' Septembre.
(( Ad 2'^'". Cette commune contient, d'après les notes
— 221 —
de mes prédécesseurs, 3.200 âmes et 2.100 commu-
niants.
« Âd 3"f", Pour desservir cette paroisse, quatre ecclé-
siastiques sont. absolument nécessaires. Jamais il n'y
en eut moins que cinq. Je suis le premier Curé réduit
à trois, et je ne vois pas, en cas de maladie, la possi-
bilité de suffir, vu les chemins affreux et Téloignement
des villages.
(( Ad 4*"". Je n'ai aucun vicaire désigné ni par
M. l'Evêque ni par ceux qui le représentent.
(( Ad 5"'". J'ai pourcoopérateurs, MM. Codu et Floch,
qui agissent et travaillent en vertu des pouvoirs qui
leur ont été confiés avant et pendant la Révolution.
(( Ad ô""*. Je désire bien sincèrement conserver
ces deux ecclésiastiques; leur vertu et leur conduite
me les rendent chers, et je vous prie instamment de
m'en accorder un 3^^ dès que la chose sera possible.
(( Ad 7*"". Nos noms :
(( Rolland-Michel-Marie Le Bescond Coatpont, curé,
né à Rosporden le 27 Mai 1756, prêtre le 21 Septem-
bre 1780 ;
« Jean Codu, né à Plozévet le 3 Août 1754, prêtre
le 11 Mars 1780;
(( Alain Le Floch, né à Plonévez-Porzay le l®"" No-
vembre 1765, prêtre le 21 Septembre 1790.
« Les chapelles nécessaires pour faciliter l'instruc-
tion des enfants et l'administration des malades sont :
(( i^ Celle dédiée à S^® Marguerite, éloignée du
bourg de une lieue et quart, et réunissant dans ses
alentours ou moins 600 communiants ;
((. 2« Celle dédiée à S^ Anne, distante d'une lieue,
réunissant dans ses environs 400 communiants ;
(( 30 Celle de S* Cloud, à la porte du bourg, qui peut
servir, comme elle Ta déjà fait, lorsque des événe-
— 222 —
ments nécessitent de quitter l'église paroissiale pour
y faire des réparations ; la foudre a déjà écrasé deux
fois réglise d'Elliant ;
(( 40 Enfin, celle dédiée à N.-D. de Lorette; cet ora-
toire a été construit depuis peu d'années par la piété
des fidèles de cette commune, ils désirent ardamment
pouvoir la conserver.
« Aucune de ces chapelles n a été aliénée ; de temps
immémorial, elles servent à la commune et jamais on
n'a demandé aucune permission des Evéques pour y
célébrer les divins mystères.
« Les chapelles domestiques sont celle de Kerver-
niou et celle de Kermini ; je crois qu'il serait inutile
d'en demander l'établissement, parce qu'il serait im-
possible d'y envoyer aucun prêtre.
(( Les autres chapelles, telles que S^ Guénal et
S^ Adrien s'écroulent et tombent en ruine.
(( Le Bescond Coatpont, curé.
(( Ici, on ne manque pas d'occupation; si même la
maladie augmente, il faudra y succomber ou aban-
donner le poste. Vous savez qu'Elliant a toujours été
regardé comme le tombeau des prêtres, vu la diffi-
culté de la desserte. »
M. de Coatpont fut nomuié curé de Saint-Louis de
Brest, en 1809, où il mourut le 2 Décembre 1817.
1809-18:22. François Guinemeot ; né à Bolazec, le 15 Octo-
bre 1756, prêtre en 1781, recteur de Gouézec en 1803,
il fut nommé curé d'Elliant en 1809.
Il tint, dans son presbytère, une école de jeunes
gens se destinant à l'état ecclésiastique, et écrivait, le
8 Janvier 1813, au Secrétaire de l'Evêché :
(( Jean-Louis Tandé arriva ici, le l®^ de ce mois;
d'après l'examen de ses compositions élémentaires, je
— 223 —
connais qu'elles sont beaucoup inférieures à celles de
mes écoliers. Il me proteste qu'il a un grand désir de
parvenir. Je m'aperçois qu'il ne manque pas de dispo-
sitions ; moyennant des écoles privées et une double
peine; j'epère en tirer bon parti. S'il m'était venu au
mois de Juillet, j'aurais eu plus de temps ; bientôt, les
travaux indispensables de mon ministère absorberont
presque tous mes moments. Je le garde, la pension, le
logement et le blanchissage me paraissent devoir
monter au moins à 180 fr. par an ; je serai bien aise
d'avoir pour lui cette somme. Je ne calcule pas ma
peine, vu le, dessein qu'il a d'embrasser l'état ecclé-
siastique. ))
M. Guinement quitta Elliant, en 1822, pour devenir
aumônier de la Retraite à Quimperlé; il mourut le
3 Décembre 1825.
1822-1843. Yves Le Bihan ; né à Briec, le 8 Avril 1790,
prêtre en 1814, il mourut le 7 Décembre 1843.
1844-1870. Pierre-Marie Guizouarn ; né à Plonévez-Porzay
le 22 Septembre 1795, prêtre en 1819, vicaire à Brest,
puis recteur de Cast en 1824, il fut nommé curé d'El-
liant le 12 Février 1844 ; mais ce ne fut pas sans quel-
que difficulté, car, le 12 Janvier 1844, le garde des
sceaux écrivait à M^^ Graveran, qui venait de proposer
M. Guizouarn à l'approbation royale :
« M. Guizouarn, d'après les informations que j'ai
prises, n'observe pas toujours en chaire la convenance
et la modération convenable. Il professe des doctrines
qui vont jusqu'à Tultramontanisme. Son caractère altier
a amené des discussions assez vives entre lui et les
autorités, et M. le Préfet du Finistère a été même dans
la nécessité d'appeler votre attention sur cet ecclésias-
tique, au sujet d'une correspondance dans laquelle
l'oubli des convenances se faisait trop remarquer.
— 224 —
(( Ses dispositions à Tégard du Gouvernement cods-
titutionnel sont d'ailleurs assez peu bienveillantes. »
Ce portrait de M. Guizouarn tracé par le ministre
était assez ressemblant ; mais les défauts signalés pou-
vaient bien être pour TEvéque une raison de plus pour
insister sur le choix d'un curé qui n'avait guère que
les défauts de qualités excellentes; car, avec une forte
teinture d'originalité, M. Guizouarn était un homme
éminemment instruit, doué de beaucoup d'esprit et
d'une fermeté à toute épreuve.
Il continuera l'œuvre de M. Guinement pour l'ins-
truction des jeunes gens dans le but de les voir em-
brasser la carrière ecclésiastique, et non sans quelque
succès.
Comme spécimen de son esprit caustique, nous
citerons les deux lettres suivantes, qu'il adressa à
Mgr Graveran, à l'occasion du bréviaire Corisopitain,
dont l'adoption éphémère n'avait pas été sans jeter
quelque perturbation dans le diocèse.
■ Ellianl, \\^ 26 Déceoibre 1845.
(( Monseigneur,
« Puisse Votre Grandeur voir disparaître bientôt
cette funeste opposition qui lui a été, à coup sûr, si
pénible pendant l'année qui s'achève, et qui navre
encore, aujourd'hui, plusieurs de ses prêtres. Puisse
l'année qui va commencer voir l'Evêque et son Cha-
pitre, ses séminaristes et leurs directeurs, tout le
sacerdoce du diocèse, en un mot, unanime dans la
prière commune et publique unius labii et serfnonum
eorumdem ! Il sera salué avec bonheur, le jour où
Voi'do Romain deviendra la règle exclusive de l'autel
et du chœur. Ce qui n'empêcherait pas les amateurs
— 225 —
du diocésain de le dire en leur particulier. Personne
n'aurait à se plaindre; au lieu que, maintenant, cet
amalgame de Romain et de Parisien pour Toffice public
et même pour les messes privées fatigue tout le monde,
et entraîne des erreurs et des omissions dont TeRet, à
la longue, deviendra plus sérieux qu'on ne semble le
penser. Cette faculté du Romain une fois accordée, des
prêtres que le diocèse était habitué à respecter n*au-
ront plus aucun prétexte d'opposition, et tout votre
clergé, réuni dans les mômes vœux, rendra votre far-
deau plus léger, si toutefois la charge épiscopale peut
jamais être légère. ))
< EUiaot, 29 Août 1849.
(( Monseigneur,
(( Le Bref de cette année est, depuis son apparition,
la fable, la risée et, très souvent, le dépit de votre
clergé. Ni Romain, ni Corisopitain, ni Parisien, c'est
un tohu-bohu de translations sans cause, d'usurpa-
tions révolutionnaires, d'agio communisme, de dou-
bles et de triples ad libitum, fort peu amusantes, mal-
gré les digressions ingénues qui les rehaussent ; c'est
tout juste Le Dru et ses commissaires. Heureusement,
que ce curieux branle -bas n'atteint des anciens et
nouveaux titulaires que les noms et les fêtes. Cepen-
dant, si le bréviaire de l'an prochain n'est qu'une nou-
velle édition revue, corrigée et notablement augmen-
tée, si Vordo brevis, en un mot, n'est désormais que
Vordo longus, intricatissimus et toediosissimua, je m'en
passerai et me contenterai purement et simplement de
ïordo perpetuus. Bien certainement, Votre Grandeur
n'avait pas lu le maudit bref de 1849, autrement, après
le préambule, et avant de signer, elle eût tout effacé et
écrit en grosses lettres : pascha occurente.,. etc. omnia
Bulletin pb la Commission diociSsainb. — 8* anoée. 15
— 226 —
ofUda tom pttMtea quam privata ad libitum. Chacun
eut suivi sa conscience, et tout était dit, les uns eussent
suivi le bréviaire de M. Quillien, le plus grand nom-
bre ïordo Romain, en attendant que Rome eut donné,
à nos saints Bretons et à leurs offices une petite place
ad calcem. »
M. Guizouarn, nommé chanoine honoraire, le 29 Avril
1849, mourut le 7 Septembre 1870.
1870-1872. Yves Kerjean, de Plabennec.
1872-1884. Yves Hingant, de Scaêr.
1884-1889. Alain-Raymond Jaouen, d*Audierne.
1889-1906. Yves Godec, de Plougoulm.
1906. Clet-Yves-Marie Cariou, de Cléden-Cap-Sizun.
Vicaires d'Elliant, depuis le Concordat
1804. Jean Codu, né à Plozévet en 1754.
1804. Alain Le Floc'h, né à Plonévez-Porzay en 1765.
1807. Guellec, de la Boissière.
1817. Alain-Luc Martin, de Lanriec, 1790.
1825. Jean-Marie Le Grand, de Riec, 1796.
1827. Hervé Goasguen, de Lopérec, 1788.
1829. René-Louis Nihouarn, de Plogonnec.
1831. Vincent-Marie Richard, de Quimperlé.
1831. Jean Kermarec, de Henvic, 1787.
1832. Jacques Mescam, de Garantec, 1806.
1845. Alain-Marie Robic, de Coray.
1847. Guillaume Le Breton, de Pleyber-Christ, 1805.
1847. Jean Joncourt, de Ploujean, 1822.
1846. Yves-PierreGonan,deTreogan(S^Brieuc),1810.
1854. Jean-Marie Le GofI, de Plouvorn, 1828.
1854. François-Hervé Manchec, de Plouigneau, 1827*.
— 227 —
1855. Joseph-Ferdinand Tanguy, de Lampol-Plouar-
zei, 1822.
1856. Hervé Norrant, de Ploaré, 1830.
1868. Yves Cléach, de Loctudy, 1842.
1869. Victor Le Bihan, de Guipavas, 1838.
1871. Claude-Marie Moal, de Plouénan, 1843.
1878. Léonce Boulain, de Plogaslel-S^Germain, 1851
1880. Stanislas Guéguen, de Locronan, 1849.
1886. Jean-Toussaint Laurent, de Cast, 1852.
1889. Alexis Le Borgne, de Plouguerneau, 1861.
1892. François Berlivet, de Plouénan, 1868.
1895. Pierre Le Page.
1898. François Kerouanton.
1899. Jean-Nicolas More.
1903. Yves-François Gargadennec.
1903. Guillaume-Marie Cadiou.
1906. Jacques Broc'h.
RÔLE DES DÉCIMES EN 1783
M. Laënnec, recteur 167
La fabrice 10
Le Rosaire 4
Trêve de Rosporden 8
Le Rosaire
Trêve de Locmaria
Trêve de Saint- Yvi
Le Rosaire
Saint-Eloy '.
Sainte-Croix
Saint-Guénolé
Saint-Cloud
Saint-Adrien
Total
212
15»
17» 6^
5»
15»
12» 6<»
15»
15»
15»
15»
15»
15»
15»
10»
— 228 —
«
* *
Division de la paroisse d'EUiant en frairies, pour la
perception des impositions en 1734 : Goré Elliant, Guel-
levron, Le Quelennec, Le Moustoir, Tréanna, Penvern,
Botteniel, Pensorn, Trevannec, Sterven.
Église paroissiale
Cet édifice est vaste, comme il convient à une paroisse
de cette importance. L'ensemble offre le caractère du
xviii<) siècle, mais la façade Ouest et le clocher sont d^une
plus grande richesse et appartiennent à une époque anté-
rieure.
En effet, au haut de la clef de voûte de la porte qui
donne accès dans Téglise, au fond du porche sous le clo-
cher, on voit la date de 1660. De plus, à la partie supé-
rieure du côté Sud de ce même porche, est cette inscription
L : 1660 : M ; lEAN : GVILLOROVX : S : DEPENANECH
G VILLAIME : QVEMERE : FABRIQS : LAN : 1661 MICHEL
COZDEN : ALAIN : MEVR : F.
La grande arcade, au pied du clocher, est encadrée de
pilastres cannelés qui supportent un fronton courbe ; aux
angles montent deux contreforts percés de niches et re-
coupés de corniches bien moulurées. Chacune des faces
de ]a tour est percée de deux baies à plein cintre, puis
vient une balustrade portée sur une corniche très sail-
lante et qui contourne la chambre des cloches à deux
larges baies. Au-dessus de cette chambre, une seconde
galerie à baluslres entoure la base de la flèche et présente
à ses angles les quatre animaux des Evangélistes.
A l'intérieur de l'église, nous trouvons une nef, séparée
des bas-côtés par des piles octogonales et des arcades à
— 229— .
plein cintre ; un transept, puis encore deux travées et
l'abside terminée par un mur droit. Au fond de cette
abside, sont deux grandes belles statues du xvii» siècle.
1. — Saint Gilles, le patron, en robe et coule de béné-
dictin, tenant la crosse de la main droite et ayant sa mitre
à ses pieds. Derrière, est la biche qui est sa caractéristique.
Cette statue, très savamment posée et drapée, est absolu-
ment de même facture que celle de saint Winoc, à.Plou-
hinec, et une autre plus petite à Sainte-Anne la Palue.
Dans la Vie manuscrite de Catherine Daniélou compo-
sée par le père Maunoir, il est raconté que. Tan 1643,
Catherine revenant de l'église paroissiale d'Elyant consa-
crée à S^ Gilles, en la compagnie de Madame de Kermeno,
cette dame, ayant avancé quelques pas devant elle, Cathe-
rine aperçut deux bétes. Elle voit un loup extraordinaire
sur une haie ; en même temps elle sent une biche qui lui
saute au col avec ses deux pattes. Elle eut envie d'appeler
Madame de Kerméno, mais elle ne put ; cette biche lui
dit : (( Vous avez envie d'appeler M°»« de Kerméno pour
(( vous deflendre de moi ; si j'avais voulu vous étrangler
« ce serait déjà fait, S^ Gilles a impétré de Dieu que je
« vinsse vous délivrer de ce loup à cause que vous êtes
« dévote à S^ Gilles; vous avez voulu vous retirer en un
« ermitage, n'y songez plus, ce n'est pas la volonté de
(( Dieu, si vous l'eussiez fait, je vous aurrais nourrie de
« mon lait ; recommandez aux bergers de prier S^ Gilles
« pour préserver leur bétail de la morsure des loups, et
« à ceux qui vont par pays, afin qu'ils ne reçoivent aucun
(( dommage des bétes sauvages. ))
2. ■— Saint Maurille, d'Angers, second patron. Il porte
chape, mitre et crosse, ayant à ses pieds le buste d'un
petit enfant qui tient les mains jointes.
Ce petit enfant rappelle le miracle opéré par saint Mau-
rille à Angers; d'abord, l'enfant naquit d'une femme
— 230 —
longtemps stérile, par rintercession du Saint ; puis, l'en-
fant étant tombé très dangereusement malade, fut porté
mourant par la mère à saint Maurille, pour qu'il lui don-
nât le sacrement de Confirmation. Le saint Evéque disait
la messe ; peut-être prolongea-t-il un peu son action de
grâces, toujours est-il que lorsqu'il arriva près de Tenfant
celui-ci était mort. Le bon Evéque, désespéré de voir cet
enfant privé de la grâce de ce grand sacrement, un peu
par sa faute, voulut faire pénitence et renoncer à la charge
épiscopale ; il s'enfuit en cachette et s'embarqua pour la
Grande-Bretagne, dans un port de la Bretagne Armorique,
mais ses diocésains finirent par découvrir sa retraite et le
ramenèrent à Angers, où sa première visite fut pour le
tombeau de l'enfant mort ; il le ressuscita, lui donna la
confirmation en l'appelant René, et cest ce petit enfant
qui devint saint René, evéque d'Angers.
3. — Dans le retable du maître-autel, rangées dans des
niches, sont de très remarquables statuettes assises des
quatre Evangélistes.
4. — Saint Adrien, armé en guerrier et tenant une
épée ; provenant de sa chapelle détruite.
5. — Saint Michel, tenant le dragon par une chaîne.
6. — Saint Pierre.
7. — Saint Corentin, reconnaissable à son poisson.
8. — Au-dessus de la porte Midi : sainte Catherine,
gothique, couronne en tête, tenant son épée et un livre
ouvert ; foulant aux pieds la tète couronnée du tyran
Maxime ; à ses pieds, est aussi sa roue brisée.
9. — Au-dessus de la porte Nord : Notre-Dame-de-Pitié,
également gothique.
Sur un bénitier du bas-côté Nord, est un écusson por-
tant la macle des Tréanna.
Au Nord du bourg, dans un petit creux de vallon, se
trouve la fontaine de saint Gilles, abritée par une petite
— 231 —
voûte en pierres de taille, en forme de plein cintre.
En Elliant, est un lieu appelé Sant-Neiz, qui pourrait
bien être le vocable de Saint-Gilles, car le latin Egidius
a bien pu donner la forme bretonne Eie, et Vn qui précède
serait une consonne euphonique. Cette observation est à
rapprocher du nom de la paroisse de Ploneiz, également
dédiée à saint Gilles, et dont Tétymologie serait Plehs
Egidii ou Plou an Eiz.
Dans la nuit du 25 au 26 Décembre 1821, le tonnerre
tomba sur Téglise. « Il a ruiné la tour, assolé la majeure
partie du bas de Téglise, et les pierres lancées de la tour
ont criblé le toit, des deux côtés, jusqu^au-dessus du
chœur; les autels n'ont souffert aucune atteinte ; les fonts
baptismaux ont été brisés. » M. Guinement demande à
Monseigneur la permission de bénir d'autre eau bap-
tismale.
Prééminences des Tréanna dans Véglise paroissiale d'Elliant.
Aveu de 1680. (1)
(( Une grande tombe enlevée de pierre de taille joignant
le parquet du grand autel et qui sépare le dit parquet du
costé de TEvangile, de la chapelle du dit Tréanna, estant
sous Tarcade du costé du Nort du dit parquet, la dite
tombe chargée en divers endroits d'une macle qui est les
armes du dit manoir de Tréanna ; avec un benétier au bas
du pilier de la dite arcade, vis à visd'icelletombe, auquel
benétier il y a. une pareille macle en bosse, et aussi dans
les bois de la dite chapelle.
« Pareillement, plusieurs autres tombes à raz de terre,
dans la dite chapelle de Tréanna, les dites tombes armoi-
riées de checun une macle.
(1) ArchivdB de la Loire-lDfôrieore. Pièce commaDîqaéd par M. de Vii-
lieri da Terrage.
— 232 —
(( D'avantage, un grand bancq et un accoudouere voûté,
joignant le pillîer quy est vis à vis de Tautel de N. D. de
Pitié en la dite église, auquel banc il y a des niacles en
divers endroits, et autres armes du dit seigneur de Tréanna
Tinteniac, le quel banc et accoudouere sont uniques dans
la dite église.
(( Dans la mattresse vitre sont les armes de Treanna,
qui est une macle d'azur à fond d* argent, avec autres armes
en alliance, immédiatement sous les armes du Roy, et au
bas de la dite grande vitre les représentations des seigneur
et dame de Treanna avec leurs armes sur leurs babits.
« Plus, dans la chapelle estant au Nort du maître autel,
nommée la chapelle de Treanna, sont les dites armes de
Treanna ainsi que dans les autres vitres de la dite église,
au pignon oriental, et sur la tour au pignon occidental,
en dehors de l'église.
« Droit de liziere dedans et dehors de Téglise. Armoie-
ries sur le presbytère. »
En raison de la terre de Treanna, le seigneur a droit de
haute, moyenne et basse justice qui s'exerce sur les vas-
saux du bourg d'ElIiant par sénéchal, bailli, procureur
fiscal, droit de fief, lots, ventes et rachats ; droit de déshé-
rence faute d'hoires ; patibulaire à quatre piliers, situé
dans la terre de Treanna, proche le grand chemin qui
conduit du bourg de Coray à la ville de Quimper, avec
cept, pilory et collier au bourg d'Elliant.
Chapelles
io Prieuré de LocmikaeL
Ce prieuré, situé dans la paroisse d'Elliant, canton de
Rosporden, fut donné, dès le principe, à Tabbaye du
Monl-Saint-Michel, et lui demeura uni jusqu'à Tépoque
— 233 —
de la Révolution ; car nous voyons, en .1782, le chartrier
de Tabbaye communiquer à Tavant-dernier des prieurs
commandataires de Locmikael les pièces dont il a besoin
pour soutenir divers procès touchant les droits de son
prieuré.
Nous n'avons pas le titre primordial de fondation de
ce prieuré, mais dom Morice, dans ses Preuves (1), nous
donne la confirmation de la fondation primitive par le
duc Conan IV, en l'an 1170 de l'incarnation. Voici la tra-
duction de cette pièce :
« Sachent tous ceux qui verront le présent écrit, que
moi Conan, duc de Bretagne et comte de Richemont, je
corrobore la donation de Treveruer que mes prédécesseurs
ont faite à l'église de Saint-Michel et aux religieux qui
s'y consacrent au service de Dieu, et je déclare que cette
concession en forme d'aumdne de Treveruer, est libre,
absolue et afiranchie de tout trouble et exaction, avec
toutes ses dépendances, les îles qui lui sont adjacentes,
les terres cultivées et incultes, eaux et prateaux ainsi que
deux parties de la dtme, à l'exception seulement : i^ du
corps du Larron jugé dans la curie de Saint -Michel ;
2o d'un contingent d'hommes de guerre conduit par un
religieux ; excepté enfin le septième denier de l'amende
pour vol, meurtre, et injuste occupation d'une terre par
déplacement frauduleux des bornes. Cet acte fut donné
l'an 1170 de l'incarnation (c'est-à-dire en l'an 1171 de la
nativité du Sauveur) par-devant Gaudeiïroy, évêque de
Cornouaille ; Hamon, évéque de Léon ; Ruallendou Rival-
Ion, abbé de Quimperlé ; Simon, archidiacre ; ^ven, maî-
tre de l'Hôpital, et Guillaume Ferron, maître du Temple. »
En 1782 (2), M. Le Guillou, recteur d'Elliant et prieur
(1) T. I, col. 66S.
(2) Archives départementales du Finistère, série 6, liasse 391.
— 234 —
de Locmikaei, dans un mémoire au soutien des droits de
son prieuré, démontre que ce lieu de Treveruer, dont il
est mention dans l'acte de confirmation de 1170, est bien
le même qui s'appelle aujourd'hui Locmikaei ou le Mous-
toir ; car, dit-il, a la cinquième pièce dûment coUationnée
qui a été extraite des archives de Tabbaye du Mont-Saint-
Michel porte que, Tan 1318, un particulier vendit au
prieuré de Treverer pour étendre la chaussée de son mou-
lin un terrain nommé Kerdilès, sur la paroisse de Lan-
golen, qui confine avec les terres du prieuré ; dans la hui-
tième pièce, on mentionne et le prieuré de Treverer et
la cour ou juridiction de Rosporden. Or, on ne connaît,
ajoute le mémoire, et il n'y a, à la proximité de Langolen
et dans le ressort de Rosporden, aucun autre prieuré que
celui de Locmikaei du Moustoir. )) L'auteur du mémoire
aurait pu également apporter à l'appui de cette assimila-
tion une autre pièce tirée du chartrier du Mont-Saint-
Michel (1) et portant la date de 1214; c'est une donation
faite par-devant Guillaume, évéque de Quimper, à l'ab-
baye de Saint-Michel, d'une terre au village de Kerrun,
en la trefve de Kernevel, voisine du Moustoir, « pièce par
laquelle les donateurs Robert fils d'Allain et Adeline, son
épouse, spécifient qu'ils recevront en retour annuellement
une livre de poivre de la main du prieur de Treverguer».
Il est donc bien établi que le prieuré originairement
appelé Treveruer, Treverguer ou Treverer est le même
que celui qui fut appelé ensuite prieuré de Locmikaei, de
Saint-Michel ou du Moustoir, dans la paroisse d'EUiant.
Le mémoire de 1782, cité plus haut, déduit de lacté de
1170, que les religieux de ce prieuré avaient droit de
juridiction « puisque le duc Conan IV reconnaît qu'ils
avaient une cour, in curiâS^^ MicJiaelis, et cette cour em-
(1) 6. 331, Archives départemeoUleB.
— 238 —
portait, suivant les titres de Qet âge, tous les degrés de
juridiction, même de la Haute (1) ; la justice et le fief
étant intimement unis en Bretagne. Cette cour ne peut
être, du reste, celle de l'abbaye du Mont-Saint-Michel ; il
serait absurde de prétendre que des subsides temporels,
levés en Basse-Bretagne, dans les états d'un souverain,
fussent du ressort d'une juridiction située en Normandie,
dans les états d'un autre souverain. »
Cette juridiction « du prieuré de Locmikael s'exerçait
encore au xvi°*® siècle», mais en l'auditoire de Rospor-
den, comme nous le démontre l'aveu rendu au roi en
1551 par celui qui fut, sans doute, le dernier prieur régu-
lier de Locmikael. Voici un extrait de cet aveu, daté du
15 Novembre.
« Aveu que rend noble, vénérable et dévot religieux
maître Regnault de Vitré, de l'ordre de Saint-Benott,
recteur de Persay, près Rille, en Anjou, et prieur du
prieuré du Moustaer, autrement Locmikael Rocquillas,
situé en la paroisse d'OEliant (Elliant) qu'il tient en pro-
chaine seigneurie de ligence à foy et hommage soubs le
Roy, nostre sire, duc de Bretagne, à cause du dit duché,
soubs la court et juridiction de Conqfouesnant et Rospor-
den » (2).
Après avoir énuméré tous les villages sur lesquels il
prend la dîme à la onzième gerbe, soit diverses chefren-
tes telles que quartron de froment ou une ou deux eêcueU
léêê de froment, l'avouant ajoute :
(( Cognoist le dit prieur avoir levé et encore lève par
chacun an par lui ou ses receveurs les oblations, dons et
esmolumens que le populaire par charité et dévotion donne
(1) La Haute Justice, c'est-à-dire le pouYoir de juger et de condamner
ou criminel.
(9) 6. 831. Àrehivet dépariemenial9$.
— 236 —
et distribue à la chapelle du dit prieuré, qui eulx doit le
dit prieur par lui ou ses commis employer pour célébrer
et dire en la dite chapelle une messe à basse voix par
chacune sepraaine à jour de lundy ; et par chacun an au
jour et feste de Monsieur Saint Michel mont de Gargane,
une grande messe à diacre et soubs-diacre, et pour entre-
tenir la dite chapelle de coupverture, ornements, lumi-
naires et austres choses requises jouxte la fondation en
faicte par les dits seigneurs, roys, ducs et princes prédé-
cesseurs de nostre dict sire et duc de Bretagne.
(( Aussi a le dit prieur à cause de son dit prieuré juri-
diction subalterne en l'auditoire et tribunal de la cour de
Rosporden qui s'expédie par ses officiers, savoir : Séné-
chal, procureur et greffier en l'endroit des mesnées d'icelle
cour de Rosporden. »
Voici les noms des prieurs dont nous trouvons mention
jusqu'au moment de la Révolution :
1638. Guillaume Le Prestre de Lezonnet, évéque de
Quimper (1614-1640), prieur de Locmikael.
1660. Gilles Rousselot, prêtre.
1681-1687. François Converset, docteur de Sorbonne,archi-
diacre de Veslay, aumônier de Madame la Dauphine.
1692. Gabriel Richer, S' du dit lieu et de Queriou,
clerc tonsuré « titulaire du prieuré de Roquillas Tre-
verer, autrement Saint-Michel du Moustoir, paroisse
d'Elliant. ))
N. Janripot.
N. Janripot.
M. l'abbé de Keremor.
1698. M. le Recteur d'Elliant ( M. Goulven Le Pervez) .
M. l'abbé de Kerever, qui résigna le prieuré en deve-
nant recteur de Bothoa.
M. le Prieur de Carhaix.
— 237 —
1717-1722. M. Alain Le Staguer, recteur de Plomodiern.
Nous connaissons ces derniers prieurs de Locmikael
par la lettre suivante de M. Le Borgne de Kermorvan,
chanoine à Quiroper, datée du 4 Octobre 1722.
Après nous avoir dit que le prieuré du Moustoir était à
la nomination de Tabbé des Bénédictins de Sainte-Croix
de Quimperlé, il ajoute :
(( Les deux messieurs Janripots, qui sont aujourd'hui
employés dans les affaires, ont joui successivement de ce
bénéfice, du temps qu'ils étaient au collège ; mais comme
aucun d'eux n'a suivi le parti de l'Eglise, le dernier qui
le posséda le résigna à M. l'abbé Keremor, qui était leur
précepteur. Le défunt recteur d'Elliant l'eut ensuite de
M. Keremor, et feu M. l'abbé de Kerver, recteur de
Bothoa, l'eut par dévolu sur le recteur d'Elliant ; mais
pourvu de Bothoa, il résigna le prieuré du Moustoir au
prieur de Carhaix, qui était parent du feu recteur d'Elliant.
Ce prieur de Carhaix, qui est encore vivant, mais très
singulier dans sa façon de vivre et embarrassé de ce prieuré
dont on lui refusait la dîme faute de faire faire les répa-
rations à la chapelle, vint trouver l'évéque pour le prier
de lui désigner quelqu'honnéte homme à qui il pourrait
donner son bénéfice; l'évéque lui a désigné un prêtre
d'Elliant qui jouit présentement de ce bénéfice. »
Ce prêtre, AUain Staguer, devint prieur en 1717, mais
non sans opposition de «Messire Henry Albert de Cezy de
Kerampuil, chevalier S' duditlieu, conseiller au Parle-
ment de Bretagne, qui remontre au Présidial de Quimper
que, comme héritier delà feu dame comtesse de Kermeno
au maternel, il est seigneur propriétaire delà terre etsei-
gneurerie de l'estang à laquelle est attaché le droit de
patronage et de nomination au prieuré du Moustoir sous
le titre de de Saint-Michel, et comme il a su que M. Alain
Le Staguer s'arroge le titre de prieur et il en touche le
— 238 —
revenu, vous plaise le condamner comme intrus...»
M. Le Stagner répliquait qu'il était canoniquement
pourvu du dit prieuré, et que c'était à M. de Cezy de
prouver son prétendu droit patronage et de nomiDa-
tion.
De fait, nous voyons M. Le Stagner en possession
du prieuré cinq ans plus tard, en 1722, et il eut vrai-
semblablement pour successeur immédiat M. Claude
Elier, prélre, docteur en Sorbonne, un des directeurs
du Séminaire de Quimper, que nous trouvons men-
tionné comme prieur du Moustoir en Août 1729 et
Octobre 1733.
1743-1766. M. Jean-Louis Pic de La Mirandoi , chanoine
de la cathédrale de Saint-Pol de Léon ; on l'accusait, en
1782, d'avoir laissé Téglise priorale tomber en ruines.
1766-1775. Il eut pour successeur M. Etienne Landot de
Crète, dont voici tous les titres : « Prêtre du diocèse de
Die, maître ès-arts de l'Université de Valence, en Dau-
phiné; docteur en l'Université du collège Romain,
titulaire des chapelles ou chapellenies foraines sous le
titre de Notre-Dame, dans l'église de la ville de Guer-
chin ; de Saint-Nicolas, fondée dans l'église parois-
siale de Bouchin, diocèse d'Arras; de Saint-Nicolas,
fondée dans l'église du lieu de Saint-Amand, diocèse
de Cambray, secrétaire de son Altesse Royale Ëminen-
tissime et Révérendissime Mgr le cardinal duc d'York,
évéque de Frascati, vice-chancelier de la Sainte Eglise
romaine, pourvu en commande du prieur simple et
régulier de Locmikel du moustoir, de l'Ordre de
Saint-Benoît, demeurant à Rome, au Palais de la
Chancellerie apostolique, paroisse de Saint-Laurent
in Damaso. »
1775-1787. Yves de Guillou, recteur d'Elliant, puis rec-
teur de Loctudy.
— 239 —
1787-1790. Henri-Alexandre Boissière, prêtre originaire
de Rennes, secrétaire de TEvêché de Quimper, vice-
promoteur du diocèse.
Etat de la chapelle de Locmikel, en 1775 (1).
(( Cette chapelle a 55 pieds de long sur 17 pieds de large
dans la nef et 20 pieds aux bras de la croix. Outre la porte
d'entrée, il y a portique au côté Midi, et deux petites
portes dans les bras de la croix. » Trois vitres, Tune au
pignon du Levant, au-dessus du mattre-autel, deux autres
à chaque bout des bras de la croix. La charpente est
tombée, et le pignon Levant est à moitié ruiné. Le maître-
autel est en pierres de taille, les deux autres en moellon.
L'église est sans pavé. Au-dessus de la tour, au haut du
pilier du Midi et Levant soutenant le couronnement de la
tour du clocher, et au pied de la croix, près la chapelle,
se voit un écusson portant trois têtes nues d*hommes au
profil de droite à gauche 2. t.
(( 11 ne reste aucun des vitraux, et il n'y a plus de
vestige de la maison priorale. ))
Etat actuel de la chapelle Saint-Michel du Moustoir.
Cette chapelle est actuellement bien modeste dans ses
dimensions et dans son architecture. Les deux portes
Ouest et Midi sont entourées de moulures de la fin de la
période gothique, mais le petit clocher porte la date de
1605 et est bien dans la note de xvii» siècle. La maçonnerie
extérieure présente des rangs de pierre de taille alternant
avec des bandes composées de plusieurs assises de moel-
(1) B. Liasse 484.
— 240 -
Ions schisteux. Les deux fenêtres des pans coupés de
Tabside sont à deux baies et ont des soufflets flamboyants.
Au-dessus de la porte Midi et près de la fenêtre Nord-
Est de Tabside, sont deux écus portant : trois têtes nues
d'hommes, ce qui fait penser que cet écusson a dû être pris
du pied de la croix où il était en 1775, pour être placé
au-dessus de cette porte.
Quoique le village voisin de cette chapelle porte le nom
de Moustoir, on n'y trouve pas d'indices caractéristiques
de constructions dépendant d*un monastère.
En 1782, on ne disait point la messe dans cette chapelle.
(A suivre )
CARTILAIRE
DE L'ÉGLISE DE QUIMPEB
INTRODUCTION
La bibliothèque de la ville de Quimper possède trois
volumes manuscrits où sont transcrits les actes de l'église
de Quimper, d'après les originaux conservés à la Biblio-
thèque nationale, sous les n^^ d'ordre 31, 51 et 56, dont
nous usons pour nos citations, mais qui correspondent
aux n~ 9,890 — 9,891 — et 9,892 du nouveau classement.
De ces trois Cartulaires nous avons extrait, en éliminant
les actes portés en double, 504 pièces, dont 4 sont des
notices se rapportant à des faits antérieurs au xiii® siècle;
137 sont du xiii® ; 290 du xiv<), et 62 du xw^ siècle ; mais
sur ces 62 pièces, 3 seulement sont postérieures à l'épis-
copat de Bertrand de Rosmadec, mort en 1445.
Dans son ensemble, ce Cartulaire nous donne d'utiles
renseignements : la liste des comtes, ducs et évêques est
sensiblement la môme que celle donnée par le Cartulaire
de Quimperlé ; mais celui-ci s'arrêtait pour les évoques à
l'épiscopat de Renaud, 1219-1245, tandis que le Cartulaire
de Quimper continue cette liste jusqu'à Gacien de Mon-
ceaux, 1408-1416.
La taxe des bénéfices, en 1368, nous donne la forme
des noms des paroisses avec leur division ecclésiastique
à cette époque ; en général, il y a peu de noms de lieux
*
traduits du breton en latin ; nous avons remarqué les
suivants :
Bulletin ob la Commission diog^siinb. — 8" anoée. 16
— 242 —
Gonfluentia pour Qnimper (13). (0
Locas Marie Locmaria (6).
Villa fontis Kerfeanteun.
Gastrum novam in fago Ghàteanneof-da-Faon (4).
Plebs nova in fago Plonévez-da-Faou (4).
Plebs nova in Qaintin Plonévez-Qnintin (4).
Plebs nova in Porzoez Plonévez-Porzay (4).
Pons crucis Pont-Groix (162).
De veteri villa le Gosquer (9). ,
De colle Eadonis Grec'heuzen (148).
Villa ecclesie Kerilis (135).
Villa fabronim (en Plogonnec). Kergoff (261).
. Les noms de personnes sont beaucoup plus souvent
traduits, et, au risque de faire un calembour, le notaire
hésite rarement à nous montrer qu'il sait le breton, et il
tombe dans le travers, trop fréquent encore dans nos
mairies, de voir le secrétaire traduire en français le nom
de famille qui lui est donné en breton, si bien que le fils
s'appellera Le Roi, Le Jeune, Le Petit, tandis que le
père portait le nom de Roué, Yaouank, Bihan, etc. Nous
avons tâché, pour le Cartulaire de Quimper, de rétablir,
autant que possible, le nom breton que le scribe avait
traduit en latin. On verra que le nom de famille s'écrit
toujours au génitif, ce qui permet de le distinguer du
nom de Laptême ou du qualificatif indiquant la profes-
sion. Voici ces noms, par ordre alphabétique, avec la
traduction que nous proposons tant en français qu*en
breton :
Ablatoris (Nicolaus) an Laer Le Volenr (148).
Albi (Eude) an Guen Le Blanc.
Alta villa (Joannes de). . . Kerhuel deHauteville(424).
Anticipitris (J.) Sparfel L'Epervier.
(1) Ces chiflres renvoient aux n"* du Carlulaire.
— 243 —
Anglici (Eudo) Le Saux L'Anglais.
Arietis (Gauffridas) an Boch Le Bourg (178).
Angasti (Gauffridns) .... an Eost, L'eost. . . L'août (7).
Barbnti (Johannes) Barvet Le Barbu (385).
Bosco Guehenoci (Alaous
de) du Boisgueheneuc
(418).
Britonis (Eudo) Le Briz Le Breton (221).
Burgeosis (Guillermus). . . Le Bourhis Le Bourgeois (438).
Galvi (Jotiannes) Le Moai Le Ghauye (238).
Garnificis (Simon) an Kiger ou Boscer. Le Bouclier (226).
Gervi (Nicolaus) Garod Garo Le Gerf (295).
Gisoris (Alauus) Quemener Le Tailleur (213).
Glerici (Guillermus) Gloarec Le Glerc (452).
Goqui (Guillotus) Keguiner Le Guisinier (198).
Fabri Le Goff Le Feuvre (7).
Flori Bleuzen La Fleur (8).
Hospitis (Olivarius) an Hostis, VHostis. L'Hotellier (362).
Infantis (Gauffridus) .... Buguel L'Enfant (109).
Joannis (Alauus) Jaouen Jean (8).
Juvenis (Alauus) Yaouauk. Le Jeune (242).
De Lapidibus albis (Gazne-
ved) de Miuven des Pierres blau-
ches (237).
Lalomi (Johannes) Quizelleur, Qaidel-
leur tailleur de pierres.
Long! (Henricus) .... ^. . Le Hir Le Long (134).
Lupi (Johannes) Le Bleiz Le Loup (361).
Magni (Alauus) LeBrasouLeMeur. Le Grand (203)
Mathei (filia) Mazé Mathieu (7).
Medici (Alauus) LouzaouerouMézec Médecin (7).
Mercatoris (Alauus) Marc'hadour Le Marchand (297).
Militis (Anscherus) Le Marhec Le Ghevalier (8).
Monte (Mauricius de) ... . du Menez du Mont (367).
Mutonis (Joannes) Le Maout Le Bélier (370).
Nani (Daniel) Gorric Le Nain (283).
NemoreSalioci (Gauffridus) Quoetsaliou Bois du saule (250).
— 244 -
Nigri Le Da Le Noir (7).
Parva valUs Traon (179).
Parvi (JadiceUas) Le Bihan Le Petit (7).
PeUiperii PeUeter PeUetier (9).
Perfecti (Johannes) Le Guellec on Kalloc'h (ISS).
Pétri (Guidomaras) Le lien (tf9).
Philomene (Petros) Ronssignol (446-449).
Piger (Ancheras an) ... . Lezirec Le Paressenx (113).
Phiaici (Jaoobns) Lonzaoner (109).
Placitatoram dn Qnenqnia . . . . dn Pleasis (10).
Ponte ligni (Alanns) de Goetpont oapioiAt Pontpren (0
w (350).
Porceiii (Rannocus) Porhiel Porhiel (219)
Porta lapidea (Guillermus). Portzmen Orven (292).
Postgeniti (Oliverins) Gohanet Gozganet W (349).
Primogeniti (Olivarins). . . Le Hénaff (373).
Pnlchri (Hervens). ..... Le Goant (263).
Régis (Theresa) an Roue Le Roy (7).
Ruffi (Guillotus) an Rons Le Roux.
Senis (Hervens) Le Goz l'Ancien (462).
Sici (Johannes) Le Séach (40S).
Sinister (Gadoredns) .... Glean Leier (8).
Stral)onis (Lncia) Gnilcher. Le Borgne (328).
Sntoris (Joliannes) Qaéré . Le Gordonnier (7).
Tonsi Le Touz.
Villa abba (Mathens de) . . Kergnen Kerven (380).
Villa cervi (Alanus de). . . de Kerharo ., (306)
Villa coUis (Alanus de). . . de Kergrech (336i
Veritatis (Johannes) .... Guirriec (247)
Villa lata (Gadnevedus de), de Kerlédan (93)
Villa conani (G. de) de Kergonan (185)
Villa magna (Glaricia de). . du Guermeur (237)
(1) Nous donnons cette dcrniôre traduction d'après les obscrvatloos
de Dom Malgorn.
(2) C'est M. Loth qui nous a suggéré la traduction de ce mot
Postgeniti,
- 245 -
Topographie de la ville de Quimper
L'acte du 2 Mai 1296 nous donne la division de la ville
par quartiers ou paroisses qui, à cette époque, portaient
le nom de chapellenies. Chaque quartier est désigné par
le mot viciLS, qui a le sens d'agglomération, et qui, en
breton, se traduit guie. Au xiii® siècle, Quimper comptait
sept parcelles, dont s'occupaient spécialement sept cha-
pelains.
lo La chapellenie de Eacher ou Rdkaer, qui s'appela
ensuite « paroisse du Tour du ChcUeî », parce qu'elle com-
prenait, avec la rue du Frout, les maisons avoisinant la
place de la Cathédrale.
2o La chapellenie de la rue Keréon, de vico Suiorum, en
donnant au mot rue le sens de quartier.
30 La chapellenie de la rue Neuve, vici notn, quartier
de la rue Neuve actuelle.
40 Chapellenie de colle Eudonis, Crec'h Euzen, qui por-
tait également le nom de a parcelle de Saint-Primael »,
comprenant la rue de l'Hôpital et l'emplacement où fut
bâti, au XVII* siècle, le Séminaire, aujourd'hui hôpital civil.
Les vestiges de la chapelle de Saint-Primel ont disparu
depuis une trentaine d'années.
5^ La chapellenie de Mesgloaguen, Campi-Qloagueni,
quartier actuel de Mesgloaguen.
6° La chapellenie de vico Demer, la rue Obscure, quar-
tier de la rue Royale.
70 La chapellenie de vico Molendinorum, ou Bu melinou.
Cette parcelle, qui comprenait les environs de la campa-
gne des Évêques, fut connue plus tard sous le nom de
paroisse du Saint-Esprit, et annexée à la paroisse de la
rue Neuve.
- 246 -
Le Cartulaire nous fait connaître plusieurs autres noms
de rues.
Dans la ville close :
Vicuê eapelle bétUe Marie Oivitatis (n^ 338), rue du
Guéodet.
Vicus Merceriorum, ante staîlas cammm (n<> 256). Les
étaux où étaient exposés les viandes se trouvaient dans la
rue actuelle des Boucheries, et la rue des Merciers, de la
Chair salée, aujourd'hui du Salé, donnait sur la rue de$
Étaux,
Vicus Fratrum minorum (n® 196), maintenant rue
Saint-François.
VictLS OUarum (n^ 309), près de la rue Obscure.
Vicus Vinee ou Ouenniou, dont une partie est conservée
dans la rue de la Vigne ou des Vendanges.
Vicus Poulpezron (n®» 192-210), près de la rue Verdelet,
se trouvait dans la paroisse de la rue Obscure.
Viens Putei (n^ 216), rue voisine de la rue de la Vigne:
En dehors des mnrs
Viens Briziae (n^s 197-203), actuellement route de Ker-
feunteun.
Viens Magnus (n®» 247-255), probablement la rue Saint-
Mathieu, mais certainement dans cette paroisse, in fando
Capituli, sur le fief du Chapitre, in Burgo Sancti Mathei
(no 264).
Viens Trem (n» 247), joignant la Grande-Rue, juxta
vicum Magnnm
Viens Maezminihi, la rue bordant la place actuelle de
La Tour-d'Auvergne.
\
- 247 —
Noms de femmes
AdeUcia, Azelicia (200, 166).
Adenora, Azanora (216, 283).
Agneche (294).
Amicia (261).
Amota (277).
Avana (173).
Azelina (171).
Azanora (283).
Beatricia (219).
Glaricia (237).
Gonstancia (179, 208, 294).
Daetmat (179).
Elienora (295, 219).
Eanogaenca (202).
Gloguena (169).
Guenserch (170).
Guelloza (385).
Guielderch, Guielderchia (234,
265).
Gnlgnen (169).
HazeviBia (197).
Hodiema (278).
Johanneta (257).
Jnliana (187).
Jnzetta (251, 314).
Katerina (279).
Leveneza, Legaeneze (169, 247).
Lncia (239).
Mades (188). Maden (192).
Malbina (315, 234). MabUia (234).
Margareta (300).
Maria (190).
Materron (189). Noblina (332).
Meancia (162).
Onguena, Onvena (183, 205, 213).
Theophania (167, 198).
Theresia (174, 236).
Statuts capitulaires
Le Cartulaire nous fournit des renseignements intéres-
sants sur la vie du Chapitre de Quimper : ses droits, ses
usages, ses rites ; nous réunissons ici, sous un titre spé-
cial, les règlements qui se rapportent au même objet.
Installation.
1247 (n® 81). — La Cour de Rome et les Évéques nom-
maient souvent des chanoines avec expectative de pré-
bende, cest-à-dire que les chanoines devaient attendre
qu'une prébende fût vacante pour jouir du revenu. Par
- 248 -
complaisance, le Chapitre de Quimper avait fixé une place
au chœur à ces chanoines expectants et leur avait accordé
voix délibérative au Chapitre ; mais, se ravisant, il déclare,
en 1247, que désormais aucun chanoine expectant n*aura
sa stalle au chœur et voix au Chapitre avant d'avoir pris
possession réelle et corporelle de sa prébende.
Droit de chape.
1271 (n^ 111). — Les chanoines, chacun à tour de rôle,
payeront à la Saint-Corentin d'hiver une chape et, la
veille de la fête, donnera un repas aux chanoines, aux
chapelains et aux élèves du chœur.
1300 (no 151). — Les chapes des chanoines vivants ne
serviront au chœur qu'en leur présence.
1357 (n^* 332). — Depuis longtemps, il était d'usage
qu'un chanoine, lors de sa réception, fasse présent à
l'église d'une chape, ou une somme de 12 livres ; mais
comme cette coutume tendait à tomber en désuétude,
Geoffroy de Kermoysan, évoque de Quimper, ordonne
qu'on reprenne cet usage, et que si un chanoine s'y refu-
sait, on retiendrait 12 livres sur les premiers fruits de sa
prébende ; mais cet argent ne pourrait être consacré qu'à
l'achat de chapes et d'ornements pour la cathédrale.
Distributions.
1276 (n® 119). — Les chanoines sexagénaires pourront
toucher les distributions pour les matines quoique n'y
assistant pas, pourvu qu'ils habitent la ville.
1276 (n» 120). — Si un des chanoines reçoit à sa table
pour un dîner d'apparat, un chanoine étranger, il sera
exempté d'assister aux vêpres, et pourra néanmoins par-
ticiper à la distribution.
J
— 249 —
1278 (qo 123). — Chaque chanoine résidant recevra cha-
que jour 12 deniers, trois aux vêpres, six à matines, et
trois à la messe ; de plus, il recevra six deniers pour la
procession du dimanche.
1279 (n® 126). — Nul chanoine n'aura droit de participer
aux revenus de TÉvêché (sede vacante) s'il n'est présent
au moment de la distribution, à moins qu'il n'ait un pri-
vilège à faire valoir.
1305 (no 157). — Le jeudi avant la fête de la Chaire de
Saint-Pierre, le 12 des kalendes de Mars, le pain du Cha-
pitre fut distribué pour la première fois aux chanoines
résidants.
Le 9 Novembre de la même année, il fut décidé que,
pendant toute l'année, on distribuerait chaque jour aux
chanoines résidants un pain à prime et un pain à none.
Avant la fin de l'année écoulée, c'est-à-dire le mercredi
des Cendres 1306, la distribution fut augmentée à partir
de ce jour jusqu'à la Pencôte, et pendant ce temps, chaque
chanoine résidant reçut un pain et demi à prime et un
pain et demi à none,
1380 (n^ 362). — Les chanoines résidant habituellement
auront, chaque année, un mois pendant lequel ils pour-
ront être absents sans être privés de la distribution.
1248 (n® 84). —Il est décidé qu'un chanoine qui n'aura
pas résidé personnellement à Saint-Corentin, pendant la
moitié de l'année, ne percevra, lors de l'ouverture du
tronc destiné à recevoir les offrandes des pèlerins (du
pèlerinage des Sept-Saints), que la moitié de la part que
recevra un chanoine qui aura résidé ; encore faudra-t-il
pour cela qu'il soit présent à l'ouverture du tronc.
1284 (n^ 132). — Les chanoines qui se sont fait saigner
seront exemptés du chœur pendant trois jours, et parti-
ciperont cependant aux distributions.
1434 (n^ 500). — Un chanoine malade ou impotent,
- 250 -
mais résidant en ville, sera tenu pour présent et touchera
la distribution due pour assistance aux messes dites à la
cathédrale.
Maisons prébendales.
1275 (n* 118). — Les domestiques d*un chanoine défunt
pourront garder la maison qu'il habitait à Quimper, jus-
ques à 40 jours après son décès. En 1282, le délai est fixé
à 20 jours seulement.
Délibérations.
1249 (no 88). — Il est établi que les chanoines seraient
solidaires les uns des autres dans la défense de leurs
droits contre tout opposant.
1227 (n9 40). — Le Chapitre ne délibérera sur une de-
mande, surtout si elle est faite par un des chanoines,
qu'en Tabsence de l'intéressé, et la réponse sera faite au
nom du Chapitre en commun.
1327 (no 215). — Ce statut est renouvelé, car on s'est
aperçu que, devant les intéressés, plusieurs chanoines se
laissaient influencer dans leur jugement, soit par préven-
tion, soit par crainte de déplaire, ce qui rendait le Cha-
pitre moins libre de prendre une décision.
1332. — Môme statut que devant, et défense à tout
chanoine, de quelque dignité qu'il soit, de donner son
avis sur une supplique adressée au Chapitre, avant que le
suppliant ne soit sorti.
1228 (no 42). — Dorénavant, il ne sera institué aucun
chanoine, aucune pension ne sera accordée, aucun statut
obligeant à perpétuité ne sera formulé, ni aucune résolu-
tion concernant tous les chanoines ne sera prise qu'après
délibération et consentement de tous, et après convocation
de tous les chanoines présents dans la province de Tours.
1315 (n^ 181). — Les chanoines, même lorsqu'ils ne
seront pas dans les ordres sacrés, seront admis aux élec-
tions en Chapitre.
Nomination- aux bénéfices dépendant dn Chapitre.
1294 (no 146). — Lorsque vaquera un bénéfice à la
nomination du Chapitre, on y procédera huit jours après
la mort du titulaire, après convocation des chanoines
présents au diocèse de Quimper.
1296 (no 146). — Les chanoines nommaient les vicaires
des églises dont ils étaient prébendes, mais ils s'étaient
réservé de nommer en commun certains autres bénéfices,
comme les sept chapelains de la cathédrale, le sacristain,
les diacre et sous-diacre en chef, etc. Mais les chanoines
absents de Quimper lors de ces nominations n'étaient pas
satisfaits de ne pouvoir y participer ; aussi fut-il décidé
que Ton attribuerait à chacun des prébendes la nomina-
tion à Tun ou l'autre de ces postes, et voici comment on
en fit la distribution :
Le prébende de Saint-Mathieu présenterait le chapelain
de la rue Kéréon ;
Le prébende de Scaêr présenterait le sacriste ;
Le prébende de Combrit présenterait le vicaire de Qué-
ménéven ;
Le prébende de Berrien présenterait à l'église de Saint-
Coulit ;
Le prébende de Trégunc, le diacre en chef ;
Le prébende de Plomodierne, le chapelain de la rue
Neuve ;
Le prébende de Rostrenen, le chapelain de la rue des
Moulins, ou de la paroisse de Lanniron ;
Le prébende de Plonéour, l'aun^^nier de l'hôpital ;
- 252 —
Le prébende de Beuzec-Cap-Sizun, le chapelain de
Crech Euzen ou de Saint-Primel ;
Le prébende de Spézet, le chapelain de Mesgloaguen ;
Le prébende de Carnoet, le sous-diacre en chef ;
Le prébende de Briee présentera à Téglise d*Ergué-
Armel ;
Le prébende de Plozévet, le chapelain de la rue Obscure ;
Le prébende de Kerfeunteun présentera à Téglisé de
Quimerch ;
Le prébende de Landeleau, le chapelain de Rakaer
(ou Tour du Chastel) ;
Le prébende de Bannalec, le vicaire de Névez.
Ciorrection des Clercs.
1221 (no36). — L'évéque Renaud reconnut qu'au Cha-
pitre appartenait la correction des clercs attachés au ser-
vice du chœur de la cathédrale, et ni TÉvèque ni son
Officiai ne pouvaient les excommunier ou frapper de
suspense, tant qu'ils se soumettraient au jugement du
Chapitre.
1391 (no 407). — Etienne Roussel, curé de la paroisse
de Creach Euzen, ayant offensé deux chanoines, Olivier-
Jean Fravai et Jean Corric, est condamné par le Chapitre,
le 11 Août, à être privé de la distribution et de l'habit
de chœur jusqu'à la Saint-Michel au mont Oargan, à moins
qu'il ne fasse des excuses devant tout le Chapitre assemblé.
1264 (n® 100). — 11 est enjoint à un certain Floic de ne
pas injurier un chanoine, sous peine d'une amende de
10 livres, à la volonté du chanoine injurié.
1382 (no 371). — Un des chanoines, Olivier L'Hostis,
ayant dénoncé publiquement son confrère Daniel de Lisle,
comme excommunié par l'Archidiacre pour ne pas vouloir
reconnaître son autorité, est condamné par le Chapitre à
— 253 —
10 livres d'amende ; mais il condamne également Daniel
à la môme peine pour avoir déféré l'affaire à l'Official ; par
contre, Olivier payera 40 livres de dommage à Daniel pour
l'avoir dénoncé, et Tunet l'autre seront passibles de cent
livres d'amende, s'ils portent cette affaire devant une
autre juridiction que celle du Chapitre.
1384 (n® 384). — Défense à Etienne d'injurier maître
Jean Corric, chanoine, sous peine de 20 livres d'amende et
d'expulsion du chœur.
1388 (n° 397). — Le Chapitre fait défense aux ministres
de l'église de Quimper, et notamment à Jean Le Sech,
Judicel Fellestreuc et Sorochan, sous peine de cinq sous
d'amende et de privation d'office, d'aller jouer sur la place
publique à des jeux peu convenables comme à la galoche
ou aux dés.
1394 (n^ 415). — Le Chapitre fait injonction à un des
chanoines, Jean de Tréanna, de s'abstenir dorénavant de
tout procédé injurieux, sous peine d'être privé de l'assis-
tance au chœur et des fruits de sa prébende.
1396 (n<* 421). — Un des sept curés de la cathédrale, Jean
Penguen, lors de la procession du lundi des Rogations à
Locmaria, avait tenu son capuce sur la tête, malgré injonc-
tion à lui faite de le relever ; pour ce, il fut condamné à
20 sols d'amende.
1334 (no 389). — Le Chapitre fait injonction, par devant
notaires, à Jean Priolic et Yan anRouser, prêtres, d'assis-
ter assiduement aux heures qui se récitent au chœur, spus
peine d'être privés des chapelleniés qu'ils desservent à la
cathédrale.
1386 (no 391). — M® Penguern, vicaire de la rue Neuve,
promet de payer 60 sous d'amende, à la réquisition du
Chapitre, pour avoir célébré une messe à notes pour les
défunts, dans la chapelle Marie-Madeleine, sans la permis-
sion du Chapitre.
— 254 —
Cérémonies à observer an chœar.
287 (n*" 139). — Aucun chapelain ou enfant de chœur
ne pourra entrer au chœur, même par la porte du Crucifix
qui s'ouvre derrière le maltre-autel, depuis le coaimen-
cernent de l'hymne de prime jusqu'à la fin de sexte, et
depuis le commencement de l'hymne de nons jusqu'après
complies.
Les enfants de chœur devront avoir une large tonsure
à la manière des religieux et comme la portent les enfants
de chœur de Tours. Les chapelains et clercs devront éga-
lement avoir une tonsure convenable, sous peine, pour les
enfants, d'être expulsés du chœur, et pour les chapelains
et clercs, d'être privés de distribution aux deux services
anniversaires qui suivront.
Les chapelains, clercs et enfants de chœur devront sor-
tir du chœur dès qu'ils en ont reçu Tordre du grand chan-
tre ; l'office devra cesser jusqu'à ce qu'ils aient obéi à
cette injonction.
Défense aux chapelains, clercs et enfants de chœur de
faire du bruit au chœur et d'y parler haut.
1389 (n° 402). — C'était l'usage, pour les chanoines, de
faire du bruit avec leur stalle, lorsqu'un confrère entrait
en retard au chœur ; mais les clercs du chœur s'étant
permis d'imiter les chanoines, cette licence leur fut inter-
dite sous peine de 5 sols d'amende.
1488 (n* 503). — Le Chapitre ordonne que chacun des
vicaires sera tenu de se procurer à ses frais, avant trois
mois, un psaultier férial noté, s'il ne préfère verser une
somme de 8 écus d'or anciens au Chapitre, qui se chargera
de lui en fournir un exemplaire.
1287 (no 139). — Le sacristain conservera soigneusement
les ornements et les pliera chaque jour après la messe où
— 255 —
ils auront servi. Il ne devra pas s'absenter de la ville avant
d'avoir demandé et obtenu congé du Chapitre ou du grand
chantre.
Nul des chapelains et choristes ne pourra autoriser son
confrère à s'absenter, et ne s'absentera pas lui-même sans
avoir demandé et obtenu licence du Chapitre ou du grand
chantre.
Les chapelains et clercs présents ne pourront partager
leur gain avec les absents, si ceux-ci étaient absents sans
permission, ou expulsés du chœur.
La distribution du jeton de présence devra se faire
chaque jour avant l'élévation de la messe, sous peine pour
le distributeut* de perdre un mois de son traitement.
1287 (n® 139). — Défense aux chapelains d'entrer dans
les tavernes, soit pour boire, soit pour manger, soit pour
y converser.
1291 (no 143). — Cette défense est renouvelée, en pré-
cisant qu'on ne pourra pas même s'installer prés de la
taverne pour boire, sous prétexte qu'on n'y entre pas, et
ce sous peine d'une amende de six deniers, dont un pour
celui qui aura dénoncé le délit, et les cinq autres pour
la Fabrique.
1336. — L'Évoque Alain Le Gall, après sa première visite
épiscopale à ]a cathédrale, rendit l'ordonnance suivante :
La messe mâtine devra se dire exactement et à l'heure
fixée.
A la grand'messe, nous avons remarqué un défaut grave,
c'est que le diacre et le sous-diacre n'ont pas encore pris
leurs ornements quand la messe est déjà commencée, et
qu'ils s'empressent de les quitter, notamment le sous-
diacre, avant que la messe soit terminée. Nous ordonnons
qu'ils soient parés pendant toute la messe, sous peine de
12 deniers chaque fois qu'ils y manqueront. Nous ordon-
nons également, sous la même peine, qu'ils soient à jeun.
— 256 —
Que d'un côté du chœur on ne commence pas un verset
avant que Tautre côté ait terminé, sous peine pour le
contrevenant d'être privé de distribution pendant deux
jours.
Que personne ne s'avise de prendre un autre ton que
celui qui a été donné par le chantre, sous peine d'être
privé ce jour-là de sa part de distribution, qui sera versée
à la fabrique.
Que pendant la messe et les heures, nul ne parle si haut
au voisin qu'il puisse être entendu d'un tiers, sous peine
de 12 deniers applicables à la fabrique.
Nul ne pourra dire son bréviaire en particulier au
chœur, si ce n'est un chanoine, par dévotion.
Le sacriste devra se pourvoir d'un nombre suffisant de
serviteurs pour sonner les cloches, servir les messes et
veiller à la conservation des ornements de l'église, qui se
perdent faute de soin suffisant.
On ne devra pas porter le Saint-Sacrement la nuit, sinon
en cas urgent, surtout après le couvre-feu.
1393 (n» 410). — Le diacre Glémarec reconnaît qu'il est
tenu par son office à assister au chœur aux trois heurti
de l'office et à chanter l'Évangile à toutes les messes
solennelles qui se chantent au chœur ; que, dès lors, il ne
peut s'absenter sans la licence du Chapitre ; aussi demande-
t-il l'autorisation d'aller passer deux ans à Rome pour
obtenir quelque bénéfice ; celte grâce lui est accordée
moyennant qu'il se fasse remplacer.
1400 (no448).— Les diacre et sous-diacre sont astreints
à remplir personnellement leur office ; ils ne doivent pas
se faire remplacer sans autorisation, et doivent assister
au chœur à jeun (jejunis stomachU).
(A suivre,)
— 257 —
LE PETIT SEMINAIRE DE PONT-CROIX
II
L'Ëcole de leiltrs (1810-1822).
Situé à mi-côte de la vallée du Goyen, le petit village
de Meilars comprend à peine une dizaine de maisons
éparses autour d'une vieille église au toit surbaissé. Cer-
tes, on ne peut guère rêver de solitude plus complète,
car la grand'route passe à une certaine distance et le
calme de la campagne n'est interrompu, suivant la direc-
tion des vents, que par le fracas des flots sur les galets
de la baie d'Audierne ou contre les falaises de la baie de
Douarnenez.
La paroisse ne comptait pas un millier d'habitants. Son
vénérable recteur, M. Pennanéac'h, était mort, au mois de
Mai 1809, a emportant avec lui les regrets de la plus saine
partie de la commune », et le Conseil municipal avait
demandé, pour le remplacer, M. Le Roux « qui s'est
acquis l'estime la plus grande, pendant le temps qu'il a
été à Pont-Croix, occupé aux écoles, chez M. Rochedreux ».
Mais l'adjoint fut supplanté par son ancien directeur.
Outre la maison d'habitation, le presbytère de Meilars
comprend des bâtiments de service et un jardin assez
vaste. Mis en vente, sous la Révolution, il fut acquis par
M. Salou, (( homme honnête et religieux », qui s'empressa
de le céder au Conseil municipal, moyennant une créance
de 1.024 livres, lorsque parut le décret de l'an XI qui
autorisait les communes à fournir un logement aux des-
BOLIBTIN D£ IJL COMMISSION DIOCÉSAINS. — 8* aonÔe. 17
— 288 —
servants. Par acte daté du 5 Janvier 1810, M. Rochedreux
se fit subroger dans les droits de M. Salou.
Le nouveau desservant n'avait pas attendu d'être en
possession de l'immeuble pour le transformer à son gré.
Dès le mois d'Août 1809, il fait dépaver et percer de qua-
tre grandes fenêtres la maison servant anciennement
d'écurie ; il y établit un dortoir et une classe, bien qu'un
monsieur des environs — en relations fréquentes avec les
principaux administrateurs du Département — soit venu
l'avertir confidentiellement qu'il travaillait en pure perte,
étant donné qu'on veut abolir tous les petits collèges, pour
repeupler celui de Quimper.
Transformé, par décret impérial du 17 Octobre 1807, en
école communale secondaire, le collège de Quimper était
bien déchu de son ancienne splendeur. Il était resté
fermé, pendant un an, faute de sujets. En 1809, l'école
comptait seulement soixante-dix-neuf élèves et, comme
il n'y avait pas de pensionnat, les enfants de la campagne
étaient logés chez l'habitant. Un arrêté préfectoral du
20 Juin 1809 remit les bâtiments à l'Université, mais le
collège ne fut réorganisé que l'année suivante, alors que
la petite école de Meilars se trouvait en plein exercice.
Dès le mois de Février, M. Rochedreux proclame que
sa maison est un des plus jolis petits séminaires du dio-
cèse. Il a quinze pensionnaires qu'il nourrit et instruit
avec tout le zèle dont il est capable, n'épargnant ni soins
ni veilles pour en faire de bons sujets, avec la douce con-
fiance que ces jeunes gens lui rendront un jour la justice
qu'il a droit d'en attendre.
Un mois plus tard, il écrit à l'Évêque la lettre suivante,
intéressante parce qu'elle nous montre le mattre impres-
sionnable, aigri, et parce qu'elle nous donne quelques
détails sur le régime, plutôt frugal, des écoliers.
(( Le gain de cause que Votre Grandeur vient de donner
— 259 -
à un de mes élèves, avant de m'entendre, est de nature à
jeter un discrédit bien formel sur le nouvel établissement.
Ce jeune. étourdi dont l'éducation m'a coûté tant de pei-
nes, de soins et de chagrins, triomphe du bon accueil
dont vous Tavez honoré et de la destination que vous lui
avez donnée pour le collège de S^ Paul. En attendant que
Texpérience et le temps, qui sont deux grands maîtres,
me justifient à vos yeux, je vous prie de me décharger
des treize pensionnaires dont j'ai ébauché l'éducation. Us
méritent tous, à de plus justes titres, votre protection et
vos faveurs : aucun d'eux ne m'ayant donné jusqu'à ce
jour, aucun sujet de mécontentement. Ce jeune homme,
au contraire, a mérité d'être chassé, trois fois, de mes
écoles... Je l'ai souOert pendant un an. Ses parents lui
ont fourni seulement du pain d'orge, du beurre et rare-
ment de la viande salée. Quatre fois par semaine, je lui
ai donné un repas ; presque chaque jour, quelque supplé-
ment à son entretien, et enfin son logement et ses écoles,
le tout gratis, dans l'espoir de vous le présenter, avec ses
quatre autres condisciples, pour être admis au Séminaire
à la S^ Michel prochaine Il est de toute fausseté que
j'exige d'aucun pensionnaire la moindre chose pour leur
nourriture ; il est très faux que je les occupe à des tra-
vaux étrangers au but proposé. Chaque jour, excepté le
dimanche, je leur fais des conférences, jusqu'à dix heu-
res du soir. Ce jeune homme que j'ai chargé de la sur-
veillance du pensionnat, rendra hommage à la vérité ;
interrogez-le. Monseigneur, puisque j'ai perdu votre con-
fiance » Il insiste, en terminant, pour qu'on accepte
sa démission, s'engageant, xomme dernier trait de son
dévouement, à faire honneur à toutes les dettes qu'il a
contractées pour le nouvel établissement.
Après lui avoir reproché de ne pas mettre l'adminis-
tration au courant des fautes graves commises par les
— 260 —
élèves et de se plaindre en termes trop amers, Monsei-
gneur l'exhorte paternellement à supporter les humilia-
tions et les contradictions, en vue du grand œuvre à
accomplir, de la gloire de Dieu et de l'utilité du diocèse.
Et M. Rochedreux, réconforté, prie Sa Grandeur de vou-
loir bien envoyer quelqu'un pour visiter les locaux, inter-
roger les élèves et se rendre compte de l'exactitude du
jugement porté par MM. OUitrault et Goardon, régents de
cinquième et de philosophie à Quimper : ces messieurs
ont eu l'honnêteté de lui déclarer que ses élèves étaient
les meilleurs sujets de leur collège.
Il eut encore à se défendre du reproche que lui fai-
saient ses confrères d'être d'un caractère insociable. Or,
(( depuis mon retour dans ce diocèse, écrit-il à M. Le
Clanche, je n'ai eu de relations qu'avec Monseigneur et
avec vous. Comment se fait-il donc que des ecclésiasti-
ques se plaignent de ma mauvaise tête et de mon amour-
propre ? C'est une énigme pour moi ? » Hélas I
Sur la demande qui lui en a été faite, il adresse à Mon-
seigneur rÉvêque, le 26 Juin 1810, une note fidèle des *
progrès de ses élèves :
« Jean Archan, clerc tonsuré, âgé de 27 ans, était par-
faitement ignorant, il y a treize mois : aujourd'huy, il
possède à fond les principes des langues française et
latine ; il a une mémoire ingrate à laquelle supplée une
excellente judiciaire ; il explique facilement les auteurs
latins, tels que le Selectœ e profanis et VirgileJ; il annonce
encore une certaine lenteur dans la lecture : l'usage fera
disparaître cette difficulté. — Corentin Le Quéinnec, âgé
de 21 ans, ne sçavait ni français, ni latin, il y a deux ans,
ainsi qu'Onneau Pellen, âgé de 19 ans, et Clet Paul, âgé
de 17 ans. Aujourd'huy, ces trois derniers sujets possè-
dent plus à fond ces deux langues ; ils expliquent les
mêmes auteurs que le premier : l'usage les perfection-
— 2J61 —
nera. A l'amour de l'étude, ils joignent tous une grande
pureté de mœurs. — Dans le nombre des autres pension-
naires, trois annoncent une grande difficulté, tels sont
Riou, en cinquième, Charles, en sixième, et Savin, en
septième. Luc Martin fait des progrès rapides en cin-
quième, ainsi que Paillard, Le Pennée et Le Bars, en
sixième. Pascal Le Plusquellec, âgé de 13 ans, et Ray-
mond Guillou, âgé de 14 ans, tous deux de Concarneau,
annoncent être, un jour, deux excellents sujets. Je dési-
rerais. Monseigneur, que le petit séminaire lut unique-
ment composé de sujets de la trempe de ces derniers.
(( Si Votre Grandeur ordonne que les quatre premiers
sujets se présentent à l'examen, pour les vacances pro-
chaines, j'ai tout lieu de croire qu'ils plairont à messieurs
les examinateurs, à raison du temps où ils ont commencé
leurs études.
« Mon confrère Bozec, à qui j'ai communiqué cette note,
l'a trouvée bien modeste, d'après la connaissance qu'il a
des sujets de ce petit séminaire.
(( Je désirerais que cette maison qui vous coûte cher
ainsi qu'à moi-même, fut de nature à vous intéresser, au
point de pouvoir y envoyer jusqu'à vingt sujets. »
On remarquera peut-être un peu de partialité dans le
jugement porté par l'abbé Rochedreux, sur ses jeunes
compatriotes, Plusquellec et Guillou. Mais combien sug-
gestive est cette note sur le recrutement sacerdotal, au
lendemain de la Révolution ! L'Église de France, jadis si
fière de ses licenciés en Sorbonne, était réduite à se con-
tenter de jeunes gens sachant lire couramment le fran-
çais et traduire, vaille que vaille, quelques fragments
d'auteurs latins.
Et que de difficultés financières ou administratives I
(( Tout va à merveille pour nous conduire à l'hôpital ou à
la prison, )) écrit le Directeur de Meilars, au premier de
— 262 —
l'an 1811. Il ne sait comment acquitter les dettes qu'il a
contractées pour la restauration de l'école, sans compter
qu'on lui réclame encore 300 livres pour la maison qu'il
occupait à Pont-Croix. En vain fait-il valoir qu'il a dû la
quitter, par suite de circonstances imprévues ; M. le Pré-
fet n'a pas égard à « la bonne foi d'un pauvre prêtre de
la campagne ». Il n'écoute pas davantage les suppliques
de la Commune. Alors que M. Massé obtient tout ce qu'il
veut — « par le canal de M. Kerilis fils » — pour sa
paroisse, Meilars, « mille fois plus pauvre que Poulder-
gat, » n'a encore rien reçu pour subvenir aux besoins
urgents de l'église et pour rembourser au subrogé de
M. Salou, la somme due pour le presbytère.
Trois mois avant de quitter Pont-Croix, M. Rochedreux
avait reçu de M. Germé, recteur de l'Académie de Rennes,
une lettre lui notifiant qu'un diplôme était nécessaire
pour occuper les fonctions de directeur d'école secon-
daire. Il répondit qu'il allait se retirer dans une campa-
gne pour s'occuper seulement de pauvres jeunes gens
entretenus par Monseigneur. L'Académie fit de nouvelles
instances, mais comme il faut payer 200 livres pour le
moindre dès grades, le Directeur désire que Monseigneur
fasse prendre connaissance de Técole, avant de solliciter
un diplôme. D'autre part, quelques-uns des élèves sont
a à l'âge critique de la conscription ». Enfin, l'application
du décret qui ordonnait la suppression des écoles secon-
daires ecclésiastiques vint mettre un terme à ses tribula-
tions. (( 11 ne me reste de mes élèves, que mes deux
neveux, Pasquier et Jean Le Pennée, comme enfants de
chœur, et Provost, comme domestique. M. le Préfet, ayant
pris connaissance de l'état de cette maison pendant son
séjour à Pont-Croix — d'où il a fait partir la gendarmerie
pour en dresser un procès-verbal — , a répondu que ce
petit nombre d'enfants était encore trop considérable.
— 26â —
Il menace d*abolir entièrement cette maison, comme
soupçonnée d'avoir élevé trop de jeunes gens pour l'état
ecclésiastique. » Cette lettre est du 18 Juillet 1812.
L'année suivante, les élèves commençaient à revenir,
lorsque le mattre partit. Nommé recteur de Névez, M. Ro-
chedreux ne put encore s'y fixer ; il demande, en 1819, la
desserte de PouUan, l'obtient et ne l'occupe pas. Deux
ans pLus tard, nous le trouvons à Port-Louis, où il rem-
plit l'office de chapelain. Il reçoit son exeat pour le dio-
cèse de Vannes, mais ne réussit pas à le faire accepter.
Sans fonction, sans ressources, il se retire enfin, avec
l'agrément de Monseigneur, « sur la côte de Loctudy » —
probablement à l'Ile — où il mourut en 1827.
Puisse la fondation du Petit Séminaire avoir illuminé
d'un doux rayon le déclin d'une vie si agitée I
« *
En quittant Meilars, M. Rochedreux aurait, parait-il,
déclaré à ses anciens paroissiens qu'ils n'étaient pas à la
veille d'avoir un nouveau recteur. En effet, malgré les
instances réitérées du Maire et du Conseil municipal, la
paroisse resta près d'un an sans desservant. M. Abgrall,
prêtre à Pont-Croix, qui s'y rendait volontiers, jour et
nuit, toutes les fois qu'on avait recours à son ministère,
fut enfin nommé recteur de Meilars en Juillet 1814. Mais
son chirurgien ayant déclaré que l'air y était trop vif et
trop froid et que l'air de Beuzec « en qualité d'air natal »
conviendrait mieux à son client, M. Abgrall quitta Mei-
lars, et le presbytère resta encore inoccupé, abandonné
pendant près de six mois, au point que le successeur dût,
avant d'y entrer, prier ses paroissiens de lui couper l'herbe
sous les pieds.
— 264 —
Ce successeur était M. Clérec, ancien recteur d'Âudierne,
où il avait eu maille à partir avec les francs républicains
qui tenaient à leur ancien club « comme un teigneux à
son bonnet ». Instruit, énergique, le nouveau recteur
avait toutes les qualités requises pour diriger une école,
mais il dut se contenter d'éduquer un pauvre clerc, sur
le compte duquel il écrit à son ami intime, M. Clanche,
secrétaire de l'évèché : « Quel colosse Monseigneur m'a
envoyé ! Mais quel petit esprit dans un grand corps ! »
D'ailleurs, en 1818, M. Clérec fut nommé recteur de Saint-
Mathieu de Quimper. Et le 29 Mars 1819, le Maire de Mei-
lars rédige une nouvelle supplique à TÉvêque :
(( La pénurie de sujets a sans doute influé sur le défaut
d'un desservant à Meilars, c'est la seule cause à laquelle
je puisse attribuer le malheur dans lequel mes adminis-
trés et moi nous nous trouvons plongés. Sans doute, Mon-
seigneur, vous n'avez pas oublié le logement délicat que
nous soignons pour Monsieur notre Desservant, les senti-
ments religieux dont nous nous flattons d'être pénétrés
et la difficulté que nous éprouvons à recourir sans cesse
surtout en cas de maladie à un ministère éloigné de nous
et peu assuré. Daignez, Monseigneur, daignez jeter sur
nous un œil de compassion et faire enfin habiter Tua des
meilleurs presbytères de votre diocèse par un desservant
qui fasse cesser l'amertume dont nous sommes abreuvés.
Aurai-je le bonheur. Monseigneur, de recevoir de votre
part une réponse à la présente lettre, qui n'est pas la
première écrite de ma part à Votre Grandeur »...
Pour répondre aux vœux de la population et pour
reprendre l'œuvre de M. Rochedreux, l'Administration
diocésaine nomma l'abbé Madec desservant de Meilars.
Au mois d'Août 1819, le nouveau Recteur informe Sa
Grandeur que, suivant ses conseils, il vient d'acheter une
maison qui va à 1.200 francs, sans compter les répara-
— â65 —
lions qui, pour le moins, monteront à 400 francs. Assez
grande pour loger une vingtaine d'écoliers, elle compre-
nait, en outre, une chambre pour le président, une salle
d'étude, une assez jolie cuisine avec deux caves. Il y avait
deux crèches dans la cour et un fort bon puits dans le
jardin, qui était entouré de murs et protégé contre les
vents du Nord par deux douzaines d'arbres très élevés.
Les deux classes du presbytère sont également aména-
gées et, le 17 Mars 1820, l'institution compte quarante-
sept élèves qui se répartissent ainsi : six en sixième, dix
en septième, sept en huitième et vingt-quatre commen-
çants. La plupart sont « chambriers », c'est-à-dire que
la pension leur est fournie par la famille. Aussi, sauf
Richard, de Quimperlé, Ballinec et les deux Labruyère,
de Quimper, sont-ils tous originaires de Meilars, Maha-
lon, Poullan et des paroisses rurales du Cap.
Au 17 Janvier 1821, il y avait soixante-quatorze élèves ;
quatre nouveaux se présentèrent encore dans la quinzaine.
Mais si le nombre des jeunes gens augmentait, les dettes
aussi s'accumulaient, et le Directeur, menacé d'une vente
publique, ne voit d'autre moyen de se tirer d'embarras
que de remettre l'institution au bureau des Séminaires.
C'est alors que, le 7 Mars 1822, Mgr Dombideau écrivit à
M. Le Coz, en ce moment à Pont-l'Abbé, la lettre suivante :
(( 11 faut, Monsieur, compter autant que je le dois sur
votre zèle pour le bien du diocèse et pour celui de la reli-
gion pour vous proposer une bonne œuvre de plus.
« Vous savez que j'ai formé une école à Meylars, près
Pont-Croix. M. Jaffry, curé de cette ville, m'avait indiqué
M. Madec pour la diriger. Elle est devenue nombreuse,
mais M. Madec était incapable de la gouverner, pour le
temporel. Nous lui avons fait des avances considérables
et Nous lui avons prouvé qu'il pouvait faire des bénéfices
qui devaient lui donner les moyens de la faire prospérer.
— 266 —
Ce n*est que depuis peu de jours, qu'il nous a donné la
certitude qu*il augmentait chaque année la masse de ses
dettes. M. Floc'h, économe de mon Grand Séminaire, qui
veut bien se charger de vous porter cette lettre, vous en
donnera tous les détails.
« Je ne vois que vous, Monsieur, qui puissiez prévenir
la chute de cet utile établissement. Le logement est agréa-
ble et le Cap fournit un grand nombre de sujets.
« Je n'ose vous proposer la place de desservant de Mey-
lars, mais cependant ce serait un moyen de plus d'assu-
rer le bien. Je prendrai l'engagement de vous donner un
vicaire, quoique la paroisse soit très petite ; il pourrait
remplir, en même temps, la place de professeur. Vous
auriez le double titre de desservant et de supérieur de
l'école.
« Enfin, Monsieur, je vous invoque comme le sauveur
de cette école. »
La confiance de Monseigneur ne fut pas trompée : d'une
petite école de campagne, l'abbé Le Coz allait faire un
véritable séminaire dont il nous faut, après ce préambule,
essayer de retracer l'histoire.
(A êuivre.)
— 267 —
SDR LES
PAROISSES m DIOCÈSE DE QIIIHPER ET DE LÉON
Par MM. PETRON et ABORALL.
(Suite.)
ELLIANT
(ELQENT, ELJENT, ELYANT)
(Fin.)
2» Chapelle dé Noirs-Dame de Bon-Secoure.
Autrefois Saint-Roch, puis Saint-Cloud ; était en ruine
en 1782.
A 500 mètres Sud-Ouest du bourg, au bord d'un val-
lon très profond, est la chapelle de Notre-Dame de Bon-
Secours, dont les deux portes Sud et Ouest ont des mou-
lures gothiques du xvi« siècle.
Le reste, quoique entièrement en pierres de taille, est
sans aucun travail d'art.
L'intérieur est graud, mais donne une impression
d'obscurité et de tristesse. Au-dessus du mattre-autel est
la statue de Notre-Dame, et on voit en outre celles de
saint Jean-Baptiste, saint Joseph, et saint Cloud (?), en
chasuble, tenant ud livre ; en breton il est dénommé :
sant Cleyen.
Tout près, au Nord, dans une prairie, est la fontaine
de Saint-Cloud, absolument semblable à celle de Saint-
Gilles.
1
— 268 -
La cloche, fondue en 1754 par M. Jean, de Quimper, a
eu pour parrain M. Louis de Rosencoat, et pour mar-
raine, Hélène-Marie-Louise Le Lart (M. de Villiers).
do Chapelle de Tréanna.
Elle est toute bâtie en pierres de taille, indiquant par
son style la fin du xv<» siècle ou le commencement du xvi^
A la façade Ouest, est une jolie porte gothique, couronnée
par une contre-courbe saillante dont les retombées por-
tent sur deux têtes caractéristiques ; Tune est celle d*un
adolescent aux beaux cheveux bouclés.
A la façade Midi est une autre porte encore plus riche
comme sculpture, ornementée de colonnettes, pilastres,
pinacles feuillages. Aux deux côtés, on voit un buste tenant
un bâton noueux ou crosse, puis un fou tenant sa marotte.
Au haut, sont deux écussons :
Tréanna, d'azur à la mdcle d'argent ;
Parti de Tréanna et de Plœuc,
Statues en vénération :
1. — Sainte Anne, groupe triple, avec la Sainte Vierge
et l'Enfant-Jésus ;
2. — Sainte Anne, avec la Sainte Vierge debout, lisant ;
3. — Sainte Vierge Mère ;
4. — Saint Yves, autrefois entre le riche et le pauvre.
Ceux-ci, détériorés et vermoulus, sont relégués dans un
coin. Saint Yves est revêtu d'une cotte, avec grand col
rabattu. Le riche a une barbe pointue à la Sully ;
5. — Sainte Barbe ;
6. — Saint Jacques, costumé en pèlerin, traits émaciés.
En 1782, on disait dans cette chapelle une messe mati-
nale les dimanches et fêtes.
269 —
4« CfhapMe d« Sainte-Meurguerit».
I
]
Cette chapelle se composait autrefois d'une simple nef,
des premières années du xvi® siècle, comme l'indique la I
porte Midi, ainsi que le petit clocher où Ton remarque
une gargouille fort singulière représentant une grenouille.
Comme l'édifice était insufHsant, les propriétaires firent
en 1876 un agrandissement consistant en deux branches
de transept et un sanctuaire droit, comme le dit l'ins-
cription gravée sur la porte de la sacristie : ,
FAIT BATIR PAR HENRI JAOUEN ET MARIE JEANNE i
MEUR. 1876: ;
Les statues anciennes sont :
1. — Sainte Marguerite, les mains jointes, debout sur
un dragon terrible et bien sculpté ;
2. — Notre-Dame de Bonne-Nouvelle ;
3. — Notre-Dame de Pitié ;
4. — Saint Jean-Baptiste ;
5. — Sainte Catherine ;
6. — Saint François d'Assise ;
7. — Saint Dominique ;
8. — Saint Corentin ;
9. — Saint Laurent ;
10. — Très joli petit saint Sébastien.
Il y a en plus un petit bas-relief en albâtre représen-
tant l'Assomption de la Sainte Vierge. Elle est dans un
nimbe en amande, entourée d'anges, surmontée du buste
de Notre Seigneur. A ses côtés, est l'apôtre saint Thomas,
prenant la ceinture qu'elle a laissé tomber, pour lui mon-
trer que son corps est monté au ciel. Ce même détail se
retrouve dans un albâtre du Carmel de Morlaix et dans
un autre conservé au musée de la Société Polymatique de
Vannes et qui provient de la chapelle de Loguiviec, en
^
— 272 —
Gilles- Claude Harquin, S'^ de Kerourien, et de dame
Marie-Roze-Thérèse de Tintenîac. La publication de ce
mariage avec dispense de deux bans avait été faite le
jour précédent, 15 Mai, à la grand'messe chantée dans la
chapelle de Saint-Guenal. Goulven Pervez, recteur d'El-
liant (M. de Villiers).
10^ Notre-Dame de Lorette, à Eeranbars.
Cette chapelle est signalée comme érigée depuis u peu
d'années » par M. de Coatpont,. en 1804. D'après la tradi-
tion recueillie par M. de Villiers, on trouva dans un arbre
une vieille statue de Saint qui commença à être Tobjelde
la vénération des fidèles, qui allaient lui demander parti-
culièrement la guérison des fièvres. Le Recteur ayant fait
transporter cette statue en l'église du bourg, elle serait
revenue d'elle-même à son ancienne place, et le Recteur.
s'obstinant à la réintégrer à l'église, tomba malade et ne
fut guéri que lorsqu'il consentit à remettre la statue au
lieu choisi par le Saint pour être honoré et où fut cons-
truit l'oratoire qui existe actuellement sous le vocable de
Notre-Dame de Lorette. On s'y rend en procession pour
les Rogations et le lundi de la Pentecôte, jour du pardon.
7/0 Langroas.
M. Villiers du Terrage signale en cet endroit l'emplace-
ment de la chapelle dédiée à la Croix, qui n'existe plus
depuis la Révolution, et près de laquelle se trouvait un
lec'h portant à sa partie supérieure une petite croix fine-
ment gravée.
— 273 —
La Peste d'Elliant
La peste d'Elliant a été rendue populaire par la publi-
cation du Barzas-Breiz, et la scène de cette femme traî-
nant dans une charrette au cimetière les corps de ses neuf
fils, pendant que le père, pris d'un accès de folie, suit en
sifflant le triste convoi, a été représentée par une pein-
ture saisissante qui, longtemps exposée au palais du
Luxembourg, orne actuellement le musée de Quimper.
M. de la Villemarqué fait remonter jusqu'au vi« siècle
les ravages du fléau, parce qu'il fut prédit, selon un saint
ermite du pays de Tourc'h, le père Ratian, mentionné
comme vivant à cette époque, par le Cartulaire de Lan-
dévennec. Mais la raison n'est peut-être pas concluante ;
car, comme le fait observer M. l'abbé Favé (1), « l'auteur
du Boftsen Elliant a pu, pour dramatiser son récit, res-
susciter le saint homme de Tourc'h, et lui confier le soin
de dépeindre les malheurs d'une époque postérieure ».
Il est probable, du reste, que, dans le cours des âges,
le terrible fléau a ravagé plus d'une fois le pays d'Elliant,
par suite des maladies contagieuses qui désolèrent Quim-
per et, de proche en proche, les pays voisins ; nous avons
fait ailleurs cette statistique du fléau.
C'est, en 1349, la peste qui vit périr le bienheureux
Jean Discalcéat.
En 1412, les bourgeois de Quimper se vouent à Notre-
Dame du Guéodet pour échapper au fléau.
En 1470, Cosmao, fermier du billot de Cornouaille, dit
que, « durant ce temps, la mourance et peste d'épidémie
eurent si grand cours, qu'il est notoire que la ferme per-
dit beaucoup ».
(1) BuUet. Soe. ÂrchéoL, XX, page 352.
Bulletin db la Commission diocésaine. — 8* année. 18
— 274 —
En 1533, les cbanoines, à cause de la maladie, vont
tenir chapitre à Châteauneuf-du-Faou, puis à Carhaix
(Déal).
En 1564, le 23 Septembre, une tempête de neige, suivie
d'une peste, désole Quimper ; les chanoines se retirent
d'abord à la chapelle Saint-Laurent, au-dessus du mont
Frugy, puis à Coray, puis aux Carmes de Pont-rAbbé ; en
15Go, le 17 Juillet, ils tiennent chapitre au Grand-Ergué;
mais la maladie, gagnant le pays, ils se retirent, le 30 Juil-
let, au presbytère de Fouesnant.
En 1595, c'est la terrible peste décrite par le chanoine
Moreau.
En 1639, c'est la maladie qui provoqua le recours au
bras de saint Gorentin.
11 est bien possible que le souvenir de la peste d*Elliant
se rattache à Tune ou l'autre de ces dates ; cependant, la
tradition donne à la maladie qui ravagea Elliant une
cause spéciale : la rupture d'une digue, dont on voit
encore les traces, qui formait, dans le vallon dominé par
le bourg, un étang immense qui aurait été navigable, jus-
qu'aux abords du manoir de Tréanna, et dont les seigneurs
profitaient pour venir en bateau à la messe. Gette rupture
aurait occasionné des exhalations pernicieuses, causes du
fléau.
Le cantique de Kerdévot, composé en 1712 (1), parle
également d'une peste qui aurait désolé la paroisse d'El-
liant et n'aurait cessé qu'après le vœu des habitants de se
rendre chaque année en procession à Kerdévot, ce qui
s'est fait religieusement jusqu'à la Révolution.
Deux souvenirs de la peste d'Elliant se voient dans la
paroisse : le premier est un champ, non loin du bourg,
appelé Jardin Olivet, Jardin des Oliviers, où, d'après la
(1) Voir M. i'abbô Pavé, l. c.
i
(
— 275 —
tradition, furent enterrés les corps des pestiférés, qui ne
trouvaient plus place dans le cimetière ; comme dit le
chant populaire, « il faut bénir les champs pour enterrer
les cadavres ».
L'autre souvenir est une pierre portant deux emprein-
tes, dont Tune peut représenter à la rigueur le pied d'un
animal, et lautre a la forme en relief d'un pied humain
très allongé ; cette pierre se trouvait au gué de Roudou-
blout et servait probablement à passer le cours d'eau qui
sépare Elliant d'Ergué-Gabéric, avant la construction du
pont.
Les habitants ont appelé la première de ces empreintes
TVoad ar Vosen, et la seconde Troad ar Verc^hez, le Pied
de la Peste et le Pied de la Vierge, y trouvant le symbole
de la grâce obtenue : la peste chassée d'Elliant par la toute
puissance de la Vierge, Notre-Dame de Kerdévot.
Monuments anciens (1)
Cachette de fondeur de haches à douille quadrangu-
laires, sur le sommet d'une carrière sur les dépendances
du village de Kerho.
Borne milliaîre, à 800 mètres du bourg, route de Scaër,
près du Parc an Olivet, ou Champ de la Peste.
A Stang-Askel, substructions, sur les hauteurs qui
dominent le camp romain existant sur le mamelon boisé
de Tréanna. On y a trouvé, en 1879, une amphore déposée
au musée de Kernuz.
Camp quadrangulaire avec enceinte en pierres sèches
de È à 5 mètres de haut ayant une tour à l'angle Sud-Ouest
et trois demi-tours dans les côtés, dans le bois d'Elliant.
(1) Du Chatellidr.
— 276 —
Substructions sur les bords de TOdet, à 500 mètres du
Moustoir.
Tuiles et débris de poterie romaine au bourg.
En 1897, une petite statuette en bronze du dieu Pan a
été découverte en Elllant. Le paysan qui l'avait décou-
verte n*a pas pu ou n'a pas voulu indiquer Tendroit de
la trouvaille ; elle appartient actuellement à M. Aveneau
de la Granciëre (BuUeHn ArchéoL, XXV, p. 56).
Le tumulus circulaire de Keranbriquen, fouillé en 1898,
par M. Villiers du Terrage (Voir Bvlletin Soc. Arehéol,
XXV, p. 422).
Maisons nobles
Capitaine, S' du Boisdaniel.
Guengat, S^ de Botbodern : d'azur à trois mains dextre$
appauméss d'argent enpal; devise : Trésor, et LécU à ma foy*
Kergroadez, S' de Treanna : fascé de six pièces d'argent
et de sable ; devise : En bonne heure.
Kerloaguen, S' de Kervastard : d'argent à Vaigle esployée
de sable, menibrée et becquée de gueules; devise : Sans effroy.
Kerminihy, S' du dit lieu : d'argent à trois molettes de
gueules,
Kervastard, S' de Kerengar : d'argent à trois chevroru
de sable.
Landanet, S^ du dit lieu : d'azur au grélier d'argent
accompagné en chef d'un fer de lance de même, la pointe
en haut.
De la Lande, S' du dit lieu : d'azur à trois annelets d'or,
Muzillac, S' de Treanna : de gueules au léopard Honni
d'hermines.
Le Pappe, S^^ de Kerminihy : de gueules à cinq fusée»
d'or posées en bande, alias : uns épée en pal, accompagnés
de trois croissettes.
— 2l1 —
Du Plessis, S' de Kermînihy : d'argent au chêne arracM
de êinople englanté d'or; au franc canton de gueules, chargé
de deux hache» d'armes adossées d'argent en pal.
Rosmadec, S' de Tréanna : paie d'argent et d'azur de six
pièces ; devise : En bon espoir.
^alou, S' de Toulgouet : d'argent à trois hures de san-
glier arrachées de sable, i
Tinténiac, S' de Treanna : d'or à deux jumelles d'agur,
au bdton de gueules brochant en bande sur le tout, ou
moderues : d'hermines au croissant de gueules,
Treanna, S' du dit lieu et de Botbodern : d'argent à la
macle d'azur.
TreO, S' de Rozhellou : d'argent au sanglier de sable
couronné de même.
Visdelou, S' de Toulgouet : d'argent à trois têtes de loup
de sable arrachée» et lampassées de gueules.)
ERGUÉ-ARMEL
Dans la charte de 1160, qui énumère les biens des Tem-
pliers en Bretagne, il est question des aumôneries de
Penhars, de Plonéis, d'Ergué et de Beuzec-Gap-Sizun,
€ Elemosine de Pennharth et de Ploeneth et de < ArkQ » et
de Bodoc Kap sithun ». Si Arke signifie Ergué-Armel, ce
serait la première mention du nom de la paroisse qui
nous occupe ; mais il peut s'entendre aussi bien de la
paroisse du Grand-Ergué, car il n'est pas certain que
Sainte-Anne du Guélen ait été un établissement de Tem-
pliers, et il est hors de doute que cette chapelle de Sainte-
Anne appartenait à la seigneurie du Plessix, dès le com-
mencement du XIII® siècle.
— 278 —
Si !• nom de Ergué n*est pas mentionné au Cartalaire
de Quimperlé, il y est pourtant question de terres loi
appartenant, Knech Cuchi, ou mont Frugi, qui fut donné
aux religieux de Sainte-Croix de Quimperlé, par Alain,
duc de Bretagne, fils du comte Hoel, à la fin du xr» ou au
commencement du xii' siècle (1084, 1112) (1).
Cette terre du mont Frugy, où fut construite la chapelle
de Saint-Laurent, fut annexée au prieuré de Logamand,
en La Forêt, jusqu*à la Révolution.
Ce mont Frugi ou Cuchi est signalé également comine
limite de l'abbaye de Locmaria, lors de sa fondation,
vers 1030.
Nous trouvons aussi un Arthmael Ourialis, officier du
comte Alain, figurant comme témoin de la donation delà
tere de Killicadur, en Elgent, à Sainte-Croix de Quimperlé,
le 11 Avril 1107 (Cart., page 201).
La première mention certaine que nous trouvons d'Er-
gué-Armel est au n^ 66 du Cartulaire de Quimper, en
l'année 1244. Il s'agit d'un accord entre le Chapitre de
Quimper et un seigneur, a Guillermum militeni de Erge
Arthmael » le chevalier Guillaume d'Ergué- Armel, au
sujet de la terre de Camperith, située dans la dite paroisse,
in parochia de Erge Armael, et sur laquelle il doit payer
deux mesures de froment, deux mesures de seigle et 3 sous
au sacriste de la Cathédrale, et cela pendant onze ans.
Nous constatons que la paroisse d'Ergué-Armel ne figure
pas au rôle des bénéfices imposés au diocèse de Cornouaille,
en 1368 (Cart. n» 4), probablement parce que ce bénéfice
était annexé au Chapitre ; mais ce doit être la paroisse
d'Ergué-Armel qui est désignée sous le nom d£^g^
Foenant, comme devant 20 sols de rente à la trésorerie
de Saint-Corentin, en 1278 (Cart. n» 124).
(1) Voir CaHulaire de Quimperlé, Édité par MM. de Berthon et Léoo |
Maître, p. 205.
— 279 —
En 1296, le Chapitre décidait que les bénéfices qui
sont à sa nomination, au lieu d*étre conférés d'un con-
sentement commun, seront pourvus par chacun des cha-
noines en particulier, suivant un ordre tiré au sort;
c*est ainsi que le chanoine qui doit présenter au vicariat
de Briec présenterait également à la paroisse de Ergue-
Arzmael (Cart. 148).
Le nom de Ergué est donné au Cartulaire à plusieurs
personnages, sans que nous puissions dire si, par ce titre,
on désigne le titulaire de la paroisse, et si cette paroisse
doit s'entendre du Petit ou du Grand-Ergué. C'est ainsi
qu'en 1313 (Cart. n^ 176), il est question de Guillaume de
Ergué, trésorier de la Cathédrale ; de Guillaune de Erge^
chantre, de 1326 à 1353.
Église paroissiale
L'église d'Ergué-Armel, qui offre les caractères de la
fin de la période ogivale, est sous le vocable de saint Alor,
évèque de Quimper ; c'est là que se rendait la procession
de la cathédrale, le jour de Saint-Marc, comme nous
l'apprend le Cartulaire, à la date de 1278 : « Ad festum
heati Marci processio fit ad Sanctum Aglorum )). Saint Alor
est invoqué particulièrement comme patron des chevaux.
Un autre saint fort honoré au Petit-Ergué est saint Urlo
ou Gurloes, premier abbé de Sainte-Croix de Quimperlé ;
on voyait, il y a peu d'années, sa statue en granit adossée
au porche latéral de l'église ; une autre statuette en bois
de ce même saint est conservé dans la sacristie. Il est
invoqué pour la guérison des rhumatismes. Enfin, le bien-
heureux saint Jean Discalcéat est fort en honneur dans
cette église, qui donna asile à ses restes, lorsqu'à l'épo-
que de la Révolution, ils furent sauvés de la profanation
— 280 —
et transportés de l'église des Cordeliers à l'église d'Ergué-
Armel.
Dans leur aveu de 1679, pour leur terre du Plessis-
Ergué, les seigneurs de Plœuc déclarent avoir droit
d'avoir leurs armoiries en l'église d'Ergué-Armel : au
dehors, au pignon où est la maîtresse- vitre, au-dessus de
la porte principale et au pignon de la sacristie donnant
du Midi sur le cimetière ; en dedans de l'église, à la
mattresse-vitre et en la vitre de la chapelle qui est au
côté Nord. « Le dit seigneur est également en possession
immémoriale de faire porter par un gentilhomme une
bannière à la procession du Sacre, à Quimper, immédia-
tement avant toutes les croix, c'est-à-dire après celle de
Saint-Corentin, qui est la plus proche du Sacre. »
De même. M"»® de Sévigné, ayant acheté la terre de
Lanros, déclare, dans son aveu de 1684 (C. 111), qu'elle a
droit à une tombe en l'église, au raz-de-terre, joignant le
balustre du grand autel au milieu de l'église, sur laquelle
est gravée une croix avec cet écrit : Hic Jaeet Guilmm
de Lanros, le reste est indéchiffrable. Plus deux écussons
à l'aile droite de la dite église, côté de l'Épître, l'un d'(^
au croissant de gueules accompagné de trois rosettes de
même, l'autre d*or à une molette de gueules, armes de la
seigneurie de Lanros.
En face du porche Midi, est une jolie croix gothique, sur
base carrée, avec plinthe moulurée et glacis-larmier. La
tige, toute hérissée de bosses, est ornée, à deux niveaux
différents, de cariatides de style très intéressant ; d'abord,
deux anges tenant des écussons, puis deux bustes hu-
mains, issant de la bague formant chapiteau, et appuyant
leurs mains sur leurs hanches.
Au bas du bourg, dans la direction Est, se trouve la
fontaine de saint Alor, patron de la paroisse.
— 281 -
Sainte-Anne du Guélen
M. Trévédy, Pèlerinage des Sept-Sainta, nous dit que,
dans le principe, Sainte-Anne était en la possession de la
seigneurie du Plessix, « seigneurie qui entra sans doute
dans la maison de Plœuc par le mariage de Constance de
Léon avec Guillaume de Plœuc, vers 1269 ; elle faisait
partie des biens que Jeanne, leur héritière, porta par son
mariage, en 1292, à Tanguy de Kergorlay qui prit les
noms et armes de Plœuc ».
Une chapellenie y était desservie et le droit de présen-
tation appartenait aux seigneurs de Plœuc; c'est ainsi
que, le 30 Juin 1570, Guillaume Coetforn, comme procu-
rateur de noble et puissant seigneur, Charles de Plœuc,
y présente Guillaume Bollocou, en remplacement du der-
nier titulaire décédé, qui n'était autre que le recteur lui-
même d'Ergué-Armel, Jean Le Maistre (R. G. 125).
Le 21 Mai 1677, dame Louise-Gabrielle de Plœuc, pré-
sente comme chapelain Alain Prouhet, recteur du Petit-
Ergué, pour remplacer Olivier du Louet, archidiacre de
Poher, qui s'est démis de ladite chapellenie (R. G. 518).
A trois kilomètres à l'Est, sur le bord de la route de
Quimper à Rosporden, qui en cet endroit se confond avec
la vieille voie romaine et le chemin moyen-âge de Tro-
Breiz, on voit les restes de l'établissement de Sainte-Anne
de Guélen. On y trouve encore plusieurs corps de logis
datant du moyen-âge. De la chapelle, il ne reste que la
jolie porte monumentale, ornée de colonnettes à chapi-
teaux, et une petite fenêtre à deux baies, et que l'on croit
pouvoir dater du xiv^ siècle ou même du xiii®. La statue
de la patronne se trouve dans la ferme voisine.
(A suivre,)
- 284 -
452. Henri Olivier reçu massicot 15
453. Règlement touchant les obîts 15
454. Pierre Le Marhec reçu chanoine 15
455. Yves Taillecot reçu chanoine trésorier 16
456. Réception de massicots 49
457. Emprunt de livres 49
458. Réception de vicaires 50
459. Nominationdes vicaires ou chapelains appartient au Chapitre. 50
460. Vicaire de Spézet reçu massicot 52
461. Guillaume Le Clerc reçu chantre et chanoine 52
462. Chrestien Dabric reçu massicot 53
463. Alain de la Rue reçu chanoine 53
464. Raoul Penquelennec reçu chanoine 54
465-466-467. Réception de massicots 55
468. Jean Le Marhec, prêtre, condamné à l'amende 55
469-470-471-472. Réception de massicots 56-57
473. Jean Troussel reçu chanoine 57
474. Jean Riou reçu massicot 97
475. Guillaume de Keraudiern reçu chanoine 97
476. Jean Le Maout condamné à l'amende 96
477'478. Réception de massicots 99
479. Yves Kerconnyn et Guillaume an Moinn prêtent serment. ... 99
480. Guy Moel prête serment 100
481 . Réception de massicots 100
482. Remise des clefs de l'Evêché au Chapitre, le siège vacant. . . 100
483. Bertrand de Rosmadcc reçu chanoine 101
484. Hervé Béguec reçu massicot 101
485. Thomas de Lesmouez reçu sacristc 102
486. Alain de Tréanna reçu massicot 102
487. Emprunt de livres 103
488. Le gouverneur de N.-D. du Guéodet rend compte au Chapitre. 103
489. Règlement capitulaire touchant les sépultures 104
490. Réception de massicots 106
491 . Jean Boursier reçu chanoine 146
492. Guillaume Le Soutier reçu chanoine 145
493. Pierre du Quenquis reçu chanoine 146
494. Fondations de l'Evéque Gacian de Monceaux 147
495. Alain Le Men reçu chanoine 149
496. Alain Le Men prête serment 149
497. Guillaume Maucousu reçu chanoine 150
— 285 -
N- Piges
498. Les tours de Saint -Corentin commencées 150
499. Établissement d'un tronc pour Tœuvre de la Cathédrale 151
500. Chanoines infirmes, étant en ville, sont tenus pour présents. 152
501. Le Duc reconnaît la juridiction de TEvêque pour la ville close. 153
502. Chapitre confirme le statut porté au n^ 500 155
503. Statuts capitulaircs 156
504. L'Archevêque de Tours autorise le Chapitre de Quimpcr à
nommer un Évoque (1290) 194
Introduction au Cartulaipe ^à suhre) 241
Correspondance de N. Tréhot de Clermont,
par M. le chanoine PILVEN (suite et fin) 17-58
Le Petit Séminaire de Pont -Croix,
par M. le chanoine PILVEN (à iuivre) 194-257
Notices sur les Paroisses du diocèse de Quimper,
par MM. PEYRON et ABGRALL
(Suite.)
Douarnenez '. 30-72-107
Drcnnec 133
Duault 141
Édern 157
Elestrec 203
Elliant 203-267
Ergué-Armel (à suture) 277
Guillaume Perron, Evéque de Léon (1489-1472),
par M. l'abbé PEYRON 184
Relevé de quelques brefs d'indulgences accordées à
diverses* églises de Léon et Cornouaille, aux XIII*
et XIV» siècles 191
CartulaIre.
TABLE ALPHABifrnQUE DES NOMS DES UEUX
(Le ehiffre lodique le Dnméro de l'acte da Cirtolaire dans lequel le nom est cité.)
Kenecheuzen 459
Loco Petroci (de) (Lopérec) . . 483
Ploeguen 405
Ru Melinou 459
Saint Effredec 470
Spezet 400
Tcyr (fluv.) 469
Treoultre 995
— 286 -
TABLE ALPHABéngUB DES NOMS DBS PERSONNES
N«
Albi 464
Alla villa 433
Ancipitris 440
Andreœ J 481
Anscherii 485
Baillivi.... 502
Ballacon 444-448
Baron 466
Bastardi 493
Begueuc 484
Begut Jean 434
Begut Pierre 434
Belengier 504
Bemardi 456
Bertrand 455
Bloez 433-448
Bloez junior 495
Bonvallon 462-464
Bourdonnaye 439-463
Boustouer 439
Bris 460
Buchard 505
Buhulian 484
Burgensis 447
Bursarii 491
Cagia (de) 442
Castrolini 444
Charles (duc) 501
Chunn (de) 466
Cochet J 502
Comitis 437
Corric 435
Corrfet 446
N-
Couffec
Crom 436
Cronc G 454
Dabric 462
Dagorn 502
Daniel 433
Dantec 449
Darcelli 485
Delbreit 484
Dineult 445
Dongvallon 491
Doulas. . . 502
Eoneta de Moncellis 494
Evenus Bernardi 456
Evenus Episcopus 504
Fabri Richard 501
Faviers G. (de) 467
Filas 435
Floc'h 490
Gaciani de Moncellis 494
Gallici Johannes 470
Gantpercnt 0 445
Glazreniis de Pendrcff 441
Gleniarhcc Yvo 445
Gleniarcc Joannes 493
Goe/gocz 490
Gueu Guill 496
Guezcnnec 476
Guidomarc 465
— 287 -
N«
Hf^scoet Joan 487
HeleizYvo 476
Henrici 464
Hospitis 433
Hospicio ( de ) 502
Hurgoez 445
Insula (de) ] 433
Jacudon 488
Kaer (de) Yvo 435-438
Kaeraudieme 475
Kaergucgant 492
Kanlan 499
Ker (de) Guillaume 438
Kerban 442
Kercarff 475-469-483
Kercçnnyn 479
Kerdrain 441
Kergonnyec 472
Kerleuc 488
Kermarec Yvo 458.459
Kem3rvineii 502
Kerouem 477
Kerouser 444
Kersulguen 499
Kervatoux 455
Lahda ( de ) 494
Languevoez 498
Lathomi 490
Lesmouez 485
. Locomaria ( de ) G 436
Locquilec 482
M
Madiou 445
MaUlardi G 494
MoUland 482
Malestroit (de) 440-443-449
Marchazant 459
Marhec G 438-454
Marhec Joan 445
Marhec Petrus 454
Mas (du) '. 433
Mathei H 484
Maucousu 497
Maurilii Perrotus 465
Merven J 494
Mezanlez 485
Militis G 435
Miltis Joan 468
Misperit 442-445
MoelGuido 480
Moinn (an) 479
Moncellis (de) 494
Mutonis Joan 441 -473-476
N
Nani Guillelmus 501
Oliverii Elias 456
piiverii Guillelmus 495
Oliverii Henricus 452
Pendreff. 441
Pennée 450
Penquelenncc Al 435-497
Pcnquelenncc Raoul 464
Perfecli Joun 487-490
Perrotus 465
Pclri Alanus 495-496
Philomene Petrus 442
— 288 -
Porta (de) 490
Poldu 481
Poulpic 481
Pregent 439
Presart 449
Prodomme 485
Quenquis 493-498
Quoetanezre 483
Quoctperec 449-483
Quoetpont Yvo 444-451
Radulphus 405-
Richardus Coniitis ^ . . . 437
Rioc Joan 474
Rioci Guillelmus 490
Rioci Marcus 490
Riou Joan 496
Rosmadec Bertrand 483^98
Rosmadec Alain 502
RoussclLi Etienne 445
Rouscr Daniel 415
Roussigiiol Pierre 449
Rouxel Pierre 440
Rufi G 488-502
S
Salie Yvo 445
Scahunec 461
Sellarii 437
Senis 471
Serrelagat 441-471
Signiardi. 464
Simonis Bertrand 455-498
Soutier 498
Stellan Natalis 441 -449
Sulguen H 4S5-457
Sulvcn 468
Sur (an) 496
Taillecot 455
Tegula (de) 433
Terousscl. 473
Thalreyo 494
Theobaldus Episcop. 434-443482
Theobaldus de la Bourdon -
naye 439
Thome G 465
Thome Joan 494
Torzellec 478
Treanna 4^
Treanua Alnnus 4!%
Tregonmec G 444-458-459
Treorct 468
Tuanant 446
Turnerii 444
Veritatis Johan 488
Velcri Landa (de) 501
Vico (Alanus de) 468
Ynisan 487
Yvinec 463
Qaimper, typ. de Kerangal, impr. de rÉTëchè.